Minah..
Le démon du mal est lun des instincts premiers du coeur humain.(Edgar Allan Poe)
Il la touche et tout son être se crispe, son sang se glace dans ses veines. L'effroi l'habite alors qu'il lui parle de sa voix froide, dénuée d'expression.
L'homme est calme, bien trop calme, alors que sa main sur sa peau est presque caressante. Il joue avec elle, tel un chat avec une souris. Sûr de son pouvoir sur elle.
La jeune femme l'écoute railler ce protecteur qui n'en sera pas un au final. Un instant, Minah imagine Hugues forcer la porte de cette cave, foncer sur son bourreau et le pourfendre de sa lame.
Mais son geôlier poursuit, vante sa beauté en y glissant des menaces à peine voilées. Sa beauté qui l'a tant servie causera t-elle sa perte ?
Elle pousse un gémissement sourd de bête traquée quand il la renifle comme un loup se délecterait de sa proie avant de la dévorer toute entière. Elle voudrait se jeter sur lui, griffer ce beau visage hautain et prétentieux, lui crever les yeux, vendre cher sa peau.
Elle en est incapable, pétrifiée par la peur, qui la laisse sans forces.
Impuissante, elle serre les mâchoires, retient ce cri qui hurle au plus profond d'elle. Si elle le laisse sortir, elle en perdra la raison. Un gémissement encore quand il l'attrape par les cheveux, lui plie la nuque et la détache. Elle se débat faiblement entre cette poigne de fer, soumise déjà... respirant l'odeur mâle de l'Autre. Sa bouche s'entrouvre sur une sourde plainte, dans un filet d'air, quand il plante ses dents sauvagement dans son épaule pour la mordre au sang. La douleur lui coupe le souffle.
- - Pitié ! Noon !!!
Et la lame crisse sur l'étoffe, tranchante et acérée, le froid humide du lieu vient hérisser sa peau qu'il dénude. La jolie rousse se fige, terrorisée et en oublie le sang qui dessine une rayure carmine sur son bras nu. Un faible espoir renait pourtant quand elle veut croire un court instant qu'il ne veut que la violer, se satisfaire et que son plaisir assouvi, il redeviendra doux et raisonnable. Peut-être même sera t-il morveux de lui avoir imposé ça ? Elle ne mourra pas. Elle survivra à l'offense, à la flétrissure.
Mais elle n'en n'est plus à tenter de se mentir.
Il y a des regards qui ne laissent aucun doute. Comme celui qu'elle vient de croiser en levant son visage vers lui.
" Montre moi que tu veux vivre"
Elle se débat comme une forcenée quand il la mène vers la table. Hurlante telle une possédée que l'Inquisition mènerait à la question...Elle crie son effroi à s'en casser la voix. Que quelqu'un l'entende par pitié, qu'on la sorte de là.
" Il est temps "
Alors à ces mots là...Soudain, quelque chose cède en elle. Sa raison vacille et le regard violet de suppliant se fait rageur et haineux. Elle en oublie toute prudence, déverse sa rage et son désespoir sur celui qui prétend disposer d'elle à sa guise pour ses sombres desseins.
- - Leopold ! Que ton nom soit à jamais maudit. Maudit sois tu, toi et tous les tiens. Pauvre fou, tu bruleras en enfer !
Que le Diable t'emporte , qu'il te dévore le coeur et les tripes !
Elle joue des coudes, donne des coups de pieds à son agresseur. Ultime sursaut de la bête aux abois. Minah la douce et tendre courtisane se change en sorcière, crachant des insultes à son tourmenteur d'une voix que la terreur rend rauque et hachée .