Kelel
[ Auberge du Chat Glouton ]
Ecouter Donatien déblatérer était devenue plus qu'une habitude. Il parait même qu'on se fait à tout avec du temps. Du Temps ou à l'usure. L'Azur voyait plus cela comme tel, de l'usure. Impossible pour elle de s'imaginer se faire à la langue trop pendue du Rey. Mais pouvait-elle, après tout, s'en plaindre ? Non, elle ne peut s'en prendre qu'à elle même. Elle avait voulu; elle avait. Sa devise de toujours obtenir ce qu'elle veut prenait là un goût amer. Mais soit ! Après tout, le bougre était, au delà de ça, une force de la nature et ne manquait pas de jugeote pour autant. Un savant mélange comme notre Reyne les aime. S'entourer des plus tordus était sans doute la meilleure idée qu'elle avait eu jusqu'à présent, et fort de sa réussite, elle affichait un large sourire de satisfaction lors de leur petite excursion nocturne. " Le Chat Glouton ", voilà un nom qui semble ne pas lui être si inconnu et pourtant elle est sûre et certaine de n'y avoir jamais mis les pieds. En tout cas, si elle y était venue, c'était il y a fort longtemps, ou alors était-elle complètement ivre -ce qui reste la solution la plus acceptable en vue de son problème de boisson.
La Pâle suit le mouvement sans broncher, lorgnant les recoins sombres et reculés pour s'assurer que tout est en ordre et que rien ne sorte de l'ordinaire. Rien. Fichtrement rien de suspect. Point d'autant plus douteux malgré le contentement dont elle fait preuve face à cette constatation.
L'intérieur de la taverne est semblable aux autres, à croire que tous ont choisi le même architecte. Tant mieux. Dépeindre les lieux fut rapide. Sait-on jamais ! Ils n'étaient pas venus jusque là au hasard, et si c'était un guet-apens il faudrait pouvoir se faufiler au dehors avant de se faire couper la gorge ou la main. S'il fallait prendre la poudre d'escampette elle savait déjà comment s'y prendre, mais ne préféra pas en parler ouvertement aux autres. Les murs ont des oreilles ici, c'est bien connu.
Le pas léger, les mains jointes dans le dos et la tête dodelinant de gauche à droite, l'Azur gagne la tablée choisie par Donatien et s'y installe. Elle s'accoude lourdement, les coudes frappant le bois avec fracas.
" Trois, deux, un ... " Quelques regards se tournent mais n'entraînent rien. Tous retournent à leurs occupations comme si de rien n'était.
" Donatien, mon chat ... J'le sens moyen c'coup là. Pas qu'j'ai peur, mais j'avais pas prévu d'courir aujourd'hui tu vois, en plus mes nuits sont courtes en c'moment. T'comprends avec la rousse j'fais quelques expériences et ... " Le regard se porte sur le Balafré, forcé de constater qu'il n'écoute rien. Il y a comme un voile devant les yeux de l'homme, chose qui agace fortement notre donzelle dont le poing vient s'écraser contre le bois afin de le sortir de ses rêveries qui n'ont pas lieu d'être. " Donatien, merde ! J'vais pas m'rabâcher toute la nuit. T'ouvres les écoutilles. T'as quoi là ?! Si tu crois qu'c'est l'moment d'pioncer tu peux t'le foutre profond mon gars. " Un nouveau coup du poing s'ensuit. S'il ne sort pas de ses pensées c'est à n'y rien comprendre. Que la Flamboyante soit silencieuse c'est une chose, elle est ainsi, mais que lui se permette de somnoler en est une autre et ça n'a rien de normal. Quelque chose cloche, elle le sait et le sent. La duper n'est pas simple, et s'il croit échapper à un interrogatoire en bonne et due forme, il se trompe. Ses virées hors de la Cour se sont faites remarquer. L'Oeil de l'Azur veille et les mouchards sont nombreux.
