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[RP] Chianti et palabres

Rodrielle
Depuis combien de temps n'avait-elle pas foulé les rues parisiennes ? Plusieurs mois, années. Une éternité. La vie passe tellement vite, surtout lorsque l'on est censé l'avoir définitivement quitté. On se complait dans une routine arrivée là sans que l'on s'en aperçoive, puis les jours passent en ne nous laissant que les souvenirs comme moments grisants. Mais c'en était trop. Elle n'avait pas retrouvé plaisir de vivre pour rester seule sur les terres italiennes, puis bourguignonne, à se remémorer des moments haletants de sa vie avant de les regretter. L'Italienne avait certes commis de nombreuses erreurs mais c'était bel et bien terminé. Et à défaut de renouer avec la Famiglia toute entière (qui menait très bien la barque sans elle), elle comptait bien retrouver des moments de plaisirs passés, rattraper le temps perdu et réaliser certaines choses qu'elle n'avait pas faites avant de partir, malgré une vie très bien remplie.

C'est donc dans un but de renouveau quelle parcourait la ville à la recherche du commerçant italien. Depuis bien des années ils s'étaient perdus de vue, présumée morte pour l'une, disparu de la circulation pour l'autre, mais l'idée de son retour intéressait la Tatouée. Elle ne l'avait pas prévenu de sa visite mais se doutait bien que le Ceresa gardait l'un de ses pied-à-terres dans le coin. Elle se souvenait être passée par ici il y a déjà bien des années de cela, mais tout lui revenait comme si c'était hier ; le projet commercial entre le Clan et lui, l'amitié naissante et l'extrême sympathie de l'italien. Pourquoi y allait-elle alors ? Aucun but professionnel à cela puisqu'elle n'était plus Matriarche et cheffe du Clan, si ce n'est un possible coup de main s'il en avait besoin, en signe de fidélité Corleone. Mais il s'agissait effectivement là d'une visite purement sentimentale ; le plaisir de revoir le visage d'un brun qui avait surement autant vieilli qu'elle, partager une bouteille de vin en se racontant les nouvelles, les souvenirs, en rattrapant tout le temps perdu.

Un sourire en coin se dessina alors sur le visage de la Tatouée, toujours amusée par cette sensibilité toute nouvelle : la sagesse l'avait rattrapée, malgré elle. Mais elle comptait bien l'estomper et tout faire pour redevenir la redoutable Corleone. Un jour, peut-être... Et l'Italienne de pousser la porte de l'auberge et d'y rentrer, s'acclimatant rapidement de l'ambiance tamisée du lieu, de son chic et de sa qualité. Elle avança jusqu'au comptoir, posa une main légère sur le bois de qualité et claqua des doigts de l'autre dextre pour interpeler l'aubergiste.

Appelle Dante et dis-lui qu'il est attendu par la Tatouée. Et prépare deux verres et du Chianti.

Aucune marque de politesse. Corleone retrouvait vite ses habitudes à quelques lieues de la Cour des Miracles. Mais l'aubergiste n'en fit pas un fromage et s'exécuta, voyant dans le regard de l'Italienne qu'il ne fallait pas la contrarier. Ils apprenaient si vite ces parisiens.

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Dante.tommaso
Après son séjour à Rouen qui ne fut guère distrayant même si, au final, cela lui avait permis de faire quelques rencontres, Dante était revenu se divertir à Paris, son terrain de jeu favori. C'était qu'il s'y sentait comme un poisson dans l'eau l'animal et qu'il savait que ça serait toujours synonymes d'imprévues. Donc, les soirées du vénitien se passaient toujours de la même façon… taverne, tripot, vin et femmes. Et quiconque le connaissait un temps soit peu savait où le trouver.

Et comme à l'accoutumée, Dante était installé depuis un moment, à parfaire son jeu qui lui semblait un peu faiblard devant quelques adversaires plus coriaces qu'à l'ordinaire quand une fille vint se frotter à lui. Si dans un premier temps il posa la main sur le haut de sa cuisse tout en souriant, la présence l'incommoda rapidement. Quelque chose dans l'attitude de la donzelle le rendait plus sur la défensive et Dante n'aimait pas jouer ainsi.


