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[RP] Un paon jamais ne se déplume...

Ellya
Au même moment, cachée dans le cellier.

Bordel. BORDEL! Par le Sans Nom et ses fichus Princes de malheur de bon sang! Pas maintenant... Pas maintenant.

Adossée contre la porte, les poings serrés, elle ne parvenait pas à retrouver ses esprits ni à décider de la meilleure attitude à adopter. Elle venait à peine d'être veuve, elle n'était pas prête à être mère. Elle ne le serait jamais. Elle réalisait difficilement que toutes les excuses qu'elle s'était donnée les années précédentes pour ne pas chercher son fils étaient fausses. La vérité était plus crue: elle n'aimait pas sa propre progéniture. Parce qu'il lui rappelait Georges? Pourtant, il était né durant la seule période heureuse de leur couple. Mais malgré cela...

Que dois-je faire? Pitié, mon Dieu, que dois-je faire?

Remettre le masque lui semblait chose insurmontable. Et pourtant, nécessaire. Comme elle aurait eu envie de partir en courant, de fuir, de... Mais oui. Mais oui ! C'est ce qu'elle allait faire!
Dès qu'ils seraient appelés pour le souper au réfectoire, elle lui annoncerait. Elle lui dirait qu'elle se casse au bout du monde. Pendant des mois! Et qu'elle regrette de ne pas pouvoir profiter de sa présence plus longtemps...

Ah. Douceur de la solution trouvée...
Sibylle.
Et la jeune soeur se retrouva les bras chargés d'un immense sac de cuir pesait un âne mort. Mais qu'est-ce qu'elle pouvait foutre là-dedans la Paondoura?? Et puis d'ailleurs qui était-elle?

Sibylle lui jeta un regard froid, elle pinça très fort ses lèvres pour qu'aucun son ne sorte de sa bouge. Ellya l'avait bien élevée, elle savait se faire docile et ravaler son caquet quand elle le devait, et ce, même si la réflexion de la drôle de bonne femme semblait tout à fait déplacée: Des moineaux en chaleur? Et pourquoi pas des pies en rut, tant qu'on y est?

La jeune fille haussa les épaules imperceptiblement, fit contre mauvaise figure bon coeur et se dirigea donc vers la chapelle comme le demandait celle qui de plus en plus dans son esprit devenait "la vieille".

Un peu essoufflée, elle fit la présentation du lieu au jeune homme et à sa duègne.


Vous voici dans le Saint des saints de notre monastère. La chapelle Barchon. Comme pouvez le constater, elle se trouve au coeur du prieuré. Par ici, là ou vous pouvez voir les cierges brûler, se trouve l'autel dédié à nos bienfaiteurs. Ainsi chaque jour nous prions pour leur salut en remerciement des bienfaits qu'ils ont prodigués à l'égard de notre monastère.

Elle posa le bardas et passa sa main sur son front. Toute concentrée sur la visite du lieu, elle ne fait pas vraiment attention, dans un premier temps, à ce que faisait "la vieille".

Dans les chapelles absidiales, les autels sont dédiés respectivement à Sainte Illinda, Saint Arnvald, SAint Bernard et Saint Benoît. La chapelle fut le premier élément architectural qui fut construit.

Elle s'était tournée vers eux et n'avait osé comprendre la scène qui se déroulait, là. Enfer et damnation, avait-elle bien vu? Personne n'était là pour la pincer et lui assurer qu'elle ne rêvait pas. Elle se mordit la lèvre, rougissante et horrifiée, détournant le regard d'un coup.

Oh moi... il n'y a pas grand chose à dire sur moi, Messire Juste, j'ai grandi ici, je ne suis quasiment jamais sortie du monastère si ce n'est pour aller à Bazas et Marmande. C'est Mère Ellya et Père Bardieu qui m'ont élevés. J'ai appris beaucoup sur le Livre des Vertus, sur la vita de Christos, sur les Saints, sur l'obéissance, la piété, l'humilité, le sacrifice. Je doute que cela vous passionne Messire.

Elle lui adressa un charmant sourire, occultant tout à fait volontairement l'acte monstrueux que la vieille et immonde Paoudonra était en train de commettre, plongeant son regard dans ce lui de Juste. Au moins comme ça, elle pourrait donner l'illusion de ne rien voir.

Mais vous... Vous devez être tellement heureux d'avoir retrouvé votre mère, c'est une femme extraordinaire. Je suis navrée que vous ayez perdu votre père, vous devez être très triste. Si vous le souhaitez, nous pouvons aller prier pour lui? Je suis sûre qu'au Paradis Solaire il a trouvé le repos éternel et que, de là, il veille sur vous!

Elle aurait voulu aller gifler l'affreuse femme qui osait commettre la sacrilège de se soulager dans de l'eau bénite! Mais au lieu de cela, elle irait prévenir Alfonse, juste après, pour qu'il change l'eau des bénitiers et surtout, pour qu'il veille à ce que ça ne se reproduise pas. Elle ne savait pas qui était cette drôle de femme, mais il faudrait qu'elle se renseigne: pourquoi le beau Juste était-il accompagné d'une horreur pareille?

