Soldaar Dans les rues de La Rochelle...
Les reflets de la lune donnaient un relief particulier à la lourde double porte lui faisant face.
La journée elles étaient gardé ouvertes permettant les allées et venues quil y avait incessamment dans ce type de lieu et aussi pour évacuer les différentes odeurs qui à lintérieur sentremêlaient pour offrir à lodorat une impression de propre et sale, de vie et de mort, en une seule bouffée.
Mais la nuit elles étaient fermés pour protéger les résidents du froid. Tant pis pour lodeur. La survie primait.
Il avait quitté ses habits aux couleurs de la noble femme quil servait pour quelque chose de moins marqué et bien plus passe partout. Ce soir il nétait pas de service, aussi il nétait plus garde du corps mais était lErrant protégé sous une épaisse cape et le visage presque masqué par sa capuche. Cest ainsi et avec discrétion quil se faufila dans la place.
Ses mains étaient elles aussi dissimulées. Lune coincé entre ses braies et sa ceinture et lautre déjà posé sur Expiation, allié nécessaire dans cette expédition nocturne.
Il se faisait discret mais ne se cachait pas pour autant traversant les allées dun pas rapide regardant inlassablement à gauche et à droite. Tout autour de lui était allongé sur des paillasses que même lui aurait renié de nombreuses personnes, hommes, femmes et enfant confondu. Face à la misère et à la maladie il ny avait ni âge ni sexe. Dans cet hôpital de fortune aménagé dans un bâtiment abandonné de la ville et tenant encore debout les gémissements plaintifs des morts en devenir résonnaient inlassablement. Si ce nétait lui, visiteur solitaire, il ny avait que quelques soignants pour les entendre.
Souvent cétait des nonnes uvrant comme elles pouvaient pour le réconfort de leur semblable. A ses yeux ces femmes dévouées méritaient mille fois leur place au paradis. Il y a avait aussi dautres personnes prête à donner de leur temps. Souvent des étudiants se vouant à la médecine et cherchant un moyen de mettre en pratique leur apprentissage. En général ils nétaient là que le temps de terminer leur étude avant de monnayer leurs services hors de portée de la bourse de ces pauvres gens. Plus rarement encore certaines personnes venaient également aider sans avoir pourtant aucune connaissance médicale. Il y avait toujours de quoi faire dans ce genre de lieux. Et enfin il existait encore un autre type de personne dont il avait croisé une fois la route. Un homme qui sous couvert daider son prochain avait trouvé dans ce genre de lieu un moyen de satisfaire ses envies morbides se délectant de la souffrance des faibles quil nhésitait pas à provoquer lui-même. Il est vrai que sentir la vie dun homme entre ses mains pouvait procurer un sentiment de puissance mais dexpérience il pouvait affirmer que cela avait un prix. En tout cas pour toute personne doué dune conscience morale.
Mais quoi quil en soit il nétait pas là pour trouver des soins. Il cherchait un patient en particulier, arrivé il y a peu. Plus précisément un blessé qui lui avait été donné de rencontrer la veille dans dautres lieux et dautres circonstances. Ils avaient alors entamé une conversation quà son plus grand désarroi ils navaient pu terminer puisque emporté dans une bagarre propre au tavernes miteuses quil avait lhabitude de fréquenter. Ils avaient été séparé, lui séchappant à larrivée de la garde alors que son nouvel ami gisait au sol dans son sang et celui dautres combattants.
Léternuement dun vieille homme le sortie brutalement de se songes et lui rappelant le lieu où il se trouvait sa main quitta sa ceinture et vint rabattre un pan de sa capuche devant sa bouche. Il préférait mille fois mourir dun coup de couteau dans le dos que dune maladie invisible.
Finalement il crut reconnaitre lhomme quil recherchait. Sous les boursouflures et autres hématomes il lui semblait reconnaitre les traits du visage découvert la veille. Sans quil ne sen rende alors compte ses pas se firent plus lourds tandis quil approchait de son ami. Chacun deux résonnèrent sous la voute haute comme les battements dun cur pouvant sarrêter à tout moment.
