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Quand Moineau et Rossignol se retrouvent au détour d'un tombeau, après l'affreux adultère du pirate...

[RP] Ambroise te toise... Encore.

Jurgen.
I think I'll miss you forever
Like the stars miss the sun in the morning skies
Late is better than never
Even if you are gone I'm gonna drive, drive


Lana Del Rey - Summertime Sadness


    Il parlait de ce voyage depuis plusieurs jours. Neijin lui avait laissé un vélin sur la couche, précisant qu'elle avait rencontré la Duchesse le soir même et que celle-ci autorisait le pirate à aller se receuillir sur la tombe de sa fille. Bien évidemment, le cœur avait fait quelques bons irréguliers. Depuis quelques mois à présent, il attendait une réponse : Où Diable son fils et son épouse étaient-ils enterrés ? Il avait imaginé les pires scénarios, étant donné la mort tragique de ceux-ci. Il l'avait vu dans une fosse commune, dans un cimetière angevin, à l'orée d'un bois, pourrissant comme la charogne de Baudelaire. Et son fils, ce si petit être... Il ne pouvait décemment pas l'imaginer ne pas avoir de sépulture. Il ne pouvait imaginer le petit rouquin flétrir ailleurs qu'entre quatre planches d'un bois de qualité. Et si les imaginer, morts, pourrissant, était douloureux, les imaginer encore en vie n'était pas mieux. Gabriele l'avait mis en garde, récemment : Peut-être Darria avait-elle utilisé la méthode Dae, et s'était enfuie, le punissant avec une mort simulée, lui arrachant du même coup deux parties de lui même.

    Il se souvint qu'il avait déjà été heureux. D'abord à bord du Trompe la Mort. Les conditions étaient certes dures, et il manquait de beaucoup de choses parfois, mais l'air marin faisait des miracles, et l'odeur iodée le mettait toujours en bonnes conditions pour affronter les pillages et abordages. Puis il y avait eu le naufrage, et la vie était devenue si difficile qu'on pouvait la comparer à un brouillard dans des marécages : On avançait à l'aveuglette, risquant à chaque pas de tomber. Mais Corbeau et ses plans n'échouèrent pas et permirent à Jurgen de trouver un autre type de bonheur : Darria. Elle était alors ce qui, plus que n'importe qui ou n'importe quoi, le faisait avancer. S'il ne savait pas de quoi ses lendemains seraient faits, il savait qu'il ne serait pas seul pour les affronter. Et quand Lars sortit enfin de la matrice, c'était comblé, on ne peut plus heureux, qu'on le trouvait.

    Mais c'était fini. C'était fini à cause de son idiotie. Ce n'était pas tout à fait de cette façon qu'il voyait les choses. Neijin était précieuse, et n'était pas franchement une erreur aux yeux de Jurgen. Du bonheur, il était passé au tiraillement, et du tiraillement, à autre chose, avec sa nouvelle compagne. Rien ne rapprochait son amante de son épouse, rien, à part l'amour qu'il leur portait. Il les aimait pour des façons distinctes, différentes. Combien de soirées avait-il passé à me morfondre, en jurant qu'il trouvait injuste que Deos lui fasse subir une telle épreuve ? Ne pouvait-il pas avoir les deux ? La réponse fut donnée lorsque Darria le quitta en embarquant son trésor. Il ne l'avait pas retenue. En fait, il n'imaginait pas qu'elle partirait définitivement. Il pensait que les choses allaient s'arranger d'elles même, qu'une solution lui tomberait sur le coin de la gueule.

    Mais Jurgen avait souvent tort, et on lui avait apporté la nouvelle : Morts. Lars avait succombé à la fièvre, et Darria, n'ayant pu surmonter la douleur de la perte de son enfant, avait mis fin à ses jours dans d'atroces circonstances. Il avait enterré le cœur qu'elle lui avait fait parvenir, enfermé dans une boite fermée par le ruban qu'il avait volé lorsqu'il avait saccagé le salon de Lignières.

    Et enfin, il pourrait se recueillir. Il partait tôt le matin. Limoges était à une journée de marche de Lignières, et s'il avait prévu d'emmener Audric et Gabriele avec lui, il avait finit par changer d'avis. Il ne voulait finalement pas montrer ce côté (qu'il avait d'ailleurs de trop nombreuses fois dévoilé) destructeur. Ce serait pénible et atroce. Il boirait probablement beaucoup. Il chasserait l'humain, passerait ses nerfs, se droguerait. Et pire peut être aussi. Car il avait déjà pensé à la mort comme ultime recours. Mais la Mort, il la trompait depuis bientôt trois décennies. Il était comme physiquement incapable de mourir, et encore moins de mettre fin à ses jours.

