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[RP] Et c'est ainsi qu'elle fut Shawnaper !

Samsa.
    "Je voudrais danser près de l'eau sous un ciel mexicain,
    Boire quelques Margaritas sous une série de lumières bleues,
    Écouter le Mariachis jouer à minuit;
    Est-ce que tu me suis, es-tu avec moi ?
    Es-tu avec moi ?"*


Samsa ne prend pas les mots de Shawie pour elle, ce travail qui n'est pas aussi difficile, ces économies qui sont si faibles, ces impôts qui sont si lourds. Elle pourrait lui dire que ce n'est pas vrai, que sa vie n'est pas si difficile, mais elle n'en a pas envie parce que la vision de l'Espagnole participe à son charme. Alors, blottie contre elle, Cerbère se laisse bercer comme si Shawie lui racontait une histoire dont la fin des chapitres sont des baisers largement appréciés.
Elle s'amuse légèrement quand Shawie lui raconte comment elle gère son argent mais elle trouve le chapitre suivant bien plus triste. Comment peut-on vivre sans les autres ? Comment pouvait-on ne pas tisser de liens avec les autres ? Et comment Shawie pourrait-elle comprendre l'instinct protecteur de Samsa en ce cas ? Elle relève la truffe sans s'écarter de la chaleur que lui procure l'Espagnole. Les petits yeux sombres détaille le visage de celle qu'elle découvre un peu plus tout en assombrissant certaines zones. Tout ça, c'est loin de la déranger, car Samsa aime les gens complexes, pourquoi pas contradictoires, et Shawie étaient de ces gens tout en ayant la notable capacité à ne pas juger. Elle ne l'avait jamais en Empire, elle n'avait voulu que la provoquer, mais jamais Cerbère n'avait prit cela comme des jugements, des jugements qu'elle avait émis envers la brigande sans la moindre hésitation.
La Prime Secrétaire Royale vient reprendre les lèvres de l'Aspirante, refusant de les lâcher, jusqu'à venir sagement sur elle. Le regard doux et chaud de Samsa se pose sur le visage de Shawie et les lèvres fines tirent un sourire.


-Tu as des barrières que je n'ai pas et j'en ai que tu n'as pas pardi. En cela je crois que nous ne sommes pas vraiment libre té, ni toi ni moi pardi. Je ne sais pas s'il y a vraiment besoin de comprendre pardi.

Elles venaient toutes les deux d'un monde différent, d'une éducation différente, d'une façon de voir différente. N'était-ce pas une partie de leur identité ? Shawie avait acquis une verve remarquable, une franchise, que Samsa n'avait pas pu développer dans le monde des relations humaines et, plus récemment, du Louvre. A l'inverse, la Cerbère avait gagné la capacité de commander, de gérer.
La main bordelaise joue doucement sur les traits espagnols et le ton amusé se fait entendre.


-Mais si tu réinvestis tout dans l'économie pardi, est-ce que ça veut dire que tu n'es pas si riche que tu le prétends té ? Aurais-tu finalement autant sinon moins d'écus sonnants et trébuchants que moi pardi ?

Un sourire illumine la Bordelaise et ses lèvres taquines reviennent chercher leurs homologues alors que les mains, tendres, caressent sagement le visage de Shawie. Elle prend le temps de savourer leur goût qu'elle qualifierait de sucré -ou de fruité-, presque lente, juste tendre et profiteuse, amoureuse.
Ses paluches chassent doucement quelques mèches ébènes et Cerbère redresse la tête après avoir offert un sourire.


-Tu as déjà voyagé à l'étranger pardi ? L'Italie, le Portugal, l'Angleterre té... La navigation té ?
La fois où j'ai pris un bateau pardi, j'ai été malade té, et le capitaine s'est fait assommer par un poisson-volant pardi. C'est vicieux ça aussi té.


