- « Ce sera volontiers Alvira, milesker. »
Le chemin avait été long entre l’endroit où gloups haranguait la foule et ici. Au moins une dizaine de foulées. Et ça c’est en courant. Mais tu rends compte ? Occupé avec le patxaran, une seconde personne profita de ce moment pour s’adresser au basque. C’était décidé, ce serait un deux contre un. Il écouta attentivement, et pris le temps de la réflexion. - « C’est certainement ce que je préfère dans ce genre de de débat. C’tout un art d’répondre à une question savamment posée par une autre question. C’est déstabilisant pour celui qui s’y retrouve confronté. Il s’attendait à recevoir réponse, et voilà qu’il répond à sa propre question ! Mais merci d’organiser des monologues. C’est de loin plus fascinant … »
Le problème, c’est que les débats politiques c’est un peu comme une partie de ramponneau. On pari et on bluff. Soit on gagne, soit on perd. C’est essentiellement du hasard, quoi qu’on en dise. Mais comme au ramponneau, ce qui fait la différence entre les bons et les mauvais, c’est cette faculté à saisir les opportunités gagnantes. L’essence du jeu c’est ça … mais bref. Peu importe.- « Se présenter à une élection, construire un programme est chose relativement facile. Ce qui fait la différence entre un bon et mauvais programme, c’est la vision sous-jacente. La raison de ce programme, et des mesures qu’il contient. L’honnêteté intellectuelle et l’honnêteté envers ceux que l’on appel aux urnes devrait impliquer de présenter un maximum d’idée pouvant faire une différence dans la gestion de la province. Des idées qui suivent cette vision.
Vous me direz que lorsque l'on est le pouvoir sortant, la poursuite est essentielle à cette vision qui nous guide. Oui et non. Les mesures que j’ai pointé du doigt ne sont pas tellement représentative d’une vision mais inhérente à la gestion d’un duché. Si l’on tient absolument à mettre ces mesures dans le programme pour appâter le chaland, alors il faudrait diviser. Continuité d’un côté, nouveauté d’un autre. Ainsi le lecteur n’est pas floué, il n’est pas dupe. Ou alors ont peut présenter un programme par un discours, présentant à la fois la vision et rappelant ce que l’on compte poursuivre. Surtout quand cela est aussi inhérent à la vie du duché que de former des recrues … par exemple. »
Korantin avait essayé d’être concis. Sa question avait été assez réfléchie pour savoir qu’il était difficile d’y apporter une réponse claire. Encore une fois il avait été invité à répondre à ses questions. Qu’importe, il aimait parler.
- « Cela me fait penser. Vous êtes qui ? »
parce qu’à un moment. On a le droit de savoir.
Il avait assez monopolisé l’attention, il fallait maintenant laisser les autres répondre à ses invectives sur le programme. Alvira s’en chargea la première. Wallerand vint ensuite défendre son bilan. Trois contre un. Pas de problème. - « Vous prouvez exactement mon point lorsque vous dîtes, « tout était flou ». C’est une preuve que ce n’est le plus maintenant. Peut-être grâce à vous, je ne le nie pas. Mais est-ce aujourd’hui nécessaire de le rappeler tant ce sujet est ancrée dans la gestion du duché ? Je n’en suis pas convaincu.
Dire que la Gascogne n’a jamais eu de connétable réellement intégrée à la stratégie de l’armée est une absurdité. C’est comme si je vous disais que nous n’avons jamais eu de Roy ou Reyne de France compétente. Ce n’est pas parce que ces derniers mois les différentes personnalités du conseil ont délaissés ce poste qu’il en a toujours été cas. Une personne impliquée par l’armée à ce poste vous fera mentir. Donner la définition de son poste à un idiot ne l’aidera pas à faire un meilleur travail, si vous m’comprenez. Puisque vous en parler, quelle est votre définition du protecteur ? Peut-être que le prochain ne sera point un idiot. »
Le visage du basque s’illumina par un sourire. Maintenant il devait répondre sur le coutumier. Il en regrettait la forme, moins le contenu.- « Je me prononcerai explicitement, si besoin, sur la valeur de l’actuel coutumier lorsqu’il sera compléter de son troisième livre. Mon avis n’est pas tranché et de ce qu’en j’en ai lu j’y suis plutôt favorable grâce à l’implantation d’une réelle coutume. Certaines choses m’ont dérangées ou choqué dans la manière de procéder, mais ce n’est point le lieu. Mon propos portait sur l’accessibilité des chartes et décrets. L’ancien coutumier de Gascogne les avaient inscrit en annexe, et était donc accessible aisément. Si ce n’est quelques clous, frais de scribe et de cloueurs. Qu’est-ce que cela coutait de conserver ces annexes ? Cela n’empêchant en rien la possibilité d’en modifier le contenu. »
Il ne servait à rien de monter dans les tours. Aucune critique ne visait le coutumier ou son rédacteur personnellement. Ce n’est pas parce que j’adore Portalis que je ne me satisfais pas de la réforme récente de son code civil. Pardon à vous. On s’en fiche.
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