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[RP] Arengosse-mwa Wallichou

Alvira
“Tout le plaisir de l'amour est dans le changement.”
De Molière - Dom Juan


Un matin comme un autre. Enfin celui-là était différent. Dans une certaine mesure, cela serait un matin surement difficile, un matin de changement. Il en était des jours ainsi. M'enfin quand on est marié, on finit aussi par regarder la cause commune et non plus son individualité. Goddefroy avait fini par faire une demande particulière à Alvira, cela faisait d'ailleurs un moment qui lui avait exposé son souhait. Chose complètement absurde pour la jeune femme, qui ne souhaitait absolument pas plier face à son laid-poux. Désormais enceinte, la donne était différente. Plus moyen de se dérober à ce qui lui était demandé comme impératif à l'heure présente. Aussi, résignée, la Vicomtesse fit parvenir un mot à son premier filleul et vassal. Son Wallichou.

Pour sur, l'information à donner au lendemain le ferait surement entrer dans une possible colère, le connaissant que trop bien. Mais un proverbe Duranxien dit ceci : "Un Wallichou de mauvaise humeur est un Wallichou vivant". Allez savoir où il se trouve référencer, ça je ne m'en souviens plus, mais en tout cas, c'était certains il existait, et se trouvait être en passe de s'exercer pleinement.

En fin d'après-midi, un pli fut confié à un cavalier pour être remis en main propre au cher dénommé Seigneur d'Arengosse.


Citation:
Wallerand,

j'ose émettre une demande de rencontre assez pressante et peut-être même directive, je l'avoue, mais nous devons discuter d'un point qui devient de plus en plus important. Outre ma grossesse que tu connais, il y a un évènement qui se profile autre que cela, et qui doit être porté à ta connaissance.

Rien de grave, je te rassure sur ce fait. Je viendrai demain en fin de matinée, nous pourrons manger ensemble et parler de ce qui doit l'être.

Affectueusement,


Marraine


Le premier pas dans un entretien fou était effectué, ne manquait plus qu'à s'y rendre, et à faire l'annonce de sa vie, au-delà de ses propres pensées. Mourir un 26 avril ? Allez pourquoi pas !
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Christabella
Une visite d'Alvira la mettait habituellement en joie. Elle adorait sa "tantine", en vérité, la tante de feu son premier époux. Elles partageaient un goût certain - un bon goût - pour les belles robes, riches et bien coupées, les chaussures et divers accessoires, l'amour de bien recevoir les gens, les soirées réussies... Et son Beauharnais d'époux. Filleul de l'une, époux de l'autre, chacune l'aimait à sa façon.
Aussitôt que Wallerand l'eût mise au courant de cette visite, annoncée par courrier, qu'elle convoqua immédiatement son intendante et sa cuisinière. Elle voulait que le repas soit une merveille, et rien ne serait oublié, des madrians pour son époux aux beugnon aux pommes pour Alvira. Bella avait remarqué que cette dernière cultivait désormais un goût prononcé pour les mets sucrés, alors que naguère, elle ne jurait que par le saucisson et le paté. Allez comprendre.... La vaisselle de porcelaine finement décorée, les couverts en argent, les verres en cristal, rien ne lui serait épargné. Pourtant, quelque chose clochait. Jamais Alvi ne s'était annoncée, elle venait leur rendre visite, ils s'invitaient, mais jamais elle ne s'invitait de cette manière.
Bella s'en ouvrit à Wallerand, qui lui montra la missive. Bella sourcilla lorsqu'elle lut le vélin. Un autre évènement qu'avoir un bébé? Et puis, parler de quoi de si important?

Elle ne savait plus que penser, alors qu'elle se préparait pour la visite. Une hôtesse se devait d'être au summum de la classe. Aussi, elle décida d'étrenner une de ses nouvelles robes, bleu nuit brodée d'or. Une superbe robe, qu'elle porta les cheveux ornés de rubans bleus. Mais Bella avait l'esprit préoccupé. Pourquoi cette lettre? En quoi cela était aussi important? A moins que ... Elle espérait que non. Wallerand ne l'admettrait jamais. Grumpf! Non, jamais elle ne ferait ça. Cela devait être autre chose. Elle se souvenait que Goddefroy lui avait déjà demandé de le suivre, vivre ailleurs, et qu'elle avait refusé. Même qu'ils avaient même prévu de se marier rapidement en Gascogne, puis de partir. Cela avait déjà fait des remous à l'époque, et Bella avait du jouer les diplomates entre eux. Elle avait réussi à raisonner Alvira. Avait-elle fini par céder? C'est sur ces questionnements, alors qu'elle observait le paysage de sa fenêtre à meneaux, qu'elle attendit patiemment l'arrivée de sa tantine.


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Alvira
A Brassenx au matin d'une nouvelle

Au matin, il fallait se préparer pour rejoindre Arengosse comme prévu. Sa façon d'instaurer cette visite n'était pas anodine. Bien qu'elle ait essayé de rassurer en écrivant que ce n'était rien de grave, elle avait déjà une idée de la réaction de son filleul pour en avoir discuter avec lui par le passé.

Wallerand était une personne importante à ses yeux. Elle n'avait pas toujours été en accord avec lui mais avait respecté ses choix en lui partageant néanmoins, le fond de sa pensée. Tout deux généreusement frontaux, cela donnait des scènes assez vives, dont ils riaient ensemble par la suite. Les sujets avaient été multiples, passant de leur conjoints respectifs à l'époque à des avis divergent sur de la politique ou des ressentis plus généraux. Tout pouvait y passer mais la complicité restait intact. Pas de coup bas, pas de faux pas, pas de dénigrements. Ils se claquaient leur pensées, grognaient à tout va, mais revenaient toujours à un dialogue calme et ouvert, admettant leur tords en partageant ce qui n'allait pas. Alors même si elle appréhendait le repas et l'annonce qu'elle allait faire, la Baronne n'en restait pas moins persuadée que tout se passerait comme c'était toujours le cas. Puis Bella était là. C'était un des éléments qui apaiserait le tout. Bella avait ce sens de tout calmer quand ce n'était pas elle qui braillait bien sur !