- Barre-toi

Voilà qui était dis et sans ménagement, il la repoussa. Le coup d'œil qu'il surprit entre elle et l'un de ses adversaires lui mit rapidement la puce à l'oreille aussi le Vénitien décida de jeter ses cartes sur la table avec désinvolture.

- Si vous voulez plumer quelqu'un trouvez-vous une autre personne ! Le poisson que vous essayez de ferrer est bien trop gros pour vous bande de mécréants !

La menace était tombée et Dante n'était pas du genre à se laisser impressionner. Déjà ses doigts avaient glissé sur le pommeau de son épée prêt à la sortir de son fourreau le cas échéant. Ce fut à cet instant-là que le tavernier s'approcha, le visage contrit, se demandant s'il devait ou non aller jusqu'au bout de sa démarche. Le vénitien arqua un sourcil en le voyant faire, s'étonnant de sa présence, cherchant à savoir si c'était là une ruse pour le prendre en traître mais bien vite, la tension de la pièce retomba comme un soufflet.

- Messire Dante, y'a une blonde qui vous demande…
- Et alors, tu ne vois pas que je suis occupé ? Dis-lui de repasser plus tard…
- Messire, je doute qu'elle décide d'attendre.
- et que veux-tu que ça me fasse hein ?


L'homme se pencha un peu en direction du Vénitien jusqu'à frôler l'épaule de ce dernier. Puis il lança presque gêné.

- Il s'agit de la Tatouée m'a-t-elle dit… vous devez comprendre que…
- Pousse-toi de la empoté !


Et sans attendre, le Vénitien bouscula le pauvre aubergiste avant de tirer sa révérence à ses compagnons de jeu pas si enchantés que ça de voir leur proie déguerpir. Et Dante sortit rapidement de la salle du fond remettant sa chemise en place ainsi que la ceinture portant son épée.
S'arrêtant quand même au milieu de la salle, Dante dévisagea cette ombre du passé, celle qui lui avait offert la possibilité de commercer avec l'une des plus grandes familles du milieu obscur ainsi que son respect voir un peu de son amitié.

La respiration du Vénitien se fit plus rapide à mesure qu'il détaillait la Corleone, chaque détail venant se confronter à l'image qu'il avait gardé en mémoire. Quelques rides par-ci, par-là, une certaine fatigue accumulée mais comme lui avait pris aussi quelques années, ils étaient à armes égales… Et puis le visage de Dante offrit un sourire, de ceux qui ne dissimulent aucunement cette joie si merveilleuse de retrouver une âme d'autrefois, une âme avec qui on avait partagé quelque chose. Cette fois, le cœur manqua un battement tandis que ses pieds dansaient la gigue afin d'avancer plus vite. Déjà, la main se tendait vers la blonde pour en attraper les doigts et porter la dextre à ses lèvres.


- Signora Corleone… Rodrielle… quel plaisir de vous revoir…

Les yeux du commerçant brillaient de cet éclat particulier de l'émotion qu'il cacha rapidement derrière un sourire tout en murmurant.

- Cela fait si longtemps… et pourtant j'ai l'impression que c'était hier. Vous êtes telle que dans mon souvenir.

Les doigts avaient du mal à lâcher prise et gardaient encore un peu la main de la Corleone. Ce besoin de sentir qu'il ne rêvait pas, qu'ils étaient bien là tous les deux, que les mois, les années écoulés n'avaient pas existé…
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Rodrielle
Elle le voit arriver et esquisse un sourire. Il n'a pas changé, reste aussi séduisant malgré les années qui marquent son visage brun gorgé d'Italie. Ses yeux glissent, parcourent le corps masculin alors qu'il s'avance vers elle. Elle le laisse attraper sa main et la porter à ses lèvres en restant droite, impassible. Seuls ses yeux laissent entrevoir la joie de retrouver l'Italien. Elle sourit enfin en entendant ses mots, son accent qui était certainement ce qui lui manquait le plus de sa ville natale. Elle attendit qu'il lui lâche la main pour la poser sur son épaule et venir à son tour lui embrasser la joue, avec une délicatesse dont elle usait rarement.

