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[RP] Carottons follement la pucelle.

Primha
      C'est quoi ce bordel..


    Argentée se bloque. D'abord ; parce que c'est une handicapée sentimentale pure et dure. Alors quand les mots de la Juliette sauvage résonnent dans les couloirs humides des geôles du Louvre, elle à l'impression qu'un corbeau passe au dessus de son crâne. Si si, vous voyez le genre. Ce que c'était pitoyable, niais et.. subtile à la fois. Oui, car c'est aussi cela qui bloque Valyria. Comment savait-on que Donatien se trouvait ici, avec elles ? L'océan pruné s'abat durement sur le minois balafré, alors que la mémoire remonte le temps. Les valses folles, les bras ouverts gaiement, et la petite Esmeralda avec sa chèvre. Le menton se redresse dans une inspiration, l'esprit comprenant doucement les choses. Qui n'avait vu la proximité entre les deux ? Ne serait-ce que par les claques, ou même chevrette volantes de bras en bras.

      L'enflure..


    Prévention ou folie, dextre se pose contre le torse devant elle, alors que la tête blanche vient trouver Samsa. Voilà qui avait de quoi ravir Cerbère ! Et avant même que Blanchette ne puisse dire quoi que ce soit, un couteau est confié dans la main délicate.

      M'amus.. Hé ! Ne me laisse pa..


    La silhouette tente de rattraper la Brousse, mais déjà, la clé enferme deux âmes, deux rivaux et pourtant deux camarades de folies. Avait-elle seulement conscience de ce qu'elle avait fait la ? Car Prim, elle, craignait le pire. Il était clair qu'elle ne faisait pas le poids, qu'à tout moment Donatien pourrait lui briser un bras, des cotes ou même s'amuser de terminer l'oeil ! Le palpitant loupa un battement, faisant déglutir difficilement Argentée. Folie contre folie, à quelques degrés près semblables. Quoi que.

      D'accord ahum.. Doucement, Argentée se retourne, faisant face à une certaine distance du prisonnier. Par quel..miracle est-ce qu'on retrouve ta pimprenelle ici dis moi ? C'est la petite de tout à l'heure qui lui a dit, n'est-ce pas ? Avec la chèvre. La question n'attend pas spécialement de réponse, elle en est convaincue : le minois opine doucement, sourcils haussés. C'est bien. Tu as plus de réseau que je ne le pensais, même jusqu'ici.


    Ce qui voulait dire, qu'il pouvait en avoir partout ailleurs encore. Toutefois elle ignorait encore qui était la dicte pimprenelle, et tout ce que cela pouvait entraîner que d'avoir l'un comme l'autre à son côté. La lame piqua l'index du doigt féminin, entament des tours et des tours sur lui -même.

      Il n'est pas question de m'en prendre à toi, j'en meurs d'envie pourtant. Tu pourrais même recevoir des coups qui ne te sont pas destinés. Mais.. Tu sais aussi bien que moi que je suis ridicule face à toi. C'est vrai, il n'y a qu'à voir mon œil ! D'ailleurs ! Tu me dois cet œil, ces maux que ça entraîne. Mais! La, la lame se dresse, tapotant un obstacle invisible dans l'air. Tu es en quelque sorte, le déclencheur des beaucoup de changements. C'est pour ça que j'ai besoin de toi, de tes hommes, de ton.. Argentée se ferme, inspirant profondément, se détestant pour ce qu'elle allait dire. Génie. Tu serais mort depuis longtemps si tu n'étais pas aussi fin.


    A ces mots, Argentée prend le risque de s'approcher plus encore du fou. Allez savoir à cet instant de quelle facette il s'agit, elle même ne le sait pas. Elle, elle ose croire à un simple dédoublement de la personnalité. Mais peut-être étaient-elles plus que deux?

      Une maxime dit : On récolte ce que l'on sème. Jamais personne ne s'en sort sans un juste marché lorsque l'on joue avec Valyria. Poigne ferme autour du manche, la lame vint piquer délicatement le torse. Ce serait là, le retour de flammes naturelles des choses.
Donatien_alphonse
Et elle joue la jeunette, elle ose s'aventurer sur cette plate-forme instable qu'elle ne connaît pas, où se mêlent des pions aux visages et aux effets variés, tous se livrent une bataille sans fin où il faut savoir user de ruse, de malice et de stratégie à la fois et ce, bien avant d'oser enfin employer la force. De ce jeu dont elle ne semble pas experte pour autant, elle s'y risque et ce, sans prendre visiblement la moindre précaution et comme il venait de leur prouver, ce n'est pas une simple fleur de lys qui pourrait sauver la blanche, si le vent venait à tourner en sa défaveur.

Elle ose, prend des risques, semble ne pas mesurer l'ampleur de ses actes et le poids de ses mots mais cet ensemble plaît grandement au balafré qui n'a de cesse d'arborer un sourire aux lèvres sanglantes. Un accord, est-ce donc là où elle veut en venir mais croit-elle seulement se trouver en face d'un banal mercenaire ?
Ne voit-elle donc pas cette aisance dont il fait preuve entre ces murs car Louvre ou miracles, quelle est réellement la différence ? Laissez-lui ne serait-ce qu'une once de liberté et ainsi, il vous prouvera que tout lieu, une fois en proie aux flammes, ne peut se résoudre qu'à être consumé jusqu'à ce que l'effort cumulé des hommes vienne à bout des flammes.

L'atmosphère s'étant quelque peu apaisée depuis son dernier excès, lui, qui observait la jeunette face à lui lorsque soudain, une voix s'élève au delà de cette lourde porte. Mais n'importe laquelle non.. c'est elle ! Revenue jusqu'à lui, ici bas ! Le balafré ignorait tout de ce qui avait guidé la gitane jusqu'en ce lieu et pourtant, tout ceci ne faisait que confirmer ce lien évident qui les unissait depuis ce duel aux abords de Paris.
Le sourire est accentué, le regard lui se trouve être emplit d'un nouveau sentiment alors que la lys ne se fait pas prier pour jouer son parfait rôle de.. chien d'garde, prenant tout de même la peine de confier à la jeunette, une lame, d'avantage semblable à un simple cure dents.


« Elle va se.. » Mais trop tard, la porte de la geôle se referme. « .. blesser ! »

Mauvaise idée.. et pourtant, un mal pour un bien qui tourne désormais en la faveur du fou dont le regard se pose dans celui de son adversaire du moment. Poings fermés posés sur les hanches, il observe, avec intérêt.. avec grand intérêt.
Pourtant de nouveau, la blanche semble faire preuve d'un courage non dissimulé, endossant des fripes qui ne lui ressemblent pas. Tout ceci n'est que pittoresque aux yeux du Roi miraculé car lui même ne saurait avouer s'il s'agit d'un interrogatoire, ou d'une simple revanche.
Elle cause, encore et encore mais pour l'heure, il ne prend pas la peine de rétorquer quoi que ce soit. Il écoute, ne cesse d'observer et sourit d'avantage à la moindre de ses remarques. Un réseau, elle semblait le deviner désormais et pourtant, bien que tous l'ignoraient encore, ce n'était là que le commencement d'une vague qui se profilait à l'horizon.

Et les erreurs fusent du côté adverse, elle qui avouait ne pas vouloir – ou ne pas pouvoir – lui porter directement atteinte. Ainsi, comment pouvait-il donc se priver de tourner la situation à son avantage ? A moins que ça ne soit déjà le cas et ce, depuis le départ de la fleur de lys.
Blanche a besoin de lui et lui.. a tout bonnement juste besoin de retrouver celle ayant sans nul doute braver bien des obstacles avant de pouvoir le rejoindre ici bas. Elle ne comprendrait pas non, bien trop jeune elle était, innocente, malgré ses airs.. d'assurance dirons-nous !
Les yeux descendent lentement pour venir se poser sur cette lame à la pointe posée contre son torse puis enfin..


