[RP] Mes chers Parents, je pars ...

Perce_val

J'avais décidé. Je pars.
C'est nul les grands, ça ment tout le temps. Et après ça dit aux enfants qui faut pas mentir. Moi je les aime Torvar et maman, mais eux ils s'aiment pas, et ils m'aiment pas. Maman elle dit elle vient et elle vient pas. Torvar il fait toujours la guerre et des affaires de grands. Il a jamais le temps. Et Cecy elle a dit les enfants ça peut se débrouiller seuls. Et moi je veux me débrouiller seul.
Je crois que mes parents ils m'aiment pas trop trop. ça m'empêche de respirer. ça me fait mal dans mon cœur. Alors je pars. Comme ça ils seront tranquilles.

Et moi je vais à Troyes. Je vais retrouver maman Berthe. C'est la nourrice chez qui le curé il m'avait mis. Elle est rigolote, elle est toute ronde, elle travaille beaucoup aussi mais elle a toujours du temps pour faire des gros câlins. Avec petit Pierre des fois on en pouvait pu tellement elle serrait fort ; mais on rigolait bien. Je vais retrouver tous les enfants avec qui on jouait devant la cathédrale. Mais pas le mari de Berthe. Parce que le méchant chevalier qui m'a enlevé, il lui a coupé la tête. C'est pas bien de couper des têtes. C'est pas bien de mentir non plus.

Je vais bientôt avoir 7 ans ... j'ai regardé ça sera vendredi. Et je serai tout seul. Niallan au royaume des blonds, Torvar à la guerre, et ma Maman je sais même pas où. Tensa il a dit à Sarlat. Il a dit plein de choses. Et j'ai compris. Elle a menti, sur tout. Elle dit qu'elle est occupée qu'elle commerce ... tssssss n'importe quoi. Tensa il a dit elle avait fait la guerre. Et elle était blessée. Et elle m'a rien dit. Et Torvar non plus il m'a pas dit. Elle était blessée et toute seule. Même qu'il a dit qu'elle a failli pas remarcher. Mais que maintenant ça allait bien. Mais elle est pas venue. Torvar y dit il faut du temps. Mais ça fait beaucoup beaucoup de temps de puis qu'on était dans le Sud et qu'elle m'a fait remonter chez Torvar. Pour être à l'abri elle avait dit.
Je crois elle a voulu se débarasser de moi. Et elle dit dans les courriers qu'elle m'aime.

Mes parents ... ils mentent, mais je les aime quand même, alors je vais faire un courrier et à Cecy aussi, parce que je trouve pas à manger moi. Je sais pas comment elle a fait. Je savais pas qu'on pouvait avoir des enfants et pas les aimer. C'est bizarre. En plus à Dijon y avait plein de dames qui attendaient des enfants, et elles disaient toutes qu'elles aimaient déjà leur enfant. Alors qu'ils étaient même pas nés. C'est peut être parce que je suis né qu'on m'aime pas. Je sais pas. C'est bizarre. Heureusement j'ai mes dragons avec moi. Et mon petit matériel d'écriture. J'adore aller au pigeonnier.

Citation:

Torvar,

Y faut pas me chercher, je rentre dans ma première famille. Je veux pas me marier avec Cecy, et je veux pas encore attendre que tu fasses la guerre. En plus c'est dangereux la guerre.
Vendredi j'aurai 7 ans, je serai un grand. Si je veux être chevalier, faut que j'apprenne à me débrouiller.
Les gens y sont gentils. Cette nuit y a un monsieur y m'a fait grimper dans sa charrette. Et j'étais trop content car j'ai croisé Della. Elle était belle sur son cheval, et avec toute son armée.
Je crois elle m'a pas vu.
ça serait bien que tu meurs pas à la guerre parce que Cecy elle a plus que toi. Et moi je voudrais bien te revoir quand t'auras le temps.

Gros bisous Torvar,
Je t'aime fort,
Et fait attention à Vorobei

Citation:

Ma maman,

C'est pas beau, t'as menti. Je sais maintenant. Je sais tout. Tensa il m'a dit que t'avais fait la guerre. Pourquoi tu m'as pas dit que t'étais blessée ?C'est pour ça que tu veux pas que je sois chevalier ?

Tu dis aussi que tu viens, et tu viens jamais. Moi je veux une vraie maman. Berthe c'était une vraie maman, même que quand j'étais petit elle me donnait son sein. Et pas toi. T'étais déjà pas là.

C'est triste parce que je t'aimais bien comme maman. Tu sentais bon et on se ressemblait. On a bien rigolé aussi ensemble. Mais tu veux toujours partir loin. De Torvar. De moi. C'est comme ça.

Prends soin de toi ma jolie maman,
Je veux pas que tu te blesses encore.

Je t'aime tout fort,
pas comme les grands,
pour de vrai moi.

Citation:

Cecy,

ça y est je suis parti. Comme ça tu pourras avoir Torvar pour toi toute seule. Et tu pourras pas me marier. T'as pas de maman alors je te laisse mon papa. Faudra que tu fasses attention à lui, et que tu lui trouves une femme. Une vraie, qui sache faire les gâteaux et qui t'apprenne à mettre des robes.

Moi je suis parti me chercher une maman. Y a un gentil monsieur qui m'emmène. T'as dit que les enfants ça pouvait vivre tout seul alors j'essaie. Mais dis moi où est ce que je peux trouver à manger ? C'est compliqué quand même. Et les sous tu les trouves où ? J'ai beau chercher sur les chemins j'en vois pas. Heureusement y a une gentille dame elle m'a donné un bol de lait chaud ce matin. Mais ça compte pas je l'ai pas trouvé tout seul.
Bon tu me diras !

Ah et oublie pas de t'occuper de tous les animaux, et j'ai laissé Zéphyre mon cheval, parce que je veux pas qu'il soit séparé de Vorobei. C'est trop triste les gens qui se quittent.

Bisous

Maryah

{ There ain't no mountain high enough }

Il n'y a ni montagne assez haute
Ni vallée assez profonde
Ni rivière assez large
Pour m'empêcher de te rejoindre ...

Bon sang !
Son cœur avait fait un bond ! Et puis il s'était arrêté de battre !

Comment ? Pourquoi ? Quoi faire ?
La panique l'avait prise, et les choppes avaient été vidées les unes après les autres, avant qu'elle ne puisse enfin réfléchir raisonnablement. Son fils, son trésor ... lui si sage, si obéissant, si facile à vivre ... parti ! Fugué !

Le sentiment d'injustice l'avait prise aussi. Elle était à deux pas de la Bourgogne, elle venait rejoindre son FILS ! Remettre à sa place Torvar et ses idées saugrenues de mariage pour le petit, et fêter les 7 ans du bel enfant.

Percy avait échappé à la surveillance des cosaques, celle de Torvar ; il était seul face au monde. Il avait le cœur brisé. Il pensait qu'elle ne l'aimait pas.
Dire qu'elle avait fait tout ça pour le protéger d'elle, et cela avait eu tout l'effet inverse. Torvar avait raison : il avait besoin de sa mère. Et perdue dans son égo, dans son dégoût d'elle, elle avait juste oublié que c'était un enfant. Elle avait même oublié que Torvar ne pourrait pas lui donner la douceur que l'enfant attendait pour effacer son enfance mouvementée, alors qu'elle même en avait fait les frais. Mais à quoi pouvait elle bien pensé ?! Pendant tout ce temps ...

Une mère en kit ... une mère inquiète.
Percy voulait rejoindre la Champagne. Il n'avait pas un sou, certainement pas de provisions, elle l'avait laissé sur le bord du chemin, c'était à lui de la laisser sur le bord de la route. Mais les Impériaux, ces sales hyènes avaient pris Reims ; la Champagne grouillait d'armées de tout bord. Alors un enfant de 6 ans ... livré à lui même. Sans carte, sans plan ... juste une demande : retrouver Berthe ... Impossible.

Elle avait écrit d'urgence à ses compagnons de route, les plans avaient changé, et en invité surprise le danger. Elle s'était précipitée au cadastre, elle lui fallait les plans des routes jusque Troyes. Il fallait qu'elle couvre avec ses compagnons l'ensemble des chemins, des routes ... Percy ne s'aventurerait quand même pas à travers bois. Quoique ... Avec tout ce que le Cosaque lui avait enseigné, il serait bien capable d'arriver à bon port.

Elle irait tout droit chez Berthe, juste en face de la cathédrale qui avait vu naitre Percy ... et où le curé lui avait annoncé sa mort prochaine, la sienne et celle de l'enfant. Putain d'enfoiré de curé ! Si elle tombait d'sus, ça allait saigner !

Des heures plus tard, le convoi en route, elle se mit en devoir de faire réponse à qui de droit ...

Citation:

Percy ...

Je suis si désolée de t'avoir menti et si inquiète de savoir ce que tu fais.
Où que tu sois je t'en prie, arrête toi, rejoins la première mairie, fait toi connaitre et écris moi je viendrais te chercher. J'étais tout à côté. Je venais pour ton anniversaire et pour supprimer cette histoire ridicule de mariage avec Cecy.

J'ai menti, j'ai pas été là, et c'est pas beau je sais. Mais tu es mon petit coeur, mon trésor, je voulais pas que tu saches, que tu t'inquiètes ... J'avais peur d'être une mauvaise mère, les mamans ne vont pas à la guerre. Pas celles qui tiennent à leur enfant. Moi je voulais juste parler à Torvar. Les méchants nous sont tombés dessus. Si tu veux pas me parler, écrit à Torvar. Guerre ou pas, il viendra te chercher. L'idée d'être ton père, c'est son idée. C'est sa proposition. C'est un honneur, c'est une chance inespérée. Peu importe que je sois loin, que je reste à côté ou non ... c'est de toi dont il s'agit mon trésor. Juste toi. Ta vie. Ton destin. Torvar t'a défendu quand tu voulais être chevalier. Moi je voulais t'éloigner des combats, je voulais faire de toi un forgeron. Et tu m'aurais maudit pour ça.

Percy ... écoute ton père et ta mère, que tu nous aimes ou pas. On ne choisit pas ses parents, et j'en suis désolée pour toi. Mais tu ne dois pas aller en Champagne. Tu m'entends ? Tu dois rester en Bourgogne. La France est en guerre Percy. Il ne faut pas que tu t'aventures seul sur les routes. Que ça te plaise ou non, tu es un enfant.
Tu es mon enfant.
Tu es mon coeur.
Tu es ma vie.

Je ferai tout Percy, tout ce que tu voudras, je te le promets. Mais reste en Bourgogne. Ecris-nous ...
On vient te chercher.