[ Quelques temps plus tard ]
" Quand tu veux ! Viens ! Viens j'te dis foutre d'con ! "
Elle fulmine, quelque peu enivrée par les chopes qui se sont enchaînées pour tuer le temps. Le mains à plat sur la tablée et les bras tendus, penchée vers l'avant, Kelel incendie Donatien du regard. Quelle mouche l'a piqué ? C'est bien simple : Cet idiot a trouvé bon de lui prendre son godet et de le descendre cul-sec en assistant bien sur le fait que : " La Gueuse, j't'attends ! ". Un tantinet susceptible et provocatrice il n'en fallut guère plus pour qu'elle bondisse de sa chaise et l'envoie plus loin pour répondre avec ardeur à son interlocuteur. La moindre étincelle est bonne à allumer un brasier avec elle, comprenez.
Personne ne semble se soucier d'eux jusqu'à lors. Tous sont du coin et ont l'habitude des excès violents suite au surplus de pisse qu'on servait depuis belles lurettes au sein de la Miraculée.
" J'vais t'ouvrir l'ventre Donatien ! J'te jure sur l'Sans Nom que j'vais t'étriper ! "
Entre temps, la porte grinça et vit entrer quelques oiseaux de façon éparse. Curieux. La Folle releva le détail sans rien laisser paraître, trop occupée à vouloir obtenir réparation. L'une des main empoigne une chope et la lance en direction du bougre dont elle ne détourne pas un instant le regard. Evidemment, elle loupe sa cible, laissant le contenant traverser miraculeusement la pièce pour venir se fracasser le long du mur voisin. Voilà une chose qui devient habituel ! La dernière fois qu'elle a fait ça, elle s'est retrouvée menacer d'un tesson de bouteille sous la gorge, puis s'est vue prendre une dérouillée magistrale par un drôle d'oiseau qu'elle pensait avoir mis au tapis. " L'est devenu quoi lui, maint'nant qu'j'y pense ? 'doit être crevé dans un coin et s'fait bouffer par les asticots ! " Néanmoins, cette fois-ci, elle ne visait personne en particulier et risquait donc nettement moins de se voir rabrouer pour son geste.
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Ecouter Donatien déblatérer était devenue plus qu'une habitude. Il parait même qu'on se fait à tout avec du temps. Du Temps ou à l'usure. L'Azur voyait plus cela comme tel, de l'usure. Impossible pour elle de s'imaginer se faire à la langue trop pendue du Rey. Mais pouvait-elle, après tout, s'en plaindre ? Non, elle ne peut s'en prendre qu'à elle même. Elle avait voulu; elle avait. Sa devise de toujours obtenir ce qu'elle veut prenait là un goût amer. Mais soit ! Après tout, le bougre était, au delà de ça, une force de la nature et ne manquait pas de jugeote pour autant. Un savant mélange comme notre Reyne les aime. S'entourer des plus tordus était sans doute la meilleure idée qu'elle avait eu jusqu'à présent, et fort de sa réussite, elle affichait un large sourire de satisfaction lors de leur petite excursion nocturne. " Le Chat Glouton ", voilà un nom qui semble ne pas lui être si inconnu et pourtant elle est sûre et certaine de n'y avoir jamais mis les pieds. En tout cas, si elle y était venue, c'était il y a fort longtemps, ou alors était-elle complètement ivre -ce qui reste la solution la plus acceptable en vue de son problème de boisson.
La Pâle suit le mouvement sans broncher, lorgnant les recoins sombres et reculés pour s'assurer que tout est en ordre et que rien ne sorte de l'ordinaire. Rien. Fichtrement rien de suspect. Point d'autant plus douteux malgré le contentement dont elle fait preuve face à cette constatation.
L'intérieur de la taverne est semblable aux autres, à croire que tous ont choisi le même architecte. Tant mieux. Dépeindre les lieux fut rapide. Sait-on jamais ! Ils n'étaient pas venus jusque là au hasard, et si c'était un guet-apens il faudrait pouvoir se faufiler au dehors avant de se faire couper la gorge ou la main. S'il fallait prendre la poudre d'escampette elle savait déjà comment s'y prendre, mais ne préféra pas en parler ouvertement aux autres. Les murs ont des oreilles ici, c'est bien connu.
