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Parfois, on n'a pas coeur à briser les rêves d'autrui, alors on les entretient, pour le meilleur et pour le pire. Surtout le pire ?

[RP] Les terres de Quatre-Petits-Points

Samsa
    "Je t'offre un titre formidable,
    La ballade des gens heureux.
    Je t'offre un titre formidable,
    La ballade des gens heureux."
    (Gérard Lenormand - La ballade des gens heureux)



-Mais vas-y ! Pousse pardi ! Alleeeeez té !

Pendant que Cerbère tire sur ses bras pour atteindre la première branche de l'arbre, Yohanna lui fait la courte-échelle. C'est que Samsa n'a jamais grimpé aux arbres et que la tâche n'est guère simplifiée ni par la cotte de maille sous sa chemise, ni par l'épée à sa taille. Péniblement et maladroitement, elle se hisse avec l'aide bienvenue de l'amie en dessous, cette petite brune rencontrée un jour à Pau, bestiole maniant sans doute bien la hache puisqu'il s'agissait là de son surnom. A moins que ce soit une arnaque monumentale, un bluff spectaculaire ? Peu importe à vrai dire et tester maintenant n'était guère une bonne idée puisque si l'arbre tombait sous la hache de Yohanna, Samsa tomberait également.
A présent assise sur la première branche, Cerbère a accès aux autres et peut grimper seule. Dans un tel arbre, mieux valait être canin et point félin parce que c'était un coup à rester coincée en haut à ne pas pouvoir redescendre ça.


-T'as besoin d'aide pardi ?

Les petits yeux sombres royaux s'abaissent pour regarder l'amie qui n'est guère plus gâtée par la hache à sa taille et par son âge, un peu plus élevé que celui de Samsa. Déjà qu'elle n'était plus si jeune, la Prime Secrétaire Royale... Mais à vingt-six ans maintenant, son visage aux quelques traits figés respirait une maturité assez bien cachée et ses cheveux doucement ondulés jusqu'au bas de ses omoplates persistaient à ne pas pencher en faveur du brun ou du roux.
La Cerbère, détentrice d'une solide carrure charpentée que lient des muscles courts mais racés, se met sur le ventre en travers de la branche pour tendre sa main gantelée de combat à la brune. Sac à patates.


-Tiens attrape té ! Je t'aide pardi !
Et râle pas, fallait mieux éduquer tes pigeons pardi !


Ainsi donc, c'était la raison de cette escalade acrobatique et pour l'instant en court de réussite précaire : un pigeon messager qui avait préféré aller roucouler dans un nid étranger plutôt que de regagner la sécurité du pigeonnier. Et de livrer le message à la Hache, accessoirement. A deux, elles avaient plus de chances de saisir le volatile, et puis si l'une tombait, l'autre serait toujours en course. Putain, il y avait intérêt à ce que ce message renferme des choses importantes !
Yohanna ayant enfin décollé du sol, peut-être même sans l'aide de Samsa, celle-ci rencontre cependant un second problème : se redresser.


-... Humpf... ! Merde pardi... J'suis coincééééééée té !

Cerbère gigote, bras et jambes pendant lamentablement dans le vide, branche en travers du ventre. Elle tente des techniques plus ou moins homologuées par le CNRB -Comité National de Redressement de Branches- mais rien à faire; Samsa est certes costaude, mais elle a la souplesse d'un manche à balai -c'est-à-dire pas énorme du tout-. Continuant de s'agiter comme un chien en cage, ce qu'elle est à peu de choses près, Samsa lève un regard minable et implorant vers Yohanna, la face rougie d'avoir la tête en bas ou presque.

-Au secours pardi ?
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Yohanna.
Fais comme l'oiseau
Ça vit d'air pur et d'eau fraîche, un oiseau
D'un peu de chasse et de pêche, un oiseau
Mais jamais rien ne l'empêche, l'oiseau, d'aller plus haut

Michel Fugain


La forêt.
Lieu de prédilection hachien parmi tous. Parce quand on est une hache en fer, on aime le bois. Logique après tout. Le calme, la quiétude, le garde-manger en cas de coup dur, les cachettes en cas d'attaque, les brigandages quand on a plus un rond… La forêt restera toujours un lieu magique pour notre Yohanna, rempli de souvenirs, d'aventures et d'espoir.
Mais aujourd'hui, rien de bien réjouissant devant cet arbre où elles cherchent à grimper tant bien que mal.
Pendant de nombreuses années, la Hache avait été un petit écureuil. Se faufilant souplement à travers les feuilles, jouant à cache-cache avec les enfants de son âge, puis à des jeux plus palpitants avant de découvrir la chasse. Plus aucun arbre n'avait de secret pour elle, et très rapidement elle trouvait les appuis pour grimper afin d'atteindre les sommets. Parce qu'ici, elle se sentait chez elle.

