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[Hindi Kush] Le long fleuve de la vie s'écoule toujours.

Salman Ali, incarné par Elektra.


La course du sabre s'arrêta brusquement et l'homme ouvrit la bouche sans qu'aucun son n'en sorte. Lorsque l'arme fut retirée d'un geste rageur, le corps s'écroula au sol et le sang teint rapidement le sable d'une couleur sombre.
Échec. C'était un mot que le Diable berbère ne supportait pas. Celui qui échouait mourait, inévitablement. Pas un homme, pas une femme, ni même un enfant ne pouvait se targuer d'avoir survécu à la colère du grand Salman si il avait échoué à ses ordres.


Enlevez le de ma vue ! Jetez son corps aux vautours, avec celui du garde !

Le sabre rejoignit la ceinture de l'homme et il dirigea ses pas vers le harem. Attachée en croix, la jeune femme dénudée semblait inconsciente, ses cheveux sombres retombaient sur son visage sali de larmes et de poussière.

Kiara ... Kiara, j'ai toujours laissé trop de liberté à mes femmes ...

Il la contourna, découvrant son dos strié de marques sanguinolentes, et s'approcha de l'homme qui tenait toujours le fouet dans ses mains. Celui-ci lui souffla un nombre et Salman hocha légèrement la tete avant de revenir face à la femme.
Lui attrapant toute la masse de sa chevelure, il lui redressa la tete et lui parla, doucement, d'une voix sourde et profonde, terriblement menaçante, effrayante.


Trahis moi encore une fois, belle Kiara, une seule, et, par Allah, je t'envoie pourrir dans le désert.

Il relâcha sans ménagement la tete, échouant sur la poitrine qui se souleva dans un sanglot.

Le chef retourna à ses appartements, s'allongeant dans ses coussins pour prendre son narguilé. Fumer avait à la fois le pouvoir de le détendre et celui de l'aider à réfléchir.
Deux solutions s'offraient à lui : laisser courir la princesse en espérant qu'elle ne meurt pas dans le désert et l'enlever à nouveau, ou prendre quelques hommes et partir à sa recherche.
Dans le premier cas, et si elle ne mourait pas dans le désert, il serait bien plus difficile d'infiltrer une nouvelle fois le palais royal. Dans le second cas, il faudrait quitter la forteresse de pierre pour un long moment, d'autant qu'il ne savait pas exactement dans quelle direction elle était partie, et laisser ses biens à la merci de pilleurs si la nouvelle de son absence venait à se répandre.

Plusieurs volutes de fumée s'échappèrent de ses lèvres puis il envoya un esclave chercher Ehsan. Le jeune homme était un des meilleurs qu'il avait dans sa horde, il n'avait jamais fait mentir la confiance qu'il avait mis en lui. Il lui donna ses ordres afin que le lendemain une vingtaine d'hommes armés l'accompagnent à la recherche de la princesse. Ils partiraient à l'aube, bien avant le lever du soleil, pour avancer rapidement avant les heures chaudes.

Ehsan disparu après avoir respectueusement salué le Diable et celui-ci tapa deux fois dans ses mains pour que les danseuses entrent. Il tendit la main pour attraper quelques dattes qu'il croqua en posant des regards concupiscents sur les femmes qui se dévoilaient devant lui.
Naurestel_de_grimaud
Naurestel n'en revenait pas. Et le mot était faible. De son étonnement premier face à la nouveauté, l'exotisme et la chaleur de Tripoli, elle laissa la place à l'émerveillement le plus pure. Pure comme du cristal comme celui d'un jeune enfant qui découvre tout pour la première fois. Elle avait à l'épaule une besace en bandoulière où elle gardait ses instruments de médecine et quelques remèdes. Malgré tout, malgré le fait que le voyage s'annonçait comme une belle aventure, la jeune femme avait acquis quelques réflexes de prudence. Une fois qu'elle fut en mesure de se laisser porter par ses pas, la nancéienne commença son exploration. Elle en oublia la fatigue et le dépaysement qui assaillaient les voyageurs. Car rien n'était comme elle le connaissait. Le sable, la chaleur, les pierres granuleuses et blanche, la mer et le ciel qui semblaient ne faire qu'un. Tout était spectaculaire pour quelqu'un qui n'avait jamais voyagé plus loin que les duchés autours de son village. Ici les gens ne se promenait pas forcément avec des chevaux, il y avait des animaux qu'elle ne connaissait pas et qui la fascinait un peu plus encore. Elle suivait doucement ses compagnons, absorbée. Elle se demandait aussi ce qu'Ivanoe aurait pensé de ce voyage. Lui qui aimait tant l'aventure et la découverte, il aurait très certainement été servis. Cependant le travail l'avait empêcher de les suivre. Elle se promit toute fois de lui rapporter quelque chose en souvenir.

