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[RP] Le Décaméron

Ansoald
Il voyageait depuis Marseille et se trouvait dans le Tournaisis. Ses vêtements, gris de poussière, sa peau, mâté par le soleil, son cul, tanné par la selle, témoignait de sa fatigue. Mais il avait l'habitude. En Avril, il était parti d'Anjou. En Mai il se trouvait à Narbonne. En ce début de Juillet, le voilà à Tournai et il retrouvait les routes arpentées dans le rude hiver flamand. Un chapeau à larges bords le protégeait des rigueurs de l'été, mèches brunes soigneusement rangées pour ne pas coller à la sueur de son front. Autrefois piètre cavalier, il maîtrisait à présent sans peine l'équidé fougueux qui lui servait de monture. Les sacoches vides, la bourse plate, il consacrait son argent à manger le nécessaire et volait le reste au hasard de ses envies et des opportunités. Un brin de paille, accroché à son pourpoint de lin, témoignait de ses nuits sauvages, bien qu'il lui arrivât plus d'une fois de trouver refuge auprès d'une veuve de guerre (enfin, de ce qu'elle prétendait...).

Un orme imposait sa dimension colossale à la vue des voyageurs débouchant de la grande route du Sud. Sa circonférence couvrait la taille d'une nef d'église. L'épaisseur de sa frondaison brisait les rayons du soleil. Les feuilles dentées frémissaient sous le souffle du noroît, lequel répandait à la ronde des odeurs de charogne. En s'approchant, Ansoald comprit les raisons de cette pestilence. La justice du pays avait cru bon d'essorer un échalas sur une des branches de cet arbre majestueux, et voilà un moment que le pauvre gus avait cessé d'applaudir avec ses pieds l'équité du jugement.
Un écriteau, planté à la hâte non loin de là, apprit au voyageur que la victime s'était rendue coupable de filouterie, d'escroquerie, de menterie et de sorcellerie, et cela Ansoald en rit, si bien qu'il attira les regards désapprobateurs de quelques personnes assemblées en petit comité. L'helvétique avait déjà vu pareille scène dans bien des endroits, aussi il s'apprêtait à tourner les talons, quand un des gars s'en vint vers lui, la curiosité peinte sur son visage. Ansoald, qui aimait bien que l'on s'intéresse à lui, l'attendit et l'écouta avec attention


"Hé, vous, le voyageur, je vois que vous portez une sacrée arme au flanc de votre cheval.

_Pour sûr, mon gars, cette arbalète peut transpercer un homme en armure complète à une toise de distance, et je peux même lui viser l'oeil gauche ou le globule droit, au choix.

_J'en demande pas tant, sieur...Mais vous voyez, ce gars-là, c'était un homme bien....Il méritait pas que les corbacs lui dévorent le foie. Et ne méritez pas votre rire, sauf votre respect.

_Qu'est ce que tu veux que cela me fasse? Je ne suis pas d'ici, moi...

_Justement! Je me disais qu'avec votre machin-là, vous pourriez facilement le décrocher de sa lanterne. Personne n'ose ici se mesurer à la volonté du seigneur. En plus, l'abbé dit que ça porte malheur, de décrocher un pendu. Puis, si la garde nous voit, c'est la bastonnade! On serait bon pour taper la discussion au macchabée, sur son perchoir. Mais vous, vous n'êtes pas d'ici, et vous avez votre arbalète...C'est pas comme si vous montiez sur l'arbre pour le faire tomber, et moi et mes amis, nous pouvons faire le guet, pour vous prévenir si un gêneur s'approche....

_Hum...Et pas de récompense? Rien pour me faire frétiller les esgourdes?

_Rien, messire, on est trop pauvres pour balancer des écus dans ce genre d'exploit...Mais le gars-là, il a deux soeurs au village...Elles sont bien girondes, et pas farouches, et elles seraient ravies d'apprendre que leur frère a cessé de servir de garde-manger aux piafs. Elles pouvaient l'enterrer décemment....Alors, qu'en dites-vous, messire?


Le "messire", servi comme un cheveu sur la soupe à l'orgueil d'Anso, le mit en garde contre les réelles intentions de son interlocuteur. Il se détourna pour aviser le pendu, la distance de tir nécessaire pour viser la corde sans lui transpercer la tête. Puis il revint à l'homme qui sollicitait son adresse, le regard teinté par le soupçon:

"Très bien, va pour l'exercice de tir...Mais si je réussis du premier coup, je veux la moitié du gain de ton pari, sinon le deuxième carreau sera pour toi, c'est compris?