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SAINTE ILLINDA FOR EVER
Georges_l_watelse


Watelse le vieux/Poandora la vulgaire remit ses frocs en place. Quelle sentiment de supériorité ressent-on en souillant les croyances des "inférieurs". En tout cas, la petite nonne - pas plus finaude qu'une autre et encore plus jacasseuse que sa Ellya - n'en avait vu que du feu.

Il écarte de sa main poudrée d'un geste impérieux son jeune fils qui semblait prendre un sérieux intérêts aux propos de la fillette. Il faudrait qu'il le mette en garde à nouveau contre ces jeunettes qui ne voulait que les bourses masculines - bourses physiques et matérielles. Son regard perçant se fixa sur une minuscule mèche s'échappant du voile de la religieuse. Une chevelure rousse bien dissimulée. Il ne put s'empêcher de la titiller:


Quelle pâle rousseur... Si peu remarquable par rapport à ma flamboyance... Quitte à se coiffer de la couleur du diable, autant faire scintiller les feux de l'Enfer lunaire, n'est ce pas?

Du bout des doigts, il caresse une mèche de la nonne et d'une parole sifflante, il ponctua :


Peut mieux faire... tellement mieux faire...


Et tourna le dos aux deux jeunots, roulant théâtralement du bassin et s'épouvantant le visage comme une mijaurée en pleine chaleur.
Watelse
Juste résista à l'envie de se cacher dans un confessionnal. S'il en faisait trop, son père et lui seraient vite démasquer et finit l'espoir de vengeance! Non, il fallait à tout prix atténuer la désapprobation qu'il lisait dans les yeux de Soeur Sybille.
Mais comment? Watelse s'était montré si blessant.


Damoiselle Nescafet a l'adoration de sa chevelure très poussée, et elle ne souffre aucune concurrence. Si elle se montre ainsi, c'est que vous êtes selon elle une digne adversaire...

Mouai... Juste Parfait "peut mieux faire" en termes de justification.


Et le roux rappelle aussi le renard futé, les écureuils malicieux et ... les carottes. C'est bon les carottes, ça rend plus intelligent et en meilleure santé.


Moui, comparer Sybille à une carotte, c'est pas de la soupe, ça! Juste-Parfait patauge dans son potage. Il touille, il touille en parlant des bienfaits des citrouilles également, et des potirons.

... Avez vous déjà gouté à la marmelade orange et potiron? On mange toute la baguette pour en finir le pot...


Hein? Comment en était-il arriver à parler de gourmandises dans une chapelle? Déviait-il vraiment l'attention de la nonne? Un toussotement de sa part et le jouvenceau préfère revenir à choses plus neutres :

J'aimerais bien prier à vos côtés, Soeur Sybille. Mon père aimant beaucoup la citrouille... Quant à veiller sur nous, à chaque parole de prière, il nous lancerait des fleurs...

Tof, tof! Toussotements étranglés venant de Watelse Père : Plutôt des lancers de citrouilles.
Sibylle.
Si Ellya avait inculqué une chose à Sibylle, c'était la bienséance, pourtant, ça ne lui était pas toujours naturel. Là où certains trouvaient qu'elle jacassait trop, d'autres la trouvait trop romantique ou rêveuse, ou pas assez concentrée. Quoiqu'il en soit, elle s'évertuait tant bien que mal à pratiquer cette fichue bienséance.

Elle n'avait rien dit à propos de l'urine de l'affreuse Paondora la Nescafette, elle se raidit mais ne dit rien non plus lorsque cette femme, décidément tout à fait désagréable, notifiait sa chevelure rousse, s'empressant de cacher LA mèche qui l'avait trahie, toute rougissante. Quant aux excuses du jeune Watelse, elle ne firent que la faire sourire tendrement.

Il était vraiment trop "meugnon"!

Cela dit, elle avait du changer trois fois de teint, avec toutes ces émotions. Ses yeux roulèrent dans leurs orbites, elle ignora royalement toutes les réflexions de la mégère rousse et s'empara vivement de la main du jeune garçon l'entraînant dans le choeur. Les convenances, elle ne les maîtrisaient pas toutes.


Venez.

Elle fit quelques pas et une fois au pied d'une statue de Sainte Illinda, Elle l'invita à s'agenouiller avec elle.

Si nous pouvions éviter de parler de couleur de cheveux... ça n'a franchement aucune espèce d'importance!

Elle lui lança une œillade amusée. Et dire que c'était elle la pipelette, alors qu'il se débrouillait pas mal avec toutes ses comparaisons.

Vous m'en ferez goûter à l'occasion j'espère, ici nous devons faire attention à un péché terrible qu'est celui de gourmandise.

