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[Hindi Kush] Le long fleuve de la vie s'écoule toujours.

--Salman_ali
Salman Ali. Diable berbère. Chef d'un clan qui s'étendait à présent des frontières du désert de Registan jusqu'aux premiers contreforts du Band e Bayan. Après l'invasion des infidèles, les berbères s'étaient enfoncés dans le désert, vivant d'un oasis à un autre, fuyant les villes que les blancs avaient investi et dénaturé. Mais comme Salman Ali l'avait prévu, leur domination fut de courte durée, et le grand chef guerrier avait pu reprendre ses activités.

Cependant, celui qui auparavant attaquait les caravanes du sultan, avait à présent des idées bien plus larges que celle du racket systématique de ceux qui traversaient ses terres. Et bien peu de choses l'empêchaient de les réaliser.
La principale était "la princesse déchue" qui, malgré ce nom qu'on lui avait attribuée, avait été autorisée à régner sur la citée de Kandahar et sa région. Le Diable ne voyait pas un obstacle si grand en la jeune femme. Mais plutôt que de régner par la guerre, une autre idée avait germé et s'était peaufinée au cours des semaines.


Bahram ... Ehsan ... Faites le tour des campements. Je veux qu'on rassemble une quinzaine d'hommes ... des cavaliers.

Il entra sous sa tente et jeta son thoab blanc pour en prendre un bleu nuit, le serwal suivit dans les mêmes tons, puis il coiffa sa tête et ses épaules d'un koufeyah or. Sans doute le vêtement était-il vaniteux, mais Salman Ali aimait en imposer.
Quelques femmes se précipitèrent autour de lui, caressant ses bras, son dos, intéressées par l'éventuelle soirée qu'il prévoyait à se vêtir ainsi. Aucune ne manquait l'occasion de peut-être devenir la favorite du Diable. Mais, d'un ton cassant accompagné d'un mouvement de la main, il les renvoya à leurs coussins et elles se dispersèrent dans un chuchotement de voiles aériens.

Ehsan revint, menant le pur sang du chef par la bride. Il se pencha pour faire le signe de salutation et tendit les rênes à Salman Ali.


Bahram finit d'armer les hommes qui ne possèdent rien de mieux qu'un couteau.

Le Diable sauta sur le dos de sa monture, et malgré les ans, sa prestance de cavalier du désert ne se démentait pas.

Allons présenter nos hommages à Kandahar ...
--Jodhaa_akbar
Le temps avait passé. La jeune princesse déchue était devenue une femme. Une femme seule. Une femme sans famille et qui n'en fonderait jamais une parce que la mort de son père avait scellé son destin de paria. Une femme livrée à elle-même, une femme livrée à son peuple, et finalement c'était lui qui occupait ses jours et ses nuits.
Elle avait su gagner leur cœur et leur confiance. L'état du pays était chaotique, l'économie peinait à se relever de l'invasion survenue quelques années plus tôt. Mais Jodhaa avait travaillé dur, elle avait fait l'impasse sur les fastes du palais pour pouvoir donner au peuple de quoi manger, de quoi travailler, de quoi être protégé. Et elle avait cette grâce humble qui avait plu à ceux qui avaient besoin de croire encore en leurs régnants légitimes.


šahbānu Jodhaa !

La servante baissa la tête devant sa maitresse. Bien que cette dernière autorisa quelque laxisme dans le protocole, le respect de ses gens envers elle ne se démentait jamais.

šahbānu, un village a été attaqué non loin de la capitale. Toutes les maisons ont été brulées, certains hommes ont tenté de se défendre et sont blessés, voire morts. Les villageois sont retenus prisonniers.

La princesse se retourna vers la servante, un regard d'étonnement se lisait sur son visage.

Mais que veulent les misérables qui les gardent captifs ? Que demandent-ils ?

La servante plongea son visage dans ses mains en sanglotant.

Je ne sais pas šahbānu, je ... un enfant s'est échappé et est venu nous prévenir. Les berbères semblent juste vouloir s'amuser ...

Mon jeune frère habite ce village ...
ajouta-t-elle entre deux pleurs.

Jodhaa fit aussitôt appeler le capitaine de la garde de Kandahar.


Capitaine, prenez toutes les informations auprès de Anousheh.

Elle désigna sa servante.

Avec quelques hommes, allez nettoyer le village pris sous les assauts des berbères. Vous n'aurez qu'à laisser une garde minimale au palais, personne n'oserait s'en prendre à nous durant ces quelques jours.

Les deux personnes se retirèrent et la princesse se dirigea vers la croisée de la fenêtre. Par les entrelacs de bois qui minimisait la vue, surtout de l'extérieur, elle laissa son regard se perdre sur les jardins verdis par la saison des pluies.
Pour quelle raison les berbères étaient-ils venus si près ? Avaient-ils donc conquis tout le désert et au delà, pour venir s'en prendre à la capitale et à ses villages périphériques ? Le vizir en saurait sans doute plus, et elle décida de le rejoindre dans l'autre aile du palais.
--Salman_ali
Le piège avait fonctionné à merveille ! Quand le guetteur était revenu au village, Salman Ali avait poussé un rire gras et satisfait. Ainsi, Kandahar était tombé dans la trappe, et ses troupes accouraient pour sauver les habitants.

Dans le soleil couchant, il porta ses mains à ses hanches, et regarda le village devenu muet.


Enfermez les tous dans la mine en bas de la route. Tous, à l'exception d'un vieil homme. Leur vie ne dépendra que de sa survie.

Ainsi était dit. Le Diable monta sur son cheval et peu après, les quinze hommes filaient vers la capitale, dans une nuit sans lune et aux desseins mauvais.

Bahram, répartis cinq hommes sur les accès de la porte principale. Vous trois, vous venez avec moi.

