[Fin dune morne journée de dimanche]
La veille, missive avait donc été dictée, écrite par une main autre que la sienne, sachant coucher convenablement sur le papier les mots qui jaillissaient de ses lèvres, et un messager avait été affecté. Il sagissait là dune lettre personnelle à lattention du Duc de Lapalisse et Beths navait nulle intention quelle tomba dans dautres mains que les siennes.
La fin de la journée déjà fort avancée sétait alors achevée sombrement. Incapable de trouver un repos salvateur, incapable de tourner ses pensées vers des choses agréables comme par exemple les retrouvailles avec Amaelle, ou bien se décider à écrire à ses suzerains savoir comment se déroulait leur voyage
non elle navait que martel en tête, et caractère faisant, elle navait cesse de tournicoter hypothèses dans sa tête, prenant peur des conséquences.
A un moment un messager fut annoncé, et Beths se précipita à sa rencontre voulant savoir. La déception fut grande lorsquelle comprit quil napportait point la réponse tant espérée. Gémissant tristement à la surprise de son personnelle, elle décacheta la missive que Marty et elle venaient de recevoir tout en regagnant lentement le salon. Un instant son visage ségaya. Bettym !! Bettym venait passer quelques jours en BA et passerait à Gondole.
Levant la tête avant dentrer dans le salon, elle intercepta Margilie, sa soubrette.
Margilie ! Voulez-vous bien préparer la chambre dorée ? Vous savez celle qui porte si bien son nom juste avant que le crépuscule ne tombe
Dame Bettym devrait venir passer quelques jours à Gondole et je pense que cette pièce devrait lui plaire
enfin quimporte la chambre en fait, lessentiel est quelle vienne !
Margilie un brin ahurie par les déclamations de sa maitresse ne savait plus trop que dire
La Duchesse avait un étrange comportement ces derniers temps
Où diantre était donc passée la mutine tornade ?
Regardant sa maitresse séloigner, la soubrette prit néanmoins note des ordres ducaux, et sattela à préparer la chambre dorée qui recevrait donc bientôt invitée.
En attendant, Beths déposa la lettre dans le salon avant de gagner sa chambre pour quelques heures de repos avant de retourner à Thiers pour la dernière garde de cette longue semaine.
[- Comment ça va ? - Comme un lundi
seconde missive]
Tel un couperet, le nom était tombé. Un hachoir lui avait broyé le cur, un poignard lavait déchiré. Douloureusement, hébétée, blessée, elle avait donc quitté la prévôté alors que le nouveau prévôt venait y prendre ses fonctions et venait prendre connaissance des lieux, se présentant, souriant discrètement.
Montant Canasson, elle avait laissé les rennes lâches le laissant la conduire où bon il voulait, où bon il y avait paille suffisamment tendre pour sa mâchoire délicate. Elle avait d'ailleurs remarqué que son cheval ces derniers temps semblait sensible, mais présentement, elle n'en avait cure.
Elle pleurait de la décision qui s'imposait, les larmes roulant sur ces joues, dans son cou.
Soudain se rendant compte que Canasson était à l'arrêt, Beths leva les yeux et vit ... les écuries de son domaine ... Cachant son visage dans l'encolure du cheval, les larmes redoublèrent, elle ne survivrait pas, mais elle ne changerait pas d'avis.
Se décidant enfin à descendre du dos de sa bourrique, elle le conduisit jusquà son box, refusant laide de toute personne qui sinterposa.
Une fois le cheval pansé, lentement, elle gagna le château, où Eudes et sa sempiternelle fougue lui tombèrent dessus, demandant si journée avait été agréable et bonne jusquà ce quil se taise sous le regard assassin de sa maitresse, et ces trois lettres sèches
Non
Silencieusement lIntendant lui avait alors tendue missive. Ecarquillant les yeux reconnaissant le scel qui fermait le parchemin, elle reconnu là
une réponse ... la réponse à la missive qu'elle avait envoyé la veille, espérant encore, cherchant à comprendre. Décachetant immédiatement la lettre, ses prunelles suivirent les mots et les comprirent parfaitement. Tout était terminé, cétait la fin. Simple ... si simple ... une vie détruite en un instant ... Beths ne put empêcher ni les larmes, ni le rire nerveux de séchapper de ses lèvres à la lecture de certains passages
Citation:Je suis toutefois conscient qu'il y a eu des accroches par le passé et je compte bien que ça n'arrive plus [
]
J'ai confiance en ses capacités pour pouvoir gérer cela comme il faut, au besoin avec l'appui d'Althiof et j'espère le vôtre
Autant achever la bête tant qu'elle en avait encore la force. Sachant Anseis présent au château, elle demanda une nouvelle fois à Eudes daller le quérir tout en lui demandant de la rejoindre au salon et malgré lheure certaine du déjeuner.