Anso vit l'homme éprouver une vive contrariété, réfléchir un instant, les joues rouges et le nez pincé, puis acquiescer d'un geste vif de la tête avant de s'éloigner vers ses amis sans lui adresser un mot de plus. Satisfait par le marché, Ansoald descendit de cheval, s'empara de son arbalète dont l'acquisition récente avait fait de lui un utilisateur...Peu expérimenté. Il marcha jusqu'à l'emplacement qui lui parut le meilleur pour un bon tir, propre, net et sans bavure. Il enclencha le carreau dans la fente et la corde dans la noix en corne, porta l'arme à son épaule, visa un long moment et appuya sur la détente.
Le carreau partit sans bruit pour se ficher directement...dans la gorge du pendu. Raté! Mais il se produisit alors un phénomène étrange, inattendu. Le banquet des asticots avait si bien décomposé les chairs que le carreau, en transperçant la nuque du malheureux, décrocha le corps de la tête. La corde de la pendaison, serrée contre son menton, maintint le crâne perché dans les airs, pendant que le reste tomba dans un bruit sourd sur le sol. Désormais, c'était une sorte de grosse cerise qui se balançait au-dessus des têtes des spectateurs, curieux de cet exploit un peu particulier.

Ansoald, sûr de son fait, s'avança vers ce petit groupe, et plus particulièrement vers le parieur. La paume gantée de sa main, ouverte devant lui, ne laissait aucun doute sur ses intentions.


"J'ai gagné. Donne-moi l'argent!

_Non, mon gars, la tête est toujours accrochée là-haut!

_Pas mon affaire! Donne-moi l'argent, sinon va y avoir du grabuge!"

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Si ce n'est pas toi, c'est donc ton frère....
L_aconit
Sur la plus haute branche praticable du vieil orme, l'Aconit n'avait raté aucune miette du spectacle.

Il faut dire que l'ombre généreuse était rare dans le décor estival de ce mois de juillet. La tentation de rester là, à l'abri du centenaire, était grande. Lorsqu'il ne servait pas (officiellement) le prince et ( officieusement) la Médicis, l'écuyer passait ses journées à surveiller les alentours, pour la tranquillité de leur installation en terre hostile. Oeil vif et souplesse innée, voilà qui avait rapidement été mis à profit par le Prince de Retz. Le coin des pendus restait le meilleur endroit où l'on n'irait pas le chercher. Quand le soleil était au zénith, défiant le chaland de s'aventurer sur les sentiers cuisants et qu'il n'y avait pas âme qui vive - c'est le cas de le dire - à surveiller, Faust s'accordait alors une pause méritée. Pâle main en besace saisissait le livre que l'amante du Montfort lui avait confié pour en feuilleter quelques pages interdites et fertiliser son imagination fourmillante de jeune homme. Les Cobalts butaient parfois sur certains mots italiens, encore bien mystérieux, là où la Florentine lui avait enseigné pendant leurs longues heures à tuer le temps les notions les plus élémentaires de sa langue...

    "Alessia : Lis la troisième nouvelle, concernant l'amour fou.
    L'aconit : Je lirai. Le soir. Lorsqu'Il dort.
    Alessia : Et si tu le veux, je te traduirai ...
    L'aconit : S'il me voit... lire un livre à vous !
    Alessia : Si il te voit, il me punira moi.
    L'aconit : Et je ne veux.
    Alessia : Et si moi, je veux ?"


Quel étrangeté que l'amour. La passion. Cette folie à laquelle il était étranger. Il pensait trouver dans le livre la traduction des sentiments que se portaient le Prince de Retz et sa captive consentante, Alessia de Medicis. Du moins, quelques pistes. Une vague explication de la vie. Le voyage au sein de l'armée félonne avait été long, et les embuches nombreuses. Le jeune homme manquait cet après-midi là un peu de ressource. Aussi avait-il laissé les badauds conter fleurette aux pendus après s'être assuré qu'ils n'étaient pas en réunion pour comploter contre l'envahisseur Breton... Une poignée de paysans embarrassés à la couardise évidente. Faust pouvait bien les laisser se compter les poux de là haut et reprendre sa lecture, jusqu'à ce que...

    'FsssssssssssssssssssssssssT!'


La flêche sortie de nulle part faillit le faire tomber de son perchoir. Il avait été tiré de sa rêverie quasi instructive de façon brutale, et se maudit de son inattention. Vigie alerte, le jeune homme s'aplanit à la branche afin de se faire discret et de tenter de voir le maraud qui s'amusait à troubler le repos des cadavres. Il ne mit pas longtemps à l'apercevoir, prétendant à une bourse de mérite pour un travail fait comme un sagouin. S'il n'avait pas eu à rester sur ses gardes en se fondant dans le décor, pour sûr qu'il aurait rit allègrement à la piètre prestation de l'inconnu.

Pourtant ... La dépouille qui s'écrasa au sol et libéra ses mouches et ses exhalaisons en présent au jeune espion eut raison de sa discrétion.


- Palsambleu ! Il peut pas viser correctement le vide-bourse du dimanche ?!

Par viser correctement, s'entendait de trois carreaux directement dans le coeur des vivants, plutôt que de réveiller les morts. En Bretagne, c'est ainsi qu'on l'avait éduqué. Prendre, demander après.

