[RP] - Sur les Routes Limousines

Trokinas sortit son cheval de l'écurie. Il regarda le soleil se lever. Le voyage devait commencer ce jour. Trokinas aimait voyager. Cela lui vidait l'esprit, et lui permettait de réfléchir. De faire le point en quelque sorte. Il repensa à la campagne électorale. Il avait entendu des discours délicats, d'autres moins, et il se faisait comme toujours du souci pour l'avenir du Limousin. Les résultats des élections tomberaient incessament sous peu. Les temps futurs seraient ils troublés?

Le Baron de Perpezac vérifia sa selle, et fut satisfait de voir que les lannières étaient bien fixées. Sa jambe l'élancait, et chevaucher pendant deux jours risquaient de la soumettre à rude épreuve. Mais il n'avait pas le choix. La Comtesse lui avait confié une mission : accueillir le Roy. Alors il allait faire face.

Il monta sur son cheval, avec une légère grimace. Puis ils regarda à nouveau le Soleil. Le temps était il au renouveau du Limousin, ou à nouvelle ère de ténèbres? Le Baron flatta l'encolure de sa monture. Elle aussi allait être soumise à rude épreuve. Puis, le Secrétaire d'Etat repassa en tête la liste des gens qui prenait le départ avec lui : Alienaure, bien sûr, mais aussi son ami Valeriane, Bradbury, qu'il connaissait bien et qu'il appréciait, et Annlor, qu'il ne connaissait que peu, mais cette femme avait l'air pleine de surprises. Il avait hâte de voyager en sa compagnie, car elle semblait intriguante et interessante. En tout cas, elle avait bonne réputation dans le Comté. Puis il y aurait d'autres personnes qui les rejoindraient, en temps en en heure.

Il vérifia mentalement qu'il n'avait rien oublié dans la chambre de l'auberge, et le souvenir de l'excellent repas de la veille en compagnie d'Alienaure le réchauffa et l'aida à combattre la fraicheur matinale. Il sourit doucment, et se frotta la jambe machinalement. Encore quelques temps, et les personnes qui l'accompagnaient allaient arriver.

Un léger coup à la porte l'avait arrachée des bras de Morphée. Elle avait pris le temps de se réveiller, ne sachant quand ils s'arrêteraient la prochaine fois.
La veille, elle avait emmené Trokinas à l'Astaroth, taverne familiale. Elle y avait retrouvé une des lingères de la maisnie, qui avait été embauchée comme serveuse le temps de l'inactivité à l'hostel. Ils y avaient dîné dans la bonne ambiance, alors que l'employée racontait mille et une anecdote sur l'enfant qu'elle avait été.

Une fois vêtue de sa tenue de cavalière, légèrement masculine mais dans laquelle elle se sentait plus à l'aise qu'engoncée dans une robe, Aliénaure avait pris le temps de descendre déjeuner dans la salle commune où des bonnes et chaudes brioches les attendaient. Une fois son festin fini, elle avait été chercher sa jument, cadeau maternel récupéré dans les écuries malemoriennes, et elle avait harnachée sa besace à une crochet de la selle.
La jeune fille posa son pied dans l'étrier et monta lestement sa monture.

Elle sortit devant l'auberge et sourit à Trokinas.

Le temps est plus clément pour notre départ, mais saura-t-il le rester pour nous accompagner vers notre destination? L'aubergiste semblait dire que la pluie n'allait point tarder; son genoux le faisait souffrir, comme souvent en temps humide, parait-il.

Elle désigna d'un mouvement de tête le pommeau d'argent qui dépassait de son cabas.

Je me suis permise de prendre votre canne. Vous l'aviez laissée au coin d'une table lorsque vous avez pris votre petit déjeuner, je pense. Et même si elle ne vous est pas d'un grand secours à cheval, j'ai dans l'idée que vous ne rechignerez point à la prendre une fois à terre.

Trokinas regarda Alienaure arriver, et sourit.

Il prit la canne, et la soupesa dans sa main. Pas pour connaitre son poids, non, mais pour essayer de trouver la raison qui faisait qu'il passait son temps à l'oublier partout.

Merci bien. Je vais en effet en avoir besoin. Je ne sais pas combien de fois je l'aurais perdu sans vous. D'ailleurs, ...

Il fut interrompu par quelqu'un qui venait de rentrer dans la cour. Trokinas se retourna pour voir de qui il s'agissait. Le trajet allait être loin, donc il ne fallait pas partir trop tard de Limoges.

Trokinas fut ravi de voir la Chancellière du Limousin. Il se souvint de ses contacts avec elle : ses deux passages à la Chancellerie lui avait beaucoup appris. Cela n'avait pas duré longtemps, la première fois parce qu'il avait trouvé sa voie ailleurs (la police), et la deuxième parce qu'il avait été nommé Secrétaire d'Etat, ce qui était incompatible avec la charge d'Ambassadeur.

Votre Excellence, ravi de vous voir. Cela est un grand plaisir pour moi de faire route en votre compagnie. Je pense que vous connaissez Alienaure ici présente? Il me semble que oui. Et en effet, il va faire un temps superbe pour voyager. Alors nous prendrons la route dès que les autres seront là. Etes vous prête?