Puis il y avait eu la bière, la guerre, la vie, l'arthrose, une flèche ou deux dans la cuisse, une épée sur le bras… Et le sol restait quand même le coin le plus confortable de ce bas monde. Si notre mercenaire en cheffe continuait ses entraînements quotidiens en forêt pour garder la taille fine et les muscles efficaces, il n'en restait pas moins qu'elle avait arrêté de jouer les escaladeuses depuis bien longtemps.
Jusqu'à aujourd'hui.


Je râle pas p'tin ! Je maudis cette bestiole et toutes celles qui croiseront ses plumes pour les sept générations à venir !

La main tendue était une aubaine pour la petite brune qui n'arrivait même pas à frôler la première branche à sa portée. Tirer sur la main amie lui a permis en un geste de prendre appui sur le tronc et… Faire basculer son amie sans qu'elle ne s'en rende compte. Parce qu'un tas de muscles cerclé de fer sur un tas de muscles cerclé de fer, c'est quatre fois plus lourd qu'une personne lambda. Et franchement, nos deux copines valent largement les quatre personnes lambda à elles seules. Tant en poids qu'en idées lumineuses. Mais il lui fallait ce pigeon. A tout prix. A. Tout. Prix.

J'suis coincééééééée té ! 

Ptiiiinnnn ! Sam bouge paaaassss ! Avec le quintal d'armure que t'as sur l'museau tu vas te briser un os ! Surtout bouge paaaaaaaassss !


CRAAACCCC….

Ha nan… Ça c'était la branche qui s'était accrochée à la tignasse noire de jais qui flottait au gré des envies du vent et qui s'était brisée quand elle avait tenté un mouvement sauveur vers la « Souple ».
Juste assez de bruit pour faire s'envoler le messager emplumé un peu plus loin.


P'tin Cerby ! On l'a perdu ! On est ici pour rien !!! C'p'tin de message était tout mon avenir ! Sans lui j'aurai jamais ce titre ! J'vais me jeter de ces branches pour en finir avec la vie !

Les noisettes scrutent le sol et envisagent à quel rapidité son avenir va venir la percuter. Tout bien calculé, au mieux, de cette hauteur, elle se casse le nez. Ou un poignet. Ça n'vaut pas l'coup. Mais ce n'est pas une raison pour prendre les décisions à la légère. Les voilà mal embarquées, parce que le volatile avait bien sûr choisi un arbre parmi les plus fins, les plus secs, les plus… Dangereux…

Ca va, ça va, panique pas, j'reste là. Bon, commence par essayer d'me donner la main. Et balance pas ton corps comme ça ou on se vautre à deux ! P'tin Samsa ! De la souplesse Merd' ! T'es mon seul espoir… J'serais jamais baronne… Jamais…
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[L'anaon et Judas sont autant mes héros qu'Edmond Dantes ou Quasimodo.]
Samsa
    "Ça balance pas mal à Paris,
    Ça balance pas mal.
    Ça balance pas mal à Paris,
    Ça balance aussi."
    (Michel Berger & France Gall - Ça balance pas mal à Paris)


-Qu... QUOI ?! HÉ PARDI ! REVIENS ICI, ESPÈCE DE SAC À PLUMES PARDI ! SALE VOLATILE FIENTEUX TÉ ! MANCHOT À POILS RAS PARDI ! HÉ J'TE CAUSE PARDI !

Mais l'animal est déjà loin, qu'il ait compris ou pas le langage doucement fleuri de la Cerbère ressemblant toujours plus à un sac à patates en l'instant qu'à un chien quelconque, surtout qu'elle a toujours la tête en bas et que tout ceci la rend encore plus ridicule. Redressant un peu la truffe pour regarder Yo, elle hausse un sourcil sur la partie "suicide depuis deux mètres cinquante du sol". Doit-elle lui dire qu'elle ne risque certainement pas de mourir depuis une telle hauteur ? Et question suicide depuis hauteur, Samsa était bien placée, elle qui avait réussi à survivre -ou échouer à mourir- à la chute d'une falaise, exploit -ou échec- marqué en sa chair d'une fine cicatrice à la tempe droite.

