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[Rp] Eh toi! Haut les mains! On veut ton trône!

Neolonie
[Nous entrâmes dans un bois
où nul sentier n'était tracé.
Ses feuilles n'étaient pas vertes, elles étaient sombres ;
ses branches n'étaient pas droites, mais nouées et tordues ;
il n'avait pas de fruits, mais des épines empoisonnées.*]

Comment est ce que ça avait commencé?
Comme d'habitude, avec force boissons et délires crescendo.
Comment ça allait se terminer? Bien malin qui pourrait l'annoncer.

Mais en tout cas, ce qui est certain, c'est qu'une armée en ordre de marche avait quitté la taverne Dioise.
Nul besoin d'épée, de hache de guerre ou de cuirasse.
Juste l'inconscience et l'envie de prendre La place.

Surtout que les motivations étaient multiples.
Les uns se voulaient Roy régnant sur des centaines de pauvres bougres, d'autres se voulaient Nabab aux mille harems.
Néo, elle, voulait surtout suivre les autres, visiter c'pays extraordinaire, arriver à s'mettre de côtés quelques sacs de préciosités quelconque et voir s'il y fait aussi chaud qu'on l'dit.

La nuit était déjà vieille lorsque les torches se sont éteintes.
Toute la bande se retrouvait à des endroits différents, à ronfler en cœur d'un bout à l'autre du village, à moins que des irréductibles ne continuent à discuter en tête à tête avec une chope ou une pipe de coquelicot.

Le génépi semble être un très bon stimulant, mais d'un coup, sans qu'elle comprenne pourquoi, la brune a la sensation d'un coup de massue derrière le crane, ses yeux n'observent plus les planches dé-jointées de sa mansarde.

Elle n'a plus la notion de temps et d'espace et semble marcher sur un sol moutonneux, en pente douce au départ, puis de plus en plus raide.
Les poumons s’essoufflent, les muscles se nouent, mais elle continue de grimper.
A sa droite, à sa gauche, des ombres la dépassent, silencieusement ou avec des cris stridents.
Une seule idée en tête, ne pas lâcher, se battre, arriver debout!
Et surtout, surtout, ne pas se laisser dépasser!



*Dante Alighieri. La Divine Comédie, L'ENFER Chant XIII.

_________________
Kachina
    Je vis plus de mille diables au-dessus des portes
    précipités du ciel, qui disaient pleins de rage :
    " Qui donc est celui-là qui sans avoir sa mort
    s'en va par le royaume des âmes mortes ? "*


Qu'est ce qu'elle fiche là ?
Elle n'en sait foutrement rien.
Simplement qu'elle doit en être.

Elle l'a promis. Elle a dit : Cap !
C'était quelque part en Lyonnais, dans un bouge du coin. Anzi remplissait les chopes. Elle les descendait. Et puis elle a du cesser de respirer un peu trop longtemps. Histoire de s'entrainer pour un prochain baptême.

Comme quoi, faut toujours se méfier des baptêmes.
Se souvenir de se méfier d'Anzi aussi.

Le trou noir........Et puis là voilà. Là....

Elle en est, elle n'est pas seule.
Et c'est bon.
Tout ce qu'elle sait, c'est ça.
C'est bon.
Interdit, dangereux. Excitant au possible.
C'est un défi. Un satané défi, même. Comment y résister ?


Aucune arme ? Faut pas déconner. Néo pousse le bouchon.
Elle a , pour sa part, planqué dans son étui de cuir, deux dagues aux lames aiguisées. Elle veut les cornes en trophée. Elle se les ai promises.

Mais de toute façon, ils ont leurs rires, leur folie et cette sensation qu'ils le valent bien.
Parce que franchement , l'Autre, il se fait vieux. C'est bien trop calme, bien trop fade. Bien trop froid , ça roupille sous la bienséance, les sons de cloches et autres foutaises. Encore heureux qu'il n'y aie pas d'odeurs d'aïl, ils croiraient s'être trompés de chemin.