La ville était étrangement calme. Un chien hurla mais son cri sembla disparaitre aussi vite qu'il avait surgi. L'humidité de la saison vidait les rues dès le soir tombé et les lampes à huiles s'éteignaient lentement, les unes après les autres.

Les trois hommes qui suivaient Salman ne faisaient aucun bruit. Malgré leur corpulence, ils avaient appris au combat l'art d'être silencieux. Des ombres qui se faufilaient à présent dans le palais et qui atteignirent rapidement les appartements princiers.
Deux des sbires de Salman se débarrassèrent des gardes dans le couloir, d'un coup de lame porté avec une précision chirurgicale au niveau de la gorge, et qui avait éteint la moindre velléité chez leurs victimes.

Le chef s'introduisit dans la chambre et observa un instant Jodhaa qui dormait paisiblement. Son regard hésita une seconde, puis sa main posa sur sa bouche un mouchoir enduit d'un liquide soporifique. La terreur se lut l'espace d'un éclair dans les yeux de la femme avant que son esprit se dilue et se rendorme profondément.

Les deux hommes la roulèrent délicatement dans un tapis soyeux de la chambre et le plus costaud l'installa sur son épaule. Il fallait faire vite ! Sortir et filer en vitesse avant que quelqu'un ne les surprenne. Les berbères se rassemblèrent rapidement à l'endroit où les autres gardaient leurs chevaux, et la fuite s'ensuivit dans un galop d'enfer, soulevant un nuage de sable visible à des kilomètres alentours.

Ils se dirigèrent dans la direction opposée au village attaqué. Ils iraient en plein désert, là où ils seraient difficiles à retrouver. Le pan d'une falaise leur servait de repaire. Sur la paroi avait été taillées des portes. A l'intérieur, de grandes salles au plafond démesuré avait été bâties à même la roche et étaient reliées entre elles par de longs tunnels.
Dans une, qui avait été aménagée comme une chambre, Salman fit déposer sa captive. Il lui laisserait le temps de se réveiller de sa drogue, puis viendrait le temps des explications. Il n'aimait pas discuter avec les femmes, mais il n'avait pas le choix. Celle qui régnait sur le dernier obstacle à son pouvoir ne pouvait être traitée comme une favorite.
--Jodhaa_akbar
Son crane lui faisait mal. Inconsciemment, la jeune femme porta sa main à sa tempe. Le mouvement était lourd, difficile, comme si son bras pesait une tonne. Tout son corps lui paraissait engourdi, fait de pierre, douloureux au moindre geste.
Ses paupières s'étirèrent lentement mais se refermèrent aussitôt sous l'éclat du feu qui flambait dans l'âtre. Elle respira profondément, cherchant à recouvrer un peu de force en même temps que sa mémoire des dernières heures.

Un rêve, qui tourne mal. Un visage inconnu mais dont les yeux sombres vous fixent. Une odeur, un gout, acre amertume de la drogue, et l'oubli, la pénombre de l'esprit.
Lentement, ses yeux s'ouvrent à nouveau. Où est-elle ? Un frisson la parcourt, la fraicheur de la pierre mais aussi la crainte de ce lieu dont elle ne sait rien.

Jodhaa se redresse sur ses coudes pour avoir une vision plus horizontale de la pièce. Elle est vaste, toute de pierre sans décoration aux murs abrupts, meublée avec parcimonie dans un agencement dépareillé. Elle ne sait pas du tout où elle est.
Lentement, ses jambes se remettent à lui obéir et elle glisse sur le coté du lit. Elle se rend compte qu'elle est pieds nus et qu'elle porte encore sa robe de nuit. Pourquoi l'a-t-on enlevée, comment cela a-t-il pu arriver ? Et surtout, qui. Qui a osé faire cela au nez et à la barbe de la garde du palais ?

Puis tout se remet en place, chaque pièce du puzzle, la raison de l'attaque du village lui apparait comme une évidence, et elle est tombée dans le piège.
Des pas approchent, un bruit régulier porte un écho jusqu'à elle, sa main se porte à sa gorge comme pour en faire sortir le nom qu'elle a au bout des lèvres et qui fuit dans un murmure.


Salman Ali ....
--Salman_ali
Depuis plusieurs heures déjà, le Diable marchait en large et en travers dans la grande salle. De nombreuses fois, il était sorti, allant vers l'enclos des chevaux, puis vérifiant l'avancée du soleil sur les parois des falaises. Finalement, il re rentrait pour appeler un serviteur et l'envoyer "espionner" aux portes de la chambre de son "invitée".

N'importe quelle autre femme aurait été réveillée sans ménagement et sommée de se présenter au chef de la tribu. Mais Salman Ali voulait mettre toutes les chances de son coté.
Y avait-il été un peu fort sur la drogue ? La tuer serait le pire des problèmes. Et si tel était le cas, il ferait émasculer son apothicaire pour lui apprendre combien la vie pouvait être courte et précieuse.
Quand cette fois-ci le serviteur revint avec la nouvelle espérée de son réveil, Salman Ali se rendit dans le salon des danseuses, s'installa confortablement sur la masse de coussins qui lui servait à ses moments de détente, et tapa dans ses mains pour que les musiciens jouent un petit fond ambiant. Il fallait la mettre à l'aise et tout irait bien, se dit il.

Ses dents croquaient une datte tandis qu'il réfléchissait de nouveau à son plan, lorsque la porte coulissa sur une envolée de voiles. Il avait fait se retirer les concubines, ne voulant pas de dispute à l'arrivée de la princesse. Il fallait qu'il lui parle seul à seule.