Beaucoup de choses étaient vicieuses pour Samsa. Les poireaux, les angevins, les poissons-volants, les berrichons... Au fond, ne s'en amusait-elle pas elle-même ?


* = paroles traduites de Lost Frequencies - Are you with me



_________________
Shawie.
Un jour, jé te ferrai un cours sur l'économie ! Si tu réinvestis tout, tu fais fructifier cé que tu as déjà pour té retrouver avec plus. Certaines personnes sont prêtes à lâcher des sommes astronomiques pour seulement un bout de brebis ou une tapisserie censé provenir du désert. Les gens sont idiots et dieu sait qué j'en ai profiter. Je peux assurer sans mentir qué je possède bien plus qué toi ! Du moins en ce qui est en "bien".


Ah ça, pour sur qu'elle en avait de la merde dans ces appartements. Celui de Saint Claude était assurément le plus remplis. Toute une collection d'objet jugés inutile mais qui représente des années de labeur à tout dénicher pour elle. Il manquait encore quelques babioles pour qu'elle soit entièrement satisfaite mais elle y travaillée. Celui de Bourges, elle avait une vague idée de ce qui pouvait y avoir dedans et celui de Fribourg, elle n'avait plus aucun souvenir. Fribourg, c'était surtout le repaire pour participer au tournoi de Genève.

Note à elle même : penser à retourner dans ces appartements pour faire une check liste de son bordel.

Le baiser est prolongé et ces mains redécouvrent une nouvelle fois le corps de son Dog Royal. Parfait. A peine quelques semaines ensemble et Sam représentait déja sa relation la plus longue. Ca montrait relativement bien l'attachement passé que pouvait avoir l'Espagnole. Jugeant la plupart du temps que les accroches représentées un souci à son entreprise.

Puis un sourire entre deux baisers.



J'ai déjà voyagé au pays de la bière noire ! Ca dégoupille l'estomac et ça ramone sévère la tuyauterie ! Mais voila, comme toi, jé suis malade sur les bateaux ... et euh c'quoi cette histoire de poissons-volants ?

Espagne également bien, Portugal, jé ne connais pas du tout mais alors pas du tout ! J'ai même mis du temps à savoir où se trouvait ce Royaume !L'Italie, c'est une longueeee histoire !



Mais c'était bien souvent son histoire préférée à raconter ! Oh, elle en rajoutait comme toute bonne sudiste qu'elle était, mais l'essentiel était là ! Une histoire qué beaucoup dé monde né voudrait jamais raconter mais elle, si. Elle s'en fichait d'échouer !


On était en partance pour traverser lé désert mais nos mulets sont claqués à mi chémin alors on c'est retrouvé comme des cons ! Mauvaise expérience en Italie quoi. Un jour, jé te raconterai ce voyage !

Et toi, où es tu allée ? Et ca né mé dérange pas dé revoir les pays qué j'ai déja fais.






Samsa.
    "De vent d´Espagne en pluie d'Équateur,
    Voyage voyage.
    Vol dans les hauteurs
    Au d´ssus des capitales
    Des idees fatales;
    Regarde l´ocean."
    (Desireless - Voyage voyage)



Un cours d'économie... Samsa en aurait probablement besoin, si elle était à un poste nécessitant ce genre de connaissance. Elle avait une aversion presque notable des chiffres mais elle était étrangement capable de très bien s'en sortir en calculs. Quand elle ne se trompait pas. De toute façon, il existait bien plusieurs façons d'être riche, non ? Le tout était d'en être satisfait.
Shawie serait toujours plus riche que Samsa -quelle importance ?- puisque celle-ci n'était pas payée en écus pour toutes ses tâches royales. Mais la reconnaissance, la considération, la réputation, la fierté, tout cela, les écus ne pouvaient les acheter et Cerbère n'avait aucun mal à admettre que cet os jeté avec plus ou moins de distinction lui suffisait amplement. Elle mourrait heureuse de ce côté-là, elle en était sûre, surtout si elle finissait reine.