« Hm hm.. je vois. Dis-moi lequel et j'te ramènerai l’œil qui te conviendras le plus. »

Puis tout aussi lentement, le regard remonte mais il est joueur. Les yeux ne seront plus croisés désormais et c'est un point au dessus de la petite tête – qu'il dépasse – que lui observe tout en poursuivant.

« Tu as donc besoin de moi et moi j'ai besoin de.. disparaître un moment mais, je suis certain que nous pourrons trouver un intérêt commun qui saurait nous mettre d'accord. »

Longuement, il expulse l'air de ses poumons et ce, par les narines alors que d'un pas, puis d'un second, il se recule.

« Malheureusement, je ne peux accepter seul, il nous faudra.. en parlementer à quatre et OH ! Notre quatrième invitée est arrivée justement. »

Sans prévenir, les genoux tombent au sol, sa bouche s'entrouvre comme s'il voulait déchirer ces cicatrices sur ses joues et..

« NON ! NE L'FAIS PAS  ! » Un nouveau sourire est marqué.. quelle ordure franchement ! « NE ME TUE PAS JE T'EN SUPPLIE.. AXEEEEEEEELLE ! »

Ah oui, vous n'oublierez pas de le nominer aux prochains oscars le Donatien !
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Axelle
Le claquement des bottes, ce claquement sec, régulier et légitime de ceux qui savent où ils vont, résonna. La gitane n'avait plus de doute, son cri avait eu l'effet escompté. Le cœur manouche cogna un peu plus fort, impatient de découvrir qui répondait à son appel. Et ce fut une femme, fleur de lys brodée sur la poitrine. La Prime secrétaire Royale, à n'en pas douter. Alors que la silhouette avançait, les yeux gitans se plissèrent, détaillant l'allure, la posture, les attitudes pour jauger l'adversaire. Plaquant sur sa trogne un air ingénu et désespéré, elle restait mutique, prenant soin de tordre ses doigts comme une donzelle apeurée. Les mots de la femme claquèrent dans l'air, engoncés de cet accent qu'elle avait appris à contraire depuis son installation en Guyenne. La femme avait des allures d'homme, ainsi plantée sur son épée. Mais bigre, quelle était donc cette manie de faire du bruit sur le sol avec la pointe de son épée ? S'étaient-elles passées le mot avec la borgne ? Petite parade amoureuse peut-être. Sauf que le baiser d'une lame, la manouche le connaissait et savait que c'était dans les chairs qu'il faisait mal et que le sol, lui, n'en avait rien à faire. Et si la Casas se trahit, ce fut à cet instant précis, où son regard indifférent au petit jeu d'intimidation, restait ancré aux yeux luisants qui lui faisaient face, car si le danger résidait quelque part, c'était là et nulle part ailleurs. Parole de cette saloperie de frangin. Ewan. Cette bouse humaine, caricature parfaite du vieux Casas, qui lui avait le plus souvent pourri la vie, mais lui avait aussi appris beaucoup. Notamment sur le fait que ceux qui jouaient avec leur armes n'étaient pas forcément les plus habiles à les manier et qu'il fallait mille fois plus se méfier d'un être semblant inoffensif sachant prendre sa cible par surprise.

Elle en était à son étude minutieuse, prenant cependant bien garde à ne pas sous estimer la femme dressée devant elle. Femme sentant à plein nez la droiture, la loyauté et la rigueur. Femme que certainement elle aurait aimé connaître en d'autres circonstances tant ne pas perdre son temps en tergiversions futiles était ennuyeux. Pourtant, le blabla et la pantomime étaient bien la voie que la gitane avait décidée de suivre, et de visu, cette tactique avait bien des chances de réussites si Donatien n'avait pas choisi ce moment précis pour brailler à son tour.


Un courant d'air glacé courut dans la nuque brune. Le plan tombait à l'eau. Ce que le balafré hurlait était peu être une comédie comme celle qu'elle s’apprêtait à jouer. Mais peut-être était-ce la vérité. Le risque était trop grand pour tenter le coup. Pourtant, comme la manouche aurait aimé jouer son petit jeu, pour s'amuser, soit, mais plus encore pour faire grogner le Rey qui, après l'avoir embringuée dans cette série d'embrouilles, méritait bien une taquine revanche.

Les yeux noirs fixant la direction d'où venait la voix de son complice, la cervelle manouche tournait en accéléré. Foncer dans le tas serait ridicule et voué à l'échec. Si sa rapidité lui permettrait peut-être de fausser compagnie à la Cerbère, que trouverait-elle ensuite ? Une porte fermée ? C'était probable, et alors que ferrait-elle ? Rien hors avoir l'air chouette et passablement idiot. Oui, Donatien était certainement en danger ou en position délicate, mais mieux valait prendre un peu de temps que d'échouer lamentablement.

Laissant derrière elle ses airs de jeune fille en fleur qui certainement lui allaient mal, le regard de charbon plongea à nouveau dans celui qui flamboyait, et d'une voix étrangement calme, reprit la parole.

Je crois que vous ne comprenez pas. Je ne suis pas arrivée jusqu'ici pour faire demi tour. Et encore moins après ce que je viens d'entendre. Quant à savoir comment je suis arrivée ici, ça n'a aucune importance, voyez le seulement comme une preuve de cette détermination que je vous annonce.

La gitane marqua une courte pause, laissant la femme réfléchir à ces premiers mots, puis, toujours calme, reprit. Je ne repartirai pas sans lui. Donc vous avez trois possibilités. Soit vous me tuez et le tuez ensuite. Mais la Prime Secrétaire Royale que vous êtes, pourrait être embarrassée de devoir expliquer pourquoi elle a passé par le fil de son épée une noble désarmée et un homme tout aussi désarmé dans les geôles du Louvre, sans certainement que sa détention ne soit officielle. À moins que les offices de la Grande Prévôté ne soient à ce point désertés pour que vous deviez vous charger de ces missions.

Un sourire ironique glissa sur les lèvres gitanes. La Prévôté de Paris était vide ou presque, tout comme la Garde Royale démantelée et ce nouvel office qu'était la Maison Militaire de Roy n'avait encore annoncé aucune nominations. Et cela, l'ex-prévôt de Paris le savait fort bien, suivant les événements avec grand intérêt. Soit, seconde possibilité, vous me ramenez de force à la sortie, ou m'enfermez dans l'une de ces geôles. Mais alors sachez que la jeune blonde qui vous accompagne sera tuée dès qu'elle tentera de mettre un pied dehors. Que ce sera long et douloureux. Et il vous faudra vivre le reste de vos jours avec cette culpabilité d'avoir vous-même signé son calvaire. Et enfin, dernière possibilité, et je suis certaine que vous en conviendrez, la plus sage des décisions. Vous m'amenez jusqu'à lui, le libérez et personne, jamais, ne saura rien de cette histoire. Vous n'entendrez plus parler de nous et gagnerez même peut-être des alliés qui pourraient s'avérer plus que précieux dans les rues de Paris.

Le laïus enfin achevé, Savenès avança vers la femme et s'agenouilla à ses pieds, une main posée sur la poitrine où dégoulinait l'épaisse tresse brune, attendant le verdict de la Cerbère le regard fixe sur la lame de l'épée plantée droite sur le sol humide.
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Primha
    La lame se délit de Donatien, et Argentée.. panique. Ou tout du moins, Prim panique. Personne ne vous à expliqué cela ? Prenons la leçon en cours de route en ce cas. Prim Adelys de Valyria, était jusque il y a quelques mois, une pieuse sortant des couvents d'Empire à l'éducation Aristotélicienne très poussée, ne jurant que par Valyria. Notons, que l'évolution s'est faite brutalement par une rencontre avec quelques brigands en chemin, puis ensuite, par cet échange Parisien avec le balafré. De là, la tare Valyrien à poussée, aussi vite qu'il faut de temps pour le dire. Argentée souffrait d'un trouble qu'elle ne pouvait dompter, qu'elle ne pouvait contrôler comme elle le souhaitait. Nommons ; ce qu'elle pensait être un « simple » dédoublement de la personnalité. Ainsi, Prim, est la douce. La Valyria sage et aimante, l'inquiète, la mère de substitution, la pieuse. Actuellement, c'est elle qui panique ; la faute aux hurlements du fou. Puis vient, Adelys. Ah, Adelys ! La joueuse, la courageuse, l'irréfléchie, celle qui tentait une approche de temps à autre dans cette réunion des fous nommés. Puis..