Pour sa part, son appétit était irrémédiablement coupé pour lheure, elle tentait plutôt dassembler ses idées, de sécher ses larmes, mais quelle solution restait-il en fait ? Une seule
sasseyant sur lun des fauteuils, la jeune femme tentait de puiser véhémence, fougue et ardeur dans le spectacle de cette pièce chaleureuse.
Relevant la tête, les yeux rougis et la mine défaite, alors quAnseis faisait son apparition, une Beths terne et morne lui expliqua brièvement ce quelle attendait de son secrétaire, dictant lettre une nouvelle fois à lattention du Duc régnant. La première missive avait été pour le Duc de Lapalisse, la seconde létait pour le Duc du BA.
Anseis souhaitant bien faire ou sassurer de sa décision denvoyer un tel message, comprenant sans le dire les implications, une fois sa tâche accomplie, lui mis devant les yeux ce quelle venait dannoncer
Citation:Votre Grâce
Votre message me voit effondrée, si bien que je vous prie d'excuser les formes qui ne seront guère plus que dans votre message.
Pour la prévôté je souhaite que les accroches ne se fassent pas.
Toutefois je ne le verrai pas.
Je pars en retraite les deux prochains jours, ce qui me laissera pleinement temps pour rédiger une lettre.
Et cette lettre c'est à vous que je la donnerai. Dans le bureau du porte parole. Car non, jamais, jamais, JAMAIS, je ne pourrais appuyer cet homme qui a tant désoeuvré pour la prévôté. Cette décision me brule les yeux et le coeur car j'aime mon travail et je ne souhaite pas quitter la prévôté. Toutefois, il n'y a aucune autre solution.
Mais je ne doute pas un seul instant qu'Althiof, comme toujours, gèrera parfaitement.
Beths
Palissant à vu dil, des larmes dans les yeux, une main tremblante et prudemment placée devant la bouche, le cur au bord des lèvres, se sentant étrangement faible, avec un estomac caractériel qui se liguait contre elle, la jeune femme repoussa le parchemin et murmura, desserrant à peine les dents Transmettez cette lettre au Duc régnant et laissez moi seule Oui elle avait menti, car elle ne comptait nullement partir en retraite initialement, quoi quen fait deux jours de repos le plus complet chez les surs de la gaîté aurait été sans nul doute une excellente idée. Mais Beths savait bien quelle ne partirait pas, cependant, deux jours, deux jours pour trouver les mots, deux jours pour rédiger de sa main car nul autre ne le ferait, deux jours pour vivre, deux jours pour trépasser
Anseis était parti silencieusement, et la jeune femme se précipita sur la cuvette qui se trouvait là initialement pour recevoir leau fraiche du broc qui se trouvait également là et qui était renouvelée quotidiennement pour le confort des Montfort-Balmyr et de leurs invités
Elle navait rien mangé, mais décurement son estomac manifesta son mécontentement. Cela nétonna guère la jeune femme qui, une fois par le passé, avait déjà subit ce genre de manifestation, horrifiée par son propre comportement pour obtenir des informations vitales
Se rafraichissant et désaltérant ensuite et sécroulant dans la causeuse, mouillant irrémédiablement de ses pleurs le mobilier, puis dépuisement, la jeune femme sendormit dun sommeil sans rêve. [- Comment ça va ? - Comme un lundi
arrivée de Marty, bientôt suivi de lannonce dun inconnu qui demande audience, ignorant larrivée dAmaelle qui était partie trouver Anseis
] Ce fut le bruit dune porte quon ouvrait qui la réveilla aussitôt, ses prunelles cherchant lorigine Marty ? Son visage blême passa par toutes les couleurs, elle devait être hideuse avec ses yeux rougis et gonflés, et puis surtout elle devrait lui expliquer et nen avait pas le courage.
Elle se leva alors précipitamment de son siège, trop précipitamment. Un vertige la saisit soudain, et elle se valu dêtre encore debout grâce au réflexe quelle avait eu de claquer violement ses deux mains à plat sur le guéridon placé là.
