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[RP] De toi à moi, en toute sincérité !

Merance
    Fatiguée elle l'était la rousse. Les mains encore couvertes de sang, elle avait tenté de recoudre les chairs déchirées d'une catin qui avait été trop gourmande avec un client qui s'était alors rebellé. Et on était venu transporter la malheureuse jusque chez la Maudite. Et ce fut Guylhem qui accueillit la pauvresse tandis que Mérance sortait de son lit, en colère de ne pouvoir prendre un peu de repos. Et devant l'étendue des dégâts, elle avait œuvré durant toute la nuit jusqu'à ce que le dernier souffle de la fille résonne encore dans la demeure.

    Ce fut là que le coursier trouva la maudite, sur le pas de la porte en train de s'essuyer les mains dans son tablier rouge carmin. La rousse prit la missive en y faisant attention puis remercia le gars d'une petite pièce qu'elle avait toujours dans l'une de ses poches puis la jeta sur un coin de l'une de ses tables de travail en attendant que Guylhem nettoie le carnage.

    Les portes grandes ouvertes afin de faire partir l'odeur acre qui régnait entre les murs, Mérance s'était changée et prenait connaissance de courrier. Quelle ne fut pas sa surprise de voir que sa petite sœur lui écrivait...


    Citation:
    Je ne sais comment commencer ma lettre ...
    Chère Mérance ? Non, cela en fait trop.
    A Ma Sœur ? Ca semble tellement impersonnel.

    Alors j'écrirai autre chose ...

    A toi qui me manque,
    Oui parce que tu me manques. C'est con d'écrire ça ainsi, tu ne trouves pas ? Tu vas encore rire en lisant cette lettre mais peu importe. J'avais besoin de l'écrire. Je ne compte pas les jours depuis que tu es partie de ton côté mais ça me semble faire longtemps déjà. Qu'est-ce que tu deviens ?

    Pourquoi n'arrive-t-on pas à parler ? Peut-être que par écrit, ça sera plus facile ? Tu es ma sœur après tout ...
    C'est vrai qu'on nous n'avons jamais été proche toutes les deux. Ca peut changer, non ?
    J'ai toujours autant de mal à comprendre les autres et à me comprendre moi-même.
    Tu te souviens de l'homme à Dole avec qui je suis partie la nuit où tu nous as quitté ?
    Il voulait me guérir. Crois-tu que je sois malade ? Je me sens si souvent étrange.

    Et toi ? Tu es toujours sur la défensive. Pourquoi ? Pourquoi on n'arrive pas à se parler ? Pourquoi c'est si compliqué ?
    Notre famille est déchirée. Même avec Loghan ... On ne s'est pratiquement pas parlé. Je les suis parce que je ne sais rien faire d'autre ... Je ne sais où est ma place ...

    Mérance, prends soin de toi. J'aurais tellement voulu qu'on s'entende ... Pardon si je t'ai encore déçue.

    Ael.



    Elle se laissa choir sur une chaise et demeura silencieuse durant de longs moments. Inerte même, les yeux fixant inlassablement la missive, la maudite se demandait si une réponse se devait d'être faite et puis...



    Aellune,

    Je sais que tu devines ma surprise et sans doute que tu ne t'attendais pas à une réponse parce que si je te manque, tu as mis du temps à me le faire savoir. Toutefois puisque tu ouvres les hostilités, autant t'écrire quelques vérités plutôt que de laisser les souvenirs trompeurs nous pourrirent la vie.

    Tu me demandes pourquoi je suis sur la défensive, je te demanderais pourquoi tu agis toujours de façon aussi malsaine et inconsidérée. N'as-tu donc rien retenu des souffrances que notre père t'a infligées ? Ne te sens-tu donc pas sale au point de ne pas vouloir te donner systématiquement à un homme dès que tu croises sa route ? N'as-tu donc aucun respect pour toi et pour les membres de cette famille qui t'accompagne ?

    Je ne suis pas comme toi Aellune, je ne le pourrais jamais. Et jamais je ne pourrais faire ce que tu fais alors ne me demande pas de te comprendre parce que je ne le veux pas. Tu n'es pas la seule à avoir souffert, tu n'es pas la seule à être tombée très bas mais ce n'est pas pour autant que je me fais prendre à la moindre occasion. Ce n'est pas de l'amour ça et les gens profitent de toi...