Alors qu'elle marchait lentement et qu'elle observait ce qui l'entourait, elle entendit pour la première fois la langue locale. Bien qu'elle lui semblait difficile à prononcer et à parler elle ne la trouvait pas moins mélodieuse. Elle se demanda même combien de langues dans le monde pouvaient être parlées et combien pouvaient être mélodieuses à leur manière. Alors qu'elle se trouvait loin de chez elle, Naurestel vit sa curiosité et sa soif d'apprendre ravivée comme un feu de joie. Seule la prudence et son entraînement avec les lames lui interdisait de se précipiter dans tous les sens. Aussi puisqu'elle ne connaissait aucunement l'endroit, elle avait choisi judicieusement de se fier aux chevaliers pour se guider un peu partout. Elle n'avait pas encore apprivoisé le nouvel environnement, mais elle se doutait que lorsque ce serait fait, elle irait très certainement visiter les moindres recoins. L'odeur des épices lui piquait le nez. Elle adorait cet odeur qui venait d'ailleurs et qu'elle associerait maintenant à Tripoli. Elle sentait aussi la pierre sous ses pieds et le sable mou et chaud. Elle remarqua aussi que là où elle se trouvait les gens avaient généralement les cheveux noirs ou bruns. Elle ne voyait pas de blonds comme en Savoie ou de roux. Cette idée l'étonna un peu et même la fit un peu rêver. Elle ne connaissait pas grand chose du passé de ses parents, mais tout deux avaient eu la chevelure de nuit, une chose qu'elle avait hérité. Et comme ils étaient pauvres, Naurestel n'avait jamais osé questionner ses parents sur leur histoire personnelle. Mais comme elle découvrait, elle se permettait de rêver un peu. Quel genre d'aventure pouvait-il y avoir ici?

Tout en s'assurant de ne pas perdre les Chevaliers de vue, elle observa les petits navires, les étales, les grandes voiles suspendues aux diverses couleurs, elle voyait des hommes et des femmes qui allait et venait en échangeant dans ce dialecte qu'elle ne comprenait pas. Ils marchaient encore un moment et Naurestel accéléra doucement le pas pour se mettre à la hauteur de Dacien et d'Elektra. Alexander était parfaitement calé dans les bras du Sénéchal. Elle leur sourit avant de se lancer. Ce n'était pas parce qu'ils voyageaient que la jeune infirmière allait faire taire sa curiosité.


Vous êtes venus souvent ici? Quand j'ai accepté pour le voyage je m'attendais pas à un tel changement, j'ai l'impression d'avoir carrément changer de monde! Et c'est comme ça un peu partout? En dehors de la France et du Saint-Empire? c'est différent à ce point chaque fois?
Dacien_de_chenot


Ils abandonnèrent le bourdonnement du port pour s'enfoncer plus avant dans la vieille ville, traversant le quartier des tisserands où mille mains tissaient la soie et le camelin.
Pour beaucoup de leurs compagnons, c'était le premier voyage en orient. Naurestel, plongée de plein fouet dans ce monde nouveau, semblait ne pas avoir assez de deux yeux. La curiosité de la jeune femme ne tarda guère à s'exprimer.