Je t'aime même si je mens sur d'autres choses,
Je t'embrasse,
J'ai peur ...

Attends moi,
attends nous ...

Ta maman,
peut être pas très douée, mais qui t'aime.

PS : je serai bientôt à tes côtés, nous parlerons de tout ça ... bientôt ce ne sera qu'un mauvais cauchemar. Je te le promets.

Des larmes de peur, de tristesse, d'inquiétude, le visage de la bridée se referma, les mâchoires se serrèrent et la main courut plus vivement sur le suivant parchemin :

Citation:

Torvar,

J'étais à Nevers quand j'ai reçu le courrier de Percy.
Bon sang fichu cosaque tu peux pas m'tenir au courant du départ de m... notre fils ? Tu t'en es pas aperçu ou quoi ???

...

Bref ... Je pense savoir où il est et c'est pas bon du tout. Je crois qu'il va tenter de traverser la Champagne. J'suis à une journée, je fonce. Je vais le récupérer. Reste en Bourgogne et demande à ta Suzeraine de missionner des hommes pour trouver un enfant de 6 ans sur les chemins. Reste où tu es Cosaque. Je ne sais pas s'il m'écrira encore, je lui ai demandé de t'écrire à toi.

Et je sais. C'est ma faute. Alors c'est à moi de réparer ça.

Je te tiens au courant,

L'Epicée.

Elle avait tenté de rester polie, courtoise, et pourtant ... pourtant ... Si elle avait eu le Cosaque en face d'elle, elle lui aurait crever les yeux, elle l'aurait battu à mort, elle l'aurait ... Mais l'idée seule que Percy ai pu s'enfuir à cause d'elle, à cause de leur mésentente entre père et mère responsables, suffisait à la ramener à un semblant de bon sens.
Chaque chose en son temps.
Déjà retrouver l'enfant, ensuite elle aurait bien le temps de provoquer le Cosaque en duel, et d'aller cogner sur ce fichu Tensa qui avait donné toutes ces informations à un enfant de 6 ans !
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Torvar

-Et on fait quoi maintenant ? On....

La porte venait de s'ouvrir discrètement dans l'une des salles de causerie du collège des nobles. La discussion allait bon train même si elle devenait sarcastique et ironique. Torvar tourna légèrement la tête pour se rendre compte de l'identité du visiteur. Ce dernier lui faisait signe d'approcher aussi le cosaque fronça les sourcils en se levant précipitamment. Déjà l'autre lui tendait un pli tout en reculant légèrement. Cela ne présageait rien de bon toute cette histoire... Torvar en prit connaissance avant de lâcher un juron dans sa langue maternelle. Se tournant d'un bloc vers la noble assemblée, il lâcha quelques mots presque venus du tréfonds de ses entrailles.

- Veuillez m'excuser, je dois vous laisser... une affaire familiale requiert toute mon attention mais je gage que vous saurez me dire ce que nous faisons pour l'histoire qui nous concerne....

Un salue presque mécanique vint clore la discussion et déjà, le cosaque s'engouffrait dans les couloirs du bâtiment.

- Mais comment a-t-il pu faire ça ce gosse ? Il n'était pas sous la surveillance de Drobomir ? Et lui il est où ?

Le petit bonhomme que l'on avait presque obligé à venir porter le pli au cosaque avait du mal à suivre la cadence des pas du géant de l'est et il dut se mettre à courir pour arriver à réduire la distance qui les séparait et ainsi lui répondre essoufflé.

- Messire, votre cousin vous attend de pieds fermes à Cheny... il dit qu'il n'a rien vu venir, qu'il a donné des corvées à faire au petit et que lorsqu'il y est retourné, votre fils n'y était plus...

Regards noirs lancés à tout va au pauvre herre qui se posait là à ses côtés, Torvar contenait sa fureur car ce n'était pas à ce gars-là qui devait essuyer les plâtres. Non c'était à Drobomir d'en subir les conséquences et conséquences il y aurait... pour la perte de son fils, 10 coups de fouet ! A l'ancienne comme lorsque lui-même avait manqué de respect aux anciens et qu'il avait mis des jours à s'en remettre. Soupirant de plus belle, les pas s'allongèrent pour rentrer plus vite à Cheny. Vorobeï attendait dans la cour, Torvar fut promptement installé sur son dos afin de galoper coute que coute vers sa destinée.

Les heures avaient défilées et il était arrivé fourbu mais conscient que les choses allaient vite dérapées. A peine pied à terre que le cosaque vit Drobomir se précipiter dans sa direction. Et Torvar se retourna, le poing en avant, fracassant le visage de son cousin en hurlant.

-Espèce de sautard, comment as-tu pu le laisser partir comme ça ! Je t'avais bien spécifié de le garder à l'œil parce que je connais MON FILS !

Et un petit coup pour la forme, puis un deuxième puis une pluie de coups sur la trogne de Drobomir si bien que d'autres cosaques arrivèrent et les séparèrent. Le cousin n'avait pas cherché à se défendre sachant trop bien que Torvar avait raison. Il fut remis sur ses pieds, le visage en sang, le regard baissé vers le bas. Mais déjà, le seigneur de Cheny reprenait de plus belle, le doigt pointé dans la direction de Drobomir.

- Je vais te laisser entre les mains de Maryah et tu comprendras ta douleur mais avant ça, tu prends des hommes et tu le retrouves. Et rapidement.

Torvar crispait ses doigts de cette main souffrante depuis des années qu'il cacha dans la poche de son mantel. Et avant que les hommes disparaissent de son champ de vision, il rappela le fautif.

- Et Drobomir... pour la peine, tu es condamné selon nos lois ancestrales à 10 coups de fouet. Mon fils a autant d'importance que moi et tu lui dois attention et respect. Ne l'oublie plus jamais !

Le dernier regard lancé par Torvar en disait long. Il avait droit de vie et de mort sur n'importe qui de son clan qui vivait sur ses terres. Certes son neveu Matveï détenait le commandement de la tribu là-bas sur leur terre natale mais ici, ils étaient chez lui et tous autant qu'ils étaient feraient mieux de s'en souvenir.
Prenant la direction de son bureau, Torvar s'installa à la table de bois lustrée par les ans et ses différents propriétaires puis il sortit un vélin afin de répondre à son fils.

Perceval,

Puisque tu vas avoir 7 ans vendredi, autant que je commence à te nommer par ton véritable nom. Perceval Kedzia Nazarov. C'est ainsi que dorénavant tu te nommes et c'est ainsi que tu te feras appeler puisque nous l'avons voulu avec ta mère.

Tu as des choses à revendiquer, soit. Je le conçois tout à fait. A ton âge, il est naturel de vouloir s'affirmer mais ne crois-tu pas que tu aurais pu avoir la franchise de le faire face à moi ? Tu veux devenir chevalier mon garçon, commence par réfléchir et faire les choses avec correction. Donc tu retournes dans ta première famille. En cela je ne trouve rien à redire sauf que lorsque j'aurais lancé les cosaques à tes trousses, famille d'avant ou pas, tu ne pourras pas vraiment te cacher. De plus, il me suffit de sonner l'alarme et faire circuler le mot comme quoi tu as fugué et en tant que fils de bonne famille, tu seras ramener par le fond de tes braies. Crois-tu vraiment que cette fuite soit réalisable ?

Maintenant, passons aux choses sérieuses. Je sais que tu comprends ce que je te dis alors ouvre bien tes oreilles bonhomme parce que je ne le redirais pas cent fois. Ta mère et moi t'avons aimé, moi plus tardivement qu'elle parce que je ne te connaissais pas avant mais crois-tu vraiment que je t'aurais voulu comme fils si tu n'étais pas comme tu es ? Et puis sérieusement Perceval, crois-tu que Cecy ait besoin d'un mari et toi d'une femme, à vos âges ?

Cecy t'a taquiné avec ça et moi de même. Jamais elle ne se mariera avec toi et inversement. De une parce que Cecy n'est qu'une petite rebelle qui doit apprendre les bonnes manières et parce que de ton côté tu as des choses à vivre. Vous faites partis tous les deux de la même famille alors va falloir vous accorder et vous aimer comme un frère et une soeur à défaut d'être un oncle et une nièce. Je crois que Cecy ne sait pas trop ce que cela veut dire... elle apprendra avec le temps.

Maintenant, en ce qui concerne la guerre, je n'y retourne pas. Je vais juste régler quelques problèmes et je reviens à la maison alors profites-en pour faire demi-tour et rentrer toi aussi. On pourra se retrouver là-bas et on discutera de tes revendications tranquillement. Qu'en dis-tu ?
Ceci étant, je ne te mentirais pas Perceval, Drobomir et ses hommes sont à ta recherche alors il est l'heure de te conduire en grand garçon et de faire les bons choix.

A toi de voir qui tu es vraiment MON FILS.
Torvar.

La fatigue n'aidant pas la main du cosaque, la seconde lettre fut un peu moins lisible que la première mais elle était adressée à Maryah et il savait qu'elle ne lui en voudrait pas, du moins pour ça. Pour le reste.

Maryah,

Crois-tu franchement que je l'ai fais exprès ? Drobomir devait le surveiller parce que je ne suis plus à Sémur... J'ai dû quitter la ville pour régler quelques soucis mais je serais de retour rapidement je l'espère.

Sache tout de même que j'ai envoyé les cosaques à la recherche de notre fils puisque tu veux bien m'accorder le droit de le nommer encore ainsi. Et qu'ils te rejoindront là où tu le souhaites. D'ailleurs, Drobomir est au courant que tu sauras lui faire comprendre ton enchantement quant à la situation. Démerde-toi avec, il sait ce qui l'attend à son retour.

Pour l'heure, j'ai écris à Percy pour lui demander de revenir... à voir s'il m'écoutera. Il me semble en vouloir à la terre entière.

Fais attention à toi quand même. Et Maryah... retrouve-le...
T.

Les lettres furent données et prirent leur envol pour chaque destinataire. Quant au cosaque, il devait repartir. On l'attendait pour d'autres réjouissances, réjouissances qui risquaient de mal finir...

Maryah

Le courrier de Torvar avait été lu à la hâte. Il n'avait pas été aussi dur qu'elle s'y attendait, pas aussi lâche non plus qu'elle s'y attendait. Elle pensait qu'il lui mettrait la faute en plein visage, qu'il aurait plaisir à remuer le couteau planté dans son cœur à l'annonce de son fils, mais il n'en fit rien. Au contraire. Il lui sembla à travers les mots que le Cosaque était aussi inquiète qu'elle au sujet du petit ; et quelque part, son cœur recommença à battre lentement, faiblement.
Alors avant la chevauchée infernale et nocturne, elle prit le temps de répondre :

Citation:

Torvar,

Je ne comprends pas où Percy a trouvé les ressources de s'échapper, mais je ne t'en veux pas. Je sais qui est la responsable de ce bazar.

