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Il est parfois nécessaire de détruire, de brûler, pour pouvoir reconstruire sur des terres plus fertiles.

[RP] Buisson ardent

Eli_za_beth
    « Puis t’es romantique comme un ciel sans étoile,
    T’es pétillante comme de l’eau plate en flacon,
    Tu prends aux tripes comme une grippe intestinale,
    T’es rassurante comme le cancer du colon. »*


Devant le buisson planté par Svan se tenait une blonde à la mine contrite et aux profonds cernes.
Et devant celui-ci, il y avait quelques bûches, une robe de la haute-noblesse, quelques lettres et un petit bout de parchemin sur lequel on avait griffonné quatre pauvres lignes. Ces « cadeaux » venaient de Prisca et de Svan, ses deux bourreaux et les deux pires erreurs de sa vie. Elizabeth voulait s’en débarrasser et éradiquer de son entourage tout ce qui pourrait lui faire penser à elles.

Briquet en main, la petite blonde se tourna vers sa maison où dormait encore Auralie. Si elle faisait cela, c’était parce qu’elle souhaitait guérir et offrir le meilleur d’elle-même à son amante qui méritait beaucoup mieux qu’une religieuse dépressive et torturée par les souvenirs de ces deux connasses.
Depuis qu’elles étaient arrivées dans le PA, les nuits de la pauvre Elizabeth étaient devenues agitées. Elle avait du mal à s’endormir et avait encore plus de mal à se réveiller. Entre ces deux moments pénibles, la blonde faisait des cauchemars où Svan et Prisca se faisaient une joie de la torturer ; où Lina mourait ; où Carla ne lui pardonnait pas. A chaque nouveau mauvais rêve, elle se réveillait en sursaut, dans les bras de cette merveilleuse femme qu’était Auralie. Elle voulait retrouver cette joie de vivre qu’elle avait perdue à l’instant où son pied avait foulé le Périgord.

Très tôt ce matin-là, Elizabeth s’était douloureusement extirpée des bras de sa jolie brune. Elle avait fait attention à ne pas la réveiller et avait délicatement baisé son front à plusieurs reprises avant d’enfiler une bure, une paire de bottes et de prendre tout ce qu’elle comptait brûler.
Et voilà donc une blonde devant un buisson, un briquet à la main, préparant un bûcher miniature pour exorciser ses propres démons.

Une bonne vingtaine de minutes plus tard, le buisson commença à flamber. Elle fixa les flammes et, alors que le « cadeau » de Svan se consumait, elle envoya flamber ce minable « poème » qu’elle avait reçu avec.


    « Je ne sais pas te faire de poème,
    Pour te dire que je t’aime.
    Mais je t’offre ce touffu buisson,
    Pour y manger ton petit con. »


Elizabeth cracha dans le mini-brasier, les larmes aux yeux et folle de rage. Elle était en colère contre Svan et encore plus contre elle-même. Comment avait-elle pu être conne au point de croire les belles paroles d’une nana qui se faisait tringler pour avoir des trucs et des machins ?

Sal*pe… Murmura-t-elle alors qu’une larme perla le long de sa joue.
Dire qu’Elizabeth ne l’avait jamais aimée serait mentir. Svan fut, à un moment de sa vie, son plus grand amour. Mais cette période était bel et bien révolu – heureusement pour sa santé mentale. Mais le plus pathétique là-dedans, ce fut Elizabeth qui avait couru après Svan tel un bon toutou prêt à se soumettre à sa maîtresse.
Qu’est-ce qu’on est con quand on est amoureux… !


Extrait de la chanson « salope » de Barcella.

