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[RP]Au coeur des mots... Tik, Tak d'une plume inspirée

Thespis
[N'y voir que du feu]

Le jeune homme était béat, souriant, il contemplait la muse, Takoda, croquer le pain aux raisins, sur ses traces. Leurs sourires réciproques se complétaient et les douces attentions se multipliaient d'un côté comme de l'autre, l'un pour l'autre. Il manquait bien peu pour que les mains se frôlent et que les doigts s'entremêlent. Si peu que Thespis prit son courage pour venir serrer sa main dans la sienne. Thespis, comme à son habitude, avait les mains chaudes même en hiver. Sans se départir de son sourire, il continua.


"Nous pouvons attendre la visite pour nous découvrir, ou bien nous pouvons nous y atteler dès à présent, je commence donc, si vous voulez bien!

S'affalant à son tour, il posa sa tête sur sa main, s'accoudant sur le rebord du canapé, ne lâchant point la main de Takoda, réconfort s'il en est.

- Je m'appelle donc Thespis, Thespis Courbon, maître scribe et ancien trésorier. Que voulez-vous connaître, posez-moi vos questions et j'y répondrais sans honte ni retenue, car comme le disait mon mot..."

Il lui laissait le loisir de répondre, si elle avait effectivement trouver le message secret.
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Takoda
C'est étonnant de voir comme certaines mains restent chaudes par temps froid. Étonnant de constater qu'une telle chaleur peut envelopper votre main comme cela et comme l'on peux songer à voir son cœur s'entourer de cette même chaleur quand on se sent bien auprès de quelqu'un...
Takoda en était là de ses réflexions à ce moment là, la paume qui renfermait la sienne était peu abîmée, les doigts semblaient agiles. Pas une main de travailleur au champs...Scribe, ancien trésorier, ceci s'expliquait donc. Les yeux rivés sur cette main d'homme, elle entendit à peine ce qu'il disait...son mot...silence bref.


Vous êtes mien?

Oui, l'acrostiche ne lui avait pas échappé. Le premier mot de chaque phrase s'harmonisait pour former ce message clair: "Je suis votre". Le rose lui monta rapidement aux joues. Personne ne lui avait jamais dit cela, pas de cette manière directe en tout cas. Elle inspira largement pour calmer ce début d'émoi et repris en relevant le nez:

Des questions, oui, hum... D'où venez vous pour commencer? Avez vous de la famille? Quelle est votre couleur favorite?

M'aimez vous déjà, si vite? M'aimerez vous encore demain? Les questions intérieures aussi pouvaient se poser...pas tout de suite, pas comme cela. Chaque chose en son temps. Machinalement, son pouce passait depuis un instant sur la paume du sieur en un frôlement à peine contrôlé.

Une pensée fugace l'assaillit, brève souvenir de ce qu'elle pensait depuis toujours être sa malédiction. Aime et perds l'objet de ton amour...voilà ce qui arrivait depuis quelques années. Allait-il comme d'autres devenir fou? ou violent? S'enfuirait-il avec une autre? ou seul? Mourrait-il?
Chassant ces sombres histoires, elle se prit à espérer... Et si pour une fois...La foi était une arme redoutable, il fallait croire...n'est ce pas?

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Thespis
Lui, aussi, rêvassait. Entre chaque parole, il l'écoutait, le regard vissé sur leurs mains nouées. Son pouce caressait sa paume, avec une douce tendresse. L'instant était propice au laisser-aller, aux questions, comme ils s'étaient entendus. Les premières sont souvent les plus faciles, mais pas nécessairement les moins intéressantes. Takoda, dont il désirait déjà plus qu'un sourire, débutait alors sous son encouragement.

"Je suis votre oui. Le mot disait cela, en ces termes, n'est-ce point étrange? Je suis votre, déjà, mais enfin puis-je aussi dire!

Son sourire n'avait nul pareil dans les royaumes et n'avait pas à envier la chaleur de ses mains.

- Je suis né à Sainte-Amandine, un hameau à l'Ouest de Besançon, ma famille y vit toujours bien que je n'ai pas eu de nouvelles d'eux depuis fort longtemps. Enfant et pour palier à la misère, l'on me confia à un marchand réputé. C'est auprès de lui que j'appris ce que je sais de l'économie et de la gestion d'un compte.