      - Dörrfleisch... Wasser... Decke... Brot...*


    Il hochait la tête à chaque fois qu'il cochait mentalement une case dans son inventaire. Il chasserait probablement un peu, et cueillerait. Il avait pris le chemin le plus direct, et emprunta le même que le jour où il avait pénétré dans le château par effraction. Il le connaissait bien. Il connaissait bien cette douleur qui s'ajoutait aux pas, peu à peu. Il reconnu bien ce sentiment d'injustice lorsqu'il aperçu le batiment et ses dépendances. Lorsqu'il passa devant les écuries, dans les jardins... La seule différence avec la dernière fois, c'était qu'il ne se cachait pas. Darria et leur enfant étaient morts. Johanara d'Ambroise n'avait plus rien à craindre de son gendre. C'était fini.

    Il se lissa quelques instant la barbe et refit son chignon. Ses cheveux étaient à présent d'une longueur indécente, le milieu du dos était pratiquement atteint. Il n'avait jamais eu le cœur à les couper, car Darria lui en aurait voulu. Mais il songeait à les raser, lorsque qu'il serait déchargé du poids du recueillement. Par habitude de stress, il lissa ses braies, et se racla la gorge. Il laissa tomber sa besace et porte la main à l'anneau du heurtoir de la grande porte, et le laissa retomber avec un fracas relatif sur le bois. Il regarda un instant sa main droite, main à laquelle on porte l'alliance dans son pays. Il portait encore son anneau. Sous celle-ci, il y avait un moment qu'il s'était tatoué un épais cercle noir. Il était éternellement marié à Darria. Et seule une brûlure douloureuse et probablement handicapante à vie le soulagerait de la douleur à la vue de ce tatouage. Sur cette même main étaient tatoués en lettrines précises, à l'intérieur des doigts (à la distance minutieusement calculée pour ne pas entrer en conflit avec le cercle tracé), le prénom de son fils. L-A-R-S. Quatre lettres, cinq doigts, un anneau, un épais cercle. Il avait dans la peau son bonheur et son malheur, et il attendait un éventuel soulagement devant la demeure d'Ambroise.

      Mais Ambroise te toise. Et il n'en était pas conscient malgré les mises en garde.


    *Viande séchée... Eau... Couverture.... Pain...

    Je pense que tu me manqueras toujours
    Comme le soleil manque aux étoiles le matin venu
    Mieux vaut tard que jamais
    Même si tu n'es plus là je continue, continue

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Anastasya

« Il était une fois.... Toi et moi... N'oublie jamais ça... Toi et moi...
Depuis que je suis loin de toi je suis comme loin de moi, et je pense à toi tout bas...
La différence, c'est ce silence, parfois... Au fond de moi...
Je ne suis pas toujours la plus belle, et tu me restes infidèle
Mais qui peut dire l'avenir de nos souvenirs...
Oui, j'ai le mal de toi parfois, Même si je ne le dis pas... L'amour c'est fait de ça... »
Lettre à France. Polnareff.



[La veille.]

Il avait suffit de quelques mots jetés sur le vélin pour que la jeune fille revienne sur son serment : ne plus jamais revoir Jurgen...

Quelques bribes d'une conversation qui l'avaient conduite au castel de Lignières où le simulacre de sa mort atteignait son acmé au sein de la crypte familiale à la tombe fictive fleurissant des camélias et de la bruyère.

« Je lui ai demandé lors de notre dernière rencontre dans le secret d'une auberge insalubre où les vapeurs d'alcool et la tristesse de ton mensonge rendaient l’atmosphère digne d'une tragédie grecque ce qu'il aurait aimé te dire sur ton lit de mort. Il avait l'oeil humide mais j'ai entendu distinctement l'accent germain au gré de son murmure : je regrette.  Dans quelque jours il ira sur ce qu'il croit être vos tombes. »

Des regrets... Peut être pensait il à elle quelques fois. Et dans le cœur encore adolescent de Darria, cette hypothèse ténue provoqua à elle seule des tempêtes et des marées.

Jurgen lui manquait terriblement. Sans l'amour de son fils, elle serait sûrement morte de chagrin. Elle avait toujours vu les femmes de sa famille se relever de leurs histoires d'amour. Mais sa peine à elle, grandissait au fil des jours, la dévorait, se nourrissait de ses souvenirs qui revenaient inlassablement lui battre les paupières à chaque crépuscule.

Elle le revoyait se gratter la gorge, l'oeil fou et la lèvre retroussée. Elle respirait son odeur, jouait les sons mélodiques de sa voix en boucle, pleurait des larmes de frustration quand son corps le réclamait dans la torpeur de ses nuits solitaires.

Cette fois son plan était simple. Darria comptait se faire passer pour un valet et l'accompagner jusqu'au caveau familial. Elle pourrait ainsi se repaître de sa présence et lire de ses propres yeux le regret aux prunelles chagrines de son époux...

Devant le grand miroir qui trônait dans son ancienne chambrée, l'Ambroise sacrifia la soie flave de sa longue chevelure. Ce nouvel aspect plus masculin, renforcé par son corps longiligne lui donnait un petit parfum de scandale qu'il la fit rosir de plaisir.




[Ce matin là.]

Un coup...

Elle inspira profondément. Dans quelques instants, il apparaîtrait dans la grande entrée du Castel.

Une seconde, deux secondes, trois...

