Lucie
Bientôt la nuit tombera sur cette Saint-Jean dété et, tandis que les invités aux joutes s'égayent après les dernières passes de la journée, les domestiques de la vicomté semploient à régler les derniers détails pour que la soirée qui sannonce soit parfaite. Ainsi, à lorée du verger, sur le plancher qui a été monté pour épargner souliers légers et fines chevilles de la poussière et des éventuels nids de poule, des petites mains vont et viennent telles de besogneuses fourmis ; les uns allumant les centaines de lampions qui ont été accrochés dans les arbres ou ajustant les guirlandes de fleurs qui ont été suspendues entre eux, les autres garnissant le buffet dune foultitude de plats de vermeil où reposent des mets divers et variés dont les couleurs et les parfums se mêlent délicieusement comme pour dire mangez-moi.
Lucie, elle, après un détour par le château pour se rafraîchir et changer de robe, optant pour une mise plus élégante encore que celle portée durant la journée, surveille les dernières préparations, un sourire flottant à ses lèvres. Leffervescence joyeuse qui a pris Barbazan la ravit et avoir lheur de passer du temps auprès de ses proches mais aussi de découvrir ici de nouveaux visages lui semble être un cadeau des plus précieux. Un cadeau... A cette idée, le sourire de la Fleurie se fait plus amusé, creusant croquignolettes fossettes à ses joues. Elle naurait jamais cru en venir à un jour penser que les autres, ces mystères de chair et de songes tissés, puissent être source de joie pour elle. Il faut croire, donc, quelle évolue, elle qui peine pourtant à trouver autre chose dans le miroir que lambitieuse gamine des plus sales faubourgs de Dijon quelle était encore quelques années auparavant.
Se rapprochant légèrement de Felip qui se tient, comme souvent maintenant, à ses côtés, Crocus soffre le luxe de ladmirer un instant. Il la séduit toujours mais il lui semble quen ce jour, dans son pourpoint bleu, il est encore plus beau quà l'accoutumée et elle, petite Fleur au palpitant prompt à semballer, elle sent pour la millième fois son coeur cogner un peu trop fort les barreaux de sa cage thoracique, comme si il voulait sextraire de cette prison pour atterrir entre les mains du Comte Immaculé. Alors, parce quelle peut bien abandonner sa pudeur naturelle le temps dun instant, elle se penche vers lui pour voler un baiser à ses lèvres avant de reprendre une position plus convenable.
- Jespère que les gens ne sont pas trop fatigués par le début des joutes et quils viendront ce soir, souffle-t-elle, jetant un regard à la ronde pour voir si du monde arrive tandis que la plupart de ses domestiques, leur ouvrage terminé, s'en vont discrètement.
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