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[RP] Un baptême pour Arles, 28 juillet 1464

Kye
Il était de dos, lorsque La Duchesse était arrivée. Son odeur, il aurait pu la reconnaître entre mille. Cette odeur. Malgré plusieurs années passées à ses côtés, il ne s'en était jamais habitué. Comment faisait-elle ? Un de ses secrets qu'il n'avait pas su percer et qu'il ne pourrait sûrement jamais. Toujours aussi agréable au nez, toujours autant un plaisir de le sentir, toujours autant en enivrant, si ce n'est plus aujourd'hui, puisqu'ils ne se sont pas vus depuis longtemps, maintenant.
Et pourtant, lorsqu'il eut fini avec Gregory, il n'osa pas lui faire face. Il préféra se décaler de quelques mètres, sans la regarder. Il était assez loin pour que sa présence ne soit pas gênante, mais suffisamment proche pour entendre ce qui se disait. Erreur. Les premiers mots de La Duchesse le firent tressaillir. Quelques mots innocents. Cette voix. Cette voix, si mélodieuse, si aérienne, si agréable à l'oreille. Un frison lui parcouru le dos, un long et grand frisson. Il avait beau avoir vécu pendant des années à ses côtés, avoir échangé des paroles à la lueur d'une bougie le soir, au creux d'un oreiller la nuit, il n'empêche que cette voix lui faisait toujours le même effet. Un léger sourire se dessina sur les lèvres du Noircastel. Il était content qu'elle soit là, c'est sûr, mais il ne savait pas quoi faire. Oh, il l'aime toujours. Toujours autant que le premier, si ce n'est plus. C'est certain.

Que faire maintenant ? Lui parler ? Mais lui dire quoi ? La prendre dans ses bras ? Mais ils sont en publique ?
Bizarrement, pour la première fois depuis très longtemps, le vieux loup hésite sur ce qu'il doit faire. Lui qui a pour habitude de faire preuve d'une grande assurance dans tout ce qu'il fait. En cet instant, il ne sait pas quoi faire. Il aimerait bien que ce soit elle qui fasse le premier pas, mais bien sûr, cela n'arrivera pas. Ce serait beaucoup trop simple et avec cette femme, ce n'est jamais très simple. C'est toujours très compliqué et c'est ce qui fait son charme, toujours devoir se surpasser pour la séduire, encore et encore, encore et toujours.
Sans s'en rendre compte, il a perdu la maîtrise de son corps. Sa respiration est devenue rapide, saccadé. Ce qui facilite encore plus l'entrée de l'odeur dans ses poumons, ce qui l'empêche encore plus de réfléchir simplement. Et plus le temps passe et plus la bouche devient pâteuse, la gorge sèche, les jambes fébriles. S'il continue à attendre comme ça, il ne pourra bientôt plus rien faire et il ne lui restera que le dos de La Duchesse en train de s'éloigner comme seule vision.

Un coup de vent fait disparaître l'odeur. Juste assez pour qu'il reprenne ses esprits et se retourne. Mais elle n'est déjà plus là. Il cherche du regard rapidement, trop rapidement peut-être car il ne la trouve pas, alors il refait un tour, plus calmement. Elle est là-bas, il la voit, elle est seule. C'est sa chance. Il se dirige vers elle et une fois devant elle, il reste muet. Son regard croise le sien.
Ses yeux, mais ses yeux. Aussi noir que les ténèbres les plus profonds et aussi scintillants que la nuit la plus étoilées. Sa gorge lui faisait mal à chaque déglutition, habituellement, il aurait eu un verre à la main, pour l'humidifier à nouveau et pour pouvoir parler. Un verre, sa facilite toujours les choses, mais là, il n'avait rien et c'était bien le problème. Complètement désarmé, le Noircastel était à la merci de la Malemort.


Ton parfum est toujours aussi enivrant.

Mouais. Peut mieux faire, mais c'est tout ce qu'il peut dans cet état. Elle le sait sans nul doute et elle s'en amuse sûrement intérieurement.
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Hull19
Le Cardinal avait attendu quelques temps encore. Il accueillit chaque invité présenté. Il n'était pas pressé; car cette journée était celle de Gregory.


HRP: de retour de vacance.

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Gregory_house
Sans nouvelles de Kye et d'Elisa depuis plusieurs mois, House ne les espéraient presque plus. Et voir Kye dans un premier temps, lui remonta le moral, comme si tous ces doutes les concernant avaient disparu. Il accueillit son vieil ami - autoproclamé ironiquement son maître, non mais je vous jure ! - avec joie et s'ensuivit une franche accolade. Kye était un des rares a pouvoir avoir ce privilège.

Kye ! J'avais finit par te croire trop vieux et alitée pour que tu puisses te déplacer ! Cela me fait vraiment plaisir. J'ai hâte d'entendre tes histoires.

Il en profita pour lui présenter sa fiancée Sixtinee quand Elisa arriva à son tour. House avait trouvé bizarre qu'ils n'arrivent pas ensemble et plus encore voir Kye s'écarter d'eux. Mais il n'en fit rien paraître et accueillit la duchesse d'un sourire.

Bonjour Elisa et merci de votre venue. Je vois que contrairement à Kye vous n'avez pas pris une seule ride.


Peu à peu, ses amis s'étaient déplacés pour son baptême. Pourtant il en manquait deux parmi ses plus fidèles amis. Où étaient donc Bébert et Laodin ?
Elisa.malemort
    «Faudrait que t'arrive à en parler au passé, faudrait que t'arrive à ne plus penser à ça, faudrait que tu l'oublies à longueur de journée. Dis-toi qu'il est de l'autre côté du pôle, dis-toi surtout qu'il ne reviendra pas.»
        Francis Cabrel – Encore et encore



Et puis quoi encore ? Bien entendu qu’elle n’avait pas pris une ride. Evidemment, elle n’était plus si jeune que cela, trentenaire, certains jours plus facile à vivre que d’autres. Mais de toute évidence, bien plus facile à vivre que l’âge de Kye. C’est d’ailleurs lorsque Gregory parla de Lui, que la Duchesse fit tourner ses yeux discrètement pour que le noir pétillant puisse l’apercevoir. C’est alors qu’automatiquement un frisson parcouru la totalité de son corps à sa vision. Il était là, à seulement quelques pas. Depuis combien de temps n’avaient-ils pas été aussi proche l’un de l’autre ? Des mois entiers ! Des très longs mois. Une éternité en y repensant. La Malemort avait vécu tant de chose depuis, la guerre, des blessures, des rencontres, une renaissance, des rencontres, de très belles rencontres, un voyage et maintenant une nouvelle vie dans le Maine.