La vieille duègne qui servait d'intendante en l'absence de la duchesse tira le loquet de la porte en chêne massif.

Un pas, deux pas, trois...

La lumière pénétra par flots, éclairant le marbre et le bois, mais Darria ne voyait plus, n'entendait plus, ne respirait plus, happée par la vision de son mari se tenant debout à quelques mètres d'elle.

Depuis le grand escalier, elle l'observait, ses prunelles ahuries, la joue brûlante, l'esprit submergé par tout l'amour refoulé qu'elle lui portait. Lorsqu'elle se reprit, sa longue silhouette féline s'approcha de la domestique. Elle proposa de le mener jusqu'aux tombes.


-J'suis le gars qui entretient les jardins et le caveau. V'nez visiter m'demoiselle Darria et son fils ? Triste histoire... Suivez moi...


Son cœur manquait jaillir de sa frêle poitrine. Elle se tenait assez près de lui pour sentir les effluves nébuleuses de la chevelure de jais. La haine se disputait la tendresse : tandis qu'une part d'elle revait de l'égorger, l'autre, la douce, l'enfant, la rêveuse, se retint de cueillir l'ultime baiser....

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Jurgen.
    Les quelques secondes avant que la porte ne s'ouvrit lui parurent de longues minutes. Le palpitant voulait comme défoncer sa cage thoracique. Pourtant, il n'y avait aucune raison. La vieille dame qui lui ouvrit ne le reconnu pas (et de toutes façons, tout le monde savait bien que c'était lui qui avait saccagé le salon.), et si Johanara était présente, ils s'échangeraient, au pire, comme d'habitude d'affreuses piques sur leurs vies respectives. Il n'y avait rien à craindre. Tout allait bien. La vieille dame s'écarta un peu et il pu faire quelques pas pour entrer dans le hall, toujours aussi grand, luxueux, indécent. Lignières ne représentait en rien le Berry, c'était certain.

      -J'suis le gars qui entretient les jardins et le caveau. V'nez visiter m'demoiselle Darria et son fils ? Triste histoire... Suivez moi...


    Le petit gars était là, planté devant lui. Il parcouru tout d'abord vaguement des yeux le corps semblable à une liane, et son regard monta lentement vers le visable angélique. Un visage tout à fait adorable. Le garçon se donnait mauvais genre, mais il n'y parvenait pas. Quelque chose. Comment expliquer ce ressenti? Il se trouvait face à l'épouse qu'il n'avait plus vue depuis bientôt un an. Il se tenait devant la source de son malheur et de son bonheur. Elle était là, grimée vulgairement, les cheveux rapiécés. Mais ce charme fou déstabilisa le pirate.

    C'était un homme qu'il regardait. C'était un jeune valet qu'il observait avec, au fond, une pointe de désir. Et c'était troublant. Il y repenserait plus tard, en se demandant ce qui n'allait pas chez lui. Mais ce visage... Oh ce visage... Pourtant, il ne pouvait rester là immobile. Il ramassa la besace et la raccrocha à son épaule, maintenant fermement la sangle de sa main tatouée. La même qui d'ailleurs portait la cicatrice d'un vilain jeu. Le jour où son épouse voulait jouer avec un couteau, à éviter les doigts de Jurgen. Et, sans surprise, la lame s'était fichée dans la paume. Lorsqu'il repensait à sa maladresse, il souriait niaisement. Comme elle lui manquait. Comme sa naïveté lui manquait, comme son corps lui manquait, comme son être tout entier lui manquait !

    Il balbutia quelque chose d'inaudible en le regardant. Il se frotta les yeux rapidement comme pour reprendre pieds, et fixa à nouveau le page.

      - Hm. 'Llons-y.


    Alors il suivit l'odeur de vanille. Tous ses sens étaient en émois. En émois pour un jeune garçon. Pourtant, il aurait pu la reconnaître. Il aurait du. Mais le mensonge était trop cruel pour en être un. Il n'imaginait pas Darria capable d'une pareille chose. et à coup sûr, il lui en voudrait. Peut être ne lui pardonnerait-il jamais? Deux êtres qui s'aiment et se détestent à s'en faire perdre la tête. Voilà ce qu'ils étaient à présent l'une pour l'autre.

    Une chose permettrait de faire disparaître tous ses doutes. Les cheveux de son épouse étaient désormais courts. Sa nuque était dégagée. Et sur sa nuque, elle portait depuis longtemps un tatouage. "Cu.m te in sanguinem". Avec toi, dans le sang.

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Anastasya
Son regard sur elle enfonça mille échardes au creux de son palpitant. Darria se liquéfia quelques secondes, la douleur au bord des yeux, le désir balbutiant sur sa lippe vermeille, la peau frémissante de ces retrouvailles singulières.

Il allait la reconnaître. Ses prunelles clignaient sous le doute. Aussi se déroba t'elle à l'oeil inquisiteur.

Traversant quelques chemins de terre et de roses pourprées, elle inventa une histoire pour protéger la supercherie.