Ses yeux la suivirent sur les quelques mètres qu'elle fit pour traverser la pièce et venir jusque devant lui. C'était une belle femme, elle avait été élevée dans l'optique de plaire à l'époux que son père lui aurait choisi. La mort de celui-ci lui avait fait perdre les privilèges de l'épouse "parfaite", mais Salman Ali avait vu tout l'intérêt qu'il pouvait retirer de la situation. Elle portait le voile mais n'avait pas couvert son visage. Le regard baissé, elle s'arrêta à quelques pas de distance, sans prononcer un mot.


Salam 'Alaykoum

Je suppose que tu sais qui je suis, fille d'Akbar. Nos noms sont plus proches qu'on ne le croit.


Son regard la détailla avec minutie, comme il avait l'habitude de faire, que ce soit avec les femmes, les chevaux ou les chameaux.

Veux tu manger, boire quelque chose ? L'hospitalité du Diable berbère est réputée dans tout le désert de Registan.
--Jodhaa_akbar
C'est un homme armé jusqu'aux dents qui entra dans sa chambre. Sous la crainte, Jodhaa recula de deux pas et heurta le bord du lit auquel elle se retint d'une main. Le garde fit juste un signe vers l'extérieur et la princesse avança machinalement. Elle n'avait guère le choix. Elle devait savoir pourquoi elle était ici, et pour cela il fallait sortir de la prison de pierre qu'était cet endroit.

Ses pas glissaient avec grâce et légèreté sur les dalles de marbre du salon de danse. Son regard se focalisa sur l'homme partiellement couché sur les coussins, nul doute le maitre des lieux, puis elle le baissa en arrivant face à lui. Sa pudeur et son humilité étaient mises à rude épreuve mais Jodhaa avait plus de ressources que ne pouvait le laisser supposer son apparente fragilité.


Je sais qui tu es, Diable berbère.

Elle refusa vin et fruits, son estomac était trop serré pour avaler quoi que ce fut. Elle releva ses yeux sur lui, un regard de khôl noir rehaussé de longs cils bruns.

Je veux savoir pourquoi je suis ici. Ne doute pas, Salman Ali El Kabir, que tous les gardes de Kandahar sont à ma recherche. Mon peuple ne laissera pas tes actes impunis.

Montrer de l'assurance, de la confiance en ceux qui l'avaient toujours soutenue jusqu'à ce jour, même si au fond d'elle-même, elle doutait qu'un seul homme soit capable de trouver le repaire du Roi du désert.
Sans doute l'appât du gain se faisait-il toujours plus fort chez cet homme, et il escomptait surement tirer une forte rançon de sa prisonnière, afin de pouvoir financer ses guerres et ses raids.


Le royaume d'Hindi Kush a été ruiné après l'invasion, tu le sais parfaitement. Nous n'avons pas assez de richesses à t'offrir, même en échange de ma propre vie.

Allait-il se mettre en colère devant sa ténacité effrontée ? Nul doute qu'aucune femme n'avait jamais du lui tenir tête, mais elle n'était pas n'importe quelle femme, et elle se battrait autant que faire se peut pour défendre son peuple et son royaume.
--Salman_ali
AH AH AH AH !!

Son rire grave résonna dans la pièce. Le Diable se redressa sur ses coussins, ramenant les pans de son caftan sur lui, et l'observa avec nonchalance.

Vallâh ! (Par Allah !) Il est vrai que j'ai passé ma vie à amasser les plus belles choses qui transitaient par cette partie du monde. De l'or, des pierres précieuses, des livres et des tableaux aussi, et même des femmes.

Mais vois tu Femme ...


Il se leva pour se rapprocher d'elle. Il reconnu aussitôt ce parfum typique des orientales, de fleurs et de henné mêlés, ce parfum qui l'avait fait hésiter une seconde au dessus de sa couche. Sa main se leva pour se diriger vers le visage de la princesse mais il s'arrêta à mi-chemin.

Tu es fille de sultan, tu as pris la place de ton père et tu diriges le royaume. Mais tu sais, Femme, que cette place reviendra forcement à un homme tôt ou tard, de gré ou de force ....

Il laissa les derniers mots faire leur effet sur la jeune femme.

Je préférerai que ce soit de ton plein gré. Et pour cela, tu vas accepter de devenir mon épouse.

Son regard perçant scrutait à présent les traits de celle qui le fixait avec incrédulité.

Pour sauver ton peuple, sauver ton honneur, et éviter une guerre dont tu ne veux pas, šahbānu, je vais faire de toi la Baš Haseki*.

Sa main finit sa course et attrapa sans forcer le poignet de Jodhaa.

*Première épouse et mère de l’héritier du titre de sultan
--Jodhaa_akbar
Quoi ? Avait-elle mal entendu ? Elle s'attendait à bien des choses, voire à des menaces de mort, mais cela ... une demande ... non, l'ordre de l'épouser.

Jodhaa retira son bras prisonnier de la main et recula, comme soufflée par l'affront. Sa voix ne fut d'abord qu'un murmure tellement elle restait abasourdie par ses mots.


Jamais ...

Jamais, berbère, tu m'entends ?! JAMAIS !

Cette fois-ci, elle n'échapperait surement pas à l'orage que le Diable allait déverser sur elle. Elle recula encore, quelques pas en arrière sans le quitter des yeux, puis elle fit demi-tour et se mit à courir à petits pas, entravée par ses vêtements, lorsque la porte s'ouvrit sur un garde.

L'ordre de la ramener à sa chambre cingla dans l'air et son bras fut prisonnier de la main du garde, pression qui commença rapidement à imprimer la marque des doigts dans sa peau fine, et l'empêcha de se rebeller ou d'envisager une quelconque tentative de fuite.

Sans aucune douceur, la jeune femme fut jetée dans la pièce froide et la porte se referma sur elle. A genoux sur le sol, elle se sentit désespérée. Qu'allait-elle devenir ? Son seul salut était-il d'obéir à l'ordre de Salman Ali ? Elle se releva et se laissa tomber sur le lit, la nausée au creux de l'estomac, il lui fallait un peu de temps pour digérer le retournement de la situation.

