Karloman
Après plusieurs heures à cavaler depuis la lointaine Touraine, les contrées béarnaises s'ouvraient enfin aux saphirs épiscopaux. Le chemin vers ces lieux escarpés avait été périlleux, d'une longueur presque interminable que le plus vaillant des cavaliers n'aurait pas l'envie d'affronter cette chevauchée. Un paysage encré au milieu des montagnes, n'était-ce pas là, la tare des chevaux. Plusieurs relais de poste permirent de trouver un gîte adéquat, rester trop longtemps sur la durée du repos faisait perdre un temps considérable, aussitôt les chevaux nourris, il fallait directement repartir en direction de la destination finale. Malgré cet épuisant trajet riche en désagréments, le Prélat pensait endurer ces efforts en l'honneur d'une bonne cause. Il ne s'agissait non pas d'un fastidieux déplacement en raison de ses devoirs d'ecclésiastique, la plupart de ses voyages étaient très souvent à titre professionnel comme lorsqu'il se rendait régulièrement jusqu'à Rome. Une toute autre affaire le pressait à se rendre dans le sud de la France, en tout cas assez importante pour vouloir prendre son cheval très tard pendant l'obscurité de la nuit et partir promptement au grand galop sur les chemins menant vers ces chaînes montagneuses des Pyrénées. Qu''y avait-il de si urgent en Béarn?
La réponse fut pourtant toute trouvée sans aucun effet de surprise : une femme. Le Médicis était ainsi, une femme pouvait formuler n'importe laquelle requête, il suffisait de douces paroles parsemées d'un peu de charme, et cela le rendait capable de faire des efforts prodigieux, en parcourant de grandes distances quand bien même si celles-ci devaient le contraindre à traverser le monde entier ! C'est ce que l'on attendait d'un gentilhomme à une dame, néanmoins ce n'est pas tant en raison de ces usages de courtoisie conventionnelle pour lesquelles Scolopius laissait une place de choix en son agenda pourtant chargé. Cette excursion donnait l'opportunité de découvrir plus en profondeur la jeune Valyria, l'Archevêque n'avait pas eu la possibilité de dégager l'intégralité de la façade de cette femme qui demeurait selon lui encore très secrète. L'homme d'Église la décrivait avec les traits de son apparence, une demoiselle se présentant sous une forte grande beauté, admirable, au caractère d'une humeur placide loin de la désinvolture de son jeune âge mais c'était sa timidité la plus marquante en réalité, et le Florentin de nature curieuse, la soupçonnait de garder intimement une petite parcelle d'elle-même dissimulée par souci de discrétion. Lorsque l'on connaissait l'hardiesse de Scolopius, comment pouvait-il se permettre de ne pas mourir d'envie d'explorer ce qui au demeurant lui restait inaccessible ?
La prudente Prim devrait affronter les assauts du Trentenaire bien décidé à renverser cette haute muraille tenue fermement debout par la jeune femme, elle l'empêchait peut-être volontairement d'accéder au secret de la confidence -tout du moins le pensait-il - en le maintenant d'une certaine manière, à l'écart de ses véritables pensées. Ne disait-elle pas vouloir le connaître, uniquement lui, sans toutefois parler de réciprocité. Les tendances se renverseraient durant ce séjour, il serait même prêt à le parier.
Au devant du domaine du Val Soleil, les vents dévalant du haut des montagnes verdoyantes venaient caresser la crinière prélatrice, ce paysage envahi de toute part d'arbres rappelait d'ailleurs sa visite au Palais Archiépiscopal d'Embrun au courant de cette année, tandis que ses yeux s'élevaient en direction des deux tours rendant l'hôtel similaire à celles d'un petit château. Suite à cette minitieuse contemplation, vifement, il descendit de sa monture, s'approchant de l'entrée avec une démarche du soldat la main délicatement posée sur la poigne de son épée. Une personne se tenait là, sûrement un garçon d'écurie.
Mon brave damoiseau, est-ce bien ici le logis de la dame aux cheveux d'Argent ? Je t'envoie m'annoncer auprès de ta maîtresse. lança t-il expéditivement.
La réponse fut pourtant toute trouvée sans aucun effet de surprise : une femme. Le Médicis était ainsi, une femme pouvait formuler n'importe laquelle requête, il suffisait de douces paroles parsemées d'un peu de charme, et cela le rendait capable de faire des efforts prodigieux, en parcourant de grandes distances quand bien même si celles-ci devaient le contraindre à traverser le monde entier ! C'est ce que l'on attendait d'un gentilhomme à une dame, néanmoins ce n'est pas tant en raison de ces usages de courtoisie conventionnelle pour lesquelles Scolopius laissait une place de choix en son agenda pourtant chargé. Cette excursion donnait l'opportunité de découvrir plus en profondeur la jeune Valyria, l'Archevêque n'avait pas eu la possibilité de dégager l'intégralité de la façade de cette femme qui demeurait selon lui encore très secrète. L'homme d'Église la décrivait avec les traits de son apparence, une demoiselle se présentant sous une forte grande beauté, admirable, au caractère d'une humeur placide loin de la désinvolture de son jeune âge mais c'était sa timidité la plus marquante en réalité, et le Florentin de nature curieuse, la soupçonnait de garder intimement une petite parcelle d'elle-même dissimulée par souci de discrétion. Lorsque l'on connaissait l'hardiesse de Scolopius, comment pouvait-il se permettre de ne pas mourir d'envie d'explorer ce qui au demeurant lui restait inaccessible ?
La prudente Prim devrait affronter les assauts du Trentenaire bien décidé à renverser cette haute muraille tenue fermement debout par la jeune femme, elle l'empêchait peut-être volontairement d'accéder au secret de la confidence -tout du moins le pensait-il - en le maintenant d'une certaine manière, à l'écart de ses véritables pensées. Ne disait-elle pas vouloir le connaître, uniquement lui, sans toutefois parler de réciprocité. Les tendances se renverseraient durant ce séjour, il serait même prêt à le parier.
Au devant du domaine du Val Soleil, les vents dévalant du haut des montagnes verdoyantes venaient caresser la crinière prélatrice, ce paysage envahi de toute part d'arbres rappelait d'ailleurs sa visite au Palais Archiépiscopal d'Embrun au courant de cette année, tandis que ses yeux s'élevaient en direction des deux tours rendant l'hôtel similaire à celles d'un petit château. Suite à cette minitieuse contemplation, vifement, il descendit de sa monture, s'approchant de l'entrée avec une démarche du soldat la main délicatement posée sur la poigne de son épée. Une personne se tenait là, sûrement un garçon d'écurie.
Mon brave damoiseau, est-ce bien ici le logis de la dame aux cheveux d'Argent ? Je t'envoie m'annoncer auprès de ta maîtresse. lança t-il expéditivement.