Taliesyn_de_montfort
Moi, je n'ai pas d'ami. C'est trop fatigant d'être aimable.
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L'impression d'interrompre le silence par le clapot continue de l'eau sur la proue du bateau. Le manque de vent ajoute à cette impression autant que la brume de l'aurore flottant au dessus de la mer. Il n'y a pas un bruit sur le port de Pornic, quelques lumières restés-là preuve que l'aube est récente et quelques hommes déchargeant des cageots surprennent la stupeur du silence. Le marché à cette heure-ci devrait déjà se mettre en place, mais, lorsque les quelques voyageurs provenant de Bretagne avaient croisé sa route, les nouvelles étaient toutes les mêmes :Le règne Kerdraon avait vidé de sa substance la Bretagne telle qu'elle était connue et ce n'était que la suite d'une longue souffrance.
Ces deux dernières années avaient été éprouvantes, suite à l'appel de son cousin Nicola Pietravalle di Monforte, il avait passé deux années sur les champs de batailles pour le royaume de Naples. Visiblement éreinté et ayant pris 10 années de plus en 2 ans sur les traits tirés de son visage, le Prince arrivait enfin à bon port et mettait le pied sur la terre ferme avec un certain soulagement. Fanch son lieutenant de dizaine ouvrait la marche et donnaient les différents ordres aux quelques hommes qui accompagnaient le Prince. Des visages burinés par les épreuves, les parures étaient riches, les jeunes soldats qui étaient partis avec Taliesyn revenaient en guerrier aguerris, mais des 200 hommes partis il n'en restait qu'une vingtaine. A ceux-ci s'ajoutaient quelques ottomans et arabes qui de mercenaires attachés au breton étaient devenus liges, alors les accents se mêlaient sur le déchargement, ou surenchérissaient les ordres du lieutenant.
Fanch, fais porter l'étendard du Cerbère devant l'hostel où nous siègerons, je veux qu'on sache que je suis de retour, je veux qu'on sache que le Prince est de retour à Retz, je veux que mes sujets sachent que leur Prince est de retour.
Il n'y avait pas que les échos de la Bretagne qui m'étaient parvenus, Gwilherm, mon intendant était mort depuis mon départ, et les Kerdraon en avaient profités pour me retirer mes terres, mais cela n'était qu'un bout de papier. Bien que les riches rentes avaient été prises par les fonctionnaires du Grand Duc, la loyauté de Retz aux de Montfort étaient toujours réelles. Il fallait qu'on sache que j'étais de retour, et j'en avais informé mes vassaux lorsque mon départ fut en projet. En retour, j'avais eu pour information le postulat de l'un d'eux au titre de Grand-Duc. Je ne pus m'empêcher un éclat de rire, cela devait mettre une belle pagaille, les Kerdraon pensant bien avoir vidé toute la Bretagne, il en restait cependant encore un pour tenir tête et proposer une alternative. Je le soutiendrai bien évidemment.
Les chevaux descendaient en renâclant de la passerelle glissante et avec quelques efforts la compagnie était de nouveau sur le pied de guerre, cette impression de déjà vu se figeaient dans mon esprit, à combien de reprises nous avions dû répéter ses gestes sur le conflit napolitain. Je laissais le soin à Fanch de gérer notre installation dans l'auberge et je partais flâner sur le marché qui s'installait difficilement, peu de gens, peu de choix, peu de sous, tristesse. Quelques un me reconnaissait, même s'ils débattaient entre eux se pensant discret, certains arguant du fait que j'étais bien plus jeune que la personne qu'ils avaient en face d'eux. Sans considération plus importante que cela à mon égard, malgré ma posture et les vêtements qui laissaient envisager ma stature, la noblesse devait avoir perdu le respect des gueux pour en arriver là.
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