Elle lui adressa un sourire amusé puis leva son visage vers la statue.

Sainte Illinda était une nonne toute simple, elle a fait beaucoup de bien autour d'elle, prions pour votre père. Pour qu'il soit au Paradis Solaire et pour que le Très-Haut nous permette de le garder éternellement dans notre coeur.

Dieu est mon berger.
Je ne manque de rien.
Dans les paysages verdoyants…
Il rassérène mon âme.
Même quand je vais dans la vallée de l'ombre de la mort, je ne crains pas le mal, parce que tu es avec moi : ton bâton et ton appui me consolent.
Mon verre déborde.
C'est le bon et le généreux qui me poursuivent tous les jours de ma vie.
Je résiderai dans la maison de Dieu, pour la longueur des jours.


Agenouillée, là, elle se sentait bien. C'était un des lieux qu'elle préférait. Elle en aimait le calme et le recueillement, les yeux embués par l'émotion, elle fit un doux sourire au fils d'Ellya.

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Watelse
Laissant son père à son étrange activité, Juste suivit la jeune religieuse qui le conduisit tout droit à la prière. Il songea aux dernières paroles de Soeur Sybille alors qu'il marmonnait un pseudo credo. La gourmandise? Il n'avait jamais été gourmand. Il n'aimait pas particulièrement manger, l'appétit souvent coupé par des pensées sombres concernant son enfance isolée et sa mère absente. Ses instructeurs spinozistes n'étaient pas des tendres et les discussions à table n'engageaient pas aux goinfreries. Et son père qui désormais partageait ses repas avait tendance à s'approprier le meilleur des met et à lui laisser des croutes. Il avait si bien dompté sa faim qu'il ne la ressentait plus guère. Sa constitution, heureusement, se suffisait de peu, et de carrure robuste, il n'avait jamais eu l'air chétif.
Citation:

Je résiderai dans la maison de Dieu, pour la longueur des jours


La Soeur ne pouvait pas être plus dans le vrai avec cette prière : son père vivait présentement dans ce prieuré, maison de Dieu, ... et Soeurs Ellya et Sybille allait trouver le temps long en sa présence!

La dernière strophe des prières s'était fondue dans le silence de la bâtisse. Il osa un regard sur le profil baissé de celle qui devait avoir à peu près son âge. Elle avait connu la chaleur de sa mère, s'était nourrie émotionnellement et spirituellement auprès d'elle. Lui, était resté sur sa faim, depuis toujours. L'aigreur des premières minutes céda la place à un autre sentiment : la convoitise.
Juste garda la voix basse pour garder leur échange à l'écart des oreilles paternelles :


Je ne connais pas le pêché de gourmandise. Je ne suis même pas sûr d'être un grand pêcheur, je n'ai jamais fait trop attention à tout ça. Le bien, le mal.. tout ça me dépasse un peu parfois. Vivre, aller de l'avant et faire des choix, voilà ce qu'on m'a appris : que nos actes nous guident vers des chemins, mais que l'on ne peut pas dire qu'un chemin est plus mauvais qu'un autre. Alors les pêchés...

Soupir discret.

Vous allez vous dire que je ne fais pas très aristolicien, à ne pas me soucier de ma conduite, du Paradis et de l'Enfer, n'est ce pas?

Il gardait ses mains nouées entre elle, et sa mâchoire se crispa un instant, conscient qu'il en disait trop. Tout ce déballage semblait si déplacé dans une chapelle! Il resta un bon moment sans rien dire, et, assuré que la Paondora n'était plus là, il continua sombrement :


Pourtant... J'ai en ce lieu le sentiment de tomber dans un pêché grave. Vous semblez proche de ma mère. Très proche. Et je devine votre affection réciproque et vos souvenirs communs. Je n'ai aucun souvenir de ma mère, ni même l'impression que j'ai un jour compté pour elle. Je vous envie, Soeur Sybille, pour avoir une place dans le coeur de ma mère qui aurait du être la mienne. Une envie mêlée de colère et de rancoeur. Et aucune prière ne m’apaisera ce soir, c'est à craindre.

Il se leva et lui tendit la main pour l'aider à se mettre debout. Voilà qui était avoué. Au moins, il se sentirait moins malhonnête en sa présence. Quoi qu'en pensait Watelse Père, Juste avait tout de même hérité d'un trait de caractère d'Ellya : la culpabilité.
Sibylle.
Une fois la prière dite, elle l'écouta, tournant son visage vers le jeune homme, lui adressant un sourire amical.

Le Bien, le Mal... vous savez j'ai beau avoir beaucoup lu, le Livre des Vertus, les différentes Vitae, la Vita de Christos, je ne sais pas toujours si je suis dans le vrai. J'ai toujours considéré que mon premier devoir était d'aimer mon prochain, de façon à vivre l'amitié Aristotélicienne et d'obéir à notre Mère Abbesse et à notre bon Père Abbé. Ce n'est pas toujours évident de déterminer le bien du mal.