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Auralie



C'est tremblante de peur qu'Auralie avait quitté l'Anjou, toute cette vie créée pour elle par son père, où il n'y avait eu qu'à travailler et envoyer la paye. Ce sont d'ailleurs les écus économisés qu'elle envoyait à sa famille en attendant qu'Elizabeth la paye effectivement, ainsi la transition pour eux ne se ressentait pas. Les jours se ressemblaient et les semaines avec, le temps était rythmé et ne sortait jamais de l'ordinaire en Anjou, mais dans ce voyage, les paysages étaient tous différents, les gens aussi, les villes et les provinces traversées. Les premiers jours, Auralie avait regretté tant elle craignait d'avoir fait une erreur, tant elle craignait qu'Elizabeth lui ai menti, mais peu à peu, elle s'était rassurée auprès de la religieuse qu'elle apprenait à connaître.
Il subsistait pourtant l'ombre d'une inconnue, quelque chose qu'Auralie ignorait et qui rendait son amante anxieuse au fur et à mesure qu'elles approchaient du Périgord, participant à réveiller les craintes de la jeune servante; Elizabeth était-elle attendue pour une punition quelconque ? Était-elle traquée par des tueurs à gages ? De quoi avait-elle peur ? De qui ? Auralie avait fini par comprendre que le passé d'Elizabeth hantait son sommeil parce que le futur, lui, n'a pas d'aussi grande influence. Pourtant, pour la servante, Elizabeth n'avait rien à craindre de son passé puisqu'elle était religieuse, elle pouvait donc s'auto-absoudre de ses fautes, non ? Il fallait croire que non, ou que ce n'était pas la cause du problème car la petite blonde avait des nuits agitées et des réveils brusques que la brune percevait parfois; elle prenait alors son amante dans ses bras, partageait avec elle la maigre chaleur de son corps et embrassait sa peau avec délicatesse jusqu'à ce qu'elle se rendorme. Hélas les choses s'étaient aggravées une fois pleinement arrivées à destination et Auralie se sentait impuissante. Il faudrait vraiment qu'elle lui demande ce qui n'allait pas; elles étaient amies après tout, un peu plus même, elles devaient pouvoir tout se dire.

Auralie dormait chez Elizabeth depuis qu'elles étaient arrivées, quelques jours tout au plus. Elle découvrait l'inquiétante liberté de ne plus guetter la voix de crécelle de l'intendante, de ne plus craindre les coups et les punitions, pas plus que la faim ou le froid. Elle se révélait être une personne affectueuse et moins muette une fois que le cap de sa réserve était dépassé, c'est pourquoi en s'endormant la veille, elle s'était promis de demander à Elizabeth ce qui la rendait si mal. La brune ne sentit pas son amante échapper à sa tendre étreinte, pas plus que ses marques d'affection déposées sur son front. Auralie était souvent celle qui se réveillait la dernière mais elle fut surprise de ne pas trouver Elizabeth à ses côtés, celle-ci attendant habituellement son réveil si elle n'avait pas une masse de travail énorme, ce qui, disons-le, n'était pas encore arrivé depuis qu'elles avaient posé leurs affaires. Lascive, la servante s'étira longuement et essaya de profiter d'un réveil qui n'était pas exactement parfait sans le corps de la blonde. Elle finit par se lever et s'habilla rapidement, une habitude qui était devenue naturelle, et prit la couverture pour s'enrouler dedans, luxe qu'elle n'aurait jamais pu se permettre en Anjou. Elle avait toujours ses vêtements de lin brun clair et sa coiffe blanc cassé qui dissimulait, présentement, peu ses cheveux bruns mal attachés.
Elle ne trouva Elizabeth ni dans les cuisines ni dans une quelconque salle commune et elle se décida à regarder dehors, plus pour se demander où la religieuse pouvait être que par réel espoir de l'y trouver. Et pourtant ! Auralie sortit dans l'aube encore sombre, dans le jour pas tout à fait levé, et s'approcha avec un air aussi inquiet que curieux dans le dos de la blonde qui restait stoïque dans la contemplation d'un... buisson... en feu. Essayait-elle de parler au Très-Haut comme le buisson ardent dans le Livre des Vertus ?


-Eli... ? Qu'est-ce que tu fais... ?

