Hyacinthe.
Nud entre Angers et La Flêche - 8 décembre 1464.
Le soleil est haut maintenant et vient frapper les paupières closes de Hyacinthe, qui va bien finir par les ouvrir. Il a été « fauché » la nuit dernière, comme ils disent. Sauf que les blés ça se fauche pas à coups d'épée, bande de brèles. C'est un journalier qui vous le dit. Et puis ils se sont acharnés les salauds, une bonne douzaine de soldats le souffle plein de haine à faire tournoyer les lames pour se dévider de leur sale merde de guerre. Dans le noir, c'est plus simple ; angevin ou ennemi, qu'est-ce qu'on s'en tape, on y voit comme dans le trou du cul d'une poule. Hyacinthe a pas compté les coups. La seule chose qu'il sait en ouvrant ses yeux impairs, c'est qu'il devrait être mort.
Depuis combien d'heures est-il resté allongé comme une fleur sur cette route de bataille ? Sa carcasse a été percée plus de trente fois, ça fait des trous un peu partout, plus ou moins ouverts, sans oublié le coup de bâton bienfaisant qu'il a reçu sur le crâne, celui qui lui a permis de s'évanouir avant la fin des festivités. Il fait froid. Hyacinthe déglutit prudemment et entrave doucement sa situation. Il fait soif. Il fait même très soif, vous auriez pu laisser une gourde d'eau pour les heures d'agonie, en admettant qu'on ait la force de la porter à ses lèvres. En parlant de ça, il tente une fois de se redresser, mais ses abdominaux sont portés disparus. Veuillez réitérer plus tard.
Mais plus tard, ça risque d'être compliqué. Donc je vais mourir comme ça, angevin sur une route angevine, après avoir servi de sac de frappe à une armée inconnue. Comme un con, en somme. Même pas une dernière gorgée d'eau. C'est tout bête.
Quand la douleur prend le pas, il ferme les yeux ; quand il veut penser à autre chose, il les rouvre sur un ciel cotonneux d'hiver où y a pas de nuages. Il s'accroche. C'est inutile, avec ce froid qui monte et la sécheresse dans sa gorge, mais, ça passe le temps.
Le soleil est haut maintenant et vient frapper les paupières closes de Hyacinthe, qui va bien finir par les ouvrir. Il a été « fauché » la nuit dernière, comme ils disent. Sauf que les blés ça se fauche pas à coups d'épée, bande de brèles. C'est un journalier qui vous le dit. Et puis ils se sont acharnés les salauds, une bonne douzaine de soldats le souffle plein de haine à faire tournoyer les lames pour se dévider de leur sale merde de guerre. Dans le noir, c'est plus simple ; angevin ou ennemi, qu'est-ce qu'on s'en tape, on y voit comme dans le trou du cul d'une poule. Hyacinthe a pas compté les coups. La seule chose qu'il sait en ouvrant ses yeux impairs, c'est qu'il devrait être mort.
Depuis combien d'heures est-il resté allongé comme une fleur sur cette route de bataille ? Sa carcasse a été percée plus de trente fois, ça fait des trous un peu partout, plus ou moins ouverts, sans oublié le coup de bâton bienfaisant qu'il a reçu sur le crâne, celui qui lui a permis de s'évanouir avant la fin des festivités. Il fait froid. Hyacinthe déglutit prudemment et entrave doucement sa situation. Il fait soif. Il fait même très soif, vous auriez pu laisser une gourde d'eau pour les heures d'agonie, en admettant qu'on ait la force de la porter à ses lèvres. En parlant de ça, il tente une fois de se redresser, mais ses abdominaux sont portés disparus. Veuillez réitérer plus tard.
Mais plus tard, ça risque d'être compliqué. Donc je vais mourir comme ça, angevin sur une route angevine, après avoir servi de sac de frappe à une armée inconnue. Comme un con, en somme. Même pas une dernière gorgée d'eau. C'est tout bête.
Quand la douleur prend le pas, il ferme les yeux ; quand il veut penser à autre chose, il les rouvre sur un ciel cotonneux d'hiver où y a pas de nuages. Il s'accroche. C'est inutile, avec ce froid qui monte et la sécheresse dans sa gorge, mais, ça passe le temps.