- Elektra, Coligny et moi avons déjà séjourné ici. Et jusqu'en Tamerlan et en Hindi Kush. Chaque lieu en ce monde a ses particularités, on dit que dans un pays du Nord, la terre crache des gerbes d'eau bouillonnantes, j'ai entendu parlé aussi de terres couvertes de neige qui ne font jamais. Oui... je suppose que chaque lieu possède ses curiosités, mais ici, le dépaysement est total, tu verras bientôt le désert où la terre brille.


Bien qu'ayant décidé de ne pas s'attarder à Tripoli pour rejoindre Damas au plus vite, le Ténébreux ne résista pas à l'envie de troquer ses vêtements contre un large serwal blanc et la keffieh qu'il enroula pour l'heure autour de son cou. Il ne conserva que sa chemise de lin blanche et ses bottes. Ainsi vêtu, le visage mangé par une barbe de cinq jours, rares étaient ceux qui auraient pu reconnaitre le sénéchal de l'Ordre des Lames.
Amir Hazin était de retour.
Curieux, Alexander avait observé la transformation de son père. Tout pour l'enfant, était découverte. Les étals de bananes et d'oranges, les dattes et la canne à sucre abondaient sur les marchés. Parfois un petit index se tendait requérant une explication, un nom à mettre sur l'inconnu, et patiemment, sans jamais éluder ou surseoir à une explication, le chevalier lui racontait l'orient. Il savait qu'ici, il devrait protéger l'enfant de son ignorance. D'un serpent, d'un scorpion qui pouvaient se glisser jusque dans les habitations, mais aussi d'un lion ou d'un tigre ou plus étonnamment de l'eau qu'il ne devrait boire qu'une fois bouillie. Son esprit allait s'ouvrir à une nouvelle culture, il allait découvrir de nouvelles saveurs, et surtout un nouveau mode de vie, plus rude que le confort auquel ses parents l'avaient habitué.
Pour l'heure il préférait la sécurité des bras de son père car l'immersion avait été brutale. Pourtant le chevalier le sentait déjà se détendre.

- Ces vêtements sont bien plus confortables à porter par pareille chaleur. Tu veux essayer ?

La transformation de son fils amusa Elektra qui objecta pour la forme: Nous avions dit à Damas...

- Oui... oui mon ange... à Damas nous en achèterons d'autres ! Un baiser vint sceller la promesse.

Et c'est ainsi vêtus, qu'ils prirent leur quartier à la médina pour la nuit. Les visages reflétaient la fatigue et chacun rejoignit sa chambre sans se faire prier.

- Nous repartirons demain matin. Reposez-vous bien car les prochains jours seront difficiles même si la chaleur est encore supportable à cette époque de l'année.


Le chevalier leur fit servir un repas, le mezzé, un assortiment de plats chauds et froids, du thé à la menthe et de l'eau de rose pour l'enfant qui découvrait avec curiosité, l'intérieur d'une chambre à coucher. Des tapis et coussins colorés couvraient le sol et leur lit disparaissait sous les voilages, et toujours cette odeur d'épices qui s'invitait partout, garantissant le dépaysement le plus total.
L'enfant s'endormit à même le sol, protégé par l'épaisseur des tapis. Ils décidèrent de ne pas le réveiller, se contentant de le couvrir d'un drap léger après lui avoir retiré ses bottes.
Quant à eux, l'exotisme des lieux leur donna quelques idées qu'ils se hâtèrent de mettre en pratique à l'abri des voilages.

Après une nuit réparatrice, la longue colonne se mit en branle sous les cris des chameliers. Il leur faudrait 5 jours pour atteindre Damas.

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E_d_acoma_de_chenot
Qu'ils étaient beaux ! Tous les deux ! La vision de ses deux bruns, aux yeux aussi clairs l'un que l'autre, habillés en couleurs locales, éclaira son visage d'un sourire heureux. Dacien avait été tellement impatient de mettre pieds à terre, qu'il avait communiqué à son fils cette impatience sans même que l'enfant ne sache ce qu'il allait trouver tout au long de ce voyage. Et pour Alexander, la découverte était de taille, surtout à son age. Quoi que leur amie, et médecin de l'équipée aventureuse, Naurestel rivalisait d'émerveillement avec le petit garçon.