      Oh !Très bien..


    Nommons maintenant : personnalité multiple.

      Très bien !


    Elle se répète, mais déjà le regard pruné se tourne vers la porte. Aux grands mots, les grands remèdes. La silhouette quitte cette place de spectatrice, venant se percuter de plein fouet contre le bois fermé à double tours. Un râlement s'échappe des carmines, noyé dans un sourire en coin. Le pied claque contre la porte une fois, et inspiration est prise.

      SAMSA !


    Le minois se penche sur le côté, alors que la pointe du couteau aide à créer une entaille dans la chemise de soie. L'arme se range entre les dents de la Valyria, quand dextre et senestre créées un trou béant dans la toilette. A nouveau, un hurlement simulé quitte la gorge féminine avant de ne se taire dans un étouffement contrôlé, lame venant retrouver la poigne sèche et délicate de la main.

      Alors dis moi, que crois-tu qu'il va se passer maintenant ? Samsa, ou Axelle arrive en premier, hum ?
      NON PAR PITIÉ, LÂCHE LE COUTEAU !


    Le cœur Valyrien inonde de ses battements l'esprit dérangé de Blanchette, que personne, pas même Samsa ne soupçonne à ce point instable. Elle le savait, il lui serait simple comme bonjour de faire croire à une nouvelle attaque du Balafré sur elle.

      SAMSAA !


    Et pour paraître crédible, elle s'ose à s'entailler le bras, à la naissance de l'épaule, coupant chemise sur le passage. Une grimace, une douleur, un étouffement.. Et le corps se relance dans un fracas contre la porte, et dans un sourire sadique et fier, Valyria lance l'arme en direction de Donatien. Il ne lui restait plus qu'à prier pour que Cerbère rapplique en vitesse..

      20..


    Vingt secondes, c'est le temps qu'elle laisse à la PSR pour rappliquer après ce dernier appel.

      19..


    Dix-neuf secondes, longues et pourtant savoureuses de cette adrénaline jamais connue encore..

      18..


    Dix-huit secondes durant lesquels Donatien pouvait s'en prendre véritablement à elle.

      17..


    Dix-sept secondes qu'elle offrait à l'esprit du Balafré pour songer à cette alliance proposée.

      16..


    Seize secondes, avant de ne se rendre compte à nouveau du picotement qui lui traverse l'épaule, lui arrachant grimace au milieu de ce sourire en coin.

      15..


    Quinze secondes, ou Argentée abat son poing contre la porte à nouveau.

      14..


    Quatorze secondes, c'est à cet instant que Prim se range sur un côté, surveillant Donatien.

      13..
Samsa
    "Marcher loin,
    C'est ce que vous faites
    Et on dirait que je suis
    Quelqu'un.
    Vous savez, une fois,
    Vous êtes pris dans un coin;
    Nul part où vous cacher.
    Vous êtes les yeux.
    Pensez-vous que vous allez
    Dire au revoir ?"*



Axelle pensait-elle que Samsa avait prit à son petit jeu de donzelle effarouchée ? "Un peu d'honneur que diable, ancienne Prévôt de Paris". C'est presque si le mépris n'avait pas point sur le visage de la téméraire, de l'inconsciente même, mais, toujours un peu respectueuse de ceux qui avaient été plus grands qu'elle, elle avait chassé de son esprit ce sentiment peu honorable.
Cerbère attendait avec une tranquillité ferme que l'intruse fasse demi-tour, implacable, quand un cri déchira le silence de l'attente. Samsa serra les dents et rentra sensiblement la tête dans les épaules; il paierait pour ces paroles de trop, il paierait plus encore s'il avait touché Primha. Une fois encore. "Ne te déconcentre pas". Elle voit bien que la brune cogite, cherche un moyen de passer, une solution, une attitude qui force la Bordelaise à se tenir plus encore sur ses gardes, parer toute tentative de la prendre par surprise. Il n'en est pourtant rien et le masque futile de l'intruse tombe pour faire apparaître l'ancienne Prévôt de Paris. "Je préfère ça". Impassible, Samsa l'écoute, se forçant au silence pour la laisser finir. Pourtant, son sang s'échauffe; et elle, croyait-elle qu'elle allait la laisser passer ? Comme ça ? Comme qui dirait : "YOLO".

Derrière, il commence à y avoir du grabuge sévère et on sent le désir de Samsa de retourner auprès de sa protégée, la force qu'elle exerce cependant sur ses jambes pour rester face à Axelle. Si elle tournait le dos, que se passerait-il ? Et qu'adviendrait-il de Prim ensuite ? Elle devait garder l'ascendant. Pourtant, il apparaissait urgent de s'occuper de ce qui se passait dans la cellule. "Accouche bordel, ce n'est que bonté que je t'offre en t'écoutant, n'en abuse pas". Samsa n'était pas connue pour être quelqu'un de particulièrement patiente en tergiversation; il suffisait qu'elle lève son épée, qu'elle l'abatte, et elle serait débarrassée d'Axelle. Elle était comme ça, elle ne contournait pas les obstacles, elle les abattait simplement afin qu'ils ne reviennent jamais.
Elle la regarde s'approcher, rentrant un peu plus l'épaule gauche chargée du bouclier, prête à se protéger de n'importe quoi. Axelle pourrait la poignarder, faire une percée dans la cotte de maille sous le tabard noir et puis adieu. Elle la laisse faire pourtant, elle observe son sens de l'honneur qui s'avère plus grand que ce qu'elle pensait. La brune pose genoux à terre devant elle et Cerbère la regarde avec un étonnement difficile à dissimuler.

C'était le rendez-vous des fous ou quoi ?

Samsa relève lentement la pointe de son épée qui touchait sol et la plaque doucement sous le menton féminin. Sa tête s'incline légèrement afin que les petits yeux sombres croisent leurs homologues charbon alors que les traits ont reprit leur fermeté pour ceux qui ne sont pas figés, la fermeté de la douleur, étrangement. "Tu veux jouer ? Jouons. Tu te frottes à quelqu'un qui sait parfaitement jouer sur les mots". Et comment; on ne se faisait pas obéir de six armées impériales ennemies en levant une épée.


-Je sais parfaitement de quoi je serais embarrassée ou pas pardi. "Ne t'avance pas sur ce terrain, ancienne Prévôt de Lumière. Tu ne sais rien de la femme d'Ombre que je suis." La perspective de vous tuer tous les deux m'enchante té, c'est même ce qui serait arrivée si vous m'aviez fait chier pardi. Une chance que vous n'ayez pas réitéré votre hurlement aussi dérangeant que dégoulinant té... Hyerk. Cerbère grimace, parce qu'elle perçoit que ce n'est guère le tempérament habituel d'Axelle. Mais peut-être se trompe-t-elle ? Je serais ravie de vous enfermer dans une geôle et d'avoir à affronter ceux qui tenteront de tuer la petite blonde comme vous dites pardi; je pense qu'ils, et que vous, mourrez plus vite qu'elle té.

Pouvait-on vraiment lui reprocher cette confiance qui émanait d'elle ? Elle, la Cerbère qui n'avait jamais failli à ses missions d'escortes, de protection, de dévouement. Elle, la Prime Secrétaire Royale qui avait relancé seule les négociations entre la France et l'Empire, qui avait fait repousser l'attaque sur Reims, qui avait tant fait encore dans une ombre dont personne ne s'était souciée. Elle, la Bordelaise vétérane des combats, encore en vie aujourd'hui.

Orgueilleuse Samsa, mais orgueilleuse avec classe; ça s'appelait le panache.