-Est-ce que j'ai l'air de paniquer pardi ? ÉPI MA SOUPLESSE TE CONCHIE PARDI !

Groumph.
Cerbère bougonne et tâche de tendre la main à Yo. C'est difficile, mais ça finit par arriver. Alors que la Hache la ramène à une position plus confortable lentement, Samsa s'assure de garder l'équilibre pour ne pas se vautrer lamentablement. Enfin ramenée assise sur la branche, Samsa regarde en bas et sourit à Yohanna pour la remercier, l'amie brune qui semble au bord du désespoir suicidaire. Oh wait...


-T'en fais une tête pardi. Allez quoi pardi, tu sais, y'a pas de généralités té; les bébés apportés par les cigognes et les titres par les pigeons pardi. Mon titre de Marquise de Shawnaper, c'est pas un pigeon qui me l'a apporté hein pardi !

Marquise de Shawnaper, un titre complètement faux et imaginaire donné par la suzeraine Shawie, Princesse de quelque chose, Samsa avait oublié quoi. Peut-être -sûrement- l'Espagnole s'en souvenait-elle.
Samsa sourit à Yohanna, parce qu'elle sait très bien ce que c'est d'attendre un titre qui ne vient pas, depuis presque quatre ans qu'elle en attendait un. Elle sait très bien le combat que c'est pour certain, la blessure que ça peut être, le désespoir qui prend et qui ne lâche plus. Des petits rêves de rien du tout qui faisaient tant pourtant.

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Yohanna.
L'important c'est la rose
L'important c'est la rose
L'important c'est la rose
Crois-moi

Gilbert Bécaud


Là, si on était pas sûrs, le piaf s'était bel et bien…. Volatilisé. Sans jeu de mot pourri. Et il ne reviendrait… Jamais. Faut dire qu'avec de tels cris, y'avait même plus un pigeon à quinze lieues à la ronde.
Si le Très-Haut avait eu UNE ONCE de début de gentillesse, il lui aurait au moins fait s'agripper le message dans les branches… mais non… Non… Le message parti avec le pigeon. Tout foutu.

Bon, déjà, on avait réussi à sauver l'cerbère. Non parce que bon, quitte à foirer la mission, autant pas gaspiller les 4 % de perte réglementaire. Surtout ces 4 % là. Ils lui sont précieux à la Hache.

C'était la première fois de sa vie qu'elle avait autant l'impression… De se voir dans le miroir. Dans un miroir embellissant, même, parfois. Et pas seulement grâce à l'armure.
Elle se retrouvait tant de vois en Samsa. Les injures, les cris, les tempêtes, les états d'âme. Mais surtout cette armure montée de toutes pièces depuis des années pour cacher un cœur mou et bulleux comme du savon. Une âme entière prête à se sacrifier pour ses amis, sa famille… Une soif d'aventures et une course à la gloire qui jamais ne la fait briller comme elle le devrait… Briller aux yeux des inconnus. Parce que pour ces proches, c'est une véritable lumière. C'est un élan d'espoir qui nous guide à travers l….


CRAAAAAC…


P'TIN SAM !!!! BOUGE PLUS !


Elle reprend son souffle lentement en se collant au tronc d'arbre comme une annonce royale au poteau de la ville.
Respiiiiire. Respiiiiiiiire. Tu n'vas pas tomber. Attends… Elle a dit qui là ? Marquise ? Marquise de quoi ?


Marquise ?! Toi ? Marquise de quoi  qu't'as dit ?

Elle avait failli épouser un Marquis. Surnommé grâce à sa vitesse de voyage « le Marquis de Carabasse » et aussi par la réalité de son titre, reconnu à l'hérauderie, toussa… Bah ouais, elle a envisagé l'étape épousailles parce que y'avait bien une baronnie qui traînait dans un Marquisat. Et puis elle avait appris que son propre fils avait reçu la baronnie. Elle ne serait donc par ce mariage que Marquise. Et finalement, ça ne lui a pas plu. Marquise, ça fait trop… Enfin pas assez…
Elle voulait être baronne. Un point c'est tout.

Et puisqu'elle avait une marquise devant elle. Enfin…. Sur la branche d'à côté, elle pouvait bien essayer de lui soutirer une baronnie.