    J'ai voulu essayé... j'ai essayé. Je t'ai emmené avec moi et pourtant, tu as préféré me laisser tomber dans des tavernes sordides pour aller grimper sur les genoux d'inconnus, retrousser tes jupes pour leur offrir ton cœur l'espace de quelques heures. Dis-toi que ton cœur est placé bien bas !
    Tu mets en avant la famille qui se déchire mais elle est morte la famille depuis le jour de notre naissance à chacun. Chaque enfant a apporté sa pierre à l'édifice afin que l'on puisse en arriver au sommet : la destruction pure et simple des Sabran.
    Loghan et toi mettez cet argument en avant, que la famille est importante mais pour quoi au juste, vous ou moi ?
    Lorsque tu étais à mes côtés, j'ai eu droit à quoi de ta part ? A une main qui me mordait constamment, à des reproches sur ma vie et ce que je suis, à des méchancetés. Tu ne voulais rien savoir de moi, tu ne parlais que de toi, de ce que je n'avais jamais fais pour toi. Mais moi dans l'histoire, quelle considération ai-je eu de ta part Aellune, oui dis-moi un peu !

    Alors, personne ne te comprend ? Je ne veux pas être celle qui commencera.
    Personne ne t'aide ? Je me suis retrouvée face à un mur et je m'y suis fracassée... Normal, je n'ai rien dans le pantalon qui puisse t'aider.
    Pourquoi est-ce si compliqué ? Parce que tu ne t'intéresses qu'à toi et pas aux autres !
    Mais puisque tu as trouvé une oreille compatissante, garde-la... mais avant, dis-moi un peu, il affirme que tu es malade, t'es-tu seulement demandée s'il ne disait pas ça pour te persuader de pouvoir te garder et te mettre dans sa couche chaque nuit ?

    Tu es grande maintenant Aellune, tu choisis ta vie. Loghan nous a libéré du joug de notre père, à tort ou à raison, peu importe. Il faut que tu enterres le passé et que tu avances mais personne, je dis bien personne ne voudra de toi si tu ne changes pas.

    La vérité fait mal à entendre. Je le sais que trop bien mais je ne suis pas désolée de te la dire. Tu dis que tu ne sais rien faire d'autre que suivre Loghan mais tu suivras toujours quelqu'un...mais celui-ci est ton frère, Il saura te protéger. Vous n'avez pas besoin de moi, ni l'un ni l'autre. Je suis ce que l'on a fait de moi, une ombre et je voyage au gré de mes envies, entre la vie et la mort... la mort est mon cadeau, elle vient à moi pour l'offrir au monde.

    Aellune, chacun dans cette famille porte son fardeau... je vis désormais là où est ma place, là où je suis bien et je ne reviendrais pas.
    Je t'ai offert un jour mon aide, tu l'as refusé. Aujourd'hui, je ne recommencerais pas.
    Prouve-moi que je peux te faire confiance, prouve-moi que tu as changé, que tu y arrives et je verrais si... les portes de ma maison s'ouvrent pour toi.

    La sincérité et la loyauté sont deux choses qui te font défaut Aellune, cultive-les et tu seras riche de quelque chose qui te surprendra... une fois dans ta vie.
    Mets à profit ton voyage avec notre frère pour apprendre ce que père n'a jamais voulu t'apprendre : être toi-même. C'est long, douloureux et ça peut faire peur mais c'est un prix que l'on paie tous un jour ou l'autre. A toi de voir si tu auras les tripes de le faire.



    Le temps de prendre le sceau en pendentif, un des rares luxes qu'elle avait conservé de son mariage. Puis elle appela Guylhem afin de lui confier son pli lui intimant l'ordre de trouver un coursier digne de ce nom qui irait jusqu'en Empire. Des écus confiés avec et la maudite allait se préparer quelques breuvages qui lui permettrait de retrouver toute sa tranquillité.

_________________

En constante recherche de RP... n'hésitez pas à me MP







































Aellune


Le pli était arrivé alors qu'elle s'était retrouvée dans une situation étrange. Le coursier était arrivé brusquement alors que la tension montait d'un cran. Et Aellune prit la lettre comme une bouffée d'air frais. Elle ne l'avait pas encore lue quand elle était sortie brièvement de la taverne pour la lire, sans donner d'explications à personne. La nuit commençait à s'installer et c'est à la lueur d'une torche de rue que la rouquine se mit à lire la longue lettre de sa sœur. Son visage ne portait pas de sourire bien que parfois ce qu'il était dit aurait pu prêter à rire, d'un rire jaune évidemment.