La lampe à huile s'étaient éteinte. Lorsque la princesse ouvrit les yeux, la pénombre la surprit, puis des pas se firent entendre dans le couloir. Elle se redressa et prenant la lampe dans ses mains, elle se cacha derrière la porte. Celle-ci s'ouvrit sans bruit. Jodhaa vit d'abord dépasser deux mains portant un plateau et elle leva les mains, prête à frapper au niveau de la tête qui apparaitrait.


šahbānu Jodhaa ?

Elle hésita. Ses mains faiblirent. Jamais encore elle n'avait frappé quelqu'un. Elle baissa les mains et regarda la jeune femme qui entrait à la suite du plateau.

šahbānu Jodhaa , je m'appelle Kiana ... n'ayez pas peur.

La femme était de petite taille, elle alla déposer le plateau sur la table et revint vers la captive.

Je suis née dans un village non loin d'ici, j'ai été vendue au clan des berbères.

Elle fit un petit geste de la main comme si cela n'avait pas d'importance.

Venez ... Je vais vous aider à sortir d'ici ...

Kiana se dirigea vers la porte lorsque Jodhaa l'arrêta.

Fuie avec moi.

La jeune femme secoua la tête.

Pourquoi ?

Je ne le fais que par intérêt. Je veux être la favorite du Diable, je ne vous laisserai pas prendre ma place.

Un éclat passa rapidement dans son regard charbonneux.

Je sais que vous n'êtes pas là de votre plein gré ... vous seriez morte sinon ...

Sa franchise glaça l'échine de Jodhaa. Elle hocha la tête et la suivit dans le couloir. Sa survie dépendait à présent d'une femme qui préférait la voir morte que rester dans le palais du désert.
Kiana glissa une longue abaya sur les épaules de la fugitive, cacha en dessous une besace avec une gourde d'eau et un peu de nourriture, et fixa un voile sur son visage. Les deux femmes se dirigèrent vers la grand porte. Il fallait pouvoir passer les gardes sans éveiller l'attention.

Heureusement pour elles, l'attention n'était guère vive, et tout en discutant à voix basse comme le font toujours les femmes des harems, elles sortirent sans encombre du palais. A l'extérieur, Kiana montra la direction que devait prendre la princesse pour retrouver la civilisation, ou tout au moins le premier oasis.


Restez couverte de l'abaya, les nuits sont froides et les jours sont brulants ... Inch'Allah

C'est sans aucun remord que la petite femme envoyait la princesse dans le désert. Elle la regarda un instant, puis fit le tour du palais pour aller chercher un seau d'eau au puits. Elle détournerait l'attention si cela était nécessaire pour couvrir sa fuite.
--Jodhaa_akbar
Une main se leva pour resserrer l'attache du voile sur son visage et ses bracelets émirent une petite musique. Avec un soupir, elle tira le plus possible le haut de l'abaya sur sa tête. La main acheva le mouvement en venant se poser en visière au dessus de ses yeux. Le soleil était encore haut, mais Jodhaa savait que la nuit tombait brusquement dans le désert.

Elle se mit à marcher, suivant la direction que Kiana lui avait indiqué. Les petites mules en peau, trouvées dans la chambre, n'étaient guère faites pour la marche, mais elle n'avait pas le choix.
Les rochers se succédèrent, comme un défilé de statues immobiles qui lui montraient le chemin. Elle évitait consciencieusement de tourner dans les anfractuosités de calcaire malmenées par le temps et les vents, préférant suivre la voie la plus large.
Après un temps qui lui paru infini, les parois finirent par perdre de leur taille, puis à s'espacer, pour enfin s'amenuiser et disparaitre. Le grand désert de Registan lui ouvrait ses bras mortels. Et le soleil disparaitrait bientôt dans une poignée d'heures pour la laisser affronter seule l'obscurité.

Lorsque la lune s'était levée, la jeune femme s'était arrêtée pour manger un morceau de pain nân et boire quelques gorgées d'eau tiédie. Elle ne voulait pas perdre trop de temps. Sans doute sa disparition serait découverte rapidement et des hommes à cheval l'auraient vite rattrapée. Le sable devenait de plus en plus meuble sous ses pieds au fur et à mesure qu'elle se dirigeait vers les dunes. De route, il n'y avait plus. D'oasis, elle n'avait encore vu. Elle retira les mules, à présent que le sable avait rafraichi de l'ardeur du soleil, et les glissa dans sa besace. Elle pourrait ainsi marcher un peu plus vite, mais il fallait se méfier des serpents des sables et des scorpions qui, à la nuit tombante, sortaient chercher leur repas quotidien.

Les heures passèrent, une éternité de marche lente et pesante. Harassée, Jodhaa s'arrêta pour dormir quelques heures avant le retour du soleil. Enroulée dans son vêtement, repliée sur elle-même, ses genoux serrés contre elle, le sommeil la terrassa rapidement.

La chaleur commençait à raréfier l'air à l'intérieur du tissu épais et la fugitive s'éveilla, la gorge sèche, le ventre creux. Quelques gorgées d'eau et elle reprit sa marche, cherchant vainement à trouver quelque point de repère, la trace du passage d'une caravane, ou de transhumance de bétail. Le soleil monta rapidement, la marche devint plus difficile. Le sable brulait ses pieds et ses chevilles ; ses vêtements et son sac finirent par peser plus lourd qu'une chape de plomb ; la gourde distilla ses dernières gouttes d'eau.

