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[RP] Partie de chasse, avec un grand C.

Gabrielle_montbray
        «Ça mon vieux tu vas me le payer
        La vengeance est un plat qui se mange froid
        Et tu vas te glacer d'effroi
        En constatant qu’mon appétit
        Et loin d'être petit, petit
        (…)
        Tu regrettes tes écarts
        Mais maintenant c'est trop tard
        Mon vieux t'es un connard
        Avec un grand C,
        Fallait pas commencer »

        - Lio, Fallait pas Commencer -


    - Fin janvier 1463, sur la route -


Gabrielle avait retenu un petit sourire en coin devant les malles qui s’accumulaient dans la cour devant les écuries et que des hommes chargeaient sur une charrette. Désirée avait préparé de quoi tenir des mois, et probablement qu’elle avait prévu des tenues pour toutes les circonstances. On ne savait jamais, si le hasard leur faisait croiser la Reyne ou l’Impératrice ou que Gabrielle fut conviée à un bal costumé ou à un mariage. La Comtesse se retint de lui demander si elle avait également pensé à prendre une robe de deuil, mais sa Première Dame aurait bien pu la prendre au mot et retarder le départ le temps d’aller en faire emballer une, si ce n’était pas déjà fait. Elle se contenta donc d’un soupir exaspéré pour le principe, grimpa sur sa monture et donna le signal du départ. Elle avait promis à Désirée et Miriella de se comporter comme son rang l’exigeait le temps du voyage et portait une de ses tenues d’équitation qui ne laissaient rien voir d’indécent et lui permettaient malgré tout d’enfourcher un cheval et de chevaucher confortablement et dignement.

Gabrielle ne fuyait pas, elle avait pris le temps de dire au revoir à ses fils, de donner des instructions à Margue qui ferait tourner la maisonnée en son absence ou jusqu’au retour d’Enzo. Elle partait en milieu de matinée, heure à laquelle chacun pouvait la voir, les voitures et les chevaux portaient les armoiries familiales. Non, Gabrielle ne se cachait pas. Elle savait que la nouvelle se répandrait comme une trainée de poudre et qu’avant midi, chacun dans l’Hostel savait où et avec qui elle était partie. Et il n’était pas besoin d’être grand devin ni d’avoir l’esprit vif pour que ce départ soit relié à celui du Comte quelques jours plus tôt. La petite escapade du Maitre de Maison avec sa très jolie maitresse favorite n’était pas passée inaperçue et chaque faits et gestes de la Comtesse surveillés, les plus perfides attendant le moment où elle s’effondrerait.

Mais Gabrielle n’avait rien laissé paraître. Elle était même d’humeur plutôt joyeuse et il était difficile de savoir si ses sourires n’étaient que de façade ou s’ils étaient sincères. Elle avait confié à Margue deux lettres. L’une qui devait être envoyée à Maïwen dont la missive lui était parvenue in extremis la veille, et une autre à remettre au Comte quand il se déciderait à rentrer. Et à moins que ses enfants ne soient en danger, elle avait demandé qu’on ne lui fasse parvenir aucune nouvelle de Dijon ni qu’on ne fasse suivre son courrier. Le Comte était parti s’envoyer en l’air avec sa putain blonde, la Comtesse, elle, partait chasser le renard.
Enzo voulait qu’elle l’attende sagement à l’Hostel. Gabrielle n’en avait pas envie. Elle avait envie de distraction, de légèreté, d’amusement. De vengeance peut-être aussi. D'insoumission assurément.
La lettre de Valsiger la prévenant de l’organisation d’une battue au renard sur ses terres était donc venue fort à propos. Elle avait dépêché un coursier pour demander à ses gens de patienter jusqu’à son arrivée. Il paraît même qu’on avait aperçu un ours mais le regard noir de Désirée et les cris choqués de Miriella avait mis fin à l’enthousiasme de Gabrielle qui avait promis de s’en tenir aux renards.

La Comtesse était néammoins de fort bonne humeur en prenant la route et elle avait hâte d’arriver, ou au moins de laisser Dijon loin derrière elle. Elle ne put malgré tout s’empêcher d’avoir une pensée pour son époux, où qu’il soit, alors que les murailles de la ville disparaissaient derrière eux.
Il lui manquait.

_________________
Gabrielle_montbray
        «Viens
        Allons
        Viens
        Je te dis
        Qu’il faut y aller
        Tant qu’il fait bon
        Et clair
        Laisse le feu
        Il s’éteindra
        Un rond
        Noir dans la neige
        On est passé là
        On est passé
        Quelqu’un se dira
        (…)
        Comment ça se danse»

