Lililith
Cette histoire, ou du moins un bout de cette histoire, est celle d'un chat. Ce chat est roux. Il est l'ombre de sa maîtresse, la suit partout, est son confident, lui ramène des trucs à manger quand elle se planque dans une cave pendant un mois. Ce chat, dans une autre vie, a été un chien. Il n'a de chat que le nom et parfois, l'égoïsme. Mais il ferait tout pour sa maîtresse et la comprend à demi-mots.
D'ailleurs, à propos de demi, ladite maîtresse en est une, mais il faut calculer en portion. Elle ne fait absolument pas son âge, ni dans son physique, ni dans sa maturité qui surprend parfois. Elle a déjà vu trop de morts, trop de combats. Elle joue avec la Faucheuse mais se rit de ce jeu qu'elle sait pourtant perdu d'avance. Elle court droit vers elle, mais il lui reste encore un peu de chemin à parcourir avant de la rejoindre. Aussi, elle ne se formalise pas, tentant avec ses maigres forces de maintenir autour d'elle ce qui constitue son monde. Sans grand succès, il faut l'avouer. Et donc, ce chat est témoin des pleurs de celle qui ne fait que montrer sa joie en public ; une Guerrière doit savoir rester pudique. Elle pleure le soir, sur ce qu'elle a perdu, qu'elle sent se diluer sous ses doigts. Elle tente de tout retenir mais n'y arrive pas : retenir l'eau est une lutte perdue d'avance.
La fillette dessine sur le sol, à même la terre. On ne sait pas trop ce que représente le dessin, puisqu'elle a à cur de l'effacer dès que quelqu'un approche. Même quand c'est un canard.
Elle lit attentivement le message envoyé par une autre fillette, plus vieille qu'elle, avant de renvoyer son chat avec la réponse, sur un autre bout de papelard qui traîne. Peut-être une missive, allez savoir. Elle se relève, se sentant investie d'une grande mission et infiniment reconnaissante à Gwil de l'avoir prévenue. Elle court chercher le Tatoué, parce que le message lui demande de le sauver. Elle fera ce qu'elle peut.
Elle s'enquiert de la situation une fois dans ses bras, assise sur ses genoux. Elle veut aller la chercher, mais il refuse. Elle avait promis, pourtant. Elle écoute, elle comprend. Elle relance l'évocation d'un voyage. Il est aussi de la Famiglia, il compte -et du coup, elle aussi- autant que les autres. Mais il ne veut toujours pas. Alors elle acquiesce, se tait, le ramène doucement à sa couche. Cette nuit-là, elle se relève, se dirige vers le feu qui brûle et où il n'y a plus personne et commence à écrire. Il est délicat d'écrire quand on est une enfant.
D'ailleurs, à propos de demi, ladite maîtresse en est une, mais il faut calculer en portion. Elle ne fait absolument pas son âge, ni dans son physique, ni dans sa maturité qui surprend parfois. Elle a déjà vu trop de morts, trop de combats. Elle joue avec la Faucheuse mais se rit de ce jeu qu'elle sait pourtant perdu d'avance. Elle court droit vers elle, mais il lui reste encore un peu de chemin à parcourir avant de la rejoindre. Aussi, elle ne se formalise pas, tentant avec ses maigres forces de maintenir autour d'elle ce qui constitue son monde. Sans grand succès, il faut l'avouer. Et donc, ce chat est témoin des pleurs de celle qui ne fait que montrer sa joie en public ; une Guerrière doit savoir rester pudique. Elle pleure le soir, sur ce qu'elle a perdu, qu'elle sent se diluer sous ses doigts. Elle tente de tout retenir mais n'y arrive pas : retenir l'eau est une lutte perdue d'avance.
La fillette dessine sur le sol, à même la terre. On ne sait pas trop ce que représente le dessin, puisqu'elle a à cur de l'effacer dès que quelqu'un approche. Même quand c'est un canard.