Par contre, je ne veux pas des Cosaques dans mes pattes. Je ne veux plus jamais revoir Drobomir, sinon tu ne le reverras pas vivant. Garde le au chaud, cache le de ma vue. Merdeeeee Percy n'a que 6 ans ! Que tes hommes surveillent les routes de Bourgogne, Percy se rendra peut etre compte que son projet est totalement fou et reviendra à Cheny.
Je vais de ce pas en Champagne, là où il a grandi. Je le retrouverai, je le promets.

Maryah

Arrivée au petit jour à Troyes

Le jour n'était pas encore levé quand l'attelage de Maryah et ses compagnons fit irruption sur les routes de Champagne. Les petits sentiers avaient été battus par Maupas et Ganael, de bons cavaliers, pendant que Maryah, incapable de remonter à cheval, conduisait la charrette sur la route principale où elle posait tout un tas de questions à tous les gens qu'elle croisait.
Cela avait valu quelques bagarres, mais au détour d'une auberge, elle avait appris qu'un homme brun de bonne famille, voyageait avec un gamin bridé. Ils étaient sur la bonne piste et Maryah sentait la cage autour de son cœur s'écarter progressivement.

Le convoi avançant toujours plus vers son but, Troyes, Maryah prit conscience à quel point son fils était têtu ... et débrouillard. Son "petit Trésor" avait trouvé le moyen de se faire accompagner. La rage qu'elle nourrissait à l'encontre de Tensa était sans limite. Elle n'avait même pas voulu en parler à Torvar. Le Cosaque était un nobliau, pieds et poings liés au pouvoir bourguignon ; il ne saurait pas venger Percy, Maryah s'en chargerait. Et dès qu'elle aurait retrouvé l'enfant, elle laisserait libre court à cette rage, amplifiée par la peur de perdre son unique raison de vivre.
Peut être même qu'elle intenterait un procès à son encontre. Et contre celui qui escortait à priori son fils. Mais pour le moment, elle devait le trouver.

Arrivés dans Troyes, les compagnons prirent chacun un quartier à fouiller. Quant à Maryah, elle s'était gardée le secteur de la Cathédrale. Là où elle avait failli mourir, là où on lui avait dit que le petit ne survivrait pas. P'tain de curé, c'est depuis ce jour là qu'elle avait nourri une rage sans nom contre eux. Et avec ces copains réformés, elle n'avait eu aucun remord à en brûler ou embrocher quelques uns ! Mort aux curés !

Il devait être 4 ou 5 heures du matin, les rues étaient désertes, le calme régnait. Mais ça c'était avant. Avant que la brune ne se pointe devant la bicoque délabrée de celle qui avait été la nourrice de son fils.
Et là, se raidissant et portant ses mains autour de sa bouche, elle cria comme elle ne l'avait pas fait depuis des lustres :

BERTHE ! REVEILLE TOI ET SORS !
JE SAIS QUE MON FILS EST CHEZ TOI !
RENDS LE MOI OU JE FAIS CRAMER TA BARAQUE !

Et torche en main, la menace était sincère.
Maryah priait de tout cœur pour que son fils soit là, en sécurité, au chaud. Mais elle l'avait déjà dit : on NE touchait PAS à SON fils !
Croix de bois, croix de fer, si elle mentait elle irait s'égosiller dans l'Enfer Lunaire.
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Lope.

Troyes, la vie militaire et ses ennuis. Pas de mine à cause de l'occupation allemande, donc pas de tournées pour occuper ses nuits au Lorrain. En plus Aurchide lui avait fait faux bond et il s'ennuyait ferme. Du coup, il se rabattit sur une autre occupation qu'il chérissait tout autant : l'troussage d'galantes. Et oui, certains s'adonnent sans honte aux détroussages de passants, je vois pas pourquoi notre obèse devrait avoir honte de faire rayonner le prestige lorrain dans les armées de France et dans ses chaumières. Comme à Francfort ou à Vienne, bientôt Nancy sera connue pour sa spécialité et ce sera pas la quiche, tiens le pour dit.

Troyes donc. Après quelques vagabondages, il se rendit au lavoir, lieu préféré des don juan en goguette en manque de gueuses pour jouer de la gigue. Il y rencontra rien de très folichon hormis une dénommée Berthe qui lui alluma directement les sens avec ce qu'elle avait au balcon lorsqu'elle se penchait pour faire sa lessive. Ni une, ni deux, le roux joua des trémolos en lui affirmant qu'il était moins molo, s'enquit des battements de son coeur en glissant une paluche dans son corsage et d'un commun accord, les deux tourtereaux se donnèrent rendez-vous dans la maison de l'ancienne nourrice, car Lopé était sans domicile fixe. Et bigre ce fut magique.

En pleine charrette de Troyes (la préférée des chevaliers), ils furent néanmoins interrompus par une gueulante qui venait de l'entrée. C'était tout de même une sacrée mode ici, qu'on ne lui laissait jamais finir correctement son travail. Lopé ravala sa bile et regarda sa divine conquête alors que la bise froide sur son fessard imposant lui rappela qu'on était déjà en octobre.

- Dîtes y ma mie, z'attendiez quéqu'un à cette heure ? Z'avez payé toutes vos taxes ? Non paske si c'est la maréchaussée faut m'dire, qu'je mette les adjas en filant par la fenêtre hein.

Torvar

Il avait chevauché toute la nuit pour revenir à Dijon. Et même si l'envie de retourner à Mâcon pour sentir la chaleur de quelques instants passés près d'Eliance lui avait arraché des grognements, Torvar était là, à nouveau. Une main posée sur le front de Cecy, il l'observait depuis un moment, cherchant à savoir si le mal qui la rongeait plus profondément qu'on le lui avait dit. Un bruit à ses côtés lui fit tourner la tête, un godet tendu remplit de son breuvage favori. Il remercia Drobomir pour son intention avant d'aller se poster à nouveau dans le fauteuil de la chambre. Son cousin prit place sur la margelle de la cheminée, tournant le liquide ambré afin que ce dernier s'échappe le long des parois de l'étain du verre... Le silence se faisait de plomb entre les deux hommes alors le cosaque prit finalement la parole.

- izvinite* Drobomir.... je sais que tu voulais assister Maryah dans la recherche de Percy mais elle ne veut pas de toi dans ses pattes. Elle te tient personnellement responsable et veut ta mort...

Un soupir s'échappa de la bouche de Torvar, un soupir qui en disait long sur ce qu'il pensait. La haine qu'il avait de cette décision mais aussi la tristesse de voir son cousin aussi bassement humilier. Il l'avait déjà puni de coups de fouet, n'était-ce pas suffisant ? Apparemment non puisqu'ils étaient face à un point de non retour. Torvar se passa une main sur sa nuque extrêmement tendue puis il plongea son regard glacé dans celui de Drobomir.

- je vais écrire à Maryah et lui dire que tu parcourras les routes de Bourgogne avec des hommes à nous... mais je t'interdis d'aller à sa rencontre. Elle semble savoir où il a pu aller c'est une bonne chose mais je tiens à garder notre famille unie et je ne veux pas te perdre parce qu'elle passera ses nerfs sur toi. Tu as toujours pris soin de Percy et je pense qu'il a murement réfléchi avant de s'enfuir... alors fais ce que je te demande Drobomir et pour une fois, fais-toi violence et n'anticipe pas. Ce n'est qu'un gosse merde !

Torvar se leva, vida son godet et alla se mettre à la table de la petite chambre, sortant un vélin et de l'encre. Il lui fallait répondre à l'Epicée, il lui fallait lui dire les choses, il lui fallait...

Maryah,

Je sais que tu retrouveras ton fils, une mère sait faire ces choses-là. Et apparemment tu en sais plus que moi sur cette histoire. Mise à part le fait que Percy est parti, qu'il me reproche de faire la guerre et qu'il est en colère contre toi et moi, je ne sais rien... mais ainsi va la vie n'est-ce pas ? Tout le monde a ses secrets et je ne suis pas dans toutes les confidences.

Je prends note de ta demande concernant Drobomir même si, et là je dois parler au nom des miens, tu nous humilies. Je suis plus pacifiste du fait que je vis dans ce royaume depuis plus de vingt ans mais ce n'est pas le cas de mon clan. Et ne pas laisser réparer tout ceci est un affront à vie... tu comptes un ennemi à vie Maryah, je tenais à te le faire savoir. Quant à moi, ma priorité est Percy et j'ai déjà puni Drobomir. Il a reçu son châtiment.

Maintenant je l'envoie sur les routes de Bourgogne avec ordre de t'éviter. Fais-en autant si tu le croises... c'est une histoire sans fin si vous devez vous foutre sur la gueule.

Tiens moi au courant

T.

Le cosaque signa puis relu... que pouvait-il dire de plus ou de moins. Il savait que ça risquait d'être mal interprété et lui serait au milieu des deux... c'était là le prix à payer d'être entre deux mondes, de vivre pour les siens quels qu'ils soient !
Le pli fut porté rapidement au coursier, à lui de se débrouiller pour trouver l'Epicée.

izvinite : désolé

--Bertheee

La vie c'étions pas bien facile. Des hauts, des bas, de quoi vous faire virevolter, vous faire secouer, vous faire vomir tripes et boyaux ou vous faire sourire entre monts et merveilles.

Depuis la mort de mon Joseph, deux ans plus tôt, je m'étions trouvée bien seule. Sûr qu'y avait la marmaille : Louis, Paul, Matthieu, Gontrand, Jacques et Ficelle la petite dernière. Mais c'étions tout de même pas pareil qu'un bon grassouillet, grand, costaud, robuste, qui s'en allait miner, travailler aux champs et ramenait de quoi becqueter pour toute la famille. Les trois plus grand avaient du s'y mettre, depuis le malheur qui avait vu Perceval partir et mon époux passer l'arme à gauche.

Le petiot qui avait attiré les foudres du sans Nom sur notre maisonnée, était d'ailleurs revenu la veille au soir. C'étions pas pour m'arranger, une bouche à nourrir de plus .... soit ... soit ... c'étions surtout deux mimines de plus pour bosser. Et le petiot me devait bien ça. Pis c'étions juste pour paraitre plus maternante, plus généreuse, plus bonne devant le Soldat Lorrain que j'avais accepté le retour du petiot différent.
J'avouons que le petiot m'ayant été confié tout bébé par le curé, j'avions un peu peur des foudres du très Haut.

