Gerfaut ~ Mi-juillet, heure chaude en campagne berrichone. ~
Gerfaut a fui la ville, dont chaque pierre réverbère de cuisants rayons, et sest refugié en bordure dArnon. Cest à environ deux heures de Bourges vers louest, un cours deau qui offre berges plates et ombrages. Car la campagne berrichonne, autant que la ville, baigne dété. On préfère le couvert des bois à lenrobage de soleil, et la proximité de leau aux étendues des champs et des vignes.
En remontant la rive droite du fleuve, à la recherche dun coin où poser, lhomme a surpris deux hérons. Ils ne se sont pas beaucoup envolés ; bien vite après avoir été dérangés, les échassiers sont redescendus à leur pêche, en amont du passage humain. Et Gerfaut sest installé à peine plus loin, sous un saule. Là, on traverserait le fleuve en quinze pas sil y avait gué. Il passe son sac de lépaule au sol, et sassoit au même endroit, pour délacer ses chausses. Désormais pieds nus, il donne aussi quelques revers à ses braies, pour les raccourcir au-dessous du genou. Le tapis dherbes lui atteint jusquà un peu au-dessus des chevilles
Quelques minutes, immobile et silencieux, il contemple les lieux. Tout grouille de vie et de mouvement. Il sort ensuite de son sac une petite liasse de papiers tout au plus quatre ou cinq feuillets. Après les avoir tenu en main quelques minutes sans rien en faire, il en entreprend la lecture. Au fur et à mesure, les feuillets lus sont posés à sa droite, et à chaque fois, il sallonge un peu plus.
Au dernier feuillet, Gerfaut cale son sac sous la nuque, et la dernière ligne achevée, après que le papier a rejoint la pile des autres, il ferme les yeux. Son corps protège les feuillets du vent, ainsi que sa main posée au sommet. Sur leau paresseuse, les araignées deau chassent les akènes de pissenlits. Parfois, quelques chatons sinvitent dans le ballet, avant de séloigner doucement. Le soleil jouant dans les feuillages du saule tache de lumière les paupières de lhomme assoupi ; il sen protège de lavant-bras. Le vent tourne un peu.
Lorsque Gerfaut ouvre finalement les yeux, la pile de papier auparavant protégée de sa main et de son flanc des caprices de la brise sy est progressivement trouvée exposée. Il plaque vivement dans lherbe le dernier qui manquait de senvoler, et se redresse dun coup.
« Bon sang. », dit-il.
Un instant lui suffit pour aviser celui qui descend leau. Il cale le premier quil retient sous sa paume sous le poids de son sac, et va pour sengager dans lArnon jusque mi-cuisse. En pataugeant un peu, il récupère un deuxième papier, un peu détrempé. Certaines surfaces semblent encore lisibles. Cela lui donne loccasion de voir au moins un troisième papier, qui file bien plus loin en aval, entre les hérons.
« Bon sang. », répète-t-il.
Leau bouillonne autour de lui, lorsquil en sort précipitamment. Il manque de glisser dans la vase et se rattrape, un genou dans leau et sa main libre dans la boue, tout en retenant un juron inintelligible. Leau est fraîche et tout était calme autour.
Combien de temps sest-il assoupi ? Qui sait jusquoù leau ou le vent auront porté les autres feuillets.
Gerfaut Lhomme va pour caler son papier sauvé de la noyade sous son sac. Il entend une voix, lève les yeux vers elle, et remarque dabord le nouveau feuillet quon lui agite au vent.
« Oui, cest à moi ! », dit-il assez fort pour se faire entendre malgré la distance, tout en bloquant son papier.