Une robe rouge, confortable, la même que porté lors de l'allégeance au Duc de Gascogne, accompagnée d'un pardessus chaud afin de la couper du frais matinal. C'est ainsi vêtu qu'elle prit le coche pour se rendre jusque sur les terres vassales de Brassenx. Alvira, fut prise de nostalgie. Le paysage défilait, et elle eut l'impression de déjà partir, comme une dernière fois à voir les Landes Gasconne, à en sentir l'odeur si particulière. Tristesse, colère tout lui remontait, et elle s'agaçait d'avantage en pensant qu'elle était égoïste de ne pas le vivre bien et d'en être contente. Se berçant d'arguments intérieurs. Goddefroy avait tout quitté, tourné la page de l'Auvergne alors qu'au départ il n'en démordait pas juste pour qu'elle puisse se porter auprès de Wallerand lors de ses mandats ducaux. C'était là, en parti la raison de son retour en politique une fois le déménagement de Malcom effectué. Maintenant, le devoir qu'elle s'était fixé, était accompli. Quelques part, que ce soit envers son vassal ou la Gascogne, elle avait fait largement pour avoir l'esprit libre alors qu'elle se tournait vers un futur totalement différent. Enfin ça, c'était en théorie, parce qu'allez lui expliquer à la Monstralvinette, c'était encore autre chose.

Arengosse te voilà !

Voguant sur le flot de sa mélancolie, l'équipage foulait le sol d'Arengosse. D'ici quelques minutes, la Vicomtesse serait devant ses vassaux.

Déjà, la montée des quelques marches de l'entrée était faites. Bien vite, Marie Clarence venait à ses côtés pour la diriger vers la pièce principale. Détaillant l'intérieur, Alvira nota le bon gout du couple Beauharnais. Comme toujours, un équilibre et une harmonie des plus agréables.

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Christabella
Tandis que Marie Clarence la revêche amenait leur visiteuse dans le grand salon, Bella s'interrogeait toujours. Que pouvait-elle bien avoir à leur dire? De si important? La blonde, perdue dans ses pensées, était assise sur un des fauteuils. Elle ne s'aperçut pas de suite de l'introduction d'Alvira par Marie Clarence... qui dut toussoter plusieurs fois pour tirer Bella de ses pensées.

Bonjour Alvira! Tu as fait bon voyage? Wallerand ne va plus tarder.

Après lui avoir fait la bise, Bella ne put s'empêcher de la scruter. La grossesse lui allait bien, elle était épanouie, sa robe épousait avantageusement ses nouvelles formes. Mais... Qu'est ce qu'elle voulait leur dire? Hein? Malheureusement, rien ne pouvait se lire dans ses yeux. Rien de grave, en tout cas. Mais elle ne put s'empêcher de ressentir comme une sueur froide. Si elle venait, c'était parce que la nouvelle était assez grave pour l'annoncer de vive voix...
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Alvira
Ah voilà Bella. Encore dans ses pensées, elle lui sourit. L'idée première était de voir son filleul, mais dès lors que sa nièce fut entrée dans la pièce la jeune femme se dit que c'était là une possibilité de lui dire en avant ce qui se tramait pour anticiper Wallerand et sa réaction. Aussi, très rapidement, elle passa aux aveux. Déclamant une information sans chercher à voir si ça allait la bousculer ou pas.

Bonjour ma neboda*.
Bon voyage, oui...

J'ai chialé comme une madeleine mais sinon tout va bien ? Nan, impossible.
Bella, je ne passerais pas par 4 chemins vu que tu m'informes de l'arrivée imminente de Wallerand.

Mes chers Vassaux...
Je pars...
Je vous aime mais je pars...

Aheum, nan, on va le faire en plus court, et moins mélodieux, sinon ils sont tous bon pour sortir les mouchoirs. Pour se débarrasser de son confidence, elle ne chercha pas à mettre les formes. Claquant un peu brutalement.


Je quitte la Gascogne, Goddefroy souhaite partir, pouvoir assumer ses charges qu'il a ailleurs.
Je vais régler mes affaires ici, j'ai commencé en parti, tout n'est pas fini, mais c'est en cours.

Comme pour s'en persuader, elle continuait d'un ton ferme.
Je n'aurais pas réussi à l'en convaincre, au moins il aura essayé. On ne peut pas lui enlever. Ma venue a pour but de le dire à Wallerand, tu connais son point de vue là-dessus. Du moins, je ne m'attends à une bénédiction de sa part.
Un rire fusa, sachant Ô combien cela risquait de faire des étincelles sur l'instant.
Après tout, vous êtes mariés, tout comme moi et la vie est ainsi faite. Je n'ai pas d'autres choix pour l'heure. Et puis rien ne m'empêchera de revenir.
Ça, elle comptait bien essayer un jour de le ramener dans le coin.
Tu es venue ici, et si ça n'avait pas été le cas ? Lui serait parti, je pense, non ?
Donc, j'ai déjà une ligne d'argument forgée.


Compte là-dessus mon Basu !

D'un autre côté, elle avait soif de découvrir de nouvelles terres, de nouvelles coutumes, d'enclencher de nouveaux défis. Ressentir cette sensation grisante de l'exploration. Et si en plus Goddefroy en ressentait un besoin vital, alors elle ne pouvait que s'y plier pour autant zapper la Gascogne dans son esprit.


* Nièce
Edit pour traduction.

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Christabella
Bella avait toujours eu un rôle de médiatrice, de diplomate. Elle savait d'instinct trouver les mots, apaiser les tensions sauf lorsqu'elle même était au centre de la dispute. Ce rôle lui pesait parfois, car elle s'oubliait souvent à ces moments là, oubliait ses propres avis, parfois tranchés, pour rechercher l'apaisement, la conciliation, l'écoute. Pour elle, il était primordial de pouvoir échanger dans le calme. Et Alvira, de but en blanc, lâcha la bombe.

Je quitte la Gascogne, Goddefroy souhaite partir, pouvoir assumer ses charges qu'il a ailleurs.
Je vais régler mes affaires ici, j'ai commencé en parti, tout n'est pas fini, mais c'est en cours.


Hello darkness my old friend... I've come to talk with you again ... *

La blondissime ouvrit de grand yeux. Et chancela. Elle partait... Où? Quand? Comment? Pourquoi? Bouche bée, elle écoutait la baronne continuer de dévoiler ses arguties. Avec un regard de poisson mort très "wallerandesque", la bouche entrouverte.

Je n'aurais pas réussi à l'en convaincre, au moins il aura essayé. On ne peut pas lui enlever. Ma venue a pour but de le dire à Wallerand, tu connais son point de vue là-dessus. Du moins, je ne m'attends à une bénédiction de sa part.