Elle lui fit un clin d'oeil amusé.

Je n'ai pas à vous juger, Messire Juste.

Le silence se fit, elle le respecta, même si c'était une pipelette, elle appréciait parfois ces moments de silences comme ceux qu'elle partageait souvent avec Mère Ellya. Par la suite les propos du jeune garçon la firent frémir. Il l'enviait? Elle? Petite soeur de rien du tout? Elle qui n'était personne, sans parents, sans famille...

Elle prit la main qu'il lui offrait, se levant et pressant fort la main amie dans la sienne, le regardant intensément.

Je comprends... Mais vous savez... lorsque je vous ai vu, la convoitise s'est aussi emparée de moi... Vous êtes le fils d'Ellya, son vrai fils, pas comme moi... Le lien qui vous lie est indestructible, indéfectible. Personne ne peut vous retirer cela. Et puis, rien n'est perdu, les souvenirs que vous n'avez pas, vous les créerez maintenant, aujourd'hui, demain.

Et puis vous savez... Mère Ellya n'est pas très démonstrative, je n'ai jamais su ce qu'elle pensait de moi, j'ai si souvent la sensation d'être indigne d'elle... elle me réprimande si souvent, moi, si imparfaite. Alors que vous...

Sa voix mourut alors que son regard se perdait sur le visage du jeune homme.

Juste Parfait... c'est un nom prédestiné... moi quoique je fasse, j'échoue toujours à satisfaire ma chère Mère, lorsque je vous ai vu, j'ai de suite pensé que désormais, elle ne s'occuperait plus du tout de moi, puisqu'elle avait bien plus précieux maintenant, elle vous a vous...

Elle baissa les yeux, relâchant la main de Juste, cachant son trouble. S'il s'épanchait, elle faisait de même. Treize années à tenter de faire sa place à côté d'Ellya, treize années à lui prouver qu'elle était quelqu'un de bien, en vain. Une terrible et irrépréhensible envie de pleurer s'empara d'elle et furtivement, elle passa sa manche sur ses yeux, le coeur en berne.

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Watelse

Plus les confidences se diffusaient dans la chapelle, moins Soeur Sybille ressemblait aux pintades que son père, Georges Léonard Watelse, singeait souvent. Elle aussi l'enviait? Comme le monde était drôlement fait! Il y avait si peu à envier de l'enfance de Juste-Parfait, mais la jeune fille n'en pensait pas moins de sa propre vie. Et que de similitudes se dessinaient : Lui recherchait l'assentiment de son père, elle souhaitait vivement la reconnaissance de sa Mère.
L'une de ses remarques l'amusa et il rétorqua, mi-sourire mi-sérieux :


Juste-Parfait? .. Je ne suis pas Parfait, mais j'essaie d'être Juste...

(quand la colère ne l'aveuglait pas)

... Apparemment ma mère souhaitait m'appeler Modeste au départ, mais c'était trop humble pour la position de mon père. Je tiens cette anecdote de mon père ...



Zut, comment son père aurait il pu lui raconter ceci? Ilétait sensé l'avoir si peu croisé ces quatorze années. Un geste de nervosité lui fit tourner le coup vers la masse rouge de Paondora Watelse. Lui qui adorait son père comme on vénèrerait un Dieu, ne commençait il pas plutôt à le craindre un peu? Un coup de canne de son père ne serait pas le seul châtiment que lui réserverait Watelse si la grande supercherie était révélée par une erreur de son fils. Son père n'était pas un tendre, il en avait la certitude, mais il le pensait juste dans ses opinions et ses actes. Grossières erreurs d'un enfant en quête désespérée d'affection!

Comme la jeune fille effaçait un trouble, Juste ne la quittait pas des yeux et des idées se fracassaient à toute allure contre la paroi de son cerveau:
Peut-être aurait-il une alliée en Soeur Sybille? Peut-être qu'il pourrait la retourner contre sa mère? Peut-être que son père tolèrerait une femme dans leur cercle de conspirateurs? Peut-être? Ou peut-être pas... Juste-Parfait préféra ouvrir la voie à la jeune femme vers l'extérieur de la bâtisse par une porte dérobée, évitant son père. Il ne connaissait que trop bien les mises en garde paternelles contre les "femelles", ces "mâles avortés", ces "fausses couches manquées", ces "oies de pacotilles", ces "poulettes de TRES basses cours", "ces menteuses vicieuses"... Le vieux Watelse ne semblait jamais en mal de vocabulaire pour affubler ces demoiselles des pires sobriquets. Juste-Watelse, même bercé par les principes paternels, était moins fixé en la matière, mais l'inexpérience l'avait poussé à prendre les pensées du père comme sienne. Soeur Sybille suscitait l'étonnement par la facilité de leurs échanges et par cette honnêteté profonde qu'il pensait lire dans ses yeux. Les pintades ne seraient-elles pas toutes fourbes ?