Enfin, tandis quil se redresse, il regarde à qui il a affaire. Ne laurait-t-il pas croisée la veille en taverne... Lui-même a de la boue aux genoux et à la main gauche. De leau ruisselle de ses vêtements trempés jusqu'au torse lorsquil se dirige à pas rapides vers la femme. Le lin qui lui colle à la peau en vilains plis lui donne un air dépenaillé en contraste avec sa démarche volontaire. Il retrousse ses manches, et arrivant à hauteur delle, ôte aussi délicatement que le lui permettent ses mains mouillées le feuillet des doigts de la sauveuse.
« Merci. », assure-t-il. « Aurchide, cest bien ça ? L'avez trouvé loin ? » Tout occupé à évaluer les dégâts du papier, il lui parle sans vraiment la regarder. Et sans non plus lui laisser le temps de répondre : « Merci. Désolé, je dois
» Il désigne aussi vaguement que vivement les deux hérons, derrière elle, en aval de l'Arnon, et séloigne déjà vers eux à petit trot pieds nus. « Si jamais vous en trouvez encore un, posez-le sous mon sac ! »
Aurchide « Aurchide, cest bien ça ? L'avez trouvé loin ? »
"Effectivement c'est Aurchide... mon prénom n'a pas changé depuis hier".
Ce fut la phrase d'un humour cinglant qu'il aurait pu recevoir en plein tympan, si l'homme à la démarche désarticulée ne s'était pas éloigné déjà, dieu seul sait où. Certes il y'avait en aval de l'Arnon deux hérons, mais de là à le voir se diriger vers eux sans outil de chasse, ni raison tangible, l'intrigua quelque peu.
Faut dire que la veille, à leur rencontre en taverne, elle, souvent prompte à jouer quelque bouffonnerie, s'était parée d'un voile de gravité et de sérieux qui lui sont étrangers. Pis encore, n'avait guère relevé la pointe d'humour pince-sans-rire qu'il eut dans la voix au cours de leur discussion.
Distrayante vision que de le voir ainsi couvert de boue, affairé, alors qu' hier à peine, son attachement rigoureux à une justesse aiguë, l'avait quelque peu déstabilisée.
La curiosité de la jeune femme prit vite le dessus, encore plus vive à présent. Serait-il un homme de science prenant les hérons comme objet d'études? ou peut-être un peintre qui les a adoptés comme modèles.
-"Allez y je monte la garde" C'était dit tout bas, évidemment que peu lui chalait qu'il l'entende. Curieuse comme le vent qui soulève les jupons, elle n'avait d'autre dessein que le désir d'en déchiffrer d'autres.
Mal lui en prit, car au moment où elle prit place près de la sacoche en cuir pour libérer les autres pièces, le vent cruellement taquin vient les lui arracher de la main.
"Oh nononon...nonononon...NoOOONNN...non viens là toi" genoux et paumes déployés sur le sol, l'infortunée n'avait nul choix que de pourchasser à quatre pattes ceux qui demeuraient encore proches. Chasse à demi-fructueuse, elle n'en attrapa qu'un en tout. Deux autres en outre étaient revenus à l'eau. Sans plus réfléchir, craignant des représailles elle revient dans l'Arnon braver vase et courant plutôt que son ire.
Gerfaut Du côté de Gerfaut, à un moment, on voit deux hérons senvoler.
Peu après, l'homme revient à pas lents vers son lieu de détente. Il est moins boueux quavant, mais beaucoup plus mouillé. Une bouillie humide de papier partiellement désagrégée colle à sa paume gauche ouverte. Il se laisse choir dans lherbe à côté de son havresac, et saccoudant sur un genou, repose son front dans sa main droite. Sa main gauche est toujours ouverte sur le papier plié dont les pans flasques se sont amalgamés par effet de leau. De lencre diluée lui coule des doigts.
Devant lui dans londe, des jupons se débattent. Il inspire profondément, et soupire.
« Vous devriez sortir. »
Sa main gauche se ferme, souvre, se referme, et ainsi de suite plusieurs fois. A la fin, il ne reste plus du papier quune boulette grise mâchée. Il la lâche dans le tapis herbeux et commence à essorer ses vêtements par bouts. Mais réalisant peut-être l'inefficacité de ses gestes, il s'interrompt rapidement. Il s'accoude à nouveau, le regard en errance quelque part entre les deux rives. C'est ainsi qu'il se présente lorsque la femme regagne enfin la berge.