Entre deux vapeurs d'alcool, elle s'entend murmurer , en hoquetant :


- Que s'allument les feux, hips....foutre dieu ! Que s'enflamment nos vies...Hips !

Arf, ne pas jurer. Passons pour le foutre. Les tentures doivent en être tachées là où ils vont . Mais à vrai dire, Dieu n'a ici, pas sa place. Viré à grands coups de pieds au séant, le vieux moralisateur à la barbe bien trop blanche.

Un haussement d'épaules, quand elle presse le pas.
Impatiente d'en découdre.
Le défier encore une fois.
Forcer sa porte, et lui piquer son trône.
Prendre son âme puisqu'il n'a pas voulu de la sienne.
Ouais !


La nuit est d'encre. Ils sont légion ceux qui marchent avec elle.
Plus la lutte sera dure, plus belle la victoire.

Elle marche.
Echevelée et fière, dédaigneuse , repoussant sans crainte de la pointe de ses bottes, les serpents qui déjà cherchent à s'enrouler à ses jambes gainées de cuir jusqu'à mi cuisses.
Et insolente et sure d'elle, parée de voiles sombres qui effleurent les pierres de lave , elle mord à pleines dents dans la chair d'une pomme.
Rouge la pomme, bien sur.....
Et sa voix résonne à nouveau quand elle lache à l'intention de Néo :


- Je veux la peau de cette garce d'Asmodée !


La divine Comédie, tome 1 : L'enfer de Dante Alighieri - Chant VIII, (82-86).

_________________
Neolonie
[Lieux muets de lumière, enceinte mugissante !
C'était comme une mer levée et frémissante
Quand des vents ennemis combattent sur ses flots.

Le souffle impétueux de l'éternel orage
Emportait les esprits comme au gré de sa rage,
Les roulant, les heurtant avec ses tourbillons.*]


La chaleur.
Une chaleur lourde, poisseuse, qui se glisse à travers les vêtements, qui essouffle le cœur, qui ralentit les jambes.
Un coup d’œil à la brune qui marche à ses côtés, puis aux autres, réduits à des ombres éthérées.

Néo monte toujours, pas décidée à se laisser distancer et pourtant...
Le floconneux a laissé la place à de la pierre dure, glissante, coupante.
Les bottes peinent à trouver des prises.
En fouillant dans ses poches, elle a dégoté un ruban qui enserre la tignasse mal peignée.
A mesure de la montée, la Sauvageonne s'est libérée de son manteau, du bustier dont les lacets resserraient vicieusement leur étreinte sur son torse, comme doués de vie propre.
Il ne lui reste que la chemise qu'elle a déchiré avec ses dents, des lambeaux de toile couvrent ses seins, le restant protège les paumes de ses mains.
Les braies sont plus trouées qu'après le passage d'une armée vengeresse, mais elles protègent malgré tout cuisses et fessier.

Allez, encore quelques efforts!
Les cris paraissent toujours plus désespérés, l'ombre devient malsaine, trouble et troublante.


Bordel!!!

Encore un pas, et c'était la fin.
Néo ignore encore ce qui lui a fait baisser les yeux, mais la voilà devant une faille profonde, sans fond, où coule un fleuve d'âmes perdues.
Une aspiration continue, une respiration putride.
A droite ou à gauche, aucun chemin ne se dessine.
Les autres ont disparu, engloutis par les ombres, par les âmes, ou simplement dissimulés à sa vue?
Le haut semble le bas, le bas semble le haut. De loin en loin, un corps se dresse, semblant l'évaluer, ou tout simplement envieux de la voir sur les berges.


Kachiiiiiiiiiiiii!!

Ouais, c'était pas prévu d'être simple, mais au moins, on aurait du le faire ensemble.
Un plus un égale une multitude.
Mais il n'y a que les cris qui répondent, un brouhaha insupportable, anormalement grave.
Pas question de redescendre, de toute façon vu du haut du cratère, la pente semble trop forte.

Puisqu'on est dans un rêve, autant en profiter.
Se servant d'un bâton comme d'une épée, Néo intime à des cailloux de se dresser pour faire un pont au dessous des remous brumeux.
Certes, elle est moins habile que le petit prince et ses amis, mais ça fera l'affaire.

