Taliesyn_de_montfort
La haine est fille de la crainte.
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Pour me suivre
- Est-elle effrayée, est-ce une bravade, une témérité une inconscience? A-t-elle oublié la souffrance endurée ? Je sens mes ongles s'enfoncer dans le cuir de la ceinture, j'ai le souffle coupé de haine. Morte elle ne serait d'aucune utilité, et je me demande si c'est vraiment le sentiment qui m'anime envers elle qui retiens mon coup, ou un pragmatisme à toute épreuve. Est-ce qu'intimement j'essaie de me persuader de ne pas loccire ? Mon visage se baisse de fureur, je la foudroie de mon regard noir, bien qu'elle soit nue, elle ne m'impressionnera pas. Son corps m'attire déjà, mais elle me révulse, elle souhaiterait me contrôler elle a déjà tenté voir elle y est parvenue trop de fois depuis lItalie. Alors son regard soutenu, enjoliveur, ces phrases, qu'elle claque tel un fouet devant un lion, censé m'intimider, font de ma froide colère une ébullition. Comment ais-je pu me laisse faire ? Elle n'est pas si forte, même si ses seins ne font qu'un appel pour dérouter mon regard du sien. Je ne lâcherai pas !
Jouez trop à cela, et c'est la maure qui vous attend.
Mon sourire de rage ne laisse que présager du sous-entendu dans la prononciation une confrontation décisive. Ma main tremble, et je finis par lancer ma ceinture contre le mur, le chandelier en tombe, la jeune fille se jette sur les bougies virevoltant sur le sol, rajoutant du drame à la situation, nous restons là à nous observer. Cette confrontation avait déjà eu lieu et elle ne pouvait durer. Mes temps battent le requiem, je n'entends plus ma raison me guider, je n'ai qu'une envie, qu'elle se taise à jamais, qu'elle arrête de s'immiscer dans ma tête, mes pensées. Elle fait de moi le jouet qu'elle devrait être. Et rien, ni personne n'est censé pouvoir se tenir ainsi en face de moi. Encore mois une femme, toute altière soit-elle. Quel pouvoir a-t-elle sur moi ?
Je vous hais, soyez maudites, Médicis, j'aurai dû mille fois vous laisser à votre mari, il aurait mieux fait cette besogne que moi.
Et ma main se tend pour la frapper au visage du dos de ma main. Je ne me rends pas compte, mais les larmes me montent, de rage, de haine, certainement pas de honte. J'ai déjà occis femme et enfant. Mais, je ne parviens pas à déglutir. Mon coup ne fut pas retenu, le visage d'Alessia reste, digne, orienté là ou le coup l'a porté. Elle ne me fixe plus, et son regard, sa fierté, sa provocante impertinence m'agite en tout point. Elle me manque désespérément, les secondes sont comme des heures figées, et vient interrompre cette petite mort une goutte de sang, éclaboussant bruyamment le parquet, comme si tout le reste était inaudible, sans aucun sens, comme si cette goutte était celle de trop. Il faudrait maintenant, dans cette logique aller jusqu'au bout, car aucune association ne pouvait venir en conclusion de cela. La chose était allée trop loin, mais bien que je pu me penser soulagé par ce geste, mon coeur est toujours emballé, et mon index vient chercher son regard en me l'apportant.
C'est une douleur que ma poitrine envahit, je crains son regard, je crains qu'il ait changé, et ce n'est clairement pas d'elle docile que je veux. Mon index lui caresse le menton, mes yeux se ferment pour l'éviter, et sans délicatesse, j'empoigne sa nuque pour gouter à ce sang qui perle au coin de cette levre battue. De haine il ne reste que la rage exaspéré de ne pas se connaitre au point d'être autant en contradiction. Je hais cette femme qui m'attire, c'est mon poison auquel je goutterai à chaque occasion qui m'est donné, et il faudrait pour cela me faire mourir pour ne pas vouloir m'y contraindre. Je m'enchaine à cette prisonnière, et cela ne peut durer, cette embrassade fougueuse imposée comme le reste s'arrête net. Je ne pourrais vivre d'entrave, et je ne pourrais résister à cette femme qui s'oppose à moi, ainsi je n'enchainerai mon destin qu'à cette liberté. Mais il m'est impossible pour autant de l'abandonner, ainsi je la repousse, je me repousse d'elle. Me retourne vers cette porte et l'ouvre, fixant le sol devant moi, j'annonce :
Si vous n'êtes pas en mesure d'apprécier ce que j'ai à vous offrir, si vous n'est pas en mesure de respecter notre accord, de créer la confiance rompue une nouvelle fois pour de bon, alors vous êtes libre, sortez ! Vivez ! je ne serai plus là à vous condamner.
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