Arrivé à la hauteur du blessé il lexamina encore une fois, pour être sûre. Cétait bien lui, quelque peu défiguré certes mais il sen sortirait avec un-peu de repos.
Ne voyant personne dautre autour deux que des mourants il décrocha Expiation de sa ceinture, la lame émettant son bruit caractéristique avant quil ne vienne la placer sous la gorge du patient.
« - Réveille toi mon ami. Par Aristote réveil toi où il se pourrait que je te fasse dormir à tout jamais. »
--La_blessee
Elle chevauchait tranquillement. Rien ne laissait présager ce qui s'est produit. D'ailleurs, ouvrant un oeil, elle ne sait pas où elle se trouve... Il fait froid. Il y a une odeur de sang et de mort tout autour. Elle a mal à la tête... Elle porte la main sur son crâne en gémissant. Une bande de tissu, de la charpie au dessous. C'est visqueux et moite. Elle saigne. Elle tente de se redresser mais pousse un cri de douleur. C'est inutile d'essayer, elle n'a aucune force. Elle tourne la tête de droite et de gauche. A droite un homme les yeux ouverts, vides, la bouche autour de laquelle tournent des mouches : il est mort. A gauche, deux silhouettes, un homme couché qui ne paraît pas en fort bon état et un autre, agenouillé ou accroupi près de lui, elle ne voit pas bien. Par contre, elle entend celui qui est venu voir l'autre, parlerrd'une voix rauque.
- Réveille-toi mon ami...
Pauvre homme ! Sa souffrance doit être utre, ce qu'elle voit et distinctement, c'est une lame éffilée sous le cou du blessé. Et elle distingue mieux les propos lancés...
- Réveille toi mon ami. Par Aristote réveille toi où il se pourrait que je te fasse dormir à tout jamais.
D'instinct elle élève un peu la voix pour qu'on l'entende...
- Ne... l'a... achevez-pas... il est... déjà à... demi... demi-mort... Pourquoi ? Pourquoi la mort ?
Pourquoi faut-il si souvent mourir dans d'atroces souffrances ? Blessés ou malades ? Il serait si simple de s'arrêter de respirer... Ce n'est pas à l'homme à côté qu'elle pose cette question mais bien à elle-même... Elle délire, prise de fièvre, elle revoit des morts, des blessés en quantité autour d'elle... Elle pleure, elle sanglote lamentablement. Va-t-elle mourir elle aussi ? N'y aura-t-il bientôt plus qu'une tombe sur lequel son nom sera gravé ? Au fait... qui est-elle ? C'est à ce moment-là qu'elle se rend compte qu'elle ne sait plus qui elle est... Elle s'agite, se retourne sur sa couche et tente de se lever...
- Aidez-moi... Je ne sais plus qui je suis, aidez-moi !
Soldaar Son « ami » semblait bien profondément endormie. La mêlée devait lavoir rudement atteint.
Après tout il était bien placé pour savoir que dans ce genre de situation personne ne retient ses coups les plus téméraires usant parfois même darmes improvisées. Il ny avait pas à se leurrer les bagarres de tavernes amenaient leurs lots inutile de veuves. Il lui semblait que lui navait jamais mis aussi à mal un homme dans ce genre de circonstance même tout imbibé dalcool comme il lavait pu lêtre dans son « avant ». Mais dans dautres circonstances il avait causé de diverses manière bien des torts dont quelque part il essayait de se racheter pour partie. Au moins était-ce ce quil espérait.
Se rendait-il seulement compte que ses méthodes navaient rien dAristotélicienne ?
Le travail de son mentor faisait que non.
Finalement une réponse vint, mais pas de la personne quil attendait.
La voix était faible, presque absente mais malgré tout elle trouva assez de force pour lui demander dépargner le dormeur et de linterroger sur ses motivations.
