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[RP] Le jardin secret

Axelle
Une gifle.

Combien d'amants lui en avaient promis une devant son regard trop arrogant et trop fier, refusant de se baisser à l'heure où plus rien ne va ? Des promesses, des menaces, de voir sa joue rougie de l'injure d'un soufflet, elle en avait essuyé plus d'une, sans que jamais, pourtant, aucune main d'homme ne vienne tracer son empreinte aux doigts écartés sur son visage. Il fallut donc qu'il soit le premier, sans coup de semonce pour prévenir la brûlure bien plus cuisante à l'âme qu'à la peau, à la marquer de sa paume. Elle aurait suffi, cette torgnole, à la foutre par terre, la gitane, mais non content de son camouflet, l'homme dont la silhouette tremblait de rage devant ses mirettes noires, vint planter son genou au creux de ce ventre encore palpitant du plaisir tout juste donné.

Les yeux emplis de larmes douloureuses, la lame traîtresse était glaciale à son cou, mais ce n'était rien face au flot de paroles se déversant sur elle et que son esprit embrumé peinait à comprendre. Clignant les yeux, elle laissait le temps s'écouler, remettant comme elle le pouvait en place chaque pièce du puzzle qu'Ansoald étalait devant ses prunelles floues pour construire le vrai visage de cet homme qui l'avait trompé bien plus que ses mots encore ne l'avouaient.

Une boule amère de rage gonfla dans la gorge ambrée. Il l'avait trahi. Sans doute était-ce suffisant pour gagner le mépris manouche. Elle qui était pétrie de franchise et de loyauté. Mais le pire n'était pas là. Cette traîtrise-là serait oubliée d'ici quelques jours. Ce qui ce ne cesserait jamais de la grignoter était le plaisir pris par sa bouche félonne qui glisserait dans ses pensées dès lors qu'elle se perdrait à penser à cet infect moment. Ce plaisir coupable qui esquisserait une pointe de regret pour corrompre la haine. Un désir inassouvi de cet être trop sensuel pour ne pas le vouloir encore, saccageant tout espoir de le balayer de sa vie d'un revers dédaigneux de la main.


Et malgré la lame entaillant la peau, animée par un dégoût sans limite pour lui, mais peut-être encore plus pour elle-même, elle lui cracha à la figure avant de siffler entre ses dents. Jamais, tu m'entends, jamais, si j'avais su ta fourberie, tu n'aurais ne serait-ce que pu encore poser ton regard sur moi alors... La phrase resta en suspens tant elle était insupportable de honte alors que sa main brune se glissait entre leurs bassins toujours trop dangereusement liés. Et les doigts se refermèrent avec violence et cruauté sur ce sexe d'homme trop triomphant, plantant ses ongles dans la chair douce et tendre que quelques instants auparavant encore, elle mourait d'envie de choyer de sa langue. Profitant de la douloureuse surprise qui le déstabilisait de son assise, dans un râle laborieux, elle repoussa le corps assaillant et s'échappa de son emprise pour se relever d'un bond. Le rouge de la robe fut attrapé dans le même élan, se plaquant sur le corps brun dans un sursaut saugrenu de pudeur. Le regard noir n'était plus que gouffre et sa bouche, pleine d'amertume et de nausées, refusait de desserrer les dents.

Vas t'en. Tu ne mérites même pas que je te tranche la langue. Vas t'en avant que je ne change d'avis et n'appelle mes hommes. Vas t'en de chez moi, déguerpis de ma vue ! Cafard que tu es. Abruti de me croire aussi fourbe et malsaine que toi. Vas-t’en.


Vexée, humiliée, insultée, il n'existait aucun mélange plus explosif alors que sa main déjà se refermait sur une pierre déchaussée du muret.
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Ansoald
Il ne désirait pas la tuer. La menace de son couteau était un leurre. Son plan était de tenir Axelle en otage et de sortir de l'enceinte du jardin par la grande porte, devant les sbires de la Gitane. C'est pourquoi il tenait à ce qu'elle se rhabille...Passe encore l'humiliation de la tenir prisonnière, mais la honte pour une femme, une femme de pouvoir comme Axelle, d'être dépouillée de ses vêtements aux yeux de tous, cette honte était insurpassable.

Quoi qu'il en soit, en maîtresse rouée des vices et des lâchetés humaines, la tsigane avait bien compris qu'il ne la tuerait pas. La témérité du mouvement vers son sexe surprit le voleur, lequel, comme tout homme de bon sens attaché à ses joyeuses, trembla qu'elle ne l'arrache comme on déracine une mauvaise herbe. Il était pratiquement impossible qu'elle y réussisse: le vénéneux sous le ventre est trop bien planté. Mais, dans la fureur du moment, la raison n'avait pas sa place. Faute de l'extraire de son pot, elle le griffa et cette lacération sur son membre turgescent rendit la douleur d'autant plus cuisante. C'est avec un immense soulagement qu'Ansoald la vit s'éloigner pour s'emparer de sa robe. Elle voulait se rhabiller, ne plus lui offrir la vue impudique et délicieuse de son corps propice aux caresses et aux baisers. Il comprenait sa volonté: lui-même avait froid, malgré la chaleur de cette nuit estivale. Sa main essuya le crachat qui maculait sa joue, tandis qu'il la regardait et se demandait que faire.