Il lui faut courir pour éviter que les pierres ne tombent plus vite qu'elle n'avance, et la rive lui parait toujours plus loin, mais enfin, elle met le pied de l'autre côté.


Yahaaaa!!!! J'vous ai eu!

Petite victoire, mais victoire quand même.
De l'autre côté, tout est minéral, noir comme la nuit.
Les pas résonnent malgré le bruit ambiant.


*Dante Alighieri. La Divine Comédie, L'Enfer Chant V.

_________________
Kachina
    Par moi l’on va dans la cité des pleurs ;
    Par moi l’on va dans l’éternelle douleur ;
    Par moi l’on va parmi la race perdue.
    La Justice a mu mon souverain Auteur :
    La divine Puissance m’a faite,
    Et la suprême Sagesse et le premier Amour.
    Avant moi rien n’a jamais été créé
    Qui ne soit éternel, et moi je dure éternellement :
    Vous qui entrez, laissez toute espérance !*



Des râles et des sanglots, des cris. Ici point de manigances, de tricheries. Les âmes sont à nu, écorchées vives, séparées de leur double. Lamentations, suppliques accompagnent ses pas.

Elle marche. Sans un regard en arrière. Parce qu'hier ne revient jamais. Et qu'elle se changerait en pierre si elle se retournait. Elle marche vers un brasier incandescent, s'enivre de ces odeurs de chair brulée.

De toute façon, ce n'est qu'un délire. Un délire comme ceux que vous procure l'alcool quand vous en avez abusé. Elle est ronde, ronde comme une queue de pelle, et elle s'imagine conquérante des enfers.


Elle se souvient de ce qui fut sa vie. De ces instants maudits où elle appelait, suppliait celui dont elle a décidé de voler le trône ce soir.

Saumur et sa supplique sur les remparts, le poison dans la bague et les mots qu'elle criait : Rends le moi ! une heure. Juste une heure, encore. Condamne moi au feu éternel, mais rends le moi.
Cette saleté n'avait pas répondu, la laissant là, à vider sa gourde d'armagnac, le coeur démoli, jusqu'à ce qu'elle crache à la gueule de la Faucheuse.


Et puis encore, cette fraction de seconde, à Belley.
Où elle avait vu clair. Où elle s'était enfin interdite de se mentir encore.
Le froid de février, alors qu'elle sanglait ses malles. Coeur dévasté, déchiré . Avalée par le vide.......
Cette fois, elle n'avait pas appelé à l'aide celui qu'on ne nomme pas. Elle avait juste souri , ravalé la bile qui lui montait aux lèvres.
S'était jurée de ne plus aimer comme ça. Jamais. Mais au plus noir de la nuit, au son des pas des chevaux qui s'éloignaient, elle s'était fait une promesse.


Alors, ce n'est pas une fourche qu'elle tient. Mais une lanière de glace, qu'elle fait claquer sur les dalles, repoussant sans pitié les mains qui se tendent vers elle. Les voiles sur sa peau suggèrent plus qu'ils ne protègent et s'enflamment en une longue traine qui la fait reine.

Elles arrivent. On a, pour elles, dressé la table aux pieds fourchus. Il est là qui préside, et elle s'approche sans peur. La Sans Coeur l'accompagne et foi de Kachi ça va barder.

Elle se penche vers lui, respire son haleine putride, se noie dans les yeux vides et glauques. Du bout des ongles, elle effleure la peau rouge et visqueuse, simule une caresse sur la joue du Sans Nom.

Il ne peut plus rien contre elle. Elle est la Victorieuse, la Survivante.
Les prunelles claires se noient dans celles de Néo. Complices, rieuses.

Avant de revenir, et se faire glaciales sur le Diable qu'elle apostrophe sans vergogne.
Ses mots claquent !


- Dégage ! T'es assis sur notre trône, vilain garçon !

Et dans la gueule du Démon, elle jette sans façon un crapaud. Ouais !