Auralie, de par sa nature discrète sinon effacée, avait une voix très douce qui donnait bien souvent la sensation d'un murmure continu, comme le bruit d'un ruisseau calme en pleine montagne. Quand la timidité l'habitait pleinement, la fin de ses phrases mourraient souvent dans le silence tant elle abaissait sa voix, un phénomène qu'Elizabeth n'entendait plus depuis longtemps.
La servante retira la couverture de ses épaules et la déposa sur celles de son amante, découvrant au passage les larmes dans ses yeux et celle qui avait roulé sur sa joue. Les yeux noisettes d'Auralie se teintèrent de tristesse de savoir Elizabeth tourmentée et sa main fine vint essuyer la joue de son amante. Quand bien même il s'agissait de la propriété d'Elizabeth, Auralie ne se permit pas de l'embrasser pour la réconforter, sachant qu'elles n'étaient pas seules dans la bâtisse qui abritait au moins le fameux Firmin. Savait-il, lui ? Ou bien Elizabeth n'avait pas exagéré en disant que personne ne devait jamais savoir ? Respectueuse et discrète, la servante embrassa ses doigts qu'elle déposa doucement sur les lèvres de la religieuse qui tournait le dos au bâtiment; personne, ainsi, ne pourrait comprendre la valeur du geste. Tout au plus les éventuels regards indiscrets penseraient qu'elle essuyait encore une larme ou une quelconque tâche.


-Dis-moi ce qui ne va pas.

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Eli_za_beth
Tu es merveilleuse… Murmura Elizabeth alors que la main de la brune venait chasser du joli minois blond une larme.
La présence d’Auralie rassurait et réconfortait la religieuse qui l’enlaça tendrement, nichant sa tête au creux de son cou. Elle respira son parfum, un mince sourire se dessinant sur ses lèvres. Elle oublia un instant ce qu’elle faisait là avant que l’odeur de la fumée ne la rappelle à la réalité.
Si elle voulait vivre son présent et construire son futur, elle devait se libérer de son passé.

La blonde se baissa pour ramasser trois parchemins. Elle remit la couverture sur les épaules de son amante pour ne pas que celle-ci attrape froid, posant au passage un chaste baiser sur sa joue, à défaut de pouvoir sceller ses lèvres aux siennes. Le problème, ce n’était pas vraiment Firmain, que le salaire qu’il percevait suffisait à acheter le silence, mais plutôt les « omniscients » périgourdins qui pouvaient voir à travers les murs et les haies.
Les parchemins en main, Elizabeth regardait maintenant le buisson que les flammes brûlaient doucement. Elle soupira et tourna les yeux vers Auralie.

Je brûle ce qui reste de Svan. A défaut de la brûler elle

La première lettre fut jetée dans les flammes.

Sur la lettre que je viens de brûler, elle m’écrivait qu’elle partait encore parce qu’elle avait besoin de prendre l’air.
Ce qu’elle me reprochait : une crise de jalousie parce qu’elle avait dragué un homme devant moi. Puis quand l’homme en question est parti, homme qui voulait vraiment se la faire, elle est allée le rejoindre. Je l’ai attendue deux heures dans le froid… Et à ce que j’ai entendu quand je suis entrée en taverne pour lui demander que l’on parte, elle le draguait encore plus. Si je n’avais pas été là, elle m’aurait trompée ce soir-là.


La blondinette se renfrogna en se remémorant ce douloureux souvenir. Ce soir où cette conne avait décidé d’aller un peu plus loin dans la torture psychologique de son « aimée ».

Svan voulait que je sois jalouse et quand elle a réussi à me rendre jalouse, elle s’est plainte.

La deuxième lettre fut jetée sans aucune hésitation.

« même si je ne suis pas là, je ne suis jamais bien loin. Je t’aime.

Elizabeth imita Svan très grossièrement avant d’ajouter :

Cette poufiasse m’avait écrit ça alors qu’elle était passée dans le Limousin, très certainement pour voir l’homme avec qui elle a failli me tromper. Peut-être qu’elle m’a trompée avec… Elle était un peu menteuse sur les bords.

Le dernier parchemin fut jeté à son tour, s’embrasant immédiatement. La blondinette haussa les épaules. Elle ne se rappelait plus ce qu’il y avait écrit sur celui-ci mais ça n’avait plus aucune importance.