Son fils s'était endormi après avoir à peine touché à son repas, harassé mais souriant, et nul doute que ses premiers rêves en terre d'orient allaient être passionnants et mouvementés. Elektra posa un baiser maternel sur sa tempe et se laissa choir sur le lit recouvert de coussins multicolores. Posant ses yeux sur son Ténébreux qui retirait un à un les nouveaux vêtements acquis dans les souks, elle lui tendit une main qu'il vint prendre aussitôt.


Venez là, mon prince du désert, votre humble épouse va s'occuper de cette tache ...

Leurs rires s'éteignirent peu à peu, entrecoupés de baiser et de soupirs, jusqu'à ce qu'enfin ils s'endorment dans les bras l'un de l'autre.

Au lendemain, tôt le matin.

Tripoli, qu'ici on appelle Tarabulus. La caravane s'étire et quitte le bord de la mer pour s'enfoncer dans les terres orientales. Il faut traverser le mont Liban , les chemins tracés par les bédouins sont sinueux, pentus, on sent l'habitude qu'ils ont de les arpenter, tandis que pour les orientaux la marche demande plus d'efforts. Sur ses parois vertes, dominant la vallée de Qozhaya signifiant "trésor de vie" , on peut voir les murs du monastère de Saint Antoine le Grand, refuge de l'Ordre des Maronites

De l'autre coté de la montagne, on arrive à Ba'albek, que les romains avaient nommé Héliopolis, la ville du Soleil. Aux cotés de la nouvelle ville, se dressent les ruines des sanctuaires de la triade héliopolitaine : les Dieux Jupiter, Vénus et Mercure . Au devant s'étend la riche plaine de la Bekaa "la source bleue" , qui donne naissance à l'Oronte, une rivière qui s'élance ensuite à travers le pays et dont le nom signifie "le fleuve rebelle".

Une escale dans la ville de Zahlé "la glissante", bourgade économique et administrative. On y trouve de nombreuses auberges, à ciel ouvert dès que le temps s'y prête. Elle est entourée de vergers, et de vignes qui donnent un vin très apprécié dans la région. Une petite ville aux toits rouges, où l'hospitalité ne se dément pas. Les tables, dressées sur les bords de la rivière, se remplissent de mets aussi alléchants par leurs couleurs et leurs textures que par leur odeur : taboulé, fattouche, kebbé, hommos et moutabbal, du vin, de l'arak et du jellab. Les noms chantent aux oreilles mais surtout les saveurs délient les papilles.

Assise à même un tas de coussins, Elektra murmure à l'oreille de son Ange, un sourire mutin :
"Amour ... goutez donc le mloukhié, il parait que les feuilles de cet arbre, qui accompagnent la viande, sont aphrodisiaques ..."
Un baiser amoureux scelle, d'une promesse pour plus tard, cette invitation à peine déguisée à se retrouver seuls tous les deux.

Puis les deux derniers jours sont dévolus à un voyage qui traverse de nombreux petits villages. Là, les gens se méfient toujours un peu des étrangers mais après quelques échanges de paroles et de cadeaux, le sens de l'hospitalité des habitants revient aussi vite que leur sourire. Et enfin la longue file des chevaux et des chameaux passe la frontière qui les fait entrer dans le sultanat de Damas, capitale provinciale de l'empire mamelouk.

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Naurestel_de_grimaud
Alors qu'elle marchait aux côtés des chevaliers, elle écoutait avec tout l'attention qu'elle était capable la réponse de Dacien. Elle était simplement fascinée et ce n'était que le début. Ils étaient seulement à Tripoli, ils leur faudraient encore un moment avant d'atteindre Tamerlan. Le fait d'apprendre que le monde pouvait être si vaste et si différent lui fit se demander si un jour elle verrait toutes ces contrées. Cela dit Naurestel n'aimait pas la neige plus qu'il le fallait. Elle l'aimait seulement pour faire des balles et les lancer. Sinon le froid, elle n'aimait pas. Elle se douta qu'elle n'irait probablement pas dans ces pays où la neige était éternelle. Mais cette promesse d'une terre qui brille la réjouit un peu plus. Elle ne connaissait pas le sable, ni sa texture douce et fine. Absorbée dans ses découverte, elle découvrait les vêtements locaux. Encore une fois, c'était bien différent de ce qu'elle connaissait. La jeune nancéienne portait sa tunique blanche de voyage, des braies aux couleurs terres et des bottes souples. Elle avait acquis le tout avant son départ à Nancy. Ça lui changeait de son uniforme d'Écuyer. Elle n'aurait pas su nommer les vêtements qu'ils portaient. Et puis un bref instant, elle reporta son regard vers les chevaliers.