Et y'a une Baronnie dans ton Marquisat ? Tu sais Sam, c'est très important d'avoir des gens qui détiennent les titres à ta disposition. Tu as besoin d'aide, et de soutien, et d'appuis aussi. Et une baronne, bah franchement, c'est une super aide, et un super soutien !

Comment ça elle prêchait pour sa paroisse ? Bien sûr qu'elle prêchait pour sa paroisse ! Tous les moyens étaient bons. Même envoyer des pigeons pour demander aux Marquis en titre s'il leur restait une baronnie qui traînait contre tout ce qu'elle aurait bien eu à offrir. Si ces fichus pigeons n'avaient pas trouvé que l'herbe était meilleure dans la forêt d'à côté !
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[L'anaon et Judas sont autant mes héros qu'Edmond Dantes ou Quasimodo.]
Samsa
    "Regarde comme il fait beau dehors,
    C'est l'heure pour aller jouer.
    Regarde comme il fait chaud dehors;
    Faut sortir s'aérer !
    Je m'en bats les couilles !"
    (Casseurs Flowters - Regarde comme il fait beau)



-AAAHHH !

Ne plus bouger, d'accord. Redressée, Samsa s'agrippe maintenant à la branche tel un koala à son arbre, un domaine où elle était passée maîtresse dans l'art. Selva en avait fait les frais, hélas pour elle, l'amie itinérante peu tactile, car il suffisait que des gens un peu trop décalés -mielleux- fassent leur apparition pour que Cerbère panique et vienne chercher refuge près de quelqu'un, s'accrochant ainsi à son bras comme un koala encore inconnu. C'était le paradoxe Cerbère, d'un côté la femme qui chargeait une armée entière toute seule et de l'autre, celle qui paniquait quand elle avait une robe ou des gens mielleux en face. Des paradoxes, Samsa en était emplie et ce, dans tous les domaines, autant capable d'une patience olympique qu'un incroyable tour de sang, autant capable d'une intelligence sublime que d'une naïveté déplorable, autant capable de force que de faiblesse. C'était sa nature, instable et malléable, remarquable autant d'adaptation que d'inadaptation.

Cerbère se redresse lentement lorsque Yohanna lui demande de répéter, se retrouvant ainsi assise sur sa branche avec un air enfantin peint sur le visage, malgré ses quelques traits figés en une dureté martiale dont l'origine restait hasardeuse.


-Marquise de Shawnaper pardi. Si tu veux le dire avec l'accent, on dit "Show-napeur" pardi. Sinon bah tu dis juste "Shaw-napé" té, mais...

Trop tard. La Hache part dans un argumentaire endiablé et passionné que Cerbère ne parvient pas à interrompre malgré ses nombreuses tentatives qui ne finissent qu'en imitation de poisson hors de l'eau. Ce n'est pas bien de faire croire aux gens qu'ils pourraient avoir quelque chose de vrai si ça ne l'est pas, surtout quand d'autres l'auraient vraiment; Samsa, elle, détesterait ça et ce serait un coup à lui faire mal et à la mettre en colère, en quête de vengeance même. Alors le faire à Yohanna, l'amie qu'elle aime tant, celle avec qui, un soir, elle a joué à celle qui aurait la vie la plus pourrie, c'était inconcevable. Résultat du jeu ? Elles avaient toutes les deux eu une vie pourrie. Bien pourrie. Et, finalement, elles avaient même traversé les presque semblables épreuves telle que la folie. Plus aucune d'entre elles ne méritaient de souffrir de la moindre petite chose, et surtout pas de la part de son propre reflet.

-Mais je... Non mais... C'est-à-dire que...

Samsa détaille de ses petits yeux sombres, enfoncés sous des arcades sourcilières marquées, le visage de Hache en passe de devenir complètement déconfit. Parfois, le courage manque et le naturel protecteur et bienveillant de Cerbère prend le dessus sur la dure réalité des choses, comme un reste survivant de sa vie d'avant, de son identité d'avant, de cette jeune femme rêveuse, innocente et déconnectée qu'elle était.

-... Ouais pardi, j'ai une baronnie té, c'est le seul truc que j'ai à donner en fait pardi. C'est la baronnie de... De... Euh... De...