Je pensais pas que je pourrais la détester autant un jour. Maintenant, je voudrais juste m’en défaire et en être indifférente, comme si ce n’était qu’un mauvais rêve. Ou mieux, comme si elle n’avait jamais existé.
Elle s’est foutue de moi et je suis persuadée qu’elle m’a jamais aimée. Elle cherchait juste une conne à soumettre. Elle voulait seulement que je sois dépendante d’elle parce qu’elle ne vaut tellement rien qu’elle a besoin d’écraser et de rabaisser quelqu’un de plus faible pour se sentir importante. J’aurais jamais dû lui donner cette importance.
Et puis elle était hypocrite… Elle voulait vivre sans se prendre la tête avec moi mais elle cherchait sans arrêt les ennuis… Et encore une fois, c’était uniquement pour se sentir importante. Elle savait que je finirais par lui courir après.


« Ce que j’ai fait… », ajouta-t-elle très, très bas comme si elle avait honte de l’avouer.

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Auralie


Elle ne répondit rien au compliment d'Elizabeth et se contenta de répondre tendrement à son étreinte, la laissant enfouir son visage dans son cou. Elle accepta humblement la couverture qui fut retournée sur ses épaules, supposant que son amante devait bien assez bouillir de l'intérieur près de ce feu qui plus est.
Sans un bruit, elle écoute la religieuse brûler ses souvenirs, ceux d'une femme prénommée Svan qui n'est visiblement pas -plus- chérie. Auralie essaye de se l'imaginer, d'imaginer la vie qu'elle a pu avoir avec la blonde, une vie qui ne semblait pas de tout repos. Elle sursaute brièvement à l'insulte lancée par son amante, n'ayant guère l'habitude d'en entendre. C'est toujours surprenant de voir ou d'entendre quelqu'un de proche émettre de la haine et de la colère pour la première fois, c'est une autre facette découverte qu'Auralie regarde avec curiosité. Elle découvre la sensibilité de son amante, certaines de ses blessures, des réponses à ses questions. Pour la première fois peut-être, elle voit son amante comme quelqu'un ayant aimé, comme quelqu'un ayant eu une vie et non une suite d'aventures. La servante perçoit sans comprendre, elle qui n'a jamais vraiment aimé, elle qui ne peut donc partager aucune expérience avec la religieuse dans la main de laquelle elle glisse la sienne.

-Tu n'as pas à avoir honte d'avoir été sincère tu sais. C'est un sentiment beau et pur. Il faut que tu en sois fière; ça ira mieux après. Et puis comme ça, tu ne recommenceras pas cette erreur, n'est-ce pas ?

Auralie n'a rien d'une personne fière mais elle sait que cette carapace est couramment utilisée, en plus d'être efficace. Carapace pourtant dangereuse tant elle en a vu sombrer dans l'orgueil après, la suffisance d'eux-même, de leur personne et de leur vie. Elle regrette soudainement d'avoir conseillé la blonde parce qu'elle ne saurait pas comment la mesurer si jamais elle devait craindre de la perdre dans ces limbes. La servante appose légèrement son épaule contre celle d'Elizabeth pour se rassurer aussi intérieurement que discrètement et regarde un instant le feu brûler, faire devenir cendres ce qui fut réel, détruire à jamais les preuves de ce qui fut, comme si les souvenirs pouvaient disparaître avec, les erreurs aussi, même les bons moments. Faire place nette, qu'il ne subsiste rien, rien que l'oubli et le néant, rien que des terres où reconstruire pourraient être possible. Elle repose ses yeux noisettes sur son amante, guette en même temps si d'autres larmes ne sont pas apparues qu'elle pourrait essuyer, faire disparaître elles aussi d'un geste du pouce.

-Tout est à elle ?