C’est lorsqu’elle sortie de ses pensées, que la Malemort réalisa, qu’Il était debout devant elle. Gregory avait disparu pour laisser place à cet homme imposant par son charisme, mince, grand, aux cheveux blanc, terriblement bien coiffé. Toujours cette prestance qui faisait de lui, l’homme pour qui elle avait craqué il y a tant d’années. L’homme qui avait su la rendre à la fois tellement heureuse et parfois blesser son cœur si fort. Ces fois où elle s’était senti si en sécurité dans ses bras et ces fois où elle avait failli mourir sous ses doigts.
Elle lui avait offert sa vie, il avait préféré retrouver son passé, elle s’en était allée. Alors pourquoi avait-elle le corps vibrant en le voyant juste en face d’elle. Un corps qui s’était mit à frémir lorsqu’il lui adressa la parole.

D’un coup, son esprit s’était mit à penser : « Ne lui réponds pas ! Détourne le regard ! Ne lui réponds pas ! Détourne le regard ! Ne lui réponds pas ! Détourne le regard ! ». Lui répondre, c’est craquer. Le regarder, c’est succomber. Son regard bleu, tel l’océan dans lequel elle s’était perdue tant de fois. Ses doigts fins qui avaient pour habitude, autre fois, de caresser délicatement son visage, sa bouche qui embrassait son cou de délicats baisers. Son corps qui s’enroulait autour du sien pour déployer cette chaleur que lui seul avait le secret.
Elle ferma les yeux, l’espace d’une demie seconde pour son esprit, mais cela dura réellement plusieurs secondes en temps réel. Lorsqu’elle les rouvrit, les étincelles dans ses yeux s’étaient transformées en un feu d’artifice incontrôlable.


Messire Noircastel, bonjour.

Oui, c’est très protocolaire, mais la belle Duchesse est complètement en panique et c’est certainement la seule chose qu’elle a trouvé à dire pour lui paraître tout à fait détachée de la scène. Elle ne veut certainement pas lui montrer qu’elle souffre à cet instant précis de le revoir et de réaliser combien il lui manque. Elle ne veut pas qu’il sache que son corps entier frisonne et que son cœur bat à un rythme effréné dans sa poitrine. La Malemort reprend alors de plus belle.

Tu as l’air de bien te porter depuis notre dernière rencontre.

En gros, ça veut dire qu’il vit parfaitement sans elle. Car oui après tout, sa barbe est bien taillée, ses cheveux bien ordonnés, ses habits parfaitement accommodés. N’y aurait-il pas une femme derrière cela ? A cette idée, la Duchesse ne pu s’empêchait d’avoir un mouvement de recul, un pas en arrière, ses yeux se détachant de lui pour observer l’intérieur de la Cathédrale et vérifier qui pouvait bien s’y trouver. Etait-elle présente ? Avait-il osé la convier ici ? Au baptême de leur ami ? Alors qu’il savait pertinemment qu’elle sera présente elle aussi.
Son cœur venait de tomber une nouvelle fois en miette à cette idée. Il se serra un peu plus. Les frissons de désir s’étaient alors tous évanouie pour ne laisser que les tremblements de déception, d’amertume et de tristesse. Sans même le regarder, elle fit trois pas sur le côté afin de s’installer sur l’un des bancs à disposition dans la Cathédrale, de là, elle profiterait de la cérémonie. Ses joues avaient perdu toutes teintes de rose, et ses yeux s’étaient transformés tout à coup dans un noir profond. Plus d’étincelles, plus de feu d’artifice, plus d’illusion, plus de souvenir, son corps était redevenu froid dans tous les sens du terme.
La Duchesse resta donc assise, installée, attendant que le début de la cérémonie commence, elle n’avait plus goût à visiter la ville, une fois la cérémonie terminée.

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Kye
Trois petits mots. Trois petits mots insignifiants pour n'importe qui d'autre, mais pour lui, ils voulaient dire tellement de chose. Tout se formalisme. Toute cette distance mise entre eux deux juste avec trois mots simples.
Intérieurement, tout venait de se briser. Un miroir qui s'effondre sur lui-même. Briser en mille morceaux. Également, il avait en bouche, un sale goût amer, dur à avaler. Vraiment en cet instant, le verre aurait été plus que le bienvenu. L’âpreté d'un vin aurait été parfaite pour effacer cette immondice de la bouche. Vraiment en cet instant, il aurait préféré mourir plutôt que de continuer à vivre, plutôt de continuer à être devant elle.
Elle ferma les yeux et il fit de même. Il était incapable les garder ouvert. Si on lui demandait pourquoi, il répondrait que c'est parce qu'il a une poussière dans l’œil. En réalité, c'est juste qu'il est submergé par la tristesse de cette première phrase. S'il avait su avant de venir que leur retrouvaille allait se passer ainsi, il ne serait jamais venu, c'est certain. Il l'avait aimé, il l'aimait et il l'aime toujours, mais en cet instant, il avait plus l'impression que cet amour était un objet de torture utilisé contre lui. Il avait cette impression, ce sentiment, qu'en face, il n'y avait déjà plus rien. Que fallait-il faire ? Passer à autre chose ? Profiter de cet instant pour partir, elle ne le verrait qu'une fois les yeux ouverts ? Ou bien fallait-il rester ? Affronter cette dur réalité ?
Des erreurs, il en avait commis plus d'une, aujourd'hui, il arrivait à vivre avec. Elisa l'avait beaucoup aider à cela. Mais arriverait-il à vivre avec celle-ci ? Celle-ci, qui l'a fait s'installer en Berry, s'éloigner de la femme qu'il aime, de sa nouvelle famille, de ce cocon de sécurité. Était-il destiné à être ce loup solitaire ? Était-ce cela qui l'attendait réellement ? Une fin de vie pleine de solitude, de tristesse et de remord, après avoir échoué une dernière fois ?