Elle avait été si absorbée qu'elle n'avait pas remarqué qu'ils s'étaient arrêtés pour permettre au Sénéchal et à Alexander de se changer. Le changement était pour le moins fulgurant. Et ce n'était pas peu dire. Quand ses saphirs découvrirent le sénéchal habillé comme les citoyens de Tripoli, elle se demanda un bref instant si c'était véritablement le Sénéchal qui se tenait là. Et ce ne fut pas long qu'Alexander fut lui aussi habillé comme Dacien. Un sourire étira ses lèvres quand elle entendit Elektra objecté. Ah les hommes! Ils n'étaient pas toujours les plus patients, elle savait qu'Ivanoe aurait fait pareille. Il avait été si impatient pendant les missions à tabasser l'ennemi. Ils devaient se rendre à Damas maintenant. Elle ne connaissait rien de la géographie de cette partie du monde, elle se laissait guidée et savourait la nouveauté. Ils prirent finalement quartiers. La jeune femme découvrit le plaisir d'être assise dans une mer de coussin. Elle n'y avait jamais pensé, mais les coussins étant doux, soyeux et moeilleux, ils offraient un confort sans égal. La première expérience culinaire de Naurestel allait arriver. Elle regardait la nourriture avec curiosité, incapable de prédire si elle allait aimer ou non.

Quand tous fut servis, elle commença à manger. Les épices lui piquèrent la langue, mais la saveur était nettement plus riche que ce à quoi elle était habituée de manger. Elle se demanda si elle pourrait ramener quelques épices en Lorraine, peut-être qu'ils avaient des vertues inconnues? Son esprit médical prit un peu le dessus et elle secoua doucement la tête tout en mangeant. Non pas ici et pas maintenant. Elle était là pour découvrir, pas pour embêter tout le monde avec la médecine. Elle termina son repas et dû avouer qu'elle était plus fatiguée qu'elle ne l'aurait cru. Aussi, elle prit congé des chevaliers et se dirigea à sa chambre. Elle vit alors les voilages les coussins, le lit. L'exotisme l'émerveillait et pourtant elle n'était pas noble, ce confort lui était inconnu. Elle se débarassa de ses bottes et de ses braies, elle s'écroula parmi ses coussins et se laissa bercer par les odeur de l'Orient.

Au lendemain, tôt le matin:

Naurestel s'était réveillée très tôt. Tirée de ses rêves d'épice et de coussins par ses habitudes militaires. Elle avait rejoint ses compagnons. Avec sa longue chevelure d'ébène , Naurestel avait eu l'idée de natter ses cheveux en une seule et large tresse qui tombait dans le dos. Cela avait l'avantage de permettre au vent de jouer sur sa nuque sans l'exposer complètement au soleil. La colonne s'était mis en marche aux cris des chamellier et l'écuyer découvrait ce qu'était un chameau. Une bête énorme au regard passif qui marchait lentement. Elle découvrit les montagnes les chemins et la vue impressionnante à perte de vue. Puis une escale survint. La jeune femme supportait bien la chaleur, mais elle doutait un peu de sa capacité s'il avait fait encore plus chaud. La mer dans le désert était toujours plus impressionnante qu'en occident. Elle découvrait et elle avait hâte de voir à quel point ce serait à Damas. Alors qu'elle se tenait proche du couple elle demanda soudainement, sans trop comprendre où ni comment elle pouvait s'orienter dans cette partie du monde:


- Où sommes-nous? C'est tellement difficile de se repérer!
E_d_acoma_de_chenot


Damas ! Abritée par une chaine de montagnes et arrosée par la Barada, la plus importante source d'eau de la région, c'est l'étape incontournable pour toutes les caravanes qui souhaitent partir vers le désert.
Nos voyageurs européens s'y arrêtent alors quelques jours. Il faut constituer des réserves en nourriture et en eau, et bien sur acheter des chameaux. Puis négocier pour intégrer une caravane sur le départ. Dacien et Coligny se chargent des contacts et des transactions, il n'est pas du tout bien vu qu'une femme s'ingère dans les affaires "d'hommes".