        - Bertrand Belin, Comment ça se Danse -


S’occuper pour ne pas penser. Remplir l’espace et le temps. Ne pas penser. Gabrielle brassait du vent pour ne pas voir le vide autour d’elle. Le voyage s’était bien déroulé. Calme. Ennuyeux. Sans intérêt. Ils étaient arrivés en terres languedociennes en même temps que la neige. Une neige fine et légère qui ne tiendrait probablement pas bien longtemps. Une neige qui arracha un léger sourire à Gabrielle. Elle flatta l’encolure de sa monture et la fit avancer d’un pas mesuré. Hier encore elle serait partie en une folle cavalcade, mais hier n’était plus. Et avec lui s’étaient envolées l’insouciance et la légèreté. Et elle avait promis de ne pas mettre la vie de l’enfant qu’elle portait en danger. Non pas qu’elle ressentit un quelconque attachement pour lui, mais il avait un père. Un géniteur qui n’aurait pas pardonné à sa femme s’il arrivait quelque chose à sa précieuse future progéniture. Gabrielle se demandait pourquoi elle accordait encore un peu d’importance à ce qu’il pouvait bien penser, mais il restait son mari et l’enfant était le sien. Un enfant qui se faisait discret et dont la présence au sein de la matrice maternelle était imperceptible pour les autres. Mais Gabrielle le sentait bouger parfois et elle se retenait pour ne pas se bourrer le ventre de coup de poings jusqu’à ce qu’il s’arrête. Elle haïssait cet enfant, ce fils qui avait pris possession d’elle et qui ressemblerait à son père, comme les autres.

Ils avaient traversé des villes, des villages, ne s’étaient pas vraiment arrêtés avant Montpellier. C’était une étrange sensation que de revenir dans une ville qu’elle connaissait si bien après si longtemps. Rien n’avait vraiment changé et pourtant tout était différent. Gabrielle était sage. Un peu trop. Elle ne sortait que le soir dans la taverne qu’elle avait considérée comme la seule bien fréquentée de la ville. Elle écoutait les conversations en buvant. Un peu plus qu’il n’était raisonnable. Mais l’alcool demeurait une compagne sûre et elle l’aidait à passer des nuits correctes.
Le jour de la chasse approchait et, reposées après quelques jours dans la capitale, Gabrielle et son escorte avaient rejoint Valsiger. La Comtesse avait beau être la maîtresse des lieux, elle avait du longuement parlementer avec son intendant qui, soutenu par Ugo, trouvait fort déplacé qu’elle prétende chasser comme un homme. Le Comte n’était pas là pour donner son aval et l’intendant pensait que Madame serait plus à sa place à broder au coin du feu avec ses suivantes.

Mais la Comtesse était têtue et elle était chez elle. Elle chasserait donc. Il avait été convenu que Désirée et Miriella resteraient au château. Thomas accompagnerait les pisteurs avec les chiens. Et Ugo la suivrait comme son ombre, s’assurant de sa sécurité et qu’elle ne se mette pas en danger. C’était une condition non négociable imposé par l’intendant. Le garde du corps sourit en coin et inclina la tête au regard noir que la Comtesse lui jeta, agacée par cet arrangement. Sous la surveillance d’un homme. Toujours. Elle le regarda s’éloigner en lâchant un léger soupir. Puis elle tendit sa coupe, qu’on la lui remplisse de vin. Elle en but une gorgée et laissa son regard errer sur les convives. Gabrielle connaissait presque tous les visages, même si elle n’était pas toujours capable de mettre un nom ou une fonction dessus. Certains lui demeuraient
inconnus, et elle hochait la tête à l’intendant, toujours assis à ses cotés, qui lui chuchotait les informations manquantes et lui donnait quelques informations, comme les naissances, les mariages ou les morts au sein des familles. La Comtesse écoutait d’une oreille distraite en buvant.

Les yeux bleu sombre croisèrent un regard couleur de ciel d’orage, aussi sombre que les fusains que Gabrielle utilisait pour ses dessins. Un regard qui allait avec un sourire un peu trop assuré. Un sourire de prédateur. Un sourire aux lèvres pleines et bien dessinées. Un regard et un sourire que Gabrielle savait reconnaître. Elle fit signe à Désirée qui se tenait à ses côtés de se pencher pour que personne n’entende ce qu’elle avait lui dire.


- Tu vois cette fille, là bas ? La blonde ? Arrange-toi pour qu’elle soit dans ma chambre quand j’y monterai.

Gabrielle fit un léger sourire à Désirée avant de boire une nouvelle gorgée de vin. Cette nuit, elle ne dormirait pas seule. Et elle n’en éprouvait aucune culpabilité. Après tout, il l’avait abandonnée.