C'est un plaisir partagé. Je savais que je vous trouverai ici, les années passent mais nous ne changeons pas réellement, n'est-ce pas ?

Le murmure partagé dans la langue natale, qui s'estompe en un souffle chaud. Elle lui sourit de nouveau et prend quelques instants pour retourner dans le passé, pour se remémorer des affaires qu'ils avaient mis en place. Elle connaissait peu le Ceresa mais avait une entière confiance en lui, le considérait même comme un ami proche, malgré le peu de temps passé ensemble. Elle eut alors un instant de regret car leurs projets n'eurent pas réellement le temps d'être mis en place, les années passant. Mais il n'était d'ailleurs jamais trop tard. Le Ruskov et elle avaient suffisamment de projets en tête pour pouvoir y inclure l'Italien. Et puis, à plusieurs ils allaient être beaucoup plus forts, plus puissants. Réussir à prendre la main sur une ville n'allait pas se faire du jour au lendemain et l'Italienne souhaitait s'entourer des meilleurs, des plus sérieux mais aussi des plus vils pour pouvoir réaliser ce plan en toute discrétion. Et Dante possédait l'art du double visage, de mener les affaires dans le secret en ayant l'air d'un homme admirable alors qu'il pouvait se montrer mesquin. Peut-être était-ce d'ailleurs ce qu'elle aimait le plus chez lui : c'était un homme à plusieurs masques.

La Tatouée l'attrapa alors par le bras et, de son autre main, prit les deux verres pour se rendre à une table de la taverne, contre une fenêtre afin de pouvoir admirer la vue parisienne. Cette ville lui manquait, son luxe, ses bâtiments, mais aussi ses mauvais quartiers, la puanteur de la Cour des Miracles, ses pécores, la misère. Elle se sentait à la Cour comme chez elle, en avait appris chaque ruelle, chaque difficulté. Elle savait où s'était propagé la rage, la peste, où se trouvait la pire vermine de Paris, où l'on pouvait se procurer armes, drogues et prostituées. La Cour était sienne il y a une vingtaine d'années. Et aujourd'hui, elle se retrouvait dans une auberge dans la belle Paris comme une étrangère. Rodrielle se tourna alors vers son ami alors que l'aubergiste amenait le Chianti et servait les deux verres.

Alors, comment vont les affaires ? Nous te manquions à ce point ?

A partir d'un certain âge, d'une vie passée, elle faisait fi de la politesse et des convenances. Dante n'était plus un inconnu avec qui elle devait faire semblant. Un sourire nouveau, franc, puis elle leva son verre pour trinquer à leurs retrouvailles. A eux.

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Dante.tommaso
Les années avaient passé mais les choses semblaient figées dans le temps et l'espace. Une taverne, une blonde Corleone , un vénitien commerçant et arnacoeur… on prenait les mêmes et on recommençait. Un air de déjà vu avec quelques années en prime et la sagesse en plus… enfin ça c'était encore à voir car Dante n'avait jamais su brimer son caractère ombrageux et délicieusement venimeux et il n'avait pas l'intention de le faire. Le vénitien se plaisait comme il l'était même si, la plupart du temps, les gens finissaient par se méfier de lui. Mais pas elle, non pas Rodrielle.

Les azurs vinrent se poser sur ce regard dans lequel il devina cette étoile brillante de nostalgie mêlée au désir d'une aube nouvelle. Et d'un mouvement souple, il attrapa le verre tendu tout en se glissant lui-même près de cette femme autrefois admirée qui ne l'était pas moins aujourd'hui. Le sourire des jours passés était toujours présent mais pour elle, pour la Corleone, il se teinta d'une joie emprunte de sincérité non feinte. Et d'un mouvement de tête, il s'inclina pour trinquer avant de faire résonner les verres.


