Linon
La course dans la froide nuit de cette fin d'automne avait glacé les mains et les larmes de la jeune femme qui accompagnait Maleus, accordant l'état de son corps à celui de son esprit. Haletante, elle inspira profondément, expira une nuée de vapeur et renifla.
Elle regarda autour d'elle, essayant toujours de maîtriser la jument grise que Jo lui avait offerte en cadeau de mariage une semaine auparavant. La chevauchée avait été rude, et Linon maudissait et la jument, et la robe qu'elle avait dû revêtir, déclarant définitivement les deux incompatibles.
La petite jument grise continuait de tourner sur elle-même, Linon finit par se laisser glisser au sol et rejoignit Mal en marchant. Elle observa la foule qui se pressait à l'entrée du château, se figea devant les dizaines d'hommes d'armes qui traînaient là, certains visiblement en service, mais pas mal d'autres en tenue d'apparât, occupés à faire des ronds de jambes et à parader devant les dames gloussant d'aise, plus clinquantes les unes que les autres.
La brunette leva ses yeux bleus et las vers Mal qui observait le spectacle d'un air narquois et époussetait les médailles qu'il avait sorties pour l'occasion... lui aussi avait été militaire... Linon renonça à lui redemander pourquoi ils étaient là.
Elle retourna un instant en pensée vers l'homme qui gisait là-bas, chez elle, se mourant des suites des blessures reçues d'une armée de furieux décervelés qui l'avaient attaqué sans sommation alors qu'il tentait de la rejoindre. Serrant les dents, la jeune femme refoula les larmes qui menaçaient encore, abaissa la capuche qui masquait sa chevelure et vérifia à tâtons sa tresse. Le reste de la troupe les avait rejoints, Mal se tournait vers elle et reprenait ses airs de petit noble berrichon pour l'envoyer l'annoncer. Linon lui répondit d'un rire de gorge
Tu veux que je t'annonce? Allons-y, mon cher ! Mais nous règlerons cette histoire de suivante plus tard n'est-ce pas?
Elle confia les rênes de la jument à un page qui trainait là en lui mumurant
20 écus pour toi si je la retrouve soignée et reposée à mon départ... C'est un cadeau, fais-y gaffe !
Puis s'approcha d'un pas résolu de l'entrée, le plus charmant des sourires éclairant son visage pâle au joues rougies par le froid.
Veuillez annoncer le Seigneur de Dampierre en Graçay, accompagné de dame Linon d'Orient.
Se penchant d'un air de connivence, elle précisa
D'Orient c'est pas une particule, hein, c'est une origine géographique... Vous savez où c'est n'est-ce pas? Et vous, vous venez d'où?
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« Avais-je raison ? Voyez comment l'amour change en bêtes les gens d'esprit ! »
Elle regarda autour d'elle, essayant toujours de maîtriser la jument grise que Jo lui avait offerte en cadeau de mariage une semaine auparavant. La chevauchée avait été rude, et Linon maudissait et la jument, et la robe qu'elle avait dû revêtir, déclarant définitivement les deux incompatibles.
La petite jument grise continuait de tourner sur elle-même, Linon finit par se laisser glisser au sol et rejoignit Mal en marchant. Elle observa la foule qui se pressait à l'entrée du château, se figea devant les dizaines d'hommes d'armes qui traînaient là, certains visiblement en service, mais pas mal d'autres en tenue d'apparât, occupés à faire des ronds de jambes et à parader devant les dames gloussant d'aise, plus clinquantes les unes que les autres.
La brunette leva ses yeux bleus et las vers Mal qui observait le spectacle d'un air narquois et époussetait les médailles qu'il avait sorties pour l'occasion... lui aussi avait été militaire... Linon renonça à lui redemander pourquoi ils étaient là.
Elle retourna un instant en pensée vers l'homme qui gisait là-bas, chez elle, se mourant des suites des blessures reçues d'une armée de furieux décervelés qui l'avaient attaqué sans sommation alors qu'il tentait de la rejoindre. Serrant les dents, la jeune femme refoula les larmes qui menaçaient encore, abaissa la capuche qui masquait sa chevelure et vérifia à tâtons sa tresse. Le reste de la troupe les avait rejoints, Mal se tournait vers elle et reprenait ses airs de petit noble berrichon pour l'envoyer l'annoncer. Linon lui répondit d'un rire de gorge
Tu veux que je t'annonce? Allons-y, mon cher ! Mais nous règlerons cette histoire de suivante plus tard n'est-ce pas?
Elle confia les rênes de la jument à un page qui trainait là en lui mumurant
20 écus pour toi si je la retrouve soignée et reposée à mon départ... C'est un cadeau, fais-y gaffe !
Puis s'approcha d'un pas résolu de l'entrée, le plus charmant des sourires éclairant son visage pâle au joues rougies par le froid.
Veuillez annoncer le Seigneur de Dampierre en Graçay, accompagné de dame Linon d'Orient.
Se penchant d'un air de connivence, elle précisa
D'Orient c'est pas une particule, hein, c'est une origine géographique... Vous savez où c'est n'est-ce pas? Et vous, vous venez d'où?
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« Avais-je raison ? Voyez comment l'amour change en bêtes les gens d'esprit ! »