Après la nuit où un dénouement tout neuf s'était dessiné à la faveur du crépuscule, la jeune fille s'était décidé à répondre à sa sœur. Le voyage se poursuivait avec la compagnie et si elle faisait partie intégrante de celle-ci, Aellune avait du mal à voir son utilité au sein du camp. Toutefois, elle acceptait sans broncher de suivre leur frère dans ses idées folles.
La plume gratta le papier qu'elle confierait plus tard à un nouveau coursier, car tel était le destin d'une lettre dont les mots seraient déchirés.

Citation:
Ma Sœur,

Cette fois, j'écrirai cela simplement. Car quoi que tu aies pu écrire et penser dans ta lettre, tu es et tu seras toujours ma grande sœur.
C'est vrai que j'ai mis le temps à t'écrire. Pas facile de renouer avec ce passé qui nous hante encore. Mais je l'ai fait parce que, vraiment, tu me manques.

Tu me trouves malsaine ? Je sais, oui. Tu n'es pas la seule sans doute. Il y a une partie de ma vie que tu ne connais pas et dont je n'ai pas envie de parler. Cette partie là a sans doute fait de moi ce que je suis, plus que ce que père a pu me faire. Mais sache que je ne me domine pas toujours. J'ai ce besoin qui m'agresse de l'intérieur. J'aimerais te respecter mais pour cela, il faudrait que je puisse te connaitre mieux. J'ai tellement l'impression que tu m'as abandonnée ...

L'amour, je ne sais pas ce que c'est. Je sais juste que ce n'est pas ce qu'on m'a tant promis à chaque fois qu'on m'a prise. Ne t'es-tu pas dit que je pouvais aussi profiter de ce que les autres me donnent, aussi peu que cela soit ? Je ne suis pas exigeante et encore moins avide. Je me contente de peu et je grappille les miettes. Mais tu te trompes sur une chose. Mon cœur n'est pas bien bas, mon cœur n'existe pas. Ou plutôt devrais-je dire : n'existait plus. Je crois qu'aujourd'hui, pour la première fois, vraiment, j'ai ressenti quelque chose qui m'était inconnu jusque là.

Je n'aurais pas dû te faire de reproches quand on s'est retrouvée. Je crois que j'avais enterré depuis toutes ces années tellement de douleurs que c'est ressorti d'un jet. Et j'aimerais tellement comprendre pourquoi tu m'as laissée avec mère. Bien sûr que je voulais savoir ce que tu étais devenue mais la colère ne donne rien de bon. Dans le fond, j'avais aussi l'impression que tu ne pensais qu'à toi. Finalement, peut-être que nous nous ressemblons plus que tu ne l'imagines. Je dois avouer que j'avais envie de te faire mal, comme tu m'avais fait mal quand tu es partie sans moi. Je t'admirais tant, Mérance. Te rends-tu compte au moins comme j'avais besoin de toi ? Et malgré ce que tu peux penser de mes absences à tes côtés, tu sais que je n'aurais pu me mesurer à notre père. Sa violence à notre égard était telle que j'avais peur de lui. N'en avais-tu pas peur toi ? Qu'aurais-je dû faire pour toi ? J'enviais quand il te reniait car j'aurais voulu qu'il en fasse de même avec moi. Mais jamais ce n'est arrivé.

J'aime à lire tes reproches et tes vérités. Je sais que tu ne prendrais pas la peine de me les écrire si tu ne tenais pas un peu à moi quand même. Alors je les accepte et je les prends comme elles viennent. Ta petite sœur apprend de ses erreurs, même si ça lui en coûte.
Je reste avec Loghan, il est ma seule attache qui m'est proche. Je crois que j'ai autant besoin de lui qu'il n'a besoin de moi. Mais j'ai l'étrange sensation qu'il ressemble de plus en plus à père ...

Je ne te demanderai plus d'aide, Mérance. J'accepte que tu sois partie pour ton bien avant toute chose et j'espère que nous aurons un jour l'occasion de nous revoir, avant qu'il ne soit à nouveau trop tard.
J'ai nombre de défauts, je le sais. Et sans doute très peu de qualités. Je découvre une liberté que je ne connaissais pas et ça me fait peur. Etre moi, je ne sais pas encore ce que c'est. Mais peut-être le saurais-je un jour ...