De quoi ? C'était bien beau tout ça, mais il fallait maintenant donner un nom à cette baronnie et ce, sans se faire griller pour le mensonge. Ainsi, les baronnies telles que "de la Carotte" ou "de l'Orangitude" furent écartées comme celles de "Vive-la-Royauté" et autres "Morte-Indépendance". Ainsi, après quelques secondes de paroles en yaourt, le nom finit par tomber, plus involontaire que véritablement réfléchi.

-Quatre... Petits-Points pardi.
.... Oui, voilà, la baronnie de Quatre-Petits-Points pardi ! D'ailleurs je... Cherchais justement quelqu'un pour en eum... Prendre soin té. Si tu es d'accord, je te la confie pardi.


Et pendant que ces mots sortent mécaniquement de la gueule du Cerbère, la tête -les têtes- pense plus à dresser une liste des personnes qu'elle va devoir contacter afin de trouver une vraie baronnie à donner.
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Yohanna.
Maybe thats what happens when a Tornado meets a Volcano
But thats alright because I love the way you lie
Peut être que c'est ce qui arrive quand une tornade rencontre un volcan
Mais c'est pas grave parce que j'adore ta façon de mentir

Love The Way You Lie – Eminem/Rihanna



Hmm…. Marquise de Show-Napeur…
T'sais c'que j'pense des marquises ? Que ce sont toutes des coincées à frisettes. Et qu'elles font des gosses que pour leur distribuer leurs titres. Et franchement… Je n'sais même pas pourquoi je pense ça.


C'était absolument ridicule comme façon de penser. Mais c'était celle de notre fausse Baronne, et c'était ainsi.
Maintenant qu'elle avait trouvé une branche bien solide qui ne craquouillait pas sous son poids, elle se laissait aller à balancer ses jambes dans le vide en réfléchissant. Même si Marquise, c'est pourri comme titre, sa copine Sam, elle, elle n'était ps pourrie. Et même si le nom de son marquisat était vraiment, mais vraiment naze, elle s'était décidée à le trouver chouette. Parce que c'était le nom de Samsa maintenant. Alors tout doucement, elle répétait pour l'apprendre par cœur, ce nom sorti de derrière les fagots « Shawnaper »… « Shawnaper »…

Elle s'était à peine rendu compte que sa Cerby avait hésité sur le nom de la baronnie. Au fond, si elle y avait fait attention, elle se serait dit que celle-ci l'avait oublié, parce que franchement, se rappeler le nom de toutes les bouts de terrains et les noms de patelins que possédaient un seul marquisat, franchement ! Chapeau ! Déjà qu'elle-même avait du mal à se rappeler du nom des villages qu'elle traversait….


Quoi ?! Tu t'foutrais pas un peu d'moi ? Shnapawèr, j'veux bien, mais quatre petits points ?!
Bon d'accord. J'accepte.


Le revers de situation était impressionnant. Même la Hache avait du mal à se suivre. Mais puisqu'elle proposait, elle n'allait quand même pas chipoter sur le nom ! Après tout, ne se faisait-elle pas appeler « Baronne » depuis des mois sans avoir la moindre once de début de potentialité à devenir réellement baronne – sauf par mariage, et encore ! - ?
N'avait-elle pas envisagé d'épouser Scipi malgré l'illégitimité de son titre devant le Roy de France ? Enfin bon, Baronne en France, en Empire ou en Provencia di Terra di Lavoro, ça restait une baronnie. Alors puisqu'on lui proposait de gérer, c'était bon pour elle ! Sans le moindre soucis.

Son regard scruta toutefois un long instant le visage de la presque rousse, pour s'assurer de sa sincérité. Et puis… Il lui restait toujours quelques petites questions existentielles…

C'est par où à peu près ta baronnie ? Plutôt dans le Sud ou dans le Nord ? Et faut que j'y aille quand ? Et y'aura une vraie cérémonie d'allégeance et tout ? J'pourrais amener Marc ? Y'a plein de gens sur les terres ? Ils sont plutôt sympas ou pas ? Et y'a un château ? Si c'est un vieux château ou un p'tit château ça me va hein… Et… Et j'pourrais avoir un cheval ? Un vrai, rien qu'à moi ? Et aussi…

Ouais, elle perdait facile dix ans… Ou Vingt quand elle se retrouvait avec Cerby sur les branches d'un arbre, même si elle était en passe de devenir Baronne. Une vraie de vraie.
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[L'anaon et Judas sont autant mes héros qu'Edmond Dantes ou Quasimodo.]
Samsa
    "Et si tu crois que j'ai eu peur;
    C'est faux.
    Je donne des vacances à mon cœur,
    Un peu de repos."
    (Garou & Céline Dion - Sous le vent)



