Watelse
Du haut de son mulet, Juste-Parfait s'époumonait :
Avance, gredine où je donne la carotte aux porcs !
Les coups de talons n'y changeaient rien. Hi-Han Solo, le mulet, ne bougeait pas d'un poil sur le chemin qui devait les mener au prieuré de Ste Illinda non loin.
Son père s'étant approprié un bel étalon, Juste-Parfait s'était fait distancé de plusieurs trots. Il revoyait son père lui rire au nez: "Allons, fils, tu te traines à quatre pattes tel un bébé encore dans ses langes... et un bébé femelle de surcroit!"
La honte lui rougit le visage une nouvelle fois. Loin devant, son père déguisé en grosse matrone aux atours plus que vulgaires et ostentatoires, oscillait de la croupe autant que son propre destrier. Fier comme un paon, le menton fraichement épilé pour l'occasion levé vers le ciel, le vieux Watelse échauffait sa voix comme une cantatrice avant la représentation : "hiiiiii hooooo haaaaa" de sa voix féminine à peine supportable.
Juste-Parfait regardait le soleil avancer doucement dans le ciel et se remémorait le peu de souvenirs qui lui restait de sa mère. Il n'entrevoyait qu'un sourire et un geste caressant. Rien de plus. Puis le vide de son absence. Elle, qui préférait son couvent à sa propre progéniture. Non, vraiment, Ellya de la Duranxie n'avait rien d'une mère aimante. Et aimée.
Le mulet se trainait mais regagnait peu à peu sur son retard. Juste-Parfait réajusta son chapeau, où, fier du symbole familial, il tenait à accrocher une plume de paon.
Père ! héla le jouvenceau de 14 ans. Etes-vous toujours aussi certain de vos plans? Sera t'elle assez crédule pour maccueillir dans son intimité ? C'est que je ne voudrais pas qu'elle tente de m'empoisonner moi aussi...
Comme il serait amusant de lui verser, à la nonne, quelques gouttes chaque matin dans son lait, provoquant des délires. On la prendrait pour folle. Elle perdrait toute crédulité. On la dirait habitée par le malin. Peut-être même l'Inquisition la torturerait? Quelle jubilation cela serait!
Avance, gredine où je donne la carotte aux porcs !
Les coups de talons n'y changeaient rien. Hi-Han Solo, le mulet, ne bougeait pas d'un poil sur le chemin qui devait les mener au prieuré de Ste Illinda non loin.
Son père s'étant approprié un bel étalon, Juste-Parfait s'était fait distancé de plusieurs trots. Il revoyait son père lui rire au nez: "Allons, fils, tu te traines à quatre pattes tel un bébé encore dans ses langes... et un bébé femelle de surcroit!"
La honte lui rougit le visage une nouvelle fois. Loin devant, son père déguisé en grosse matrone aux atours plus que vulgaires et ostentatoires, oscillait de la croupe autant que son propre destrier. Fier comme un paon, le menton fraichement épilé pour l'occasion levé vers le ciel, le vieux Watelse échauffait sa voix comme une cantatrice avant la représentation : "hiiiiii hooooo haaaaa" de sa voix féminine à peine supportable.
Juste-Parfait regardait le soleil avancer doucement dans le ciel et se remémorait le peu de souvenirs qui lui restait de sa mère. Il n'entrevoyait qu'un sourire et un geste caressant. Rien de plus. Puis le vide de son absence. Elle, qui préférait son couvent à sa propre progéniture. Non, vraiment, Ellya de la Duranxie n'avait rien d'une mère aimante. Et aimée.
Le mulet se trainait mais regagnait peu à peu sur son retard. Juste-Parfait réajusta son chapeau, où, fier du symbole familial, il tenait à accrocher une plume de paon.
Père ! héla le jouvenceau de 14 ans. Etes-vous toujours aussi certain de vos plans? Sera t'elle assez crédule pour maccueillir dans son intimité ? C'est que je ne voudrais pas qu'elle tente de m'empoisonner moi aussi...
Comme il serait amusant de lui verser, à la nonne, quelques gouttes chaque matin dans son lait, provoquant des délires. On la prendrait pour folle. Elle perdrait toute crédulité. On la dirait habitée par le malin. Peut-être même l'Inquisition la torturerait? Quelle jubilation cela serait!