Samsa
- "Je sais la route est longue,
Mais même au bout du monde
Je te trouverai;
Je reviendrai." (Spirit - Je reviendrai vers toi)
En selle sur Guerroyant, le grand destrier bai, Samsa avait chevauché par delà les fleuves et les forêts, les marais et les plaines. Elle avait, comme à chaque voyage, bravé les brigands et les intempéries, les arcades sourcilières marquées abritant les petits yeux sombres de la pluie et du soleil, protégeant le regard fixe et déterminé à avancer.
Cerbère en selle avait, une fois de plus, enfilé son tabard en damier noir et bleu, à ses couleurs personnelles, celui où était cousu une fleur de lys d'or sur le côté gauche de la poitrine ainsi que dans le dos. Bien souvent, cela lui évitait la perte de temps des contrôles à l'entrée des villes et aux frontières.
Les plaines du Berry -pouark- laissent place aux reliefs d'Auvergne et aux ciels bleus profonds du Nord succèdent les bleus pâles des montagnes. Cerbère avance au pas puisqu'il y a le temps, fière cavalière en selle, traversant les forêts qui se bercent du son des cloches au loin. Un panneau indique la direction à prendre lors d'un embranchement et Samsa s'engage.
Direction la commanderie de l'Ordre de la Dame Blanche à l'Écu Vert.
Nouveau monde de Shawie, l'ancienne brigande, l'Espagnole qui faisait faire n'importe quoi à Samsa. Elle avait promis de passer la voir, elle voulait l'accompagner dans ce nouveau départ -qu'elle avait accessoirement raté mais bon, on ne lui disait rien aussi !- pour que l'Espagnole ait une juste vision de ce monde-là. Elle craignait tant qu'elle ne reparte sur les chemins, de devoir faire le choix entre ses principes, sa vie, et son coeur, ses sentiments. Elle ne voulait pas que Shawie retourne dans la nécessité de mentir et de voler.
Le chemin grimpe peu à peu et Cerbère débouche bientôt face à un château. Elle arrête Guerroyant et croise les bras sur son encolure, s'y appuyant le temps de détailler la commanderie. Elle était avant tout combattante, vague stratège et Secrétaire Royale. Elle vérifiait ainsi que tout tenait la route. Ce n'était pas une visite officielle mais pourquoi ne profiterait-elle pas de s'assurer que son Espagnole ne risquait rien ? Après tout, on ne savait jamais, même si le BA pouvait compter sur sa COBA.
Le destrier bai reprend la marche et elle traverse le pont-levis, observant les fossés de part et d'autres; bien profonds. Il ne ferait pas bon d'y tomber. Elle s'arrête ensuite devant la herse et compagnie quoiqu'à bonne distance.
Bon, d'accord : ce n'est pas demain qu'on pourrait forcer l'entrée par la grande porte. Tant mieux.
-Saluté pardi !
Samsa, dicte Cerbère, Secrétaire Royale pardi.
Je viens voir Shawie, Dame Pherea et éventuellement Dame Sakurahime té; des affaires à causer pardi !
Alors, oui et non disons. Il y avait Shawie à voir, c'était vrai. Il y avait Pherea, c'était vrai aussi, c'était même elle qui l'avait invité. Il y avait aussi une amputation à éviter et ça, Cerbère n'en démordait pas bien qu'on lui ait déjà dit que c'était une légende urbaine; elle voulait s'en assurer pour l'Espagnole. Et donc, peut-être, devrait-elle voir la Grande Amazone. Surtout qu'étant Secrétaire Royale, s'il y avait des questions de défenses ou de dépenses à aborder, elle voulait bien écouter.
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