-C'tait ma demi-soeur. On avait le même salaud de père.



Priant pour que le mensonge soit gobé, la main fine ouvrit le caveau. Un sentiment de honte l'envahit. A quoi jouait elle ? Qu'avait elle fait de son intégrité et de sa fierté ?


-C'est là.


Elle pointa du doigt deux tombes fraichement fleuries. Un foulard sombre dissimulait la nuque gracile. Ses grands yeux transpiraient tout le desespoir du monde.

Il n'y avait rien, rien mis à part leur fils, que Darria n'eut pas saccagé, tué, volé, détruit pour recouvrer l'amour de son mari. Il était là au plus profond de sa chair comme son premier et unique amant. Elle le savait du fond de ses entrailles qu'elle n'aurait pas la chance de goûter au prochain émoi. Elle était à lui, hier et aujourd'hui et pour tous les demains à venir. Elle était sienne toutes les nuits de toutes les éternités.

C'était pathétique. Mais tout bonnement hors de son contrôle. Il lui avait donné cet enfant merveilleux qu'elle dévorait de tendres baisers, émue par la beauté de ce petit être, drogué à cette odeur d'enfant et à ces petites mains, à ce duvet roux, trésor parmi les trésors, don inestimable qui lui faisait revivre leur histoire fabuleuse qui avait mené à Lars.

Il aurait beau resté loin d'elle et goûter aux plaisirs d'un adultère aux airs d'idylle, il l'avait faite femme puis mère. Comment l'oublier ? Comment le hair ? Comment résister à la tentation violente de le supplier, de l'implorer, de le mordre, le griffer, enfoncer sa propre douleur dans sa chair et de lui hurler des reproches imprégnés de passion ?

Du poison. Il avait toujours été du poison pour elle. Et ce jour là encore, elle se sentait souffrir cent morts, cent tortures, tant il lui manquait. Du vide, encore du vide partout autour de son cœur que sa seule présence dans le tombeau suffisait à panser.

Jurgen était la lame et le pansement. Le bourrel et le prêtre. Mais les pensées de la jeune fille devant le spectacle impudique d'une bourrasque de vent frais échevelant la longue crinière de nuit qu'il ne devait pas avoir coupé depuis leur séparation, n'étaient guère pieuses...

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Jurgen.
    Il détaille ce corps qui déambule dans les jardins, sur le chemin du caveau. Il l'a touché des centaines de fois, il fut longtemps sien, et il n'y avait à l'époque pratiquement pas une seule nuit où il ne le toucha point avec désir, même lorsque son épouse était enceinte, même lorsqu'ils étaient en mésentente, même lorsqu'il était malade, et même lorsqu'il dormait. Les interminables jambes de l'Ambroise l'emmenèrent bientôt devant le caveau. Le jeune valet venait de mentir. Fils de Messiah, demi frère de Darria. La ressemblance était alors justifiée. Seulement, Darria avait tout d'une Ambroise, et s'il ne connaissait pas son géniteur, il connaissait bien sa famille maternelle. Le valet devant lui était certes à moitié Penthièvre, mais surtout Ambroise. C'était Darria. C'était elle, et il le savait. Il le savait parfaitement, et on le traiterait d'idiot, en sachant qu'il se mentait aussi à lui même de cette façon.

    Il ne pouvait tout simplement pas supporter un mensonge comme celui-ci. Il voulait croire que son épouse n'était pas capable de ça, malgré tout le mal qu'il ait pu lui faire. C'était affreux, d'un côté de se persuader de la mort de son enfant et de son épouse pour ne pas avoir l'ego ainsi blessé. Mais il y avait beaucoup trop de choses pour que Jurgen ne s'en préoccupe. Il y avait entr'autre le valet, devant lui. Le valet, et ces tombes fleuries qui sentaient encore la fraîcheur des camélias et de la bruyère.

    La partie de son esprit qui croyait en la mort de sa famille tant aimée le poussa à se mettre à genoux face au tombeau. Un léger nuage de poussière de forma aussitôt autour des jambes, au sol. Son front vint s'appuyer contre le marbre froid et dur. Les bras, eux, s'étaient jetés sur celui-ci et l'agrippait fermement, alors que les larmes, comme jamais il n'en avait encore eu dans sa vie d'adulte, grosse comme des oeufs de pigeon, coulèrent généreusement. Son visage caché entre ses épaules, dans la pénombre, reflétait parfaitement ce que Jurgen était en réalité. Le masque était tombé, et seuls Darria et Corbeau l'avaient déjà vu ainsi. Un homme abattu, mort à l'intérieur, une flamme vacillante, un bouclier d'ego pour cacher ce coeur flétri.

    Et bientôt un faible râle passa outre ses lèvres. Tout son être voulait hurler, se déchirer, s'ouvrir en deux, mourir, pour de bon, après tant de tentatives du destin. C'était comme un ballon qu'on crevait, les forces le quittaient, il sanglotait, se plaignait. Et le valet était là, non loin. Il était témoin de ce qui se passait à ce moment là. Il pouvait voir, sentir, et jouir du malheur du pirate, comme il l'avait voulu. La mort était terrible, mais la vie était pire qu'elle. Ce n'était pas la mort qu'il trompait, c'était elle qui le trompait et se jouait de lui.