Il y a beaucoup d'affaires dont une robe dans laquelle plus aucune femme ne se glissera. Appartenait-elle à Elizabeth ou à la fameuse Svan ? A une autre ? Elle n'a rien connu de ce temps mais elle a mal quelque part de voir la religieuse dans ce monde qui n'appartient qu'à elle, condamnée à ne jamais vraiment pouvoir partager ce fardeau qu'elle tente de se défaire seule.
Lentement, les doigts fins d'Auralie se croisent à ceux d'Elizabeth dans un implicite message de présence et de tendresse, quelque chose qui signifierait que, elle, elle ne l'abandonnera pas pour des raisons qu'elle ne saurait encore évoquer clairement et correctement.


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Eli_za_beth
La petite blonde ferma un instant les yeux, pressant délicatement la main d’Auralie dans la sienne.
Après le départ – salvateur – de Prisca, Elizabeth s’était juré de ne plus jamais retomber dans les travers de l’amour. Et puis Svan était arrivée, tel un ange déchu tombé du ciel. Ce fut comme une évidence mais après quelques jours, le rêve se transforma en cauchemar. Alors après la danoise, elle avait juré solennellement que l’on ne l’y reprendrait plus et qu’elle respecterait enfin ses vœux de chasteté, d’abstinence, toussa, toussa. Mais c’était sans compter sa rencontre avec Auralie…

Oui… Je ne recommencerai plus…

Elizabeth n’était ni convaincue ni convaincante par ces quelques mots prononcés. Elle tourna le regard vers son amante et se mordit légèrement la lèvre inférieure.
Parfois, après une nuit d’ébats passionnés, elle la regardait dormir et avait l’impression que l’amitié qu’elle lui portait tendait à se transformer en amour. Alors elle combattait ce sentiment de toutes ses forces pour ne pas tomber amoureuse et pour ne pas perdre son amie la plus précieuse.

J’espère…

A la dernière question, Elizabeth soupira. Si tout n’avait été qu’à « elle », tout aurait été plus simple. Il n’y aurait eu qu’un démon à combattre et non deux.

Ce qui reste, c’est à Prisca… J’ai été avec elle quelques mois. Elle, contrairement à Svan, elle aimait me torturer physiquement.

Oui, oui, physiquement ! En plus de l’avoir soumise et d’avoir essayé de la lobotomiser pour en faire le parfait petit esclave sexuel, il lui était arrivé de l’étrangler, de planter ses griffes dans sa chair. ‘Fin, un cauchemar quoi !

J’ai honte de m’être faite avoir… encore. Je leur souhaite d’être maudites toutes les deux.

Et elle leur souhaitait encore tout un tas de trucs : la lèpre, les supplices du prince-démon de la luxure et de la colère, des tortures multiples et horribles qu’elle se ferait un plaisir de leur infliger si elle le pouvait.
Et ce fut dans les yeux d’Auralie qu’elle retrouva un peu de paix. Elle posa un baiser sur sa joue, pressant un peu plus sa main sans pour autant lui faire mal. Cette pression illustrait le désir d’Elizabeth. Elle avait envie d’en finir avec tout cela et d’emmener son amante à l’intérieur pour la déshabiller et lui faire l’amour. Elle avait besoin d’un contact physique sain où il n’y avait ni violence, ni méchanceté, ni égoïsme.

Elizabeth lutta contre l’envie d’emmener Auralie loin de ce merdier. Elle lâcha doucement sa main après avoir posé un baiser dessus et ramassa la robe qu’elle mit petit à petit dans le feu. Mieux valait-il ne pas l’étouffer en y mettant le vêtement tout entier.

J’en ai assez d’être en colère. Et encore plus d’être en colère contre moi-même.

La religieuse se tourna vers Auralie et lui sourit.

Je veux les effacer de ma vie.

Et joignant le geste à la parole, Elizabeth laissa tomber le reste de la robe qui flamba sous leurs yeux. Elle se baissa pour prendre les lettres et les jeta.

T’es déjà tombée amoureuse, toi ?

La question fut lâchée et presque aussitôt regrettée. Elizabeth se mordit la lèvre inférieure et passa derrière la brune, l’enlaçant tendrement.

Tu es pas obligée de répondre si tu veux pas.

