Goddefroy
Les années nous diront si je dois une belle chandelle à Wallerand ou si finalement il aurait du laisser les paroles des contestataires faire leur bout de chemin. Pour l'instant seulement deux choses: premièrement je lui étais reconnaissant d'avoir arrangé la situation au cours d'un sommet fraternel, parce que je ne doutais pas de la capacité d'Alvira pour rendre mes jours plus ou moins épanouissants, même si cela devrait quelques fois passer par des échanges houleux ou des affrontements de point de vue sur tels ou tels sujets principaux dans la vie d'un couple marié. Paniquons nous n'y sommes pas encore. Deuxièmement, il avait permis de débloquer cette situation, de ne pas faire de ce moment un fiasco durable et laborieux. Pour ça quoi qu'il en soit, je lui en étais reconnaissant.
Aussitôt la situation débloquée, les événements reprirent leur cour. Plutôt bien même puisqu'on arrivait au point crucial de la cérémonie. Ce moment mythique d'échange de voeux, où, le temps d'une abominable seconde, tu es capable de remettre en doute des mois de relation dans l'attente de la réponse de l'autre. Et ce fameux moment, accroches-toi, c'est maintenant.
"Oui, je l'accepte comme époux.
Librement et sans contrainte, je lui jure amour mutuel et respect.
Je promet d'accueillir les enfants de notre union avec tendresse et Foi pour mener à bien la mission du Très-Haut auprès de vous durant cette vie.
De poser le même regard sur vous, quelques soit votre condition. Maladie, errance, je garderais toujours mes oreilles et mon coeur à votre écoute. "
Emballé c'est pesé, madame de Silly je vous adopte. Elle avait su faire clair et trouver les bons mots, même si je vous l'accorde, l'inverse n'aurait sans doute rien changé à ce stade la. Et bien entendu, j'avais bien saisi chaque mot, notamment le terme enfant utilisé au pluriel. Non pas que j'y tienne finalement tant que ça, puisque soyons clairs, un seul suffirait, mais c'était une preuve que j'arrivais dans certains cas à la pousser dans ses retranchements. Et ça pour ma fierté, il n'y avait d'aspects plus enthousiasmants.
"Goddefroy... acceptez vous Alvira comme épouse, dans la richesse comme dans la pauvreté, même si elle devient ridée comme une vieille pomme, dans la maladie comme dans la santé, même si elle ne fait pas de tarte pour le dîner, même si elle vous ruine en robes et en chaussures?"
C'était à présent à mon tour de m'exprimer, et public rassurez vous, installez vous confortablement sur vos bancs, je ne comptais pas créer d'avantage la surprise. Ce mariage avait déjà atteint son quota d'imprévus et avait même fait du zèle. Il me suffisait donc d'un raclement de gorge avant de dévoiler la suite sur un ton que je voulais plus ou moins neutre, pourtant conscient de la portée de mes paroles.
J'accepte Alvira de la Duranxie comme épouse.
Je promets de l'aimer dans la richesse dans l'idéal, mais également dans la pauvreté, conscient que la roue est susceptible de tourner pour chacun d'entre nous. De l'aimer ridée comme une vieille, tout comme de la taquiner à ce propos. De l'aimer et de la soutenir dans la santé, de l'aimer et de la soutenir dans la maladie, sans différencier l'ardeur de mon amour et de mon soutien dans n'importe laquelle de ses conditions physiques. De l'aimer encore plus si elle ne me fait pas de tarte au dîner car cela me permettra d'en apprécier de meilleures, et de l'aimer plus modestement si elle me ruine en chaussures et en robes, ce qui doit être anticipé au plus tôt, car s'annonçant déjà autrement comme une fatalité.
Je reprenais une bouffé d'air, ce qui marqua la fin de ma promesse.
Voilà si je ne m'abuse, le côté protocolaire rudement mené jusqu'à son terme.
La suite s'annoncerait ainsi beaucoup plus libre, décontractée, meilleure en somme et surtout moins formelle. Et ça, permettez moi de m'en réjouir d'avance.
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Aussitôt la situation débloquée, les événements reprirent leur cour. Plutôt bien même puisqu'on arrivait au point crucial de la cérémonie. Ce moment mythique d'échange de voeux, où, le temps d'une abominable seconde, tu es capable de remettre en doute des mois de relation dans l'attente de la réponse de l'autre. Et ce fameux moment, accroches-toi, c'est maintenant.
"Oui, je l'accepte comme époux.
Librement et sans contrainte, je lui jure amour mutuel et respect.
Je promet d'accueillir les enfants de notre union avec tendresse et Foi pour mener à bien la mission du Très-Haut auprès de vous durant cette vie.
De poser le même regard sur vous, quelques soit votre condition. Maladie, errance, je garderais toujours mes oreilles et mon coeur à votre écoute. "
Emballé c'est pesé, madame de Silly je vous adopte. Elle avait su faire clair et trouver les bons mots, même si je vous l'accorde, l'inverse n'aurait sans doute rien changé à ce stade la. Et bien entendu, j'avais bien saisi chaque mot, notamment le terme enfant utilisé au pluriel. Non pas que j'y tienne finalement tant que ça, puisque soyons clairs, un seul suffirait, mais c'était une preuve que j'arrivais dans certains cas à la pousser dans ses retranchements. Et ça pour ma fierté, il n'y avait d'aspects plus enthousiasmants.
"Goddefroy... acceptez vous Alvira comme épouse, dans la richesse comme dans la pauvreté, même si elle devient ridée comme une vieille pomme, dans la maladie comme dans la santé, même si elle ne fait pas de tarte pour le dîner, même si elle vous ruine en robes et en chaussures?"
C'était à présent à mon tour de m'exprimer, et public rassurez vous, installez vous confortablement sur vos bancs, je ne comptais pas créer d'avantage la surprise. Ce mariage avait déjà atteint son quota d'imprévus et avait même fait du zèle. Il me suffisait donc d'un raclement de gorge avant de dévoiler la suite sur un ton que je voulais plus ou moins neutre, pourtant conscient de la portée de mes paroles.
J'accepte Alvira de la Duranxie comme épouse.
Je promets de l'aimer dans la richesse dans l'idéal, mais également dans la pauvreté, conscient que la roue est susceptible de tourner pour chacun d'entre nous. De l'aimer ridée comme une vieille, tout comme de la taquiner à ce propos. De l'aimer et de la soutenir dans la santé, de l'aimer et de la soutenir dans la maladie, sans différencier l'ardeur de mon amour et de mon soutien dans n'importe laquelle de ses conditions physiques. De l'aimer encore plus si elle ne me fait pas de tarte au dîner car cela me permettra d'en apprécier de meilleures, et de l'aimer plus modestement si elle me ruine en chaussures et en robes, ce qui doit être anticipé au plus tôt, car s'annonçant déjà autrement comme une fatalité.
Je reprenais une bouffé d'air, ce qui marqua la fin de ma promesse.
Voilà si je ne m'abuse, le côté protocolaire rudement mené jusqu'à son terme.
La suite s'annoncerait ainsi beaucoup plus libre, décontractée, meilleure en somme et surtout moins formelle. Et ça, permettez moi de m'en réjouir d'avance.
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