S'il avait été possible d'annuler la mission, Samsa l'aurait sans doute fait. Simplement battre en retraite, abandonner, reprendre l'approche plus tard et d'une autre manière. Hélas, tout glisse et lui échappe car aux premiers mots de Yohanna, Cerbère sent qu'elle doute et qu'elle risque la chute à tout moment.
Elle tire la tronche quand la Hache lui révèle le fond de sa pensée sur les Marquises. Forcément, Samsa se sent un peu visée car, bien que son titre soit faux, elle avait cette capacité remarquable de tout intégrer comme étant des choses très sérieuses. Le meilleur exemple était bien sûr les carottes auxquelles Samsa croyait dur comme fer.

La Prime Secrétaire Royale pâlit soudainement, assise sur sa branche en un équilibre aussi raide que précaire. C'est qu'il ne faut pas s'amuser à trop bouger car elle serait capable de faire céder le bois ou de basculer d'un côté. Voilà donc que l'amie brune prononce mal Shawnaper -déjà- et ne la croit pas du tout, mais alors pas du t... Ah bah si. Un soupire de soulagement discret s'échappa des lèvres fines de la Bordelaise alors qu'elle se rattrape à la branche, prête à tomber de s'être trop détendue. En rampant presque sous les questions de Yohanna, Samsa revient contre le tronc et l'étreint à la manière koala.


-C'est euh... Où est le nord pardi ? Bah par là té répond Cerbère en indiquant au hasard une direction que la Hache ne peut pas trop regarder -sait-on jamais-. Il y aura une vraie cérémonie pardi, avec l'allégeance et tout té, Marc pourra venir pardi, et qui tu voudras aussi té. Il y a des serfs sur ces terres pardi -ils mangent tous des carottes très régulièrement d'ailleurs- mais tu pourras agrandir la mesnie té. Il y a un petit château fort pardi, sur une motte té. Ce serait bien si tu en faisais une vraie forteresse té, j'en serai très fière pardi !
Et tu auras des écuries pardi, avec des chevaux de qualités pardi. Ils seront tous à toi té.


C'était si facile de donner du rêve aux gens, si facile de décrire ce qui était dans la croyance populaire ! Des châteaux, de la richesse, des gens, de la verdure propre alors que la réalité était parfois -souvent- toute autre, château en ruine, pauvreté, vieux serfs et terrains en friches. Mais pour Yohanna, Samsa se promit de lui trouver une telle terre.
Pleine d'espoir, elle lui offrit un sourire qui cachait parfaitement sa peur de ne pas réussir.


-Est-ce qu'on... Pourrait redescendre pardi ?

Mal à l'aise, Samsa l'était et ça se voyait. Elle avait de plus hâte de se mettre à la recherche de la fameuse baronnie qui proviendrait d'un généreux donateur. Ou donatrice.
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Yohanna.
On oublie tout, tous les barrages
Qui nous empêchait d'exister
Quelque chose de neuf a tout changé
Quelque chose et ça m' fait avancer

Une autre histoire - Gérard Blanc


Le Nord? C'est le Nooooord..... M'ouais... Ca m'va... J'aime pas l'soleil. TU m'aurais dit que ça venait d'une contrée de ta Shawie, j'aurais dit non j'crois.

Bah voyons qu'elle allait dire non! Même avec un nom aussi pourri que quatre petits points, elle aurait pu se prostituer pour l'avoir. Mais là, même pas besoin. Juste un beau sourire, une petite accolade, se laisser groutgrouter une journée ou deux de plus, et on était bon pour devenir Baronne. Son rêve. Depuis toujours.
Enfin... Son rêve qui est né après celui de dominer l'Empire, né après celui de conquérir le monde avec Benjen, né après celui de devenir la meilleure brigande du Royaume, - né après celui de devenir pastille noire, mais c't'hors sujet- né celui après celui de devenir duchesse en Berry, né après celui de découvrir chaque village de France, né après celui de devenir pirate.
Y'a des rêves, une fois qu'on les a atteint, au passe au suivant. Y'a d'autres rêves, ils sont trop beaux pour nous. Alors on se rabat sur des baronnies. Parce que franchement, même si c'est petit, une baronnie, être Baronne DE... Ca en jette. Comment ça je vous le rabâche sans arrêt?! Laissez-nous rêver, merd'.


