Actyss
RP ouvert à tous, sans forcément de lien entre les posts ni que ceux-ci soient suivis. Il n'y a qu'à préciser le jour, pour plus de clarté !
Le 14 Décembre 1463
« Avec Arnauld le temps file à une allure démentielle. On dirait qu'il a la capacité de sauter des jours. De créer des semaines sans jeudi. Est-ce que c'est ça le bonheur ? Quand il n'y a plus de jeudi ? »
« Avec Arnauld le temps file à une allure démentielle. On dirait qu'il a la capacité de sauter des jours. De créer des semaines sans jeudi. Est-ce que c'est ça le bonheur ? Quand il n'y a plus de jeudi ? »
Deux jours plus tôt, nous nous étions donnés pour mission de trouver un châle grenat pour Maman. Arnauld avait décidé de lui en offrir, pour Noël me semble-t-il.
Main dans la main à travers les rues de Narbonne, nous flânons, tâchant d'être concentrés, en passant devant les boutiques des tisserands et autres marchands de dentelle. Je dois avouer que j'ai bien du mal à me concentrer sur notre quête. Ce n'est pas si facile que ça en a l'air. Pas parce qu'il n'y aurait pas de châles ! Mais bien plutôt parce que mon coude ne cesse de heurter celui d'Arnauld, que ma hanche vient frôler la sienne, et que j'ai une folle envie de l'embrasser à en perdre le souffle. Mais en bonne fille, je sais me contenir, et je fais semblant que tout cela ne me donne aucune idée ni envie. Et d'ailleurs, toutes les visions d'un Arnauld fort peu vêtu et d'une moi sans robe ni jupon qui commençaient à s'imposer à moi, s'évaporent brusquement alors que mon regard avise l'objet de notre quête.
« Arnauld ! Ici ! La boutique, là, regarde ! »
Je lui lâche la main et cours vers la devanture d'une échoppe. Là, soigneusement disposé sur un mannequin de paille, un châle d'un grenat profond agrémenté de décors floraux vert mousse, semble n'attendre que nous pour être acquis. Il drape merveilleusement bien une robe d'un jaune bouton d'or absolument magnifique. Sur le devant, des broderies représentant une dizaine de petits soleils ouvragés, d'un ton à peine plus foncé que le tissu de la robe, rehaussent encore la splendeur de la tenue. J'ouvre une bouche grande comme un four, les yeux exorbités. J'ai toujours adoré le jaune, parce qu'il me rappelle la teinte dorée du Soleil.
« Tu as vu ? Comme elle est belle ? » soufflé-je à Arnauld.
« Ah ça, ma p'tite dame, un peu qu'elle est belle ! » lance le tisserand en se plantant devant nous. « De la pure flanelle en laine de haute qualité ! C'est pas d'la feutrine, pour sûr ! » ajoute-t-il en se mettant à rire. « Pour l'prix... C't'une autre paire de manche. Au bas mot... Quatre-cents écus. »
Je ne peux retenir une grimace, tandis que mes épaules s'affaissent. Tout ça ? Mes rêves de robe à soleils disparaissent en fumée.
« On vous prendra juste le châle... » soupiré-je en jetant un dernier coup d'il à la tenue qui d'évidence, me fait incroyablement envie.
Ce sera, peut-être, pour un autre jour.
Réplique du film « La Délicatesse », adaptée ici pour la circonstance.