    De longues minutes il demeura à genoux au sol, le front contre la tombe. De longues minutes où dans sa barbe l'eau s'infiltrait et le chatouillait, où le mucus transparent s'échappait de son nez, de longues minutes pendant lesquelles ses sourcils froncés avaient créés des sillons qui contribueraient grandement à le marquer à vie de ridules. Mais ces minutes, encore une fois, lui parurent des heures, des jours, ou des semaines. Et il ne bougea pas tant qu'il n'eut plus rien à évacuer.

    Lentement, il releva la tête vers le valet aux traits divins.

      -T'lui r'ssembles tant...


        Et il était prêt à tout pour goûter une fois encore, une ultime fois, au bonheur de l'étreinte avec son épouse.

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Anastasya
La jeune fille l'observa tandis qu'il pleurait. La déception et le désespoir lui arrachèrent une grimace.

Elle n'était pas plus soulagée. La tristesses et la colère continuaient de ronger son âme. Le voir si désemparé , si vulnérable ne faisait qu'amplifier son courroux.

Pourquoi avait il ruiné leur famille? Il était évident au vue de ses larmes qu'il les aimait sincèrement. Il avait tout gâché, il avait anéanti tous ses espoirs de bonheur. Sans lui elle n'était rien... Mais jamais elle ne trouverait la force de lui pardonner....

Il était monté trop haut, sur un piédestal d'amour et de loyauté, elle croyait en eux comme dans la plus belle et la plus sacrée des certitudes : ils étaient faits l'un pour l'autre. Jurgen avait piétiné la prophétie de leurs amours éternelles.

Lorsqu'il revint vers elle, Darria sut à la chaleur des prunelles de son époux, qu'il était sur le point de la reconnaitre. Elle n'était pas prête. La confrontation la démolirait un peu plus.

Que pourrait elle lui dire?

-Je te hais. Je songe parfois à te tuer, car tu m'as tout pris. Je rêve d'enfoncer ma lame dans l'écarlate frémissant de ta gorge abimé. J'aimerai que tu disparaisses de mes pensées. Tu es partout, tu es tout, et je t'aime plus que tu ne pourras jamais l'imaginer. Je m'accroche à ton souvenir, à cette main rugueuse qui courait sur ma poitrine frêle, à cette barbe mille fois chérie, et à tes cheveux... Bon sang comme j'aime tes cheveux. J'aimerai les sentir et les étreindre, et rester et mourir dans tes bras. Tu m'as tout pris. Pourquoi me faire découvrir l'amour absolu pour me laisser seule et pitoyable?

Je veux retrouver nos journées à errer sur la route en quête d'un larcin. Tu me dirais de prendre du muscle, je te dirais de cesser d'être idiot. Tu te souviens le jour où nous sommes restés coincés l'un dans l'autre? Je donnerai tout ce que j'ai pour revivre cet instant et cette fois ci, ne pas réussir à échapper à cette étreinte.

Je te veux du plus profond de mon etre. J'en ai mal. Je te hais... Mon dieu comme je te hais...


Et après? Non elle ne pouvait pas. Elle ne supporterai pas d'être rejetée une seconde fois....

Alors Darria s'enlisa dans le mensonge et la trahison...


Tiens... Tu dois avoir soif, bois quelques gorgées de mon alcool... Ça te soulagera...

Afin de ne pas éveiller ses soupçons, elle fit mine d'en boire une bonne rasade, mais le liquide sucré ne fit qu'effleurer sa bouche coupable.

Puis elle lui tendit la gourde de vin... De quoi l'étourdir. Lui faire oublier le lieu...peut être se reverrait il sous leur tente, au milieu des fourrures, lorsqu'il lui apprenait à chasser...ou bien s'évanouirait il...

Dans tous les cas, il ne garderait de leur rencontre, qu'une impression flou...

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Jurgen.
"Your beauty is beyond compare
With flaming locks of auburn hair
With ivory skin and eyes of emerald green
Your smile is like a breath of spring
Your voice is soft like summer rain"

Dolly Parton, Joleen





    D'à genoux devant le marbre, il se retrouva assis dans la poussière désormais légèrement humide, les yeux rivé vers le jeune page au timbre exquis. Il tendit la main vers la gourde et effleura les doigts du jeune garçon. Quel trouble éprouva t-il à cette vague qui le submergeait! La culpabilité l'envahit: Jamais encore, pour un jeune homme, de tels sentiments n'avaient été éprouvés. Et pour oublier, plus qu'il ne le pensait, il porta la gourde à ses moustaches et en bu de généreuses rasades. C'était sucré et bon comme de la poire de Sancerre, et ça avait le goût de la passion et du Berry. Ca avait le goût de routes escarpées et du sang versé, et celui des peaux de bêtes jonchant le sol d'une chambre d'auberge paloise. Darria, te souviens-tu seulement, de là où tu es, de cette nuit fabuleuse où la lumière tamisée nous avait poussés au pêché, celui-là même qui, peut être, avait engendré notre fils? Te souviens-tu de cette chaleur dans ton bas ventre quand le mien te réclamait avec plus d'ardeur que jamais? Et revois-tu les étoiles prier pour notre bonheur, ce soir là? Dans cette chambre où le feu dévastait l'âtre et où nous n'avions pour couche que les peaux odorantes.