Prends soin de toi.
Aellune.
Merance
    Le courrier de retour ne se fit pas attendre ce qui fit sourire en coin la maudite qui se demandait bien ce que sa sœur lui voulait à la longue… Elle remercia le coursier puis glissa le pli dans la poche de son pantalon qu'elle portait serré et glissé dans ses bottes. Elle n'avait pas le temps de s'y attardait et verrait donc ça plus tard… plus tard lorsqu'elle serait dans sa chambre au clan Azzurro.

    Le soir même la lecture se fit rapidement et d'un soupir longuet, Mérance marqua sa désapprobation. Franchement, elle ne savait que répondre à cette petite sœur qui se la jouait mièvre avec elle alors que finalement, Mérance n'y attachait pas plus d'importance que cela. Etre sœur c'était avant tout un état d'esprit, la maudite, elle, avait l'impression de n'être sœur de personne et surtout pas de ceux de son sang… Triste constat mais exacte certitude qui faisait que Mérance peinait à lui répondre mais au bout de deux heures de réflexion, elle prit la plume.





    Aellune,

    On ne peut défaire ce que nous sommes c'est un fait. Nous avons les mêmes géniteurs il est vrai et nous avons sans doute hérité d'une partie pour ne pas dire complètement de leur défaut alors ne soit pas étonné que cela ne fonctionne pas entre nous ! Tout comme ça ne fonctionne pas entre Loghan et moi… nous sommes issues d'une famille qui ne sait pas ce que sont les liens affectifs, on n'est pas né pour ça, pour ressentir du bien par rapport aux autres… c'est comme ça !

    Quand je lis tes courriers ou quand je repense à notre court séjour ensemble, ce qu'il en ressort c'est que je t'ai abandonnée. Mais pour t'abandonner il y aurait fallu que tu aies une quelconque importance pour moi, que tu me connaisses, que l'on ait eu un minimum de passé à partager mais rends-toi à l'évidence, on a rien en commun. Je ne sais pas qui tu es, tu ne sais pas qui je suis alors ne me parle pas d'abandon !

    Non je ne pense pas qu'à moi mais franchement, que veux-tu que je fasse d'une sœur que je ne connais pas ? On m'a enfermé jusqu'à mon mariage, on m'a interdit de te rencontrer, de te voir, de te parler, on m'a menacé de me faire subir le pire châtiment si j'osais ne serait-ce que te regarder alors quoi ? Il fallait que du haut de mes dix ans, je relève le défi, que j'affronte Père ? Et tu enviais quand il me reniait ?

    Sais-tu donc ce que c'est de ne pouvoir jamais approcher sa propre famille, de voir les autres grandir et toi ne devoir parler qu'aux domestiques et encore… s'ils osent venir jusqu'à toi… j'ai cru devenir folle, j'ai cru que la seule solution était de me jeter par la fenêtre pour ne plus exister, j'ai cru… mais j'ai une rage en moi, une envie de vivre qui va au-delà de ce que tu peux imaginer et surtout, contrairement à toi, je ne courbe jamais l'échine. Quand tu te fais soumise, je me fais rebelle, quand tu te fais affectueuse, je me fais hostile, je suis ce que tu n'es pas et je ne serais jamais ce que tu es. Je ne le veux pas tout comme je ne veux pas comprendre comment tu fonctionnes et encore moins me justifier à tes yeux.

    Tu as eu tes malheurs, j'ai eu les miens. Père t'a fait subir son trop plein d'affection, j'ai été mariée, violée et battue chaque jour qu'a duré mon mariage, marquée au fer rouge pour ne pas oublier à qui j'appartenais alors ne viens pas me dire que tu es la seule à avoir souffert. Aujourd'hui encore, tu préfères te laisser tripoter par nombres d'inconnus plutôt que de garder une certaine forme de dignité… encore une fois, nous ne nous ressemblons pas et nous ne nous ressemblerons jamais. Et dis-toi que si tu penses que je ne fais attention qu'à moi, j'en viens à penser exactement la même chose te concernant… ta lettre ne se résume qu'à : toi, toi, toi ! Mais je n'irais pas plus loin dans le fait de décortiquer tes reproches ou tes besoins, je n'en n'ai pas l'envie.

    Comme tu le dis si bien, il est sans doute trop tard pour toi et moi, pour vous et moi. Mes pas m'ont conduit vers d'autres horizons, que je me suis moi-même choisis. Ils me plaisent et je m'y sens bien… et je doute qu'un jour, on se recroise. Je n'ai plus envie de faire des efforts pour les Sabran… je suis fatiguée de devoir composer avec cette famille qui, au final, détruit tout ce qu'elle a.



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