« Ce nétait pas la peine de vous mouiller. »
Aurchide Comme des sons perdus,,lui arrive sa recommandation de sortir, mais elle s'acharne encore un peu avant d'abdiquer. Sordide question de refus de perdre. Vain acharnement qui s'achève enfin quand elle pivote sur ses talons, le corps engoncé jusqu'à la taille dans l'eau froide. Elle lui fait face sans pour autant le fixer, la culpabilité lui fait éviter son regard, pressée de cheminer loin du lieu.
Et pendant qu'elle chemine lentement, ne résistant pas à l'attrait du tiède rivage, une foulque macroule, le cou tendu, prend son élan, court derrière elle sur l'eau avant de s'envoler dans un sonore "Kourouk", fouettant le vent de son aile sifflante.
La surprise suscitée lui fait instantanément perdre pied..et un chapelet de jurons. Car elle perd l'équilibre jusqu'à s'aplatir sur la surface de cette eau verdissante d'une lèpre de lenticules.
Quand elle se relève prestement, les mains accrochée aux touffes de roseaux, elle se révéle couverte d'un voile de boue et d'une dentelle verte perlée de débris bruns . Premier réflexe jeter un oeil furtif enfin sur lui, prête à parer une raillerie, mais non, son regard loin de s'attarder sur ses péripéties, était essentiellement rivé à sa propre main... et les vestiges de ses écrits.
Au gré de quelques efforts, elle atteint enfin la terre ferme, ruisselante et glacée. Il lui semblait en cet instant même que le soleil en jetant une averse de feu sur elle, ne réussirait pas à la réchauffer. Il lui fallait marcher au loin.
-"J'aurais essayé" lance-t-elle d'une voix atone dans sa direction
Son allégresse intérieure de tout à l'heure est maintenant entachée de culpabilité, elle repart, barrant la largeur de l'étroite sente qu'elle avait pris à l'aller. Oscillant un peu quand accaparée par une lentille d'eau collée à l'étoffe de sa robe, elle ne voit plus où elle pose pied. Les hésitations de ses jambes roidies sont dues à cette masse de boue qu'elle charrie dans les mailles fines de sa robe.
Bientôt elle atteint sa monture et s'offre une gorgée de lait d'amandes fraîches au miel de lavande pour se donner des forces. Les deux s'éloignent sur leurs pattes respectives se frayant un chemin dans un nuage de jaunes papillons flottant au-dessus de l'herbe haute.
Certes elles s'éloignent du lieu où le cheval fut attaché, mais se rapprochent irrémédiablement du lieu où le jeune homme semble encore étendu. Il lui faut essayer une dernière fois avant d'abdiquer définitivement.
Bientôt cheval et jeune femme le surplombent en amont, jetant une tâche d'ombre sur la chevelure brune.
-"Je vous propose du lait d'amande fraîche au miel..contre deux réponses à propos du héron"
Simultanément, une main est tendue, agitant un dernier feuillet trouvé en chemin, sans qu'elle l'ai lu, comme on agite un drapeau blanc. L'incident lui a appris amèrement que l'indiscrétion et la curiosité-dont le héron-en est le symbole, ne sont décidément pas une bonne idée aujourd'hui.
Gerfaut Par-dessus son épaule, Gerfaut avait brièvement suivi des yeux la silhouette séloignant. Il a le même mouvement lorsquelle revient à lui, cette fois accompagnée dune monture. Hormis cela, il na guère bougé. A la vue du feuillet tendu vers lui, il se déplie du sol, pour accueillir debout la proposition de cette presque inconnue. Le papier est réceptionné sans quil y soit accordé un regard ; de fait, Gerfaut est occupé à détailler des ses yeux tourbes celle qui le lui apporte.