Il se tenait prêt à bondir sur elle, à nouveau, pour en revenir à son plan de survie. Mais ses paroles, teintées de haine et de mépris, désarmèrent toute initiative de ce côté. Elle le laissait libre de partir. Ansoald n'en croyait pas ses oreilles. En son regard, il lut de la détresse, mais il ne comprit pas immédiatement ce que le dégoût d'Axelle signifiait et signifierait pour lui-même à l'avenir, quand il s'apercevrait que cette invitation n'était pas une ruse, mais un attrait sincère. Ansoald ne croyait pas plus aux frontières, aux définitions, qu'en la vérité, mais cette dernière se révélait si dangereuse par sa capacité de séduction, qu'il préférait penser que le mensonge était un fait universel dans ce monde. Néanmoins, de fait, sur le moment, il ne chercha pas à comprendre. Elle lui offrait une inespérée possibilité d'évasion, Il lui fallait s'échapper, avant qu'elle ne change d'avis. Alors, sans demander son reste, il s'enfonça dans la nuit, courant à travers les bois et un champ d'asphodèles, pour retrouver l'endroit où il avait franchi les remparts du jardin. L'obscurité compliqua l'escalade, mais ce n'était rien en comparaison du feu qui lui brûlait les veines, altérant la précision de ses gestes, au point qu'il glissa plusieurs fois contre les pierres et s'écorcha la peau. Enfin, il parvint à basculer de l'autre côté du mur et à sauter dans la ruelle.

Il ne s'estimait pas à l'abri. Il se mit à courir, encore, comme un dératé. Le couteau à la main (cette lame lui était précieuse) et le sexe ballotant entre ses cuisses. Il n'avait pris le temps de se rhabiller. Il livrait dans les rues de Paris une course folle, sans penser à rien, sans se soucier de rien, sans savoir où aller, courant jusqu'où le mènerait son souffle. Nu.

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Si ce n'est pas toi, c'est donc ton frère....
Axelle
Longtemps, elle resta plantée dans l'herbe, sa robe resserrée sur elle comme un enfant l'aurait fait d'une peluche pour se rassurer dans la nuit noire. Les yeux agrandis, comme cherchant encore à remettre de l'ordre dans le marasme qu'Ansoald avait laissé dans son sillage. Incapable même de savoir si elle lui en voulait tant elle s'en voulait à elle-même d'avoir été aussi aveugle, aussi naïve, aussi stupide. Allant même jusqu'à se demander quelle légitimité elle pouvait avoir à diriger le moindre organe de sécurité tant elle avait risqué d'embaucher, au sein même des Yeux d'Hadès, un homme qui l'avait trahie et l'aurait à nouveau trahie au moindre coup de vent glissant dans ces cheveux bruns où elle avait enroulé ses doigts.

Elle s'était laissée berner par le premier venu. Avait mis la sécurité de ses hommes en péril. N'avait rien vu venir. N'avait rien su. Ne s'était méfiée de rien. Telle une débutante. Telle une incapable. Des larmes de rage coulaient silencieusement sur ses joues. Aurait-il, fuyant ainsi dans la nuit, la moindre conscience de château de cartes qu'il avait fait s'écrouler en quelques mots ? Finalement, aurait-elle pris un mauvais coup à la cour des Miracles que la blessure aurait été moins cuisante.

Certainement aurait-elle pu rester la nuit entière plantée là, comme une énième plante, si des pas hésitants n'avaient relevé son museau. Les yeux noyés se posèrent sur la silhouette voûtée de la Bosse, dont le regard, étrangement, ne s'animait plus de cette lueur sournoise qui lui était coutumière, et se dandinant d'un pied sur l'autre.

Commence à plus faire très chaud, devriez rentrer. Les hommes s'inquiètent d'pas vous voir.

Il savait. Il avait vu. Tout. Le regard du bossu, malgré l'aide de la pénombre, ne savait lui mentir. Il avait veillé, sans pourtant donner l'alerte, pour ne pas embarrasser la manouche, mais prêt à déployer toute la garde si cela s'était révélé nécessaire. Il savait, mais ne dirait rien, plus gêné peut-être encore que la Casas ne l'était. Alors, elle lui adressa un pauvre sourire en guise de réponse, renfilant sa robe sans précaution pour le tissu s’effilochant dans les branche. Elle s’apprêtait à la suivre quand son regard noir se posa sur le cistre oublié là. D'une main vive, elle l'empoigna, et sans traîner davantage suivit les pas clopinant du bossu, sur un simple.
Il faudra faire réparer les pierres du mur est.
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