La jeune femme posa son menton sur l’épaule de son amante et elle tourna légèrement la tête pour humer son parfum avant de dire tout bas :

L’amour, ça n’apporte que des problèmes…

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Auralie


Pourquoi aussi peu de conviction dans ses paroles ? Quelqu'un dans l'entourage d'Elizabeth était-il déjà en passe de devenir comme la Svan que décrivait la religieuse ? Auralie la regarde, elle croit lire un silence dans ses yeux, quelque chose comme de la peur qui est vouée à rester scellée. La brune n'a rien d'imposante, au contraire; pas très grande, fluette, timide voire craintive, elle ne saurait pas même tuer un animal. Elle s'en occupait une fois qu'ils étaient morts pour les vider, les dépecer, les préparer, mais jamais elle ne les tuait. Si son amante était en danger, Auralie ne saurait même pas lever la main envers l'insolent ou l'insolente.
Ses yeux noisettes s'agrandissent quand Elizabeth se dévoile un peu plus, révèle la torture physique dont elle fut victime quelques mois, trop longs, durant. Auralie aurait-elle manqué les marques sur le corps de la blonde qu'elle connait pourtant par cœur maintenant ? A moins que la torture n'ait été si vicieuse qu'aucune trace n'en fut laissée; qu'est-ce qui est pire ? La main libre de la servante approche du visage amant et caresse les traits en souffrance. Elle cherche la blessure, la faille, quelque chose que les yeux n'auraient pas assez détaillé mais en vain. L'esquisse d'un sourire peut convaincu se glisse sur les lèvres berrichonnes quand celle d'Elizabeth se posent sur sa joue.


Auralie regarde la robe prendre feu, le tissu disparaître en même temps que le travail réalisé pour l'assembler. Son côté de servante a un pincement au cœur de voir l'ouvrage partir en fumée, elle songe à celle qui l'a cousu; si elle savait... Rapidement cependant, Auralie se souvient pourquoi les choses en sont là, le pincement au cœur s'en va et elle sourit doucement à Elizabeth. Elle est d'accord avec elle, pourquoi s'embêter de mauvais souvenirs ? La brune ne croit pas en avoir, toute sa vie est insipide et sans saveurs autres que les instants qu'elle a volé avec d'autres femmes le temps de quelques nuits, sans rien d'incroyable sinon cette aventure qu'elle vit avec Elizabeth, tant dans leur intimité qu'en ayant quitté l'Anjou. Auralie ne souffre pas, elle n'a pas l'impression d'avoir connu la misère ou un quelconque manque affectif, elle n'a rien à oublier mais si un souvenir lui échappait, ça n'aurait rien d'une perte.
Tendrement, Auralie se laisse aller contre son amante, s'abandonne dans ses bras qui la rassurent chaque fois qu'ils l'entourent.


-Non, jamais.

Ce n'est pas un mensonge, elle ne sait même pas ce que ça fait d'être amoureuse. Les rares fois où elle a entendu quelqu'un en parler, puisque ce n'est pas elle qui allait demander, elle avait compris qu'on ressentait des papillons -hein ?- dans le ventre, des envies irrépressibles de contacts et de présence, et si Auralie ressentait un peu ces choses-là pour Elizabeth, elle se disait simplement qu'il s'agissait de désir et de libido insatiable puisqu'elles étaient amantes, alliance d'un wolverene et d'un chat, amies au lit comme dans la vie. La blonde a raison : l'amour, ça n'apporte que des problèmes; il n'y a que l'amitié qui sait être idyllique et qui a des exemples d'éternelle fidélité, de parfait dévouement tant il y a d'affection entre deux êtres. L'amour, ça capote toujours à un moment pour un grain de sable; l'amitié, c'est difficile à briser. L'amour, Auralie a vu des gens en pleurer, tuer ou se tuer pour cela, devenir fou, finir à la rue ou malheureux; l'amour, c'est un truc dans lequel il ne faut pas mettre les pieds.

