Atchepttas
A quelques kilomètres d'Arles, une ombre fendait le soleil couchant du sud.
Drapée d'une longue cape en fourrure, Diana Ysgarde tentait tant bien que mal de ne pas s'endormir sur son cheval. Celui-ci connaissait la route, mais il ne fallait tout de même pas pousser la confiance qu'on apportait à un animal.
La route jusqu'aux terres bien connues avait été longue et passé le duché lyonnais relevait d'un surhomme. D'ailleurs elle n'en était pas une. Ceci résumait son état actuel : Capable de défoncer un sanglier pour se détendre et avaler un buf pour calmer son estomac vide.
Serrant ses brides, elle sentit ses mains la faire souffrir. Malgré un fléau digne de ce nom, la bassesse d'un brigand avait eu raison d'elle...et de sa bourse. Tout cela parce que Môsieur le Comte s'était une nouvelle fois endormi lors de leur départ habituel.
C'était son tendre, certes. Et ce fut une bien grande chance pour lui.
Prétextant panser rapidement ses blessures à Valence, la jeune femme ne l'avait tout simplement pas attendu. Elle avait un planning de route à respecter et......NON MAIS SERIEUX JE ME SUIS FAIT DEFONCER LA TRONCHE PAR TA FAUTE !
Diana respira calmement. Zen. Cool. Y'a pas le feu à Argens. Cool.
Bon dieu, si c'était un soldat qui lui avait fait subir le même sort... Non cool, c'est mon tendre. Cool.
Et puis....Il avait su la charmer. Et ceci n'était pas rien. Elle qui fuyait l'amour comme la peste après la disparition assez inattendue de l'ancien vicomte de Lantosque.
Elle n'avait rien vu venir et soudain elle se retrouvait la tête posée contre son épaule à lui sourire tendrement, tous deux assis près d'un feu de cheminée. Elle l'aimait son Comte au fief imprononçable pour un provençal. Elle l'aimait de tout son être, son Wayllander.
Et puis soudain elle se sentit très seule et triste d'avoir eu ce genre de pensées. Revenir en arrière aurait été dangereux pour elle mais le laisser ainsi était dangereux pour lui. D'autant plus qu'il était bloqué à Mâcon à cause d'un nombre important de brigands. Elle l'attendrait à Arles et si besoin elle reviendra le chercher avec du renfort. Mais elle ne pouvait l'abandonner alors qu'il l'avait apprivoisée.
Pour se changer de ses idées négatives, Diana se remémora ses souvenirs de la Provence.
Lorsqu'elle était partie début d'année 62 pas grand chose ne la retenait. Elle venait de terminer un mandat d'Illustre, avait failli défenestrer la moitié du conseil et les mêmes geignards jouaient les bâtons dans les roues avec ceux qui avaient soif de changements. Dieu sait ce qui avait pu changer en 2 ans.
Elle avait continué à prendre des nouvelles régulières de la Provence par l'Assemblée des Nobles et la Hérauderie. Puis quelques mois en arrière, Diana avait quitté cette dernière trouvant la Marquise un peu trop encline à gracier n'importe qui n'importe comment. Maintenant cette dernière n'était plus. Plus Marquise on s'entend. Léger sourire, une pensée manipulatrice lui vint : Les jugements auraient du encore plus s'éterniser.
Et puis il y avait toujours la même rengaine des nobles provençaux à l'étranger. Bla-bla-bla sont pas là, bla-bla-bla méritent pas d'être noble, bla-bla-bla moi je veux une couronne. La noblesse, c'est un art. Et ce n'est pas donné à tout le monde.
Alors certes, elle avait eu une régence en continue grâce à la C..Vicomtesse de Salon mais elle s'était tenue au courant de l'actualité provençale ce que certains nobles vivant en Provence n'avaient fait, sauf quand ça les concernait. Té.
Et puis ce n'est pas faute d'avoir voulu dès le début un vassal, mais bon.
Léger sourire à cette dernière pensée, la Vicomtesse des Arcs sur Argens aperçut soudain au loin les quelques bougies éclairant Arles.
Elle avait signé son retour. Et elle allait bien le montrer.
HRP : RP ouvert à tous. Celui-ci évoluera au fur et à mesure que Diana se déplacera en Provence.
_________________