Quand tout cela est réglé, il leur reste trois jours. Trois jours avant que la caravane ne parte, trois jours pour visiter cette ville merveilleuse d'architecture : fortifications, citadelle et palais, des hippodromes pour les entrainements des armées ; madrasa, hôpital et hammam. Et surtout les caravansérails et les halles, véritables cavernes aux trésors.




Devant eux s'étendent de longues allées, pleines de saveurs, de senteurs, de couleurs. Des vêtements, des épices, des fruits, et même des sucreries.

Mon Ange ... Je ne tiens pas à vous voir disparaitre corps et âme dans cet endroit.
Promettez moi que nous irons finir la soirée au hammam, je crois que nous en aurons grand besoin.

Elektra sourit à son époux et resserre sa main dans la sienne. A ses yeux brillants, elle sait qu'il va la mener d'étal en étal, lui expliquant chaque découverte et lui faisant gouter chaque produit.
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Omid_shadi_al_rashid.
Les jours et les nuits s'étiraient lentement au rythme du quotidien d'Omid. Il commençait toujours sa journée par aller voir la femme du désert, comme il l'appelait. Il avait bien crut qu'elle mourrait tant le soleil s'était acharné à dessécher son corps et à brûler sa peau. Quand il l'avait trouvé, elle respirait à peine, ses paupières étaient collées, ses lèvres craquelées et chaque partie de son corps exposé au rayon irradiant était brûlée.

Elle avait beaucoup souffert pendant le transport d'abord, puis lors des soins qu'il lui avait prodigué, même s'il ne lui en restait que peu de souvenir. Il l'avait veillée, hydratée et avait passée son corps d'une ongue grasse pour la soulager et reconstruire sa peau.

Il avait alors vu la beauté de ce corps digne d'une princesse. Parce que si son visage avait été trop brûlé pour qu'il la reconnaisse de suite, à présent, il savait qui elle était. La Princesse déchue. Et maintenant qu'elle pouvait marcher, elle voulait rentrer chez elle, en son palais probablement, bien plus confortable que cette simple grotte qui pourtant lui avait apporté la fraîcheur indispensable à son rétablissement.


- Bientôt, répondit il simplement. Quand tes forces seront revenues. Le désert est immense et ton palais bien trop éloigné pour que tu puisses entreprendre un tel voyage, Jodhaa.

Il s'approcha d'elle alors que son doux visage était tourné vers le sable infini. Elle était belle. Très belle. Et cette beauté avait un prix inestimable et tout sauveteur qu'il était, Omid avait bien l'intention de gagner assez d'argent en revendant cette femme. Qu'elle soit princesse allait valoir son pesant d'or. Et pour le nomade qu'il était, il se fichait bien des affaires du pays et de qui régnait ou pas. Pour lui, cela ne changeait rien. Il devait toujours se débrouiller pour survivre et personne ne l'aidait pour le faire.


- Mais bientôt, je t'y conduirais. Viens donc m'aider à préparer le repas. Il faut préparer les galettes, fit il en lui montrant les sacs de farine. Maintenant que tu vas mieux, je tiens à ce que tu m'aides dans les tâches quotidiennes. Entretenir une personne de plus me coûte cher en nourriture et en besogne. Et j'ai ramené un bouquetin. Il faudra le dépecer. Le couteau est là,fit il en lui montrant la lame à l'entrée de la grotte.

Il s'éloigna pour préparer le feu, glissant les yeux pour voir si elle allait lui obéir.