Il ouvrit les yeux à nouveau. Elle fit de même et lança une banalité. Il entendait très bien ce qu'elle disait, mais il n'écoutait pas, il n'écoutait plus. Il était ailleurs. Toutes ses peurs, tous ses doutes refaisaient surface. Un flot sans fin d'émotions négatives qui lui faisait perdre pied. Lorsqu'elle s'éloigna pour s'installer non loin, la bruit d'une forge dans la rue d'à côté, du choc du fer contre le fer, le fit sursauter. Cela recommençait, comme avant.
Comme avant sa rencontre avec Elisa, il sursautait à ce bruit. Sa petite bulle de confort, de sûreté venait d'éclater. Une sueur froide se mit à couler le long de sa nuque, ses mains se remirent doucement à trembler. Il n'était pas dupe, il savait pertinemment ce qu'allait être la suite. Il savait que ce soir, il serait incapable de dormir, les terreurs nocturnes allaient refaire surface, il savait qu'il ne serait plus alaise dans les foules, qu'il ne pourrait plus se déplacer sans regarder par dessus son épaule. Il savait que tout cela n'était que la partie immergé de l'iceberg. Le pire était à venir.

A son tour, il s’assit sur le banc où était déjà présente Elisa. Il n'était plus vraiment maître de lui-même. Il le sentait bien à sa respiration qu'il n'arrivait pas à calmer, malgré tous ses efforts. Il la regarda du coin de l’œil, il regarda les bras de la Malemort. Ces bras qui l'avaient enlacés pendant de nombreuses nuits, qui lui avaient pris la tête, lui permettant de retrouver le sommeil, de se reconstruire. Et cette bouche, cette bouche au goût si fruitée, qu'il avait tant aimer baiser, qu'il avait tant aimer caresser de la pulpe des doigts. Cette bouche, qui en quelques mouvements, venait de complètement l'anéantir. Malgré la présence à quelques centimètres de l'autre, tous deux semblaient se sentir bien seul et désemparer.


Et puis quoi ? Sur ce banc, ce n'était pas Kÿe. Non, ce n'était pas lui. Ce n'était pas l'homme qu'il était devenu. L'homme qu'il est ne lâche pas prise aussi facilement. Il ne baisse pas les bras aussi facilement. Il se bat corps et âme pour ce qu'il aime et aujourd'hui, ce qui l'aime, est juste à côté de lui. A quoi bon vivre si ce n'est pas avec cette femme ? Il a tout donné pour elle et il le ferait encore aujourd'hui, si c'était à refaire, il le referait sans l'ombre d'un doute.
Le vrai Kÿe ose et il ose en cet instant. Il posa sa main sur celle d'Elisa et il va même plus loin, non sans hésitation.


Elisa...Je...je suis très heureux de te voir aujourd'hui...


Sa main était glacée avant de la poser sur celle de la brune. Au contacte, une bouffé de chaleur l'envahit. Elle traversa tout son corps et semblait même se propager dans celui de la Malemort au travers de ce contact. Les lèvres semblaient le brûler. Son esprit voulait s'exprimer, il voulait dire autre chose. Il voulait rajouter une phrase, mais il avait peur d'aller plus loin. Et si elle n'en devenait que plus distante ? Et si elle se levait pour s'en aller et ne jamais se retourner ? Et si ? Et si merde.

- Tu me manques terriblement mon étoile.

Ce n'était pas l'esprit qui venait de s'exprimer. Mais le cœur. Le Noircastel exprimait rarement ses sentiments, il s'ouvrait encore moins, mais quand il le faisait c'était toujours ainsi. De façon inentendu et sincère. Il pensait qu'exprimer ses sentiments, c'était faire preuve de faiblesse, surtout l'amour. Pour lui, l'amour était ce qu'il y avait de plus dangereux au monde. Une arme qui pouvait détruire n'importe qui, n'importe quoi. Hélène et Paris en témoigne, la tragédie grecque en était un criant exemple. Mais pour cette femme, il était prêt à laisser tomber toutes ses défenses et de baisser les armes pour lui ouvrir son cœur.

Sa vie, c'était elle.

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Elisa.malemort
    «Si la mort est un mystère la vie n'a rien de tendre si le ciel à un enfer le ciel peut bien m'attendre. Dis-moi, dans ces vents contraires comment s'y prendre plus rien n'a de sens, plus rien ne va.»
        Mylene Farmer – Désenchantée



Pourquoi cela fait-il toujours si mal ? N’est-il pas si simple de partir, tourner la page, oublier et ne plus aimer ? Pourquoi n’avait-elle pas su l’oublier ? Pourquoi alors que cette relation n’était vouée qu’à la destruction, tout comme elle avait commencé ? Peut-être devrait-elle simplement lui poser la question. Se tourner maintenant qu’il est assis à côté d’elle, le regarder dans les yeux et lui poser simplement la question. Mais la Duchesse ne peut pas. Elle ne peut pas poser ses yeux sur lui, et était-elle vraiment prête à entendre la réponse ? Certainement pas. Elle n’est pas prête à savoir qu’il a refait sa vie, que désormais ses bras enveloppent le corps certainement hideux d’une autre femme, que ses lèvres baisent cette autre femme qui ne sait certainement pas lui rendre tout l’amour et le bonheur qu’il doit lui donner.

« Bon sang Kye, désenchante-moi, je t’en prie ! » Elle avait tellement envie de lui crier cela. Lui demander de lui rendre sa liberté, lui rendre son cœur. Qu’importe le prix, tant que cela fait cesser la douleur et le poids qu’elle ressent tout à coup dans sa poitrine. Elle était venue pour le bonheur de revoir son ami et sa venue dans la famille Aristotélicienne. Et elle se retrouvait là, assise sur un banc de la Cathédrale, le cœur lourd, son regard si noir regardant droit devant elle.
Et c’est là que le drame arriva. Il vient déposer sa main au-dessus de la sienne. C’est là qu’elle ressent alors le contact de sa peau, la douceur de celle-ci et à la fois sa fermeté, se rappelant le moindre de détails de ce qu’a pu lui faire subir cette main, son corps se réchauffe, ses pensées n’ont pas lieu d’être, car cette histoire n’est plus, car le lieu ne s’y prête pas et pourtant, l’imaginaire de la Malemort est envahi de souvenirs avec Lui. Ses paroles sonnent comme le dernier coup de poignard. Il vient de la tuer, à cet instant, dans cette Cathédrale, à Arles. Son cœur explose à ce moment précis, battant tellement vite que l’on peut apercevoir au creux de son cou les battements de celui-ci.

