Samsa.
- "Je voudrais danser près de l'eau sous un ciel mexicain,
Boire quelques Margaritas sous une série de lumières bleues,
Écouter le Mariachis jouer à minuit;
Est-ce que tu me suis, es-tu avec moi ?
Es-tu avec moi ?"*
Samsa ne prend pas les mots de Shawie pour elle, ce travail qui n'est pas aussi difficile, ces économies qui sont si faibles, ces impôts qui sont si lourds. Elle pourrait lui dire que ce n'est pas vrai, que sa vie n'est pas si difficile, mais elle n'en a pas envie parce que la vision de l'Espagnole participe à son charme. Alors, blottie contre elle, Cerbère se laisse bercer comme si Shawie lui racontait une histoire dont la fin des chapitres sont des baisers largement appréciés.
Elle s'amuse légèrement quand Shawie lui raconte comment elle gère son argent mais elle trouve le chapitre suivant bien plus triste. Comment peut-on vivre sans les autres ? Comment pouvait-on ne pas tisser de liens avec les autres ? Et comment Shawie pourrait-elle comprendre l'instinct protecteur de Samsa en ce cas ? Elle relève la truffe sans s'écarter de la chaleur que lui procure l'Espagnole. Les petits yeux sombres détaille le visage de celle qu'elle découvre un peu plus tout en assombrissant certaines zones. Tout ça, c'est loin de la déranger, car Samsa aime les gens complexes, pourquoi pas contradictoires, et Shawie étaient de ces gens tout en ayant la notable capacité à ne pas juger. Elle ne l'avait jamais en Empire, elle n'avait voulu que la provoquer, mais jamais Cerbère n'avait prit cela comme des jugements, des jugements qu'elle avait émis envers la brigande sans la moindre hésitation.
La Prime Secrétaire Royale vient reprendre les lèvres de l'Aspirante, refusant de les lâcher, jusqu'à venir sagement sur elle. Le regard doux et chaud de Samsa se pose sur le visage de Shawie et les lèvres fines tirent un sourire.
-Tu as des barrières que je n'ai pas et j'en ai que tu n'as pas pardi. En cela je crois que nous ne sommes pas vraiment libre té, ni toi ni moi pardi. Je ne sais pas s'il y a vraiment besoin de comprendre pardi.
Elles venaient toutes les deux d'un monde différent, d'une éducation différente, d'une façon de voir différente. N'était-ce pas une partie de leur identité ? Shawie avait acquis une verve remarquable, une franchise, que Samsa n'avait pas pu développer dans le monde des relations humaines et, plus récemment, du Louvre. A l'inverse, la Cerbère avait gagné la capacité de commander, de gérer.
La main bordelaise joue doucement sur les traits espagnols et le ton amusé se fait entendre.
-Mais si tu réinvestis tout dans l'économie pardi, est-ce que ça veut dire que tu n'es pas si riche que tu le prétends té ? Aurais-tu finalement autant sinon moins d'écus sonnants et trébuchants que moi pardi ?
Un sourire illumine la Bordelaise et ses lèvres taquines reviennent chercher leurs homologues alors que les mains, tendres, caressent sagement le visage de Shawie. Elle prend le temps de savourer leur goût qu'elle qualifierait de sucré -ou de fruité-, presque lente, juste tendre et profiteuse, amoureuse.
Ses paluches chassent doucement quelques mèches ébènes et Cerbère redresse la tête après avoir offert un sourire.
-Tu as déjà voyagé à l'étranger pardi ? L'Italie, le Portugal, l'Angleterre té... La navigation té ?
La fois où j'ai pris un bateau pardi, j'ai été malade té, et le capitaine s'est fait assommer par un poisson-volant pardi. C'est vicieux ça aussi té.
Beaucoup de choses étaient vicieuses pour Samsa. Les poireaux, les angevins, les poissons-volants, les berrichons... Au fond, ne s'en amusait-elle pas elle-même ?
* = paroles traduites de Lost Frequencies - Are you with me
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