Son regard se porta désespérément sur l'éclat solaire mais ses yeux se fermèrent aussitôt. Quelle heure pouvait-il être ? Il lui semblait qu'il ne voulait plus jamais se coucher et qu'il dardait ses rayons qu'avec plus de force que la jeune femme perdait les siennes. Elle allait mourir ici, au cœur de son pays, seule, perdue, oubliée du monde.

Ses lèvres craquelées remuèrent, sa gorge desséchée n'émit qu'un son rauque, et sa main se tendit fébrilement vers l'image qui se dessinait sous ses yeux. Une large tache brillante. De l'eau. Une oasis. Ses pas tentèrent une accélération, ses pieds se prirent dans sa robe, elle tomba de tout son long dans le sable chaud et rampa sur quelques mètres avant que l'oasis ne disparaisse.

Ses yeux se fermèrent. Ses forces l'avaient abandonnée. Sa combativité et son envie de survivre aussi. C'était fini.
Omid_Shadi_al_Rashid, incarné par Yris
[Dans le désert]

Le silence absolu, la nature avait effectué un joli travail dans la roche où se succèdent une multitude de grottes et de puits. C’est là qu’Omid Shadi al Rashid vit au milieu de ces grottes. Nomade, seul, sa femme et son enfant unique sont décédés ainsi que ses parents, il possède un chameau et il élève quelques chèvres pour leur viande, leur peau mais surtout pour leur lait comme beaucoup de nomades dans la région, il gagne sa vie ainsi. De temps à autres il se dirige vers le village pour vendre ses panirs, des petits pains de fromages, et acheter au souk de la nourriture, du riz, des légumes. Laissant les chèvres pâturées seules, il peut quitter son logis sans fortune plusieurs jours.

Ce jour-là, il partit en fin d’après-midi, voulant se protéger des grosses chaleurs de la journée, le chameau chargé de peaux, de fromages, de gourdes d’eau. Le soleil est le pire ennemi dans le désert et il y avait peu d’oasis entre sa grotte et le village.

Premier jour de voyage, alors que la chaleur de la journée sortait du sable, Omid accéléra la cadence il voulait arriver au village avant la nuit, avant que le froid tombe sur le désert. Il connaissait le désert par cœur et il en connaissait ses dangers.

Après plusieurs heures de marches, il vit une ombre gisant dans le sol. Sur le moment il n’y prêta pas attention, une bête sauvage du désert venant mourir ici, cela arrivait. Le désert regorge de multitudes bestioles. Plus il s’en rapprochait, plus il n’en revenait pas quand soudain il prit conscience que ce n’était pas une bête mais une femme.


- Wa Allah al Adhim ! Il n’en revenait pas de ses yeux. Elle était là gisante dans le sable brûlant. Depuis combien de temps, ce là il ne pouvait pas le dire.
Comme un fou il court vers le chameau détache une gourde, se met à genou, relève la tête de la jeune femme. Il porte sa joue vers son visage. Elle respirait encore. Il essaya de lui donner à boire mais l’eau ruissela légèrement sur les lèvres. Qui était-elle ? Aux vues des vêtements, il comprit que ce n’était pas une fille du village. Que faisait-elle dans le désert ? il n’aura pas la réponse. La jeune femme était inconsciente.

Il fabriqua un traineau avec les peaux, de la corde et mit la jeune femme dessus. Il fit demi-tour, ramena la jeune femme chez lui pour lui prodiguer soins et nourriture.

Plusieurs jours passèrent. Dans la grotte la fraicheur se faisait sentir. Omid prenait soin de la jeune femme, lui faisant tomber le coup chaud de son corps avec l’eau fraîche des puits autour des grottes.
Dacien_de_chenot


[Port d'El Mina]

Les préparatifs d'un tel voyage avait demandé des mois. Il avait fallu armer des caraques, trouver des équipages, engager pas loin d'un milliers d'hommes qui constitueraient leur escorte, prévoir les armes et les vivres en conséquence, décider d'un itinéraire tant maritime que terrestre et contacter les chefs de ports et les autorités villageoises.
Fort heureusement, Coligny les secondait à merveille dans cette tâche d'autant que ce n'était pas son premier départ pour Tamerlan, ayant été du premier voyage lorsque le prince impérial devait assister au couronnement de sa mère.
Au grand dam de l'Impératrice, une symbiose s'était opéré entre le jeune homme et ce pays si beau et si terrible. Il y avait gagné son surnom d'Amir Hazin et quelques amitiés solides dont celle de Djalal ad Din, un vieux sage qui lui avait patiemment enseigné la sagesse du désert et des hommes rudes qui y vivaient. Il avait essayé de puiser dans cette culture les bases permettant de la comprendre et de l'aimer. Il y avait appris la valeur d'une goutte d'eau quand d'autres font débauche de luxe et d'or et tout naturellement, un goufre s'était creusé entre celui qu'on appelait Amir Hazin et sa famille.
Lors de ce premier séjour, sa mère l'avait nommé Nizam de la guerre, la seule charge qu'il aurait acceptée. Toutefois, elle avait pensé le cantonner dans un bureau et, pour aussi confortable fut-il, son caractère s'était mal accommodé de cette situation, lui qui était homme de terrain et ne rêvait qu'être auprès de ses hommes. Comprenant qu'il la servirait mal, il avait décidé de rentrer en Empire auprès des ses frères d'armes. Pourtant, tout au fond de lui, il avait conservé la nostalgie de ce pays, aussi, lorsqu'Elektra lui proposa de retourner en Tamerlan, accepta t-il aussitôt.