Non, il n’a pas le droit de lui dire cela. Il n’a pas le droit de tout remettre en cause alors que cela fait des mois qu’elle est partie et qu’il n’a rien fait pour la retenir. Il n’a pas le droit ! Sa tête vient alors se tourner pour faire face à cet homme qui lui a volé son cœur il y a 7 ans maintenant. Mais finalement, la douleur la plus violente vient à ce moment précis. La Courageuse ne reconnait pas l’homme qui est assis à côté d’elle. Ce vaillant bonhomme semble tout à coup si fragile, bien plus fragile qu’elle ne l’a jamais vu, même pas dans leur « nuit de plus ». Son cœur se met alors à brûler sa poitrine et instinctivement, tandis que ses yeux n’arrivent pas à se détacher de lui, ses doigts viennent s’entrelacer aux siens, ne formant plus qu’un. Son pouce glissant sur sa peau comme si cette caresse pouvait apaiser bien des maux.

Qu’est-il devenu ? Qu’a-t-elle fait ? C’est alors un sentiment de culpabilité qui envahit le cœur de la jeune femme. Sa deuxième main vient attraper le menton du père de son enfant pour qu’il tourne son visage vers elle. L’océan de ses yeux venant rencontrer la noirceur de la nuit illuminée par une faible lueur, sûrement venu du croissant de lune. Elle reste quelques instants à le regarder, sans un mot, du moins c’est ce que la scène laissait imaginer vue de l’extérieur, et pourtant, ce regard qu’ils s’échangeaient en disait bien long. Mais malgré cela, la Duchesse brisa le silence.


Bien entendu que tu me manques aussi, la douleur est épouvantable.

Et pourtant, le mot était encore bien trop faible. C’était bien pire qu’épouvantable, c’était insoutenable à cet instant. Elle avait mal de ces derniers mois sans lui, elle avait mal de le recevoir, elle avait mal de le voir tout à coup si malheureux et si fragile, elle avait mal car elle était simplement perdue. La Duchesse n’était plus capable de comprendre. Elle n’arrivait plus à réfléchir. Elle avait juste le cœur douloureux, les yeux sombres, et sa main qui ne voulait pas quitter la sienne. Et pourtant.

Désenchante-moi !

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Kye
    « - Après tout ce temps ? - Toujours »
        Albus Dumbledor & Severus Rogue, Harry Potter Tome 7



La main de la Malemort ne s'éloigna pas. Au contraire, elle s'approcha encore plus. Elle se serra à cella du Noircastel. Ce petit geste insignifiant pour n'importe qui d'autre avait un côté salvateur pour le vieux loup. Ce n'était pas suffisant pour oublier la douleur de l'instant passé, mais c'était suffisant pour se sentir légèrement mieux. Elle semblait vouloir rester et lui ne voulait pas la laisser partir, alors pour s'assurer qu'elle reste encore, il serra à son tour légèrement la main. Il ne souhaitait pas qu'elle s'éloigne à nouveau, il ne voulait pas la voir partir, pas encore, pas une fois de plus. Mais au plus profond de lui, il savait, il savait qu'il n'aurait pas le choix, que demain ou ce soir, il y aurait de nouveaux un au revoir. Un dont il ne voulait pas. Il n'en voulait plus, tout ce qu'il désirait en cet instant, c'était de rester avec elle. Ici, ailleurs, peu importe, mais avec elle.

Et puis, il y eut ce regard. Cet échange. Silencieux, pendant quelques secondes. Ce regard qui en disait long, bien plus que tous les mots qu'ils pouvaient s'échanger, bien plus que toutes les lettres qu'ils pouvaient s'envoyer. Les mots pouvaient mentir, mais les yeux eux, non. Ils sont le reflet de l'âme, apprenez à les lire et plus rien n'a de secret pour vous. Kÿe connaissait les regards d'Elisa par cœur, il savait quand se taire, quand parler, quand agir et quand ne rien faire. Il l'avait appris, avec du temps, bien évidemment, c'est ainsi qu'il avait appris à la connaître, avec du temps.

La silence finit par être brisé. Non pas par le Noircastel, mais par la Malemort. Un aveux. Des plus agréables à l'oreille au premier abord, mais pourtant douloureux à entendre ensuite. Quel homme était-il pour faire souffrir ainsi la femme qu'il aimait tant ? Il se détestait. Les choix qu'il avait fait et qui lui semblaient encore juste il y a quelques heures, il les regrettait tous.
Le regret. Pourtant Kÿe n'était pas homme à regretter. Il allait toujours de l'avant, il regardait jamais dans le passé. Il n'était jamais désolé pour ce qu'il faisait. Il apprenait à vivre avec les erreurs qu'il commettait. Mais là, les choix qu'il faisait depuis quelques mois, il les regrettait tous en voyant Elisa ainsi, en entendant cette phrase. Bien qu'elle était le dénominateur commun de tous ses choix, il voyait en cet instant qu'elle n'était pas du bon côté de l'équation. Il comprit que sa place n'était pas là-bas, ailleurs, loin d'elle, mais là, ici, à côté d'elle. Etait-il trop tard pour revenir sur cette décision ? La question lui traversa l'esprit. Accepterait-elle qu'il revienne avec elle ?

Je suis tellement désolé.

Il était bien plus que désolé. Il regrettait totalement. Il s'approcha un peu plus d'elle, leurs corps se touchaient désormais par la hanche et la cuisse en plus des mains toujours entrelacés. Il posa son front contre celui de la Malemort. En huit mois, c'était la première fois qu'ils étaient aussi proche. En huit mois, c'était la première fois qu'ils parlaient aussi.
On dit que les quais des ports ont vue des baisers bien plus sincères que ceux des églises et cathédrales. Et lorsque le Noircastel posa ses lèvres contre celle de la Malemort, il y avait toute la sincérité du monde. Il n'y avait aucun mensonge, aucun jeu, juste de l'amour. Un amour pur, à l'état brute, que même le temps n'avait pas su polir, que même la distance n'avait pas su éroder. Cet amour, malgré toutes les épreuves, toutes les difficultés qu'ils avaient pu rencontrer, avait su rester intact. En huit mois, c'était la première fois qu'ils s'embrassaient.

Et malgré tout ce temps...



