Samsa
- "On ira, on saura, sauver notre existence,
Se donner une chance de tout effacer.
On ira, on saura, sauver notre existence,
Pour refaire un monde sans danger." (Code Lyoko - Générique)
Elle lui demande ce qu'il s'est passé et ce qu'elle a en réponse, c'est la question de savoir où se trouve son épée. Cerbère aurait pu, aurait dû, ne pas se laisser détourner par ce détail mais elle a tellement mal à la tête que son esprit se déporte immédiatement sur l'endroit actuel où repose l'arme. Putain, qu'est-ce qu'elle en avait fait... ? Elle devait toujours être dans la cour sans doute, Samsa se voyait mal les deux mains occupées. C'était bien pour cela, d'ailleurs, qu'elle préférait sangler le bouclier à son épaule gauche, afin de garder une main libre. On pouvait faire tellement avec... ! Étrangler, baffer, parer, briser... Il fallait savoir reconnaître quand deux épées devenaient plus encombrantes qu'utiles, surtout quand l'une était trop grande pour la Prime Secrétaire Royale.
-Je l'ai... Laissé sur place je crois pardi... On ira la rechercher té... Sinon je t'en ferai une pardi...
Toujours assise par terre au bord du lit, Samsa se prend la tête dans les mains, le visage même, et les paumes viennent écraser les paupières qui laissent éclater du rouge, du vert, du bleu, alors que les échos des voix reviennent, comme si elles étaient simplement des boomerangs. Le coeur s'emballe brusquement et elle tousse brièvement avant de retirer ses mains. Sa vision est un peu floue mais revient, les voix s'apaisent, comme le coeur. Samsa sait qu'elle traversera encore ces sortes de crises éclairs pendant un jour ou deux; c'était le prix à payer de les avoir laisser reprendre le contrôle.
Qu'importe.
Maladroite, la Prime Secrétaire Royale se relève à son tour. Elle ne dit rien à propos de l'histoire des brigands parce que c'est sans doute le mensonge le plus sensé que Shawie ait jamais inventé. Cette fois cependant, Cerbère relève ce qui vient titiller son esprit certes dérangé et moitié absent, mais au moins en partie présent. Elle sait que la situation est plus grave que Shawie essaie le faire croire.
-C'était qui pardi ? J'suis sûre qu'il t'aurait tué pardi, nan même, tu aurais dû mourir à l'instant où il t'a moitié ouvert le ventre comme un vulgaire goret pardi. Je trouve que c'est plutôt important té.
Et la prochaine fois que quoi ? Parce qu'il nous suit en plus té ?!
L'idée même de se savoir suivie retournait le coeur de Samsa qui retint un haut-le-coeur largement aidé par l'état mental. Elle se souvenait un peu des mots d'Hector avant qu'elle ne perde -cède- la raison; "Samsa", "souffrance"... C'est maintenant que les mots l'atteignent et la déstabilisent.
-Il me connait pardi...
Il connaissait son prénom, il connaissait sa manière d'être et de combattre. Que savait-il d'autre ? Ses filles étaient-elles en danger ? Ses amis ? Samsa pouvait supporter la menace pour Shawie et elle, mais pas pour plus. "Cause de souffrance". D'où sortait-il ça ? Il n'avait pas l'air de bluffer.
-Il a dit que tu souffrais pardi, et que j'en étais la cause té... C'est vrai pardi... ?
Les petits yeux sombres jusque-là concentrés au sol afin de tenir les crises internes et de ramener la pleine conscience et mémoire se relèvent vers Shawie, touchés et implorant vérité. A-t-elle failli à ce point ? Aimait-elle si mal ? Est-elle si inaccessible que l'Espagnole doive souffrir pour l'atteindre ? Est-elle si Cerbère qu'elle n'en aurait même rien su ?
Était-elle le monstre qu'Hector avait décrit sans qu'elle en ait souvenir ?
Avait-elle déjà chuté ?
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