Passablement agacé de devoir quitter sa tour de guet, Faust Nicolas se fit funambule, jusqu'à décrocher la tête de la discorde et la balancer de bon coeur sur l'assemblée.

    Tiens, ça c'est pour tes deux mains gauches.


- Pas de quoi !

Sur quoi il descendit avec l'agilité d'un chat, révélant à découvert sa crinière blonde et son teint hyalin, une stature fine portant ses seize ans avec fierté, besace lourde de son précieux prêt. Pas un regard si bleu soit-il au cercle de sorcières, on l'attendait pour le souper. Et on déconnait pas avec le souper chez les Bretons.

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N'est maître de son art, que celui qui le crée - Damien Saez
Ansoald
Sa main agrippe la masse huileuse des cheveux du récalcitrant, avec l'idée de lui arranger une coupe à la mode d'antan, pendant le bougre plante dans son bras des ongles noirs comme ses dents. Les ingrédients sont réunis pour une baston aux petits gnons, mais c'était sans compter sur l'intervention d'un mignon.

Loin de se douter que l'orme est le trône d'un homme, Ansoald, interloqué, observe l'éphèbe se mouvoir avec l'agilité d'un félin dans l'enchevêtrement des branches. Toute lumière absorbée par la fulgurance de son approche, toute parole éteinte par la surprise de cette interjection divine sous ce dôme impénétrable au ciel, toute action suspendue à la progression de cette panthère blonde sur les fourches patibulaires improvisées par la justice locale. Ange ou animal, homme ou femme, bien malin celui qui peut deviner à cet instant la nature de cette apparition. Entre Adam et Eve, Ansoald penche pour la pomme, mais il faut dire que ce "vide-bourse du dimanche" a le désir soudain, la passion brûlante, grâce à son acquisition de l'arbalète, de ressembler à Guillaume Tell, le vengeur de sa fierté opprimée. De ce front opalescent irrigué par des filaments blonds, coule-t-il du nectar, du sang, ou bien de l'ichor? La rencontre tombe idéalement en pleine saison de braconnage....

Hélas, le massacre n'aura pas lieu. Du moins, pas encore. Aussi habile que clairvoyant, *ce drôle d'oiseau, tenant en sa besace mille pages, lance au renard la tête du cabochard. Ansoald relâche la chaude étreinte qui le lie à son voisin pour saisir au vol, fort adroitement, le crâne à moitié défoncé, pauvre Yorick dont les lèvres cannelées n'embrasseront plus personne, et cette pensée émue le pousse à un acte de charité envers son fameux voisin. Il lui renvoie la tête, comme s'il soldait par ce geste le différend qui existe entre eux:


Tiens! Tu boiras un baril de bière à sa santé, avec les écus que tu as volé sur mon compte....Tout cela n'a plus d'importance....*

Fallait-il qu'Ansoald soit bouleversé à ce point par les danses lascives des asticots au coeur des iris bleutés, gourmandises de mère Nature à moitié dévorés? Au contraire, il ne voulait pas s'embarrasser de cette peine, quand les amis disparus sont déjà si lourds à pleurer. Son oeil exercé par des années de convoitise, au lieu de s'embuer, visait plutôt le lourd fardeau qui dépassait de la besace de ce piaf insolent. Lequel agaçait prodigieusement Ansoald.

Sa beauté, dévoilée en plein jour, fendait l'air, comme un palet ricoche sur l'eau claire, sa démarche ondoyait entre les hommes assemblés et les repoussait comme l'onde chasse la pellicule de fange amassée à la surface d'une mare aux canards. Son regard irradiait comme des émanations corrosives de Cobalt 60** sur la saleté de leurs oripeaux. La peau diaphane de ses joues glabres invitait les Judas de la Terre à les salir de baisers, alors qu'Ansoald arborait une barbe négligée et grise de poussière. Aussi blond qu'il était brun, aussi propre qu'il était sale, aussi noble qu'il était gueux.

De par son histoire personnelle, Ansoald haïssait les nobles, gens prédestinés à l'arbitraire et à la tyrannie. Par la suite, il avait adouci son jugement, notamment au contact d'une vicomtesse flamande, et ce parce qu'il riait de la misère de la condition humaine et des espoirs imbéciles placés en l'amour du prochain. Mais il ressentait, en admirant Nicolas Faust, une envie, une jalousie, un désir qui ne pouvait s'exprimer, de prime abord, que par la haine et la violence. Son insolence n'était rien. Il avait entendu bien pire sur son compte. C'était autre chose. Jamais il n'avait ressenti de telles émotions envers un homme, dont la silhouette androgyne s'éloignait fièrement, avec un port altier, jusqu'à son souper, avec, ceint à sa taille, la besace dont dépassait les reliures délicatement ouvragées d'un livre....