Je t'aime toujours.
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Elisa.malemort
    «Heartless*. How could you be so heartless ?** Bandit un peu maudit, un peu vieilli…»
        Christine and the queen– Paradis perdus



Les mots prononcés entre les lèvres du loup blanc sont de plus en plus difficiles à entendre pour la Malemort. Le fait-il exprès ? Doit-il réellement ouvrir son cœur, maintenant ? Ici ? Après tout ce temps séparé ? Alors qu’elle s’est enfin décidée à essayer de faire une croix sur le passé. Essayer de faire oublier à son cœur les battements rapides qui lui prennent quand il le voit, l’entend, le lit, le sent ou le touche. Oublier ces merveilleux moments qu’ils ont vécu, oublier les promesses qui ne seront jamais tenues. Tourner la page pour permettre à son cœur de se panser de cette douleur qui chaque jour le hante et l’affaiblit un peu plus.
Es-tu vraiment désolé Kye ? Es-tu vraiment capable de regretter que ta famille ou ton passé ont pu une nouvelle fois nous séparer ? Je ne crois pas. Cette difficulté sera toujours là, ton Berry tu ne le quitteras pas, ta famille continuera de me détester… Alors pourquoi s’acharner à nous faire souffrir ?
Sans s’en rendre compte, les doigts fins étaient venus se serrer un peu plus fortement encore aux doigts de son vieux.


Tais-toi.

Le ton avait été ferme et pourtant sa voix était tremblante, tout comme son corps tout entier qu’elle n’arrivait plus à contrôler. Chaque fois qu’il ouvrait la bouche, pour parler, pour respirer, la Malemort aurait pu mourir de bonheur. Juste après avoir ressenti le bonheur de son souffle chaud contre elle, et sa voix qu’y l’avait tant de fois apaisée. Avaient-il oublié qu’ils se trouvaient dans une Cathédrale ? Oui, clairement, ils n’étaient que deux, juste eux à défaut de n’avoir jamais été qu’un. Mais le Noircastel se senti tout à coup l’âme d’un guerrier sans craintes, oubliant que la Malemort peut parfois sortir les griffes, leurs lèvres se collent alors, s’unissant d’abord légèrement jusqu’à s’accorder un peu plus l’une à l’autre. Les prunelles noires de la Duchesse se sont fermées. Son corps s’est d’abord tendu avant de s’abandonner à ce baiser inattendu, surprenant mais surtout volé ! Et pourtant, la jeune femme ne bouge pas, seules ses lèvres continuent de profiter de cette étreinte qu’elles n’avaient plus connue depuis huit mois. C’est alors que son cœur vient se joindre à l’étreinte, tambourinant de toutes ses forces dans sa poitrine, il aurait pu en sortir, cela lui faisait presque mal tellement celui-ci battait fort.

Et puis, l’esprit de la Malemort réalisa enfin que cela n’était pas le battement violent de son cœur qui lui faisait mal. Mais bel et bien ce baiser qu’il venait de lui voler et auquel elle n’avait pas encore mit fin, depuis plusieurs secondes. Car c’est exactement ce type de comportement qui pourrait la faire craquer de nouveau. Car c’est exactement ce type de baiser qui pourrait la renvoyer directement dans ses bras oubliant combien cela peut également faire mal et combien cela peut-être difficile.
Alors, ses prunelles noires viennent de nouveau s’ouvrir. Regardant le loup contre elle. Tentant de regrouper toutes ses forces, le corps de la Malemort vient se gainer pour retirer sa tête en arrière et mettre fin à ce baiser voler. Comme si le poids de sa tête à ce moment précis pesait aussi lourd que le chargement complet d’une calèche revenant de sa récolte productive de maïs. Son cou prêt à lâcher. Mais celui-ci résiste, car il le faut. Car elle ne doit surtout pas craquer.
A croire que le baiser ne lui suffit pas. A croire qu’il est insatiable. Alors que le baiser prend fin, il ouvre la bouche et les mots sont alors aussi douloureux qu’une lame en plein cœur. La Malemort n’a pas d’autres choix. Elle doit se défendre, elle doit se protéger. Il n’a pas le droit de lui marcher ainsi dessus. Il n’a pas le droit de la piétiner ainsi sans penser aux conséquences, sans penser à sa douleur.
Un donné pour un rendu. La main droite de la Malemort se lève, les prunelles sont redevenues sombres, elle a mal à cet instant précis. Elle veut fuir, loin, très loin de lui. Car elle ne veut plus souffrir, et qu’il lui fait mal. Alors d’un geste précis, ses doigts s’abattent comme une sentence terrible. Le claquement vient résonner dans toute la nef. Certains regards se tournent vers elle, mais la Malemort ne les voit pas. Ses yeux sont toujours rivés sur lui, dans le bleu de ses yeux. Sa main est redescendue, et pourtant, le Noircastel porte toujours la trace sur sa joue, rouge, sanglante, vive, l’une de ses bagues et même venue lui blesser légèrement la joue où une perle de sang est venue se former.
La Duchesse tremble plus que de coutume. Sa voix semble bien roc tout à coup.


Tais-toi ! Tais-toi ! Tu n’as pas le droit !

Elle aurait pu le supplier à cet instant précis. Le supplier d’arrêter de se jouer d’elle. Le supplier qu’il la laisse. Le supplier pour qu’il guérisse son cœur qui lui fait si mal. Le supplier pour qu’il vienne apaiser ses maux comme il le faisait autrefois, mais comment pourrait-il alors qu’il est lui-même le lien de causalité ?

Oh Kye, que m’as-tu fais ?






* Heartless : Sans coeur
** How could you be so heartless ? : Comment pouvais-tu avoir si peu de cœur?

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Kye
    «Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tends-lui aussi la gauche»
        méditation biblique sur l’éthique du sermon sur la montagne



La douleur était vive. Il avait cette sensation de brûlure sur la joue, elle ne l'avait pas manqué. Elisa n'y avait pas mis beaucoup de force, mais elle y avait mis toutes les émotions qui l'habitaient, toutes les émotions qu'elles avaient retenu pendant 8 mois, toutes ses frustrations, tous ses doutes, toute sa tristesse, toute sa colère. Dire que Kÿe ne méritait pas cette claque serait un mensonge, bien-sûr qu'il la méritait et elle eut le même effet sur lui qu'un coup de massue sur la tête.
Il avait tourné la tête en même temps que la main frappait la joue. Il était quelque peu sonné, déboussolé. Les retrouvailles étaient frappantes, marquante, car après la sensation de brûlure, c'était une sensation de picotement qui s'installa sur sa joue. Il saignait, il le savait. Il n'avait pas besoin de toucher l'impact pour le savoir.