Les yeux fermés, la tête tournant, Beths tentait désespérément dhapper un air salvateur qui dissiperait son malaise. Ce fut en entendant la voix inquiète de Marty à son oreille quelle ouvrit les yeux, se rendant compte de la situation.
Ne pas linquiéter, ne pas linquiéter, trouver quelque chose, vite
lui intimait son cerveau. Saleté de chaise, je me suis cogné le petit orteil, cela fait un mal de chien
Un pale sourire sur ces lèvres tremblantes donnerait-il le change ? Elle lespérait.
Décollant doucement une main du guéridon, sassurant alors, de son équilibre et de la disparition du vertige, rassurée de voir que ce fut indubitablement le cas, se tournant avec un plaisir non dissimulé vers lêtre aimé, passant un bras autours de son cou, posant délicatement ses lèvres sur les siennes et frissonnant de le sentir si proche delle, lui seul pouvait la distraire en cet instant présent. Elle chassa ses sombres idées dans un coin de sa tête, il serait grand temps dy penser plus tard
deux jours
Bonjour cur de mon cur. Quelle belle surprise me fais tu là de rentrer plus tôt de lhérauderie. Il ne te restait plus dencre pour blasonner ? La jeune femme lui lança un regard chaviré ou tout se mêlait : lamour quelle lui portait, le ravissement quelle avait de le voir, la satisfaction de sentir sa main au creux de son dos la faisant frissonner de plaisir, les craintes quelle avait et quelle narrivait pas à lui masquer, la lassitude, la fatigue, le désespoir enfin quelle-même ne mesurait pas
Et puis soudain, comprenant quil ne devait pas être présent si tôt à Gondole sans raison La marche dAuvergne ! Tu
tu as
postulé ? Attrapant doucement sa main dans la sienne, leffleurant dune caresse, lamenant à son visage, ou délicatement, dans le creux du poignet, elle posa ses lèvres, rassurée de le sentir, de se sentir vivant Mon aimé, les paroles du Maréchal Llyr que tu mas rapportées étaient injustifiées jen suis convaincue. Tu as suffisamment de talent, de capacité, de connaissances et de rigueur pour être héraut. Sinon crois-tu un instant que Naluria taurait accepté comme Poursuivant ? Elle savait que son époux avait été ébranlé par les paroles du Maréchal. Qui ne laurait pas été à sa place ? Et malgré les quelques heures que leur laissaient leurs occupations réciproques, elle essayait de le soutenir du mieux quelle pouvait
assumant ainsi à sa manière son rôle dépouse. Et puis aider son époux, lui permettait de penser à autre chose.
La jeune Duchesse adressait alors à son compagnon un sourire complice, tendant inconsciemment le cou dans lespoir de recevoir un baiser brulant, lorsque la porte souvrit soudain sur Eudes, faisant lever les yeux au ciel des deux personnes présentes dans la pièces. Madaaaaaaame la Duchesse
Môôôôsire le Duc
Euh
Ma Daaaaame, il y a un mécréant devant la porte du château qui apparemment vous recherche sans même savoir dignement prononcer votre nom ! Pour quel raison, je ne sais point, ce manant ne ma rien dit !
Jai bien tenté de le chasser, mais ce
cet homme, refuse de partir !
Et vu vos fonctions, jai pensé que peut être, il fal
Conduisez cet homme jusquici Eudes. Et je vous prie arrêtez dêtre ainsi hautain! Cest un Intendant prévenant et affable dont jai besoin
Menfin Dame vous êtes Duchesse ! Regard désespéré lancé en direction du porteur de couronne qui lui semblait plutôt samuser de la situation, et puis geste de la main de ladite Duchesse en direction de son Intendant lui faisant comprendre que ouste, et quelle attendait la personne qui la requérait. Fort heureusement pour la jeune femme, Eudes savait se montrer discret, malgré les apparences, et il navait soufflé mot à personne de létat dans lequel il avait trouvé la Duchesse alors quelle revenait de la prévôté.
Eudes sortant, attendant quil revienne accompagné, la jeune femme se détacha à regret de son époux, mais se mit à lui sourire alors reconnaissant la missive de Bettym quelle attrapait déjà sur le guéridon fort occupé par différents dossiers ou papiers Mon tendre aimé, lis cette lettre qui nous est adressé, je pense quelle te fera plaisir Guettant réaction alors quil parcourait les écrits, se mordillant les lèvres, supposant quil avait fini lorsquil redressa la tête La chambre dorée est prête Ce fut à cet instant précis que son Intendant revint dans le salon
il nétait pas seul
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