Le corps au chaud sous les mains espagnoles, Cerbère écoute les quelques pérégrinations de Shawie. Si elle avait été devin, elle aurait évoqué une demoiselle aux obsessions étranges à qui il aurait fallu conseiller la bière noire. Faute de quoi, elle se jure simplement de n'en boire qu'en cas de maladie.
Le Portugal, grand pays s'il en faut dont il ne parvenait pas grand chose en France mais Samsa avait déjà entendu parler de guerres et de royauté. Dans sa tête, si le monde entier finissait par vivre en paix, le Portugal, lui, serait encore en guerre contre quelque papillon ou vent. Don Quichotte raterait sa vocation.
Parsemant le récit de Shawie de quelques baisers, la Prime Secrétaire Royale entend son récit sur l'Italie et le problème logistique, à savoir, les mulets qui meurent en pleine route du désert.

...

..... Attends quoi ?


-En partance pour le désert pardi ? Mais quel désert té ? Il n'y en a pas en Italie pardi. Y'en a après pardi ?

Samsa n'a rien d'une cartographe, elle ne connait que les pays limitrophes à la France et quelques rares excentrés. Sa curiosité jadis légendaire aurait pu faire d'elle un puit de connaissance, si seulement elle n'avait pas prôné la stupidité comme voie de bonheur. Aujourd'hui, plus intelligente mais pas moins désireuse de ne pas devenir une savante, les armes étaient devenues sa destinée.
Prête à évoquer ses souvenirs, la Bordelaise pose sa tête sur le thorax de Shawie, l'oreille venant quêter le bruit de son coeur.


-J'ai visité l'Espagne un jour pardi. C'était mon voyage de noces disons té. J'ai bien aimé pardi, ils étaient gentils té. J'avais emmené avec moi un tonneau de vin de Bordeaux que j'ai revendu au maire de Huesca avec un bénéfice de vingt ou trente écus pardi. Tu diras que ce n'est rien pardi, mais pour moi, c'était le plus grand crime du monde pardi !

Elle rit en y repensant parce qu'elle s'en souvient comme si c'était hier, de ce petit maire buvant les paroles de Sid et d'elle qui, à l'époque, avait tant d'enthousiasme en façade qu'elle aurait pu vendre un mouton de poussière. Elle se souvient de leur retour, priant pour ne pas être brigandés parce qu'ils avaient eu l'impression d'avoir fait un exploit.
L'oreille posée contre le coeur de Shawie, Samsa ferme les yeux un instant, le temps de sourire. Le passée était une notion importante pour elle, il était sa vie et l'explication de tout; Samsa savait qu'elle pouvait compter dessus si, un jour, elle chutait; il était immuable et inviolable.
Cerbère rouvre les yeux mais se laisse encore un peu bercée par les battements de coeur de son Espagnole avant de redresser la tête et de lui offrir un sourire.


-J'ai vu une demi-lieue d'Empire avant de me prendre une Espagnole sur la tête pardi.
A part ça, je n'ai vu aucun pays étranger pardi. Avant, je faisais des allers-retours entre Bordeaux et Chinon pardi. Maintenant, je les fais entre Alençon et Bordeaux té, le Nord et le Sud en règle plus générale pardi. Je connais la côte ouest mieux que n'importe qui pardi. Mais je ne connais rien d'autre té. Je marche beaucoup, mais toujours pour le même trajet té. Au fond, si c'est ça ma vie parce que ça me permet de raccrocher... Mes deux vies pardi... Pourquoi pas té ?


Les deux vies, ouais. Celle du Sud, et celle du Nord. Le soleil et la pluie, la mort et la vie, le passé et le présent. Cerbère tentait de raccrocher deux bouts complémentaires qui n'avaient pourtant rien à faire ensemble. Tourner la page ? Il y avait des choses pour lesquelles elle ne savait tout simplement pas faire. Oublier ? S'en moquer ? S'y résigner ? Dénigrer ? Pas plus.
Son visage s'illumine soudainement d'une étincelle, idée idéaliste pour personne idéaliste ayant besoin de se placer des repères au loin pour se diriger. Le chemin ? Advienne que pourra !