    - Le lendemain, à la chasse -


Gabrielle sourit à Ugo. Elle avait les cheveux emmêlés malgré la coiffure faite par Miriella. Elle portait des braies, une chemise, un pourpoint et se fichait bien du froid, de la boue et même du sang. Le sang du goupil que Gabrielle avait achevé d’un coup de dague bien placé. Ugo n’avait même pas tenté de l’en dissuader et lui qui n’était pas très pieux s’était surpris a envoyé une prière muette vers le ciel. Le Comte le pendrait par les couilles avec ses propres tripes si la Comtesse se faisait abimer par un renard. Heureusement les chiens avaient bien fait leur travail, la bête n’était plus en état de se défendre. Et la Comtesse savait où planter sa lame. Le cadavre avait été abandonné là, d’autres se chargeraient de le ramener au château.
Les chiens étaient repartis et Gabrielle profitait de la forêt en compagnie du garde. Au loin, on entendait sonner l’hallali, la chasse continuait. Mais Ugo avait menacé de balancer au Comte ce qu’il savait de la petite visite nocturne qu’avait reçu la Comtesse si elle prétendait continuer plus avant. Gabrielle l’avait foudroyé du regard et avait hésité. Après tout que pouvait bien lui importer qu’Enzo soit au courant. Mais elle avait capitulé. Les hommes étaient des salauds. Tous.
Les chiens criaient quelque part vers la gauche, probablement à la poursuite d’un nouveau gibier. Gabrielle claqua sa langue et donna un léger coup de talon pour faire avancer sa jument et rejoindre le reste du groupe. Bientôt la nuit tomberait et il faudrait rentrer au château, retrouver sa chambre et son amante aux yeux noirs. La nuit dernière, elle s'était souvenue comme elle détestait passer ses nuits seule.

_________________
Thomas.levrat
Ca lui était venu comme cela. Ca aurait pu passer pour un coup de tête, pour une lubie, mais il savait qu'il n'en n'était rien et que le départ d'Enzo accompagné de Justine en était la raison. Et puisqu'il était parti sans mot dire, alors Gabrielle pouvait en faire tout autant, n'est ce pas ? Le rouquin avait acquiescé ce soir là, disant qu'il la suivrait où qu'elle aille. Il n'oubliait pas que lui aussi avait une famille, mais pour l'heure, la sienne était au complet quand il ne semblait subsister de celle de la comtesse que quelques filaments qui s'étiolaient toujours plus.

La noble dame avait parlé de ses terres, du besoin de respirer, de s'évader et de chasse au goupil. Lui servirait de rabatteur – un poste auquel il était certain qu'il ne ferait que peu de dégâts. Car bien que toujours présenté comme garde du corps à ceux qui ne connaissaient pas la mesnie, il n'en était en réalité rien et cette position de bouffon en chef lui laissait parfois un goût amer en bouche, surtout lorsqu'Ugo était dans le coin. Il rêvait, pauvre fou, à avoir un peu de sa prestance sans jamais l'effleurer ne serait ce qu'une fois.

C'est pourquoi en cet instant, il se retrouvait coincé entre Miriella et Désirée, à devoir écouter ce qu'il considérait comme des piailleries. Ca causait chiffons et macarons, dentelle et dragées, soie et nougat. Et lui, le front collé contre le chambranle de bois, gardait les yeux rivés le plus possible vers Dijon et vers sa famille qui lui manquait déjà.


[Plusieurs jours plus tard, à la chasse]

Il était vêtu de vert. Des vêtements en lin, entièrement verts. Il se trouvait parfaitement ridicule dans cet accoutrement, mais Gabrielle avait insisté pour qu'il porte ces vêtements de couleur unie. Il avait tout de même réussi à négocier une nouvelle paire de bottes en cuir marron et n'était pas peu fier de ça, malgré l'air ridicule que lui conférait son accoutrement : on aurait dit une plante d'ornement et il manifesta sa désapprobation par une grimace de son cru.

On l'avait nommé rabatteur et il devrait suivre les chiens. Il n'avait aucune connaissance en la chasse, lui qui était plutôt citadin dans l'âme. Mais à mesure qu'il suivait les chiens parmi les fourrés, l'idée première qu'il s'était faîte de la chose prenait bonne place dans son classement des pensées les plus saugrenues : rabattre le gibier, c'était comme rabattre les clients vers le bordel du coin, les chiens en plus.

Il avançait donc en faisant du bruit, courant plus qu'il ne marchait pour suivre la cadence imposée par les chiens. Nerveux ou excités, ils avaient visiblement trouvé quelque chose et leurs aboiements claquaient dans le silence environnant. Il savait que Gabrielle, Ugo et les autres se trouvaient sur sa droite, mais il n'avait pas pensé à compter la distance qui les séparaient. Les branches mortes craquaient sous son poids et il essayait tant bien que mal d'éviter celles qui se tenaient sur son chemin.

Il cria le nom d'Ugo pour lui indiquer que les chiens avaient peut être touvé quelque chose et en était à essayer de se dépêtrer avec l'une d'elles qui s'était prise dans sa manche, lorsqu'il senti les poils de sa nuque se hérisser. Peut-être parce que les aboiements des chiens s'étaient rapprochés et que certains aboiements semblaient presque plaintifs. Et presque à côté, maintenant. Il tourna la tête sur la gauche et se figea, fixant les buissons et fourrés qui bougeaient.

Il s'attendait à voir débarquer les chiens, il en fût pour ses frais. Tout se déroulait très vite, mais pour lui, cela sembla durer des minutes. La masse noire qui chargeait avait quelque chose de fascinant : il peinait à distinguer les yeux de la bestiole, deux billes noires au milieu des poils plus clairs, mais son regard était surtout attiré par les deux protubérances qui sortaient de la gueule et des filets de bave écumant qui semblaient les soutenir.