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Jodhaa_akbar


L'immensité du sable d'or, jusqu'aux confins d'une autre immensité d'un bleu immaculé. Elle avait beau être née dans ce pays, le désert l'effrayait toujours autant. Elle avait eu une vie choyée et protégée, une vie prédestinée, entre l'éducation au palais et l'apprentissage de son rôle à Kandahar. Son regard se perdit au loin, comme si elle pouvait voir au delà de ce monde cruel et sans pitié.

Depuis combien de temps était-elle là ? Les jours avaient du se transformer en semaines et cette pensée la fit frissonner. Le Diable berbère ne l'avait pas retrouvée, ca n'était pas forcement un bon signe. Si il la croyait morte, il lancerait ses chiens du désert sur la capitale, et ca, elle ne le supportait pas.

Omid shadi la tira de ses cogitations et son regard sombre se posa sur l'homme.


- Mais bientôt, je t'y conduirais. Viens donc m'aider à préparer le repas.

Elle n'avait jamais connu la promiscuité avec un homme, cet état d'intimité obligée la dérangeait. Si cela venait à se savoir, son honneur serait perdu à tout jamais. Puis, il l'avait sauvée, il était vrai, mais quelque chose titillait la jeune femme. Pourquoi n'avait-il été chercher aucun secours ? Pourquoi n'avait-il pas fait prévenir la capitale ? Il l'avait sauvée d'une mort atroce qui l'attendait dans le désert, mais malgré tout la jeune femme ne lui faisait pas confiance. Il savait qui elle était, et nul doute qu'elle pourrait lui servir de monnaie d'échange si l'occasion se présentait.

- Il faut préparer les galettes ...

Jodhaa n'avait que rarement eu à se faire à manger, mais enfant elle aimait se faufiler dans les cuisines et regarder faire les femmes. Elle prit un bol qu'elle remplit de farine et une gourde d'eau, avant de s'approcher du feu.

- Et j'ai ramené un bouquetin. Il faudra le dépecer. Le couteau est là.

Ses yeux se froncèrent légèrement tandis qu'elle mêlait ses doigts à la farine humide. Sans relever la tête, elle répondit d'un ton qui ne tolérait aucune contradiction.

Je ne sais pas faire, fais le toi même.

Si elle était prisonnière et esclave, elle le saurait bien assez vite. Dans son esprit, alors que ses mains façonnaient des galettes à un aspect un peu étrange, se préparait déjà un plan de fuite. Il lui faudrait de l'eau, un peu de nourriture, une arme comme ce couteau, même si elle n'était pas sure d'être capable de tuer. Elle avait également vu que l'homme cachait son chameau dans une petite enclave entre les rochers. Mais cela serait sans doute difficile de le prendre et de l'arnacher. Tant pis, elle partirait à pieds. Elle saurait bien se diriger avec la course du soleil et les quelques étoiles qu'elle connaissait.
Dacien_de_chenot


[Souk de Damas]


Il aimait Damas, véritable ruche vivante et colorée à la croisée des chemins de plusieurs villes de la région. Cité florissante, elle offrait l'un des souks les plus riches du Moyen-Orient. Les artisans y rivalisaient de talent pour forger des lames, les dentelières produisaient les dentelles les plus fines qu'il lui fut donné de voir, quant aux monuments ils rivalisaient d'élégance et d'exotisme pour un occidental.
Chaque étal du souk présentait ses produits sur des toiles colorées, ou des paniers tissés pour les fruits. Le marché aux olives à lui seul, valait le déplacement. Il y en avait de toutes les teintes du vert au noir en passant par le brun, certaines étaient fourrés d'anchois, d'autres macéraient dans des huiles odorantes, de la plus douce à la plus piquante.
C'était un ravissement non seulement pour les yeux mais aussi pour le nez qui respirait toutes les effluves de l'orient, ou les doigts qui se perdaient dans la douceur des soieries chatoyantes.
Si à Tripoli le Ténébreux n'avait su résister à l'achat d'un serwal et d'un keffieh qu'il portait depuis, Damas allait lui permettre de céder une tentation plus grande encore. Il étoffa sa garde robe de plusieurs de ces pantalons larges qu'il aimait à porter ici, ainsi que de plusieurs thoabs, de sandales de cuir souple et de bottes du même. Son fils fut équipé à l'instar de son père.
Quant à Elektra, toujours parcimonieuse, il la fit céder à l'attrait de robes de soie légères et colorées, et de voiles. La charge des portefaix qui les suivaient commençaient à menacer de les aveugler mais le chevalier n'en avait pas terminé de ses achats. Il équipa encore Alexander d'une outre en peau de chèvre et d'une dague que l'enfant reluquait depuis un bon moment.