- A ses retrouvailles inattendues mais ô combien réjouissantes.

Le verre fut porté aux lèvres de l'italien avant de laisser le breuvage franchir cette barrière naturelle et de se laisser chavirer dans le gosier afin de rafraichir la bête. Un claquement se fit entendre, la langue de Dante avait fait résonner le palais avant de rire légèrement.

- Me manquer, c'est un euphémisme…

Il fit face à Rodrielle quelques secondes, pupilles contre pupilles, le besoin de lire en elle comme dans un livre ouvert et puis il détourna le regard pour le poser sur la rue animée de ce Paris qui avait tant changé.

- J'ai beaucoup voyagé, fais des rencontres merveilleuses… connu de gigantesques geôles aussi…

A ces mots, il leva le verre en riant sachant très bien qu'une Corleone en connaissait le gout. Et de ce rire un peu trop appuyé dont il avait le secret en disait long sur ses moments passés là-bas dont il taisait les souffrances subies depuis pas mal d'années. Et Dante posa son verre puis attrapa la main de la Tatouée en se penchant légèrement sur la table.

- Et vous signora, j'ai entendu tant de choses à votre sujet… je n'y ai pas cru au début et puis… les mois passants… il semblerait que nous ayons préféré disparaître silencieusement pour mieux revenir....

Le contact, Dante ne vivait que pour ça. Il devinait tant de choses à travers la peau de l'autre qui se jouait et se déjouait de sa propre prise. Et il aimait en abuser même si, et il le savait que trop, dans ce royaume, ce n'était guère bien vu. Mais qui a dit qu'il s'en souciait ? En attendant, il y avait dans cet instant un sentiment qui le rassurait comme s'il était rentré au port, comme si enfin il se retrouvait, comme si tout rentrait dans l'ordre même si ce n'était que pour un court instant.

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Rodrielle
L'alcool délayait les langues autant que les regards, et l'échange qui se déroulait entre eux en disait long sur tous les non-dits qu'ils pouvaient partager. Des questions, tout d'abord, depuis combien de temps ? Que s'est-il réellement passé ? Est-ce que tout va bien ? Puis ensuite des soulagements, merci d'être venu(e), je suis content(e) d'être ici. La Tatouée ne se livrait généralement pas facilement mais avait besoin de confirmer à ses amis proches à quel point ils comptaient pour elle. Ils étaient devenus rares et elle en avait besoin plus que jamais. Pour sa santé, pour son moral, mais aussi pour ses desseins. Rodrielle avait très peu de projets mais ceux-ci étaient suffisamment de grande envergure pour qu'elle ait besoin de gens de confiances, auxquels Dante faisait partie. Elle buvait donc son verre de vin en l'observant et en lui promettant, iris contre iris, monts et merveilles. Une richesse, un pouvoir, un univers qu'elle bâtirait avec ceux qui le méritaient.

Sa langue glissa sur ses lèvres au gout du Chianti, même si elle se délectait plus de ces agréables retrouvailles que du vin en lui-même. Elle écouta le Ceresa avec concentration et décela dans ses propos quelques moments difficiles qu'il aurait pu passer. Car même si les rencontres furent merveilleuses, Tatouée se doutait bien que les geôles et autres complications avaient surpassé le reste. Douce tristesse de la vie, lorsque l'ombre cache la lumière. Après tout, elle était très bien placée pour le comprendre.

J'espère au moins que le confort était un minimum au rendez-vous ! Un si grand homme ne pouvait avoir qu'une geôle à son égal.