Oui, je tiens ce souvenir de mon père qui m'écrivait de temps à autre, se rattrapa t'il. Il m'écrivait peu mais toujours bien plus que ma mère. Vous voyez, si vous n'avez pas pu en treize années vous nicher dans le coeur de ma mère, ne songez pas que je vous vole la place en moins de deux minutes de paroles échangées. C'est à peine si j'existais pour elle ce matin. Peut-être ne sommes-nous pas dignes d'elle ni l'un ni l'autre? Par ailleurs savez vous où elle se trouve?

Il ne souhaitait pas rejoindre Ellya Watelse pour le moment, il en saurait sûrement plus sur sa mère en parlant avec Soeur Sybille de toute façon. Et elle était beaucoup plus facile à aborder.
Sibylle.
Etre juste, c'était un bel idéal. La jeune soeur se demanda quel pouvait être le sien, mis à part plaire à Ellya, quel était son idéal à elle, et elle fut bien en peine d'y trouver une réponse. Elle lui sourit, Modeste ne lui allait pas, en plus elle trouvait ça vilain, non Juste c'était parfait!

Juste vous va bien, vous le portez à merveille, il évoque l'homme droit, la tête haute, le front clair et je vous imagine bien de la sorte.

Ils s'étaient levés et elle le suivait, en aucun cas elle n'avait remarqué quoi que ce soit de particulier suite à l'allusion au paternel Watelse, elle ne savait rien de la vie de Juste et n'avait pas du tout percuté qu'il avait pu connaître si peu son père. Elle l'écoutait néanmoins avec attention et bienveillance. C'était si plaisant et si aisé de parler avec lui. Comme un coeur à coeur. Pour une fois, elle n'avait rien à prouver, et ils semblaient sur un pied d'égalité.

Sibylle aurait aimé avoir un frère tel que lui, un frère auprès duquel elle aurait pu s'épancher, quelqu'un pour partager ses peines mais aussi ses joies, ses doutes, ses interrogations sur la vie. Un frère qui aurait pu l'éclairer sur les hommes, sur ce qu'ils étaient, elle en connaissait si peu sur eux et son maître d'armes Soheil ne l'éclairait pas vraiment sur ce propos, bien au contraire.

Elle le suivit à l'extérieur, ravie de s'éloigner de Paondoura-la-moche, qu'elle ne sentait pas du tout.


Peut-être oui... ou peut-être ne le saurons-nous jamais.

Elle réfléchit un instant.

Hum... je pense qu'elle se trouve dans le scriptorium ou peut-être dans son bureau, elle n'aime pas trop qu'on la dérange. C'est parfois tellement difficile de savoir ce qu'elle attend de nous. Oh bien sûr... elle veut que je sois une bonne aristotélicienne, que je sois pieuse, je sais qu'elle me voit bien faire mes voeux et me consacrer à l'Eglise ou épouser un bon aristotélicien, bien que lorsqu'elle me parle des devoirs d'une bonne épouse, ça ne me donne pas envie du tout! Mais... parfois je me demande, Juste... doit-on passer notre vie à tenter de faire plaisir à ceux qu'on aime, au risque d'échouer ou doit-on faire son chemin seul, faire ses choix pour soi, en se moquant d'autrui?

Elle soupira un peu maussade, son esprit égaré parmi tant de pensées aussi diverses.

J'ai tellement peur de la décevoir et en même temps... j'aimerais savoir qui je suis vraiment, ce que je dois faire de ma vie, quel est mon chemin, pas celui qu'elle veut pour moi, mais le mien. Vous n'avez jamais ressenti cela?

Elle lui prit le bras pour le guider, ils traversèrent le cloître, puis parcoururent le potager avant d'arriver au verger qui s'étendait sur un sol vallonné.

Qui vous a élevé? C'est votre père? Et pourquoi n'avez-vous pas grandi auprès de votre mère? Et à quoi vous destinez-vous? Vous allez reprendre la suite de votre père, c'est ce que vous voulez vraiment? ou est-ce ce que l'on attend de vous?

Alors qu'ils remontaient, s'éloignant du verger pour rejoindre le poirier qu'elle aimait tant, un peu excentré, une étrange sensation l'envahit, comme si elle l'avait connu depuis toujours, pourtant, elle ne savait presque rien de lui et son existence même lui était inconnue, mais cela semblait si familier de se promener ainsi, bras dessus, bras dessous, en devisant et en partageant cet instant ensemble. Un peu émue et étonnée de ce sentiment étrange, elle lui adressa un franc sourire, hâtant le pas.

Venez que je vous montre le meilleur endroit qui soit au monde!

