Kachina
La Bretagne, ça vous gagne, avait dit l'autre. Il avait raison...
Elle tombait amoureuse de cette contrée là, comme on s'éprend de suite d'un homme trop beau. Sans bien comprendre, sans le vouloir vraiment.
Eblouie par ces landes sauvages qu'ils traversaient à cheval, comme par ces frais bocages aux parfums de blés fraichement moissonnés.
Et les côtes sauvages aux falaises mordues inlassablement par les vagues la voyaient plantée là, de longues heures, jupes plaquées aux cuisses par le vent du large, à regarder l'horizon.
Pourtant, ils l'agaçaient parfois ces gens du coin, avec leurs "demat", leur chouchen et leur langage à eux. Qu'ils revendiquaient comme on brandit un gonfalon avant la bataille. Se réclamant de cette terre, comme elle s'était jadis réclamée des Comminges.
Sauf qu'en parlant de batailles, mis à part l'océan , Breizh semblait endormie sous le ciel d'été. Nul korrigan pour leur faire des farces, nulle fée Morgane pour leur jeter un sort et nul enchanteur...Quoique....
C'était une évidence que la Bretagne roupillait sous la chaleur de ce mois d'aôut.
Tout comme elle... A vrai dire..qui somnolait, affalée contre une meule de foin, chassant d'une main agacée une mouche insolente qui venait agacer son épaule.
Ils avalaient chaque jour des lieues, dans des nuages de poussières, sous un soleil de plomb ou des averses incroyables qui leur donnaient l'air de chiens mouillés quand ils cherchaient refuge dans une taverne à l'enseigne accueillante.
Alors, elle savourait simplement cette pause, muscles fourbus et fesses talées par le cuir de la selle, ouvrant de temps en temps les yeux sur une immensité bleue sans aucun nuage. Avant de les refermer dans un soupir alangui.
Instant parfait, jusqu'à ce qu'un mioche du coin accourt à elle, porteur d'une missive. Elle se redressa, clignant des yeux pour échapper aux rayons d'un soleil enflammant les toits de chaume au loin autant que les chevelures des filles.
Au delà du pont de pierre qui reliait ce champ au village, le clocher égrenait les heures. Elle l'ignora, trop paresseuse pour compter, s'empara du pli, et offrit au gosse quelques framboises sauvages fraichement cueillies avant que sa bouche ne s'étire en un sourire intrigué en reconnaissant l'écriture sur le parchemin.
De Andrea_ d'La Plume
Ma Kachi,
Je viens de passer dans la ville qui nous a rapprochées, Saint Bertrand, et je me demandais ce que tu devenais. J'espère que tu vas bien, je sais que tu es toujours debout, car rien jamais ne saurait te mettre à Terre.
Es tu toujours aussi malchanceuse que moi en Amour? A moins que ça ne soit l'inverse... Peut être l'Amour n'est il pas fait pour nous, toujours ce besoin d'y croire, de se donner avec passion, pour finalement tout perdre à nouveau...
Un jour viendra où même notre coeur nous quittera.
Je t'embrasse,
Dea
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Elle tombait amoureuse de cette contrée là, comme on s'éprend de suite d'un homme trop beau. Sans bien comprendre, sans le vouloir vraiment.
Eblouie par ces landes sauvages qu'ils traversaient à cheval, comme par ces frais bocages aux parfums de blés fraichement moissonnés.
Et les côtes sauvages aux falaises mordues inlassablement par les vagues la voyaient plantée là, de longues heures, jupes plaquées aux cuisses par le vent du large, à regarder l'horizon.
Pourtant, ils l'agaçaient parfois ces gens du coin, avec leurs "demat", leur chouchen et leur langage à eux. Qu'ils revendiquaient comme on brandit un gonfalon avant la bataille. Se réclamant de cette terre, comme elle s'était jadis réclamée des Comminges.
Sauf qu'en parlant de batailles, mis à part l'océan , Breizh semblait endormie sous le ciel d'été. Nul korrigan pour leur faire des farces, nulle fée Morgane pour leur jeter un sort et nul enchanteur...Quoique....
C'était une évidence que la Bretagne roupillait sous la chaleur de ce mois d'aôut.
Tout comme elle... A vrai dire..qui somnolait, affalée contre une meule de foin, chassant d'une main agacée une mouche insolente qui venait agacer son épaule.
Ils avalaient chaque jour des lieues, dans des nuages de poussières, sous un soleil de plomb ou des averses incroyables qui leur donnaient l'air de chiens mouillés quand ils cherchaient refuge dans une taverne à l'enseigne accueillante.
Alors, elle savourait simplement cette pause, muscles fourbus et fesses talées par le cuir de la selle, ouvrant de temps en temps les yeux sur une immensité bleue sans aucun nuage. Avant de les refermer dans un soupir alangui.
Instant parfait, jusqu'à ce qu'un mioche du coin accourt à elle, porteur d'une missive. Elle se redressa, clignant des yeux pour échapper aux rayons d'un soleil enflammant les toits de chaume au loin autant que les chevelures des filles.
Au delà du pont de pierre qui reliait ce champ au village, le clocher égrenait les heures. Elle l'ignora, trop paresseuse pour compter, s'empara du pli, et offrit au gosse quelques framboises sauvages fraichement cueillies avant que sa bouche ne s'étire en un sourire intrigué en reconnaissant l'écriture sur le parchemin.
De Andrea_ d'La Plume
Ma Kachi,
Je viens de passer dans la ville qui nous a rapprochées, Saint Bertrand, et je me demandais ce que tu devenais. J'espère que tu vas bien, je sais que tu es toujours debout, car rien jamais ne saurait te mettre à Terre.
Es tu toujours aussi malchanceuse que moi en Amour? A moins que ça ne soit l'inverse... Peut être l'Amour n'est il pas fait pour nous, toujours ce besoin d'y croire, de se donner avec passion, pour finalement tout perdre à nouveau...
Un jour viendra où même notre coeur nous quittera.
Je t'embrasse,
Dea
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