-On ira au Portugal si tu veux un jour pardi ! A pied, puisque nous n'aimons pas le bateau té ? Sinon nous nous tiendrons les cheveux pendant que l'autre vomira té.

Le sourire amusé mais pas fou se fait large et les lèvres fines ainsi étirées viennent chercher baiser joyeux aux lèvres espagnoles, les mains se permettant de revenir caresser un peu les joues, les traits aimés. L'espoir un peu étrange d'un voyage hors de France qui pourrait enfin briser la malédiction de ce genre de projets chez Samsa puisque Zyg, Vawen et Maria étaient mortes avant d'avoir pu effectuer ce genre de voyage entreprenant et que Rose et elle s'étaient séparées avant également.
Nouveau départ officieux pour la Cerbère inlassable.



_________________
Shawie.
Surtout, ne jamais la lancer sur ce sujet, elle pouvait en causer pendant des heures. Ce fichu désert traversé de quelques pas avant de faire demi tour. Foi de Sha' que la prochaine fois, elle prendrait cet animal étrange qui traine dans le désert et qui possède des bosses. Elle ne savait fichtrement pas à quoi ça pouvait ressembler mais les voyageurs narrés leur histoire à dos ce cette chose. Alors pourquoi pas elle. Elle se redressa et entama une explication plus approfondie, évitant quelques détails jugés inutile en ces circonstances.

Et c'est partit, les bras s'agitent, le ton est grave et le regard rêveur. Les souvenirs sont là et un pincement au cœur lui retient le souffle un instant avant de pouvoir s'exprimer clairement et sans balbutier.



Lé désert après l'Italie, biennnn plus loin qué l'Italie. Vachement plus loin même. On voulait se rendre à Alexandrie la Belle. Nous étions à dos dé mulets et les pauvres ont crevé avant même qu'on puisse voir une ville. Du coup, on a fait marche arrière, et on c'est réfugié en Italie un moment. T'sais, si jamais t'es dans la merde la bas, bah tu meurs parce qué les villes sont aussi rare qué mon trèfle à 4 feuilles.

L'objectif c'était le Sanctuaire des Taureaux de Séleucos qui sé trouve sur le nœud n°2482, situé à l'est d'Alexandrie 17 nœuds de distance. Mais on a été stoppé à 33 jours de dos dé mulets.



Tout proche de toucher le Graal du bout du doigt. Ce n'était que partie remise et pourquoi pas avec Sam ? Elle l'écoute et sourit, ricane même car elle se souvient elle même de son premier butin. Oh, il ne pétait pas bien haut mais les premières fois, on a toujours l'impression de faire l'affaire du siècle. On est intouchable et incapable de se rendre compte que la plupart du temps, on se fait pigeonner malgré cette impression de victoire.


30 écus de bénéfice, c'est bien. Mon premier butin ne représentait même pas la moitié du tien, tu vois.


Elle essaye de le cacher mais l'Espagnole est bien choquée. Choquée et abasourdie d'attendre Cerbère dire qu'elle n'a quasiment jamais voyager. Horreur. A l'inverse, Sha' ne c'était jamais posée, toujours en quête d'un nouvel endroit à découvrir. L'Empire pour l'est et c'était tout. Triste. Elle acquiesce pour refuser de prendre une nouvelle fois cet engin de la mort qu'est le bateau. Sauf si son trèfle se trouve de l'autre côté de la Manche, elle se jure de ne jamais s'obliger à regrimper dessus.

Une carte dans la tête, c'est ce qu'on avait dit à l'Espagnole une fois. Elle répondait simplement qu'à force de trainer ces chausses partout et nul part, elle connaissait le Royaume.



