Arry
- [A Roche - Le 23 avril 1464]
Kierkegaard & Zolen, Scène 47 Acte 15. Sans compter les nombreuses scènes défripées que nous ne dévoilerons pas ici afin de préserver la sensibilité dun public non averti. Alors que nous pensions quils nous avaient déjà cassé les esgourdes à toutes les sauces : les infidélités de Monsieur, les gueulantes de Madame, la demande en mariage, la maladie, la quatrième demande en mariage, les nouvelles tromperies de Monsieur, les énièmes crises de nerfs de Madame, lemménagement au Château, la quinzième rupture de deux jours et demi, le mouflet non, ils nous brisent ENCORE les jumelles (bourses ou roploplos, soyons justes). Parce que nos deux protagonistes manquent clairement doriginalité pour pimenter leurs disputes, la dernière en date ne change pas de fondement : un Arry incapable de garder langue, paluches et toute autre partie de son anatomie exclusivement pour sa fiancée. Le (petit) écart dévoilé, le couple comtal na pas manqué de mettre en uvre SA recette de dispute qui fait trembler tous les murs du Limousin : une bonne louche de mensonges, une cuillérée de paroles blessantes et un soupçon de mauvaise foi pour Lui, une tartine de larmes, une couche de reproches et des menaces de départ pour Elle. Le Régnant, certes affreusement insultant et mesquin aurait presque pu remporter la manche si Kierkegaard ne se retrouvait pas pour la énième fois en position de force avec lavenir du duo (voire du trio, en comptant le lombric) entre ses mimines. Ouaih, en Limousin-Marche, cétait pure vérité : les porteuses de jupons avaient très souvent le dernier mot.
Si le nombre dassiettes et verres brisés par la Kierkegaard depuis laccession des amants terribles au pouvoir ne nous a pas été remonté, nous savons dores et déjà que le Zolen aurait, dans un excès de contrariété pour le moins exacerbé, foutu sans dessus dessous lhôtel rochechouartais dans lequel il logeait tous frais payés par le Comté pas plus tard que cette nuitée. Au moins, on sait pourquoi le Cens va augmenter en mai. Si nous pensions le dégoter ivre mort la pipe bourrée dopiacées encore au bec et deux blondes à peine majeures avachies dans un plumard à ses côtés, il nen fut rien. Une avancée dans le scénario ? On croise les doigts. Cest à laube et perché sur les toits à jouer les équilibristes que nous avons finalement déniché le Arry. Si le commun des mortels noyait sa peine dans un fut de vinasse, dans les jacasseries dun cureton et/ou dans une dépense outrancière de ronds pour les plus riches, le brun dopé au lait de chèvre et à la nougatine, pratiquait la flagellation mentale à trente pieds au-dessus du sol. En tapant causette avec son meilleur décédé.
« Libérééééé, délivréééé »
« N'commence pas. »
« Tes un putinasse de rabat-joie. Des fiançailles pétées, cest davantage de donzelles à culbuter. Quand on te bourre sous le pif un pochon de nougats, un de dragées, des chouquettes, quatre brioches beurrées et deux pots de confiotes à la mûre, tas envie de goûter à tout même si tas une préférence pour les nougats. Avec les donzelles, cest pareil. Le mieux, cest dse faire les crocs sur le tout pour être totalement rassasié. »
« »
« Cause, frangin, on sait tous qu't'es incapable de t'nir le silence. »
« Jveux pas que quelquun dautre croque dans mon nougat. »
« Alors bouge-toi la couenne pour lrécupérer avant quun fini à la pisse dchaton te lchope. »
« Ça ne marchera pas cette fois. »
« Hm. Cest une femme. Tu lui dis ce quelle a envie dentendre, tu lui décoches deux sourires et trois compliments et elle va dare-dare retomber dans ta couche. Msemblait que tétais doué pour ça ya quelques années. Tu perds la main ? »
« Kierkegaard nest pas une vulgaire gourgandine aisément manipulable. »
« Et alors ? Trop compliqué pour toi ? Ou elle nvaut juste pas lcoup ? »
« Va »
« Crever, ouaih, cest fait. Dailleurs, tu pourrais envoyer du gus nettoyer ma tombe ? Ya dla fiente de pigeon dssus, cest putinasse dcrade. »
« »
« Tembobines comme tu respires, ptit frère. Cque tu veux, tu las. La question cest pas dsavoir si tu pourras la récupérer mais si tu veux la récupérer. »
« Je le veux mais.. »
« Cest quoi lplan ? »
« Je.. Jattends quelle se calme. »
« Tu peux mieux faire. »
« Je lui écrirai dans quelques jours quand la colère sera un peu retombée..
« et que le manque commencera à se faire sentir. Ensuite ? »
« Je demanderai à ce qu'on fasse porter les affaires du mouflet dans la bicoque aménagée à Guéret. »
« La carte du père investi et attentionné, imparable. Fourbe mais imparable. Après ? »
« Je prétexterai une visite comtale pour me radiner sur Guéret une semaine avant la naissance du marmot. »
« Continue. »
Il a continué mais nous, on naura pas la suite, du moins, pas aujourdhui. Tout ce quon sait, cest que le Comte a gribouillé quelques mots au personnel du Château et que le jour même, le foutoir kierkegaardien était achalandé jusquà Guéret.
Citation:
Norbert, salut,
Mademoiselle Eldearde compte vivre ses dernières semaines de grossesse à Guéret. Tout doit être prêt quand elle arrivera.
Le bouquin quelle garde sous notre lit au Château, déposez-le en évidence sur sa table de chevet et veillez à ce que le berceau soit placé dans la chambre mitoyenne. Celle qui donne plein sud.
En ce moment, elle raffole du lapin aux morilles, avec son éternel verre de Chablis. Assurez-vous quelle se nourrisse correctement. La cuisinière est déjà sur place, la femme de chambre également. Rajoutez deux gardes. Pas le blondin, il a tendance à lui conter fleurette, cest agaçant. Et surtout, que le médecin fasse de suite route pour la Marche. Quil ny bouge pas tant que mon fils ne sera pas né.
Ecrivez-moi au moindre pépin,
Z.
Mademoiselle Eldearde compte vivre ses dernières semaines de grossesse à Guéret. Tout doit être prêt quand elle arrivera.
Le bouquin quelle garde sous notre lit au Château, déposez-le en évidence sur sa table de chevet et veillez à ce que le berceau soit placé dans la chambre mitoyenne. Celle qui donne plein sud.
En ce moment, elle raffole du lapin aux morilles, avec son éternel verre de Chablis. Assurez-vous quelle se nourrisse correctement. La cuisinière est déjà sur place, la femme de chambre également. Rajoutez deux gardes. Pas le blondin, il a tendance à lui conter fleurette, cest agaçant. Et surtout, que le médecin fasse de suite route pour la Marche. Quil ny bouge pas tant que mon fils ne sera pas né.
Ecrivez-moi au moindre pépin,
Z.
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