Sa main se referma alors sur la garde dExpiation dont la lame trembla légèrement. Il répondit mais sans quitter lhomme des yeux de crainte quil ne se réveille et ne tente quelque chose dinconsidéré.
« - Je fais cela car cest peut-être ce sera lui qui un autre jour vous tuera pour les quelques pièces que peut-être votre bourse comptera. »
Sécoutant parler alors que par respect pour lendroit sa voix était calme et lente il réalisa lineptie de ses propos. La femme, daprès la voix, était certainement déjà mourante pour être ici et avant quelle ne puisse « espérer » se faire brigander par un homme comme celui quil sapprêtait à saigner son mal qui lavait envoyé ici laurait peut-être déjà terrassé.
Alors, pour se rassurer, il prit le risque de détourner son attention de lhomme vers la malade sanglotante.
Ce quil vit de son état ne le rassura pas plus. Le visage bandé en presque totalité ne laisse place à aucune trace permettant de savoir si la mort la guettait de près ou si comme pour lhomme quil était venu visiter du repos pourrait suffire.
Puis après les sanglots vient lappel à laide quil écoute non sans que la douce voix implorante nempêche son cur de battre un instant.
Alors il rapproche le tranchant de son arme de la gorge pour être dautant plus réactif que son attention se tourne un-peu plus vers la blessée. Dun « chut » trainant il tente de la rassurer à la manière dun parent rassurant son enfant en pleure et pose sa main libre sur lépaule de la femme avec délicatesse pour ne lui provoquer aucune douleur supplémentaire si cette partie de son corps a également été maltraité.
« - Allons, rassurez-vous, vous finirez par découvrir à nouveau qui vous êtes. Laissez agir le temps et le repos qui vous menant vers la santé où la lumière de Dieu vous apportera les réponses à ce que vous avez pu oublier. »
Comment préjuger de son avenir ? Il ne voulait pas promettre un rétablissement sur lequel il navait aucune maitrise ! Cest pourquoi ses paroles furent tel sa dague, froide et tranchante mais ne voulant uvré que pour le bien.
« - Apaisez votre âme et permettez à votre corps de se reposer. »
Furent ses dernières paroles alors quil sapprêtait à revenir à son occupation première décidé à obtenir ses réponses. Mais dans la course de sa tête pivotant vers le blessé son attention fut attiré par un bruit de seau quon envoi valdinguer. Ses yeux se plissent et depuis sa position il ne parvient quà discerner une personne debout proche de lentrée et vêtue dune cape tout comme lui. La silhouette semble converser avec une seconde, certainement une soignante attiré par le bruit.
Ce petit trouble soudain est un rappel de la situation particulière dans laquelle il se trouve et lincite à se dépêcher sans plus attendre.
Replaçant son arme menaçante sous la gorge son autre main se pose tout à côté du visage tuméfié de lhomme allongé.
« - Ma patience arrive à son terme, tu demanderas pardon à Aristote lui-même pour tes actes. »
Lhomme toujours inerte et à la respiration faible ne semble pas vouloir saisir cette dernière chance de se confesser avant le grand voyage.
Tant pis, il naime pas agir ainsi mais il na plus choix à présent.
La lame mort la chair, une première goutte de sang perle mais avant que lentaille bégnine ne devienne plaie mortelle la silhouette aperçu plus tôt vient se placer de lautre côté du pêcheur et l'observe de toute sa hauteur.
Son visage se relève en même temps quExpiation, prête à mordre. Leurs regard se croise et une petite voix au fond de lui sexclame « Ces yeux ! » avant dhurler à son bras armé qui déjà sest élancé pour menacer limportun « STOOOOOOP !!! ». La lame passe à quelques centimètres de la brune avant quil ne fasse sauter lobjet de sa main gauche à sa droite et de la cacher dans son dos comme pour nier lexistence même de ce geste qui aurait pu être malheureux. A présent seul la femme allongé derrière lui pouvait voir son arme gravé.