Lorsquil se prononce enfin, sa voix a le même débit posé que la rivière les bordant.
« Leau était froide, et vous allez attraper le mal à rester dans vos apprêts mouillés. Je vous répondrai, et vous navez même pas besoin de me monnayer cela contre du lait de quoi que ce soit. Mais prenez dabord soin de vous. »
Il se rassoit dans les herbes non sans ajouter :
« Après, jaimerais moi savoir pourquoi vous vous êtes donné autant de mal. Ce n'étaient que des bouts de papier, et ce n'étaient même pas les vôtres. »
Tel qu'il s'est placé, face à la rivière, il ne sera pas difficile à la femme de s'occuper d'elle sans s'inquiéter qu'il puisse la voir.
Gerfaut « Point de science, ni de correspondance. Cétaient des dessins. Et jai couru pour la même raison que jai plongé : vos hérons faisaient ménage avec un de mes papiers. »
Sa main gauche fouillasse le tapis herbeux pour retrouver la boulette de papier. « Mais cela na servi à rien. », ajoute-t-il en lexhibant entre ses doigts. Lorsqu'il la lâche, elle retombe avec un bruit étouffé se camoufler dans les herbes. On entend alors Gerfaut inspirer profondément, puis laisser ses poumons se vider lentement. Ses deux mains sont vides. Ce quil a fait du pli intact quelle lui a remis un peu plus tôt le dernier quil lui reste est un mystère ; probablement sen est-il occupé tandis que sa voisine était occupée à laver sa tenue.
Mais il se tourne vers elle. Et aussi sérieusement quelle-même lui a présenté de quelle manière elle préparait sa boisson, il annonce :
« Si votre proposition tient toujours, et si vous m'accompagnez, je goûterais volontiers votre lait damande. »
De la même façon quil a été attentif plus tôt à ses explications, l'homme observe ses tournures et ses gestes tandis quelle le sert. Dun léger « Merci. », elle saura quil n'en souhaite quune gorgée. Et ce nest quune fois quelle sest à son tour versé un peu du breuvage quil se penche sur son gobelet.
Il boit peu, lentement, et après avoir un peu éloigné le récipient, il prend quelques secondes pour en sonder le fond. Quand le regard de l'homme revient en surface, cest en deux temps : dabord sur le gobelet de sa voisine, quelle tient dans ses deux mains tout en enserrant ses genoux, puis à ses yeux scrutateurs. A ses lèvres a point un sourire aussi amène que discret.
« Cest délicieux. »
Puis son regard revient au verre, au fond duquel le lait tourne par effet dun mouvement souple du poignet.
« Jignore ce que lessence de rose y ajoute, mais le miel de lavande, cest très bien. Et puis, mon palais manquerait de délicatesse pour apprécier trop de raffinerie. »
Il laisse le mouvement du fluide séteindre.
« Vous nétiez pas non plus tenue de me repayer la perte des feuillets par ce lait. Ce lait damande, qui nest pas nimporte quel lait. »
Il ponctue l'assertion en reportant le gobelet à ses lèvres. Comme il y en avait peu, cest dans un verre vide quil plonge désormais son attention. Il fait sombre au fond, car le soleil ne tombe plus à pic ; les ombres se sont allongées, et si laprès-midi ne tire pas encore sur sa fin, lheure est cependant bien avancée.
« Tout de même. Je crois bien que je naurais jamais eu et jamais plus naurai loccasion de savourer cela. Merci. »
Son dernier mot saccompagne dun regard franc, tandis quil lui tend son gobelet en le présentant cul par-dessus tête. Lintention courtoisement exprimée ne laisse pas de doute: il ne souhaite pas se faire resservir.