Ouais, descendons. Lentement. Si tu veux j'passe la premi...EERRRRREEEEEE!!!!

Paf, pim, boum.
Les fesses par terre, la hache qui vole, une botte écorchée par une branche trop acérée et une chemise de foutue.


P'tin ! Ca fait TROP mal! J'me suis arrachée l'épaule!

Mais elle n'allait quand même pas se mettre à chouiner comme une lavette. Elle était baronne maintenant. Enfin, presque! Alors malgré l'épaule en sang qui tachait inadmissiblement sa chemise d'un pourpre difficile à r'avoir, elle tandis les mains à sa copine qui ne semblait pas beaucoup plus stable avec tout son équipement de soldate du Dimanche.

Vas-y tu craints rien! J't'assure que même le sol fait pas mal quand tu te ramasse dessus! Regarde moi. Entière!
Bon, pigeon perdue, baronnie gagnée... Et ça fait drôlement rêver ce que tu m'dis là.
On peut aller la visiter quand ta terre? J'ai déjà envie de me faire copine avec tous les villageois. Surtout s'ils mangent des carottes! J'suis sûre qu'ils vont m'adorer.
J'vais être une baronne du tonnerre. Pas vrai? Hein Vrai Sam?

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[L'anaon et Judas sont autant mes héros qu'Edmond Dantes ou Quasimodo.]
Samsa
    "Était-ce en guise de rédemption ?
    Était-ce une forme de revanche ?
    Était-ce pour la bouteille ?
    Était-ce pour le précipice ?
    Était-ce pour l'excitation de faire glisser mon espoir sur le tranchant de la lame ?"*


Cerbère hausse un sourcil aux paroles de Yohanna. Pourquoi pas les terres de Shawie ? Elles sont superbes les terres de Shawie, vallonnées, parfois escarpées, des plaines larges et fertiles, une épaisse et longue forêt noire -sans jambon-, deux lacs verts et vivants, des herbes colorés jusqu'à une veine palpitante et... Samsa secoue vivement la tête. Elle s'égare largement. Et puis soudainement, La Hache a disparu, un peu comme le lapin du magicien, mais en moins discret. Elle grimace largement et regarde quelque peu en bas pour constater une brune en imitation ratée de crêpe de chandeleur.

-Je ne suis pas une experte pardi, mais je ne crois pas qu'il fallait descendre comme ça té... !

Cerbère joueuse agite les jambes dans le vide en souriant largement, se moquant presque de sa pauvre amie qui la rappelle cependant bien vite à la vérité de sa condition : elle, elle est au sol et Samsa est toujours perchée. Yohanna lui tend les mains mais Samsa secoue vivement la tête, une nouvelle fois. Finalement, malgré son statut de canin, elle allait rester coincée ici comme un abruti de chat. Putain !

-Tu t'fiches de moi pardi ?! Tu viens de me gueuler que ça faisait TROP mal té ! Cerbère la regarde, pleine de son habituelle suffisance mais amicale envers La Hache et, fait rare, se met à réfléchir. Éclair de génie soudain, sourire en coin qui ne présage rien de bon. Mais je suis persuadée que tu serais plus confortable té... TAYO PARDI !

Se jeter à l'eau ? Non, Samsa se jette dans le vide. C'est beaucoup moins facile et amusant mais la tête-brûlée le fait et s'écrase sur son amie en contrebas, roulant plus loin dans un fracas métallique qui lui fait rapidement regretter son idée, à ranger dans la case bien connue des fausses bonnes idées. Toussotant, Cerbère s'avoue vaincue par la gravité et reste au sol en parfaite imitation de tapis oriental.

-Arg pardi... Je vais écrire à ton intendant pour savoir quand il sera prêt à recevoir sa nouvelle baronne pardi... T'es pas baronne du Tonnerre pardi, t'es baronne de Quatre-Petits-Points té !

Ça par contre, c'était une réplique du tonnerre !


    [Quelques temps plus tard...]