Un livre. Certains valaient des fortunes. Les propriétaires les gardaient dans leurs coffres, cachés sous des monticules d'émeraudes et de rubis. Ils les montraient jalousement à leurs amis et pouvaient narguer à loisir leurs ennemis. Ansoald songea un instant qu'on n'emportait pas une chose si précieuse sur les routes champêtres et qu'il ne valait peut-être pas le coup de s'y intéresser. Mais il se ravisa bien vite. Combien de femmes et d'hommes, par arrogance, s'imaginent pouvoir se balader en toute impunité, hors de leur propriété? Ansoald allait démontrer à cet impudent que la route appartient à celui qui veut la prendre.

La main sur le licol de son cheval, proche de sa bouche pour étouffer au maximum un hennissement suspect, il attendit que Faust disparaisse dans un virage pour se mettre à sa poursuite. Pendant ce temps, il avait rangé l'arbalète, si fier du nouvel appendice de sa virilité, et vu avec satisfaction que les paysans s'occupaient avec dilligence du cadavre de leur ami, sans plus se soucier de lui. Il entraîna sa monture en lisière du sentier, et anticipa le virage en coupant à travers champ, tout en chuchotant des ordres brefs à l'oreille de la bête pour qu'elle se tienne calme. Les branches clairsemées d'un buis offrirent à son regard de renard la vision délicieuse de la proie insouciante, qui songe à son bon souper sans savoir qu'il lui en cuira bientôt. Ansoald avait, bien entendu, un désir puissant de maraver sa petite gueule d'angelot. Mais il avait fait longue route et se sentait fatigué. Ce livre, ce beau livre, que Faust trimballait partout comme le signe évident de sa supériorité intellectuelle, ferait déjà un merveilleux diner. Il en avait l'eau à la Boccace.***

Le moindre signe de distraction serait mis à profit. La plus petite déconcentration. Le genre de détail infime qui lance les grandes histoires.



*gloubi-boulga de Jean de la Fontaine et de William Shakespeare

**aussi anachronique que du mais transgénique dans les RR

***L'auteur s'excuse pour cette blague idiote

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Si ce n'est pas toi, c'est donc ton frère....
L_aconit
La mésaventure finit inexorablement par sortir de la tête du jeune homme. Des ormes pour s'abriter du soleil il en existait cent autres. Des pendus faisant pénitence les pieds jouets du vent, pléthore. Quant aux jeunes gaillards voulant prouver quelque chose à l'humanité entière... Autant dire que dans les rangs bretons venus s'emparer de nouvelles terres d'asile, ils étaient tant et plus. Faust avait faussé compagnie aux inconnus sans demander son reste, déjà porté vers d'autres préoccupations. D'autres rêveries. Car à seize ans, on garde encore son âme d'enfant, cherchant les limites de ses vestiges dans un corps d'homme. Et justement, le corps de l'Aconit avait besoin de s'exprimer, là ; après un moment de marche.

Besace fut abandonnée pour la manoeuvre. La dextre prit appui sur une vieille souche, la senestre défit les braies brodées. La tête se renversa vaguement en arrière, dans un soupir de contentement.

Pisser était sans doute la plus douce des choses qu'il eut su voir en ce monde... L'écuyer avait le plaisir humain encore simple, quoi que bien moins naïf depuis que la Florentine était entrée dans la vie de Retz, et de fait, dans la sienne, avec ses frasques et son Décameron ... Précieuse bible féminine à laquelle il s'abreuvait tous les soirs, et dont il se remémorait sans peine quelques passages qui avaient marqué au fer rouge ses fantasmes de jeune puceau.

    "[...] Tu le sauras tout à l’heure, ma chère fille, reprit père Rustique ; fais seulement tout ce que tu me verras faire. L’ermite se déshabille aussitôt, et le petit ange d’en faire autant. Quand ils sont tout nus l’un et l’autre, Rustique se met à genoux, et fait placer la pauvre innocente vis-à-vis de lui, dans la même situation. Là, les mains jointes, il promène ses regards sur ce corps d’albâtre, qu’on eût dit qu’il adorait, et il a toutes les peines du monde à retenir les mouvements de son impatiente ardeur. Alibech, de son côté, le regarde tout étonnée de cette manière de servir Dieu, et apercevant au bas de son ventre une grosse chose qui remuait : « Qu’est-ce que je vois là, lui dit-elle, qui avance et qui remue si fort, et que je n’ai pas, moi ? – Ce que tu aperçois là, ma chère fille, c’est le diable dont je t’ai parlé. Vois comme il me tourmente, comme il s’agite ! J’ai toutes les peines du monde à supporter le mal qu’il me fait. – Loué soit Dieu, reprit-elle, de ce que je n’ai pas un pareil diable, puisqu’il vous tourmente ainsi ! – Mais, en revanche, tu as autre chose que je n’ai point. – Et quoi, s’il vous plaît ? – Tu as l’enfer, et je pense que Dieu t’a envoyée ici exprès pour le salut de mon âme, parce que si le diable continue de me tourmenter, et que tu veuilles souffrir que je le mette dans l’enfer, tu me soulageras, et feras l’œuvre la plus méritoire possible pour gagner le ciel. – Puisque cela est ainsi, mon bon père, vous êtes le maître de faire tout ce qu’il vous plaira. J’aime tant le Seigneur, que je ne demande pas mieux que de vous laisser mettre le diable dans l’enfer. – Eh bien ! je vais l’y mettre pour qu’il me laisse en paix ; sois assurée, ma chère fille, que Dieu te tiendra compte de ta complaisance, et qu’il te bénira. "* [...]