Depuis que sa sœur avait hérité de tous les biens de sa mère, il ignorait ce qu'il était advenu de l'Empire. Peut-être était-il retourné aux sables du désert... Ses missives envoyées à Djalal n'avaient jamais reçu de réponses. Étaient-elles seulement parvenues à leur destinataire... Les pirates régnaient en maitres absolus sur la méditerranée et chanceux étaient les navires qui arrivaient à bon port. Dans le meilleur des cas ils finissaient coulés, dans le pire, ils changeaient de capitaines pour battre pavillon noir et l'équipage était vendu au plus offrant. Quant aux femmes, elles finissaient le plus souvent dans un harem. Et c'est à cela que pensait le Ténébreux en fixant l'horizon, la main accrochée à un hauban et le pied reposant négligemment sur le bastingage. Il avait fait doubler les canons à bord de toutes les caraques et avait embarqué assez de tonneaux de poudre noire pour tenir tête à une armada turque.
Le Ténébreux avait entendu dire que les Portugais avaient ouvert une autre voie maritime qui longeait les côtes de l'Afrique jusqu'à doubler le Cap de Bonne Espérance, mais aucun équipage n'avait pu lui assurer en connaitre la route, route, qui, au demeurant, eut été bien plus longue, aussi n'avaient-ils d'autres choix que d'affronter la traversée de la mer bleue jusqu'au port d'El-Mina, où ils débarqueraient. De là, une caravane les conduirait jusqu'à Kandahar, la capitale du royaume d'Elektra : Hindi Kush qu'ils aborderaient par le Nord. Longtemps contrôlée par les Timurides, descendants directs de Tamerlan le boiteux, la région avait été plus ou moins pacifiée. Plutôt moins que plus d'ailleurs car les révoltes de chefs de guerre locaux compromettait l'équilibre de tout cet Empire fondé par sa mère et ses amis. Il faudrait donc se montrer très prudent dans les déplacements et envoyer moultes éclaireurs pour tenter de négocier le passage de la caravane en soudoyant chefs de villages, ou groupes armés. C'est pourquoi, le Ténébreux s'était assuré d'une armée de plus d'un millier d'hommes appuyée de couleuvrines et de canons. Combien de nuits, la tête blonde et la tête brune s'étaient-elles penchées sur des cartes... il n'aurait su le dire. Mais ils n'avaient rien laissé au hasard et avaient sécurisé cette expédition aussi bien qu'ils pouvaient le faire. Pour le reste, Mektoub !

La cabine principale de la caraque amirale aménagée pour offrir autant de confort qu'il était possible d'espérer sur un navire, abritait sa famille. Elektra bien sûr qu'il ne quittait pas d'un jour, et Alexander qu'ils n'avaient su se résoudre à laisser en Lorraine malgré les dangers d'un tel voyage. Le Ténébreux s'amusait de voir à quel point cet enfant qui n'était pas le sien, lui ressemblait davantage de jour en jour, point qu'on finissait par oublier les traits d'un autre tant ses mimiques en faisaient sa copie conforme, jusqu'aux froncements de sourcils qu'il avait singé au départ jusqu'à les faire siens. Tout comme lui, l'amour de la mer et de la navigation coulait dans ses veines et il avait fallu déployer la plus grande patience pour lui faire comprendre que grimper dans les haubans n'était pas de son âge. Tout naturellement, il était devenu la mascotte de l'équipage, de rudes marins pourtant peu enclin à s'épancher à la vue d'un gamin.
Et lorsque tombait la nuit, il n'était pas rare de les trouver tous deux couchés sur le pont arrière les bras repliés sous la tête à observer le ciel. Il lui racontait les étoiles jusqu'à ce qu'il s'endorme, épuisé de vent du large.
Le plus souvent, Elektra les rejoignait, s'installant plus confortablement sur sa large poitrine qui la recevait avec autant de bonheur qu'au tout premier jour de leur amour.

Il fallut un peu moins d'un mois pour arriver à Tripoli n'ayant à déplorer aucune mauvaise rencontre. Les équipages se chargèrent de débarquer la cargaison sous la garde d'une centaine d'hommes armés supervisés par Coligny tandis qu'il avait donné quartier libre au reste de la troupe.
Son premier soin fut de s'enquérir d''un lieu quelque peu éloigné du port afin d'y établir leurs quartiers pour quelques jours, le temps que la caravane soit prête au départ.
L'air était plein de chaleur et de l'odeur dépaysantes des épices. S'il n'avait été que de lui, il n'aurait guère attendu plus longtemps avant de parcourir le souk. Mais ils avaient besoin de repos.
Alexander, effrayé par tant de nouveautés, ne lâchait pas sa main. Sentant les craintes de l'enfant, il le souleva dans ses bras.

- Viens là, bonhomme, tu y verras mieux.


Et ainsi rassuré par la poitrine paternelle, la curiosité du gamin ne tarda pas à reprendre le dessus.

- A c'est quoi ça papa ? Et ça !!!! Oh regarde mama ! Le zeval il a une bosse !

Le Ténébreux enlaça la taille de sa femme et glissa ses lèvres à son cou.

- Allons prendre un peu de repos, il sera temps demain pour quelques achats.

Suivis par leurs plus proches amis, le petit groupe quitta l'effervescence du port pour la vieille ville.

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Naurestel_de_grimaud
La jeune femme ne connaissait rien du monde. En fait, avant l'Ordre des Lames, sont monde se résumait à Nancy, en Lorraine. Depuis son intégration, il s'était de plus en plus élargi, prenant par le fait même des dimensions auxquelles Naurestel n'aurait jamais pu espéré dans sa tendre enfance. Mais elle voyageait enfin. La nancéienne avait accepté l'aventure aux côtés de ses amis pour la curiosité, la découverte, mais aussi parce qu'on lui avait dit une chose alors qu'ils étaient encore dans la caraque. D'ailleurs, ce voyage en des contrés lointaine faisait en sorte que c'était le premier voyage de la jeune femme sur l'eau. Les premiers jours en mer avaient été difficile pour elle. Alors que l'embarcation tanguait au gré des vagues et du vent, la jeune chirurgienne avait eu du mal à ce tenir en équilibre et à prévoir les roulis de la mer. Elle s'était d'ailleurs demander à plusieurs reprises comment faisaient les marins pour marcher avec autant d'aisance et d'assurance.

