Ari sursauta à l'appel de son nom.
-Hein, quoi? Moi? Monter à bord?Il avait dit quoi? "Gouvernail"? "Manoeuvre"?
Le temps de réagir, messire Henris continuait son appel. Une dénommée Ana, qu'Ari ne connaissait pas, fut appelée à son tour. Ari se démantibula la tête pour voir où était la dame en question, et voir ce qu'elle allait faire. Elle se hissa sur la pointe des pieds, pour repérer Ana. Mais Henris appela en suivant Galla et l'invita aussi à monter à bord.
Ari eut un instant de panique. Elle aussi devait donc monter à bord?
Sur un bateau qu'un colosse devait lancer?
Et s'il le lançait trop loin?
Ou trop profond?
Et si les rames étaient trop courtes, pour revenir vers la terre?
Elle failli faire demi tour. Mais tout le monde regardait les trois élues, et Ari n'eut pas le courage de faire cet affront à ses nouveaux amis. Et puis le bateau était toujours à terre, le colosse n'était pas en vue, donc elle aurait le temps de descendre fissa dès qu'elle verrait arriver un géant musclé.
Alors elle se résigna,et entreprit de franchir la passerelle. Ca grimpait! Et c'était pas large! Rien à voir avec une barque, mais pour se donner du courage, Ari imagina qu'elle montait dans son solide petit esquif.
Arrivée sur le pont, l'illusion se dissipa. Impossible de confondre avec une barque, si large soit-elle. Elle se sentait réellement intimidée, pourtant il lui en fallait beaucoup! Pour se rassurer à nouveau, elle donna quelques coups de talons sur le pont. Ca semblait solidement assemblé.
En regardant la foule, en bas, elle eut même un peu le vertige, et s'éloigna du bastingage. Elle tapota la carapace de Francis, douillettement blotti dans sa poche, pour le rassurer. Lui non plus n'aurait pas aimé se voir aussi haut, plus proche du ciel que de la terre.... à quelques empans près!
Quand son dos heurta le mât, elle ne put aller plus loin sous peine de se rapprocher de l'autre bastingage.
C'est pas qu'elle avait peur, Ari, mais elle n'était pas rassurée.
Ce bateau était trop haut, trop en bois, trop destiné à flotter.
Derrière elle, le clapotis venait heurter les rivages, et au large, les vagues barraient d'une pâle trainée mousseuse l'immensité de l'océan, et ça, Ari ne voulait même pas le voir. Un lac, bien tranquille, ça faisait son bonheur. Un océan grondant la terrifiait.
Ce bateau était trop petit, trop en bois putrescible, trop destiné à couler!
C'est pas qu'elle avait peur, Ari... mais elle était foutûment inquiète!
Edité pour corriger le "monter à bord"
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