La nuit venue, j'avions couché les mioches, Perceval et ses histoires abracadabrantes étions partis se coucher avec Jacquouille. J'leur avions chanté une comptine, et tchac la soirée était à moi.
Car ce soir j'avions comme invité d'honneur, un soldat grassouillet et valeureux. Un qui avions le ventre aussi élastique que le mien, qui sentait bon la vinasse bon marché, mais qui avions quand même toutes ses dents. Et surtout, qui voulions bien de moi. J'allions pas faire la difficile, car j'vous le rappelions : les temps sont durs, et la guerre n'étions pas pour arranger le tout.

De tonnelet en tonnelet, le gars devenions plus bavard et plus entreprenant, et fut pas difficile de l'entrainer entre mes guiboles et contre mon généreux croupion. Un fort ramoneur mon légionnaire. Qu'il était beau qu'il sentait bon le ... vin chaud. La paillasse accusait le tout, mais j'encaissais avec dignité, entre râlements rauques et cris aigus. Une castafiore comme on n'en ferions jamais plus. Mais moi j'en voulais plus et toujours plus, la tête en haut, la tête en bas ... et pas que, d'ailleurs !

J'étions pas loin d'l'extase quand une gueularde de premier ordre se mettions à crier devant chez moi. Et mon soldat de ralentir la cadence. Et de commencer à ouvrir la bouche, ce qui me gâchions tout le plaisir parce qu'aussi robuste et enrobé fut il, l'était tout aussi sot et pochetronné.

Han ... Ha ... Ho ... continuions ... continuiiiiiiiiiiiions ... hoooo ... haaaaaaa

J'avions bon pousser la chansonnette n'en restions pas moins que je réfléchissasse ... sache... vous voyez ce que je voulions dire.

- Dîtes y ma mie, z'attendiez quéqu'un à cette heure ? Z'avez payé toutes vos taxes ? Non paske si c'est la maréchaussée faut m'dire, qu'je mette les adjas en filant par la fenêtre hein.
- OUi ... ouiiiii ... OUIIIIIII ... j'avions tout payé ...
Ho ... HOOO... HOoooo Merdasse ! Le mioche ! Le tout tordu des yeux !

Et là j'arrêtions tout. Je tremblions sur le plumard.

Ho Vindiou ! manquions plus que ça ! Vas y toi Soldat ... va ... va lui rendre son gamin ... moi j'pouvions pas ... j'pouvions pas faire ça ... c'est trop ...

J'insinuons qu'c'étions trop triste. Mais j'pensions bien que c'étions trop dangereux. La dernière fois que quelqu'un était venu chercher le gamin, mon défunt époux en avions perdu la tête. Pas qu'il était devenu fou. Mais le Chevalier qui était venu chercher Perceval lui avait littéralement tranché la tête.
Alors soldat pour soldat, autant que c'ui-ci servions à quelque chose !

Lope.

Aussitôt dit, aussitôt fait. N'ayant bien entendu aucune idée d'quel mioche parlait la Berthe, il se dirigea néanmoins vers l'entrée et vers le vacarme. Ce qui était commode vu qu'à vue d'ouïe c'était le même lieu. Il enfila rapidos ses braies histoire d'être présentable même devant un agresseur. La graisse de son bide jouait des politesses aussi et couvrait fort heureusement la toison qui bouclait de ses braies bâillantes. Il prit la chandelle qui trônait à leur côté, témoin vacillant de leurs émois (belle phrase hein ? prends, je te l'offre).
Boum, boum, boum.

La masse de l'obèse cognait contre les parois jusqu'à ce qu'il arrivât vers la porte. Il la poussa, pour se trouver devant la gueularde. Il se dressa, d'un mouvement qui se voulait menaçant, de toute sa hauteur. Puis, à mesure qu'il approcha, il distingua les traits de celle qui eu l'impudence d'interrompre le coit et il en resta coi. 'Fin juste un moment. La baveuse de Lopé ne restait jamais silencieuse longtemps.

- Kék't'es toi ? T'as entendu des cris alors t'es v'nue t'rincer l'oeil ? J'comprends, j'comprends. T'veux tester la charcutaille lorraine aussi ? Moi j'ai rien contre les bridées, j'suis po raciste. En plus j'ai toujours voulu goutter l'épicé. Sinon, pourquoi est-ce qu'tu nous joues l'invasion des huns là ? Non parce qu'une orientale qui veut tout cramer, ça sent l'réchauffé j'te le dis tit suite. Ca t'dirait d'aller jouer l'ouesh-we-khan plus loin steuplait histoire que la Berthe là-haut s'refroidisse pas trop des jambons. Juste par solidarité féminine tu devrais m'laisser terminer le numéro, tu comprends ?

Et voilà. Il avait pris des pincettes en plus, certain que c'était la meilleur façon d'aborder cette Maryah qu'il ne connaissait pas encore.
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Maryah

Malheureusement, les pincettes n'avaient pas du tout été suffisantes. L'Epicée, remontée comme jamais, quand il s'agissait de son fils, avait regardé d'un oeil suspicieux le porc ... euh l'homme ... s'approcher. Elle l'avait déshabillé du regard, bon vrai qu'y avait pas grand chose à faire de plus, car à part la pudeur des braies, rien ne lui était vraiment caché.

Elle avait donc vu le rondouillard roux sortir de la bicoque, les joues aussi joufflues que les gros doigts de pied. Mais finalement le spectacle visuel n'était rien comparé au speech qu'il commença à débiter sous le regard incrédule de Maryah.

Mais qu'est ce que c'était que cette énergumène ? La colère de Maryah s'était transformée en étonnement, en incompréhension, avant de remonter à l'énervement, la colère, et le passage à l'acte ...
Ce gros cochon ne croyait quand même pas qu'elle venait pour son corps de rêve ... Non ?... Si ! Il croyait qu'elle venait demander ses faveurs ?! Les yeux de la Bridée s'écarquillèrent, et elle resta un instant bouche bée en l'entendant parler de charcutaille lorraine. Bon sang ... un Lorrain ... Mieux valait pour lui qu'il soit du côté Français ; s'il en était autrement, elle ferait de lui une abondante chiffonnade qu'elle fumerait elle même ! Dire que pour venir jusqu'icy elle s'était préparée à jouer à saute-armée, à cogner quelques impériaux, voire même quelques Français si on lui interdisait le passage. Et comme dernier obstacle, pour savoir si son fils était vraiment arrivé jusque là, c'était ... "ça". Cette chose difforme et qui, à coup sûr, avait encore les mains grassouillettes du précédent repas. D'ailleurs, l'homme s'étant posé face à elle, même légèrement plus court sur pattes qu'elle, elle n'avait pu éviter l'haleine chargée, où les relents de vinasse de mauvaise qualité ne laissaient aucun doute.

Lui parler d'Epicé et de Huns, n'avaient dans ce contexte, vraiment pas été une bonne idée. Maryah était passée de fâchée, à farouchement vexée, puis pleinement désabusée : c'était certain à présent, le gars était suicidaire ! De louve, elle était devenue dragonne, et à la fin de la répartie du Bavard, la fumée devait lui sortir des narines et des oreilles.
L'idée de lui parler des jambons de Berthe avait été purement désastreuse. Parce qu'au délà de l'attente, si Percy était là, ça voulait dire qu'il devait assister aux cris des ébats crasseux qui devaient avoir lieu là dedans. Dire que Percy préférait ce genre de mère ... mouarfffff ... la colère de la brune était décuplée.

Interdite, elle resta un instant bouche bée à observer l'homme du Sans Nom, rouquin de sa condition. Et puis lentement les mots et les réflexes lui revinrent et le drame commença :

J'suis qui moi ... j'suis ton pire cauch'mard le rouquin !
Joignant le geste à la parole, elle attrapa d'une main son oreille, et de l'autre les monstrueux bijoux de famille qu'elle enserra fermement le forçant à reculer. Menaçante, elle ne résista pas à un ferme coup de boule ... faut dire que la taille de l'homme le lui permettait et que pour une fois, ce n'était pas elle la naine ! Le sang commença à apparaitre sur le visage rubicond et déjà rougeaud, quand elle en profita pour tirer agilement une lame et la lui glisser sous la jugulaire. Et puisque le gros lard se croyait irrésistible, elle lui susurra à l'oreille :

T'es un marrant toi ... hein ? Et t'aimes la charcutaille ... C'qui te sert à réjouir la Berthe, ça f'rait un joli saucisson à vendre en p'tite rondelle sur les étals du marché dès la première heure demain ? hein ... t'en penses quoi ?

Prise d'une rage bien ancienne, elle serra encore plus ses petites affaires ... non ça n'avait rien de petit ... ses monstrueuses affaires !
C'est toi qui voit ... soit j'tranche ton fuseau lorrain ... soit tu m'dis si mon fils est à l'intérieur ...

Un sourire démoniaque apparut sur le visage de Maryah, alors que la lame glissait lentement sur le ventre rebondi, cherchant à rejoindre sa cible ...
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Bannière réalisée par LJD Pépin_lavergne

Perce_val

"Pars et ne te retournes pas ...

Cet air t’en souviens tu ?
Cet air t’en souviens tu ?
Cet air je m’en souviens comme un rêve qui m'étreint
Toute la chaleur détient la douceur de sa main

Chaque fois qu’une chose est sifflée
Un morceau de ta vie est passé
Oui pars et ne te retourne pas
Chaque fois qu’une chose est sifflée
Un morceau de ta vie est passé
Va et tu le retrouveras
..." *

Je suis parti. Je ne me suis pas retourné. J'ai lu leurs courriers de plus en plus inquiets.
Papa, maman, Diego, Alaynna ...
J'ai pas répondu. J'en ai parlé à Frans, il a dit : "pas maintenant".
Alors j'ai attendu.
Alors j'ai continué à respirer.
Alors j'ai réappris à rigoler, à m'amuser.

On a voyagé loin, longtemps.
J'ai pris le temps de repenser à tout ce qui s'est passé.
J'ai choisi de ne pas regretter.
Demain, demain je serai Chevalier.
Je l'ai juré.
Je me le suis juré !

On est enfin arrivés.
On s'est installés.
J'ai prié, j'ai jeûné.
Je me suis entrainé.
J'ai beaucoup parlé,
Et je suis devenu meilleur.
J'ai grandi, comme Il dit.