Elle observa un peu mieux le visage de celle qui se tenait à ses genoux. Les traits royaux se crispèrent et cédèrent.


-Je vous emmène auprès de lui pardi. Mais vous ne m'achèterez pas té.
Debout pardi.


Ses derniers mots sonnent comme des ordres et Samsa retire le fer de sous le menton d'Axelle. Elle ne dit pas qu'elle le fait plus par respect pour elle que pour la perspective d'avoir la paix, la sécurité et des contacts; Samsa s'en fou, pense-t-elle, mais elle a sans doute raison de ne pas aller tremper dans des milieux où l'honneur n'existe tout simplement pas; elle serait bien naïve de ne pas croire qu'on voudrait sa peau dans son dos et ce, après avoir bien sûr abusé d'elle et de sa position. Sans un mot de plus, elle passe dans son dos, épée pointée; c'est elle qui passe devant, elle et son putain de culot de se foutre à genoux devant la Cerbère. Un culot qui rappelait à Samsa qui était Axelle, qui ramenait à elle ce sens de l'honneur bien présent.
Tout en la surveillant d'un oeil, Samsa vient prendre dans sa botte la clé de la cellule afin d'ouvrir cette porte qui subit d'apparents assauts. Elle n'a rien dit, la Prime Secrétaire Royale, mais ça va chier sévère.
Elle fait tourner la grosse clé dans la serrure tout aussi grosse et ouvre la porte d'un brusque coup de pied.

Pas content le Chien.

Un peu brusquement, elle fait rentrer Axelle dans la cellule dont la porte se referme immédiatement et qui reprend un tour de clé à l'aveugle, Cerbère observant le spectacle qui s'offre à elle. Elle a la pression de se sentir comme seule face à eux, même si techniquement c'est deux contre deux; elle ne compte pas Primha comme tel, puisqu'elle semble blessée par l'autre qui a le couteau plus proche de lui.Pppff...
Le sang de Samsa finit enfin par prendre le départ et fait un tour en temps record. L'épée est rengainée, l'épaule gauche mise en avant et Cerbère bondit puissamment; courte charge -spécialité de Samsa, la charge- sur Donatien qui a à encaisser la carrure charpentée d'une enragée qui charge tel un bovin. Sans ménagement, elle le plaque contre le mur de pierre de la cellule et s'assure de le maintenir, si besoin au moyen de coups.


-Y'A QUOI QUE TU COMPRENDS PAS PARDI ?! TU CROIS QU'ON VA TE DONNER DU RAISIN DIRECT DANS LE BEC TÉ ?! PUTAIN PARDI ! Tu la retouches, tu lui refais du mal, et j'te jure que je ferais de ce lieu un Enfer pour toi, un Enfer dont tu ne ressortiras jamais té... Et comme je suis généreuse, je te le ferais goûter longtemps... Très longtemps pardi...

Ou comment dire "je connais des jeux très amusants pour moi, mais bien moins pour toi. La poire, tu connais ? L'empalement peut-être ? Ça c'est marrant mais on le gardera pour la fin tu vois...".
Les petits yeux luisants sont embrasés et tailladent ceux de Donatien alors que les crocs sont découverts. Et c'est ainsi que, dans cette cellule qui serait le théâtre d'un Enfer, Cerbère prenait des traits communs à son surnom canin. Elle finit par le relâcher, se recule et tourne la tête vers Primha puis vers Axelle vers qui elle s'avance.


-Vous repartirez avec lui pardi. Mais va falloir faire la queue, comme tout le monde té.

Et la boucle est bouclée, les mots sont joués.
Samsa va s'adosser contre la porte et retrouve son rôle de chien de garde. Elle est celle qui détermine la direction de cet "entretien", mais le chemin en revient à Primha.



*=paroles traduites de Will Young - Come on

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Donatien_alphonse
Un véritable cirque et pourtant, ne pensez pas vous trouver face au spectacle non, ici, il s'agit du festival off, les coulisses, là où les fous se retrouvent entre deux tours et ce qui se jouait sous les yeux du balafré, n'avait rien de comparable avec ce qu'il avait déjà pu voir concernant la jeunette. Le regard attentif observe et pourtant, il peine à comprendre ce qui pour lui pourrait être d'une évidence parfaite si bien il pouvait autrefois encore se sentir concerné mais au fond, impossible que la blanche ne puisse être à son tour touchée de la sorte, il ne pourrait pas l'accepter.
Comment ainsi, un être apte à se vanter de jouir de biens et de services dont tout un peuple miraculé ne peut se délecter, comment elle, à l'éducation exemplaire pouvait ainsi se laisser prendre.. non, il n'en croyait pas un mot, tout n'était que comédie.


« Prim.. à quoi tu joues ? »

Le balafré se redresse tout en se rapprochant du mur faisant face à l'entrée de la geôle, poings fermés toujours posés sur ses hanches, et pour l'heure, il grimace et ce, sans le cacher. Il tourne en rond, observe la jeunette qui joue la comédie et se force à comprendre tout en imaginant le pire pour Axelle de l'autre côté du mur.
Jamais, JAMAIS – entendez-le bien – il ne pourrait tolérer le fait qu'il lui soit arrivé quoi que ce soit sans qu'il n'est eu la chance de pouvoir changer la donne. Et s'il devait tuer Prim alors, il le ferait.. d'ailleurs, tuer la blanche deviendrait vite une nécessité si elle continuait ainsi de..


« Cesse de brailler ! »

Et voilà qu'elle semble vouloir à son tour, simuler ce qui n'a pas lieu d'être, pas très original aux yeux du Roi fou, d'ailleurs, Le Seul FOU en cet espace restreint, que les autres se taillent les veines et que jamais ils ne reviennent.. enfin, « qu'ils se taillent des veines.. » voilà que l'autre..

« Prim, que fais-tu.. je.. tu.. »

Non, ses pensées ne sont pas restées un secret pour la pucelle, si bien que cette dernière ose se taillader le bras avant de lancer l'arme en la direction du balafré. La lame tombée au sol, les yeux se posent sur le sang adverse et déjà, il peine à retenir ces quelques mots de s'échapper d'entre ses lèvres.


« Petite voix si tu es là, quel serait ton conseil.. »

La tuer ou la tuer.. avait-il vraiment le choix en réalité. Comme s'il était sur le point de vomir, le plat de la main se pose contre le mur froid et humide tandis que l'autre, se porte à ses braies mais, dans son dos, la porte de bois s'ouvre et lui, n'a qu'à peine le temps de jeter un coup d’œil par dessus son épaule.
Axelle et la fleur de lys viennent tout juste de faire leur entrée mais concernant la royaliste, cette dernière venait tout juste de se faire piéger par toute cette mise en scène dictée par la jeune Prim.. contraint d'avouer que cette dernière avait tout de même un certain talent, le Rey fut comme projeté
- « AOUTCH ! » - contre le mur, dos plaqué contre ce dernier et les yeux qui croisent ceux adverses et cette fine bouche qui s'exprime.

« Hm hm.. »

Et c'est tout ce dont elle pourra se contenter en guise de réponse du fou qui lui, peinait à finir ce qu'il avait commencé peu avant leur entrée. Il n'y eu que le bruit d'un jet comme saccadé que lui dirigeait tantôt sur le sol de cette geôle, tantôt sur ce qui pourrait être une armure parfaite portée par la lys.

Intérieurement, il priait pour que les braillements de cette dernière jamais ne cessent, manquerait plus qu'elle remarque ce qui se jouait sous son nez et que l'idée d'ôter cet atout du Roi fou ne finisse par lui traverser l'esprit. Mais elle relâche enfin sa prise et le balafré lui s'empressa de remballer le tout soigneusement bien qu'il s'en doutait, quelques dernières gouttes subsistaient en ses braies. Et lorsque enfin, son regard se posa sur la gitane, un large sourire – aux lèvres recouvertes de son propre sang – vint prendre place sur son visage.


« Axelle, toi ici ! BIEN ! »

Et de regarder chacune leur tour, la blanche et la fleur de lys.

