Rodrielle
« Voilà combien de jours, voilà combien de nuits,
Voilà combien de temps que tu es reparti,
Tu m´as dit cette fois, c´est le dernier voyage,
Pour nos curs déchirés, c´est le dernier naufrage »
La voix italienne sélevait dans la salle, claire, féérique. Rares étaient ceux qui lentendaient chanter, la Tatouée naimait pas se laisser aller devant les autres, préférait attendre son cocon de solitude pour se laisser embarquer dans de vieilles chansons, apprises durant son enfance. Seuls ses enfants avaient eu la « chance » de lentendre chanter, le soir, alors que la Lune brillait haut dans le ciel. On lui avait dit que la musique calmait les esprits et elle avait décidé de perpétuer cette tradition familiale à cette jeune génération qui vivait dans le bruit des épées qui sentrechoquent et des voix qui semportent.
Rarement litalienne sautorisait ces moments de calme et de silence. Elle préférait lallure effrénée de ses journées, courir à travers le Royaume, profiter de la vie, profiter de sa Famiglia et du monde. Elle préférait la vie risquée des Mercenaires, ladrénaline des combats, aimait narguer la Mort sans quelle ne puisse lattraper. Rodrielle se sentait immortelle, invincible, se sentait vivante lorsquelle avait une épée à la main, lorsquune lame glissait sur sa peau pour lui laisser une cicatrice indélébile, signe quelle était encore là.
« Le printemps s´est enfui depuis longtemps déjà,
Craquent les feuilles mortes, brûlent les feux de bois,
A voir Paris si beau dans cette fin d´automne,
Soudain je m´alanguis, je rêve, je frissonne,
Je tangue, je chavire, et comme la rengaine,
Je vais, je viens, je vire, je me tourne, je me traîne,
Ton image me hante, je te parle tout bas,
Et j´ai le mal d´amour, et j´ai le mal de toi. »
La Tatouée se leva de sa chaise, posant le tissu avec lequel elle nettoyait sa rapière sur le tabouret en bois. Cette chanson là, outre lapaisant, lui faisait penser à son frère aîné. Au seul homme qui pouvait se venter avoir son Amour, éternel et pur. Mais également à celui qui était reparti sur les terres italiennes, la laissant seule à la tête de cette Famille. Et aujourdhui encore, elle avait besoin de lui. De lui poser des questions, de le voir, de se montrer pour une fois vulnérable. Réaliser les choses quelle ne se permettait pas auprès du Clan, trop fière de sa place de Matriarche, trop fière pour montrer une once de sentiments.
Placée devant le pantin de paille, elle imaginait son Aîné, son Amour, son Maître, celui qui lui avait tout appris. « Apprends-moi encore des choses, comme lorsque nous étions enfants. Sils savaient que tu es celui qui ma tout appris » Sa main se dressa devant elle et les gestes arrivèrent, machinaux. Son ballet préféré, celui de la Faucheuse. Elle ondulait autour du pantin comme une danseuse étoile sur une scène de théâtre. Elle lançait son arme vers le pantin dans des gestes précis, méticuleux, jusquà ce quelle touche la côte, le dos, pour finir, victorieuse, en tranchant la carotide. Le cur battant dans un rythme effréné, le souffle court, Rodrielle Corleone rodait autour de son frère de paille comme une lionne autour de sa proie. Son air tendre sétait transformé en un visage durci par le combat. Un sourire sétait dessiné, fin, sournois, sur son visage et ses yeux assombris par la concentration, étaient devenus deux fentes noires emplit de rage.
« Dis, quand reviendras-tu,
Dis, au moins le sais-tu,
Que tout le temps qui passe,
Ne se rattrape guère. »
Derrière le pantin, la Tatouée sétait approchée, murmurant ses paroles, prière italienne lancée dans le vent jusquà Aevil. Elle espérait quil lentende, que le lien qui les unissait était suffisamment fort pour quil apporte au Balafré les demandes de sa petite sur, déjà plus vieille. Elle voulait lui dire tellement de choses, lui présenter son fils, ses petits enfants, ses neveux, ceux en qui Rodrielle avait placé une confiance aveugle et qui faisaient aujourdhui sa fierté. Son bras gauche sétait glissé autour du cou de sa victime, dans une étreinte tendre, alors que sa main droite, armée, était levée dans les airs. Rodrielle tournait le dos à la porte dentrée de la pièce qui était ouverte, mais elle avait oublié que lon pouvait lobserver. Il sagissait après tout dun entrainement de plus dans la vie de la Tatouée ; qui pouvait savoir quelle parlait à son Frère en cet instant ?
« Que tout le temps perdu,
Ne se rattrape plus »
Sa main droite tomba sur le pantin, Guillotine de fortune.
Elle ne reverrait Aevil que sur son lit de mort
Mais les autres, elle les voyait le plus souvent possible, pour ne rien regretter de sa vie.
*Barbara, chanson du même titre
hrp : Il s'agit d'un RP "flashback", se passant quelques mois avant que Rodrielle ne soit malade et ne décède.
hrp : Il s'agit d'un RP "flashback", se passant quelques mois avant que Rodrielle ne soit malade et ne décède.