Carrément... Connaissant le bestiau, il serait à parier qu'il y aurait des cris, des remontrances. Des tentatives de dissuasion. Quant-à une bénédiction, il ne fallait pas y compter. Bella commençait à prendre l'ampleur du problème. Et de l'énième rôle de médiatrice qu'on essayait encore de lui coller. Dans son esprit déjà, elle commençait à échafauder des paroles apaisantes, des plans pour calmer son Beauharnais d'époux. Mais avant...

Après tout, vous êtes mariés, tout comme moi et la vie est ainsi faite. Je n'ai pas d'autres choix pour l'heure. Et puis rien ne m'empêchera de revenir. Tu es venue ici, et si ça n'avait pas été le cas ? Lui serait parti, je pense, non ?
Donc, j'ai déjà une ligne d'argument forgée.


Disons que ... Je ne sais pas. Je ne sais pas s'il aurait quitté la Gascogne pour vivre en Armagnac avec moi, la question ne s'est même pas posée. Je suis venue, c'est tout. Mais... tu es sûre de ne pas avoir le choix? C'est ... si soudain... C'est ...

Il va tomber des nues, comme moi. Ce n'était pas possible, Goddinou ne pouvait pas être obligé. Si? Si. Elle se souvint de l'affiche concernant la hérauderie. Goddefroy était devenu chevaucheur de Touraine. Bon sang ... Mais ... C'était son époux... Le père de son futur enfant... Elle esquissa un sourire, doux et triste à la fois. C'était un déchirement, mais...

Je sais ce que tu ressens. Je quitterai tout pour Wallerand, je le suivrai où qu'il aille. Bon sang! C'est tellement soudain...

Elle tenta de se reprendre, pour ne pas craquer devant elle. Elle ne voulait pas que sa tante les quitte... Ne pas connaitre la frimousse du petit bout de chou, ne plus avoir ces discussions à n'en plus finir, ni les sorties "ateliers de couture"... Sauf lorsqu'ils voyageraient, mais ce ne serait plus pareil... Elle inspira un grand coup. Bella venait d'accepter le fait. C'était juste inévitable et non négociable...

Compte sur moi.

Mais comment allait réagir Wallerand?




    Bonsoir obscurité, ma vieille amie,
    Je suis venu discuter encore une fois avec toi...

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Alvira
Il l'aurait quitté sans surprise, ou peut-être pas. Wallerand était assez similaire dans ses ressentis, son attachement. Tel une bourrique, tout comme la Monstralvinette.

Disons que ... Je ne sais pas. Je ne sais pas s'il aurait quitté la Gascogne pour vivre en Armagnac avec moi, la question ne s'est même pas posée. Je suis venue, c'est tout. Mais... tu es sûre de ne pas avoir le choix? C'est ... si soudain... C'est ...
Pas si soudain, je le sentais qu'il n'allait pas ici, mais je me suis convaincu du contraire, puis entre nous, je venais de devenir Héraut, j'ai réintégré le Conseil Ducal, continué mes charges à gauche à droite, j'avais d'autres préoccupations, égoïstement aussi, je n'ai pas pris le temps d'essayer de comprendre. Cela m'arrangeait.


Quoi de mieux que de crouler sous tout un tas de truc à faire pour se rendre inaccessible ou seulement lors d'une intimité passionné, qui détournait l'attention d'un époux dévoué ? La pantomine avait duré un temps, mais les cartes avaient été posées sur la table, la Baronne avait du faire face, et céder. Bien la première fois - depuis une éternité, sinon à tout jamais - qu'elle se laissait dicter son avenir potentiel par un homme, et cela malgré tout amoureuse sans conteste.

Je sais ce que tu ressens. Je quitterai tout pour Wallerand, je le suivrai où qu'il aille. Bon sang! C'est tellement soudain...
Je fais ce que je dois faire, nous partageons notre vie désormais, et quoiqu'il m'en coute pour l'heure je le suivrai.


Argument impossible à contre-attaquer, elle se le nota mentalement, époux/épouse, comment aller à l'encontre de ça, et Wallerand y serait forcément sensible. Autrement, et bien... Y aurait de l'ambiance à Arengosse !

Compte sur moi.
Je n'en attendais pas moins de toi Bella.


Chose véridique, elle comptait dessus pour raisonner l'intrépide vassal. Têtu à ses heures, itou, itou.
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Wallerand
Et tu dois bien t'attendre à ce que je te demande ton argumentaire forgé, hmm ?

Ainsi entama, à l'attention de sa suzeraine, un Beauharnais manifestement remonté comme un coucou suisse. Averti par Adalarde qu'Alvira était arrivée, il avait dévalé l'escalier menant à la pièce où il travaillait, et avait été arrêté net par des mots qu'il espérait ne jamais entendre de nouveau. "Je quitte la Gascogne, Goddefroy souhaite partir, pouvoir assumer ses charges qu'il a ailleurs. Je vais régler mes affaires ici, j'ai commencé en partie, tout n'est pas fini, mais c'est en cours." C'était comme si un pan de son monde s'était écroulé. Accroupi sur une marche, il avait écouté l'échange. Chaque mot le retournait un peu plus, jusqu'à ce que le sentiment de perte et la tristesse se muent en rage froide. C'était une coalition ! Même son épouse acceptait l'idée du départ, sans même argumenter, sans se battre. Alors il n'avait même pas pris la peine de dire bonjour, ni le soin d'un geste tendre envers Bella. Il fallait que tout sorte. Alors, sans leur laisser le temps de répliquer - ni de dérouler le fameux argumentaire -, Wallerand continua :

Je sais, avant que vous ne me tombiez dessus, que ça ne se fait pas d'écouter aux portes. Cela dit, je suis chez moi, donc...

Ce trait-là de son caractère était incontrôlable et, s'il s'était un instant adouci, il reprit cependant, lapidaire :

Nous disions donc... Tu pars, comme ça, pif pouf, un jour t'es là et le lendemain adieu Berthe ? Tu crois vraiment que ça peut se passer comme ça ? On a donné quelques unes de nos plus belles années à ce Duché, et toi, tu veux tout balayer comme ça ? Pas question !