« Ce fut un plaisir mais voyez-vous.. nous avons encore beaucoup à faire, veuillez nous excuser donc ! »

Quelques pas l'ont rapproché de la Casas, lui espérait encore pouvoir se tirer de ces lieux et ce, sans conclure le moindre accord. Blanchette devrait le savoir, l'on ne pactise pas avec le Diable..
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Axelle
Le silence ne dura pas longtemps, les cris dans la cellule reprenaient de plus belle. Pourtant aucune des deux femmes ne broncha, et ce fut avec une sagesse surprenante que la gitane accepta la lame sous son menton, sans esquisser le moindre mouvement, mais sans ciller non plus. Non, finalement, le plus ardu fut de taire ce sourire qui grattouillait le coin de sa bouche quand la seule phrase importante fut enfin lâchée.

« Je vous emmène auprès de lui pardi. »


Le reste n'avait aucune espèce d'importance. Ni les menaces, ni ce que la Cerbère pouvait bien penser. Semer la confusion, surprendre par une attitude sans queue ni tête, quand pourtant, aucun des gestes de la manouche n'était anodin. La gitane menait une danse dont elle seule connaissait les pas. Mais la femme devant elle ne semblait pas s'en apercevoir. Femme d'armes, elle l'était, sans aucun doute possible. Implacable sur les champs de bataille elle devait l'être. Comme tous ces hommes qui avaient croisé la route de la manouche à Dijon où elle était tombée sous les couleurs d'Eusaias, où à chaque pas des monarques qu'elle avait escortés, jour après jours, des mois durant. Mais de la rue, de ses secrets, de ses pratiques, de ses codes, Samsa ne devait rien savoir et c'était, à cet instant-là, toute la force de la Casas, tant elle avait été confrontée aux coups fourrés pour les apprendre et s'en servir à son tour.


La menace de la pointe de l'épée dans son dos, elle passa enfin la porte de la cellule se refermant aussi tôt sur son dos. Rapidement elle étudia la situation, grimaçant un soupçon sous l’assaut de la Cerbère avant de reprendre son étude, le regard luisant furtivement d'amusement en percevant le léger sifflement de pisse. Donatien était certes amoché mais bien debout et sans blessure réclamant l'urgence de soins. Le regard noir se posa alors sur la dernière actrice de ce huis clos, la chevelure étrangement blanche, des yeux pour le moins singuliers. L'examen se poursuivit un instant glissant jusqu'à la blessure du bras. Oui, sans nul doute, Donatien pouvait en être coupable, pourtant, le balafré aurait sans nul doute été bien plus imaginatif dans son attaque et plus féroce dans les blessures qu'il aurait pu lui infliger. Et surtout, il n'aurait pas lâché sa lame. Un regard sur le mains du Rey lui confirma que tout n'était que mise en scène quand pas une éclaboussure rouge vif ne les entachait. Cette gamine était cinglée. Simplement cinglée et, la Cerbère qu'elle avait cru meneuse, une simple exécutante. Un instant, le respect pour cette femme d'honneur la titilla de brailler la vérité à Samsa, afin qu'elle ouvre les yeux sur la réalité de ce qui se jouait sous ses yeux. Qu'elle devrait se méfier de cette gamine instable. Mais la loyauté transpirant des pores de Samsa était telle que la manouche abandonna l'idée aussi vite qu'elle était venue tant jamais elle ne serait entendue, quand par ailleurs Donatien annonçait vouloir se barrer. Quoiqu'il en soit du pourquoi de cette situation, pour l'heure, la manouche n'avait pas besoin d'en savoir plus. En outre, de nature impatiente, elle ne faisait pas la queue ni n'attendait son tour. Qu'on se le dise. D'autant plus quand la situation, la Cerbère imprudemment adossée à la porte, était si favorable et ne représenterait peut-être pas.

La zingara, qui depuis son entrée dans la geôle n'avait pas esquissé le moindre mouvement, glissa sa main sur sa lourde tresse avant de fondre dans le dos de la blanche avec une rapidité déconcertante, attrapant le bras fin pour le tordre dans le dos de la folle, une longue et effilée aiguille à cheveux venant se nicher dans l'oreille pâle, le tympan et les méandres rosâtres se trouvant derrière à la merci des carnages que pourraient faire sa longue pointe.

Plus rien ne se lisait dans le regard noir, alors que le corps gitan se soudait aux courbes blanches et, certainement, était-elle seule à entendre une voix masculine et gouailleuse murmurer à son oreille

« Ne me déçois pas cette fois ma fille ».

Pourtant, elle refusa de l'écouter encore, et d'une voix tout droit sortie des limbes que toute cette folie réveillait en elle, égraina face à la Cerbère.


Jetez votre lame au sol. Ouvrez cette porte et laissez la clef sur la serrure. Au moindre cri, c'est son épaule qui vous répondra. Au moindre geste brusque... La phrase resta en suspens, la tête gitane pivotant lentement de droite à gauche étant une promesse bien assez explicite.
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Primha
    La porte s'ouvre, et Argentée découvre la dite Axelle. Le minois se penche sur côté, jaugeant celle qui, plus tôt, avait hurler à l'amour et au théâtre. Car si elle n'est encore que bien jeune, elle n'est pas sotte, contrairement à ce que le monde aime penser d'elle. Il est bien simple, de se parer de différents masques, jouant de fausses émotions, de faux étonnements. Et pour ce jour, elle sait, elle s'attend à de nombreux retournement de situation. Car dans l'esprit Valyrien, qui côtoie Donation, n'est pas plus sain d'esprit que le fou lui même. En silence, elle détourne le regard sur ce qu'elle avait finalement prévu. Elle savait Cerbère intelligente, mais elle la savait aussi attentive à ce qui sautait aux yeux. Comment aurait-elle pu louper la soie rouge déchirée, comment aurait-elle pu louper cette coupure saignante, sans pour autant être une boucherie ? Les doigts immaculés tapotèrent machinalement l'air quand el rey joua un nouvel acte, digne de lui, digne de cette image qu'elle avait. Si la folie avait plusieurs déclinaisons, il n'y en avait pas de stable ou d'instable. Prim était une jeune femme sortant des couvents, apprenant douceur du monde et vie Aristotélicienne. Seulement à force de vivre dans un chemin droit, plat, la première sortie est emprunter sans détour, ouvrant les diverses facettes d'une âme. A ne pas en douter, Valyria est folle, mais point instable. Elle manipule, tente, observe..

    Bras est plaqué au dos, et pourtant elle ne sursaute pas. D'abord, le regard se pose sur Samsa, pour qui elle éprouvait à cet instant que du désolement. Femme d'arme qu'elle était, amie de choix et de coeur ; Cerbère était dans ce théâtre l'âme de protection suprême mais aussi, pantin d'une certaine manipulation. Puis en coin, elle scruta le balafré à qui elle adressa un sourire, sage avant qu'un petit rire ne quitte sa gorge.

      Tout le monde repartira d'ici, sans plus de dommage. Rien de tout cela ne serait arrivé si, Ô Pimprenelle délicate n'avait pas clamée son amour pour le sauver d'un sort qui n'en est pas un. Si le Louvre à été choisit, ce n'est pas pour rien, vous ne pensez pas hum ? Que ton Donatien perde un doigt, une dent, un cheveux, ne m'arrange pas à vrai dire, j'ai besoin de lui. Il me doit bien ça. Mais nous pouvons aussi discuter de ça dehors, au grand air, là où, nous avons tous à perdre quelque chose je crois. Les langues courent vite, je ne vais pas vous l'apprendre je crois, ni à l'un, ni à l'autre.. Alors.. Axelle hum c'est ça ? A moins que vous ne proposiez rien qui nous satisfait tous.. Car nous quitterons tous cette geôle, vivant et entier.
Samsa
    "Regarde-moi, je suis la France d’en bas.
    Le chômage et la crise,
    Mec, c’est moi qui la combat;
    Je vis au quotidien ce que tu ne connais pas, que tu ne comprends pas,
    Juste en bas de chez toi;
    Regarde-moi !"
    (Soprano - Regarde-moi)


Déconcertante.