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SAINTE ILLINDA FOR EVER
Georges_l_watelse



Watelse se félicitait de jouir encore d'une bonne visée pour son grand âge. L'urine alla exactement dans le réceptacle religieux. Très concentré sur sa propre personne et sur son outil de vidange, le vieux Watelse emperruqué de rouge ne nota pas tout de suite le rapprochement des deux jeunots. Déjà, alors qu'ils priaient, Georges Léonard Watelse tendait l'oreille mine de rien, l'esprit faussement focalisé sur une statue de Sainte. Pouah! Une sainte... Comme si une cruche se coiffer d'une auréole! Par contre une autre cruche se donnait des airs de sainte-nitouche devant son naïf fiston, et celui-ci n'était pas loin de lui chanter un psaume d'adoration. oui, il voyait bien de ses yeux perçant, cette flamme de tendresse s'insinuer fourbement dans le coeur de son fils. Le vieillard pouvait ressentir la mauvaise onde femelle et ses répercutions à des lieues à la ronde. Cette maquerelle de sacristie n'aura pas mon rejeton, foi de Watelse! marmonna t'il.
Mais déjà, la jeunesse n'était plus à porter de vue, et relevant ses jupons affriolants, Watelse se précipite vers l'extérieur. Allant de bosquet en muret, de tronc d'arbre (qui le cachait à peine) à un derrière de vache (le cachant encore moins), la grosse matrone à barbe naissante devenait un espion. Piètre espion qui n'entendit que ses bribes et en tira des conclusions trop hâtives :


Citation:
votre père ... auprès de votre mère?


Le gamin l'aurait-il trahi?? Aurait-il vendu la mèche après seulement dix petites minutes en présence d'une pécore? Ainsi, elle saurait que Watelse était maintenant auprès d'Ellya. Et devinait-elle qu'il voulait la perte de la Mère du Prieuré?


Citation:
la suite.. est ce que vous voulez vraiment?


La Paondora virile ne pouvait voir leurs visages et devinait la face de traitre de Juste-Parfait. La chair de sa chair. Pourquoi? Mais pourquoi le destin s'acharnait contre Sa Merveilleuse Personne? Son fils se retournait contre lui? Et voilà qu'ils se tenaient les bras tels deux tourtereaux? Watelse ne croyait ni à l'amour subit, ni à l'amitié des âmes. Aussi, son cerveau commença à se demander si Juste-Parfait et la donzelle ne s'étaient pas connus avant. Le vieillard, dans sa paranoïa, imagina un complot de longue date de ces deux êtres - et peut-être d'Ellya? - contre Sa divine Peronne.

Il lui faudrait la supprimer, Ellya, cette épouse meurtrière. Il lui faudrait réduire Sybille la pucelle au silence aussi. Elle en savait trop désormais. Il lui faudrait corriger son fils pour son manque d'honneur et de loyauté. Une correction brulante. Un bucher. Un tison. Une torture à lui faire perdre la raison. Il n'anéantirait pas son seul enfant, le seul reste de la lignée Watelse. Non, il avait trop travaillé à la procréation de ce fils. Il le casserait assez pour n'être plus qu'une âme au service de son Maitre. Au service de son Père.
Watelse
Loin, très loin de se douter des obscures rouages de l'esprit de son père, Juste écoutait Sybille parler de tout ce que son propre esprit refusait d'affronter. IL avait suivi son père sans réfléchir vraiment à ce que cela lui apporterait. Seule lui importait alors la satisfaction du grand Maitre Watelse. Sybille lui faisait se poser les bonnes questions, des questions dérangeantes auxquelles il n'avait aucune réponse honnête.

Doit-on passer notre vie à tenter de faire plaisir à ceux qu'on aime, au risque d'échouer ou doit-on faire son chemin seul, faire ses choix pour soi, en se moquant d'autrui? J'aimerais savoir qui je suis vraiment, ce que je dois faire de ma vie, quel est mon chemin, pas celui qu'elle veut pour moi, mais le mien. Vous n'avez jamais ressenti cela? Qui vous a élevé? C'est votre père? Et pourquoi n'avez-vous pas grandi auprès de votre mère? Et à quoi vous destinez-vous? Vous allez reprendre la suite de votre père, c'est ce que vous voulez vraiment? ou est-ce ce que l'on attend de vous?

Beaucoup trop de questions. Juste Watelse était au bord de la panique et se retint un moment de fuir mais soudain Soeur Sybille lui sourit, et il y renonça. Il n'aurait pas plus de réponses à ces questions seul dans son coin, alors autant les partager avec quelqu'un de bonne écoute.


Citation:
Venez que je vous montre le meilleur endroit qui soit au monde!


Il lui sembla soudain que n'importe quel lieu en la compagnie de Soeur Sybille devait être "le meilleur au monde". Il ne dit rien et la suivit vers un poirier.

Mon père est... était certainement un grand homme et jamais je ne pourrai l'égaler. Il aurait voulu que je reprenne son nom et sa boutique, et je le ferai. J'ai rencontré plusieurs fois son ancien apprenti qui maintenant se trouve être Maitre orfèvre. Nosu allons travailler ensemble.