Quand la capuche tomba cela ne fit que confirmer ce quil savait déjà.
« - Vous ? Ici !? »
Son regard toujours planté droit dans les aigues-marines de la Duchesse se teinta dune certaine appréhension, du moment où lamnésique lui avait demandé de faire preuve de clémence la situation navait eu de cesse de lui échapper.
Il détestait cela.
--La_blessee
- Allons, rassurez-vous, vous finirez par découvrir à nouveau qui vous êtes. Laissez agir le temps et le repos qui vous menant vers la santé où la lumière de Dieu vous apportera les réponses à ce que vous avez pu oublier. Apaisez votre âme et permettez à votre corps de se reposer.
Cette voix la fait tressaillir. Dans sa semi-conscience, elle entend une voix, une seule... Quelque chose d'étrange vient la perturber. Cette voix lui rappelle quelque chose mais quoi ? Elle ne sait pas pourquoi mais elle a envie d'appeler cet homme "mon ami"... Ces deux mots accolés tambourinent dans son crâne, alors pour s'en débarrasser elle les prononce sans trop savoir ce qu'elle dit. Mais elle finit par prononcer une phrase qui pour elle, ne veut rien dire...
- Mon ami... mon ami... Votre âme à vous... la chapelle... Où est mon âne ?... MON AMI DITES-MOI MON NOM !... Votre flanc... mon ami...
Elle s'agite à un tel point qu'une infirmière se précipite vers elle. Cherchant à l'apaiser elle ne peut rien faire : la blessée s'enfonce ou sort d'un état léthargique. Soit c'est la fin, soit elle revient à elle...
Marie_camille
[Dans un campement de gitan, à quelques lieues de là...]
La jeune fille est inquiète... Sa maîtresse n'est pas revenue de son escapade. Et dire qu'elle lui a dit qu'elle n'en avait pas pour longtemps ! Voilà quinze jours qu'elle est partie, légère et souriante, ayant eu des nouvelles rassurantes de sa petite-fille disparue voilà presque quatre ans. Marie-Camille s'est réjouit autant qu'elle ! Cependant à peine huit jours après son départ, la maîtresse lui a fait parvenir missive :
Citation:
Ma chère Marie,
Encore une fausse bonne nouvelle. Je suis déjà sur le retour. Dans quatre jours, je suis là.
Prend soin de toi !
J. Sz.Trestain
Seulement voilà trois jours qu'elle aurait dû rentrer... N'y tenant plus, la jeune fille s'adresse au chef des gitans qui les ont accueillis il y a maintenant quelques temps.
- Je suis inquiète, je n'ai aucune nouvelle d'elle.
- Pars à sa rencontre ! Je vais te faire accompagner par Manuel... Il sait où on peut se cacher où on peut être soigné... éventuellement !
Un heure plus tard la jeune fille est en route, à cheval derrière celui que chevauche Manuel. Manuel a fait tous les couvents. Puis les médicastres. L'un d'entre eux lui a parlé de l'Hospice de La Rochelle... Ils s'y rendent.
A l'intérieur, Marie-Camille est agressée par l'odeur qui se dégage du lieu... Elle blêmit. Manuel lui prend le bras et lui dit.
- Il faut savoir ce qui lui est arrivé : pour qu'elle ne donne pas de nouvelle c'est sûrement sérieux ! Prenez l'allée de droite, je prends l'allée de gauche. Si vous la trouvez, appelez ! Je viendrai.
La jeune fille s'exécute. Elle vacille sous l'ampleur de la tâche. Tant de gens, des mourants, des blessés... Trop de monde ! Mais elle s'y atèle avec courage : si sa maîtresse est là, ils la trouveront !
--La_blessee
La blessée continue de délirer, mais personne ne lui répond... du moins pas ceux qui sont autour d'elle. Alors, elle se tait, restant à demi inconsciente et dans un rêve qui la mène sans doute vers la mort... Toutefois, une femme s'est approchée.