Elisa et Kÿe n'étaient pas du genre à se donner en spectacle. Ils avaient toujours eu pour habitude de régler leur soucis dans le cadre du privée. Mais comment faire, lorsque se cadre n'existe plus ? Depuis 8 mois, ils vivaient à plusieurs centaines lieux l'un de l'autre. Alors difficile d'avoir un endroit où on peut se retrouver. Non, avec cette distance, on est seul avec ses doutes, avec ses peurs, avec toutes les émotions négatives qui peuvent nous envahir lorsque l'être aimé est loin de soit. Se contacter ? Les courriers mettent plusieurs jours pour arriver au destinataire, la réponse autant pour arriver, pendant ce laps de temps, vous avez le temps de mourir au moins quinze fois.

Et puis, il tourna à nouveau la tête pour lui faire face. Deuxième round.

Il la regarde longuement. Elle ne s'était pas réellement détachée de lui, elle avait reculé la tête, mais les corps étaient toujours aussi collés, sa main serrait encore plus celle de Kÿe. Pendant tout ce temps, elle ne l'avait pas lâché, lui non plus. Il ne voulait pas qu'elle s'éloigne et il ne voulait pas non plus partir.
Sans crier garde, il l'embrassa à nouveau. Le baiser était beaucoup plus court que le précédent. Il savait intérieurement que la deuxième n'était pas très loin et qu'il devait faire vite, alors il parla avant qu'elle n'agisse.


- Non, je ne me tairai pas. Je ne peux retenir cela un instant de plus.
Je suis désolé de t'avoir laissé partir seul il y a huit mois. Je suis désolé de t'avoir infligé cela, désolé de nous avoir infligé cela. Il ne se passe pas un seul moment sans que je ne regrette cette décision et si je pouvais revenir en arrière pour m'empêcher d'agir ainsi, ô mais je donnerai n'importe quoi pour avoir cette chance et m'en empêcher.

Je ne peux imaginer à quel point ces mois ont été difficile pour vous tous. Mais si tu penses, que pour moi, cela n'a pas été le cas, alors tu trompes comme jamais. Il ne s'est pas passé un seul instant, depuis la minute où tu es partie, sans que je n'ai eu l'envie de te revoir, de te retrouver. Pourtant, je suis resté au Berry, aussi longtemps que j'ai pu, parce que j'avais à cœur de redorer le blason de ma famille. Te souviens-tu de cela ? C'était lors de nos première soirées, j'avais posé un genoux à terre devant toi, faisant promesse de donner ma vie pour toi, alors que toi, tu disais m'aider à redorer ce blason. Je pensais pouvoir y arriver en Berry, que ce serait là un acte qui me rendrait fier, qui nous rendrait fier, tous.

Aujourd'hui, tout ce que j'ai envie de dire, c'est, au diable cette famille, au diable ce blason, au diable le Berry, au diable tout ce qui peut me rattacher à mon lointain passé.
Que la colère divine s'abatte sur lui pour jurer ainsi dans un lieu sacré. Cela aurait un effet libérateur sur le Noircastel, plutôt mourir que de vivre sans cette femme. De tout cela, je n'en veux plus. Je veux juste passer du temps avec toi, je ne veux plus manquer une seule minute à tes côtés. Je ne peux plus m'imaginer une seule minute sans être à tes côtés, je préférais mourir que d'avoir à vivre à nouveau sans toi.

Alors, frappes-moi encore si tu le souhaites, cries-moi dessus si tu le souhaites, mais saches que j'ai été honnête avec toi, je ne suis pas de ceux qui se jouent des sentiments des autres. Je ne l'ai jamais fait avec toi et ce n'est certainement pas aujourd'hui que je vais commencer.



Le vieux loup était un peu essoufflé, il avait parlé vite et beaucoup. Il n'était pas habitué à s'exprimer ainsi et encore moins à exprimer cela. Intérieurement, il sentait comme une délivrance. Il avait tout un poids sur le cœur, quelque chose qui grossissait de jour en jour depuis le départ d'Elisa et qui avait fini par exploser aujourd'hui.
Il regarda la main libre d'Elisa, elle était toujours armée. Il regarda l'autre main, celle qu'il serrait toujours dans la sienne, qu'il serrait même un peu plus fort qu'avant son monologue, elle portait toujours la bague de fiançailles qu'il avait offerte, souvenir d'une époque pas si lointaine et qu'il espérait pas terminée. Il posa sa main libre dessus et puis il ferma les yeux quelques instants.

Quelques instants suffisant pour une deuxième claque ou une colère divine.

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Hull19
Le Cardinal regarda Gregory. Il parla simplement, le moment étant inutile à longuement expliquer ou narrer en sa mémoire.

"Mon fils, illuminez ma lanterne sur ces deux-là." fit-il, en regardant Elisa et Kye qui avaient été interpellés un peu plutôt par le futur marié. Simplement dit, puisqu'il ne devait pas leur demander à sortir s'expliquer dehors, la violence n,étant jamais une chose admise en les lieux sacrés.
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Gregory_house
Pardonnez-moi mon Éminence... Je vais demander aux "enfants" de se calmer un peu.

La conversation entre les deux anciens amoureux - ou ex-ancien amoureux ? - n'avait échappé à personne. Chaque parole avait trouvé une oreille sans même le vouloir, l'effet d'écho dans la cathédrale provenant de la réverbération de sons sur les parois de l'enceinte. House alla donc voir Kye et Elisa, dont il apprenait la séparation. Il y a huit mois... n'était ce pas la dernière fois que le boiteux les avait vu avant leur déménagement ?

Désolé de jouer les troubles fêtes... mais la cérémonie va bientôt débuter. Mais il vous faudra régler cela plus tard ou maintenant mais à l'extérieur. Non que je sois contre un peu de distraction mais par respect pour ce lieu et son Éminence Hull.