Il réprima avec mal un soupir :

Ce jeune homme paraissait plus à même de faire revivre la magnificence de mon père que moi... Non, ce que j'aimerais, si vraiment je pouvais faire ce que je veux, ce serait devenir chevalier. Pour défendre ce qui est juste. Mais c'est une charge qu'on donne plutôt aux nobliots, pas au sans-rien ou au pas-grand-chose... Et vous Sybille? Un rêve? Je ne vous imagine pas en religieuse vouant sa vie à l'Invisiblement Grand jusqu'à son dernier souffle. Et pitié, ne me dites pas que vous vous rêvez en épouse d'unprince charmant. Vous paraissez trop singulière pour être comme toutes les autres jeunes filles qui comptent les pétales des pâquerettes et se pâment devant chaque freluquet qui croisent leur chemin.


Oui, pitié, qu'elle ne donne pas raison à mon père! Pitié, qu'elle montre plus de cervelle que toutes celles qu'il me décrit
songea t'il.
Sibylle.
[Auprès de mon arbre, qu'il fait bon, fait fait bon, fait bon...]

Ils étaient arrivés au pied du poirier et de là, il pouvaient d'un côté contempler le monastère de l'autre la campagne guyennoise qui était fort belle. Assise dans l'herbe, elle y agitait ses pieds nus, songeuse. Elle était à des lunes d'imaginer les manigances de la rousse Paondoura Nescafette. Cette femme ne lui revenait pas du tout, surtout depuis qu'elle l'avait vue, O damnation, O blasphème suprême, uriner dans le bénitier! En fait, peu lui importait Paondoura, tout son attention était reportée sur Juste, elle l'écoutait avec intérêt et à nouveau, elle l'enviait.

Tenir la boutique d'un orfèvre, ça devait être tout bonnement génial! Posséder un art, réaliser des créations superbes, rencontrer des gens du monde entier, vendre son art... Rien que d'y penser la jeune fille en avait les yeux brillants, elle glissa sa main à son cou ou, sous la bure se cachait le dernier cadeau d'Ellya, un délicat collier de jade qui venait des ateliers Watelse.

Elle se campa sur ses deux bras et le regarda, radieuse, souriante.


Votre père était sûrement un grand homme, en tout cas, il avait beaucoup de talent, j'ai vu certaines de ses créations, ne cherchez pas à l'égaler, vous êtes différent, vous devez apprendre et trouvez votre style, ce qui vous correspond à vous, Juste. Je suis certaine que son ancien apprenti saura vous guider. Ce sont les lois de l'héritage et votre père vous a légué un beau cadeau.

Elle s'assombrit légèrement. Et elle, qu'avait-elle? Son minois se retroussa en une petite moue tristoune, elle n'avait rien... Elle avait les aspirations obscures de sa Mère d'adoption. Prier, il lui fallait prier, plus, mieux... Elle dodelina de la tête et se concentra à nouveau sur son interlocuteur alors que ses yeux s'écarquillaient.

Che... va... lier??

Elle éclata de rire franc mais non pas parce qu'elle se moquait.

Alors ça par exemple! Mais j'en rêve!! Bon c'est tout à fait impossible... Mère Ellya ne m'autorisera jamais à m'engager dans un Ordre Militaire, mais... chevalier... Rhaaaa Juste, comme ça doit être merveilleux!

Elle se laissa tomber dans l'herbe, les bras en crois, lâchant un soupire rêveur.

Mon Dieu, par tous les Saints, religieuse à vie... ou mariée, obligée de rester au coin du feu à faire des enfants et à tisser, quelle horreur! Non je n'ai jamais rêvé de ça, bien au contraire... Je rêve d'aventures Juste! La Légende Dorée, Les chevaliers de la Table Ronde, les Mille et une nuits, je les ai tous lus!! en cachette le plus souvent! mais ce sont des récits merveilleux, j'aimerais tellement ainsi parcourir le monde en quête de gloire pour le Très-Haut et Aristote, être leur bras armé, convertir le monde... Oh, ce serait merveilleux, imaginez-vous?

Elle se redressa vivement et lui adressa un grand sourire.

Un rêve merveilleux et j'aime imaginer que je pourrai le vivre, un jour... Peut-être que vous aussi, ne croyez-vous pas?

Ce devait être merveilleux de vivre ainsi, d'être une nouvelle Jehanne d'Arc et de sauver le monde de l'hérésie. Elle se rapprocha un peu et lui murmura tout bas, de peur qu'on ne l'entende.

J'ai un maître d'armes, vous savez?

Et de lui lancer un regard complice.

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SAINTE ILLINDA FOR EVER
Watelse
L'enthousiasme qui se dégageait de la jeune fille gagnait peu à peu Juste-Parfait. La chevalerie pour une femme? Juste ne l'avait jamais envisagé mais si Soeur Sybille combattait avec la même ferveur qu'elle mettait dans ses prières, les ennemis du royaume pouvaient prendre la poudre d'escampette.