Lentement, mais sûrement, son sens de l'équilibre se perfectionna. On lui raconta aussi quelques histoires de pirates, histoires qu'elle n'avait jamais entendu avant. Naurestel était comme une gamine émerveillée. Elle découvrait une nouvelle réalité qu'elle ignorait jusqu'à ce jour et elle trouva le voyage enrichissant avant même d'être arrivée à destination. La vue de la mer, appuyée sur le bastingage était à couper le souffle et la jeune femme se surprenait à l'admirer en laissant le vent lui caresser le visage. Le plus impressionnant restait la nuit. Privé d'arbres ou de bâtiment qui pouvait obstruer la vue, si on se trouvait sur le pont on pouvait voir un ciel étoilé comme on pouvait rarement en voir un. La première nuit de l'Écuyer s'était résumer à une seule chose. Assise, les jambes repliée sur sa poitrine, la tête levée vers le ciel, elle s'était laissée absorbée par ce ciel magnifique.

La jeune femme n'aurait raté ce voyage pour rien au monde, et que pour l'expérience, elle aurait été capable de dormir à fond de cale. Elle ne regrettait rien, et le voyage était à peine commencer. Cela prit un peu moins d'un mois, ils allaient débarquer dans une ville nommée Tripoli. Elle avait reçu quartier libre. Elle suivait ses amis s'émerveillant devant la nouveauté. Elle absorbait le plus d'information qu'elle pouvait. Elle fit quelques pas après avoir quitté le navire et s'arrêta un instant.

Wouah! C'est magni-fi-que!
--Jodhaa_akbar
La princesse croyait. Elle croyait en son Dieu, elle avait reçu la foi avec le reste de l'éducation due à son rang, depuis son plus jeune age. Et mourir n'était en soi qu'un pas vers ce Dieu. Pourtant si son corps avait abandonné la bataille, son esprit, lui, refusait de lâcher prise. Dans le délire de l'insolation, c'était Salman le Grand qu'elle voyait sur le trône de son père, c'était le feu et le sang qui rongeait sa citée, et ca, c'était une force qui l'empêchait de mourir.

Lorsque son esprit reprit conscience de son environnement, il n'y avait aucun souvenir des jours passés. Où était-elle ? Comment était-elle arrivée ici ? Qui avait pris soin d'elle ? Sa bouche était à la fois sèche et pâteuse, ses lèvres craquelées lui faisaient mal au moindre mouvement. Elle souleva péniblement les paupières, et elle comprit. Fille du désert, elle savait la morsure du soleil sur la peau. La sienne tiraillait de partout mais elle ne la brulait plus et elle devina qu'on lui avait oint le visage d'un onguent gras pour l'hydrater.
Tout son corps était las, douloureux, mais elle se rassura : à ces sensations, elle était en vie. Ses yeux réussirent à rester ouvert un assez long moment pour fixer le plafond. Une grotte, une faible luminosité, de la fraicheur. Elle perçu un mouvement près d'elle, mais tourner la tête était trop difficile. Le visage d'un homme se pencha alors sur elle, à moitié recouvert de son turban et elle se sentit tressaillir. Ami ... Ennemi ... Était-elle retombée entre les griffes du Diable Berbère ?

L'homme retira le tissu de son visage et se présenta avant de lui intimer de ne pas bouger, comme si elle avait besoin d'un ordre ou d'un conseil pour ca. Cependant la voix de son sauveur n'était pas agressive.


Mamnoon* ...

Sa propre voix était frêle et à peine audible, et déjà l'homme ramenait un verre de thé tiède à ses lèvres pour qu'elle boive, par intervalles réguliers. Il se mit à parler de lui, comme pour la rassurer, sachant très bien qu'il faudrait encore un jour ou deux avant qu'elle ne puisse répondre à ses questions.

Et les jours passèrent. Lentement, péniblement, mais avec des progrès. Et bientôt, la princesse pu parler, manger, s'asseoir et finalement marcher. Chaque jour, elle passait de longues heures à se oindre le corps en entier, et même si l'onguent était loin du luxe de ceux qu'elle utilisait chaque jour, parfumés et minutieusement élaborés à son intention, elle en appréciait toute l'efficacité pour calmer sa peine. Le berger nomade avait brulé les vêtements déchirés de la princesse et lui avait offert en échange une robe des femmes de sa tribu, qui couvrait tout son corps mais dont le tissu était confectionné de telle façon qu'il n'agressait pas la peau.


Omid Shadi ... Quand pourrais je repartir ?

Elle se savait encore faible, et l'homme trouvait toujours de bonnes raisons pour ne pas la laisser partir, mais l'inquiétude pour son peuple avait repris le dessus et elle se devait de rejoindre Kandahar au plus vite.

*merci beaucoup.
E_d_acoma_de_chenot
Partir à l'aventure, ils en avaient rêvé. Quand ils s'étaient enfin décidés, tout s'était mis en place rapidement. Et en premier, l'endroit. Ils avaient besoin de changement, de dépaysement, et puisque l'opportunité leur était offerte, ils iraient loin. Leur choix s'était porté d'une seule voix sur le royaume d'Hindi Kush dont plus aucune nouvelle ne leur parvenait.
Depuis la mort du Grand Khan, l'empire s'était refermé sur lui-même, certains de ses royaumes ne survivaient que par l'opiniâtreté de quelques personnes à vouloir les sauver. Elektra avait été la dernière à quitter son royaume, et elle avait espéré le laisser entre de bonnes mains. Qu'en serait-il réellement ....