Mais depuis 2 jours je suis malade,
C'est pas digne d'un Chevalier, mais pour la première fois j'ai réclamé ma maman,
C'est comme si je l'avais un peu oublié et ce matin j'aurai voulu me retrouver dans ses bras.
J'ai fermé les yeux, et emporté par la fièvre, j'ai imaginé la vie que j'ai longtemps rêvée : je me réveillais et maman me regardait tendrement, glissant une main dans mes cheveux. Elle m'embrassait fort et je respirai sa divine odeur.
Et puis papa arrivait et nous entourait tous les deux de ses grands bras. Il embrassait le front de maman et le mien, il me proposait de partir en forêt faire une cabane où je pourrais inviter Mano et Lucrezia ! Il disait qu'il fallait qu'on fasse une grande cabane parce que tatie Jiji, Alaynna et Diego venaient manger ce soir !
On était tout excité, tous les trois. Maman nous disait de nous dépêcher et me promettait de faire en dessert mon gateau préféré, celui avec des noix et du miel. J'étais trop heureux et ...
... je me réveillais en sursaut.

Frans me posa un linge sur le front, avant de me dire doucement en me tendant un parchemin, et une plume imbibée d'encre :

" Le temps est venu ... "
_ Le temps de quoi ?
_ Ils te manquent non ?
_ ...
_ Ecris-leur ; dis-leur ce que tu as sur le cœur,
Et ta fièvre tombera sans même que Germaine n'ait à te faire avaler d'infâmes plantes et jus de chaussettes !
Je vais voir avec sa Grâce, s'il peut les faire venir ...

Sans un mot de plus, il était parti, me laissant un traité nommé " De l'art de la Guerre".
Il était très fort Frans. Il savait les choses avant même qu'on les lui dise.
A croire que le vieux Soldat était avant toute chose, Devin.

Je réfléchis longtemps à ce que je voulais dire,
Et puis la plume commença à gratter les parchemins ...

Citation:

Papa, Maman,

Je m'excuse.
Je sais je vous ai fait du souci.
Mais je devais m'éloigner et disparaitre un peu, comme dit Frans, c'était nécessaire !

Maintenant c'est nécessaire que je m'explique.
Je vous aime bien et vous m'aimez fort.
J'ai une place dans votre coeur, mais pas dans votre vie.

Ralez pas ...
Toi papa, tu passes ton temps à faire l'amour et toi maman, à faire la guerre.
Vous adorez tous les deux faire des conquêtes, chacun à sa façon.
Maman tu prends ta revanche sur la vie, toi papa sur l'amour.
Mais aucun de vous ne veut une vie de famille.
Aucun de vous ne veut avoir à se coltiner un enfant et à lui apprendre la vie.

Je suis là dans le décor, parce que vous étiez trop jeunes pour comprendre ce que vous faisiez. Je sais pas trop comment vous vous êtes rencontrés et comment vous vous êtes aimés suffisamment fort pour avoir un enfant, mais je crois que rien de tout ça aurait du se passer.
J'ai tenté de vous raisonner, de vous réconcilier, de vous faire parler. ça a été de pire en pire.

Alors j'ai arrêté.
Alors j'ai réfléchi à ce que je voulais vraiment.
Et je l'ai fait. Je suis parti avec Lui.
Je n'ai qu'une vie, je n'ai pas de temps à perdre.
Au mois d'octobre, j'aurai 9 ans ; je serai bientôt un adulte.
J'ai besoin moi aussi de vivre ma vie.
J'ai pas envie d'être un poids pour vous.

Vous croyez tous les deux qu'aimer les gens, c'est juste leur dire "je t'aime".
Bah c'est pas ça.
Aimer c'est être là pour l'autre,
C'est le connaitre et l'accompagner dans ses envies,
L'aider à réaliser ses rêves.
Si vous m'aimez vraiment,
Alors laissez moi devenir ce que je veux.

Bientôt je vous dirai où je suis,
Et ce que je fais,
Avant de crier, de raler et de vouloir me récupérer,
Réfléchissez à ce que vous avez fait pour moi pendant ces 9 premières années ...

Je vous aime quand même,
Tout fort même,
A très vite,

Percy le bienheureux

PS : je vous laisse l'adresse du pigeonnier où vous pourrez m'adresser vos courriers si vous le souhaitez

Vrai que je les aimais,
Plus certainement qu'ils ne pourraient jamais m'aimer avec leur cœur brisé.

J'attrapais l'ouvrage sur la Guerre que m'avait laissé Frans,
Et commençant à le lire, je fredonnais cet air qui me tournait en tête inlassablement :
" Chaque fois qu’une chose est sifflée
Un morceau de ta vie est passé
Va et tu le retrouveras ... "

On verrait bien si après mon départ et mes explications, je les retrouverai ...

Mais mon esprit n'était pas tranquille,
Je revoyais les grands yeux d'Alaynna et les petites quenottes de ma soeur,
Je savais que Mano attendait de mes nouvelles, car je m'étais confié à lui avant de partir. Je me rappelais de la force et de la gentillesse de Diego, et je repris deux parchemins pour écrire à ceux qui pendant les derniers temps avaient été mes parents de remplacement :

Citation:

Diego, Alaynna,

Je m'excuse.
Je sais je vous ai fait du souci, mais je devais le faire.
Pour moi, pour papa et pour maman, pour qu'ils soient enfin libres.

Je voulais que toi et Alaynna, vous sachiez que je vais bien.
Je suis entouré et on s'occupe bien de moi.
Tous les deux, vous avez été un peu comme des parents de remplacement, et je vous en remercie tout fort.

J'espère que vous allez bien, et mes frères & sœurs aussi. Bah oui, vos enfants, c'est un peu comme mes frères et sœurs.
Bientôt je pourrais dire à papa et maman, où je suis,
Mais je vous en prie, dites leur de ne pas venir me chercher.

Moi aussi je veux vivre heureux,
Et je peux pas l'être si je sais que je suis un poids pour les autres.
Bientôt je serai un grand et je ferai de grandes choses !

Je veux aussi que vous sachiez que votre gentillesse et votre amour me manquent,
Je vous aime bien tous les deux,
Prenez bien soin de vous en attendant qu'on se voit !

Percy le bienheureux

PS : je vous laisse l'adresse du pigeonnier où vous pourrez m'adresser vos courriers si vous le souhaitez

* Cet air, M & Lamomali

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Alaynna

J'étais en train de jouer avec Anna Gabriella, profitant de quelques rayons de soleil qui n'arrivaient tout de même pas à me réchauffer, quand le pigeon s'est abattu sur moi. J'ignore comment il a fait pour me trouver, mais il m'a trouvé. J'ai froncé les sourcils en reconnaissant l'écriture sur la missive et j'ai senti cette boule au ventre revenir. Et ouai. J'en veux à Niallan pour ça aussi. Il m'avait offert un beau-fils et il a tout foutu en l'air. Il a beau me dire, et Diego aussi, que ça ne change rien, que c'est pareil, qu'il le reste quand même, je sais bien moi, que no, ce n'est pas la même chose.
Et je m'en veux. Parce que je sais que lorsque je cherchais Loras, je n'étais pas aussi présente que j'aurai du l'être pour celui qui n'était déjà plus mon beau-fils. Et pourtant, rien n'aurait pu prédire cela, mais cet enfant, je m'y suis attaché. Et ce indépendamment de son père ou de sa mère.
No, je ne l'aime pas moins parce qu'il est le fils de Maryah. No, je ne l'aime pas plus parce qu'il est le fils de Niallan.
Je l'aime pour ce qu'il est lui. Et même si au tout départ, l'on aurait pu croire que cet enfant était bel et bien parti pour me détester, j'avais compris qu'en fait, il n'en serait rien.
Aussi, je n'en parle pas, je n'en souffle mot à personne, mais Percy me manque. Parce que je me suis attaché à lui. Ne plus jouer au chevalier avec lui ça me manque.Ne plus lui lire des histoires le soir, ça me manque. Ne plus le voir se rapprocher en douce de moi pour venir me faire des calins, ça me manque. Ne plus l'entendre râler me manque aussi, tout comme ses petites blagues, ou même ne plus pouvoir lui servir son verre de lait.
Il est le demi frère d'Anna-Gabriella. Aussi, Anna a eu droit à la lecture de la missive, tout comme si c'était sa petite histoire du jour. Son père ne lui en envoie plus, et même si j'ai trouvé dans la bibliothèque du manoir de Gabriel de nouvelles inspirations pour les histoires à venir, je trouve que c'est bien de lire cette lettre à Anna.

Je veux m'assurer qu'il va bien, parce que je le connais ce petit loustic, il est un peu comme moi. Du genre à vous assurer qu'il va bien alors qu'en fait, il ne va pas bien du tout. Plume et vélin sont bientôt sur la tablée. L'un des vélins que m'a envoyé Eliance d'ailleurs. Je sais qu'avec Percy ils ne s'aiment pas des masses tous les deux, mais aucun des deux ne saura ni d'où vient le vélin, ni à qui j'ai pu écrire avec.

Percy,

Alors ça y est, tu as pris les choses en main toi-même pour réaliser ton rêve et devenir un chevalier. Je sais que tu vas y arriver, même si ton père trouve que c'est trop jeune, moi je peux t'assurer que neuf ans, c'est l'âge idéal pour être écuyer et apprendre à devenir plus tard un chevalier. Et je suis certaine que tu seras un excellent chevalier.

Dis moi que tu vas bien et que ce n'est pas encore un de tes récits enjôlivés que tu m'envoies afin que je ne m'inquiète pas pour toi. Tu veux bien me dire, à moi, qui s'occupe de toi ? Je promets que je ne le répèterai pas, pas même à ton père et que je ne viendrais pas te chercher. Mais juste que, ça me tranquilliserait de le savoir. Et puis tu n'as jamais été un poids pour moi. Enfin si, juste la fois où tu m'as dit que ton père s'était marié en blanc avec Neijin, cette fois là j'ai eu envie de t'étriper parce que mon pauvre petit coeur avait morflé. Mais morflé vraiment grave. Mais au final, ce n'était rien à côté de ce que ton père m'a fait souffrir, donc finalement, j'ai oublié ce que tu m'avais dit ce jour là après. Je voulais que tu le saches.

Comment se portent Miel et Laqué ? Anna va bien. Elle grandit. Elle dit papà, mais ça je crois que ton père te l'avait dit. Elle dit mamà aussi. Et puis maintenant elle se retourne toute seule dans son berceau, et elle rampe par terre. Mais elle rampe drôlement bien ! Je suis sûre que si tu jouais à ramper avec elle, vous pourriez faire la course tous les deux.