L'étincelle furieuse qui s'était allumée dans ses prunelles sombres dansait dangereusement. Et il poursuivit, crescendo :

Tu ne vas pas partir. Tu ne peux pas partir, même ! Où irais-tu, d'abord ? Je sais bien, Goddefroy et toi avez des terres ailleurs, mais tu n'y connais personne, alors à quoi bon ? Pourquoi tout abandonner ? Est-ce qu'il a même seulement essayé de s'intégrer ici ? Si ça se trouve, il a fait semblant pour te faire plaisir, mais tu m'étonnes qu'il s'ennuie s'il ne s'investit dans rien et passe son temps à tourner en rond ! Quand tu me l'as présenté, il était Chancelier du Bourbonnais, il aurait pu redevenir ambassadeur pour la Gascogne. Il a de l'expérience militaire, il aurait pu intégrer l'Ost ou le Guet. Il a même été nommé Chevaucheur, mais pas ici, non ! En Touraine !

Et là, ça fait tilt. La Touraine. Il n'aurait pas osé ! Ca, c'était de la manipulation version XXL, dont même Laureen aurait été absolument admirative ! Les yeux étrécis par la suspicion, redescendant d'un cran dans le volume sonore, le Beauharnais gronda :

Ce n'est quand même pas ça, hein ? Ce n'était pas une manière de te préparer à l'idée de partir pour que tu sois toute gentille face à son intérêt pour la même passion que toi, des fois, histoire de t'amener à te dire qu'il pourrait s'intéresser à quelque chose, mais ailleurs ? Une petite ruse mignonne et pernicieuse à souhait ? Ah, la rosse ! Si ce n'était pas ton mari, je lui donnerais un autre nom, mais c'est honteux de te faire ça...

C'est alors qu'il s'arrêta. Quand avait-il commencé à faire les cent pas, tournant comme un fauve en cage dans sa propre demeure ? Il aurait été incapable de le dire. Se retournant d'un bloc vers Alvira, Wallerand acheva, la fixant avec, peut-être, un vague air de la détresse qu'il ressentait à cet instant où la colère retombait :

Tu ne peux pas partir.
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Christabella
Bella sursauta à la phrase de son époux, qui avait déboulé au plus mauvais moment. Furieux, qui plus est. Et pire, il avait tout entendu. Alors qu'il aurait fallu lui annoncer en douceur, le préparer, dérouler le fameux argumentaire. Vraiment, c'était de la malchance à l'état pur. Manifestement, il l'avait ignorée délibérément, crachant sa colère à l'encontre d'Alvira. Un tic nerveux agita la bouche de Bella. Visiblement , il semblait lui en vouloir. Et cette idée lui était insupportable. Un pauvre sourire éclaira le visage de la jeune femme, à l'adresse d'Alvira. Comme un sourire désolé, un sourire d'excuse. Elles savaient toutes les deux que ça risquait de se passer comme cela.
Étrangement, elle rejoignait un peu Wallerand dans sa manière de présenter les choses. Il n'avait pas tort, Goddefroy aurait pu essayer de s'intégrer, en rejoignant une institution...


Euh...

Non, elle ne pouvait pas. Se rallier à l'avis de Wallerand... C'était ainsi, et c'était son choix, à Goddefroy. Regard suppliant envers Wallerand. Qu'elle détestait cette situation, où elle devait faire front contre lui. Puis, regard catastrophé vers Alvira. Quand ses convictions étaient chamboulées... Il fallait retourner le problème. Revoir ses arguments. Avant de céder à la panique, coincée entre deux êtres qu'elle aimait, elle décida encore une fois de jouer les médiatrices. L'arbitre. Se tournant vers Alvira, avec un geste invitant au calme - il ne fallait pas qu'elle cède à la colère suite aux propos de Wallerand sur Goddefroy, aussi exagérés fussent-ils- :

Tu as le goût de partir, vraiment? Je veux dire... Il ne faut pas, comme le dit Wallerand, que ce soit une obligation. Tu dois en ressentir l'envie, pas une simple inclination. Tu as tant donné à la Gascogne, ce serait bête de partir et laisser d'un coup le champ en jachère si je puis me permettre l'expression. Ce serait... comme un aveu d'échec. Pourquoi n'a t il pas demandé d'être chevaucheur de Gascogne?

Regard appuyé vers sa tantine. Vas-y tantine, déroule ton argumentaire. Puis, se tournant vers son époux, elle fut comme transpercée par l'aveu de détresse qu'elle croyait voir dans ses yeux. Devait-elle essayer? D'une voix douce, elle se décida à parler. Peut être ne l'écouterait-il pas, tant il était en colère contre elle.

Wallerand... Souvenez vous, j'ai quitté l'Armagnac pour vous. Ce n'était pas la même situation, penserez vous peut être... Mais même si j'ai été chahutée là bas, partir a quelque part été un déchirement. Autant qu'un soulagement. Mais je l'ai fait. Pour vous...

Et pour le paxtaran, sembla ajouter une petit voix in petto, écho d'une vieille conversation. Bella secoua la tête pour reprendre ses esprits. Peut être ne l'écouterait-il pas. Parce qu'il savait être tête de mule quand il s'y mettait. Mais maintenant, il devait au moins écouter Alvira. Elle avait défriché le terrain. Tantine, c'est à toi!
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Alvira
“Montjoye, Montjoye, Montjoye !*”
* Gnia, Gnia, Gnia !


Et tu dois bien t'attendre à ce que je te demande ton argumentaire forgé, hmm ?

Et là.... Ce fut le drame.
Wallerand arriva sur ces entre faits, et lui demanda derechef son argumentaire. Prise en flag', en pleine explication du comment, non mais, c'était infernal. Il la fliquerait jusqu'au bout. Elle écarquilla les yeux, en mode. Mais bien sur !

Un instant, la Baronne fut prise d'une hésitation, mais au fur et à mesure qu'il déroulait ses reproches, et sa verve se faisant quelque peu acide, Alvira étouffait de colère. A croire que les hommes de sa vie feraient tout pour la rendre dingue, les uns après les autres. Les réponses arrivèrent comme des boulets de canons. Tout lui monta si vite au nez, que la confrontation partit en joutes verbales. Owi Wall', tu cherches marraine, tu vas la trouver !


Je sais, avant que vous ne me tombiez dessus, que ça ne se fait pas d'écouter aux portes. Cela dit, je suis chez moi, donc...
Mon pieds au cul ouais !
Nous disions donc... Tu pars, comme ça, pif pouf, un jour t'es là et le lendemain adieu Berthe ? Tu crois vraiment que ça peut se passer comme ça ? On a donné quelques unes de nos plus belles années à ce Duché, et toi, tu veux tout balayer comme ça ? Pas question !
J'ai compris, tu es fâché, tout de même je suis grande, libre. Libre de partir, et à juste titre Wallerand parce que j'ai donné mes plus belles années, comme tu le soulignes si bien, au Duché. Je reste vassale de la Gascogne, et chaque jour Brassenx saura me le rappeler. Ne t'en fais pas. Je ne balaye rien, je vis. Tu respires, tu vis toi aussi, j'en fais tout autant, ne t'en déplaise tout Beauharnais que tu es !