Ce n'était pas une période triste, mais Thespis n'aimait pas spécialement en discuter, il avait été séparé de ses parents, de sa famille. Pour sa vie assurément, cela l'avait sauvé. Sur un ton plus léger, il continua sans se départir de son sourire.

- Ma couleur préférée, est le rouge. Non pas le rouge du sang, plutôt le rouge orangé, celui de l'aube que j'aime regarder chaque matin.

Croquant dans le pain aux raisins, il regarda en silence après s'être confié, la jeune muse pour qui son affection ne cessait de croître. Il ajouta ensuite :

- A vous!"
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Takoda
Sainte Amandine, Besançon, elle n'avait pas même la moindre idée d'où cela pouvait être situé sur une carte. Il était donc bien évident qu'elle n'y avait jamais mis les pieds. Elle nota cependant qu'il avait encore de la famille. Puis, le marchand...sa couleur préférée était le rouge...bon choix! C'était donc son tour...bien! Soutenant le regard qu'il lui adressait, elle répondit:

Je ne sais pas où je suis née exactement, mais l'on m'a trouvé un matin de janvier sur le parvis de l'église de la ville de Rieux en Bretagne. Mon enfance s'est donc déroulée chez les moines qui tenaient l'orphelinat et j'y ai par ailleurs appris à lire et à écrire, une chance au fond... Puis, j'ai retrouvé une soeur dans un premier temps, et un frère...qui eux aussi résidaient en Bretagne. Mais, je n'ai su qui étaient mes parents que plus tard en trouvant une demi-soeur qui m'a révélé le nom de ma mère...puis sa gouvernante, le nom de mon père...c'est un peu complexe...

Elle n'entrait pas dans les détails, il poserait des questions s'il voulait des précisions...lui volant de nouveau le pain aux raisins, elle en savoura une nouvelle bouchée et reprit:

Quant à ma couleur favorite, il s'agit du vert, il paraît que cela s'accorde bien avec mes yeux...mais pas le vert sapin, plutôt le vert émeraude, il est plus doux et cela rappelle parfois l'herbe tendre.

Plus le temps avançait, et moins elle avait envie de bouger. Leurs paumes continuaient de se frôler comme dans un lèchement de flamme...Leurs yeux se détaillaient, découvrant chaque couleur, chaque reflet...Les langues se déliaient...

Et as tu des passions? Quel est ton passe temps favori par exemple...
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Thespis
A mesure qu'il l'écoutait, le soleil continuait sa course effrénée vers son zénith. Mais le temps semblait s'être arrêté, comme suspendu, dans cette bulle d'air, ceinte de murs et de verre. Dans cette bulle, ils n'étaient que tout les deux, elle, la jeune demoiselle, la jouvencelle aux cheveux pétillants, lui, le fossile bientôt poussière. Mais, justement près d'elle, il retrouvait sa jeunesse perdue. Son sourire s'amplifiait pour l'arborer resplendissant. Un sourire enfantin, aux lueurs d'espoirs, qu'il pouvait se targuer de dispenser à loisir, pour peu que la demoiselle l'en autorisa. Car pour l'instant, il les lui réservait. Au rouge, venait se joindre le vert, celui de la pierre précieuse, brillante et lumineuse. Oui, une émeraude, c'est ce qu'elle était, et serait pour lui, à présent. Il songea d'emblée, sachant quoi, à lui offrir un cadeau de cette couleur. Il ne lui restait plus qu'à le trouver maintenant.

Une question le taraudait, mais il répondit d'abord à celles de Takoda, donc il serrait la main dans la sienne. Des passions? Il en avait une, évidente, deux même, mais la réponse était véritablement trop facile. Pourtant il ne s'en priva pas.

"Des passions! Assurément, vous m'êtes la première! La seconde est l'écriture, vous l'aurez deviné, ajouta-t-il d'un ton fluet. Ainsi donc mon passe-temps favori, à compter d'aujourd'hui, est votre compagnie, tout ce qui peut faire de mon temps, un enchantement. Et vous, lesquelles sont-elles?

Il ajouta sur un ton qui redevint un peu plus sérieux, ayant déposer un baiser sur sa main, douce et lisse de jeune fille.

- Je suis intrigué également d'apprendre comment vous avez attiré ici! Racontez-moi! Ensuite je vous laisserais le temps de vous préparer, j'ai bien envie de visiter, avec vous!"