Ton père va venir nous voir, il doit arriver dans quelques jours mais promis, je ne lui dirai rien. Je ne lui dirai même pas que tu m'as écrit. Par contre je le dirai à Diego quand même, puisqu'il sera là lui aussi. Mais je lui dirai en privé pour être sûre que personne ne nous entende. Je vais quand même le dire à Gabriel aussi parce que de toute façon son andouille de garde, Ludry, lui répète tout, et ne me demande pas comment il fait pour tout savoir, je l'ignore.

En ce moment, dans le manoir de Gabriel, je chasse les fantômes. Si, si. Je t'assure que j'en ai entendu un crier et puis j'entends des bruits de chaines et des gémissements aussi quelquefois qui sortent des gros murs de pierres du manoir.
Alors avec Eugène, le majordome de Gabriel, on leur fait la chasse.

Je ne suis plus à Marseille, je suis à Châlons, en Bourgogne. C'est une longue histoire, je te la raconterai quand on se verra.
Prends soin de toi, et je te promets une chose, je ferai tout pour que ton papà et ta mamà te laissent tranquille vivre ta passion. Je vais demander à Diego de m'aider pour les convaincre. Je trouve que ce serait une belle preuve d'amour pour toi, qu'ils te laissent vivre ta passion et qu'ils t'encouragent en ce sens.

Tu me manques Percy. Beaucoup. J'aurai voulu rester ta belle-maman pour toujours tu sais.
Anna a voulu te faire un dessin au dos de la lettre. Si. Je sais que ce ne sont que quelques petits traits de plume un peu en vrac, mais elle n'a encore que dix mois, donc j'ignore ce qu'elle a voulu te dessiner. Sans doute quelque chose pour ne pas que tu l'oublies et je pense qu'elle voulait te dire qu'elle ne t'oublie pas elle non plus.

Je t'aime, et Anna et moi on t'envoie des bisous.

Alaynna.

Je n'ai pu m'empêcher de déglutir et passer un doigt sur ma joue tuméfiée, en relisant la lettre. Percy était mon seul espoir d'avoir un fils. Même s'il n'était que mon beau-fils, au fond de mon coeur, je sais que je l'aime comme un fils.
Et personne ne pourra m'empêcher de veiller sur lui, même si je dois le faire de loin. Personne ne m'enlèvera tous ces petits moments passés avec lui. Et j'ose espérer qu'il y en aura d'autres. Parce que j'aimerai qu'il n'oublie jamais qu'il a une petite soeur et pour moi il n'y a pas de "demi". Anna est sa soeur.

J'ai longuement regardé le pigeon reprendre son envol avant de reprendre mon jeu avec Anna-Gabriella.
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Diego_corellio

Il faut croire que l’expression « quand on parle du loup on en voit la queue » se vérifie. Le loup en question c’est Percy, et même si je n’étais pas en train d’en parler, y penser ça revenait presque au même puisqu’un dialogue avec soi, ça vaut ce que ça vaut mais c’est tout de même une conversation.
Je me demandais après combien de temps j’étais supposé écrire une autre lettre au gamin pour savoir où il était. Oui parce que bon c’était pas mon gamin et tout le monde sait qu’avoir deux parents sur le dos c’est déjà lourd, alors avoir un type -dont on ne sait pas trop le rôle dans l’histoire à part qu’il s’est tapé la maman en question- sur le dos ça doit être carrément écrasant. Et écrasant je n’aime pas l’être.

La plume tapote le vélin d’un geste impatient quand les pensées dérivent vers Maryah. Plus de nouvelles d’elle non plus. Il faut croire que dans cette famille, le silence est un trait de caractère héréditaire. Comment lui annoncer que son fils a disparu, alors que j’avais promis de m’en occuper, de veiller sur lui ? Comment dire à une mère que son enfant ne donne plus signe de vie ? Je pense qu’il n’y en a aucune.
Et connaissant (très approximativement) Maryah (et les mères en général), pour sûr que non seulement elle allait paniquer, retourner tout le royaume pour trouver son fils, et ensuite me passer à la moulinette pour en faire du hachis Parmentier.
C’est en intense séance de réflexion que le pigeon est arrivé, porteur de nouvelles salvatrices. Aussitôt un sourire se peint sur les traits italiens et une réponse est esquissée sans plus attendre.

Citation:

Percy Chevalier,

Je suis heureux de lire enfin de tes nouvelles. Soulagé aussi je crois.
C'est pas facile de s'improviser papa de substitution d'un grand garçon, oncle ou rien du tout en fait j'en sais rien, je sais simplement que c'est pas aisé d'y trouver sa place.
En fait, je crois qu'on a tous eu un problème de place. Toi tu vois, tu ressens ça comme un poids. Moi je l'interprète comme une place. Pas un manque de place. Il y a toujours de la place pour tout le monde, l'espace est extensible quand on se donne la peine. Disons plutôt un cul trop petit pour une place trop grande, et inversement.
Ou des chaises tournantes. Oui, c'est ça, des chaises tournantes. Parce que les grands c'est toujours en train de changer de sièges et des fois il arrive qu'on se retrouve le derrière entre deux chaises. On est pas très à l'aise dans cette position. Et puis je comprends qu'à force de tourner autour des chaises à la recherche d'une place, non seulement on ait la tête qui tourne, mais surtout on ne trouve plus sa place ou sa chaise. Un peu comme quand on est bourré.

J'aurai aimé que tu m'écrives plus tôt afin que nous soyons rassurés.
J'ai angoissé qu'il ne te soit arrivé malheur, j'ai craint, à chaque pigeon qui revenait que ce ne soit pour annoncer une mauvaise nouvelle, de ces nouvelles que l'on ne veut pas lire, jamais.
Peut-être que j'aurai du moins m'en faire. Mais je te vois comme les jumeaux, je te vois encore si jeune, alors qu'indéniablement tu as grandi. Tu n'es presque plus un enfant. Tu es presque un grand. Alors, peut être que je devrai cesser de m'en faire pour toi. Peut-être seulement.
Parce que même si tu n'es pas mon fils, je t'ai quand même vu pousser un peu. Juste un chouia. Mais un chouia assez pour prendre la décision de gérer ta vie tout seul.

Je sais pas vraiment si c'est une bêtise que tu es en train de faire. Des fois je me demande si on aurait dû entendre ton cri de détresse au milieu de tes silences ? Ou peut-être que tu avais simplement besoin de prendre ton envol vers un ailleurs qui recèle bien plus de promesses que des tavernes avec des adultes qui ne savent que se prendre la tête et se compliquer une vie qui, de base, n'est pas facile.
Finalement tu apparais comme le plus lucide de nous tous.

Je suis fier de toi Percy. Vraiment fier (si on oubli la frousse et les nuits blanches que tu m'as fait passer). T'as eu le courage de faire ce que j'ai mis tant d'années à me décider à tenter. Tu sais moi aussi je suis parti un jour de chez moi. Mais j'étais plus vieux. Moins courageux aussi. Moins battant. Et surtout, surtout, je n'avais pas de rêves après lesquels courir.
Les tiens sont beaux, ils font sourire. Une certaine personne m'a dit un jour que les rêves étaient fait pour nous faire nous accrocher à la vie, nous faire lutter mais qu'on ne les atteignait jamais parce qu'on s'essoufflait avant. Aujourd'hui, en t'écrivant, je crois pouvoir dire qu'elle avait tort.
Tu es la preuve vivante que courir après ses rêves n'est pas vain. Et qu'au bout il y a une récompense qui mérite les efforts et les épreuves endurées.

Tu me fais penser à mon fils Ezio. Je ne le connais pas très bien, mais je crois qu'il t'aurait plu. Il voulait devenir chevalier. J'ignore s'il a réussi, mais il avait le cœur pour. Peut-être que je t'en parlerai dans une prochaine lettre, maintenant que nous savons ou t'écrire.

Autant te dire que les jumeaux n'étaient pas contents du tout quand ils ont découverts que tu étais parti. Ils étaient vexés et surtout inquiets. Ils sont bien sûr encore trop petits pour tout comprendre vraiment, mais pour eux, tu es le grand frère, celui qu'ils ont toujours espéré sans jamais voir arriver. Ils t'ont adopté et se fichent bien que votre sang soit différent. Tu resteras toujours ce frère qui leur a mis des idées de dragons dans la tête. Tu leur manques Percy. Tu me manques à moi aussi. Chaque matin, quand les jumeaux viennent câliner dans le lit, je me rappelle le temps ou toi aussi tu courais avec la même fougue vers ce lit encore plein de sommeil.

Je sais que la vie que les jumeaux et moi menons n'est pas idéale, mais sache, que si un jour tu veux revenir, tu y auras toujours une place. Dans celle de tes parents aussi d'ailleurs. Il ne faut pas leur en vouloir, c'est pas facile d'élever un enfant. Même s'ils ne font pas toujours tout comme il faut, ils t'aiment c'est indéniable.

Je laisse la plume aux jumeaux, qui sont impatients de te raconter toutes leurs fantastiques aventures et surtout d'écouter les tiennes.

Je t'embrasse, même si je sais que tu préfères que je te serre la main, par lettre c'est pas le plus pratique.
Fais attention à toi, tu es presque grand mais pas encore tout à fait.

Diego.

Sitôt le point final apposé, je pars en quête des jumeaux pour leur annoncer la bonne nouvelle et surtout (parce que les mômes sont très prévisibles) je me prépare à devenir scribe pour chieurs.

Mano, Lucrèce venite i miei amori !
Mano, Lucrèce, venez mes amours !
Quooooiiiii papaaaaa ????
Che cosa vuoi?
Qu’est-ce que tu veux ?

Les deux dangers publics se ramènent au pas de course (ils sont bien dressés les vilains, et surtout, ils savent qu’avec cette intonation de voix, c’est forcément une bonne nouvelle). Je m’agenouille afin de me retrouver à leur hauteur et leur montre le vélin en souriant.

C’est Percy, il a écrit et il va bien. Il est grand grand comme ça et en tant que grand et ben il fait sa vie maintenant.

Deux grands sourires viennent illuminer les trognes enfantines, avant qu’ils ne se mettent à sautiller sur place impatients.

On peut lui écrire nous ?
Et on va le voir quand ?
Est-ce que c’est un chevalier maintenant ? Est-ce qu’il a tué des dragons ?
Et il est où ?
Il est avec qui ?
Et est ce que….
No ! Stop ! Vous allez pas vous y mettre à faire comme Charlie hein ! Je vous lis la lettre, ensuite vous écrivez et vous attendez, pour l’amour du ciel qu’il vous réponde au lieu de me questionner sur des trucs que je sais même pas ! zou les monstres !

Les petits détalent vers l’étage, prêt pour leur séance d’écriture ou plus exactement de dictée.

Citation:

Percy, c’est ton copain Mano.