Si le couple avait été plus qu'heureux de ce voyage, que dire du fils pour qui cela allait être une des plus grandes aventures de sa vie. Les parents en avaient parlé entre eux, mais la discussion n'avait pas duré : non, c'était trop long ... trop long pour rester séparés de lui. Puis parmi ceux qui les accompagnaient, nul doute qu'Alexander serait en sécurité.
La traversée avait commencé comme une routine maritime, même si pour les passagers chaque jour était un émerveillement. Ils avaient passé la Sicile, avec une escale dans le magnifique port de Palerme, puis ils avaient tracé une voie plus au sud, longeant les cotes d'Alexandrie, pour aller se poser au port de Tripoli, plutôt qu'a Lattaquié, comme ils avaient fait quelques années auparavant. Et la manœuvre avait payé, aucune attaque pirate n'avait été à déplorer.

Sur les cartes européennes, le port d'El Mina donnait quelque chose d'assez succinct.




Mais quand ils débarquèrent, la vision qu'ils en reçurent était bien plus pittoresque que dans toutes les descriptions des livres qu'ils avaient pu lire.



Elektra essayait de ne pas quitter l'enfant des yeux et poussa un léger soupir de soulagement lorsqu'il trouva refuge dans les bras de son père. Le sachant en sécurité, elle put détailler le "port" si tant est qu'on pouvait l'appeler comme cela. Beaucoup de pêcheurs, de vendeurs qui déchargeaient de petits bateaux, de la criée dans une langue qui semblait vous vriller les tympans. La chaleur accentuait l'étrange sensation de dépaysement, nul doute qu'il lui faudrait un peu de temps pour se replonger dans l'ambiance.

- Allons prendre un peu de repos, il sera temps demain pour quelques achats.

La sensation de ses lèvres contre sa peau moite, ramena aussitôt un air joyeux sur son visage. Sa main caressa tendrement le visage aimé avant d'ébouriffer la tignasse de leur demi-portion. Elle avait du lui répéter un million de fois de faire très attention et de ne pas s'éloigner d'eux, aussi se retint-elle, mais l'amour maternel gardait sans cesse cette petite lueur inquiète allumée au fond d'elle.

Oui, mon amour, je crois que nous avons besoin de repos, et aussi d'un bon hammam.

Elle sourit avec malice à son Ténébreux, tous deux savaient très bien que la détente et le repos ne viendraient que si ils les prenaient ensemble. Rien ne valait ses caresses et son amour pour trouver la sérénité.
Se serrant contre lui, ils commencèrent à rentrer plus au cœur de la ville de Tripoli, laissant le port derrière eux. L'aventure commençait là, et ce fut avec les odeurs des épices et des plats qui mijotaient sous des toiles tendues que la jeune femme en prit enfin conscience.

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Coligny.
Lorsque Dacien lui annonça la bonne nouvelle, elle fut de suite suivie d'une mauvaise. La bonne, nous retournions à Tamerlan. La mauvaise, ils se rendraient là-bas en bateau. De l'eau, encore de l'eau, partout, à perte de vue. Coligny fit un sourire et un regard étrange en même temps. Dans sa réponse, on pouvait entendre un oui et un non :

- Oui je vais faire en sorte que les navires soient prêts à partir.

Mais il n'avait pas ajouté qu'il embarquerait avec eux. Il serait triste de rester à terre mais il préférait la dure solitude que de devoir de nouveau traverser cette mer pleine d'eau. Salée de surcroît.

L'homme de main quittait son ami sur cette touche peu explicative et se mit de suite à la tâche. Et les hommes, triés sur le volet, et les vivres inspectées pour qu'aucun rat ou charençon n'embarquent, les armes soldes et fiables, comme les canons et la poudre bien entreposée au sec. Il ne laissait rien au hasard et plus il avançait sur les préparatifs plus la tension montait. Cette fois-ci ce n'était pas une simple armée faite de mercenaires qui serait à bord, mais ses amis des Lames, sa Belle Yris et aussi toute la future famille De Chenot avec le petit bout de choux qui le regardait de sa hauteur de trois pommes. Les responsabilités avaient grimpé d'n cran sur cette affaire. Sans compter qu'il ne comptait pas aller avec eux. Mais les laisser, c'était prendre le risque de les perdre.

Ainsi, il se rendit dans la cabine de son ami et entra après avoir frappé deux petits coups faibles.


- Dacien, mon ami... le navire, la mer... trouvez des hommes qui me prendront par surprise. Des malins et costauds. Que je ne m'y attende pas surtout. Pensez aux cordes et aux chaînes au cas où je reprenne conscience.

Il disait tout cela avec la boule au ventre. Cette frayeur des profondeurs lui gâchait vraiment la vie. Mais la surmonter lui semblait impossible. Il préférait encore se battre contre toute une armée, à main nue que de devoir affronter ce liquide froid et sournois.

Le Ténébreux avait fait ce qu'il fallait. Coligny revint à lui ficelé comme un saucisson, au fond de la cale. Le navire tanguait à le rendre malade et il hurlait comme un putois pour qu'on vienne le délivrer afin qu'il puisse assommer les sauvages qui lui avaient laissé une telle bosse derrière le crâne. Il ne put frapper personne. Il passa les trois jours suivants à vomir par dessus le bastingage, tripes et boyaux, avec le visage livide et l'envie de mourir. Heureusement, cela se termina et il put presque apprécier le voyage tant qu'il restait loin du bord.

Ils arrivèrent enfin et là, c'était comme dans son souvenir. Mieux encore. Il faisait chaud et le sable était magnifique, la ville blanche, haute en couleur de tissus magnifiques, de femmes splendides et d'un décors hors du commun. Il prit Yris par la taille et la fit descendre sur le sol solide et immobile.


- Ma Belle, voici le monde magique de Tamerlan.
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