Il était citadin, mais s'il savait une chose pour en avoir entendu parler ici et là par les chasseurs ou les paysans au gré des discussions de taverne, c'était que la rencontre avec un sanglier était souvent mortelle pour celui qui se trouvait sur son chemin, qu'il ai provoqué la bête ou non. Les muscles de sa joue gauche s'affaissèrent sous la stupeur et il fixa l'animal, incapable de bouger ou de faire quoi que ce soit, parce qu'une seule idée tournait en boucle alors que sa bouche était ouverte sur un cri qu'il n'entendait pas, mêlé à ceux des chiens.

Il allait crever comme un malpropre sans avoir revu une dernière fois sa femme et son fils. Et rien que pour ça, le sanglier mériterait qu'on l'appelle salopard.
Desiree.
    You can turn this world around
    And bring back all of those happy days
    Put your troubles down
    It's time to celebrate
    Let love shine
    And we will find
    A way to come together
    And make things better
    We need a holiday
    Madonna, Holiday


Ouais, ou pas du coup.

Dans l'absolu, les vacances, c'est plutôt une bonne idée en général. On prépare ses bagages dans l'excitation du voyage, on choisit ses plus belles tenues pour parader, on prévoit déjà de frimer. Ibiza, Valsiger, boite de nuit, chasse à courre, même combat.
Ou pas.

Parce qu'il n'y avait personne à séduire, déjà. Les fourbes étant partis dans la direction opposée, avec la maitresse de l'un des deux. Pfff.
Tant pis, l'on saurait bien s'amuser sans eux.
Madame, moins.
Tu parles de vacances. Une vengeance bien fraiche, oui.
Alors on avait fait les bagages pour que l'époux volage trouve le foyer vide et froid à son retour. En sachant qu'il en serait fort vexé.
Quoi, il y avait des cols en renard à chasser à Vasliger. Enfin c'est ce qu'il semblait.
Les (nombreuses) malles ayant été préparées avec soin, on avait donc mis les voiles.
Tout ça pour retrouver un Thomas couvert de bleus, et se faire suer à faire semblant de broder à la fenêtre en attendant le retour de la chasse.
Tout ça pour aller lever des blondes pour la Comtesse, qui en faisant nuitamment ce que bon lui semblait.

Heureusement, la mer est jolie. Ça occuper de faire atteler la voiture comtale et de passer trois heures à cahoter sur les chemins pour le plaisir de marcher une demie heure le long d'une plage. Sous la pluie. Sans déconner. Super les vacances.

La borgne se réconfortait rapidement cependant, et une rose accompagnée d'un message signé d'un simple C avaient suffit à éclairer plusieurs de ses journées.
Mais à présent, la rose était fanée. Le bras de sa collègue brisé. le corps de la comtesse bleui.
Les hommes étaient arrivés.
On était déjà sur le chemin du retour.
Joie !

Au moins la blonde pourrait passer du temps avec ses enfants et replonger le nez dans ses comptes.
Enfin s'occuper, quoi. D'autre chose que du cul de ses patrons. Parce que bon au bout d'un moment, ils en faisaient bien ce qu'ils voulaient.

Elle se serait bien occupé du sien, ou de celui d'un baron britannique dont on avait beaucoup eu l'occasion de parler aussi, mais pas moyen de le trouver seul, elle ne faisait que le croiser dans la journée. Et encore.
Alors, franchement... Vivement Dijon.

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©Linda Ravenscroft, création Atelier des Doigts d'Or.
Ugo


- Qui va à la chasse... -

Quand le chat n’est pas là, les souris dansent. En l’occurrence, il n’y avait ni chat ni souris, juste une bête histoire de ménage à trois et demi avec dans les rôles principaux, le patron, comte de Solms, sa femme, la comtesse et Justine, la maîtresse. Le demi c’était tous les autres petits lots que le comte s’envoyait comme d’autres descendent des bières. Le comte donc avait disparu avec sa jeune et jolie favorite, du coup la comtesse avait décidé de déguerpir de Dijon et d’aller loin dans le sud, pour chasser qu’elle disait, mais personne n’était dupe et surtout pas Ugo.

Mais Ugo la fermait et Ugo la suivait, il était payé pour ça. Il collait aux fesses de la comtesse pour s’assurer de sa sécurité, et de sa vertu. Il éloignait les courtisans, les mendiants, les marchands, personne n’approchait la comtesse, sauf si elle insistait et qu’elle intime à Ugo l'ordre de lui foutre la paix, ce qu’il ne faisait jamais qu’à moitié. La comtesse était une femme, et lui, il répondait aux ordres du comte qui ne se montrait jamais très conciliant au sujet de madame et de sa surveillance. Pourtant Ugo accordait à la comtesse certaines libertés, comme celle de chasser comme un homme, bien que sous conditions non négociables, dieu soit loué ce grand homme qu'était l'intendant de Valsiger. Et il gardait parfois le silence sur ses écarts, comme sur la jolie blonde qu’elle s’était levée la veille. Ca le faisait plutôt marrer Ugo que la glaciale Gabrielle s’envoie en l’air dans le péché et contre nature, et puis autant deux hommes ensemble c’est dégueulasse, autant deux femmes, ça pouvait s’envisager, même si selon le garde, il devait leur manquer quelques coups de rein bien placés.