Elle lit attentivement le message envoyé par une autre fillette, plus vieille qu'elle, avant de renvoyer son chat avec la réponse, sur un autre bout de papelard qui traîne. Peut-être une missive, allez savoir. Elle se relève, se sentant investie d'une grande mission et infiniment reconnaissante à Gwil de l'avoir prévenue. Elle court chercher le Tatoué, parce que le message lui demande de le sauver. Elle fera ce qu'elle peut.
Elle s'enquiert de la situation une fois dans ses bras, assise sur ses genoux. Elle veut aller la chercher, mais il refuse. Elle avait promis, pourtant. Elle écoute, elle comprend. Elle relance l'évocation d'un voyage. Il est aussi de la Famiglia, il compte -et du coup, elle aussi- autant que les autres. Mais il ne veut toujours pas. Alors elle acquiesce, se tait, le ramène doucement à sa couche. Cette nuit-là, elle se relève, se dirige vers le feu qui brûle et où il n'y a plus personne et commence à écrire. Il est délicat d'écrire quand on est une enfant.
Citation:
Dae.
Je veux savoir comment tu vas, et où tu es. J'avais dit que je viendrais te chercher, mais je ne peux pas. Considère cependant le porteur de cette lettre comme mon ambassadeur et accorde-lui la confiance et le respect que je sais que tu m'accordes à moi.
L.C
Je veux savoir comment tu vas, et où tu es. J'avais dit que je viendrais te chercher, mais je ne peux pas. Considère cependant le porteur de cette lettre comme mon ambassadeur et accorde-lui la confiance et le respect que je sais que tu m'accordes à moi.
L.C
Il est loin, ce temps où l'enfant ne savait pas dire correctement le mot « missive ». Maintenant, elle dit « ambassadeur » sans broncher, fait des phrases complètes, sujet-verbe-complément(s). Elle cause, ou elle ne cause pas, c'est selon son humeur, ses envies, les gens autour d'elle.
Cette histoire, nous le disions, est celle d'un chat. Un chat roux dévoué à sa maîtresse qui lui a fait vivre de nombreuses aventures depuis qu'il la connaît. Depuis toujours. Et cette nuit-là, elle fait quelque chose qu'elle ne fait pas souvent. Elle lui met un harnais. Non qu'elle le prive de sa liberté, mais il sait que quand c'est ainsi, il a une mission. À ce harnais, est attaché une petite boîte, suffisamment grande pour contenir de petits objets, comme une lettre, ou des écus, ou une petite fiole.
L'enfant passe ses doigts dans la fourrure fauve de l'animal, et lui murmure d'aller retrouver Daeneryss Corleone, la Méchée. Il la connaît, parce qu'elle lui a parlé d'elle, et il se souvient d'une fois où elles s'étaient disputées, et où l'odeur de la colère s'était faite forte pour s'atténuer et ne laisser que leurs odeurs corporelles bien distinctes. Est-ce le hasard, ou bien est-il à ce point intelligent ? Toujours est-il qu'après un miaulement, elle le repose à terre, et elle le voit partir.
Soupir de la Minusculissime. Elle sait qu'elle ne le reverra peut-être pas, mais la vie est faite de pertes. Il va lui manquer, qu'il revienne ou non, pendant son absence. Elle dira qu'il est parti chasser, qu'il ne revient que la nuit, et encore, pas longtemps et pas forcément toujours.
Cette histoire n'est pas celle d'une fillette qui veut que tout aille pour le mieux. Cette histoire n'est pas celle d'une enfant qui, parce qu'elle voit le mal en les autres, ne veut que voir l'amour parmi ses proches, sans penser que, peut-être, les caractères ne sont pas toujours compatibles. Cette histoire est, en partie, celle d'un chat aimé envoyé vers l'inconnu, porteur d'une lettre écrite à la hâte et à l'intimidation.
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