Samsa suit du regard l'Axelle qui fond sur sa protégée, sur la jeune Primha qui se fait prendre en otage et menacée à l'oreille par une aiguille. "Axelle, qu'as-tu fait là... ?". L'ancienne prévôt de Paris ignore que la compagne de Samsa a perdu l'ouïe de l'oreille droite à cause de ce même geste qu'Axelle reproduit. Elle ignore encore plus comment Samsa les a sorti de là, cédant presque entièrement à des voix et des identités qui ne manquent pas de se faire rappeler présentement. Déjà, leurs murmures s'infiltrent dans la tête bordelaise et la vision nette se déconnecte du cerveau qui devient incapable de l'analyser, d'analyser toute cette situation.

"Laisse-nous revenir... !"

Non. Samsa n'a pas besoin d'elles, pas cette fois, elle a ce qu'il faut pour garder le contrôle, son contrôle. Les voix se mettent à gémir doucement en se heurtant à ce refus solide qui se matérialise par les informations des yeux qui grattent lentement mais sûrement leur chemin vers le cerveau, renouer la connexion.
Impassible, toujours adossée à la porte et bras croisés, Cerbère fixe Axelle dans les yeux. Elle entend ses demandes, ses menaces, qui ne font que s'écraser contre le mur de son silence et de son inactivité.

Déconcertante.

Les petits yeux sombres s'abaissent sur la silhouette de Primha qui n'a pas l'air non plus de s'inquiéter plus que cela et qui semble tout aussi déconcertante. Si l'analyse était revenue à cet instant, Samsa aurait pu commencer à comprendre que Primha n'était pas toute seule. Certains signes ne trompaient pas, jamais, comme la variation de voix et le brusque changement d'attitude. Ainsi donc, la douce Valyria était devenue une autre, dure et railleuse, aussi narquoise que sournoise.
La Cerbère la laisse terminer sa tirade dont elle n'a pas écouté le sens, s'en moquant presque complètement; les choses ne regardaient qu'elle et Donatien et cela resterait ainsi, Cerbère était là pour y veiller désormais. Elle relève le regard sur Axelle et, implacable et immobile, finit par répondre.


-Je crois que vous n'avez pas bien compris ce que je vous ai dit pardi. J'ai dit que vous ne m'achèteriez pas té. Rangez vos offres et vos menaces té, car ni vous ni Donatien ne passerez cette porte tant que la demoiselle n'aura pas terminé son affaire té.
Un peu de patience pardi, asseyez-vous dans un coin et le temps de la libération viendra pardi.


Le menton s'incline légèrement mais les yeux ne s'abaissent pas d'un centimètre, comme désireux de faire comprendre à Axelle qu'il valait mieux choisir la voix de la raison parce qu'elle savait très bien ce qui arriverait si elle blessait la jeune noble, une fin aussi funeste qu'inutile.
S'appuyant un peu plus lourdement à la porte, Cerbère signifiait ainsi que rien ne la ferait revenir sur ses paroles.

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Donatien_alphonse
C'est que le balafré commençait à se sentir quelque peu à l'étroit en cette cellule bondée, chose à laquelle il n'était pas habitué pour autant. Autrefois, la Prévôté avait bien essayé de lui coller quelques compagnons de geôle mais ces derniers finissaient bien vite par supplier la garde de les éloigner du balafré aux blablas incessants et à ses constantes envies d'uriner partout et à la moindre occasion qui s'offrait à lui de pouvoir marquer son territoire.
Et lui qui se voyait déjà hors de ces murs en compagnie de la Casas, tous deux parcourant les larges couloirs de cette demeure à la surface jusqu'à ce que leurs deux corps ne finissent par s'échouer en les draps d'une couche digne de ce nom. Est-ce donc ainsi que l'on accueille un Roi et sa Reine en ce bouge ? Taratata, Samsa manquait visiblement de manières et la jeune Prim semblait prendre la même voix, les torgnoles du Donatien n'avaient donc rien arrangé à cet esprit faible et aveuglé par biens des illusions.. même si la jeunette semblait avoir quelque peu changé depuis leur dernière rencontre, chose qui n'avait pas échappé aux yeux du fou.

Donc résumons la situation, il y a.. Axelle qui vient tout juste de prendre en otage la blanche, retournement de situation évident et pourtant, ceci aurait presque le don d'instaurer un semblant de malaise en l'esprit du balafré. Une phrase – plus une menace – qui reste en suspend mais tous ici comprendront sans mal que la jeunette pourrait bien vite finir avec une majeur partie de son audition en moins.
Machinalement, lui se gratte le menton, ses doigts se frayant un chemin au travers de ces nombreux poils imparfaits et légèrement teintés d'un blanc trahissant sa trentaine amplement dépassé maintenant mais ceci ne reste qu'un simple détail lorsque Axelle est sur le point de percer l'esgourde de.. de cette carcasse qui n'est en rien celle que Donatien a connu quand la dénommée Prim a il y a peu encore, croisé la route du Roi des fous en les beaux quartiers de la ville de Paris.

Besoin de lui elle avait.. était-il donc condamné à errer pour l'éternité durant, ballotté de droite à gauche entre les divers groupes organisés et autres trognes telle que cette dernière, contraint d'agir lorsque le besoin se fait ressentir. De l'argent en échange d'une vie volée ? Visiblement non ! Prim voulait sa vengeance ça n'en faisait aucun doute mais cet esprit malin lui avait dicté d'user du balafré comme elle le pourrait. Chose rassurante que voici lorsqu'il comprend enfin que sa vie n'est pas menacée.
Il s'apprêtait à répondre avec une certaine forme d'assurance car après tout, Prim se trouvait être dans la même situation que tout condamné à mort, la corde au cou, juste avant que le destin ne finisse par dévier terriblement mais la fleur de lys n'en démordait pas.. un sourire nerveux sur ses lèvres, un regard qui ne cesse de passer d'une trogne à l'autre, ont-ils seulement encore le choix..

Esprit d'analyse enclenché.. Et si Donatien baissait ses braies pour faire diversion, Axelle pourrait alors venir perforer la jeunette avant de se jeter sur la lys.. hm.. encore faudrait-il que le balafré soit encore en mesure d'uriner, c'est qu'il s'était vidé contre le mur du fond de cette geôle.. et en partie également sur la cuirasse de la brune – sans qu'il ne le veuille, notons-le ! -
Mauvaise idée donc mais il lui fallait pourtant assurer à la gitane une sortie indemne de ces lieux et tout portait à croire que seuls ses faits à venir pourraient avoir une influence sur leur destin à tous en ce lieu. Et c'est sur cette simple pensée qu'est la sécurité d'Axelle qu'il se décida à intervenir dans un manège qui lui ressemble bien.


« WOH ! »

Subitement, il s'interpose entre eux même si le besoin ne se faisait pas vraiment ressentir pour tout avouer. Regard qui s'invite en celui de la lys et déjà, il reprend.

« Non pas que l'idée d'vous imaginer vous tirer la tignasse et les braies m'déplaise mais.. mais.. je m'en passerai ! »

Lentement, il reprend sa position initiale.. un temps seulement.. car déjà, les allés et retours reprennent avec toujours ces mouvements des mains pour venir accentuer et accompagner le moindre de ses mots.

« Je comprends oui, je comprends qu'j'ai cogné un peu fort sur la jeunette, j'aurais du ménager mes coups oui, je l'admets, oui.. néanmoins, qui voudrait donc ainsi s'arrêter sur la seule présence d'un fou ? Je vous l'demande ! Pas toi ! » La main désigne Samsa. « Ni toi hm ! » Puis enfin Axelle. « Mais quant à toi.. » Et la Prim qui se contentera d'un simple bref regard. « Non laissons tomber mais quoi qu'il en soit.. tu as besoin de moi et moi.. enfin passons ! » Les allés et venues s'arrêtent subitement alors que ses pas l'ont conduit jusque devant la jeunette qu'il observe, mains posées sur ses hanches, tournant le dos à la lys.