-Je n'ai jamais vu de gens heureux en amour alors je te souhaite de les oublier si cela est possible, mais pas les leçons qu'elles t'ont donné; peut-être que ça sert. Peut-être que tout ça ne finit pas toujours mal au bout d'un moment. C'est une loi du Très-Haut tu crois ? Et si tout est amour, est-ce que tout est voué à mal finir, à devenir souffrance ?

La servante regarde autour d'elle, l'herbe perlée de rosée ou de givre, le silence de l'aube froide à l'heure où le soleil bas peine à percer le gris pâle du ciel et à part quelques oiseaux noirs se réchauffant en volant ou cherchant maigre pitence, rien ne vient troubler ce paisible paysage tâché d'un feu de souvenirs. La brune tourne la tête vers son amante sans la déranger de son perchoir, envoyant volutes blanches de sa respiration caresser sensiblement son visage.

-Embrasse-moi un peu... S'il te plait...

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Eli_za_beth
Elizabeth enviait Auralie de n’avoir jamais connu l’amour.
Si seulement elle en était restée à Elanorah et à Carla, elle n’aurait pas tant souffert et ne se serait pas tant perdue, sombrant et se complaisant dans la dépression. Elle n’a jamais eu de chance en amour mais a toujours su choisir ses ami(e)s : Elah, Carla, Lina, Flaq’ et Aura – cherchez l’intrus. Alors même si ses sentiments tendaient plus vers l’amour que l’amitié, Elizabeth le garderait pour elle pour ne rien gâcher.

L’étreinte se resserra sur la brune, comme si la blonde avait peur de la voir s’échapper et de la perdre.
Avait-elle déjà été amoureuse ? Peut-être bien avec Elanorah mais avec elle, ça n’avait pas été pareil. Elles étaient amies avant tout le reste. Voilà pourquoi Elizabeth ne voulait pas l’oublier. Faire une croix sur sa meilleure amie, jamais elle ne pourrait. Le lacet en cuir qu’elle portait au poignet gauche en témoignait, ainsi que la boite sculptée des mains d’Elah qu’elle gardait précieusement. Bien sûr, Elizabeth avait enterré l’amour qu’elle avait pour sa meilleure amie à l’instant où elle comprit qu’elle ne reviendrait jamais mais elle gardait pour elle une tendresse et une affection toute particulière.

Je ne me rappelle pas en avoir déjà vu. Un jour, Katina m’a dit qu’on ne devait jamais se marier par amour mais par intérêt… Elle n’avait pas tout à fait tort.

Ce que Katina lui avait dit, Elizabeth y avait pensé le jour où elle s’était « unie » à Svan.

Je pense que le Très-Haut est désespéré de voir que l’amour est si éphémère. On se marie et on divorce tout de suite après ; on s’aime et on se déteste quelques jours plus tard ; on se jure fidélité et on va voir ailleurs…

L’infidélité aussi, c’était l’histoire de sa vie. D’ailleurs, en disant cette phrase, elle eut une faiblesse au niveau de la voix. Sur quatre filles, deux d’entre elles n’avaient vu aucun problème avec le fait d’aller voir ailleurs « tant qu’il n’y avait pas de sentiments » ou « pour faire un bébé ».
Un couple ne valait plus rien. Dieu avait donné à l’Homme la capacité d’aimer et d’être aimé en retour et il bafouait l’amour par égoïsme, par envie, par luxure, se foutant pas mal de blesser l’autre.

Tout compte fait, peut-être que je connais deux couples heureux…

Des poneys, bien sûr : Ork et Mahaut. Elles n’étaient pas du genre à se prendre la tête et semblaient avoir trouvé des maris qui étaient dans la même optique. Lotx, lui, avait choisi le célibat et malgré les bonnes résolutions d’Elizabeth qu’elle arrivait à tenir une semaine (deux parfois), elle n’arrivait pas à se détacher et faisait toujours une rencontre inattendue qui la poussait dans les bras de la personne.
Bon, cela dit, Elizabeth n’était pas irréprochable amoureusement parlant puisqu’elle avait trompé l’homme avec qui elle était (mais qu’elle n’aimait pas vraiment).

Toutes les relations d’amour ne sont pas vouées à mal finir. J’imagine qu’il faut trouver la bonne personne.