Elle plaisantait mais savait pertinemment le sort que l'on offrait aux hors-la-loi, même si ceux-ci ne faisaient que le sale boulot pour des personnes convenables, incapables de risquer leur vie. Les gens comme eux n'étaient-ils pas finalement à plaindre ? N'étaient-ils pas les victimes, en fin de compte ? Ils ne cherchaient finalement qu'à rendre service, qu'à aider des lâches, mais nobles têtes, à garder les mains propres puis se voyaient remerciés par la prison, dans le meilleur des cas. La renommée, la reconnaissance ne faisaient jamais partie des contrats. Une bien triste réalité à laquelle les vilaines gens étaient confrontés.

Lorsque Dante lui attrapa la main, l'Italienne posa à son tour son verre pour se tourner vers lui. Moment de confesse pour quelques instants, que la Tatouée accepta avec un sourire en coin. Revenir aussi était un bien grand mot ; était-elle prête à retrouver l'effervescence de la Famiglia ? Prête à affronter les Corleone et leur rancune, leurs remarques acerbes et leur incompréhension ? Elle plissa le nez à cette idée, après quelques secondes de silence réflexif.

Revenir oui, mais pas totalement. J'ai quitté un monde qui allait trop vite pour moi et qui, finalement, ne me convenait pas. Gérer une famille est un point, la suivre en est un autre. C'est le deuxième qui me posait problème et la fatigue me gagnait de plus en plus. Ma foi, j'ai lutté contre des geôles bien plus profondes qu'à l'accoutumé.

Elle caressait machinalement le dos de la main de l'Italien alors qu'elle partait une nouvelle fois, pour une seconde ou deux, dans ses souvenirs. La douleur, la fatigue, puis la fragilité, les tremblements, l'Opium qui ne la soutenait plus. Elle aurait réellement pu mourir en restant avec le Clan.

J'aurais peut-être dû moins théâtraliser la chose. Mais que veux-tu, un Corleone ne fait jamais rien à moitié ! Et ils ne m'auraient jamais écouté de toute façon. - Elle soupira en pensant à Lili ou Gabriele, même à Azurine - Et j'avais besoin de retrouver l'Italie. Ca fait tellement de bien, n'est-ce pas ? La chaleur, la langue, la simplicité...

Elle reprit son verre de sa main vide pour reprendre un petit gout d'Italie à travers le vin natal. Elle ferma ses yeux un instant, pour sentir une nouvelle fois les sensations de jeunesse qu'elle avait retrouvé en vivant avec son aîné pendant cette année de mort mise en scène. Ne penser à rien qu'à soi, retrouver la santé et revivre. Il n'y avait que le Pays qui pouvait lui redonner le goût de la vie. Rodrielle rouvrit alors les yeux, qui se plantèrent à nouveau, brillants de vitalité, vers le Ceresa. Elle se pencha légèrement vers lui pour l'inciter aux confidences.

Et qu'est-ce qui t'a fait revenir ? La capitale, les affaires ?

Parce qu'elle savait bien où elle voulait en venir au final. Il n'y avait plus qu'à creuser.

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Dante.tommaso
La respiration s'était faite plus lente tout comme le temps qui passait. Dante ne perdait rien des pupilles corleone qui jouaient à observer tout autant qu'à questionner. L'un comme l'autre avaient préféré s'échapper du monde pour mieux se reconstruire, prendre le temps, éviter d'en finir… Même si pour Dante, le chemin n'avait pas été de tout repos, même s'il en gardait les stigmates sur sa peau, il était bien plus heureux maintenant qu'avant, appréciant cette vie de manière plus intensive, mordant à pleines dents car tout pouvait s'arrêter sur un simple claquement de doigts.

Et un sourire étira ses lèvres lorsque le commentaire sur son emprisonnement tomba chassé par un éclat de rire franc et sincère.