Avant d'aller au Portugal, jé té propose de voir ton propre Royaume. Bordeaux / Chinon ou Alençon / Bordeaux, c'est bien pauvre. Jé te propose d'aller tâter les galets de la méditerranée, d'aller pioncer dans un champs d'oliviers en Provence, de gouter du fromage de Brebis dans le Languedoc et se savourer un verre d'hypocras -juste un verre, parce qué c'est cher !-


Puis de planter son regard dans le sien. Ouai, elle n'avait pas oublié surtout quand l’histoire en question lui filé les chocottes.


C'est quoi cette histoire de poissons-volants ?




Samsa.
    "Si tu leur demande l'heure ils diront qu'il est trop tard,
    Que la tienne est passée, qu'on ne rattrape pas les retards,
    Que le chemin qu'ils ont parcouru, t'en as pas fait le quart.
    Tu te mettras à nu, ils te tailleront des costards
    Et si tu demandes ta route ils diront qu'elle mène à rien."
    (Casseurs Flowters - Si facile)


Avide, Samsa écoute Shawie lui raconter un peu de ce voyage aux allures de catastrophe. Elle entend et découvre ce qu'elle avait pu envisager mais jamais imaginer. Un désert derrière l'Italie, et derrière encore, Alexandrie, la cité où tout le monde voulait aller. Sauf Samsa peut-être, bien loin de cet engouement lointain qu'elle semblait connaître tant elle avait eu de récit. Les marchés épicés, les tenues, les danses étranges, cette falaise où tout le monde venait pour y sauter et s'étaler en bas comme des crêpes de Chandeleur; de quoi rejoindre le mythe du suicide collectif des lemmings. Un jour peut-être, elles retenteraient ensemble, un jour où Samsa plaquerait tout pour goûter une autre forme de liberté.

Visiter son propre Royaume, ouais. Si elle a vu la plupart des duchés, le Bourbonnais-Auvergne est la frontière qu'elle n'a jamais traversé. Comme la Normandie pour la frontière Nord d'ailleurs. C'est quand même fou de se dire qu'elle n'a jamais vu la mer ! Ni la Manche, ni la Méditerranée. Jamais elle n'a entendu le chant des cigales, sentie l'odeur des champs de lavande ou des poissons typiques de Marseille. Lyon ? Connait pas. Les Alpes, leur neige, les chamois, tout ça ? Pas plus. Un sourire éclaire le visage bordelais dans la nuit qui les entoure.


-Ça me va pardi. Je me ferais d'autres amis et je n'aurais plus le Nord-Ouest et le Sud-Ouest à rallier, mais les quatre coins du Royaume té !

Un air amusé la prend en pensant à cette situation qui serait sans doute épuisante, une situation qui ne durerait même pas puisqu'il arrive régulièrement que les amitiés non-entretenues s'effacent simplement comme des dessins dans le sable; des situations auxquelles Samsa n'avait pas échappé, parce qu'elle n'avait pas encore le don d'ubiquité -même si ce serait pratique-.
L'Espagnole ramène l'histoire des poissons-volants sur le tapis et Cerbère pouffe avant de lui prendre un baiser. Et dire que c'était une histoire vraie et même pas isolée...


-Tu ne connais pas le danger des poissons-volants pardi ?
Hé bien, les poissons-volants sont des poissons qui peuvent sauter hors de l'eau et planer un peu té. Ils vont trèèèèès vite pardi ! Ils peuvent sauter par dessus les bateaux parfois pardi ! Bon, pas des galions non plus... Quoique té. Bref.
Ils sont dangereux parce qu'ils vont vite alors ils peuvent assommer les gens de l'équipage pardi. C'est ce qui est arrivé la première fois que j'ai prit le bateau pardi.