- Oh ma pauvre amie, je vous trouve enfin ! Je vais demander ce que vous avez comme blessure aux nonnes qui se sont occupée de vous ! Voulez-vous boire un peu d'eau ?
La Blessée tourne la tête vers la douce voix...
- C'est vous... oui... j'ai soif... dites-moi mon nom, par pitié... je ne sais plus.
La femme est penchée au plus près d'elle et la soulève légèrement afin de lui donner à boire...
- Reposez-vous... Demain sera un autre jour ! Je vous dirai ce que je sais de vous demain...
La blessée, derrière ses bandages, sourit légèrement. Elle est rassurée. Cette femme qui l'a amenée ici après l'avoir trouvée errante et ensanglantée est près d'elle... Oui, demain... Demain elle ira mieux... Demain...
- Oui... demain... demain... dem...
Marie_camille
Marie-Camille entend une voix qu'elle connaît... Elle se précipite vers cette voix qui sonne étrangement parmi les râles des mourants. Les mots, quoique chuchotés, sont perceptibles car cette voix, elle la reconnaîtrait entre mille ! Elle s'approche de deux personnes, un blessé ou une blessée -elle ne peut voir vraiment de si loin- et une femme penchée sur lui ou elle.
C'est en s'approchant qu'elle la reconnaît...
- Oh ma Dame ! Enfin, je vous retrouve ! J'ai eu si peur... enfin vous êtes là ! Je comprends votre long silence désormais !
Elle se penche sur la blessée, les larmes aux yeux... Puis fait signe à Manuel pour qu 'il vienne...
Soldaar Est-ce une vue de son esprit ?
Ou lirrémédiable conséquence à la perte de contrôle ?
Au plus bas, devenu loque, il a été ramassé, transformé, façonné. Lun des mantrat quon lui alors inculqué est la maitrise. De tout et en toute chose. Car de la maitrise né lordre et de lordre vient la domination. Dominer ses émotions. Dominer chacun de ses gestes.
Mais il devait se rendre à lévidence il était cette fois dans une situation quil ne maitrisait plus. Ce qui devait être un simple interrogatoire, une collecte dinformation rapide suivi dun mouvement de lame aussi net avait mué subitement en une réunion impromptu.
Et pire que tout en une avalanche dévènements quà défaut de maitriser il navait pas même su anticiper.
Tout dabord ce fut la mourante qui linterpella à nouveau. Mais la mourante était mourante nest-ce-pas ? Alors il lentendit mais ne lécouta pas. Et puis une femme qui délire à cause de la fièvre na rien daussi irréaliste que devoir soudainement la Duchesse se hisser sur la paillasse de lhomme qui les sépare.
Habillement elle se tient en équilibre au-dessus du blessé prête semble til à latteindre à la gorge.
Cette fois cest elle qui pose une question qui nappel aucune réponse alors il se contente de la regarder, un-peu étonné, un peu réprobateur et totalement inquiet. Pour elle, pour lui, pour eux.
Il avait sa sécurité en charge et de la voir ainsi, ici, lui donnait limpression de la mettre en danger. Le fait quil soit partie en pleine nuit, que cest elle qui délibérément à choisie de le suivre alors quelle était censé être endormie dans sa chambre ni changeait rien. Il se sentait fautif.
Tout cela il le lui dit. Ou plutôt il le lui transmit car il ne prononça aucun mot.
Cest elle qui brise ce silence morbide composé de gémissements et de râles de mourants, lui indiquant que la femme derrière lui semble vouloir attirer son attention.
Alors il se retourne, lentement pour ne pas faire perdre à la Duchesse son équilibre précaire alors quelle sappuie pour partie sur son épaule. Cette fois il ne fait pas que voire la femme allongé, il la regarde vraiment. Autour delle sagitent une femme et une jeune fille. Lui est toujours immobile car son esprit est entrain de digérer les mots quil a entendu mais ignoré tantôt.
« Chapelle », « âne », « Flanc »
. « ami » ?