Il parlait d'un ton jovial, mais nul doute dans son esprit, il passerait la journée en sa compagnie, sinon les jours à venir.
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Takoda
C'est fou comme le temps file sans qu'on s'en aperçoive quand on y songe guère. Et Takoda n'y songeait pas, toute plongée dans sa découverte du sieur Courbon. Sa main était toujours rivée dans la sienne, tout comme ses yeux sur lui, comme une connexion à ne pas perdre. Et l'homme qui répondait à ses questions, savait déjà tourner le verbe pour lui plaire et lui faire monter le rose aux joues.

Sa première passion...comme il y allait ! Il est vrai que leur rencontre avait des airs de coups de foudre mais de là à...Le compliment était cela dit bien tourné, sûrement car il était sincère. Elle lui rendit un sourire charmé, n'avait il pas dit qu'il aimait la voir sourire...L'écriture étant la seconde, cela leur faisait une passion commune, comme une évidence.


Je ne saurais encore vous dire que vous êtes une passion mon cher, si ce n'est que me trouver à vos côtés est un excellent stimulant à celle qui m'habite depuis longtemps, l'écriture...je dois donc supposer à juste titre que vous alimenter ma créativité et que cela a un rapport...

Sa main rejoignit délicatement sa joue pour une brève caresse en soulignant l'ovale, les doigts s'arrêtèrent dans les cheveux juste sous l'oreille pour s'emmêler dans une boucle et le geste retomba lentement, presque à regret alors qu'elle poursuivait.

Notre passion pour l'écriture est donc commune, j'ai aussi quelques faibles pour la coutures et la peinture de mon côté, j'en apprends encore les rudiments aux côtés de grands maîtres.

Elle aurait tout le temps de lui parler de l'atelier...et puis, il voulait savoir comment elle avait atterri en ces lieux. Il y avait longtemps que la rousse hantait les couloirs du château, elle rassembla ses souvenirs.

A l'époque où j'étais en Bretagne, je composais déjà des poésies que je partageais parfois en taverne et un soir, un visiteur m'a conseillé de pousser la porte de la Confrérie. N'osant pas dans un premier temps, j'ai fini par envoyer un pigeon à l'architroubadour, messire Flaiche et...j'ai postulé avec un premier texte.

Ce souvenir lui amena une petite nostalgie, à l'époque la Confrérie grouillait de plumes superbes et variées, les postulants se bousculaient et l'on croisait la plume avec bonne humeur. Aujourd'hui, le lieu avait des accents léthargiques plus prononcés.

Ensuite, après des mois à proposer mes compositions, à participer aux jeux, on m'a nommé apprentie. Et j'ai choisi une marraine, dame Selenae, qui m'accueillait dans sa salle sur ce même bureau pour m'apprendre à améliorer ma plume... et puis on m'a nommé Troubadour et ça a été mon tour d'avoir ma salle...des apprentis, et j'ai postulé pour faire partie du Conseil de la Confrérie et ait encore franchi un grade en accédant au statut de Maître Troubadour et de Conseillère. Voilà...

Un long parcours de plusieurs années mais peuplé de créativité, de rires, de rencontres fantastiques. La nostalgie se fit un peu plus présente quand les noms de Loctavia, Titca, Jacouillet, et même de Flaiche traversaient son esprit. Mais le chemin était parcouru, alors il suffisait de continuer, elle se redressa donc.

Bien, le temps de nouer cette tignasse en tresse et de me passer un peu d'eau sur le visage et je suis toute à vous pour une visite guidée...