    Cette nuit, Jurgen la tenait comme la plus belle et la plus puissante. La nuit où il s'était donné en entier, sans retenu, et où la chose avait duré des heures durant, et où ils s'étaient endormis enlacés l'un dans l'autre. Et lorsqu'il releva les yeux vers l'adolescent il tapota le sol, soulevant une nouvelle fois un nuage de poussière, pour lui signifier de s’asseoir à ses côtés. Ce geste, il l'avait souvent fait, sur ses propres genoux, pour lui dire de s'y installer. Et attendant un peu, il but encore le liquide trompeur. Il savait que ce jour était funeste et qu'il boirait plus qu'il ne le pourrait. Il savait que le retour serait difficile et que l'idée de finir dans un ruisseau, à moitié nu, le visage en sang d'être trop tombé, était tout à fait plausible, et même probable. Il l'avait accepté.

    Lorsque le page s'assit, le coeur du pirate fit un nouveau bond irrégulier. Il observait ces longues jambes, autrefois habillées de cuissardes qui les rendaient si sensuelles, ou encore, de rien du tout, et c'était bien ainsi qu'il la préférait. Le menton se releva lentement, et la main tendit à nouveau la gourde allégée.

      -Ton nom, Frère d'Darria?


    Et ces mots sonnaient de plus en plus vrai, dans son esprit, ou alors, c'était son esprit, qui sonnait de plus en plus faux et qui semblait s'être séparé de cette enveloppe charnelle mille fois abîmée. Car si de l'esprit, il n'en avait jamais beaucoup eu, le breuvage déjà lui faisait tourner la tête et les sens, et bientôt une main assurée se posa sur la cuisse du page. Elle était chaude, sous le cuir, et il lui prit soudain l'envie d'en découvrir plus: De pouvoir humer, toucher, lécher, mordiller, râler. Et lorsque les yeux quittèrent la main sur la cuisse et remontèrent jusqu'au visage, ce n'était définitivement plus le page qu'il avait en face de lui. ce n'était plus la pâle copie, mais une Darria aux joues roses, en forme, gracieuse à la lippe au contour éternellement parfait. Les yeux continuèrent avec émotion leur périple et s'arrêtèrent un instant sur la clavicule, dont le nombre de baisers qu'elle avait de sa part reçu ne pu jamais être compté, et sur la poitrine adorablement ferme. Sa propre lèvre fut mordue, comme toutes les fois où l'intérieur de ses braies se réveillait, et il plongeât le visage au derrière de l'oreille pour couvrir le cou gracile de baiser tendres et amoureux, alors que déjà, un doigt se glissait sous le ruban noir pour se faire plus de place sur la peau. Le souffle, raccourci, pu se frayer un chemin jusqu'au tympan de son âme sœur déguisée.

      -Liebe meine...


    Adultère, adultère. Il n'avait jamais pensé en faire un mode de vie. Et pourtant, c'était Neijin, qu'il s'apprêtait à tromper, cette fois ci. Avait-ce été prévisible? Probablement. la passion qui avait toujours animée Jurgen pour Darria était dévastatrice, et sa vie était un champs de bataille: Pour elle il avait tué, et pour elle, maintenant, il trompait.


Ta beauté est au-delà de toute comparaison
Avec tes mèches flamboyantes et tes cheveux auburn
Avec ta peau d'ivoire et tes yeux d'émeraude
Ton souffle est comme la brise de printemps
Ta voix est douce comme la pluie d'été

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Anastasya

-Ton nom, Frère d'Darria ?



La jeune fille se mordit la lèvre quelques secondes avant de lâcher dans un faible soupir :


-Fréderic. C'est le nom d'un vrai mec...


Et puis elle se posa près de lui sur le sol poussiéreux de la crypte. Quelques mots d'amour, une main masculine sur la cuisse restée chaste depuis leur dernière étreinte, et la situation lui échappait. Le désir dans la pupille dilatée par la drogue la fit légerement frémir. Darria c'était une gosse encore, avec un incroyable caractère et un visage tentateur mais la naiveté d'une petite fille.

Elle pensait qu'il ne la toucherait plus jamais. Parce qu'il avait Neijin. Et qu'elle devait forcément le combler au vue du sacrifice de sa femme et de son fils pour pouvoir la tringler.

Darria voulut dire non. Car malgré toute cette mascarade, elle restait une Ambroise fière et emplie de dignité. Elle n'allait pas coucher avec lui, pas après tout le mal qu'il lui avait infligé.