C’était en tout cas un excellent moyen de pression que de connaître les petits travers de la comtesse. Il n’était que garde et le chantage était son arme, arme qu’il n’utilisait qu’avec parcimonie pour ne pas risquer de perdre sa place. Il savait que la comtesse ne le détestait pas et il avait réussi à gagner sa confiance, du moins le croyait-il, et Ugo n’était pas assez idiot pour tout foutre en l’air.

Ugo fit un léger sourire en coin en réponse au regard noir de la comtesse qui avait un peu perdu de sa noblesse et de sa belle stature à chevaucher dans les bois sans précaution. Elle avait aussi un peu perdu son regard perpétuellement triste et glacé, elle semblait plus épanouie et plus vivante et Ugo n’était pas mécontent non plus de profiter de la campagne et de la chasse.

La suite se passa très vite et Ugo avait eu du mal à raconter avec précision ce qui c’était passé quand on le lui avait ensuite demandé le soir à la veillée, et il avait du broder un peu. Il avait donc suivi la comtesse qui avait elle suivi les cris des chiens, il avait entendu Thomas crier son nom ce qui avait fait sourire le garde qui se demanda dans quel pétrin s’était fourré le rouquin, petit protégé de la comtesse pour une raison qui semblait demeurer mystérieuse à tous. Il avait accéléré l’allure de sa monture pour suivre la comtesse qui avait cette fâcheuse manie de tenter de le semer dès qu’elle en avait l’occasion.

Les chiens avaient levé bien plus gros qu’un renard, puisqu’ils avaient pris en chasse un sanglier, et pas le plus petit. Et le sanglier, traqué et blessé, apeuré par les cris des chiens, tentait de sauver sa peau, hélas pour Thomas qui se trouvait là et qui semblait pétrifié sur place. Ugo gueula plus qu’il ne cria à un des hommes participant à la chasse qui arrivait avec d’autres, attirés par le raffut, de protéger la comtesse. Elle avait déjà mis pied à terre pour tenter de sauver Thomas, ce qui était pure folie et Ugo la vit du coin de l’œil tenter de s’échapper des bras de l’homme, qui heureusement avait de la poigne et l’éloignait de la bête en furie. Le garde, lui n’eut guère le temps de réfléchir, il sauta de son cheval, dégaina son épée et l’enfonça d’un coup sec dans l’échine de l'animal qui chargeait Thomas. Arrêté en plein élan, le sanglier eut un sursaut violent et Ugo se retrouva à terre, son épée étant elle encore fichée dans le corps de l’animal qui tomba sur le côté. Les chiens se jetèrent sur lui, crocs en avant, et Ugo recula avant de se relever alors que les yeux du sanglier se voilaient et qu’il exhalait son dernier soupir.

Le garde jeta un œil au rouquin qui avait du voir la grande faucheuse de prêt, et il lui tendit la main pour l’aider à se relever.

« Comtesse, vous allez avoir de quoi faire des terrines jusqu’à l’hiver prochain… Et vous pourrez en refiler une à Thomas qui a presque arrêté un sanglier à lui tout seul, ce qui est courageux. Idiot, mais courageux. »

Ugo donna une tape sur l’épaule du rouquin en souriant en coin. C’était désormais certain, le comte allait l’engueuler, la comtesse allait bien, mais Ugo venait de sauver les abattis de Thomas, le comte ne lui pardonnerait pas.
Enzo
    [ - Vienne ]

Enzo avait sourit en coin en voyant des cheveux blonds sortir de l’ombre d’une ruelle, non loin des préparatifs de départ. Son regard se posa un moment vers le convoi avant de s’en détacher, sans même l’annoncer à Aubèrt, et de rejoindre discrètement la jeune femme. Il ne connaissait pas son prénom et ne l’avait remarquée que la veille, lors de sa visite de la ville, alors qu'elle achetait des tissus à un marchand viennois. Les courbes généreuses de la jeune blonde avaient attiré le regard comtal, qui appréciaient les formes chez la gente féminine. Elle portait de ces robes simples mais légèrement décolletée et vu les broderies et les arabesque, Enzo avait compris qu’elle n’était pas fille de paysans, sans nécessairement avoir le pied dans la noblesse locale. Il la fixa un instant avant de baisser son regard vers les seins de l’inconnue, souriant de nouveau un peu plus en coin, venant, sans demander la permission, plaquer une des mains de la jeune femme sur les pierres froides du bâtiment. Gabrielle se refusait à lui et Justine faisait sa maline à faire patienter le Comte, alors pourquoi ne pas profiter de la jolie blonde disponible face à lui. Un odieux salaud, indéniablement, et il aimait ça.