Et déposant un baiser sur le front du sieur maintenant placé en contre bas, elle tourna les talons pour regagner sa chambrée. Il n'est pas bon de s'abandonner trop au passé, cela réveille les vieilles douleurs.
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Thespis
Sans détour, le temps reprit son cours. A l'heure ou l'odeur de volaille et de viande commence à se faire sentir dans une demeure, comme le doux fumet d'un repas qui se prépare, l'endroit ne fit pas exception. On pouvait sentir dans tout l'air, un parfum ambiant de rôtissoire, de ragoût cuisant dans d’énormes marmites. Les deux tourtereaux n'avait pas pris soin de compter leur temps. Précieux, ce dernier s'était faufiler par la fenêtre pour entendre chanter la journée. Le bleu du ciel se fichait, à priori, de la température hivernal, et s'affichait sans gêne ni nuages. Une belle journée, chacun en conviendra, pour découvrir son autre. Mais déjà, le temps rappelait les deux anges, à l'instant présent.
Thespis opina du chef, lorsque la troubadour se leva et ne lui laissant pas même le temps de faire pareil, s'en fut trouver sa chambre pour s'y préparer. Le scribe, n'eut pas le temps de dire mot, resta bouché bée, la main encore levée, lorsque la crinière flamboyante disparut. Il prit alors son mal en patience, et profita de l'occasion pour faire le tour de la pièce.
Grand bien lui en fit, il avait déjà eu l'occasion d'en faire, du regard, l'horizon, et bien vite, il se retrouva à mâcher un beignet fort gras, aux pommes, assis près du bureau, duquel trônait encore la montagne de courriers.
Un mot de plus ne serait probablement pas remarquer, sauf s'il était de sa main, ce que la jeune poète ne tarderait à voir en rangeant ses papiers. D'un geste alors, il saisit sa plume et s'en suivit une intense réflexion tandis que l'attente se faisait.

En vain, j'ai cherché, quelque manière de faire rimer,
Mes vers, pour que le message caché du précédant
Soit votre nom, ma douce amie, ma tendre désirée.
Mais que diable êtes-vous allée mettre un k dedans!

De fait, je ne puis assurer, et me voit échouer de la sorte.
Déçu, pour vous comme pour moi, de n'avoir su composer
Je me contente maintenant, de coucher ma déception si forte
Dans l'espoir que celle-ci vous satisfasse, trouvez-m'en navré.

Pour le peu que vous lirez, voici ce que vous apprendrez,
Je suis, à compté de ce jour, et pour le restant de ma vie,
Un homme bon qui, à jamais, ne saurais vous abandonner.

Votre obligé, je demeurerais, de par tous les Royaumes,
Ne sentez-vous mon cœur, tenu entre vos deux paumes?
Voulez-vous devenir ma femme, ma vie, cette entière vie?


Déjà, Thespis entendait les pas de la demoiselle qui dégringolait les marches. Il rangea sa plume et examina le vélin sous ses doigts. Trop tôt. Un coup de foudre, il avait eu, mais cette demande attendrait. Il fallait, avant de la mander, la conquérir, faire montre de sa valeur, pour peu qu'elle en est eu un aperçu déjà, ce n'était pas suffisant. Il plia le parchemine, et le fourra dans la poche de son gilet avant de se tourner de justesse, pour la retrouver.
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Takoda
Et en effet, l'instant suivant, elle était là, cheveux rangés en une longue tresse. Ne se doutant guère de ce qu'il avait fait durant les quelques minutes où elle s'était éclipsée, elle lança joyeusement en lui attrapant le bras:

Nous y allons? Par quoi commençons nous?

Le jardin lui semblait une bonne idée, et un peu d'air frais ne leur ferait pas de mal...ça leur ouvrirait sûrement l'appétit même! Ah moins que la chapelle et son calme ne leur soit une idée qui donne calme et réflexion..Enfin après tout, c'était lui qui visitait, autant qu'il décide.

Le regard vert interrogateur se tourna donc vers celui de Thespis, le choix de leur première destination était entre ses mains!

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Thespis
[Le fruit mûrit et tombe, mais l'arbre survit]

Debout, le Ser Courbon mesurait bien sa taille, massif, il n'était que trop bien taillé pour la lice, mais son heureux destin l'en avait détourné. Retranché dans le calcul, sa malice avait prévalu sur la force brute, et sa carrure s'en ressentait. N'eut été son manteau et sa fourrure, la demoiselle aurait vite constater que l'exercice manqua. Pour autant, le jeune était agile, et aussi doué de ses doigts, que de ses jambes. Cela lui servirait surement un jour.

Debout donc, Thespis sourit plus encore de voir revenir Takoda. Nouée, sa tignasse rousse lui tombait sur l'épaule droite et ne semblait vouloir s’arrêter, que sous sa poitrine. Son regard se fit cajoleur, jusqu'au bout de la tresse, et seuls quelques moments purent sortir lorsqu'elle lui demanda la direction.