Elle insista fourbement sur son nom de famille, et oui les Beauharnais étaient décriés, à tord, certes. Mais elle savait qu'en appuyant là-dessus cela le gonflerait en moins de deux. Loin d'évoquer ses braies vous l'aurez compris.

Tu ne vas pas partir. Tu ne peux pas partir, même ! Où irais-tu, d'abord ? Je sais bien, Goddefroy et toi avez des terres ailleurs, mais tu n'y connais personne, alors à quoi bon ? Pourquoi tout abandonner ? Est-ce qu'il a même seulement essayé de s'intégrer ici ? Si ça se trouve, il a fait semblant pour te faire plaisir, mais tu m'étonnes qu'il s'ennuie s'il ne s'investit dans rien et passe son temps à tourner en rond ! Quand tu me l'as présenté, il était Chancelier du Bourbonnais, il aurait pu redevenir ambassadeur pour la Gascogne. Il a de l'expérience militaire, il aurait pu intégrer l'Ost ou le Guet. Il a même été nommé Chevaucheur, mais pas ici, non ! En Touraine !
La jeune femme n'avait pas la possibilité de répliquer, et n'en avait pas l'intention, voyant qu'il avait besoin d'exorciser ce qu'il avait sur le coeur.
Ce n'est quand même pas ça, hein ? Ce n'était pas une manière de te préparer à l'idée de partir pour que tu sois toute gentille face à son intérêt pour la même passion que toi, des fois, histoire de t'amener à te dire qu'il pourrait s'intéresser à quelque chose, mais ailleurs ? Une petite ruse mignonne et pernicieuse à souhait ? Ah, la rosse ! Si ce n'était pas ton mari, je lui donnerais un autre nom, mais c'est honteux de te faire ça...
Quand son vassal eut ce regard perdu, cette seconde brisée où elle put apercevoir ses sentiments mélangés, la jeune femme se décida à le sermonner.
Tu ne peux pas partir.

Ne me dis pas Wallerand ce que je dois faire ou non. J'ai passé bien des choses pour toi. Ton ex-fiancée entres autres. Mon retour en politique. Tu sais pertinemment que pour certains événements, rien n'aurait été fait sans ta demande. J'ai acquiescé pour toi et pour la Province. Pas simplement sur un plan politique d'ailleurs, chose faite dans tout les cas sans qu'on ne la supplie non plus. J'ai rempli mon devoir de vassale, de marraine, et de suzeraine accessoirement. Désormais j'ai aussi un époux, un futur enfant qui se profile. Quant au fait qu'il aurait pu devenir Chevaucheur de Gascogne.
Elle éclata de rire, alors que sa voix avait été jusque-là très ferme.
Tu rêves, je n'en ai aucunes envies, ni lui d'ailleurs. Tu as bien vu ce qu'il s'est passé ? Sous entendu en Assemblée Nobiliaire. Où un beau mélange avait eu lieu entre sa noblesse personnelle et sa charge de Héraut. Ceci permettait de mieux comprendre cela. Imagine, Goddefroy Chevaucheur de Gascogne. On en entendrait parler durant des années. Théorie du complot, et cætera, et cætera, et cætera... Ce qui en un sens pouvait se révéler très amusant, mais qui n'avançait à rien dans l'absolu, et elle avait d'autres chats à fouetter. Pas de ruse, non.
Alors certes, il ne m'a pas prévenu, mais ça, c'est un fait qui se règlera entre lui et moi. Je n'ai pas besoin de toi pour en rajouter. Lui dans le sens contraire, ne m'a pas fait de caprice parce que je restais à tes côtés pour te soutenir lors de tes mandats ! Si tu veux être désobligeant, je peux l'être également. C'est mon mari, que tu en ais des boutons, j'en ai cure.


Le ban de Gascogne, oui dans toute sa splendeur, qui n'avait pas encore compris qu'Ulyne avait été révoqué du fait de son incapacité à gérer sa marche correctement, à assumer sa fonction, sans les à côtés, etc... On ne vire pas un Héraut comme ça, et l'on ne change pas de Héraut d'une marche à l'autre en claquant des doigts d'autant plus si il n'en a pas le souhait. On repasse l'exam, et il faut aussi le vouloir et en faire la demande officielle en postulant comme tout candidat lambda. Et ouais ! Cela comblait néanmoins les fantasmes de certains. Puis qui voudrait de cette marche de toutes façons ? Certainement pas la Baronne qui adorait l'art Sigillographique, tout comme la Duchesse de Belhade. Hin-hin, cherchez l'erreur. Comprenne qui pourra.

Et Alvira restait persuadé qu'au vu du comportement des nobles de la Province, il valait mieux plutôt quelqu'un qui ne siège pas en chambre de la noblesse à titre personnel. Cela économiserait des buses et pigeons de moults nobles. Héhé ! Lora par exemple, irait à la perfection, une fois le niveau atteint.


Non en effet... Je ne peux pas partir, je le dois.

Démerde-toi avec ceci. Mais ça...
C'était sans compter sur Bella et ses remarques. Tiens, tiens...
"Non mais tu es de quel côté toi ?" Ça c'était le regard vif, et piquant, un brin noir que la Vicomtesse lança à la Comtesse.


Je pense m'être assez expliqué. Excuse-moi Bella, mais il n'en reste pas moins qu'il est Chevaucheur de Touraine, moi Héraut Spécialiste, j'ai la possibilité de partir pour qu'il travaille dans la Province qu'il a choisi. Là encore un très gros avantage de ne pas être Héraut Provincial. Huhu ! Je peux donc faire la démarche.
Je vais aussi prendre mes dispositions en Secrétariat d’État également.


Pas d'allégeances, ni d'anoblissements, du moins pas par obligation effective. Plutôt atelier à souhait, formation de Chevaucheur, coup de main à droite, à gauche comme on le souhaite, la belle vie. Et la passion de ciseler des matrices ! Pour l'heure, contre rien au monde elle n'en changerait. Qu'importe ce que pouvaient en penser les aigris de tout bord.

Suis-je clair mes chers vassaux ?