- Elle te plait ? Le Ténébreux saisit la dague et la tourna entre ses mains, C'est vrai qu'elle est belle. Un regard au marchand. Combien ?
- Pour toi, Seigneur, 4 akchehs d'argent, c'est une belle dague. J'ai vendu la même au cheik pour son fils.
- 4 atchehs d'argent ? C'est le prix d'un troupeau de moutons ! Je t'en donne un.
- Un ? Seigneur tu veux me reduire à la mendicité... Trois, et la dague est à toi pour le bonheur de ton petit garçon.
- Je t'en donne 2, pas plus et pour ce prix je prends aussi la ceinture de cuir.
- Tu es rude en affaire, Seigneur, mais tu me plais, va pour 2.

Le marchandage était ici une question de principe, voire même de politesse. Le marché fut conclus et la dague ceinte à la taille de l'enfant.

- Alexander... il s'était accroupi, un genou à terre pour planter son regard dans les yeux de son fils, c'est une arme, pas un jouet, tu dois me promettre de ne jamais la sortir de sa gaine par jeu, ou pour l'exhiber et lorsque tu le feras, tu devras redoubler de prudence en le faisant. Le promets-tu ? Sache qu'au premier manquement, je te reprendrais cette dague et que jamais plus tu ne la reverrais.

Cela aurait pu paraitre folie, et Elektra opposerait peut être son veto, mais Alexander était un enfant prudent et responsable, et le chevalier avait pour principe de le responsabiliser. Restait à convaincre Elektra que cet achat n'était pas prématuré.

- Allez,viens, ne t'éloigne pas trop de nous.

Il y avait foule et un enfant aux cheveux éclaircis par le soleil comme ceux d'Alexander pouvait attirer les convoitises. Mieux valait garder l’œil dessus.

- On va rejoindre maman. Que dirais-tu de lui offrir l'une de ces magnifiques parures d'or qu'elle regarde avec Naurestel ?

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Coligny.
Quartier libre et pas n'importe où. A peine arrivé à Damas, Coligny se fendit d'un large sourire. Cette ville était magnifique. La Grande Mosquée des Omeyyades était une splendeur. Rien ne rivalisait avec elle. L'homme de main en traversait la grande place à cet instant même. Il avait d'abord troqué ses vêtements contre un habit plus en communion avec le pays. Il se sentait beaucoup mieux ainsi. Le tissus soyeux et léger évitait qu'il n'étouffe. Un bandeau sur le crâne le protégeait du soleil bien plus efficacement que son traditionnel chapeau en peau, sans compter que cela le protégeait aussi du sable quand le vent se levait.

Même s'il aimait visiter cette ville, son intention n'était pas de jouer au touriste mais de profiter d'un lieu délicieux. Les bains collectifs. Hammam et bain froid. Voilà ce qu'il lui fallait avant d'affronter le sable de nouveau.

Il fut accueilli avec attention et se retrouva vite avec une simple serviette autour de la taille à transpirer tout ce qu'il pouvait. La blancheur de sa peau intriguait et seuls les quelques mots qu'il connaissait dans la langue locale aidèrent à réchauffer l'ambiance.

Il passa plus d'une heure, allongé comme un coq en pate, puis se rendit dans un lieu bien différent où de belles femmes le reçurent avec d'immenses sourires. Une bourse tomba dans la paume de la tenancière et il fut de suite pris en charge par une volée de colombes. Massages et autres friandises finirent à le détendre. Il retrouva ses amis plus tard, dans les souks, qui terminaient leurs achats. Il en profita pour acquérir quelques petites choses qu'il rangea soigneusement dans un sac qu'il portait en bandoulière.
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