Moi je suis trop content que tu aies écrit et que maintenant c’est moi qui t’écris parce que ça veut dire que t’es pas mort. Papa il avait trop peur que tu te sois fait attaquer mais en vrai moi je savais que ça meure même pas un Percy, parce que un Percy c’est fort fort fort comme ça.
Bon et ben du coup t’as été chassé le dragon c’est ça ? Ou alors je sais ! T’as trouvé des indices pour trouver le trésor et ensuite tuer le dragon ? Ou alors t’es parti pour être chevalier ?

Dis, pourquoi tu m’as même pas emmené avec toi hein ? Ça serait trop chouette si on était tous les deux ! A la place t’es parti et on se retrouve avec une petite sœur. Imagine comme c’est nul. Parce que d’abord c’est une sœur voleuse de papa et ensuite et ben c’est une fille alors c’est deux fois plus nul ! Nous on te veut toi, parce que toi t’es notre vrai frère. Et puis t’es un garçon et moi je préfère les garçons parce que les filles c’est vachement nul, ça a peur de tout en plus…

J’ai une nouvelle épée et elle est trop belle. Je te la montrerai quand tu reviendras. Ah et puis aussi j’ai fait du cheval tout seul comme un grand. En fait c’était du poney, mais après j’ai fait du cheval. Est-ce que là ou t’es tu fais du cheval ?

Bon, il faut que je te laisse, Ezia veut écrire aussi et papa dit qu’on doit partager.
Tu viens me chercher quand ? Moi je t’attends hein. Ou alors je demanderai à papa qu’il m’emmène avec toi.

Mano.

Citation:

Percy mon chevalier,

C’est Ezia ta princesse qui t’écrit. J’ai dit à papa que je voulais une écriture de fille mais il dit qu’il sait pas faire alors tant pis. Moi je suis un peu beaucoup triste que tu sois plus avec nous, parce que et ben j’ai peur quand t’es pas là parce que Mano c’est pas encore un vrai chevalier et moi je suis une princesse et les princesses il faut que ce soit protégées. Et puis aussi et ben tu me manques, c’était plus rigolo les jeux tous les trois. Maintenant avec Mano et ben on s’ennuie un peu.

En plus t’avais dit on allait se marier. Ou peut être c’est moi qui l’a dit. Mais c’est pareil et en fait t’es plus là du coup on va plus se marier. Et c’est nul. Moi t’es mon amoureux avec Mano. Papa il dit on peut pas avoir deux amoureux et on peut pas être amoureux de son frère mais il est bête. Est-ce que t’es encore amoureux de moi ou je dois me trouver un nouveau chéri ?

Je sais que tu t’en fiches mais j’ai pleins de nouvelles robes trop belles ! Et puis là on voyage avec plein de monde et c’est vraiment trop chouette. Et on a toujours notre petite sœur, ça c’est un peu moins chouette. On a pas le choix alors tant pis. Mais c’est vraiment nul que tu sois parti sans nous. T’avais dit on partirait tous les trois comme des grands. C’est nul.

Je te fais des bisous et des câlins aussi et puis aussi un cœur là.

Ezia ta princesse.

Je soupire de soulagement quand elle se tait satisfaite. Je n’aime pas écrire pour les jumeaux, parce que ça m’écorche de devoir écrire toutes leurs bêtises. Mais j’ai promis et on ne rompt pas une promesse faite à des enfants. Les trois vélins sont donc roulés ensembles, accrochés à la patte du robuste oiseau et expédiés vers le jeune destinataire. Le cœur se fait léger quand je regarde le volatile se faire la valise à tire d’ailes.
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Ban : JD Calyce

Niallan

Père et Fils.*

J'ai jamais su comment gérer cette relation. En me cantonnant à la définition littérale, ça aurait pu le faire. Un père, selon le Larousse -qui n'existe pas à l'époque donc on parlera de la rousse de la cambrousse- est un « Homme qui a engendré ou qui a adopté un ou plusieurs enfants ». La partie fabrication ne m'a jamais posé de problèmes et je dirai même que c'est ce que je sais faire de mieux. C'est la partie entretien qui a toujours été plus compliquée. C'est pas comme des rosiers qu'il suffit de tailler, un animal qu'il suffit de nourrir ou un employé qu'il suffit de payer. En plus de ces trois choses -précisons que la taille concerne seulement celle des tifs-, il faut quelque chose d'aussi compliqué à définir qu'à appliquer.
Toujours de l'amour, une attention toujours en action et une prévenance jamais en vacances

L'amour toujours. Check.
L'attention toujours en action. Moyen check.
La prévenance jamais en vacances. Échec de check.

J'aime mon gamin plus que ma propre vie et, aussi difficile à croire que ce soit, que l'opium et les femmes. Peut-être que je le montre pas comme il faut, peut-être que je devrai lui dire plus souvent mais c'est le cas. Quand il déboule dans la taverne en courant, je perds le fil de la conversation pour le couver du regard, ébouriffer ses cheveux et le soulever du sol. Ça me rend heureux. Quand il prend la défense des plus faibles, rêve d'attraper un dragon et offre sa confiance même à ceux qui ne la méritent pas, je souris. Ça me rend fier. Quand il a mal au cœur ou au corps, j'ai mal. Ça me rend tout flippé, inquiet et pour finir paniqué.
J'aime quand il saute sur mon lit pour me faire un câlin, j'aime qu'on parte à la chasse aux dragons, j'aime quand le lait qu'il boit lui dessine des moustaches. J'adore nos chasses aux dragons et nos batailles de farine.
J'aime mon fils.
Et il me manque.

Il est parti, par ma faute. Par défaut de qualités.
Plus précisément, deux qualités me font défaut pour être un Papa, un vrai. L'attention et la prévenance. Faut pas croire, j'y fais gaffe à mon gamin. Quand son front est trop chaud, qu'il tousse ou qu'il a le nez qui coule, je sais que je dois l'emmener chez le médecin. Quand il reste muré dans son silence en taverne, qu'il reste au campement ou qu'il traîne en chemin, je sais qu'il est triste. Le problème c'est que j'ai du mal à savoir pourquoi. Je lui demande, il me le dit, parfois. De toute façon, ses réponses me conviennent jamais.
Je change trop souvent de femmes. Eh oui, fiston, tes parents sont des conquérants.
Il a trop de frères et sœurs. C'est une suite logique au point précédent.
On formera jamais de famille. On y serait pas arrivés, on se serait déchirés avant d'avoir des cheveux blancs.
Il aime pas notre vie. Mais on en aura jamais d'autre parce que ce serait pas une vie, on crèverait d'ennui à petit feu.

Alors il est parti. Je lui ai écrit, plusieurs fois, sans jamais recevoir de réponse. Je l'ai cherché, sans jamais le trouver Alors moi aussi je suis parti.
Et aujourd'hui, plume en main, je déglutis difficilement en relisant pour la énième fois sa missive. Mon petit gars... Je passe une main sur mon front, crispe mes doigts autour de la plume. J'ai envie de lui hurler de revenir, de lui interdire de partir. Et pourtant...

Citation:

Mon fils,

Je suis soulagé d'avoir enfin de tes nouvelles même si j'en aurais préféré des plus belles. Y'a bien une ritournelle qui tourne dans ma cervelle...
Ce n'est pas le moment de changer
Reste calme, prends-le bien
Tu es encore jeune, c'est ta faute
Il y a tant de choses que tu dois savoir
Trouve-toi une fille, installez-vous
Si tu veux, mariez-vous
Regarde-moi, je suis (presque) vieux
Mais je suis heureux

Autrefois j'étais comme toi
Je sais que ce n'est pas facile
D'être calme quand on trouve
Quelque chose qui continue
Mais prends ton temps, pense beaucoup
Pense bien à tout ce que tu as
Qui restera encore là demain
Mais tes rêves non.*

Je te la chanterai bien à demi-voix en te regardant dormir du sommeil du juste. Je réarrangerai même tes cheveux en écoutant ta respiration paisible. Mais je sais que si tu m'entendais, tu chantonnerais
Comment puis-je essayer d'expliquer
Quand je le fais il s'en va encore
Ça a toujours été la même
Même vieille histoire ;
Au moment où je parle
Il me demandait d'écouter
Maintenant il y a une manière et je sais
Que je dois partir loin*

Je veux pas être ce vieux con rabat-joie qui te débite des histoires d'un temps révolu dont tu n'aurais jamais voulu. Je veux pas que tu soupires d'ennui en lisant cette lettre ni que tu finisses par arrêter de me parler parce que je t'écoute pas assez. Je veux qu'un jour tu reviennes auprès de moi, qu'on se voit, même si ça signifie accepter tes choix qui me plongent en plein désarroi.

J'ai peur Percy. Je sais que « Lui » t’entraînera et t'apprendra tout ce que tu as à savoir. Je sais aussi que tu es un petit-garçon-presque-adulte-mais-pas-tout-à-fait-quand-même extrêmement doué et que rien ne saurait t'arrêter. Mais j'ai peur. Tu pourrais perdre la vie à cause d'un ennemi, ça me terrifie. C'est pas seulement ça qui me fait trembler. J'ai peur que tu perdes ton innocence, celle-là même qui te fait courir après les dragons, protéger les princesses et marier ton père à ta tatie sous le règne de la fée farine.
Et puis...tu es grand alors je peux te le dire honnêtement, égoïstement j'ai peur de perdre mon petit garçon pour le voir devenir un homme.

Malgré tout, je vais te laisser vivre ta vie et courir après tes rêves. Je vais te laisser devenir Chevalier.
De toute façon, je pense que je n'aurais jamais pu te retenir. Tu es comme maman, comme moi. Tu n'arrêteras jamais de courir après tes désirs, même les plus fous, de te battre pour ce que tu veux et de dire merde crotte aux envieux ou à ceux qui voudraient t'en empêcher. Pour citer tatie Jiji « C'est bien le fils de son père, hein. Quand il a une idée en tête, il l'a pas autre part. ». Maman est exactement pareil. On a chacun nos rêves, comme tu l'as si bien dit mais on use tous de la même fougue pour les réaliser.

Je sais que tu ne comprends ni n'approuve notre histoire avec ta mère. Pourtant, toi, Lexi et Anna êtes mes plus belles réussites, mes plus grandes fiertés et mes plus précieux trésors. Il en va de même pour ta maman, à la différence près que tu es son seul enfant. On s'est aimés si fort qu'on t'a créé, toi, notre fils. Notre unique fils. Tu es un mélange parfait de nous deux, tu n'as pris que nos meilleurs côtés et rien que pour ça, peu importe la finalité de notre histoire d'amour, je ne regrette pas de l'avoir vécue.
Tu as ses yeux et ses cheveux ; tu as mon sourire et ma tâche de naissance.
Tu as sa force et son courage ; tu as mon côté rêveur et mon humour.
Au-delà de tout ça, tu as notre amour à tous les deux.