« Que veux-tu exactement et que crois-tu pouvoir tirer de moi ? »

Nan mais c'est vrai après tout, ne pouvait-on pas simplement lui foutre la paix l'espace d'un instant ? Lui qui croyait encore en sa retraite, visiblement cette dernière venait d'être reculée à nouveau..
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Axelle
« asseyez-vous dans un coin »

Mais c'est qu'elle pouvait être drôle la Cerbère en plus ! Un pas qu'un peu mon n'veu. Oui, c'était ça, la Casas allait s’asseoir bien sagement dans un coin en attendant que ça passe et faire confiance aux deux greluches. Ben oui, tiens, riche idée que voilà. C'était complètement normal d'embarquer le monde dans les geôles du Louvre pour avoir une petite discussion privée, parque ce qu'ailleurs, sans se faire taper sur la tronche derrière une porte fermée à double tour, c'était pas possible. Ben oui, tiens. Des endroits discrets, il n'y en avait pas d'autres. Pis c'était vrai aussi qu'au Louvre c'était très discret, à part une tripotée de gardes, on n'y voyait personne, hein. Parce que oui, au Louvre, il n'y avait ni langues ni oreilles. Ouais, c'était certainement à Paris l'endroit où les bruits de couloirs couraient le plus vite, mais c'était pas grave hein, tant la Blanche croyait être finaude.

Bon, c'était vrai qu'avec cette saleté de robe rose, la Casas n'avait certainement pas l'air bien maligne, mais tout de même il y avait des limites enfin ! Même la dernière des idiotes aurait bien pigé qu'un truc ne tournait pas rond, et pour le coup, c'était pas dans la cervelle de la manouche. Non, le seul truc qui tournait dans la tête gitane, sans que le moindre mouvement de recul ne soit esquissé, était une jolie ritournelle, chantant sur tous les airs : « Mais qu'elle se magne ».

La patience n'était pas le fort de la Casas et ce n'était plus à prouver quand son bras la démangeait de tordre ce coude, jusqu'à entendre le craquement qui mettrait la cinglée à genou. La patience était encore moins son fort quand on la prenait pour une imbécile et qu'en outre, il n'était jamais bon que ce genre de situation se prolonge trop longtemps. La Prime Secrétaire Royale n'avait aucune autorité pour enfermer qui que ce soit ici. S'ils ne filaient pas rapidement d'ici, tous risquaient de vraiment finir engeôlés. Mais surtout, surtout, la manouche avait promis à Dacien de lui rendre cette foutue robe piquée dans les réserves de l'Aphrodite avant l'ouverture du lupanar. Et nul doute que le courtisan grognerait bien plus fort que les deux donzelles si elle ne respectait sa promesse.

Mais pour l'heure, Donatien acceptait d'entendre ce la Blanche avait à raconter, et la manouche n'avait rien à y redire. D'ailleurs, c'était certainement la solution la plus sage et rapide pour se sortir de ce bourbier. Cependant, sans que l'aiguille ne bouge d'un poil, la torsion sur le bras s'accentua, ce qui, si l'épaule ne craquerait pas, était suffisamment douloureux pour que la cinglée ait envie de magner le fion. À moins qu'elle ait définitivement une araignée au plafond.

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Samsa
    "Il y a tant de vagues et de fumée,
    Qu'on arrive plus à distinguer
    Le blanc du noir
    Et l'énergie du désespoir."
    (Michel Berger - Le paradis blanc)


Cerbère, bras croisés et appuyée à la porte, roule des yeux quand Donatien commence son manège. Avait-il des origines grecques pour mimer telle tragédie ? L'oeil blasé, elle le regarde et l'écoute avec un air de "cause toujours" et de "tu me touches, t'es mort". Telle une spectatrice à Roland Garros, elle le suit ensuite du regard quand il commence ses allers-retours et plus elle le regardait, plus elle se disait qu'il serait capable à lui seul d’interrompre une bataille rien qu'avec sa gestuelle et ses paroles.

Mais tout ceci commence à fatiguer la Cerbère.

Lui, beau-parleur et Axelle, tête de mule. La Prime Secrétaire Royale commence à sentir les limites de sa patience et elle commence largement à flirter avec, se contenant exprès pour mieux exploser après. Qu'imaginait Axelle ? Qu'ici, elle avait l'avantage ? Qu'elle pouvait le prendre, peut-être ? Elle n'était décidément pas très futée et ce, depuis son entrée dans les couloirs des geôles royales. Samsa la fixe de ces petits yeux sombres, se demandant ce qu'elle cherche, ce qu'elle croit pouvoir gagner puisqu'elle ne gagnera pas devant la détermination de Samsa, pas plus devant la folie de Primha. Devant la leur à elles deux, mais aussi à celle de Donatien. Il avait forcément mangé trop de poireaux, lui.


-Vous n'êtes pas très douée en relation humaines pardi. Primha n'est pas du genre à parler sous la menace té. Vous croyez que je vous ai dit de la lâcher pour quelle raison té ? C'est si difficile pour vous de juste regarder et attendre pardi ? Je sais pas, prenez exemple sur moi pardi.
Plus vous vous entêtez, et plus on restera longtemps ici pardi. Alors FOUTEZ-VOUS DANS UN COIN ET FERMEZ-LA PARDI !


Non mais oh, ça commence à bien faire cette histoire ! Ils avaient tous autre chose à foutre qu'être là, à se regarder en chien de faïence parce que la capacité "compréhension" manquait à quelqu'un. Fallait-il qu'elle fasse appel à Donatien pour qu'il lui dise les choses ? Existait-il une clé de cryptage ? Si oui, elle échappait forcément à Samsa qui n'était guère très érudite. Voire pas du tout même, s'arrêtant à lire, compter et écrire.
Samsa soupire, éternelle gardienne de porte, et finit par grimacer légèrement en inspirant. Elle baisse sensiblement les yeux sur sa cuisse gauche protégée par un cuissot et ronchonne en remarquant la tâche plus sombre encore sur les braies noires.


-En plus il m'a pissé dessus pardi... Bâtard pardi...

Les petits yeux sombres, définitivement blasés, se relèvent et passent successivement de Axelle à Primha, de Primha à Donatien, et de Donatien à Axelle. "Et dire que personne ne se souviendra de cette prouesse de patience... Personne ne me croira quand je dirai que je n'ai pas dégainé l'épée."
Samsa sort une carotte de la petite sacoche à sa ceinture et commence à la ronger avec application en les observant. Les carottes, il n'y avait que ça de vrai, que ça de sûr.

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Donatien_alphonse
Face à lui, une Prim parfaitement silencieuse et une Axelle qui n'en démord pas de vouloir absolument défourailler un des tympans de la jeunette et c'est la fleur de lys dans le dos du balafré qui finit bien vite par reprendre les rennes de ce délicieux manège qui ne ressemblait pas à grand si ce n'est à un joyeux merdier auquel le Roi fou lui même ne semblait plus rien comprendre. Pourquoi Prim ne s'exprimait-elle donc pas.. la Casas aurait-elle le doit sur un autre.. point sensible de la blanche au point même que cette dernière ne pouvait plus cracher un seul mot ?

Et alors que lentement, lui se retourne pour observer la lys, sa paupière droite comme sous l'emprise de ces « pardi » qui n'en finissent déjà plus.. Un pardi, un haussement de paupière, un second pardi, autre haussement et c'est maintenant sa lèvre qui se soulève quelque peu, laissant apparaître une grimace d'une parfaite incompréhension qu'il ne retient pas.
Ses yeux posés sur la bouche adverse de la brune, comme si.. elle prenait possession du Roi fou, comme si tous ces pardi prenaient une forme de mélodie, tout semble comme.. rythmé.. diaboliquement rythmé. Pouvait-il seulement se permettre de lui arracher les lèvres au moyen de ses dents pour ensuite se saisir de cette langue qu'il arracherait à la seule force de son bras pour ensuite, la lui faire ravaler de force..