- « Je ne pensais pas que vous viendriez… »
- « J’ai hésité. C’était indécent, monsieur, comme proposition. »


Pas de réponse, sauf un sourire légèrement narquois. Il aimait jouer, Enzo, surtout quand le jeu se trouvait être risqué ou brûlant. Et cette fille là, c’était un coup de chance, un jeu qui aurait pu lui causer plus de problème que le plaisir de ce placage contre le mur de pierres. Hier, il y avait eu un sourire, une main effleurée, puis une hanche, et un mot laissé dans le creux de la paume et il avait disparu après avoir incliné la tête, dans un sourire, sans même dire un mot. Elle aurait pu s’offusquer des manières comtales, raconter la chose à son père, son frère, son mari, il ne connaissait rien d’elle, ni sa vie, si son état. Et pourtant, elle ne l’avait pas fait et l’avait même rejoint, comme il le lui avait demandé,dans ce petit mot discret qu'il avait signé d’un « Lord » anonyme, comme il aimait le faire, dans ses affaires. Un anonymat ludique et et mystérieux qu’il aimait porter de temps en temps, pour s’amuser et profiter des joies de la vie dont il ne pouvait jouir en tant que noble s'il voulait respecter la bonne conduite noblilaire. Mais Enzo aimait sortir de ses obligations, être quelqu’un d’autre ou pas tout à fait lui, le temps de quelques heures, pour boire, jouer aux cartes, retourner de la jolie fille, accompagné le plus souvent de l’Anglois.

Il aimait aussi participer à des combats d’animaux avec paris ou ce genre de choses qui l’entrainaient dans les bas fonds des villes qu’il visitait, à finir sa soirée avec des mauvaises bières et des hommes louches jouant au ramponneau. Des mauvais perdants qui n’aimaient pas que ce jeune riche et étranger gagne les parties et ramasse tous les écus sur la table. Soirées qui finissaient – pour le grand plaisir du Comte – en baston générale dans une taverne lugubre avec des putains en train de couiner, apeurées face à ces hommes un peu ivres qui se tapaient sur la gueule. Et de ces emmerdes on l’extirpait toujours ou presque, parfois l'Anglois, souvent Aubèrt qui quand il considèrait que les choses allaient trop loin, venait mettre fin à la soirée du Comte et faisait son travail de garde, soupirant face à la bêtise d’Enzo, l'homme d'armes considérant que la place de son maitre était auprès de sa femme, et non dans les bas quartiers des villes de passage. Surtout qu'Aubèrt en était certain, entre le Comte et la Comtesse, c’était une histoire à la vie à la mort et rien, pas même les maitresses, ne pouvaient réellement les séparer, malgré toute la jalousie et la tristesse qu’il pouvait voir parfois chez Madame.

Mais en cet instant précis, Enzo ne se souciait que très peu du convoi qui risquait de s’éloigner bientôt, ni même de ses soirées dépravées qu’il avait de temps en temps. Une main vint attraper un sein fermement, sans que le regard comtal ne lâche les yeux bleu clair qui le fixaient. La blonde soupira. Il avait deviné. Ça n’était pas Nina – et il ne cherchait à la remplacer – mais cette inconnue était de ces femmes appréciant la fermeté et l’autorité, chose qui plaisait grandement au Comte. D’un geste brusque, sans même la lâcher, il l’embrassa, ne se souciant pas de l'appel d'Ugo, disant sans doute qu’ils prenaient la direction de l’entrée de la ville, vers Lyon. Enzo ne comptait pas cesser d'embrasser cette douce inconnue qui l’avait charmé, par sa posture, son allure et ses cheveux blonds, au marché viennois. Il ne savait pas son nom et peut-être ne le saurait-il jamais, mais elle serait sa blonde de maintenant, peu importait le reste et les autres, il la voulait et ne partirait pas avant de l’avoir goûtée pleinement. Il lui sourit donc, à la jolie blonde, se décidant à la décoller du mur sans néanmoins la lâcher, l’entrainant volontairement plus profondément dans la ruelle, préférant ne pas être remarqué, surtout que le Dragon, au vu du départ, devait errer dans les environs.


- « Allons ailleurs…»

Il rejoindrait les autres plus tard. Ou à Lyon. Pour l’heure il comptait profiter de la belle inconnue.
_________________
Gabrielle_montbray
        «Quel chemin parcourir,
        A mener quel combat ?
        Quel serment trahir ?
        Je suis là,

        Presque prêt à mourir,
        Sur un seul mot de toi.
        Vivre sans mal finir
        Ne se peut pas»

        - Stephan Eicher, Donne-Moi Une Seconde -


    - Début mars 1463, sur le chemin du retour -



Gabrielle ne errait pas, non. Mais elle avait vu. Et compris. Vu les cheveux blonds, vu le sourire d’Enzo. Elle l’avait vu s’éloigner du convoi, d’un pas tranquille, comme si de rien n’était. Son regard bleu sombre l’avait suivi jusqu’à ce qu’il disparaisse à sa vue. Il aurait été facile de le suivre. De le surprendre en pleine action. De lui faire une scène. Ou simplement de le fixer, d’un regard glacé et méprisant. Mais Gabrielle ne fit rien. Enzo avait fait son choix et on ne retarderait pas le départ pour une chose aussi vulgaire et triviale.
Elle fit un léger signe de tête à Ugo qui signala le départ à tous. Et ils partirent. Sauf Aubèrt qui resta là avec sa monture et celle du Comte. Pathétique serviteur d’un minable maître.
Gabrielle ne jeta pas un œil en arrière. Enzo avait choisi. Mal. Mais il le découvrirait bien assez vite. Quand l’ivresse provoquée par sa putain blonde du jour se serait évanouie. Les autres avaient-ils compris ? Gabrielle était habituée à l’humiliation permanente que son mari lui imposait. Elle fixa un instant la voiture dans laquelle la maîtresse en titre voyageait. Un léger sourire se dessina sur le visage comtal. Même la si ravissante et si jolie Justine ne pouvait pas lutter.