La mutation serait d’ailleurs accordée par le PSE, tout se bouclerait dans les jours qui suivraient assez simplement et l'annonce de nomination à la Hérauderie permettrait peut-être de mettre les pendules à l'heure et donner un bâton de cohérence au "Jean-Pascal Gascon".

Sur l'instant, il n'en restait pas moins que ses iris noirs balayaient l'un et l'autre de ses proches. En les regardant, un sentiment d'amour ne put être retenu, et c'est avec un sourire en coin qu'elle continuait de les fixer. Non pas narquois, mais tendre. La colère passait alors que sa dextre gauche venait à la rencontre de la descendance Silly dans une caresse promettant de meilleur lendemain.

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Christabella
Bella connaissait son époux. Elle savait qu'il n'admettrait jamais son départ... Et ses arguments... étaient bons. Bella l'admettait, même s'ils pouvaient paraître exagérés. Wallerand, tout comme elle, étaient peinés par cette défection. Car s'en était une, quelque part. Alvira avait tant donné à la Gascogne... Elle soupira. Elle ne voulait pas qu'ils se déchirent, mais c'était bien parti pour.

J'ai compris, tu es fâché, tout de même je suis grande, libre. Libre de partir, et à juste titre Wallerand parce que j'ai donné mes plus belles années, comme tu le soulignes si bien, au Duché. Je reste vassale de la Gascogne, et chaque jour Brassenx saura me le rappeler. Ne t'en fais pas. Je ne balaye rien, je vis. Tu respires, tu vis toi aussi, j'en fais tout autant, ne t'en déplaise tout Beauharnais que tu es !

Mais là, on ne parle pas de respirer... Bella allait le répliquer, essayer de calmer encore le jeu, mais ne put que rester coite. Wallerand allait exploser, c'était sûr. Elle rentra la tête dans les épaules, s'attendant à une explosion de décibels. Elle ne pouvait rien faire, et cet état de fait la rongeait. Ce dont elle avait peur, c'était que cela dégénère au point qu'il ne coupent les ponts. Et c'était bien parti pour....

Suis-je clair mes chers vassaux ?

Ta décision est donc prise... Murmura sa blondeur, le coeur au bord des lèvres, les yeux brillants...
Cela lui brisait le coeur. Le regard noir était bien parlant... A force de vouloir ménager la chèvre et le chou, elle risquait de s'aliéner ET Wallerand, ET Alvira. Elle soupira derechef, renonçant à discuter plus avant. Ni l'un ni l'autre ne l'écouterait. Un pas en arrière, et elle s'effacerait, laissant les deux fauves se déchirer.

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Alvira
Bon ben là, c'était plutôt mal engagé. Elle qui s'était agacé, essayant de saper l'humeur de Wallerand, en finissant le tout en douceur, se sentait lâché par Bella. Elle en rajoutait une couche, avec sa confirmation.

Ta décision est donc prise...
Oui, ma décision est prise.


La visage fermé, elle tentait de rester inflexible. Une manière de ne pas montrer qu'en son fort intérieur, les divagations repartaient de plus belle. Mais elle avait donné sa parole. S'était engagé à le suivre... Son crâne lui fit mal, figée, elle n'en marqua pas l'effet, retenant sa main pour ne pas qu'elle aille pincé l'arrête de son nez afin de se soulager de cette douleur lancinante qui lui broyait les sinus. Un instant seulement, elle ferma les yeux rassemblant toute sa conviction avant de reprendre plus froidement que précédemment.

Mais franchement, vous vous attendiez à quoi ? La question était purement rhétorique, elle savait pertinemment qu'ils s'attendaient à bien des choses sauf à une telle prise de décision. Je ne vais pas le dire en latin, mais je ne peux pas... Je ne peux tout simplement pas refuser de le suivre. Vous pouvez être révolté, déçus... Ça par contre, ça lui foutait le bourdon. Tout ce que vous voulez, mais vous savez que vous auriez fait pareil. Que crois-tu Bella ? Que je m'en vais le coeur léger, heureuse de suivre un homme, le mien certes, oui. Tu crois, que je n'ai pas peur de quitter ce qui m'anime pour le voir ne pas se réaliser ? Abomination ! Vivoter ? Glander, duguer, etc, etc... Je prends le risque en un juste retour des choses, et même si j'en crève d'amertume, je partirai.

Tenir la barre ne pas se laissez convaincre afin de ne pas faire capoter son mariage. Tout claquer pour la Gascogne avait déjà été fait par le passé, et son côté impulsif n'aidait pas du tout à ce qu'Alvira se raisonne comme elle le faisait depuis lors. Sa Blondeur prit le parti de se mettre en retrait. Monter au créneau était le meilleur moyen de ne pas trahir de sa fébrilité. Ainsi, la Vicomtesse s'avança auprès de Wallerand, se plaçant si près, qu'elle aurait pu lui mettre un taquet dans les dents en moins de temps qu'il n'aurait fallut pour dire "sloubi".

J'ai envie de croire en lui comme j'ai cru en toi ! Est-ce mal ?
Question très con, c'était toujours plus facile de soutenir son filleul, et sa famille que son conjoint. Blocage quand tu nous tiens.
Ose seulement encore une fois m'interdire de partir Wall', ose !
Si tu oses dire en présence de ta femme que tu n'en aurais pas fait autant pour elle.


Sourcil arqué, on rentrait de plein pieds dans le diabolisme de la Baronne. Elle faisait un discours qui avait une visée assez fourbe pour qu'il ne s'aventure trop loin tout en sachant qu'il y avait une probabilité assez importante qu'il déclame ce que bassement, elle demandait pour la remettre en place. Et même si tout ça la fatiguait, retourner dans une prise de bec avec son filleul lui était presque comme une création d'un futur souvenir.
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Christabella
En retrait, la blondeur s'attendait toujours à un déluge de décibels. Le bébé se présentait par le siège, et elle ne voulait pas faire office de sage femme. Et Alvira qui continuait à marteler, impitoyable.

Ose seulement encore une fois m'interdire de partir Wall', ose !
Si tu oses dire en présence de ta femme que tu n'en aurais pas fait autant pour elle.


Ahn, la vilaine! Elle allait fiche le dawa dans son couple... Pour le coup, la blonde sentait la moutarde lui monter au nez. C'était très vilain! Le ton acide, la jeune femme se campa devant Alvira, qui elle même était devant Wallerand - sloubi, souvenez vous - , ce qui donnait un beau triangle équilatéral.

