Primha
- Qu'est ce qu'on dit,
Qu'est ce qu'on chuchote à Chalon ?
Quelle est la rumeur du jour ?
On se murmure de bouches à oreilles..
Et quelle ragot.. Dans une toilette rougeâtre, une silhouette déambulait en traînant des pieds sur les pavés de la ville. A son passage, les visages perdaient leurs sourires, ouvrant en grand les billes curieuses des villageois. Parfois l'on entendait : « La pauvre.. Vous croyez qu'elle à été.. Seigneur. », ou même quelques hoquets de stupeur. Et pour cause. Le minois d'ordinaire délicat de la jeune femme était défiguré, les yeux dans le vide. Le côté des lippes carmines gardaient un filet de sang séché, ce même qui envahissait la chair pulpeuse des lèvres, fissurée dans le même coin. Cela aurait pu être tout. Mais en remontant le long de l'ovale faussement juvénile, une pommette était rougie, allant dans un dégradé de violet, puis de bleu pour se clore dans un noir ténébreux tout autour de l'oeil de prune. Certains osaient prétendre à un mari brutale.. Si cela ce fut le cas, cela aurait été agréable pour bien du monde. Car à l'instant ou les pieds traînaient lourdement, ou le regard s'était perdu dans les abysses, le coeur se compressait, puis semblait oublier un battement. Les jeux étaient fait ; Prim voyait partir une partie de sa bienveillance, de sa gentillesse légendaire. Qui pourrait seulement le constaté ? Personne ne la connaissait véritablement, sauf Merveylle. Pourtant, il lui était impossible de se rendre auprès de son amie. Elle avait été dès la première rencontre, son ange gardien, celle qui veillait à ce qu'il ne lui arrive rien, et partage les bons moments que le Créateur faisait. Alors, si par ce jour elle arrivait à se présenter avec pareil faciès, que penserait-elle ? Qui ne penserait rien de cela.. Déboussolée, Prim avait choisit de se rendre aux côtés de Morgane, comme un appel à l'aide féminine. Chalon observait ce spectacle dénué de sens, sans que jamais la Valyria ne relève un commentaire. Car si elle parvenait encore à marcher, il ne fallait cependant pas une seconde qu'elle s'arrête. Les forces étaient faibles tant elle avait puisée dans ses réserves pour arriver en ville plus ou moins entière. Alors quand au détour de la rue, la maisonnée se présenta à elle, le coeur se serra. Comme une réaction après coup, les larmes montèrent,envahissant la vision Valyrienne. Elle y était.. Le calme et la douceur étaient à porté de main, si seulement, elle parvenait à continuer. Titubant une première fois, Prim se redressa dans un tremblement infernal. La poignée s'offrait à la dextre, avant de ne laisser l'ambiance chaleureuse envahir la peau marquée. Un pas à l'intérieur, puis deux.. Et l'Argentée s'écroula, les larmes roulants silencieusement sur les joues rosées et balafrées.
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