- Ugo, avançons comme prévu veux-tu... Le Comte a trouvé de quoi se distraire et calmer sa frustration. Il se débrouillera bien pour nous rejoindre.

Gabrielle avait approché sa monture du coche, pour s’assurer que la favorite entende. C’était mesquin et minable. Gabrielle le savait. Mais elle retirait une sourde satisfaction à faire souffrir, ne serait-ce qu’un peu, la maîtresse de son mari. Minable, mais moins que ce que lui faisait subir Enzo.
La Comtesse claqua la langue et lança sa jument au galop, la proximité avec la blonde lui était insupportable. Ugo suivit. Ils chevauchèrent tous les deux en tête, dans le silence le plus absolu. Gabrielle ne voulait pas parler. Elle n’avait rien à dire. Elle surprenait parfois le regard d’Ugo posé sur elle. Avait-il pitié d’elle ? La trouvait-il pathétique ? Gabrielle de Montbray-Sempère, la Comtesse qui ne savait pas garder son époux. Et qui voyait défiler les maîtresses sans rien pouvoir y faire.Toujours plus blondes, toujours plus jeunes, toujours plus belles.
Gabrielle fit arrêter sa jument en pleine campagne, elle avait du mal à respirer, la tête lui tournait. Elle mit pied à terre, appuya sa main contre un arbre et en un rejet violent, rejeta le contenu de son estomac sur la terre humide. Ugo ne dit rien. Il resta là, tenant son cheval par la bride, détournant pudiquement le regard. Ce n’était pas la première fois que la Comtesse vomissait devant lui. Il pourrait faire semblant de croire que la chose était liée à l’enfant que Madame attendait. Il paraît que c’est courant. C’est en tout cas ce qu’il dit à la Comtesse en lui tendant un linge qu’il avait trempé dans le l'eau vinaigrée. Gabrielle se contenta de hocher la tête. Ugo ne dirait rien. C’est peut-être parce que malgré son caractère parfois rebelle et une tendance à l’impertinence, il savait se taire quand il le fallait, qu’Ugo était toujours là. Une qualité rare que celle de savoir garder le silence au bon moment.
Gabrielle remonta sur sa jument et la fit avancer au pas, laissant le reste du convoi les rejoindre. Lyon ne tarderait plus. Elle sourit légèrement à Thomas. La culpabilité de l’accident ne s’effaçait pas. Gabrielle s’en voulait de l’avoir entrainé avec la chasse alors qu’il n’avait aucune expérience. Il aurait pu mourir ou être gravement blessé. Gabrielle détourna le regard. Elle ne l’aurait pas supporté. Et qu’aurait-elle dit à la femme et au fils de Thomas ?


- Vous le saviez-vous qu’à Lyon, il y a une abbaye connue pour ses mœurs légères ? Il paraît que les nonnes sont loin d’y être farouches et que leur couvent a tout d’un bordel. C’est Ugo qui m’a raconté ça… A se demander comment il sait ce genre de choses.

Gabrielle sourit en coin à son garde. Ugo n’était pas très sage. Célibataire endurci, il dépensait sa solde en filles de joie et chopes de bière. Et il semblait toujours connaître les anecdotes les plus fantaisistes sur les villes qu’ils visitaient. Même si probablement la plupart n’était probablement qu’invention de sa part. Des nonnes catins, et pourquoi pas un pape souteneur ?

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HRP : Et pourtant, Ugo ne raconte pas n’importe quoi. L’abbaye Saint-Pierre-les-Nonnains était connue pour les moeurs légères de ses sœurs, et ensuite pour avoir été un lieu hanté par le fantôme de la tentatrice suprême, Alice de Theizé qui aurait entrainé les autres religieuses dans la débauche.
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Enzo
    [Début mars – sur le chemin…vers Lyon]

Oups. Ils étaient partis. Sans lui. Il ne restait plus qu’Aubèrt qui le regardait avec ce regard que le Comte savait être un jugement. Il ne pouvait rien dire, le garde, mais il ne pouvait s’empêcher de penser que son jeune Maitre gâchait toutes ses chances d’un jour retrouver sa femme. Ce qu’Enzo, au fond de lui, savait. Ce qui l’amenait à de plus en plus s’éloigner, à voir des blondes, pour oublier ce qu’il ne pouvait vraisemblablement changer et garder un certain contrôle sur la situation alors qu’il n’en avait pratiquement aucun. Gabrielle ne voyait plus en lui l’homme qu’il avait été pour elle, les blondes l'ayant amenée à troquer l’amour et la passion contre le mépris. À raison. Avant d’attraper la bride de son cheval, le Comte avait seulement haussé les épaules vers Aubèrt, n’ajoutant rien de plus. Fidèle, il était resté, attendant qu’il ait terminé ce qu’il était parti faire avec la jolie demoiselle, ayant même abusé en restant la nuit à Vienne. Le Comte ne tarda pas à prendre le grand galop, dans l’espoir d’arriver à Lyon avant la nuit, sans commenter ce qui venait de se passer. Il n’y avait de toute façon rien à dire et Enzo ferait mieux de rattraper rapidement le convoi s’il ne voulait pas se faire engueuler plus que de raison. Avait-elle deviné la raison de la non présence du Comte dans le convoi ? L’avait-elle vu s’éloigner avec une autre ?

