Helona
- Thiers
Je n'étais pas retournée en taverne après le repas. Je n'avais, étrangement, pas la tête à rencontrer toute la nouvelle bande d'amis d'Arnauld et Actyss. Mes pensées étaient bien trop occupées ailleurs, vers des souvenirs qui me paraissaient à la fois avoir eu lieu la veille et très éloignés. Si tout se passait comme prévu -ce qui n'était jamais le cas- nous allions partir bientôt pour Alexandrie. Plusieurs mois de voyages, des semaines entières loin de ce «chez nous» dont je pensais ne jamais vouloir et de ces amis que j'ai cru, pendant un temps, ne plus avoir. Et j'étais là, installée en tailleur sur le parquet de la roulotte, à me remémorer tout ce que j'avais perdu la dernière fois que j'avais tenté de partir pour Alexandrie.
Citation:
Thiers,
Le 8 Février 1464
A Gabriel,
Je dois bien avouer qu'il m'est étrange de rédiger cette lettre, puisque les chances sont tout de même assez élevées pour que je sois en train d'écrire à un mort. J'essaie de rassurer l'absurdité de ce geste en tentant de me convaincre que, de là où tu es, tu es peut-être en train de me regarder écrire. Si c'est le cas, tu la liras sans doute aussi bien que si tu la recevais réellement. J'espère tout de même que tu n'es pas réellement mort et que ton -incroyablement long- silence n'est du qu'aux fruits du hasard.
Je pense à toi souvent, depuis que tu es parti vers la Bretagne. J'y pensais quand nous nous écrivions, et que Pépin et moi étions en route pour vous rejoindre, Hirondelle et toi. Nous sommes allés en Bretagne, finalement, tu sais ? On en a fait le tour et j'ai demandé un peu partout après toi sans parvenir à obtenir une réponse claire, de qui que ce soit. Nous avons vu Brocéliande, l'océan, d'autres forêts... C'était fabuleux. Mais tu n'étais pas là.
J'avais renoncé depuis quelques temps à t'écrire, tout comme j'avais renoncé à écrire à ceux qui ne daignaient plus me répondre depuis bien longtemps. Mais je ne peux m'empêcher de repenser à toi aujourd'hui. Je prépare, du moins j'essaie, un autre voyage pour Alexandrie. Nous n'avons ni bateau, ni compagnons pour nous accompagner, pour le moment. Un voyage bien bancal, en somme, comme le notre, si tu t'en souviens. A la différence près que nous étions tout un groupe près à partir alors qu'ici, nous ne sommes que deux. Trois, si on compte mon fils. Et j'imagine que le fait qu'il ne sache pas parler ne devrait pas nous empêcher de le compter dans les effectifs.
J'aimerais avoir de tes nouvelles, tu me manques. Et je m'inquiète pour toi.
Le 8 Février 1464
A Gabriel,
Je dois bien avouer qu'il m'est étrange de rédiger cette lettre, puisque les chances sont tout de même assez élevées pour que je sois en train d'écrire à un mort. J'essaie de rassurer l'absurdité de ce geste en tentant de me convaincre que, de là où tu es, tu es peut-être en train de me regarder écrire. Si c'est le cas, tu la liras sans doute aussi bien que si tu la recevais réellement. J'espère tout de même que tu n'es pas réellement mort et que ton -incroyablement long- silence n'est du qu'aux fruits du hasard.
Je pense à toi souvent, depuis que tu es parti vers la Bretagne. J'y pensais quand nous nous écrivions, et que Pépin et moi étions en route pour vous rejoindre, Hirondelle et toi. Nous sommes allés en Bretagne, finalement, tu sais ? On en a fait le tour et j'ai demandé un peu partout après toi sans parvenir à obtenir une réponse claire, de qui que ce soit. Nous avons vu Brocéliande, l'océan, d'autres forêts... C'était fabuleux. Mais tu n'étais pas là.
J'avais renoncé depuis quelques temps à t'écrire, tout comme j'avais renoncé à écrire à ceux qui ne daignaient plus me répondre depuis bien longtemps. Mais je ne peux m'empêcher de repenser à toi aujourd'hui. Je prépare, du moins j'essaie, un autre voyage pour Alexandrie. Nous n'avons ni bateau, ni compagnons pour nous accompagner, pour le moment. Un voyage bien bancal, en somme, comme le notre, si tu t'en souviens. A la différence près que nous étions tout un groupe près à partir alors qu'ici, nous ne sommes que deux. Trois, si on compte mon fils. Et j'imagine que le fait qu'il ne sache pas parler ne devrait pas nous empêcher de le compter dans les effectifs.
J'aimerais avoir de tes nouvelles, tu me manques. Et je m'inquiète pour toi.
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Merci au jidé Pepin_Lavergne pour la ban