Gabrielle_montbray
- «Ça mon vieux tu vas me le payer
La vengeance est un plat qui se mange froid
Et tu vas te glacer d'effroi
En constatant qumon appétit
Et loin d'être petit, petit
( )
Tu regrettes tes écarts
Mais maintenant c'est trop tard
Mon vieux t'es un connard
Avec un grand C,
Fallait pas commencer »
- Lio, Fallait pas Commencer -
- - Fin janvier 1463, sur la route -
Gabrielle avait retenu un petit sourire en coin devant les malles qui saccumulaient dans la cour devant les écuries et que des hommes chargeaient sur une charrette. Désirée avait préparé de quoi tenir des mois, et probablement quelle avait prévu des tenues pour toutes les circonstances. On ne savait jamais, si le hasard leur faisait croiser la Reyne ou lImpératrice ou que Gabrielle fut conviée à un bal costumé ou à un mariage. La Comtesse se retint de lui demander si elle avait également pensé à prendre une robe de deuil, mais sa Première Dame aurait bien pu la prendre au mot et retarder le départ le temps daller en faire emballer une, si ce nétait pas déjà fait. Elle se contenta donc dun soupir exaspéré pour le principe, grimpa sur sa monture et donna le signal du départ. Elle avait promis à Désirée et Miriella de se comporter comme son rang lexigeait le temps du voyage et portait une de ses tenues déquitation qui ne laissaient rien voir dindécent et lui permettaient malgré tout denfourcher un cheval et de chevaucher confortablement et dignement.
Gabrielle ne fuyait pas, elle avait pris le temps de dire au revoir à ses fils, de donner des instructions à Margue qui ferait tourner la maisonnée en son absence ou jusquau retour dEnzo. Elle partait en milieu de matinée, heure à laquelle chacun pouvait la voir, les voitures et les chevaux portaient les armoiries familiales. Non, Gabrielle ne se cachait pas. Elle savait que la nouvelle se répandrait comme une trainée de poudre et quavant midi, chacun dans lHostel savait où et avec qui elle était partie. Et il nétait pas besoin dêtre grand devin ni davoir lesprit vif pour que ce départ soit relié à celui du Comte quelques jours plus tôt. La petite escapade du Maitre de Maison avec sa très jolie maitresse favorite nétait pas passée inaperçue et chaque faits et gestes de la Comtesse surveillés, les plus perfides attendant le moment où elle seffondrerait.
Mais Gabrielle navait rien laissé paraître. Elle était même dhumeur plutôt joyeuse et il était difficile de savoir si ses sourires nétaient que de façade ou sils étaient sincères. Elle avait confié à Margue deux lettres. Lune qui devait être envoyée à Maïwen dont la missive lui était parvenue in extremis la veille, et une autre à remettre au Comte quand il se déciderait à rentrer. Et à moins que ses enfants ne soient en danger, elle avait demandé quon ne lui fasse parvenir aucune nouvelle de Dijon ni quon ne fasse suivre son courrier. Le Comte était parti senvoyer en lair avec sa putain blonde, la Comtesse, elle, partait chasser le renard.
Enzo voulait quelle lattende sagement à lHostel. Gabrielle nen avait pas envie. Elle avait envie de distraction, de légèreté, damusement. De vengeance peut-être aussi. D'insoumission assurément.
La lettre de Valsiger la prévenant de lorganisation dune battue au renard sur ses terres était donc venue fort à propos. Elle avait dépêché un coursier pour demander à ses gens de patienter jusquà son arrivée. Il paraît même quon avait aperçu un ours mais le regard noir de Désirée et les cris choqués de Miriella avait mis fin à lenthousiasme de Gabrielle qui avait promis de sen tenir aux renards.
La Comtesse était néammoins de fort bonne humeur en prenant la route et elle avait hâte darriver, ou au moins de laisser Dijon loin derrière elle. Elle ne put malgré tout sempêcher davoir une pensée pour son époux, où quil soit, alors que les murailles de la ville disparaissaient derrière eux.
Il lui manquait.
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