C'était un petit bateau pardi, on naviguait et tout à coup, on a vu des poissons-volants pardi. Ils sautaient par dessus le bateau pardi. Parfois, y'en a qui se cognaient à la coque ou qui retombaient sur le pont té. Le capitaine est venu voir et PAF ! Il s'est prit un poisson-volant pardi ! Il est tombé assommé et il a mit trois deux jours et demi à se réveiller pardi. Pendant ce temps-là, nous, hé bien... On avait jeté l'ancre pour ne pas dériver et on a attendu qu'il reprenne son poste pardi.

Tu vois pourquoi c'est dangereux les poissons-volants té ? Faut s'en protéger pardi ! Soit en se jetant à terre, soit en mettant un casque pardi. Mais bon, l'avantage, c'est qu'une fois la nuée passée, t'as de quoi manger pour un petit moment pardi.


Cerbère lui sourit, laisse ses petits yeux sombres et luisants glisser sur son visage avant de venir prendre un baiser léger, juste histoire de. Elle se disait que c'était quand même dommage que le bateau, cette chose qui tangue et qui peut être plus lente qu'une limace, soit pourtant le moyen de transport le plus sûr et le plus efficace en cas de surcharge. Triste vie. Il faudrait penser à mettre les prisonniers sur les bancs de rame, cela aiderait les voiles en cas d'absence de vent; les romains avaient été si brillants... ! Et si cruels.

-Je crois qu'on avait essuyé une attaque de mouettes aussi té...

Mouais.
Tu parles d'un moyen de transport sûr toi...
Shawie.
Pas possible ! Ohhhhh !


Imaginant à tort des sortes de baleine volantes, elle rajouta un :


Mais nonnnn ! Hein sérieux ? Sautant ?


Les billes ouvertes, le bec en cul de poule.


Capitaine ... assommé ... mais, mais non ! C'est génial !


A vrai dire, elle aurait bien voulu assommer elle même ce fichu capitaine pour prendre le contrôle du bateau. Ne serais ce que pour rentrer sur une terre ferme et éviter de continuer de vomir sur le pont. Au grand malheur des moussaillons ! Ça ballote, prise au piège sur un objet se disant "flottant", avançant à deux à l'heure en plus. Faut l'avouer, voyager en bateau, c'est un gage de patience pendant tout le voyage, ou de suicide. C'est insupportable. Qui avait pu inventer cette connerie absolument pas stable du tout ? Hein, qui ?

Elle faisait partie de ces gens qui buvait les paroles de gens lorsqu'ils parlaient de leur voyage. Elle pouvait croire tout et n'importe quoi. Concrètement, si cette histoire de poissons-volants était une pure invention, qu'importe, elle serait quand même racontée et grossit, déformée, enjolivée et remixée. C'est comme ça que naisse les légendes non ?



Les mouettes c'est vachement cons ! Une fois, j'en ai vu rentrer dé plein fouet, la tête la première dans une voile. C'était marrant mais c'était un carnage pour la dite voile qu'on a du changer. Les mouettes grillées, bah crois moi, c'pas super bon, ça goutte poisson cette connerie. Encore, faut il esquiver quand elles lé culot pour té chier dessus en groupe. C'plus marrant en groupe, enfoirés dé piaf.

Les mouettes quoi.



Les haussa les épaules presque traumatisée par cette expérience de bateau. Tout le monde semblait s'enjailler pour cette connerie mais pas elle. L'Espagnole n'était pas prête pour cette invention. Trop en retard ou trop en avance sur son temps ! Elle préférait crever la gueule ouverte dans un désert ou un cachot que de mourir trempée dans la mer.

Un vérité somme plus logique donc :



On né prendra pas lé bateau. On usera nos savates ou nos chevaux. C'quand même plus stable. L'aventure nous attend Sam, prend donc ta sacoche et partons !


La Brigande -oui avec un grand B- se redresse promptement sur ces pattes, et enfile ces vêtements, ces bottes comme pour partir au combat. Rapide et efficace. Elle balance la chemise de Sam en boule près d'elle, se penche pour venir l'embrasser tendrement.