Toutes ces histoires le laissaient bien songeur, surtout sur les occupations de la fascinante créature avec son Mentor, et les mille façon de les accomplir...

L'Aconit terminant son oeuvre, prit soin de tenter de dessiner quelque chose de la pointe de son appendice, aspergeant la pauvre souche. Bien entendu, cela ne ressemblait à rien, mais le fit sourire tout de même, parce que quand on a seize ans...

On peut bien faire le con, la puberté le pardonne.


*Boccace
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N'est maître de son art, que celui qui le crée - Damien Saez
Ansoald


(...)Ainsi ne perd pas la lame qui ceint ta taille,
Elle pourrait t'être utile si tu ne viens en ami,
D'expressions impassibles dissimule tes failles,
Pour ne pas éveiller en elle de viles envies(...)*


Idéal. Il ne s'imaginait pas une poursuite interminable. Le blondin, pour ses besoins intellectuels, ne pouvait raisonnablement parcourir à pied une distance très longue, puisqu'il montait déjà très haut sur le vieil orme avec son beau livre très lourd. Mais, de surcroît, dame Nature venait de botter le cul de dame Lecture. La besace gisait sur le chemin, abandonnée pour les besoins naturels du béjaune. Ansoald vit en cette négligence une opportunité à ne manquer.

Par bonheur, il se trouvait de l'autre côté de la route. Surgissant des fourrés de sa démarche vive, souple comme un chat, les jambes montées sur ses orteils et les mains en équilibre à l'instar d'un funambule, il s'approcha du trésor convoité, le regard anxieux porté sur sa future victime. Léger comme l'air, fluide comme l'eau, aussi vif pour dégainer que pour trouver une bonne excuse, quand bien même cette souche ne ressemblait pas vraiment à une vespasienne. Par chance, le pisseur s'émerveillait tant des performances de son engin qu'il dessinait sur la souche à l'encre d'urine, et ne remarqua rien. Le voleur s'empara de la sangle du sac sans coup férir. Triomphant, mais prudent, il s'éloigna de quelques pas puis, sans plus aucun souci de discrétion, siffla son cheval à la rescousse. Le bruit strident alerta l'Aconit, qui se retourna brusquement, la mine ébahie et le saucisson à l'air.

Le temps pour l'Ansoald d'évaluer positivement les attributs de l'adonis, dans une contemplation de fort mauvais aloi:


Hé bien, mon vieux, voilà qui doit se faire pâmer les donzelles! Bon, c'est pas tout ça, mais...

Sa main libre saisit le pommeau de la selle et il se hissa sur le dos de son cheval, la besace portée en bandoulière

J'ai moi aussi un besoin naturel à satisfaire, et je manquais de papier! Merci, l'ami!

Claquant le talon de sa botte contre le flanc du canasson, il partit au galop sur la grande route et ne se retourna pas, malgré les imprécations du blondin. Le précieux pavé lui meurtrissait les côtes, par les secousses de la cavalcade, mais il n'en avait cure. Au contraire, Il riait à perdre haleine, en songeant à la tête déconfite de ce beau parleur. Deux mains gauches....Une idée de blague salace lui traversa l'esprit, mais il était trop tard pour se retourner et lancer à la gueule de l'éphèbe quelques mots bien sentis. De plus, Ansoald se sentait soulagé au fur et à mesure qu'il s'éloignait de la victime de son larcin, comme s'il tournait le dos à quelque chose de bizarre pour se retrouver sur le droit chemin de sa vie.
Au bout de quelques lieues, les portes de la ville se dressèrent devant sa monture et il dut mettre pied à terre. Après un tour rapide au relais de poste, pour mettre son cheval à l'écurie, il décida sans plus tarder de se mettre en quête d'un receleur pour écouler son imposant butin. A vrai dire, Ansoald, s'il n'était pas illettré, n'avait aucune idée de la valeur d'un tel livre. Il espérait cependant que les acheteurs se bousculent et enchérissent sur sa trouvaille.
Le premier:


Dis, mon gars, il est écrit en quoi, ce bouquin? En toscan? Mais ici ce sont les Flandres, pas la Toscanie...Tu me diras, je sais pas lire, alors...