La lippe à la barbe drue se fraya un chemin sur l'arrondi gracile de son oreille. Ses barrières s'abaissèrent imperceptiblement. Elle posa sa main sur son torse avec l'intention de le repousser. Mais le contact de sa toison nébuleuse contre la pulpe sensible et frémissante de ses doigts la fit se rapprocher au plus près de son corps.

Les pensées se bousculèrent dans l'esprit torturé de Darria. Elle la tenait sa vengeance. Il s'offrait à elle, se vautrant dans la fange de l'aldultère, elle lui laisserait une marque sur le corps pour que l'autre sache qu'elle n'était plus souveraine de son désir impérieux.

Mais lorsque la bouche tendre de la nymphe aux grands yeux de miel effleura d'un baiser les lèvres de son époux, toute manipulation, tout stratège s'évapora emportant avec lui un reste de pudeur et d'hésitation. Darria l'observa de longues minutes sans mot dire.

Avant de se jeter sur lui et d'emprisonner ses lippes entre les pétales rosées de sa bouche. Une pulsion. Une folie. Elle glissa ses mains d'albâtre dans la chevelure sombre de Jurgen. D'abord surpris, il s'abandonna vite à la fougue de son baiser et la prenant par la taille, la ramena contre son torse. Elle dévorait, butinait, caressait de sa langue cette bouche qu'elle avait dessinée des centaines de fois. Une larme franchit la barrière de ses cils de jais pour rouler sur sa joue avant de finir sa course sur leurs lèvres entrouvertes. Au goût salé qui réveilla ses papilles, elle s'écarta légèrement et le souffle court enveloppa Jurgen d'un regard transi d'amour. Les paupières de l'Ambroise s‘ébrouèrent, papillons incrédules, sur deux vastes miroirs embués de larmes où se reflétait une infinie tendresse. Leurs nez se frôlèrent avec douceur. Elle ressemblait à un ange, les pommettes rougies, les lèvres gonflées, son regard fauve brillant de mille clartés...

Je t'aime, je t'aime, je t'aime... Pensa t'elle. Elle emprisonna son visage entre ses mains et le couvrit de tendres baisers. Avant de se sentir soulever par deux mains fermes… Elle était lovée sur ses genoux à présent. Basculant à califourchon sur lui, elle revient capturer sa lippe en un baiser ardent et audacieux. Il la serra tout contre lui se rendant ivre de son arôme et des fragrances de vanille qui émanaient de sa peau opaline.

Ébahie par la violence de leur étreinte qui ne souffrait ni pudeur ni retenue, la jeune fille retira sa chemise, l’œil fiévreux, oubliant les tombes de ses ancêtres à quelques pas, oubliant la drogue et l'état second de son époux, oubliant sa tristesse, oubliant Neijin...

Il n'y avait que lui et elle. Jurgen et Darria. Comme si l'histoire reprenait de là où elle n'aurait jamais du s'arrêter.

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Jurgen.
"The world don't revolve around you but it should
I ain't saying you're perfect, but you're really really good
Ain't saying I love ya but I probably could
Have
"

Scroobius Pip & Dan le Sac - Stunner



    Le prénom d'un vrai gars. Il n'avait alors qu'hoché brièvement la tête, et la torche s'était allumée. Ce vrai petit gars avait mis le feu à une forêt, il avait alors engagé quelque chose qu'il ne pourrait désormais plus contrôler. Le pirate était sous l'emprise, et quelle emprise ! Esclave de ses désirs à elle, soumis à son corps, le connaissant de toutes façons presque par coeur. Lors de leurs nombreux ébats, elle avait su le guider. S'il ne l'avait pas rencontré puceau, c'était tout comme. Il ne connaissait alors qu'à peine les rudiments des plaisirs féminins, et jusqu'à ces temps-là, seul son plaisir comptait. d'où les prostituées. Car aucune autre femmes que celles dites de petites vertu ne pouvaient se targuer avoir fait succomber le barbu. Darria fut sa première.

    Les minutes de silence lui furent insoutenables et le monstre grognait, plus bas. Il ne cherchait qu'à se libérer de ses chaînes et à cueillir ce fruit cent fois cueillit, mais qui ne perdait jamais de son goût. Et les mains s'accrochèrent dans les cheveux les plus longs, soyeux, lisses. Les doigts glissèrent au travers comme autrefois, avec l'ardeur du premier amour. Et quand les lippes entrèrent en contact il s'embrasa de nouveau. Et pire encore lorsque l'Ambroise le chevaucha. Cette fois, il ne pensa plus aux souvenirs. il était bien trop occupé à observer cette frêle poitrine, prêt à lui déchirer chaque vêtement, si elle ne s'en occupa pas. Et leurs yeux se croisèrent. Ce fut puissant, cet instant, à lui seul, valait l'enfer et toutes les souffrances terrestres et diaboliques. Ses yeux fauves le transpercèrent comme la pointe d'une flèche empoisonnée, et d'avantage la langue fit intrusion pour retrouver sa compagne. Il l'aimait d'un amour destructeur et sous leur étreinte, le sol semblait s'affaisser et fondre. Peut être était-ce le poison qu'elle avait mélangé au breuvage qui lui fit cet effet, mais dans une bien moindre mesure.