House avait pris un ton légèrement ironique, ne souhaitant pas en rajouter plus qu'il n'en fallait dans leur difficile retrouvaille.
Hull19
L'Éminence Hull sourit doucement et le laissa faire. Il ne voulait pas importuné ni les retrouvailles, ni le sacrement qu'il devait célébrer pour la foi de Gregory.
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Elisa.malemort
    «J'ai eu peur de me faire briser le cœur, une deuxième fois. J'ai eu tellement de mal à m'remettre, j'voulais pas risquer d'souffrir à nouveau. J'avais pas l'courage d'affronter les sentiments qu'j'ai pour toi.Voilà à quoi j'ai passé tout mon été : à penser à toi, mais j'ai jamais eu le courage de l'admettre..»
        One tree hill


Deuxième round, oui. Même pas le temps de boire une gorgée qu’il faut déjà mener une deuxième bataille. Alors que la première n’est même pas encore digérée. Alors que la première fait encore mal. Les yeux noirs sont rivés dans l’océan bleu face à elle. Ses doigts blottis contre les siens, pour ne surtout pas briser l’étreinte. Elle aurait aimé que ce moment ne se fasse pas ici, pas ainsi, pas comme ça. Elle aurait aimé peut-être un peu plus d’intimité afin que les mots, les gifles, les regards et les étreintes ne soient pas fait à la vue de tous. Mais il en était autrement, il fallait s’en accommoder, car il n’y aurait rien d’autre. Une fois la cérémonie terminée, la Malemort s’en irait. Elle reprendrait la route vers le Maine où ses enfants et sa nouvelle vue l’attendaient.

Mais la Duchesse n’eut même pas le temps de réfléchir plus, que les lèvres du Noircastel viennent de nouveau se plaquer contre les siennes. Est-il devenu complètement fou ? Est-il complètement demeuré pour tenter de nouveau le diable ainsi ? Sa gifle n’a-t-elle pas assez claqué ? Ne l’a-t-elle pas assez secoué ? Peut-être que justement le problème était là. Kye pouvait accepter les actes, mais les mots lui faisaient bien plus mal. Comme il avait toujours eu du mal à lui dire les choses. Alors, c’est un peu abasourdi que la Malemort l’écoute. Il semble tout à coup si bavard, si sincère, si beau parleur quand même. Il s’excuse, il regrette, il demande à être pardonné, il se livre, entièrement, il dit tout, il raconte tout. Comme jamais il ne l’avait fait jusque là.

Car si Kye lui avait déjà tout raconté sur son passé, sur sa vie, sur sa famille, sur ses angoisses, sur ses craintes. Jamais. Oh non, jamais il n’avait ouvert ainsi son cœur sur leur relation et sur cet avenir qu’ils trouvaient tous les deux si incertain. Les oreilles de la Malemort n’ont jamais été aussi attentives. Son esprit aussi captivé par tous les mots qu’elle entend et qu’elle comprend. Tout n’est pas agréable à entendre, et pourtant, même la douleur fait du bien. Ses yeux viennent jusqu’à se remplir de perles salées qui inonde ce noir si profond de ses yeux. L’une de ses perles vient glisser le long de son œil, et rapidement la main libre de la Malemort vient l’effacer. Cela n’est ni le lieu ni le moment pour ça.
Il fini par se taire. Le silence alors semble si pesant pour la Duchesse.
Oh non, clairement non, elle n’a pas envie de le gifler à ce moment précis. Elle aurait envie de le tuer tout en l’embrassant fougueusement. Car il la rend complètement folle, par l’esprit et folle d’amour. Tout comme il est fou lui-même.
Se détourner de sa famille ? Elle ne lui a jamais demandé et ne lui demandera jamais. Malgré la difficulté de celle-ci, elle ne pourrait jamais lui demander de choisir. Et pourtant, n’est-ce pas inconsciemment ce qu’elle fait. Puisqu’il est obligé de choisir entre le Berry et elle. Car Berry et Elisa sont incompatibles.

Mais elle n’a pas le temps de répondre. Sans s’en apercevoir, Gregory est déjà à leur hauteur. La Malemort tourne alors la tête en l’entendant parler. Tout à coup la Duchesse est prise de honte. Ses prunelles noires font le tour de la Cathédrale pour se rendre compte qu’ils sont devenus l’attraction du jour. Elle répond alors à Gregory.


Pardonne nous. Nous cessons immédiatement. La cérémonie peut commencer.

Puis elle tourne immédiatement la tête alors vers Kye. Son regard est bien plus sombre, ses sourcils légèrement froncés. Et au même moment où elle lui parle, ses doigts se serrent un peu plus fort sur sa main.

C’est de votre faute si nous nous faisons remarquer ! Je vous avais dis de vous taire. J’avais encore raison.

Et la Malemort qui tourne la tête pour regarder le Cardinal, baissant légèrement la tête et les yeux afin de lui faire comprendre qu’elle est réellement navrée. La cérémonie pouvait commencer. La scène d’un ménage, pourtant terminé, était clôturée.

A vous les studios !

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Laodin
Etant tout récemment sorti de sa pastorale à Dié, Laodin approchait, à une allure enjouée, des portes de la ville d'Arles, qu'il avait eu brièvement l'occasion de visiter ces derniers mois. L'invitation au baptême de Gregory_house l'enchantait, car celui-ci s'avérait être un ami de longue date en plus d'un homme tout ce qu'il y avait de plus respectable, heureux de vivre et heureux de le communiquer à qui s'y montrait réceptif. Ainsi, pensant faire une bonne action et célébrer comme il se le devait cet événement, Laodin se triturait les méninges pour savoir quel présent offrir au bourgmestre de Montélimar. Autour de lui et devant lui défilaient des échoppes aux couleurs de l'été ; mais aucune ne l'éclairait spécifiquement sur ce qu'il désirait en cet instant précis et dont il ignorait pourtant la nature, la forme, voire, à y penser, le goût. Un poisson ? Guère original, d'autant plus qu'il ne manquerait pas de détonner dans un décor comme celui de la cathédrale. Une canne de meilleure qualité que celle que possédait déjà Greg ? M'enfin, la réponse se trouvait dans la question, sans compter qu'il devrait faire trois fois le tour de la cité pour espérer en dénicher une à peu près convenable. Une boîte de friandises ? Un peu éculé, mais...Bah, tout le monde apprécie une attention légère, sucrée et rapidement consommable. Des friandises, voilà ce qu'il cherchait.