Le deuxième:
Oulà, mon gars, la dernière fois que j'ai touché un livre, c'était le livre des Vertus et il m'a porté malheur....Alors, jamais plus!

Sans se décourager, le troisième:
Ben, il est bien beau ton machin-là mais qu'est ce que tu veux que j'en foute? C'est que j'ai déjà de quoi pour aplatir la pâte ou affiner le lard...

Enfin, un quatrième, parmi tant d'autres quatrièmes:
Moi, je t'en donne 10 écus...Allez 15! Je suis sûr que les images vont plaire à ma gueuse...Oh mais attends...Cette dédicace-là...C'est à la Médicis! Non, mon gars, je touche pas à ce truc-là, trop dangereux!

Malgré ses efforts, Ansoald essuyait déconvenue sur déconvenue. Certains se montraient plus intéressés que d'autres, mais comment vendre au juste prix un objet dont on ignore complètement la valeur? Il ne voulait pas le céder au rabais, il sentait que cet objet était précieux, méritait mieux qu'une vente à la sauvette sous le mantel....Découragé, il s'en revint à l'écurie, s'assit sur un tas de paille, à l'écart de l'agitation urbaine, et considéra l'ouvrage, frôlant de ses doigts les ornements dorés de la reliure. Il l'ouvrit au hasard et posa les yeux sur les mots étrangers. Malgré sa méconnaissance totale du toscan, Ansoald trouvait des ressemblances notables avec sa langue natale.** Ses lèvres enrobèrent d'un souffle ténu les premières syllabes, puis il s'enhardit en claquant de la langue des phonèmes audacieux. L'exercice était d'autant plus amusant, intéressant, captivant, que les enluminures du récit se déroulaient avec magnificence devant ses yeux. A ce moment, plus rien n'existait, sauf l'esprit d'Anso transporté sur les ailes ouvertes du Décaméron.

*JD Aconit
**Pour ne pas compliquer les choses, je suppose que c'est du français.

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Si ce n'est pas toi, c'est donc ton frère....
L_aconit
    Cette voix, je me la prends en pleine face. Je n'ai pas le temps d'être surpris, pas le temps de me retourner, que je sais déjà ce qu'il se passe. Vide-bourse vient de faire une nouvelle victime: Moi.



Il s'en était presque pissé sur les pieds. L'inconnu, qu'il découvrait au demeurant autrement que vu d'en haut, filait , pendant qu'il était en totale position de faiblesse et qui plus est ... Avec son Décaméron. Enfin. Celui de la Medicis. Autant dire que si le voleur avait pris la fuite avec la tête coupée de Faust, cela serait revenu à peu près au même... Puisque s'il rentrait souper sans l'ouvrage, la Dukessima se transformerait sans doute en Némésis... Et ce serait lui, oui, lui qu'on servirait au repas. Dans un accès de panique, la main tremblante quitte le vit qui s'est tarit soudainement et se tend vers la monture qui s'éloigne, l'Aconit s'étrangle, rouge et plus pâle que jamais à la fois:


- Non ! Non non non non non ...!!



Infâmie. Disgrâce. Le visage adolescent a perdu toute sa douceur habituelle, et sa voix toute sa tempérance. Le cul à l'air, l'écuyer tente de rattraper le fuyard, outré. De multiples pensées viennent fouetter son esprit, tambourinant à ses tempes. La déception, la fureur ou au choix l'accablement de la Florentine. Le nombre de services qu'il allait devoir effectuer en plus de ses taches habituelles pour rembourser l'ouvrage. La dernière et très inquiétante réplique du voleur, à propos de l'utilisation blasphématoire qu'il réservait au "sein" écrit.


- Il est en Toscan abruti! Je vais te retrouver ! Et je te couperai la queue !


    Juste pour avoir vu la mienne, et pour m'avoir eu dans le dos. Tu n'as aucun honneur vide-bourses...


Les fines mains viennent maladroitement rembrailler les attributs, et sans attendre, l'androgyne s'élance dans la direction de la ville la plus proche comme on se jette à la mer sans savoir vraiment nager.

Il ne mit pas longtemps à le retrouver, cependant on ne pouvait pas en dire autant de sa lenteur à gagner la ville à pied, même en courant à en perdre haleine. La nuit allait tomber dans la lourdeur de ce mois de juillet et Faust semblait désormais en plus d'être désespéré, complètement négligé. Ses beaux vêtements brodés étaient couverts d'une couche de poussière, son visage d'une pellicule de sueur, et ses cheveux d'habitude tant bien que mal matés vers l'arrière lui faisaient une auréole folle autour de la tête. Le jouvenceau était un apôtre vengeur, troublant de son museau hargneux la quiétude de la ville... Et mieux valait ne pas trop le chatouiller, tout fin et sec pouvait-il paraitre. Un des soldats du Retz qui se trouvait dans une taverne avec une putain lui vendit sans aucune difficulté l'endroit où il avait vu entrer le brun chargé de son livre invendable, contre la promesse d'un menu mensonge au prince pour l'absence du déserteur. Déterminé à faire passer au maraud le goût du pain, il saisit un tisonnier en passant devant une forge puis silencieusement, tel un chat des rues, l'éphèbe aux pointes blondes s'introduisit dans l'écurie, glissant presque comme un serpent sur la paille et repéra l'objet de sa vengeance... Visiblement lui aussi, absorbé par la lecture instructive du très prenant recueil de nouvelles.