Tout sassemble enfin mais dans son esprit ce nest pas la lumière qui sallume mais un étau qui lui serre cur. Il croit vaciller sur ses appuie, la Duchesse qui a toujours sa main posé sur son épaule le ressent-elle ? Possible car elle lui glisse quelques mots à loreille quil lui a été donné dentendre une première fois dans une situation où là aussi il nétait plus maitre de son environnement.
Sentant une rage gagner son bras armé quil tente de calmer à gros renfort de volonté il emploi ses derniers instants de maitrise à replacer sa dague à sa ceinture. Les mains ainsi libéré il ose saisir la brune par les hanches la faisant descendre de son promontoire dont il ne veut pas quelle chute alors que cette fois toute sa personne se tourne vers la femme aux bandages.
Il en approche son visage, faisant presque fi des personnes tout autour et tente davoir confirmation de lidentité de la femme dans le bleu de ses yeux.
« - Toi la petite, tu connais cette femme jai limpression ? Comment sappelle-t-elle ? »
Malgré quil sadresse à une enfant avec qui bien souvent il fait un réel effort de communication cette fois son ton est directif. Sans attendre la réponse quil est persuadé de connaitre déjà il regarde la femme sous différents angles essayant de comprendre ce qui a pu lamener ici et dans un tel état.
Sans sen rendre compte il murmure.
« - Jehanne
. Pourquoi vous Jehanne ? Comment ? Et qui ? Qui vous a fait cela ? »
Car pour lui cela ne fait aucun doute, son état ne peut pas être la conséquence dun accident il y a eu acharnement. Il songe alors à Ugène, se demande si le vieil animal est toujours vivant, sil accompagnait sa maitresse au moment du drame. Sil était présent il naurait jamais laissé faire cela sans réagir, cest un âne
. Plein de ressources.
Ce sont des yeux gagné dune rage quil na plus éprouvé depuis longtemps quil relève du corps étendu en direction des présents.
« - Qui a fait cela !? Que lon mexplique ! »
Soldaar ou lErrant ? Ni lun ni lautre mais lhomme débordant de colère quil fut « dans son autre vie ».
Marie_camille
La jeune fille et Manuel, arrivé à l'appel de Marie, était entrain de discuter avec une des soignantes lorsque...
- Toi la petite, tu connais cette femme jai limpression ? Comment sappelle-t-elle ?
Marie se retourne et vient vers l'homme qui est près de sa maîtresse...
- Qui a fait cela !? Que lon mexplique !
- Oui je sais qui c'est ! C'est ma maîtresse, Jehanne Sainz-Trestain. Nous étions en voyage. Nous avons eu des nouvelles... fausses apparemment de sa petite-fille qui avait disparue. Elle a voulu vérifier et contre mon avis est partie seule. Puis elle m'a écris pour me dire qu'elle revenait au campement des gitans qui nous offraient l'hospitalité. Je ne sais pas qui a fait ça... Mais il n'y avait sans doute pas qu'un seul homme ! Ma maîtresse sait se battre ! Nous avons demandé à l'infirmière qui l'avait ramenée ici... Je n'en reviens pas moi-même... C'est son âne Ugène... Il est arrivé avec elle, je ne sais pas comment elle a fait pour monter dessus, mais elle y est parvenue. Et Ugène est arrivé ici en poussant son braiment particulier. Tout le monde a compris. Ils ont pris la blessée et ont menés l'âne à l'écurie de l'Hospice. La soignante vient de nous dire que les blessures ne sont pas trop graves... Mais que son esprit semble tourmenté ! J'aimerai qu'elle revienne à elle !
Se penchant sur la blessée, elle lui embrasse une de ses mains, qui est intacte.
- Dame Jehanne, revenez-nous je vous en prie...
Levant les yeux vers l'homme...
- Si vous pouvez quelque chose, messire, je vous en prie : faites-la revenir à elle...
Dans les yeux de la jeune fille passe à la fois une grande inquiétude et un immense espoir... Puis elle poursuit...