* La Divine Comédie de Dante Alighieri

_________________
Delfezzo
    [ Ah çà ! l'horloge de la vie s'est arrêtée tout à l'heure. Je ne suis plus au monde. — La théologie est sérieuse, l'enfer est certainement en bas
    — et le ciel en haut. — Extase, cauchemar, sommeil dans un nid de flammes.
    * ]


Dié ; les soirs bleu pétrole font des nuits marée noire.

La toute dernière lanterne avait fini par dessiner lentement son avancée vers l'extinction. L'éclat orangé des flammes s'était promené sur les murs le long de la rue, du Pigeon à la municipale. Vacillant, l'éclat. A l'image, finalement, du propriétaire de la lanterne.

Faut dire que les soirées Irraisonnables, c'est pas bien bon pour l'équilibre...

Un battement de cils.
La porte de la chambre s'était refermée sur Fez.
Il avait déroulé jusqu'au bout le fil de l'insomnie ; à présent, il fallait se rendre. Bâillonner la lanterne et se glisser lentement dans le lit, vêtements en boule dans un coin, hoquet un peu traître... Sourire vague, que le sommeil dispute déjà aux souvenirs de la soirée. Et basculer…

Le drap s'était alourdi sur sa peau et une fièvre familière l'avait enveloppé peu à peu.
Sa respiration s'était étirée doucement à mesure que la nuit gagnait du terrain, jusqu'à devenir un pâle fantôme d'haleine promenant ses langueurs dans la chambre silencieuse.




Dites...

La voix provient d’une vieille bouche édentée.
La respiration régulière épouse un vent léger, trop léger, qui apaise et inquiète.

Fez est assis sur un tapis de fleurs couchées. Autour de lui, de grands arbres aux feuillages déliés déploient leurs cimes jusqu’aux nuages. Leurs branches les plus basses sont voûtées : elles ploient sous le poids d’une volée de fruits aux odeurs sucrées, dont les écorces craquelées laissent entrevoir de douces chairs gorgées de jus. Un enchevêtrement harmonieux de racines et de baies sauvages ourle le fleuve non loin. L’eau est translucide. L’herbe est fraîche. Il n’y a pas d’oiseaux…

L’horizon est replié sur lui-même comme une cloche de verre.
Ici tout inspire l’infini et insidieusement, tout est frontière.


Vous n’êtes pas du tout où il faut, vous. En plus, vous êtes en retard…

L’homme est très maigre. Il est installé dans l’ombre d’une pierre qui, visiblement insensible à des choses aussi futiles que la gravité, flotte tranquillement en l’air au-dessus de sa tête.
Il parle sans le regarder.
Ses yeux fuient sans cesse.
Ils vrillent les fruits. L’eau. Le ciel voilé par la caillasse.
Ils redoutent et désirent.

Fez n’a pas le loisir d’en observer davantage, puisque le sol se dérobe sous ses pieds.
La terre avale le vent. Les brins d’herbe se fractionnent.
S’il est au mauvais endroit, il n’a aucune raison d’y rester.
Il tombe.
On s'en va et on s'en vient facilement, dans les rêves... A cette idée-là, Fez jubile. Tant pis pour le vieux visage osseux qui apparaît à l'entrée du tunnel vertical et s'exclame, déjà très lointain :


Attendez ! Cueillez un fruit pour moi…



Une pomme ! Dans la main d'une brune floue, juste là. Elle croque et disparaît... Et là-bas, entre deux tourbillons de fumée poisseuse... Une autre brune. C'est qu'on rêve en équipe !
Il les entrevoit. Reprend sa chute. Tournoie. Il marche peut-être, à présent. Court sans doute... Se hâte dans une succession nerveuse de sur-place et d'avancées formidables.
Il a un trône à conquérir...
Des cortèges d'ombres écarlates et de silhouette vaporeuses le traversent sans le voir.

Il est luisant de sueur lorsqu'il déboule tout au bout d'un long, très long couloir, pavé d'acier grossier, semé de mille portes, qu'il a traversé en flottant dans un courant d'air chaud.


Kachina ? Néo ?