Il prit le temps de rassembler son soulagement, sa vaillance et sa malice pour reprendre ce qui lui revenait en plissant deux yeux Cobalts sur l'étranger qui lui apparaissait pour la première fois très distinctement, et sous le meilleur angle possible. Il s'étonna de constater que bien qu'un peu plus âgé que lui, le ravisseur était tout de même bien jeune, et bien bâti, et que sans doute s'il l'avait voulu, il lui aurait fait plus de mal que de peur en l'attaquant par derrière... Faust essuya la sueur de son front d'un revers de manche dont la couleur tendait à devenir difficilement identifiable, les yeux figés sur cette apparition occupée et décida de lui rendre la monnaie de sa pièce, toujours vexé d'avoir vu sa pudeur adolescente mise à mal. Dans la nuque de vide-bourses il piqua la pointe du tisonnier, feignant d'être une bonne lame à l'estoc froid et tranchant, et d'un ton très calme, trop calme et plus qu'assuré menaça:


- Si tu bouges, je t'embroche.
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N'est maître de son art, que celui qui le crée - Damien Saez
Ansoald
La magie est passée...Ses paupières sont lourdes...Son regard verrouille les dernières syllabes d'un mot toscan long comme une corde de pendu...Sa main, paresseuse, ne veut plus tourner la page...Les doigts hâlés s'attardent sur l'enluminure d'une majuscule...Le sommeil piteux mélange Serpent, Sapience et Salope, dans un drôle de rêve vert, rose et violet...Les feuillets du Décaméron paraissent aussi confortable qu'un oreiller en plumes de colvert.

Tout à coup, le contact d'une lame d'acier contre sa nuque le surprend, glace d'effroi son échine. Instinctivement, il cherche à se redresser, mais la pointe fine s'introduit douloureusement dans sa chair. Une goutte de sang enrobe de chaleur le métal, froid. La mise en garde est nette, sans fioritures, celle d'un homme habitué à se faire obéir...Auprès de ses valets. Elle confirme l'identité de son adversaire, l'épiphyte des ormes, le cérébral des cimes, le bellâtre des nuées. Souvent, il a pensé à lui en léchant les pages du Décaméron, et souriait parfois en songeant à sa tenue débraillée, à son air estomaqué...Non, pas estomaqué, démentiellement outré, comme si pareille forfaiture ne pouvait exister. Pendre un bougre, habituel, voler un livre, criminel. Foutue noblesse dégénérée, qu'il jalouse sans oser se l'avouer.

Aussi est-il, paradoxalement, heureux que ce soit lui qui se trouve dans son dos, et non pas un mercenaire aux mains graisseuses, un quelconque soldat sans prestance, ce genre de type qui pisse de la gnôle par le front dès qu'ils aperçoivent du butin. Cette voix, au timbre égal, cette retenue dans les propos, laconique, maîtrisé, le fascine. Par la faute d'un maudit bouquin, voilà le moucheur de lanterne en mauvaise posture. Mais est-il en situation si fâcheuse que tout espoir doit être abandonné?

Primo, le blondin n'a pas appelé la garde à la rescousse, signe qu'il se croit assez fort pour se mesurer, seul, à son voleur, ou bien qu'il n'a aucune autorité sur les soudards qui quadrillent la ville.
Deuxio, le point de douleur révèle que l'estoc de cette arme est fin, très fin, et que la lame est restée rigide sous le mouvement de son cou. Ansoald penche pour une aiguille à tricoter, ce qui signifierait que son adversaire peut, à la limite, le transpercer, non pas le trancher comme un quartier de pomme.
Tertio, Ansoald sait, ou croit savoir, que le béjaune a les mains blanches, le coeur propre, la tête claire. La différence entre la menace et l'acte est aussi grande que celle existant entre un enfant et un homme.


Tu comptes m'embrocher...Avec cette arme de pacotille? Allons...Je sais que tu disposes de mieux...

Un sourire narquois s'étire sur ses lèvres brunes, salées de poussière, meurtries par la soif...Tandis qu'il détourne brusquement la tête pour laisser glisser le tisonnier sur son épaule. Une expression matoise colore son visage quand il sent la lame polie se coller contre son cou, sans le blesser. L'Aconit veut-il reprendre le contrôle qu'Ansoald se saisit du poignet qui tient le tisonnier et une lutte brève s'engage, mais Ansoald, craignant que le blondin ne lui bourre les côtes de son poing gauche, lui lance à la volée:

Du calme, je me rends, du calme, tu m'as retrouvé, je me rends!