- Je dirais que le séjour à été des plus… instructif…

Les méthodes afin d'offrir la douleur étaient différentes de celles de leur pays et il y avait goûté. Et même s'il se régalait de la souffrance, repoussant la limite jusqu'à l'extrême, il avait cédé, vaincu par celle-ci. Dante avait mis longtemps à s'en remettre, des mois durant lesquels il n'avait été que l'ombre de lui-même, se cherchant, tâtonnant comme un enfant dans le noir. Jusqu'à la renaissance… et quelle renaissance ! Le phénix avait déployé ses ailes et sous son sourire charmeur la perversité y était bien plus ancrée. Dans ses chairs, tout n'était qu'en sommeil, attendant l'heure que quelqu'un réveille ses sens jusqu'au dernier.

Relevant le visage tandis que ses doigts arrêtaient de caresser la main de Rodrielle, Dante ne put que redresser son corps délié.

- Il faut savoir briser ses chaînes et aller de l'avant… il arrive un moment où on ne peut que vouloir s'échapper de ce qui nous cloue sur place. Et un retour aux sources n'est qu'un bon début. Notre mère patrie a ce pouvoir d'amoindrir certains déplaisirs, d'aplanir certaines contrariétés et de nous offrir cette sensation que tout peut être rejoué… mais différemment…

Dante accepta volontiers le visage de la Corleone tout contre lui et il se permit de respirer ce parfum qui n'appartenait qu'à elle. Il était sensible aux effluves distillés et il s'en enivrait avec délectation et passion. Passant légèrement sa langue sur ses lèvres, il resta penché afin de garder ce contact avec celle qui avait été une "sacrée bonne femme" à l'époque où le clan Corleone était sur toutes les bouches.

- La capitale, je saurais m'en passer même si elle compte en son sein quelques pigeons bien dodus prêts à être plumer. Ça pullule ces derniers temps, je n'en n'ai jamais vu autant et je dois dire que le petit commerce fonctionne bien, bien mieux que je ne l'avais espéré…

Dante tourna légèrement son visage vers Rodrielle afin de laisser son souffle jouer avec ses cheveux. Et ce regard inquisiteur qui voulait tout savoir d'elle comme ce sourire affiché aux commissures des lèvres, tout de Dante retrouvait ce sentiment qu'il affectionnait, entre curiosité et certitude.

- Mais ce n'est là qu'un petit commerce, les affaires plus… importantes se jouent en sous-mains comme autrefois… les lieux changent, les partenaires aussi mais il reste tout un monde grouillant dans l'ombre que j'affectionne particulièrement. Je ne m'en suis jamais caché et ça reste vrai même aujourd'hui, même après toutes ses années…

Avait-il besoin de le lui préciser ? Certainement que non ! Rodrielle connaissait cette nature imprévisible qui l'animait mais il aimait à garder du temps près d'elle, à renforcer ce contact rompu bien malgré eux, à retisser des liens autrefois défaits et à inventer peut être aussi quelque chose de nouveau. L'un et l'autre en avaient sans doute besoin et si ce n'était pas le cas, l'alchimie qui émanait de leurs personnes faisait que de toute manière, ils auraient trouvé de quoi établir de nouveaux plans sur la comète, peut être un nouveau projet, qui pouvait savoir ce que leurs esprits pouvaient mûrir ainsi…

La tête du Vénitien se cala contre celle de Rodrielle tout en lâchant un léger soupir. Il ferma les yeux et avoua, peut être à tort mais il en avait besoin, d'une voix ténue et grave.


- Tu m'as manqué Signora…

Le passé était quelque chose d'imprévisible et Dante le savait que trop bien. Et même s'il avait décidé de tourner la page, certaines personnes qui revenaient dans sa vie y trouvaient une place importante même encore aujourd'hui. C'était sans aucun doute le cas de la blonde. Et telle une pièce sur un échiquier, elle prenait la place de la Reine.
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Rodrielle
La complicité née de souvenirs partagés, de sang échangé, d'âmes identiques. Ces deux italiens-là n'avaient peut-être pas fait couler le sang ensemble, mais ils étaient liés néanmoins par quelque chose d'aussi fort, semblait-il naître de leur Patrie commune et de leurs aventures passées. Les Hommes vivent et grandissent grâce à des événements, des blessures, des cicatrices survenus en raison d'obstacles divers, d'aventures inattendues ; eux-deux avaient souffert chacun de leur côté mais s'étaient retrouvés unis dans leurs misères. Ils étaient aussi du même tempérament, vivaient pour le pouvoir et la renommée, pour leur sournoiserie et leur détermination. Ils étaient deux caractères forts, deux tempêtes qui se croisaient et se reconnaissaient. Bientôt viendrait l'heure de se compléter, mélangeant leurs talents avec une habileté digne des italiens qu'ils étaient.