A ces mots, Elizabeth prit les mains de son amante, mêlant ses doigts aux siens pour revenir les poser sur son ventre. La blondinette ferma les yeux, savourant cet instant de quiétude. Elle soupira d’aise. La dernière fois qu’elle fut aussi bien, c’était avec Carla. C’était indéniable : il n’y a que l’amitié qui vaille la peine. Mais une amitié s’entretient encore plus qu’un amour.

La blondinette regardait le feu qui n’allait pas tarder à mourir, emportant avec lui les souvenirs d’un passé douloureux.
Et alors qu’Elizabeth souriait, Auralie lui murmura de l’embrasser. Elle regarda son amante un instant, l’œil pétillant, avant de sceller ses lèvres aux siennes pour un tendre – mais néanmoins passionné – baiser.

Le feu, lui, s’éteignit. Tout avait été réduit en cendre. Il ne restait rien de la robe, des lettres ou du buisson. Prisca et Svan n’existaient désormais plus. Il n’y avait plus qu’elle et la jolie brune et il était hors de question de parasiter leur relation.
L’une des mains de la blonde se dégagea doucement pour remonter au joli minois brun qu’elle caressa tendrement. Elle aurait voulu que ce moment dure toujours, alors elle le prolongea encore et encore pour profiter de cet instant de pur bonheur qu’on lui accordait.
Le premier depuis bien longtemps...

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Auralie


Le cœur d'Auralie bondit quand Elizabeth l'embrasse. Ses lèvres sont un miracle de douceur, sublimes de tendresse, incroyables dans leur passion, magnifiques dans ces émotions qu'elles font passer et la brune fond, craque, savoure le baiser plus qu'il n'est possible de le faire. Elle tourne un peu plus la tête vers son amante pour appuyer encore leur baiser jusqu'à ce que leurs lèvres se séparent lentement. Auralie relève ses yeux noisettes à la rencontre des bleus d'Elizabeth et un sourire doux se dessine sur ses lèvres fraîchement comblées.

-Moi j'ai trouvé la meilleure amie qu'on puisse imaginer.

A la fois confidente, sauveuse, amante, patronne, religieuse avec tout ça. Elle lui sourit et regarde le buisson encore fumant, presque entièrement détruit et noirci, qui accroche encore quelques bouts de tissu et de parchemin. Elle repense à ces deux femmes inconnues et elle se demande si elles étaient vraiment fondamentalement mauvaises et méchantes ou si elles pensaient bien faire, bien aimer. On a toujours le choix de rester du bon côté de la ligne mais que faire quand on pense y être alors que pas du tout ? Ça fait peur mais tout est dans l'intention. La brune regarde son amante de nouveau, une lueur craintive assez habituelle dans son regard noisette.


-J'espère ne jamais te faire du mal tu sais. Je ne veux pas te faire de mal. Jamais.

Auralie se retourne dans ses bras pour être face à elle, va pour enlacer son cou mais se souvient des mises en garde d'Elizabeth sur les omniscients périgourdins et autres animaux du genre, sachant surtout que si elle l'enlace, elle ne la lâche plus. Il faut résister encore un peu à la tentation, le temps que la servante ramène la religieuse à l'intérieur, laissant derrière elles des souvenirs qui n'existent plus matériellement. Le rouge à ses joues trahit son désir quand elles traversent la maison mais si ce n'est Firmain, personne ne les croise; il est trop tôt pour cela.
De retour dans la chambre qu'elles ont quitté, une fois porte fermée, c'est une brune gourmande et passionnée qui se découvre, dévore son amante de baisers qu'elle n'a pas eu à son réveil, la couvre de caresses qui rendent tout vêtement superflu; de quel tissu a-t-on besoin quand on fait l'amour que des mains de l'autre de toute façon ? Les cœurs s'emballent et les souffles se mélangent, les corps s'étreignent jusqu'à une hypothétique fusion qui fait oublier le mauvais temps et les souvenirs douloureux au profit d'autres, plus doux et chauds.


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