Mais j'ai des conditions. Tu croyais quand même pas t'en tirer aussi facilement ?!
Ecris-nous, à maman et moi, qu'on sache toujours où tu es, avec qui et si tu vas bien.
Reviens-nous. Au moins pour noël et quelques fois par an, qu'on voit comment tu grandis et que tu nous racontes tes aventures.
Souviens-toi, tu auras toujours ta place, même si elle est entre deux chaises, elle sera toujours dans nos bras.
Sois heureux, pour nous. Mais avant tout pour toi.

Je t'aime, de toutes mes forces.

Papa.

P.S : Si tu as le moindre problème, que tu te sois en danger, ou que tu te sentes seul, dis-le moi et je viendrai te chercher.

*Traduction paroles et titre Cat Stevens - Father and son

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Maryah

Mais tu t'en vas ....

Le messager est venu la trouver en plein bûcheronnage. La Bridée, l'Exotique, l'Epicée ... réduite à se cacher dans une maudite forêt, à tutoyer les Ours, à vivre loin du vrai Monde, par dégoût, manque de goût ou faute de goût. Par ras-le-bol. Pour taire ses envies de vengeance, meurtrières, sanguinaires.
Elle se contient, elle se gère. Là près du frère, à abattre des arbres, débiter du petit bois et du moins petit ... S'épuiser, s'acharner, sur la hache salvatrice. Quand les muscles parlent, la tête se tait. Et c'est bien comme ça.

Alors quand le messager arrive avec une certaine cadence, elle le dévisage et lui retire le courrier des mains sans plus attendre. Elle reconnaît l'écriture ... celle de l'enfant qui se mure dans un silence depuis deux mois. Et sa première réaction est de fermer les yeux, et déglutir cette boule d'angoisse, qui lui a fait redouter le pire. Elle a payé le messager, s'est enfoncée un peu plus loin dans la forêt pour en découvrir le contenu.

Dès les premières lignes, elle s'est appuyée contre un arbre, et elle s'est laissée tomber progressivement au pied de celui-ci.
Deux maudites phrases ne cessent de lui tourner en tête : " Je vous aime bien et vous m'aimez fort. J'ai une place dans votre cœur, mais pas dans votre vie. "
Sa gorge se serre, ses poings se crispent, son regard se fait plus noir, sa peau plus sombre que jamais. Elle voudrait crier. Elle voudrait frapper. La colère l'envahit, la tristesse finit de l'achever.
Oui, oui elle voudrait crier, lui crier que :
- " tu m'aimes bien, je t'aime tout court, la différence s'appelle l'amour ... "
- " j'ai des envies de magie noire dont tu n'as pas le moindre doute ... "

...

Le paragraphe qui suit lui fait perdre son sang froid. Percy, son petit trésor, a écrit " se coltiner un enfant" ... Cette fois-ci, elle se relève, elle fait les cents pas, elle tape sur tout ce qui croise son chemin, s'abimant les mains, les genoux, s'égosillant à hurler à l'injustice, au manque de reconnaissance.
L'espace d'un temps, elle pense avoir tout fait pour lui ; pour son amour, son trésor, celui dont elle se prive jour après jour pour le protéger de ses mauvaises fréquentations et de menaces toujours aussi nombreuses. Et lui il pense qu'elle l'aime ... un peu ... qu'elle ne veut pas de lui dans sa vie ... qu'elle le délaisse ...
Et l'instant d'après, elle le comprend ; oui elle l'a laissé à son père, oui il souffre de son absence, de leur absence, et oui elle n'a rien fait pour aller contre ça. Alors non, non elle n'est pas une bonne mère. Non, elle ne prend pas tant soin que ça de son enfant. Non, elle n'a pas d'avenir à lui promettre ; elle avait tant compté sur Torvar pour ça, et voilà qu'il est mort.
Et voilà qu'elle avait reporté le tout sur Niallan, peut être qu'il saurait faire, peut être qu'il saurait l'aimer ; après tout, il était bien content de trouver son fils quand Alaynna l'avait abandonné à son triste sort. Et ... et non, il n'avait pas su faire. Ils étaient vraiment des parents en toc, en soldes, au rabais, ....
A cet instant précis, finissant la lettre, elle aurait voulu mourir, disparaître, s'évaporer. N'avoir jamais existé. N'avoir jamais lu ce qu'elle lisait ...
" Je suis là dans le décor", " J'ai pas envie d'être un poids pour vous ", " Si vous m'aimez vraiment ", " Réfléchissez à ce que vous avez fait pour moi pendant ces 9 premières années ... " ...

Elle n'affiche plus la Bridée. Elle réalise. Elle s'énerve, elle crie, elle pleure ... en silence.
Game Over.
L'échec est rude, l'aveu terrifiant.

Elle voudrait courir vers lui, le serrer dans ses bras, tout lui expliquer, de son amour de Niallan, de sa condition de courtisane, du meurtre qu'elle n'a pas commis et de la prison, et du duc ...
Elle voudrait qu'il sache comme elle était si innocente de tout à ce moment, si fragile, si peureuse,
Elle voudrait qu'il entende comme Niallan l'a sauvé du désespoir,
Et comme elle a cru mourir quand on lui a annoncé que l'enfant ne serait pas viable.
Elle voudrait qu'il sache comme elle n'a plus jamais été elle, du jour où elle a cru l'avoir perdu pour toujours.
Elle voudrait l'embrasser, le câliner, rattraper tout ce temps perdu, le garder auprès d'elle, ne jamais plus s'en séparer,
Elle voudrait qu'il sache qu'il n'est jamais trop tard, qu'elle pourrait faire un mariage de raison, arrêter sa vie de mercenaire, d'angevine avinée, qu'elle pourrait lui offrir à ses dépens une coquette vie de famille.

Tout ... tout ce qu'il voudra,
mais pas ça ...

Les joues mouillées, elle répète en boucle un faible :

Mais tu t'en vas ...
Mais tu t'en vas ....
Mais tu t'en vas ...
Tu t'en vas ...

La douleur est terrible, déchirante, dévastatrice. Elle veut écrire un courrier agressif et culpabilisant à Niallan, puis à Diego, et Alaynna, et Neijin ... et tous ces gens qui étaient censés le rendre plus heureux, qu'elle n'aurait su le faire. Tous ces gens qui avaient promis de prendre soin de Percy. Tous ces gens à cause de qui elle risquait de le perdre pour toujours, car oui ... oui le reve de Perceval elle le connaissait par cœur : être Chevalier. Faire la Guerre. Défendre la veuve et l'orphelin. Et ...
mourir sur un champ de bataille !!!

Elle aurait voulu courir se réfugier et se faire consoler, dans les bras d'un homme fort, mais il n'y avait personne. Pleurer auprès du frangin ... mais à lui aussi, on avait pris son enfant ; ç'aurait été mal venu. Crier son désespoir à Rose, mais elle lui aurait dit que c'était pas faute de lui avoir proposé de ramener Percy au CO.
Alors elle resta là, pendant des heures, prostrée, emmurée dans sa douleur de mère déchirée et non désirée.
Alors elle imagina mille scénarii, dans lesquels elle avait reprendre son enfant, l'enlever à cet inconnu de Frans ! Un nom bien teutonique ! Elle n'oubliait pas être bannie d'empire, elle n'oubliait rien !
Elle était sa mère ... qu'il le veuille ou pas,
C'est comme ça !

Il lui fallut attendre le lendemain pour être en mesure de répondre. Insensible désormais à la souffrance, elle prit sa plume d'une main décidée et écrivit d'un seul jet :

Citation:

Mon Trésor,

J'ai besoin de savoir que tu vas bien.
J'ai peur.
Peur de te perdre,
Peur de n'avoir pas su te donner ce dont j'ai manqué,
J'ai peur,
De ne plus jamais te revoir,
De te retrouver mort.
J'ai peur,
De ce que ce Frans pourrait faire de toi.
Qui est il ? Que veut il ?
Et où es tu ?

Je veux te voir,
Je veux te serrer dans mes bras,
Je veux que tu comprennes combien je t'aime.
Je m'excuse de t'avoir laissé à ton père,
Je m'excuse de n'avoir pas été une bonne mère,
Et de n'avoir pensé qu'au côté matériel.

Je peux t'offrir cette vie de famille dont tu rêves,
Je le ferai pour toi.
Tu te souviens cette comptine que nous aimions à chanter tous les soirs ? "toi pour moi, moi pour toi, tout pour la joie" ...
Je vais t'offrir le meilleur des pères, et une maison digne de ce nom,
Je travaillerai dignement, je ne ferai plus la guerre,
Tout ce que tu voudras ...

Mais dis moi où tu es,
Et comment tu vas.

Je veux venir te voir.
Tu n'as pas neuf ans, même si tu es au final plus sage que ton père et moi réunis,
Tu as besoin des conseils des grands, accepte au moins ma protection,

Je ne sais pas ce qu'il faudrait que je fasse pour que tu saches, que tu mesures comme je t'aime,
J'aimerai te dire, te donner, toutes les preuves de ce que j'ai fait par amour pour toi,
En commençant par nos retrouvailles.
Te rappelles tu le petit animal sauvage que tu étais ?
Ta méfiance ?
Nos débuts houleux ?
On a su dépasser tout ça, surmonter tout ça, ça ne peut pas s'arrêter là.
Tu es mon fils, je suis ta mère,
Et je compte bien l'assumer dès ce jour.

Je t'en supplie Percy dis moi où tu es, et je viendrai te rejoindre,
Quoiqu'il m'en coûte !

Je t'embrasse fort,
Ta mère qui t'aime,

Moi

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Mes chers Parents, je pars ...

Maryah

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Perce_val

Citation:

* Cet air, M & Lamomali

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--Bertheee

Lope.

Torvar

izvinite : désolé

Maryah

Citation:

Arrivée au petit jour à Troyes

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Torvar

Maryah

{ There ain't no mountain high enough }

Citation:

Des larmes de peur, de tristesse, d'inquiétude, le visage de la bridée se referma, les mâchoires se serrèrent et la main courut plus vivement sur le suivant parchemin :

Citation:

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Perce_val

Je vous aime et je pars.

Citation:

Alaynna

Diego_corellio

Citation:

Ban : JD Calyce

Niallan

Citation:

*Traduction paroles et titre Cat Stevens - Father and son

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Maryah

Citation:

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[RP] Mes chers Parents, je pars ...