Bifurquant à un coude de la rue, le jeune homme était en train de se représenter son arrivée triomphale, juché sur un palefroi blanc, remontant le perron de la cathédrale avec un sachet en toile sous le bras...quand il s'écrasa nez et poitrine sur du crottin de cheval, directement issu d'une écurie jouxtant les remparts. Majesté des ordures, il s'imposa en ce jour comme le triomphe de la malchance, araignée désarticulée dans sa propre toile. Ses habits, autrefois de magnifiques atours noir et mauve, arboraient désormais des nuances écœurantes, sorties de leurs repères habituels. Il se retint à grand-peine de jurer devant l'immonde portrait qu'il donnait à voir aux passants, dont certains gloussèrent en le dépassant. Un pourpoint de si belle qualité ! N'avait-il point honte de multiplier les coups du sort, surtout en une journée si spéciale ? Il sentait singulièrement mauvais, comme s'il avait vécu dans les égouts pendant une année entière, sans air à respirer ni eau saine à boire. Bientôt, on le prendrait pour un mendiant, et tout ce qu'il pourrait rapporter à Greg serait alors une bourse à moitié vide et une incitation à la charité. Il se détestait en ce moment même. Il se lava quelques minutes à la pompe d'un puits commun, espérant faire illusion auprès des commerçants ; mais quand il vint leur demander plusieurs de leurs meilleures confiseries, ceux-ci le renvoyèrent comme un malpropre, avant même de poser les yeux sur ses écus scintillant au soleil. Laodin renouvela ainsi ses nombreuses tentatives, sans jamais parvenir à mettre la main sur le moindre de ces délices. Au bout d'un moment, il lui fallut se rendre à l'évidence : le temps tournait, et Greg devait sûrement s'inquiéter de ne pas le voir arriver, alors que la cérémonie approchait sûrement à grands pas. Le jeune homme regarda autour de lui, fouilla ses poches, et eut l'éclair de génie qui sied en de pareilles circonstances.

Il me reste des nougats de Montélimar...songea-t-il avec désespoir.

Le temps de se nettoyer le visage et de faire sécher ses vêtements après les avoir vigoureusement frottés avec une brosse, il rejoignit le parvis de la cathédrale tant bien que mal, ramenant sa cape sur les endroits qui avaient été les plus touchés. En face dominait l'imposant portail et ses décorations somptueuses, qui l'accusait presque de le toiser sans cligner des yeux. Il espérait ne pas trop puer.

L'intérieur était cependant bien plus impressionnant que la façade : sa voûte en berceau s'élevait à des hauteurs insoupçonnées, tandis que sa nef, plus longue que toutes celles qu'il avait pu voir, semblait mener vers une abside lointaine, presque minuscule de son point de vue. Un joli petit monde conversait, parmi lequel une figure vêtue d'une robe noire, qu'il identifia comme étant le fameux évêque Hull dont Greg parlait. Ce dernier était d'ailleurs aux prises avec deux personnes qu'il ne connaissait pas, mais qui lui paraissaient fort bien habillées. Mais ce fut un autre visage familier qui vint le trouver, auquel il adressa un grand sourire.

- Sixtine ! Ravi de vous revoir.

Bien sûr, son étonnement était feint car il s'attendait à la voir en compagnie de son futur époux, mais il est toujours plus agréable de se sentir la cause d'une très heureuse surprise. Sa joie de la retrouver, en revanche, était bien réelle. Sans plus attendre, il avança et tomba sur deux autres têtes connues, qu'il salua chaleureusement.

- Alexia et Cams ! Voilà longtemps que je ne vous avais pas vus. Vous ne volez pas votre place à ce baptême ; j'espère que vous vous y sentez bien.

Ses derniers pas l'amenèrent à son vieil ami dont il tapota l'épaule.

- Et voici le fabuleux Greg ! Je vous ai apporté quelque chose. Tenez, c'est cadeau.

Et sur ce, il lui remit un paquet qui contenait, à sa non-connaissance, les plus dégoulinants et amers des nougats qui eussent jamais été proposés à un être humain.
Hull19
Le Cardinal-Archevêque remonta à la nef centrale : tout le monde étant présent... ou presque! Sans plus attendre, il prit la parole.

"Mes bien chers frères, mes biens chères sœurs, nous sommes réunis ici aujourd'hui pour un évènement important qu'est le premier pas de chaque fidèle dans notre communauté. Aujourd'hui nous allons accueillir un nouveau membre parmi nous, un nouvel enfant du Seigneur qui a trouvé la voie et s'y engage, lui permettant de faire un pas de plus vers la rédemption et le paradis solaire, ainsi que de vivre son amour dans les principes de notre Église et de l'Amitié Aristotélicienne.

Mais avant de faire cela pour notre bon Gregory, et pour qu'en ce jour soit fait table rase du passé, je vous invite à confesser à notre Seigneur vos péchés et à vous en soulager. Faites maintenant pénitence et repentance de ces actes, de ces dires, ou de ces pensées que vous avez regretté. Dieu est Amour et Amitié, alors il nous permet de nous confesser et de demander le pardon et d'obtenir l'absolution. Il n'y a rien que le Tout Puissant ne peut pardonner.

Si vous pensez être un modèle de vertu, alors vous êtes prétentieux. Si vous pensez n'avoir jamais péché, alors vous êtes hypocrite. La créature Sans Nom est toujours là, tapi dans l'ombre, elle peut prendre toute les formes pour nous tenter, et nous faire sortir du droit chemin, de nous faire oublier l'amour. Elle prend parfois des formes étranges et trompent ainsi ceux qui croient en l'égalité des hommes, les détournant de l'ordre établi par le Tout Puissant. N'ayez pas honte de ce que vous êtes, n'ayez pas honte de votre situation. Vous êtes des enfants du Seigneur et Il a donné à certains un rôle plus important qu'à d'autre. Tous vont péché, et tous pourront trouver le pardon, que vous soyez croyant, fidèle, laïc ou prêtre. Vous devez en être fier, tenir votre rôle comme il se doit et adapter votre comportement selon la place que vous occuper avec ceux qui vous sont inférieurs, mais aussi ceux qui vous sont supérieur. Alors vous Lui rendrez honneur.

Mais jusqu'à ce que vous y parveniez, et Il sait que l'homme est par nature imparfaite... il aura toujours du mal à trouver le juste équilibre entre humilité et prétention. Je vous invite donc à vous confesser à travers la prière. Bien évidemment, je reçoit aussi en séances confessionnelles privés, horaires et lieux selon l'age du fidèle, discrétion assurée, aucune discrimination entre homme et femme.
"

Il sourit en coin. C'est beau l’Église. Mais ceci dit, la prière n'allait pas se commencer toute seule à moins qu'il pointe quelqu'un! Il leva donc les bras et entama la prière que tous devaient répétés.




"Je confesse à Dieu Tout-Puissant, à tous les Saints, et à vous aussi, mes amis,
parce que j'ai beaucoup péché, en pensée, en parole, en action.
Je supplie tous les Saints, et vous, mes amis, de prier le Créateur pour moi.
Que le Très Haut nous accorde le pardon, l'absolution et la rémission de tous nos péchés.
"

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