Magnes toi le fion, la vie n'attend pas !

Nous avons des poissons-volants à choper, des mouettes à buter depuis le ponton, des vins à goûter, des sentiers à parcourir, du soleil à prendre .... Sam, si t'es pas un Angevin, lève toi et marche !





Samsa.
    "J'aime bien voyager, tu me plais.
    J'aime bien le matin, tu me plais.
    J'aime bien le vent, tu me plais.
    J'aime bien rêver, tu me plais.
    J'aime bien la mer, tu me plais."*


Génial ?!
La Cerbère ouvre de grands yeux parce que elle, elle ne trouvait pas ça génial du tout. Ils avaient perdu trois jours, trois jours de plus sur ce rafiot, certes immobile mais quand même. Trois jours de plus à être susceptibles de subir les assauts des poissons-volants ! Trois jours de plus à risquer de prendre des attaques de mouettes et de leurs fientes sur la tête selon Shawie. Samsa ne savait pas, elle n'avait navigué que sur fleuve, la Garonne, et ça avait bien été suffisant cependant.

Ainsi tombe la conclusion qu'elles iront à pieds, à cheval, à mulet, à on-ne-sait-quoi mais pas en bateau, pas plus qu'en radot. En hiver, elles se jetteront des boules de neige, elles feront tomber la neige accumulée sur les arbres sur l'autre, en automne elles se prendront les feuilles volantes dans la figure et se feront assommées par des marrons, en été elles agoniseront de chaleur et profiteront de chaque parcelle d'ombre et au printemps, elles se moqueront des gens qui courent dans les prairies fleuries et retourneront chercher un trèfle à quatre feuilles dans l'herbe nouvelle. Ça se rapproche de la mièvrerie, mais ça va, ça reste loin.
La tête sur l'épaule de Shawie, moitié alanguie sur elle, Samsa ferme les yeux le temps de songer à toutes les aventures qui les attendent et qui ne se dérouleront jamais comme souhaitées. Un sourire se dessine sur ses lèvres et elle se retrouve soudainement par terre, l'Espagnole s'étant relevée plus vite que prévu.


-Aaah... !

"Et paf, chemise en boule dans ta face !"

-Humpf ! Mais je ne...

Elle retire la chemise de son visage afin de retrouver la lumière, toujours plus forte sans rien sur les yeux, et les lèvres de Shawie la cueillent immédiatement. Une longue expiration et un sourire bête trahissent ses sentiments envers Shawie alors qu'elle savoure ses lèvres et la Prime Secrétaire Royale se rhabille rapidement une fois debout, habituée à ce genre d'exercice lorsque les cloches d'alertes sonnaient de nuit dans une ville à protéger.
Les épées sont rendues à leur fourreau, les gantelets retrouvent les mains bordelaises, dissimulant la large cicatrice de la gauche, et le bouclier revient à l'épaule gauche, fidèle à son poste.


-Tu me vends du rêve pardi ! Et si ça prouve en plus que je ne suis pas une angevine té, je ne peux que marcher pardi !

Donner à ses voyages un nouveau tournant, voilà qui devrait être bien plaisant. Siroter un verre de vin de Languedoc tout en chevauchant, se tanner la peau au soleil de montagne, chasser les mouettes sur les ports et tirer la langue aux poissons-volants sur les étalages, ça promettait.
La Cerbère vient à côté de son Espagnole, professeure d'un soir, et se grandit un peu pour passer un bras autour de son cou, juste le temps d'un instant.


-Commençons par le soleil de Béarn pardi !

"Et c'est ainsi qu'elle fut Shawnapée", le début d'une grande aventure de tous les instants.
Le bras libéra le cou aimé et c'est d'un bon pas aventureux que les deux femmes reprirent le chemin du Mans. Et comme qui dirait, ni vues ni connues j't'embrouille.



* = paroles traduites de Manu Chao - Me gustas tu


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