Luciedeclairvaux
[Arrivée à Joinville le 8]
Lucie avait noté qu'à mesure que le vieux s'éloignait d'eux, son humeur s'assombrissait, comme s'il avait laissé une part de son héritage en elle. Comme s'il lui manq... mais non, pas du tout. Il me manque pas, bordel ! C'est juste cette fichue route qui me met les nerfs. Ca peut pas être autre chose.
Elle chevauchait en silence, tournant dans sa poche un caillou troué. Pour se donner du baume au coeur, elle resongea à la soirée de la veille au campement de Langres, où un lion chauve les avait fait mourir de rire à ses dépends. La petiote en avait encore mal aux ventre. Un sourire s'esquissa sur sa joue et disparut rapidement tandis qu'un voile passait dans ses yeux clairs.
Mieux valait en rire qu'en pleurer, parce que si elle avait pleuré, elle se serait noyée ...
Elle avait ressorti sa cape rouge écarlate, pour cacher la crasse et le sang qui maculaient ses vêtements, pour se protéger d'un petit vent frais du matin, et puis surtout parce que la Zoko ne circulait plus incognito. L'ostensible armée faisait frémir les villageois et trembler les pucelles. Avec leurs trognes sales et leurs sourires machiavéliques, les mercenaires traversaient Bourgogne ou Champagne au gré de leurs pulsions, qui se définissaient souvent tard le soir.
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Lucie avait noté qu'à mesure que le vieux s'éloignait d'eux, son humeur s'assombrissait, comme s'il avait laissé une part de son héritage en elle. Comme s'il lui manq... mais non, pas du tout. Il me manque pas, bordel ! C'est juste cette fichue route qui me met les nerfs. Ca peut pas être autre chose.
Elle chevauchait en silence, tournant dans sa poche un caillou troué. Pour se donner du baume au coeur, elle resongea à la soirée de la veille au campement de Langres, où un lion chauve les avait fait mourir de rire à ses dépends. La petiote en avait encore mal aux ventre. Un sourire s'esquissa sur sa joue et disparut rapidement tandis qu'un voile passait dans ses yeux clairs.
Mieux valait en rire qu'en pleurer, parce que si elle avait pleuré, elle se serait noyée ...
Elle avait ressorti sa cape rouge écarlate, pour cacher la crasse et le sang qui maculaient ses vêtements, pour se protéger d'un petit vent frais du matin, et puis surtout parce que la Zoko ne circulait plus incognito. L'ostensible armée faisait frémir les villageois et trembler les pucelles. Avec leurs trognes sales et leurs sourires machiavéliques, les mercenaires traversaient Bourgogne ou Champagne au gré de leurs pulsions, qui se définissaient souvent tard le soir.
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