Un silence méfiant accueille cette déclaration. Néanmoins, la tension se relâche peu à peu et les deux protagonistes reprennent le cours d'une respiration normale. Surtout, leurs yeux ne se lâchent pas. Ansoald devine, par la dureté du regard du blondin, que ce dernier ne compte pas le libérer si facilement. Il n'hésitera probablement pas à le dénoncer à la milice urbaine, pour avoir dérobé son précieux livre et décroché un pendu au mépris d'une ordonnance seigneuriale. En ces temps où la justice n'hésite pas à user de la corde pour briser les cous des malfaisants, Ansoald, seul et sans protection, sait qu'il est perdu.

Heureusement, il lui reste une carte à jouer. Un bon brigand doit toujours disposer d'une porte de sortie. Il peut sentir le souffle du blondin sur sa nuque. Avec une lenteur calculée, ses jambes se déplient et il cale les rondeurs de sa croupe contre les joyeuses du mignon, s'appliquant à gommer la pudeur incongrue de son joli crayon. Lequel réagit aussitôt, comme s'il voulait écrire de déchirantes histoires sur les pages dodues de sa Muse. Ansoald, la tête tournée vers son prédateur, allonge un sourire coupable et fier de l'être. Sa main libre vient lui masser la cuisse, comme pour l'inciter à poursuivre....

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Si ce n'est pas toi, c'est donc ton frère....
L_aconit
L'adversaire est joueur, où sait-il déjà qu'il a le dessus. N'être pas armé n'est pas une fin en soi, mais... La voix qui se durci contraste de trop avec le geste bien doux. L'aconit est une action collatérale, un poison bien connu pour être l'arme des femmes. Le voleur de Décaméron l'a saisi, au moment où il est descendu de cet arbre, ou quand il lui a tourné le dos. Lorsque ses yeux n'ont pas croisé les siens, nourri de tout sauf de l'affrontement. Ou diable sait quand. Voleur a su violer le velours même de son intimité.

Touché par deux fois dans son orgueil, l'écuyer saisit ses cheveux bruns, les agrippe négligemment dans sa main comme une ultime ruade, réellement agacé d'audaces dont il est incapable. L'idée ouvertement évoquée, éructée, d'une arme plus efficiente dont il disposerait le ferait presque s'empourprer de colère - ou de pudeur - quand il sait qu'il s'agit de sa queue, vision elle aussi emportée sans autorisation par le jeune voleur. Sans doute que l'inconnu se demandait comment pouvait-on être aussi fin que bien doté. Nature est bien inégale dans sa tranchante vérité. Afin de reprendre contenance, Faust Nicolas imagina assez fort que son adversaire était pour sa part, pitoyablement monté. Mais blondin ne fit que se troubler d'avantage, se perdant sur les sentiers mêlés de son inexpérience et de ses découvertes en fleur...

A force de flirter avec ses images figuratives et de semer ses propres pièges, l'inconnu d'en face, c'est peut-être lui.

Après un cri bref et une empoignade presque musclée qui signe la trève, l'écuyer jauge son vis à vis, incrédule, sans se fier à sa parole d'inconnu à la proximité déroutante. C'est un instant hors du temps. Les deux jeunes hommes se dévisagent dans une intensité expectative à couper au couteau. Dans ses yeux, la mer semble agitée. A ses tempes, le tambourinement lourd du palpitant emballé. Vacarme d'adrénaline incontrôlable. Le souffle est court, et murmuré:


- Tu ne sais même pas lire.


L'insulte se veut suprême, ramenant le sent-la-fange à sa condition de va nu pieds qui saute littéralement aux yeux de l'enfant propret. Futur chevalier de bonne lignée.


    Que ferais tu d'un tel objet...


Et lorsque l'encatané vient coller ses reins contre lui, l'Aconit comprends qu'il n'aura jamais le dernier mot. Trahi par sa propre chair, érectile à souhait, à seize ans... Vous pensez. L'amour propre a déserté. Le poste est vacant.

Bien sûr qu'il aime les garçons.

Mais rien n'est plus douloureux que de trouver violé le plus cher de ses secrets. Celui pour lequel l'on est pas prêt. Voleur aura tout pris, jusqu'à le laisser nu et cru face à sa réalité. Faust le repousse avec violence assortissant un croc-en-jambe mauvais, pour le faire tomber. Crapule d'étage premier ne méritant plus sa lutte. Le livre est repris, le tisonnier jeté. Sans demander son reste, l'Aconit disparait.

Taliesyn lui avait appris à se battre. Pas à se faire déshabiller.

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N'est maître de son art, que celui qui le crée - Damien Saez
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