Sa voix est plus rauque qu'à l'accoutumée.
Il croit les voir, à quelques pas.
Autour d'elles, le décor apparaît par saccades.
Les murs s'élèvent et de longs traits de fusain noircissent leurs pierres épaisses...



*Arthur Rimbaud - Nuit de l'enfer (in Une saison en enfer)

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Kachina
    "C'est ainsi qu'il entra et qu'il me fit entrer
    dans le premier cercle qui entoure l'abîme.
    Et là, à ce que j'entendis,
    il n'était pas de pleurs, seulement des soupirs,
    qui faisaient trembler l'air éternel;
    cela venait de douleur sans torture
    subie par ces foules, qui étaient grandes,
    d'enfants, de femmes et d'hommes.*"



Le Malin qui en fait n'est pas si malin qu'on le dit, a foutu le camp, la queue entre les jambes.
Sans demander son reste, il a décampé avec Asmodée, Azrael et toute sa clique.
Juste par la magie d'un battement de cils, d'une Louve infernale.

Louve bien trop affamée. Embrasée ... Un seul S , pour sur lui a fait peur...

Foutre Dieu, elle n'a pas eu le temps de lui voler ses cornes.


Et d'un coup tout chavire dans le décor. Dans une spirale rouge , des langues de feu la transportent dans une tourelle sur des remparts noyés dans la brume.
Sombre la tour....comme sombre est la nuit.
Excepté ce rayon de lune qui vient effleurer et se refléter, joueur , sur la lame acérée d'une dague.
Dague qu'elle contemple, regard empli de convoitise, Louve impatiente, se léchant les babines.
Et sa peau s'embrase par je ne sais quel sortilège...
Foutre Dieu, c'est juste bon. Qu'est ce que c'est bon !!!!
Encore....

"Kachina ? Néo ?"

Mais qu'est ce que Fez fiche en enfer, morbleu ? Quel tricheur celui là !
Pour sur, il veut le trône aussi.

Pile, je le partage, face il est à moi seule......


Un brasero avale la pièce, et elle contemple, fascinée le métal qui fond sous la chaleur du feu.

Les amandes fougères cherchent Néo, se rassurent à la présence de la Sauvageonne. Elle voudrait sans trop savoir pourquoi, demander encore à son amie comment on embrasse un crapaud pour qu'il reste à jamais charmant et prince.
Tout en douceur, ou en féroce impatience ?
Est ce que Néo a seulement la recette ?


- Par les cornes du diable, les saints couillus du pape, je veux un sortilège, un philtre, en envoûtement !!! Je veux...

Voiles déchirés, réduits en cendres, morsures sur sa peau....Elle danse sur les crêtes des remparts.
Equilibre fragile, vie sur un fil, défiant le vide, un parchemin de feu en main.

Bras en croix pour défier l'Autre, là bas, le Bien pensant, le vieil homme à barbe blanche, moralisateur.
Visage offert au vent elle nargue les Dieux et les Diables, sourire vainqueur aux lèvres.


L' ivresse a ce pouvoir là. Aucune frontière entre l'enfer et le jardin d'Eden.




- Hummmmmmmm !!

Le gémissement n'est plus de plaisir , il n'est qu'une plainte, quand elle revient à elle soudain. Un peu comme en chute libre.
Chaque mouvement résonne dans son crâne , percute en elle en coups sourds et douloureux.
Aube blafarde qui se lève. Forêt de pins. Muscles fourbus, paupières qui s'ouvrent et se referment aussitôt , pour fuir la lumière trop vive et agressive.

Bordel, ça fait mal ! Le réveil , après un trop plein de chopes vidées....

L'enfer n'est peut-être finalement que ça !
Avoir le ciel à portée de main, sans vraiment pouvoir l'atteindre.

Le Diable encore s'est joué d'Elle.
Possible ça ?
Qu'il crève.....Elle lachera rien. Jamais...


Ses doigts cherchent à tâtons la gourde, la portent à sa bouche .
Elle en veut encore.
L'enfer est si beau.
Elle y retourne .