Aliénaure se retourna vers la nouvelle arrivante.
Elle avait rencontrée Dame Bradbury lorsqu'elle avait postulée à la Chancellerie. La dame l'avait alors nommée ambassadrice en Guyenne; charge qu'elle avait aimée remplir... jusqu'à l'arrivée de Dragonet comme Chambellan. Et les ennuis avaient alors commencé jusqu'à ce qu'il lui retire ses accès au bureau. Elle avait pensé postuler à nouveau lorsque Bradbury avait repris son poste, mais de nouveaux évènements s'étaient accumulés et depuis, des choses la retenaient en Limousin. Peut-être un jour, plus tard...

Bien le bonjour, votre Excellence. Enchantée de faire voyage à vos côtés. Voila bien longtemps que nous ne vous avions point vu en Limousin.

Elle leva les yeux au ciel et esquissa un sourire.

Quant au temps, je parie une tournée générale à la prochaine auberge que nous allons rencontrer de la pluie en cours de route.

Trokinas allait répondre à la première question quand il entendit la deuxième et sursauta. Il regarda Alienaure, et décida de prendre un peu les devants.

Et bien, nous voyageons en Compagnie de Valeriane, d'Annlor, et Auxanne nous rejoindra à Bourganeuf, et enfin Mic31 nous rejoindra à Guéret.

Puis, il se fit plus hésitant.

Quand à la Comtesse de Malemort, elle sera là. Le Grand Chambellan fait partie du voyage. Quand au pari, je le tiens, s'il ne pleut pas, la tournée sera pour moi.

Ainsi, la réponse avait été donnée. Libre à Alienaure de la reprendre ou pas.

Aliénaure se figea en entendant la Chambellan. Peut-être était-il temps que le Limousin cesse de voir en elle une simple Malemort, la fille de. Peut-être devrait-elle attendre la fin de cette visite.
Ses doigts se crispèrent sur la longe de cuir, mais elle esquissa un sourire.

Et bien nous verrons... Mais je compte sur vous, votre Excellence, pour me faire connaitre Bourganeuf et ses tavernes.
Du moins si le baron laisse quelques instants de repos aux femmes que nous sommes, ajouta-t-elle en souriant.

Trokinas sourit en voyant arriver son amie. Il se fit la réflexion que si son parrain avait encore été de ce monde, il aurait probablement fait parti de ce petit groupe. Val avait l'air de ne pas y penser, et le Baron avait bien l'intention de ne pas mettre cela sur la table.

Pour répondre à ta question, Val, il ne manque plus qu'Annlor et nous pourrons prendre la route. Et vous pourrez bavarder tout votre saoul sur la route. Allons mesdames, mettons nous en route dès que possible.

Le sourire ironique du Baron montrait que la boutade n'en était qu'une justement. Et avant qu'une des femmes n'ait eu le temps de lui relancer une réplique bien sentie, il avança vers la porte de la cour en espérant apercevoir Annlor et qu'il puisse enfin partir.

[A l'entrée de Bourganeuf - le soir]

La nuit tombait. La chevauchée avait duré toute la journée, et la bonne humeur des cavaliers avait été vite rafraichi par la pluie qu'Alienaure avait annoncé. D'abord cela avait amusé, mais quand le vent glacial et automnal s'était levé, rapidement les discussions s'étaient tues. Chaque cavalier s'était alors concentré pour ne pas avoir froid, en s'emmitoufflant dans leur cape. Ils arrivaient en vue de Bourganeuf, et cela leur fit plaisir. Trokinas, voyait ce village pour la première fois. Il se fit la réflexion que ce tour du Limousin allait lui donner l'occasion de voir chaque commune de son Comté préféré.

En entrant dans le village, ils ne croisèrent personne. L'heure tardive et le temps déplorable avaient vidé les rues. Trokinas mit pied à terre, mais failli tomber car sa jambe gauche se déroba, tétanisée qu'elle était. Il mit la main sur sa canne, puis s'appuya prestement dessus. Enfin, il rabaissa la capuche de sa canne.

Allez mesdames, il y a quelqu'un qui nous doit une tournée ici. Alors allons y, mais attention, merci de vous modérer, demain nous repartons à la première heure.

Encore un sourire taquin vers le groupe de femmes qui l'accompagnait. Là par contre, nul échappatoire possible, il allait certainement se prendre une remarque bien pesée.

Aliénaure avait salué la dernière venue et répondu à son intérêt pour le poste de greffier. Elle n'en avait parlé à personne, seulement un courrier à la Comtesse pour lui signifier son envie de se rendre utile.

Le voyage entre Limoges et Bourganeuf se passa comme elle l'avait prévu: calme, froid et pluvieux.
Son sourire s'accentua encore plus quand ils arrivèrent vers l'auberge prévue pour leur repos.
Si la Chambellan n'avait pas répondu à la boutade du baron, la Procureur, elle, demandait des explications.

J'ai parié que la pluie nous rejoindrait en cour de route. Aussi, je vais payer comme il se doit ma tournée. Cependant, si le sire ici présent avait été homme galant, il se serait empressé de refuser et nous offrir de quoi nous désaltérer, ajouta-t-elle avec un sourire malicieux.

Elle poussa la porte de l'auberge et s'abaissa en guise de révérence.

Si Dame Chambellan, Dame Procureur et Sire Secrétaire veulent bien se donner la peine d'entrer...