Il ne regrettait pas pourtant. Il ne regrettait que rarement, à moins d’avoir été déçu. Il ne rendait pas compte du mal qu’il faisait autour de lui, de la destruction de tout ce qui était bon et bien autour de lui. Il regardait les choses s’écrouler, de temps en temps, sans dire un mot. Il essayait parfois de les recoller, maladroitement, sans savoir comment ni pourquoi. Mais il fuyait quand les choses devenaient trop réelles, trop douloureuse pour lui, qui n’assumait pas toujours parfaitement la douleur qu’il infligeait – pourtant avec plaisir – à sa femme. Elle restait la femme de sa vie, son épouse et l’idée qu’il la perde toujours un peu plus à chaque ébat, à chaque baiser et sourire échangé avec Justine, ça le rendait terriblement anxieux. Il était la cause du problème et la seule solution possible, il ne voulait pas en entendre parler. Devait-il vraiment écouter Gabrielle et accepter qu’ils étaient à un autre stade de leur mariage et de leur vie ? Accepter qu’il soit allé trop loin et qu’il ait perdu la partie. Il avait cherché pourtant à la mettre en échec, mais elle restait fièrement debout devant les autres, ne s’écroulant une fois seule. Mais quand le roi troque sa place avec le fou, la reine ne peut que le regarder avec mépris et le mettre en échec. Il devait assumer qu’il avait perdu de son charme et que son pouvoir sur elle n’était plus aussi fort qu’il le fut jadis. Avant les blondes et l’amour partagé.

Est-ce que quitter Justine suffirait à calmer les pensées sombres et la froideur de son épouse ? À la rendre moins méfiantesdes soirées loin d’elle, à accepter ses retours même après une catin ? Il en doutait, peu importe ce qu’il ferait, la probabilité que les choses changent de façon positive lui semblait proche du néant. Lorsque l’on détruit un peu, il est difficile de reconstruire à l'identique. Parfois, il avait envie de demander conseil auprès de l’Anglois. Quand il était plus ferme, elle le lui reprochait, trop ailleurs, des reproches également, doux, amoureux, tendre ? S’il se montrait trop sentimental, elle lui signifiait en n’oubliant pas d’ajouter que ça lui allait très mal. Il tentait de ne pas lui reprocher ses façons d’agir avec lui, sa froideur, ses crises de jalousies. Il pensait, au départ, que ne pas lui faire de reproches aiderait leur relation. Qu’il y aurait moins de disputes, qu’ils profiteraient un peu plus du temps à deux. Il lui arrivait, parfois, de regretter ses balades nocturnes à cheval qu’il avait avec elle, de ne plus oser lui proposer quoi ce soit, de crainte qu’elle le prenne mal, qu’elle voit ça comme une énième façon de se faire pardonner, alors qu’il ne voulait que lui rendre le sourire, passer quelques instants avec elle, se rappeler pourquoi ils s’étaient mariés, oublier les blondes, le reste, et qu'il n’était qu’un odieux salaud.

La route fut plus longue qu’il ne l'avait pensé et ce n’est qu'en soirée, après une courte pause dans un relai, qu’il arriva enfin à Lyon. Retrouver où tout le monde logeait fut assez facile malgré la densité de la ville. Il ne se rappelait pas y avoir déjà séjourné. Ils auraient pu continuer sans lui, sans doute avait-elle essayé, mais peut-être qu’Ugo et l’Anglois l’avaient raisonnée. Ou peut-être avait-elle décidé d’elle-même de l’attendre. Ne la comprenant plus, il n’arrivait plus à savoir ce qu’elle pensait, ce qu'elle ferait et s'’il risquait de recevoir une coupe en étain dans le front s’il osait pénétrer la chambre de l’auberge. Sachant présents sa femme et les autres, Enzo en profita pour amener son cheval là où logeaient les autres chevaux de la mesnie et s’assurer que les ordres de Gabrielle – qu’il avait appris à presque connaître par cœur, à quelques détails près – soient bien exécutés. Puis il s'offrit un repas avant d'envisager la rejoindre. Il se doutait que son humeur serait des plus exécrables, mais à quel point ? L’aubergiste lui avait dit chambre huit et contre quelques écus, lui avait même donné le double de la clé, il ne prit donc pas la peine de frapper avant d’entrer.


- « Adishatz, ma Comtesse… »


Je suis de retour...
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