Vous pourriez faire les deux : prier et combattre. Il y a des ordres de chevalerie religieux. Je ne les vois pas refuser une personne comme vous avec autant de qualités. Oui... Ou créons notre propre ordre de chevalerie! Car je ne sais pas si j'aurais autant la foi que vous pour pouvoir en intégrer un...

Surtout, Juste était trop Spinoziste pour se faire accepter par l'un d'eux. Il ne connaissait aucun ordre de chevalerie qui ouvrirait ses portes à un hérétique. Devait-il l'avouer à Soeur Sybille? Après tout, il se sentait en confiance et les religieuse doivent avoir l'habitude de garder le silence. Mais ne venait-elle pas de lui confier sa volonté de convertir le monde à l'Aristolicisme?
Il préféra détourner la conversation vers un sujet plus drôle :


Au pire, je pourrai donner ma contribution en ornant leurs épées de beaux diamants grâce à l'orfèvrerie de mon père.


Maintenant le sourire aux lèvres :

Et si vous deveniez la plus élégante des chevaliers. Je couvrirais votre armure de bijoux et votre destrier aurait une selle de cuir parsemée d'or et d'émeraudes. Vous ne passeriez pas inaperçue! Par ailleurs, vous ne passeriez pas non plus inaperçue dans un couvent...

Prenant une branche de poirier tombée non loin, il se mit sur ses deux pieds en position d'attaque, et brandit son arme de fortune :

Alors si vous avez un maitre d'armes, apprenez-moi et je serai votre élève. Par contre, ne riez pas, j'ai tout à apprendre! Est ce que mes pieds sont assez bien ancrés au sol? Mon bras se trouve t'il assez haut?
Sibbie
Elle réfléchissait. Ce que disait Juste était loin d'être idiot. Son avis était éclairé et elle acquiescait à mesure qu'il parlait.

Oui, j'avais pensé aux Chevaliers Francs, mais j'ai un peu peur de m'y rendre seule, je n'ai jamais quitté le Prieuré et Mère Ellya et Père Bardieu. Vous viendriez avec moi?

Le regard est en coin, elle l'observe. Oui, avec lui ça semblait si simple. Jamais Soheil n'accepterait, la Foi n'était pas un combat pour lui, mais Juste... Juste était différent, jamais elle n'avait rencontré quelqu'un comme lui et puis cette drôle d'impression de l'avoir toujours connu était sacrément plaisante. Elle se mit à rire.

Oh oui! Quelle bonne idée!! notre propre ordre!! mais je crois qu'à deux, ça ne suffit pas!


Alors qu'il partageait ce à quoi il pouvait participer, elle imaginait des montagnes d'or, d'argent, de rubis, de perles précieuses, et ses yeux brillaient car bien qu'elle ne possède rien, Sibylle était une coquette dans l'âme et écouter le jeune Watelse parler d'orfèvrerie était un vrai régal, à nouveau elle éclata de rire.

Oh Juste! ce serait merveilleux! une armure toute couverte de bijoux! je n'ai jamais vu ça, vous pensez que ça existe?? et puis je ne serai jamais assez riche pour me l'offrir, vous imaginez!! ça doit valoir une fortune, mais comme ça doit être beau... on doit vous voir à des kilomètres à la ronde et le jour, elle doit étinceler alors que la nuit, la lueur de la lune doit en changer la couleur... Mon Dieu quelle beauté!

Les yeux écarquillés, la bouche ouverte, un peu plus et elle aurait bavé, elle rêvait, les yeux ouverts. Elle en était encore à rêvasser lorsqu'elle revient à la réalité en voyant Juste s'agiter devant elle, la faisant rire de plus belle tandis qu'elle se levait à son tour.

Ah non!! Non!! Pas comme ça!!

Les genoux pliés!

Le menton relevé! Allons allons, prenez un air sévère!! l'ennemi doit trembler en vous voyant!


Et à son tour, elle ramassa une branche se mettant face à lui, sautant sur ses jambes pliées, le tenant en joue.

En garde Soldat Watelse! Une, deux...

Et dans un battement de son épée de fortune, elle frappa sèchement sur la branche de son adversaire, puis se recula d'un pas.

A vous! Attaquez! Allez allez!!

Elle sautillait sur ses pieds nus, tournant autour de lui bien que ça bure la gêne pour combattre correctement, elle faisait des moulinets de son bout de bois, sourire aux lèvres.

Hop hop hop!! Sacripan, défendez vous l'orfèvre!! Comme ça nous pourrons nous défendre sur la route d'Alexandrie! Je vous vois bien pourfendre les brigands et sauver les demoiselles en détresse!

Elle partit d'un grand éclat de rire clair. Un peu déconcentrée et toute à son hilarité, elle lui ficha un grand coup de branche en pleine tronche. Sibylle = 1, Juste = 0!


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