- Seriez-vous messire Soldaar ? Elle m'a tant parlé de vous et de ce que vous avez vécu tous deux... Vous pouvez, vous, la faire "revenir", j'en suis sûre... Par pitié messire...
Soldaar Il écoute la jeune fille mais ne la regarde nullement. Ses yeux sont rivés sur le corps meurtrie de son amie.
Il laisse échapper un souvenir de soulagement quand elle lui annonce que ses blessures ne sont pas si graves mais malgré tout il reste dubitatif. Il ne veut pas y croire trop vite, ne veut pas se faire une joie qui pourrait se transformer en un coup de poignard en plein cur. Les erreurs médicales existaient et sous les bandages bien nombreux et létat de semi-conscience de la femme pour lui rien nétait gagné. Il ny avait quune seule personne sur terre qui aurait été apte à lui donné un avis médical dans lequel il aurait eu foi aveuglement et cétait précisément celle qui était allongée devant lui.
Il la quitte des yeux un instant quand la fillette lappel par son nom, il semble que Jehanne lui ai parlé de lui, lui ai fait mention de « ce quils ont vécu tous les 2 » ce qui peut vouloir dire tout et rien car il nimagine que difficilement la blonde sétendre de certains détails sanglant ou intime auprès dune jeune fille. Mais si cela aurait pu le gêner dans dautres circonstance là il nen est rien tant une colère sourde gronde au fond de lui.
Mais quand la fille dont il ignore le nom lui demande de laider, le supplie que lui peut faire quelque chose ses yeux battent en retraite pour se poser à nouveau sur la femme aux frontières de la conscience. Sait-elle seulement ce quelle demande et à qui elle le demande ?
Il nest pas médecin et il ne croit pas quune simple volonté suffise à combattre bosses et plaies. Alors au nom de quoi pourrait-il laider ? De leur passé ? De ce quils ont traversé puis partagé ? Il indéniable que pour cette femme il éprouve une profonde affection cela peut-il sauver une vie ? Non impossible ! Les sentiments, lattachement et à plus forte raison lamour ne sont que source de peines et de tristesses. Darrachement suivi dun vide encore plus douloureux. Il ne veut plus aimer, il ne saurait plus comment faire. Il ne veut plus sattacher, il a peur de souffrir et plus que tout de faire souffrir.
Mais pour elle
Pour la consul qui fut un jour nonne il peut faire un effort. Mettre de côté sa rage et sa carapace. Oublier le passé lespace de quelques secondes.
Délivré de ces fardeaux sa main viens trouver celle que la fillette ne tient pas et lautre passe du revers sur la joue couverte de bandelettes.
« - Jehanne, il est trop tôt. Trop tôt pour que vous partiez rejoindre Aristote. Au nom de tous ceux qui vous reste à sauver moi que vous avez ranimé dune mort certaine je vous le demande, revenez à nous. Retrouvez la vie que vous êtes parvenu à ranimer en moi. Ne nous quittez pas, par pitié. »
Ses gestes son lent et tendre. Mais son regard est fermé, loin de toute larmes absorbée par le battement de son cur qui tambourine dans sa poitrine et entame du mélopée de rage. De rage contre la souffrance et linjustice. De rage contre la vie.
--La_blessee
Dans la délicieuse brume où se trouve la blessée, il n'y a rien de "cohérent", comme on peut le supposer. Dans ce coma incertain, tout se bouscule : la vie, la mort, les images dont on ne sait si elles sont du passé, du présent ou... de l'avenir ! Tout et rien se dissout, tout se mélange, se fond à la précédente image, revient au présent sans qu'on sache pourquoi, repart dans le passé, stagne lamentablement dans un monde qui n'est déjà plus celui des autres et pas encore le sien propre.
Parfois un mot surgit, plus présent qu'un autre dans ceux qu'elle perçoit à peine.
"Jehanne..." Ce nom lui dit quelque chose... "...trop tôt..."