    Et lorsque la sirène retira cette chemise bien trop encombrante, il retrouva cette poitrine qu'il n'avait alors même pas espéré revoir. Parfaite, ferme, blanche, aux pointes rosées. Et il y déposa des baisers ardents et avides, brûlants, et ici et là y mordillait la peau, les flancs ceints de ses longs doigts rugueux. Il la bascula d'un geste assuré. Terminé, la douleur à la jambe. C'était l'effet que lui faisaient drogues et amours, qui finalement, n'étaient pas si éloignés. Et ainsi, logé entre ses cuisses, il ne cessait les caresses, alors que son dos se striait de rose vif sous les ongles ambroisiens. Les cheveux courts de son épouse étaient parsemé de poussière, la poussière répugnante d'un caveau, et celle-ci s'étalait jusqu'à sa joue. Il la revit en pleine bataille, relevant le menton et le bras, l'air victorieux, et sans plus attendre, lui défit les braies pour y plonger la main.

    Deos merci, il y trouva ce qu'il y cherchait, mais s'il lui était arrivé de trouver autre chose, la scène n'aurait guère été différente: C'était sa femme. Et demain, ce ne serait probablement plus elle. Il embrassait le nombril, langoureusement et parvint à son but d'un geste vif lorsque braies et bottes s'envolèrent. Il ne songeait qu'à elle. Elle était son monde, son centre de gravitation. Et s'il lui avait offert un fils, aujourd'hui, il lui offrirait un plaisir lunaire et sans limites. Il avait été bon élève, et ce corps méritait tant d'attention. La langue fut curieuse, avide, mais ne se perdait pas pour autant. Il savait où il allait. Et, entre temps, sa propre chemise ne fut qu'un vague souvenir, et son torse velu et finement musclé fut dévoilé. On pouvait y remarquer la cicatrice boursouflée et affreuse où plus un poil ne poussait, au dessus de son coeur. C'était l'oeuvre de Darria. Et lui semblait que tout, chez lui, était l'oeuvre de son épouse.



Le monde ne tourne pas autour de toi mais il devrait
Je n'ai pas dit que tu étais parfaite mais t'es vraiment très bien
Je ne t'ai pas dit que je t'aimais, mais j'aurais probablement pu.

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Anastasya


Jurgen devenait de plus en plus passionné, sa lippe de plus en plus ardente. C'était ce qu'elle avait voulu depuis le premier instant où ses yeux s'étaient posé sur lui dans le halle de Lignières. Recouvrer l'ardeur de leurs étreintes et la chaleur de ses bras.

Elle réagit avec enthousiasme à toutes ses attentions, léchant, mordant, se délectant des délices de ses baisers et de son corps.

Il était brûlant, et Darria, elle n'avait qu'une envie, se rouler dans ce feu, s'envelopper de cette peau comme d'un manteau de flammes. Il émit un grognement et la saisit à pleines mains pour la sentir tout entière contre lui. Lorsqu'il s'aventura sur l'endroit le plus rebondi de son corps de liane, elle lui mordit tendrement l'épaule.

« Vile sirène » lâcha t'il dans un râle, tandis que les lèvres de la jeune fille continuaient de butiner la peau salée.

Ses doigts retrouvèrent avec plaisir, la toison brune, plus douce encore que dans son souvenir.
Il la serra tellement fort contre lui, comme s'il cherchait à mélanger leurs peaux.

Aveuglée, étourdie, Darria s'abandonna à la fièvre qui grondait en elle. Elle n'avait jamais connu l'amour ailleurs que dans ses bras qu'elle chérissait plus que de raison.

Alors elle lui donna absolument tout. La tension et la tendresse. Le frisson et les larmes. La main qui brûle et le froid qui transit. L'oeil livide de plaisir, et la voix rauque de trop gémir...

Quand elle fut entièrement à lui, Darria marqua son corps de multiples griffures. Il aurait l'air de revenir d'un champs de bataille. Son cou devint rouge et bleu à force de suçons. Elle le marquait de son amour et de son désir avide.

La jeune fille ne le savait pas mais c'était la seconde Ambroise à souiller une tombe du sceau de la luxure. Nathan aussi, jadis, avait goûté aux plaisirs charnels de son amant sur le marbre et la pierre froide.

Elle lança ses jambes par dessus les hanches de son mari et les noua dans son dos, se pressant contre lui avec la violence d'une tempête en pleine océan. Quelques éclairs d'une force inouïe... et Darria mourut.

Une musique brûlante, sauvage, foudroyante explosa en eux, déchirant leurs chairs. Le sang de l'Ambroise bouillonnait et elle perdit toutes ses forces.

Moite, faible, incertaine, elle s'accrocha à lui avec l'impression d'être broyée. Autant physiquement que sentimentalement.



-Je t'aime. Je sais que nous ne serons plus jamais ensemble, mais ça m'est égal. Je t'aime.

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