Il était tard, la nuit était tombée et Samsa avait prétexté aller faire un tour pour pouvoir écrire en toute tranquillité. Cette histoire de baronnie avec Yohanna la tracassait plus que de raison. Elle avait menti à son amie, elle lui avait fait miroiter la possibilité d'un rêve, la possibilité de lui offrir quelque chose qu'elle n'avait pas. Or, si Samsa n'avait pas quelque chose qu'elle aurait dû avoir, alors elle trouverait quelqu'un capable de lui donner. Y avait-il plus grand bonheur que de lire la joie dans les yeux d'un être cher ? Pas pour Samsa, l'ancienne cultivatrice de Bêtises qui avait passé une partie de sa vie à se nourrir du bonheur des autres, à être heureuse tant qu'ils l'étaient. Malgré la destruction de son être après la mort de Zyg, il restait d'elle cette partie survivante mais ô combien puissante : la dévotion.
Assise sur un muret près d'une torche, la Prime Secrétaire Royale sort de quoi écrire et se met à rédiger après avoir jeté un regard furtif autour d'elle.




Chère Méli,

Je vous écris ce jour pour vous demander un service de grande importance.
J'ai avec moi une amie qui rêve de devenir baronne. Après un quiproquo entre nous, je lui ai fait croire que j'en avais une pour elle, la baronnie de Quatre-Petits-Points -j'étais en manque d'inspiration- mais comme vous l'imaginez bien, je n'ai rien à lui offrir, même pas une parcelle de terre.
Yohanna est une personne tout à fait fidèle et loyale, dévouée et amicale, très responsable. C'est une amie précieuse qui serait capable de dérider n'importe qui malgré son passif qui n'a rien à envier au mien en terme de difficultés. Je cherche quelqu'un qui lui ferait confiance comme je lui fais confiance pour lui offrir une baronnie.

En auriez-vous une ? Seriez-vous prête à la donner à Yohanna ? Sinon, connaitriez-vous quelqu'un qui aurait une baronnie ?

Je vous embrasse,

Samsa
Dicte Cerbère



Cerbère redresse soudainement la tête, aux aguets. Ses petits yeux sombres balaient l'obscurité à la recherche d'une silhouette ou de quoique ce soit d'autre. Elle n'a pas l'impression d'être seule ici.


* = paroles traduites de Dorothy - Gun in my hand

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Melissandre_malemort
En réceptionnant la missive de Samsa, Mélissandre l'avait décacheté a la hâte, toujours ravie des lettres décousues et exubérantes de son cerbère. Cette fois pourtant, elle avait rit, surprise par la requête plus que singulière.

Citation:
Chère Méli,

Je vous écris ce jour pour vous demander un service de grande importance.
J'ai avec moi une amie qui rêve de devenir baronne. Après un quiproquo entre nous, je lui ai fait croire que j'en avais une pour elle, la baronnie de Quatre-Petits-Points -j'étais en manque d'inspiration- mais comme vous l'imaginez bien, je n'ai rien à lui offrir, même pas une parcelle de terre.
Yohanna est une personne tout à fait fidèle et loyale, dévouée et amicale, très responsable. C'est une amie précieuse qui serait capable de dérider n'importe qui malgré son passif qui n'a rien à envier au mien en terme de difficultés. Je cherche quelqu'un qui lui ferait confiance comme je lui fais confiance pour lui offrir une baronnie.

En auriez-vous une ? Seriez-vous prête à la donner à Yohanna ? Sinon, connaitriez-vous quelqu'un qui aurait une baronnie ?

Je vous embrasse,

Samsa
Dicte Cerbère


Assise derrière son bureau parisien, elle mordilla longuement sa plume, la trempa dans de l'encre de chine et fini par rédiger sa réponse.

Citation:
Samsa,

Quelle plaisir de recevoir de vos nouvelles!

J'aimerais avoir une réponse encourageante à vous donner, d'autant que je vous connais bien assez pour savoir que vous ne me demanderiez pas pareil service si cette jeune personne ne jouissait pas de votre entière confiance, ce qui pour moi est le meilleur gage possible de sa valeur.

Hélas, mes titres sont Français, donc royaux. Il ne m'est donc pas possible de prendre de vassaux au dessus du titre de seigneur. C'est une particularité Française, car la chose est possible en Empire et en Bretagne, je crois.

Par amitié pour vous, je tâcherais de voir qui parmi mes amis pourrait vous rendre ce service.

Affectueusement votre,




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Princesse de France. Comtesse de Pirmil. Baronne de la Porte. Dame de la Gasnerye.

Premier Huissier Royal. Chancelière du Maine.

She was like the moon... Part of her always hidden away...
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