La Tatouée ne quittait pas l'Italien du regard, scrutant la moindre parcelle de peau que constituait son visage harmonieux. Son rire, franc, la fit sourire avec une certaine malice ; ses yeux riaient autant que ses lèvres et les pattes d'oies qui s'étaient incrustées sur son visage le rendait encore plus séduisant qu'il ne l'avait été. Rodrielle ne perdait pas une mienne de toutes les marques sur ce visage masculin, tentant d'y lire ce qu'il avait vécu. Une infime cicatrice, une ride de contrariété, une autre de douleur, on pouvait tout lire, si l'on savait bien regarder.

Rodrielle termina son verre en écoutant de toute son attention les paroles de Dante. Ce retour aux sources lui avait fait également le plus grand bien. Personne ne savait réellement les difficultés qu'elle avait vécu durant ce long moment d'absence, même s'il ne s'agissait que des soucis de santé. Elle avait lutté contre la Mort et la Maladie, avec l'aide de son frère aîné, et contre elle-même aussi. Les tremblements s'étaient estompés depuis qu'elle avait retrouvé Rhomeo mais aussi depuis le traitement que lui avait proposé Indrys. Mais la Sorcière n'était plus près d'elle, laissant la Corleone seule dans sa lutte contre la maladie mais aussi vers une nouvelle forme de dépendance, à coup d'Opium et d'herbes hallucinatoires.

Je crois que l'on a tous besoin d'un moment pour se retrouver seul avec soi-même, pour retrouver qui l'on est vraiment. - Elle poussa un léger soupir guidé par les regrets - Trop donner pour les autres nous fait perdre notre propre chemin et l'on finit par s'oublier. Nous ne sommes plus que l'ombre de nous-mêmes et se couper des êtres vivants est parfois bien utile. De là à dire que tout peut-être rejoué, je ne le sais...

Elle esquissa un sourire en coin en tournant une nouvelle fois son regard vers le Ceresa. Le contact qu'ils créèrent ensuite n'en fut pas moins désagréable. Comme un électrochoc, ces deux fronts joints offraient une profondeur nouvelle à leur relation. Les émeraudes s'éclaircirent alors, grisés petit à petit par le vin, la discussion et la sensualité ambiante. Elle était ravie de savoir que ses affaires étaient prospères et comptait bien tirer partie de cette bonne augure pour l'inviter à rejoindre son propre projet. Elle lui offrit alors un sourire complice, précurseur de l'idée à venir...

Tu prêches une convaincue... L'Ombre m'a toujours habillée bien mieux que la clarté et je pense pouvoir te fournir quelques idées qui pourraient t'intéresser. Il semblerait que tes talents pourraient être attendus.

Elle avait baissé le ton pour rentrer dans la confidence. Un murmure suave, électrique, qui fut suivit par les propres paroles du Ceresa. Un frisson lui parcourut l'échine à ces mots qui l'étonnaient. Pourtant, elle les partageait tout autant mais se gardait bien de le dire, surement trop joueuse pour prononcer ces mots. L'homme était sa faiblesse et elle le fit remarquer en fermant ses yeux à son tour, laissant son souffle glisser sur le visage masculin, accompagné par sa main qui caressa sa joue, à l'angle de sa mâchoire. Elle n'ajouta donc pas un mot, ne sachant finalement que dire réellement. Elle ne bougeait donc pas, gardant sa tête contre celle de l'Italien pour prolonger ce contact physique. Le premier en presque 10 ans.

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