Le pas léger, les mains jointes dans le dos et la tête dodelinant de gauche à droite, l'Azur gagne la tablée choisie par Donatien et s'y installe. Elle s'accoude lourdement, les coudes frappant le bois avec fracas.
" Trois, deux, un ... " Quelques regards se tournent mais n'entraînent rien. Tous retournent à leurs occupations comme si de rien n'était.
" Donatien, mon chat ... J'le sens moyen c'coup là. Pas qu'j'ai peur, mais j'avais pas prévu d'courir aujourd'hui tu vois, en plus mes nuits sont courtes en c'moment. T'comprends avec la rousse j'fais quelques expériences et ... " Le regard se porte sur le Balafré, forcé de constater qu'il n'écoute rien. Il y a comme un voile devant les yeux de l'homme, chose qui agace fortement notre donzelle dont le poing vient s'écraser contre le bois afin de le sortir de ses rêveries qui n'ont pas lieu d'être. " Donatien, merde ! J'vais pas m'rabâcher toute la nuit. T'ouvres les écoutilles. T'as quoi là ?! Si tu crois qu'c'est l'moment d'pioncer tu peux t'le foutre profond mon gars. " Un nouveau coup du poing s'ensuit. S'il ne sort pas de ses pensées c'est à n'y rien comprendre. Que la Flamboyante soit silencieuse c'est une chose, elle est ainsi, mais que lui se permette de somnoler en est une autre et ça n'a rien de normal. Quelque chose cloche, elle le sait et le sent. La duper n'est pas simple, et s'il croit échapper à un interrogatoire en bonne et due forme, il se trompe. Ses virées hors de la Cour se sont faites remarquer. L'Oeil de l'Azur veille et les mouchards sont nombreux.
[ Quelques temps plus tard ]
" Quand tu veux ! Viens ! Viens j'te dis foutre d'con ! "
Elle fulmine, quelque peu enivrée par les chopes qui se sont enchaînées pour tuer le temps. Le mains à plat sur la tablée et les bras tendus, penchée vers l'avant, Kelel incendie Donatien du regard. Quelle mouche l'a piqué ? C'est bien simple : Cet idiot a trouvé bon de lui prendre son godet et de le descendre cul-sec en assistant bien sur le fait que : " La Gueuse, j't'attends ! ". Un tantinet susceptible et provocatrice il n'en fallut guère plus pour qu'elle bondisse de sa chaise et l'envoie plus loin pour répondre avec ardeur à son interlocuteur. La moindre étincelle est bonne à allumer un brasier avec elle, comprenez.
Personne ne semble se soucier d'eux jusqu'à lors. Tous sont du coin et ont l'habitude des excès violents suite au surplus de pisse qu'on servait depuis belles lurettes au sein de la Miraculée.
" J'vais t'ouvrir l'ventre Donatien ! J'te jure sur l'Sans Nom que j'vais t'étriper ! "
Entre temps, la porte grinça et vit entrer quelques oiseaux de façon éparse. Curieux. La Folle releva le détail sans rien laisser paraître, trop occupée à vouloir obtenir réparation. L'une des main empoigne une chope et la lance en direction du bougre dont elle ne détourne pas un instant le regard. Evidemment, elle loupe sa cible, laissant le contenant traverser miraculeusement la pièce pour venir se fracasser le long du mur voisin. Voilà une chose qui devient habituel ! La dernière fois qu'elle a fait ça, elle s'est retrouvée menacer d'un tesson de bouteille sous la gorge, puis s'est vue prendre une dérouillée magistrale par un drôle d'oiseau qu'elle pensait avoir mis au tapis. " L'est devenu quoi lui, maint'nant qu'j'y pense ? 'doit être crevé dans un coin et s'fait bouffer par les asticots ! " Néanmoins, cette fois-ci, elle ne visait personne en particulier et risquait donc nettement moins de se voir rabrouer pour son geste.
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