Mais Alvira, je n'exigerai jamais rien, MOI, de Wallerand. Si je suis venue m'installer ici, le rejoindre, c'était comme un cadeau de ma part. Ma décision. MA décision, pas la sienne. Il ne m'a même rien demandé! Voilà la différence!

Seigneur, à croire qu'elle voulait faire exploser Wallerand. Mauvaise foi, quand tu nous tiens? Non, elle admettait le faire à contrecoeur. Coup d'oeil vers Wallerand. Une ouverture se profilait dans son discours. L'amertume! Mais en avaient-ils le droit, d'exploiter cette faille? Cela pouvait valoir le coup.D'une voix douce, pour contraster avec Alvira et son attaque, la jeune femme répliqua, plaçant ses arguments calmement. Ne manquait que le thé et les confibiscuits

On sait ce qu'on quitte... Mais tu ne sais pas vers quoi tu t'engages! Ni toi, ni lui d'ailleurs! Si encore tu nous avais dit : " je pars pour l'Auvergne!", soit! Mais la Touraine? C'est choisi au hasard? Et ton enfant? Ne mérite t il pas que tu t épanouisses dans une duché que tu aimes? Au lieu de... t'expatrier chez des inconnus, en quittant ta famille? Tu ne connais personne là bas!

Et paf! Pour le coup, elle faisait front avec son homme, pour la convaincre de rester, en attaquant sur tous les fronts. Soudain lasse de la dispute, elle dit d'une voix douce:

Il y a encore tant à réaliser ici... Ne nous laisse pas tomber...
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Alvira
Quel bordel, à piquer, la Blonde revenait à la charge. Alvira eut un sourire, cela commençait fortement à lui plaire, tiens. Outre le fait qu'elle voyait que la douce Comtesse montrait doucement les dents, elle adorait rendre chèvre. La provocation ne cesserait pas comme ça. Emmerder son monde était aussi un sport quotidien, l’opportunité de le faire alors qu'elle avançait une affirmation. Poursuivre, ne pas céder. Alors que parallèlement à ça, l'envie de partir n'était pas une source de motivation, du moins pas la première, et c'était surtout pour se convaincre que c'était mieux ainsi qu'elle avait pris en note des choses attirantes.

Félon en Touraine, yeah !
Combat régulier, oh yeah... !
Nouveauté dans le fonctionnement, youhou !
Apprentissage d'une autre vie avec d'autres méthodes, pourquoi pas !
Suivre... Accompagner son époux dans ses souhaits d'engagement, aussi oui.


Christabella.
Le prénom énoncé, trahissait de l'agacement.
Tu as fait parce que tu l'as voulu, parce que tu avais aussi envie de me rejoindre à la base, et la rencontre à Peyrehorade et votre attachement, puis votre amour a fait que. Encore heureux qu'il ne t'ait rien demandé, il n'en a pas eu le temps. Ne me reproche pas de rendre à mon époux, ce qu'il a fait pour moi. Il ne s'est pas engagé dans une institution mais il a répondu présent en terme de défense et de cours lorsqu'il y en a eu de besoin. Si il se sent mal en Gascogne je ne vais pas lui tirer dessus à boulet rouge. Et je préfère la Touraine à l'Auvergne. Le Duché est trop grand, je n'y ai pas d'attaches autres que celle des terres qui se voient désormais miennes par l'entité Héraldique.

Oui enfin des amis, mais on ne fait pas forcément sa vie pour ses amis.

Nous avons à minima le sens du devoir, du coup, les terres-propriétés sont entretenues et ordonnées devoir de vassal effectué par tout ce qui comprends un serment.

L'était lancé la nièce, à croire qu'elle avait bouffé un dragon en l'espace d'une poignée de minutes. La Vicomtesse ne comprenait pas ce changement d'attitude.

On sait ce qu'on quitte... Mais tu ne sais pas vers quoi tu t'engages! Ni toi, ni lui d'ailleurs! Si encore tu nous avais dit : " je pars pour l'Auvergne!", soit! Mais la Touraine? C'est choisi au hasard?
Je ne suis pas Goddefroy, il a choisi la Touraine, il aurait pu intégrer une autre marche. Tiens d'ailleurs, qui l'a nommé ? Riwenn. Vas-tu lui adresser à lui aussi des remontrances ? Hum, hum... Puis, c'est aussi un défi. Je ne sais pas ce que je vais y trouver exactement, c'est sur, mais de l'autre... N'as-tu pas vécu ailleurs ? Savais-tu exactement ce qui se passerait en Gascogne ? Non, alors me renvoyer cela dans la tête c'est peu convainquant. Bien tentez toutefois.
Et ton enfant? Ne mérite t il pas que tu t épanouisses dans une duché que tu aimes?
Mon enfant n'a rien à voir là-dedans, il naitra ici ou là.

Tu ne connais personne là bas!
D'abord ! Y aurait tata Phylomèèèèèène ! Naméoh !
Je connais Eléïce de Valten, tu sais Phylogène. Je ne pars pas tant que ça à l'aveuglette. Pas totalement.
Quant à ma famille, elle est très bien là, où elle se trouve. Va donc demander à Riri ce qu'il en pense, et il te répondra sans doute que c'est ma vie. Je n'ai jamais entendu dire qu'il avait reproché à qui que ce soit d'entre nous de quitter le Sud. Il souhaite juste qu'on soit heureux dans le respect de certaines petites choses que nous respectons tous, toi y compris.

Il y a encore tant à réaliser ici... Ne nous laisse pas tomber...
Je n'abandonne rien, je ne te permet pas de dire que je vous abandonne. Je fais des choix, bon ou mauvais je ne peux pas le deviner. Heureusement qu'on ne t'avait pas servi de cette soupe là quand tu as quitté l'Armagnac.

Merde à la fin quoi, fallait pas délirer non plus. Déjà qu'elle en avait gros de s'éloigner de sa province, si en plus ça jouait trop sur les sentiments, elle finirait pas cogner ou pleurer, et dans l'ordre de priorité, cela arriverait sans doute comme l'alphabet, "C", puis "P". Le destin que je vous dis, le destin ! Et sur ces dernières paroles, la future mère alla près d'un guéridon, y pris de la liqueur de prune qui se trouvait là, et se servi un verre qu'elle s'enquilla dans le gosier sans plus de formalité.

Vous en voulez ?

