Cest long et je me fais chier. Royalement peut-être, mais bon
alors je baille aux corneilles. Et quand lennui guette, les petites voix de la conscience senclenchent.
Quest-ce qui ma pris de venir à cette cérémonie ?Peut-être y étais-tu invitée ?Mouais. Mais de là à sinstaller au second rang
ya des limites !Et les sièges des cathédrales, aussi majestueuses soient-elles, nétant pas réputés pour leur confort, jai mal au derche et gigote donc sans cesse. Ce nest pas mon voisin péteur qui oserait sen plaindre.
Pour éviter que les gens ne sendorment sans doute
Certes, mais ça ne leur évitera pas de mourir
dennui !Pas faux. Mais un cadavre fait bien souvent moins de bruit quun endormi.Jessaye vainement de trouver une position confortable. Et me retrouve finalement, tête baissée, pour ne pas dire avachie, mains jointes et posées sur les genoux, yeux fermés
la position dune pieuse coincée, appropriée aux circonstances. Je me laisse simplement bercer par la litanie des intervenants et vu de dos, cela devait être cocasse. Une tête dodelinant de gauche à droite puis se redressant dun coup, droite comme un i ; rebelotte ;un tronc accompagnant la manuvre et penchant dangereusement du côté où il voulait tomber ;
Avez-vous déjà remarqué combien il était difficile de lutter contre cet état lorsque lon est supposé rester immobile et concentré ?
Hélas, ce qui devait arriver, arriva. Et doucement, je ne manque pas de sombrer dans les bras de Morphée. Jusquà ce quun sifflement strident ne résonne dans la bâtisse et me réveille en sursaut. Cest alors que, conditionnée par des mois de vadrouille en tout genre, je me redresse sur mes pieds, me tourne vers lorigine du brouhaha et dégaine ma lame (précautionneusement cachée sous le mantel emprunté pour loccasion à mon père).
Vas y. Embroche-le !Les brumes de sommeil envahissant mon cerveau sévaporent petit à petit et je me rends compte de la situation. Je ,moi, toute seule, fait face à quasi toute la haute société bretonne et la menace. Ni plus, ni moins. Si la situation navait pas été aussi humiliante, jaurais trouvé ça plutôt téméraire et classe. Je remets donc délicatement Cipic dans son fourreau, histoire de ne pas affoler tous les gardes présents, et sourit niaisement.
Je ne vais pas lui trouer la pense parce quil a eu loutrecuidance de déranger la quiétude des lieux, tout de même.Cependant, quand on porte un tel nom, il nest pas très convenant de faire des vagues (*). Et je prie intérieurement pour que quelque chose ou quelquun détourne lattention de lassistance. À croire que Dieu existe car dans linstant, le petit jeune se met à enguirlander lassemblée et plus personne ne fait attention à moi. Je profite de ce répit pour me rasseoir calmement non sans jeter un regard de biais à mes voisins afin de leur expliquer le malentendu si nécessaire.
(*) waw
quel jeux de mot ! La narratrice sauto congratule !_________________