Mais non, Donatien connu pour être quelqu'un de parfaitement Saint de corps et d'esprit – plus « Sein » que « Saint » - se contenterait d'observer, écouter, se grattouiller le menton tout en songeant à sa sortie de ces lieux, son prochain repas et la prochaine couche dans laquelle il se laisserait tomber alors que tout son esprit lui serait en proie aux effets de la boisson.
Et.. à quelle boisson songeait-il à cet instant précis.. de la bière aussi chaude que sa propre pisse ? Un vin coupé à l'eau et laissant flotter à sa surface quelques impuretés douteuses ? Un rhum inconnu qui vous arrache les tripes ?
Un dilemme interne auquel il se livrait jusqu'à ce qu'un dernier « pardi » ne finisse par le tirer de ses rêveries comme si un claquement de mains avait suffit à le ramener en cette geôle dans laquelle il commençait à se sentir bien pour tout avouer.. un dernier regard sur la lys avant que le visage ne pivote en direction d'Axelle.


« J'pense qu'on a pas d'aut' choix que d'celui d'écouter c'que nos hôtes ont à nous dire. Tu d'vrais laisser l'esgourde d'la jeunette en paix. »

Oh, serait-ce un éclair de réflexion en la caboche Donatienne ? Mais de nouveau le visage pivote et le regard se pose sur la lys, mine songeuse affichée et déjà..

« Tous ces pardi.. non pas qu'ça soit.. déplaisant enfin, si ça l'est, c'est que j'suis pas habitué et j'dois pas être le seul ici bas mais avouons qu'c'est pas commun.. c'comme si j'arrêtais pas d'causer encore et encore sans qu'personne n'puisse rétorquer quoi qu'ce soit.. »

Et sans se soucier de cette nouvelle prise de conscience qui naissait face à lui, c'est qu'après tout, ce jet de pisse scintillant et non maîtrisé avait été causé en majeur partie à cause de la lys, lui semblait comme apte à écouter et comprendre ce qui pourrait lui être répondu.. quoi que..

« Z'êtes pas du même avis qu'moi ? » Regard jeté par dessus son épaule. « Z'avez pas cette impression qu'tous ces pardi vous jaillissent en pleine trogne comme si une armée d'marmots en voulait à votre propre vie ?! »

De nouveau, il observe la brune face à lui.

« C'est pas que j'souhaite me montrer trop curieux mais c'particulier.. et tu causes toujours d'la sorte ? T'as jamais pris une mandale ? Jamais menacé qu'on allait t'coudre les lèvres ou t'clouer l'bec ou t'arracher la bouche, la langue et les dents ? »

S'il attendait une réponse sérieuse en retour ? Si seulement vous saviez.

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Axelle
La Cerbère jouait son rôle à merveille, aboyant telle une chienne enragée, réclamant le silence quand la gitane n'avait pourtant pas ouvert la bouche. Mais la manouche n'esquissa pas le moindre mouvement. Comment une femme, qui avait sans nul doute arpenté les champs de batailles, le sens de l'honneur accroché au bout de son épée, pouvait croire ne serait-ce qu'un instant qu'une quelconque confiance pouvait être accordée, que sa parole ou celle de la blanche pouvait avoir une quelconque valeur quand le visage de Donatien était marqué de leurs coups? La dernière des raclures des bas fonds de Paris n'aurait elle-même pas pu concevoir que ces manigances grossières avaient une seule chance d'être crues. Non, en aucun cas, la gitane ne laisserait filer son avantage pour se retrouver enfermée et désarmée, à la merci de....

« Tu d'vrais laisser l'esgourde d'la jeunette en paix. »

Le regard noir glissa stupéfait sur Donatien, à tel point que son souffle en fut coupé net quelques instants. Non, c'était juste un mauvais rêve. Il n'y avait pas d'autre explication tant la logique était absente de tout en cette geôle puante. Comment une frêle donzelle pouvait-elle ne pas grimacer ou se trahir d'un souffle trop court sous la torsion de son bras quand même un colosse des plus aguerris n'aurait pu retenir un râle de douleur? Comment une secrétaire royale pouvait parler de relations humaines quand elle-même en bafouait les règles les plus élémentaires pour finir par grignoter des carottes, troquant l'habit de chien de garde contre celui de lapin? Et Donatien... Comment pouvait-il être à ce point inconscient? Son visage tuméfié ne lui criait-il pas la prudence ? Non, tout était trop absurde, trop ridicule, trop hallucinant pour que tout ne soit pas qu'un rêve. Oui, c'était cela. Bientôt, la gitane se réveillerait, et passant une main endormie dans ses cheveux en bataille, se demanderait où diable elle allait chercher des songes pareils. Pourtant la nausée qui montait dans sa gorge avait tout de réelle et sans quitter Donatien du regard, elle relâcha la donzelle, laissant retomber ses bras qui soudain semblaient peser des tonnes tant elle était abasourdie de prendre volontairement le risque de laisser le piège se refermer sur elle. Mais le pouvoir de décision ne lui revenait pas. Il restait niché entre les mains du balafré que pour la première fois, elle crut véritablement fou.

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Primha
    Et si Prim avait l'air totalement indifférente, c'était principalement parce qu'elle était fière : pire encore. L'ego surdimensionné Valyria lui interdisait de laisser paraître quoi que ce soit. Quoi de plus simple, lorsque la famille comptait Septime en cousin.. Homme de glace, incapable de laisser transparaître un sentiment ou une émotion. Il était finalement, l'égale de la Valyria. Silencieuse quand bien même la douleur, car dragonne n'est pas inhumaine, elle observe Cerbère qui rompit son propre silence. L'oeil abîmé lança une douleur supplémentaire, comme si jusque présent, rien de tout ce qui se passait était suffisant. Cela en devenait presque lassant ; d'autant plus que l'affaire aurait pu être réglée en moins de temps.. Puis, sagement aussi qu'étonnement, Donatien claqua des paroles, encore.. Et toujours.. Pire que Samsa quand elle s'y mettait ! Le bras fut rendu, l'épaule se mouva doucement dans une inspiration profonde. Maintenant, tout irait vite. Tout du moins, elle l'espérait. Car l'humidité puante de la geôle commençait à lui chatouiller la patience, aussi bien que ce manège interminable.

      Navrée d'interrompre ton apprentissage Cerbèrien.. Mais je commence à en avoir ras la tourte. J'ai besoin de toi. Enfin je peux être emmener à avoir besoin de toi. Tu as des hommes, tu es futé bien que détestable. Je gage que tu puisses être discret. Et c'est ce qu'il me faut. Je ne peux pas te promettre Monts et Merveilles. Juste quelques sécurités si d'aventures tu viens te perdre en Béarn, mais j'en doute. De l'or peut-être.. Je ne peux pas me salir directement. C'est après tout, ce que tu me dois. J'aimerais en parler plus sagement avec toi. Seul, également. A cette parole, le minois se tourna légèrement vers Axelle. Non pas qu'elle la dérangeait, quoi qu'un peu, mais il y avait d'autres moyens que de tordre les bras et se faire passer pour un chien de garde quand danger n'existe pas. Valyria est une petite source de problème. Quelques Béarnais également. Toujours est-il, que quelques actions de ce bon Paris.. Ne font pas de mal. Nous en parlerons plus tard.

    Soupirant, Argentée se masse la tempe et agite la main vers la porte. Il fallait qu'elle sorte. Maintenant. Et plus encore, qu'elle ai deux mots avec la Secouée de la Carotte ! Comment avait-elle fait pour le trouver ? Un flot de question, redescente d'une Primha ordinaire vint frapper l'esprit.

      Ouvre la porte Samsa.


    Quelle que soit la réponse, pour l'heure, elle étouffait. Tout ne rimait à rien, tout était complètement absurde. Alors que tout pouvait être bien plus simple. Moins menaçant.

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