Hinhin, boire pour oublier, chacun trouvait des réponses à ses problèmes. Pour ce coup-ci, nous choisirons "la réponse D", comme descente !
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Wallerand
["Le premier serment que se firent deux êtres de chair, ce fut au pied d'un rocher qui tombait en poussière ;
ils attestèrent de leur constance un ciel qui n'est pas un instant le même ;
tout passait en eux et autour d'eux, et ils croyaient leurs coeurs affranchis de vicissitudes.
O enfants ! toujours enfants !..."
Apologue du serment, Jacques le Fataliste et son maître, Denis Diderot]


Le propre d'un Wallerand blessé était double : soit il explosait immédiatement, soit il prenait sur lui et explosait à retardement. Alvira eut droit aux deux facettes du même homme à fort peu d'intervalle. La première explosion, quand la nouvelle avait été lâchée et incidemment reçue, débouchant sur une expression à peine voilée de la peine du Gascon. La prise sur lui, quand il l'avait laissée s'enflammer, quand Bella avait tenté de la raisonner... Et voici, très chers lecteurs, en direct-live depuis vos écrans, la deuxième explosion. Moteur... Action !

Que tu essaies de foutre la grouille et de te dédouaner en me demandant ce que j'aurais fait pour Bella, ma pauvre, ça te fait tomber bien bas. Encore un peu et on dirait de la Laureen. Tu me fais de la peine, tiens. Comme quand tu picoles alors que tu attends un gamin. Il est autant à l'intérieur de toi que l'alcool que tu viens de t'enfiler comme une grosse écervelée... Tu veux nous pondre un dégénéré, en plus de te tirer comme une voleuse ? On aura tout vu, tiens ! J'aimerais presque voir la tête de Goddefroy quand tu lui diras que tu as bu ça. Ou tu ne lui diras pas ? Après tout, ce sera comme envisager encore de partir sans en dire un mot à des gens qui tiennent à toi. Genre nous.

Le Beauharnais blessé est un être vicelard. Il appuie là où il pense que ça peut faire mal, et il le fait avec un mépris pratiquement surjoué. Et même s'il n'en pense pas un mot, il continue, quitte à présenter des excuses contrites et sincères plus tard. Mais sur le coup, il est infect. Infâme. Et bas ! Comparer sa marraine, qui après son épouse était certainement la femme de sa vie, à une Mimizanaise qu'il ne tenait pas spécialement en haute estime (doux euphémisme, paisible litote !), ce n'était pas le style de Wallerand dans son état normal. Mais ce jour-là, il ne l'était pas, dans son état normal. Il y avait un pan de sa vie qui s'écroulait, son premier repère en Gascogne qui annonçait benoîtement qu'elle partait, un monde et un présent qui s'effondraient d'un coup. Le rocher tombait en poussière. Il n'en avait cependant pas fini avec elle, non. Porté encore par cette colère ravivée et entretenue par les échanges entre la Duranxie et Bella, il continuait, grondant, tonitruant :

Et puis franchement, tu croyais quoi ? Que je sauterais de joie de te voir partir, que tu aurais droit à une bise sur chaque joue et une tape sur la fesse pour te souhaiter bon courage ? Et puis quoi ? Non parce que s'il n'y a que ça, je peux faire semblant, te dire avec une voix émerveillée "Ouiiiii, paaaaars, vis ta viiiiiie, on fera sans toi, personne n'est irremplaçaaaable voyons"... Ouais, mais c'est faire semblant, et j'aime pas ça. J'ai jamais dissimulé, ni simulé, et c'est surtout pas avec toi que je vais commencer. Manquerait plus que ça !

La fin était presque calme. Cependant, ce calme était fort trompeur, car le jeune homme se détourna du triangle pour regagner, à grands pas, l'escalier central de la demeure. Une idée venait de le traverser. Il fallait concrétiser. Rapidement. Alors il poussa un retentissant :

ADALARDE !

Il n'y eut pas long à attendre pour que l'intendante passe le bout de son nez. Il n'y eut même pas d'attente, en fait, tant la tonitruance inhabituelle du maître des lieux n'avait pu passer inaperçu. A coup sûr, la maisonnée était prudemment à l'abri derrière les portes les plus proches pour comprendre ce qui se passait dans la pièce principale... La demeure n'était pas si grande que quelqu'un ait pu y échapper, et sans doute seuls les talents d'Imoen avec Ascelin étaient parvenus à l'empêcher de réagir à ces soudains débordements. Bref, une fois la matrone rendue, elle se trouva alpaguée par un peu amène :

Fais préparer nos affaires et préviens Archibald. On part.
Vous allez à Roquefort ?


S'ensuivit un bref conciliabule, duquel on ne devait guère percevoir que la sécheresse du ton du Beauharnais, le staccato nerveux de sa voix et l'étonnement de l'intendante. A l'issue de ces messes basses, cependant, Wallerand semblait quelque peu apaisé. Pas totalement, non, un pli soucieux barrait encore son front et les sourcils légèrement froncés témoignaient qu'il n'était pas encore totalement résolu. Rejoignant ses deux dames, il leva un instant le regard au plafond, comme s'il pouvait interroger le ciel sur ce qu'il avait à faire. Quand il le baissa de nouveau, ce fut pour trouver le regard de son épouse. Clair et lumineux, il apportait le baume, la confirmation, avec ce hochement de tête presque imperceptible. La certitude qu'ils connaissaient tous les deux la suite l'inonda, une indicible reconnaissance déferla dans chaque parcelle du Beauharnais et leurs mains se nouèrent, comme en prière, autour de leur communion. La paisible assurance qu'il tirait de ce simple contact perçait sans doute déjà dans sa voix altérée quand il reprit, toujours rivé aux yeux de l'Unique :

Bella, je pense qu'on est d'accord ?

Les doigts légers se serrèrent entre les siens, douce pression qui signifiait un accord plein, avant de les relâcher. Et un demi-sourire se peignait sur ses lèvres quand Wallerand exprima enfin :

T'es foutue. Tu veux te barrer ? Très bien. Mais si tu crois que tu peux te débarrasser de nous aussi simplement, tu te goures, mais bien. Viens là.

L'avantage d'être un homme, plus fort qu'une femme, l'avantage d'être grand, plus que sa marraine, se mesurèrent pleinement alors. En deux temps trois mouvements, la Silly se trouvait enlacée, le Beauharnais lui collait une énorme bise sur la joue et - chose assez rare pour le signaler - cachait une larme qui menaçait de perler à l'idée de ce qu'ils allaient faire en glissant juste à l'oreille d'Alvira :

Tu sais que je t'adore quand même, hein ?
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