Narcysse
♫♬
_________________
- Neuvième jour de Mai , 1464.
Port de Bordeaux.
Ça fait un moment que je n'ai pas pris le temps d'écrire vraiment. Ecrire pour moi, pour vider toutes ces choses que j'ai en tête, celles que je vis, que je vois ou que j'imagine. Et ça manque! Mais faut croire que j'ai le goût de griffonner que quand on prend la mer ... Parce que oui, ça y est! On a largué les amarres!
Si tu savais comme ça fait du bien de voir Bordeaux s'éloigner. J'aime beaucoup cette ville mais à force, j'ai l'impression d'étouffer ... Au début on croit que c'est super grand, super vivant, super peuplé, que ça bouge tout le temps, que ça brasse du monde en permanence, mais en fait non. Oui c'est grand, oui c'est peuplé, oui c'est vivant mais c'est comme toutes les villes finalement. On fini par connaitre tout le monde et on se rend compte qu'on croise toujours les mêmes personnes. Et une fois l'euphorie de la découverte passée bin on tourne en rond. Comme partout.
Alors reprendre la mer, ça fait un bien fou.
Au départ ce voyage c'était plutôt mal parti. Du jour au lendemain, Père m'annonce que le Black va quitter le port sans lui. Et ça, bin t'imagine bien que c'est juste pas concevable. Mais il avait des obligations à terre et donc c'était dame Lize qui devait prendre la barre. Je devais l'accompagner pour la seconder et puis parce que le Black c'est notre navire alors il en faut au moins un de nous deux à bord. Bon, j'avais dis oui mais juste parce que je peux pas tellement dire non à Père ... Partir en Grèce ou je ne sais trop quel pays, en mission sauvetage d'un homme que je ne connais pas, avec une presque inconnue à la barre de MON futur navire, avec un équipage que je connais encore moins, sans Père, sans Jakou, sans Sam et pendant des mois et des mois ... Tu t'imagine bien que j'étais pas franchement emballée par le truc.
Puis ya eu la question de quand on devait partir. Pour moi il nous fallait quelques semaines de préparations, pour Lize il fallait partir de suite. Bon, déjà ça commençait moyen moyen l'affaire. Un sauvetage oui, un suicide, très peu pour moi. Puis Père a tranché et nous a dit que le départ serait pour juin. Bon, Lize a un peu ralé, mais je comprends, son ami est paumée au milieu de nul part depuis je sais pas combien de temps, mais moi, j'étais franchement soulagée. J'ai eu le temps de recruter deux personnes tout à fait charmantes, Lize a pu rassembler ses compagnons et la cale s'est doucement rempli de tout ce qu'il nous faudrait. En attendant juin, on devait partir avec Père en Bourgogne pour latter des méchants. Puis finalement ça s'est pas fait, les méchants sont parti ailleurs. Alors on devait partir ailleurs. Puis plus le temps passait, moins j'avais envie d'y aller. Ni en armée ni en navire. Et moins j'ai envie, plus je cogite. Et ça, c'est pas chouette. Parce que je fini par être moitié aigrie en moi et quand je croise les gens dans ces moments là, j'ai plus envie d'être gentille et aimable.
Puis les gens ont commencés à jaser, jaser,jaser. Et moi je suis montée, montée , montée. Et paf. C'était décidé, j'irais plus nul part. Ni casser la tronche aux méchants avec père, ni sauver l'ami de Lize. Puisqu'on me laissait un peu sur la touche sans me donner de nouvelles de personne et que ça avait l'air de bien faire marrer les gens alors que moi j'étais en panique totale de plus avoir de nouvelles de Père, j'ai eu comme un gros ras le bol. J'ai préparé mon sac et Goral - le cheval que papa m'a donné quand je suis partie pour Montpellier- et j'allais partir de mon côté sans rien dire à personne; Puis quand ils me chercheraient tous, bin je les enverrais paître. Dans ma tête c'était bien ancré comme ça. Sauf que le jour de mon départ Père m'a écrit. "Embarquement dimanche sur le Black, je prends la barre pour aller jusqu'en Grèce. " ...Bon ... Bin j'ai remis Goral au prés , j'ai vidé mon sac et je l'ai refais avec le nécessaire pour un long voyage en mer.
Oh bin tu peux soupirer hein! J'ai de bons arguments. D'abord, la mer me manque. Et ça, c'est quand même pas négligeable. Puis là, Père a remit son tricorne, c'est lui à la barre. Déjà, ça fait deux points indiscutables. Puis j'ai promis à Hélona et Pépin qu'ils monteraient à bord du Black pour aller voir Alexandrie. Une promesse est une promesse.
Puis après bin je sais pas trop ... J'étais bien déterminée à voyager seule avec mon cheval et "advienne que pourra" mais quelque part, je sais qu'au fond de moi j'attendais quelque chose qui n'arrivera surement pas. Je te le raconterais un jour, peut-être. Quand j'aurais toutes les réponses.
En attendant,les amarres sont larguées depuis ce matin, on remonte doucement l'estuaire de Gironde. Bientôt on aura l'océan en vue. C'est la première fois que le Black repart sans Jakou ... ça fait bizarre ... Faut que je lui écrive d'ailleurs.
Dans quelques semaines on sera à Narbonne pour embarquer la petite tribu Lavergne-Windham et après ça sera parti pour une longue, longue traversé des mers. J'ai compté on va en traverser quatre! Voire même cinq selon où est le pèlerin à sauver.
Ça risque d'être mémorable.
_________________