Foi de Kachi, elle l'aura .
Le trône et tout ce qui va avec.........Ouais...



*La Divine Comédie de Dante Alighieri

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Neolonie
[« Le rire libère le vilain de la peur du diable, parce que le diable apparaît comme pauvre et fol, donc contrôlable. »*]

C'est fou finalement comme d'une même action, les acteurs ne vivront pas la même chose.
Kachi a effleuré la peau du Cornu et lui a claqué un crapaud dans les dents. P'tete même qu'elle a rit.
Bon elle a des excuses, c'est qu'il est souvent question de crapaud ces derniers temps. De Prince qui n'en sont pas, d'espoirs brisés et de rêves trop sages pour qu'ils puissent se réaliser.

Alors que Néo, elle, pendant ce temps, a cru que la brune était en train de négocier un truc vachement important, du style la vie éternelle, ou l'bordel dans la vie des autres mais pas elles...
Un flacon est dissimulé dans le bras du fauteuil, tout le monde sait que la brune ne saura résister. Alors que les autres palabrent, elle le débouche et en verse quelques gouttes au fond de sa gorge.
Ignorant ce qu'il contient, mais partant du principe que tout liquide doit pouvoir se boire. Pis on est dans un rêve d'façon!

Le résultat ne se fait pas attendre, une boule de feu qui descend de la gorge au ventre pour remonter dans la tête.
L'impression que les os vont se casser, que le corps se disloque et la bouche qui s'ouvre dans un cri silencieux. Tout brûle à l'intérieur mais elle ne peut ni bouger ni parler, juste regarder bêtement le crapaud recraché par le Diable avant que celui ne s'évapore dans une fumée aussi noire que son humeur.

Philtre, envoûtement, Néo a plus que sa dose là!
Le corps qui ne sert plus à rien, dommage, il était quand même pas mal, bref donc, le corps est abandonné sur place comme une peau d'ours devant une cheminée, le truc qui sert à rien par définition mais qui donne des envies systématiques.
Un autre corps qui passait par là, tout aussi confortable mais plus plantureux, est investi pour suivre Kachi dans ses pérégrinations.
P'tain ça fait bizarre d'avoir des seins comme des obus, l'impression que le centre de gravité à changé. Du coup, faut tenir le dos encore plus droit, et ça passe pas inaperçu à en croire les regards des succubes qu'elles croisent.

Finalement se découvrir attirante a du bon.
Néo s'éclate à observer les jeux de séduction, se laisse entraîner dans une alcôve bien sombre, échappe de justesse à des pognes bien franches qui se glissent et s'immiscent... Bref, elle en a échappé!
Son nouveau corps en garde quelques traces, bleus éparses.
Et certaines idées à appliquer lorsqu'elle sera réveillée pour de bon!



Citation:
Kachina ? Néo ?


Elle tourne la tête, cherche celui qui l'appelle, envie d'expérimenter ses nouveaux attraits...
Peu lui importe de conserver le trône, elle se satisfait grandement des sujets, maudits pour l'éternité donc tous disposés à satisfaire ses caprices histoire de passer le temps.
Avance en remuant des hanches vers la silhouette de.... Fez??
Mais à peine reconnu, déjà disparu.
Dommage, il aurait été drôle de tester sa nouvelle... beauté!

Kachi a disparu elle aussi.
Embarquée par une aube blanche.

Un craquement sourd, encore une douleur.
Les yeux qui s'ouvrent avec difficulté, retrouvant la mansarde.

Non, j'veux pas r'venir....
J'étais si bien... Blonde, grasse et désirée...
Allez, encore un peu...


Sous les paupières, l'envie de retrouver l'aspect, l'ambiance, mais les images sont volatiles, ne se laissent pas attraper.
Vouloir, c'est pouvoir!
A force de marmonnements, la brune est repartie dans ses rêves, retrouver la chaleur et l'enfer. Enfer peut être, paradis surement.
A quoi bon se damner si c'est sans application?


Kachiiiiiii!!
Attends moi!
Finalement, j'préfère mon corps.




*Umberto Eco
Extrait de Le Nom de la Rose

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