Gerfaut Son attention à lui aussi semble sêtre portée quelque part au-delà de lautre rive. Il pourrait sembler lorsquelle est silencieuse que lhomme a déjà glissé loin dans ses propres pensées, mais sitôt quelle lui parle dart, de secret, de modèles et de croquer - , ses traits sans la regarder prennent une teinte damusement léger. A priori, il lentend et lécoute. Il entend aussi la claque quelle sinflige, puisque aussitôt il tourne la tête. Il sattarde sur la nuque blanche bistrée de rouge, et lui souffle comme sil venait de surprendre un animal sauvage lors dune promenade aux aurores.
« Ne bougez pas, ne touchez rien. »
Il tire un carré de tissu dune poche accessible de son havresac, et se lève pour franchir les quelques pas qui le séparent de la berge. Le mouchoir est rapidement trempé dans le clair de l'eau, et rapporté à la femme toujours assise. Il le lui tend en disant :
« Vous devriez le passer
»
Et il désigne sur sa propre nuque un endroit quelle ne peut voir sur la sienne, et quun insecte décalqué orne désormais de sa chitine écrasée. Tandis qu'elle sexécute en inclinant tête et mèches de cheveux dans un mouvement souple, il lâche à voix basse, comme incidemment :
« Les dessins nétaient pas de moi. Et maintenant quils sont perdus, je ne veux plus en parler. »
Puis au sujet du mouchoir :
« Encore un peu... C'est bon. »
Il scrute la courbe du cou à la naissance de sa chevelure, qui brille encore de l'humidité du mouchoir. En vérité, sa peau nétait déjà plus marquée après le premier passage du linge.
« Gardez-le encore, mais ne souhaitons pas quil resserve. », conclut-il alors quelle fait le mouvement de le lui rendre. Quand il se rassoit, il se met un peu de côté. De cette façon, son champ de vision englobe à la fois la coulée de lArnon à sa gauche, la femme à sa diagonale droite, le saule en surplomb. Ils ne sont ni tout à fait côte à côte, ni tout à fait face à face. Finalement, il écarte son sac qui lui servait de dossier, et s'allongeant dans l'herbe, il lui dit :
« Il reste un peu de temps avant que votre robe ne sèche. Souhaiterez-vous que je vous raccompagne ensuite ? »
Gerfaut Elle se lève, et lui se redresse en tailleur.
Le soleil ras danse en contrejour dans la maille fine de sa sous-robe de lin. Elle ne paraît pas exprimer de gêne à se rhabiller à portée de son regard, et Gerfaut ne semble pas chercher à détourner les yeux. Ce nest pas non plus quils sappesantissent sur la silhouette en mouvement dans ses étoffes, mais plutôt quils lintègrent comme un élément dans un tableau plus large.
Lorsquelle décline son invitation à la raccompagner, il hoche simplement la tête et ramène son havresac pour se caler le dos. Mais lorsquelle avance une contreproposition, il relace ses chausses, se lève à son tour et passe les sangles de son sac à ses épaules. Il na pas bougé pour traverser la distance de quelques pas qui les sépare, et nélève pas non plus sa voix qui porte clair dans laprès-midi mourant :
« Je doute que vous noffriez quun frugal souper. »
Court silence.
« Par ailleurs, je suis déjà engagé pour cette soirée. Je ne peux que vous raccompagner ; cest à prendre ou à laisser. »
Gerfaut « Bonne soirée, Aurchide. »
Il la regarde séloigner sur la distance dun jet de pierre, puis retourne à lendroit où il sétait assis plus tôt. Il ploie le genou à terre, et plonge la main dans lherbe. Quand il se relève, il a le poing mollement fermé sur une petite masse grise et sèche de fibres de papier. Enfin, il regagne le chemin qui longe lArnon. Mais à lopposé de celle qui lui a tourné le dos, il remonte la rivière au lieu de la descendre.
A un quart dheure de là, un petit pont enjambe lArnon, et lui permettra de gagner la rive gauche du fleuve, pour poursuivre sa route vers louest. Dans son dos, Bourges séloigne.