"- Non mère, je ne veux pas me lever si tôt ! Pourquoi voulez-vous me faire lever à l'aube comme nos domestiques ?
- Parce qu'il faut apprendre à travailler avant de souhaiter commander les autres Jehanne Sainz-Trestain !
- Mais je ne veux pas les commander Mère ! Je veux les aimer...
- Pour aimer aussi... ma fille... il faut se lever tôt ! Car on ne comprend les gens que lorsqu'on vit longuement avec eux... Levez-vous Jehanne et rejoignez nos lavandières à la rivière : battre le linge vous donnera de la force !"
Et elle s'est levée tôt... Et elle a battu le linge... Et de ce fait, quand il lui a fallu commander quelqu'un, elle savait ce que dire, car elle l'avait fait, auparavant !
"Les Sainz-Trestain ne sont pas Nobles, ils sont nobles de cur !" La voix de son père vient raisonner sous les voûtes de ce bâtiment où elle se trouve... Mais se trouve-t-elle dans un bâtiment au fait ? Elle se souvient d'une route, de brigands qui l'ont molestée...
"Bien des gens de la Haute Noblesse ne seront jamais aussi forts que toi ou tes frères et surs.." Qui donc lui disait cela ? Elle cherche dans son esprit torturé... Ah oui ! Le maître d'arme de ses frères. Il est le seul qui osait la tutoyer, même sa nourrice ne l'a jamais fait.
Le temps est-il court ou long ? La vie a-t-elle un sens ? Elle se souvient d'un pauvre ère, cul de jatte, qui traînait sa planche à roulettes dans les rues de Vannes, un jour de marché. Quel âge avait-elle ? Dix ans à peine sans doute... Personne ne lui prêtait la moindre attention ! Lorsque le galop de plusieurs chevaux se fit entendre et que tout un chacun s'écarta promptement comme une volée de moineaux effarouchés, il jeta sa planche sur la trajectoire des équidés, juste avant qu'ils ne passent. Alors qu'elle criait et s'apprêtait à aller l'aider, son père l'a arrêtée...
"Chacun est libre de mourir comme il l'entend, si on lui en laisse l'opportunité ma fille. Laissez-le faire, il a choisi de se lancer ce dernier défi..."
Beau défi ! Il fût piétiné sous le galop des chevaux qui semblèrent à peine le sentir... Ce qui restait de lui n'était guère beau à voir. Cet épisode lui donna moult cauchemars durant près d'un an. La mort... la vie... Partir ou rester ? Vaste question... à laquelle on répond parfois bien difficilement... quand elle se pose évidemment !
"Qui es-tu ? Dis-moi ton nom !" ordonne une voix dans sa tête... Elle répond à voix haute tout en sortant de sa longue nuit...
- Jehanne... Je suis Jehanne Sainz-Trestain messire... Je dois rentrer chez moi, ma mère m'attend...
Elle ouvre les yeux... Marie-Camille, en larmes, est à son chevet, de l'autre côté un homme... Un homme qui passe sa main sur la joue bandée... De quel droit ?... Elle tente de se redresser mais n'y parvient pas, alors ses yeux, ses yeux qui sont capables de lancer des éclairs meurtriers dardent le regard de l'homme compatissant... qu'elle reconnaît...
- Soldaar ? Mais que faites-vous là ? Où suis-je ?
Elle aperçoit une femme, fort bien mise, qui semble être sur le départ... Si Soldaar est là, la Duchesse pour qui il travaille doit ne pas être loin...
- Dame... Je ne sais qui vous êtes... merci d'être là...
Elle ne peut en dire davantage, c'est déjà beaucoup... Elle souffre mais n'en dit mot. Elle ne souffre pas de ses blessures, elle ne comprend même pas pourquoi elle est ainsi bandée tout autour de la tête et le visage, mais peu importe. Sa souffrance est toute autre. Elle se souvient d'un départ en catimini, un départ en larmes aussi... Décidément... Elle chasse ce souvenir.