"Sortons, déjà, le soleil brille bien haut, l'air creusera davantage nos estomacs. Le mien s'en trouve déjà envahi par l'odeur de vos cuisines. Mais... Perdant son souffle, il le retrouva aussitôt. Permettez que je rende hommage à vos parents quels qu'ils soient, vous êtes ravissante, sinon divine ma belle amie."

Sur ce, il lui tendit son bras, l'invitant à le prendre.
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Takoda
Et c'est donc accrochée à son bras que la Fraise se fit entraîner vers le jardin du Château.

La salle de nouveau calme, recevrait sûrement plus tard les confidences de l'un ou l'autre des protagonistes de cette romance naissante. La muse prendrait sa place de nouveau, ravivant l'envie d'écrire...encore.

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Takoda
Bien des mois s'étaient écoulés avant le retour vers ces lieux, presque une année aurait-on pu dire et pourtant. Rien ne changeait quand on franchissait la porte, la salle semblait figée , comme statufiée. Là sur le bureau, des vélins à traîner, l'encrier sur la petite table de son coin salon et dans la cheminée, du feu...allumée par la domesticité.

Nul ne venait, et pourtant, ils étaient là s'affairant encore dans tout les coins à rendre viable ce Château aux milles nuages.Rêve d'une vie, poussière d'étoiles sous les plumes passionnées. Mais, comme d'ordinaire, elle revenait, poussant la porte sous l'élan de l'inspiration...la petite princesse, l'y avait poussé hier au soir...c'est ce qu'on appellait, l'effet papillon...





Les ailes déployées
Affichent leurs jolies couleurs mordorées
On en oublie parfois que notre joli papillon
Chenille était dans son pauvre cocon.
Prenant son envol doucement
Avec légèreté, il s'élève vers le firmament
Suivant de son cœur les instincts
Soubresaut de vie, car demain...
Éphémère ballerine
Danseur aux courbes fines
Tu dessines de ton âme les contours
Dans un ballet aux échos de l'Amour
Tantôt une élévation, ondulante comme la vapeur
Tantôt un flottement, planant bonheur
Tu profites de chaque instant pour t'épanouir
Si tu bruissait, on pourrait presque t'entendre rire
Ô nature, quel joli cadeau tu nous fait
Emballage de soie, corps aux cent reflets
Papillon d'une journée, bien vite effacé
Fulgurant profit d'une âme déjà élevée
Très Haut te voilà reparti dans l'Aurore,
Adieu papillon, c'est déjà ta belle mort.


Le tout une fois tracé, elle pris soin de le recopier sur un second parchemin et le confia à son pigeon...déjà ses mots volait vers la jeune Malemort.
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Takoda
Personne ne sait, si ce n'est l'artiste, ô combien sont capricieuses les muses. Personne ne sait, si ce n'est l'amoureux déchu, ô combien les sentiments blessent. Personne ne sait, si ce n'est l'indécis, ô combien les choix sont durs. Personne ne sait, si ce n'est Thaïs-Korydwen, comme les fleurs s'étiolent ces temps derniers.

Elles se fanent, perdent leurs pétales, leur odeur et même le baume qu'elles ont un temps apporté au coeur. Les fleurs ne parlent plus, les mots même se font rares, et le soleil se voile. Et comme toujours quand la rousse à l'horizon décline, elle retrouve le chemin perdu...les pas conduisent immanquablement à cette salle...celles où l'on entend encore ce léger bruit sourd...Seule une oreille initiée le perçoit, il est la vie, il bat...et c'est tout.

Avec lassitude, la Flamboyante installe sa personne dans le canapé. La mine est terne alors même que quelques heures auparavant elle se voulait rieuse. Il n'y a qu'ici qu'on est vrai, la poésie ne cache plus rien, on vide son âme de sa noirceur et cette sombre partie s'inscrit sur le vélin. Il est midi...

Les larmes se sont taries. Rien ne vient. Pourtant la boule au ventre est là...insidieuse. Ce matin Thaïs a jeté de rage la rose jaune qu'elle portait à l'oreille, froissé la moitié de ces derniers écrits, ils sont mauvais de toute façon...Ce matin, elle n'a goût à rien, elle sombre. Elle n'en peux plus de ne pouvoir sortir des murs dans lesquels elle s'est, elle même, emprisonnée. Et la plume gratte, encore et encore le papier...il n'y a presque que ça qui ne peut pas mentir chez elle.




Il est perdu le temps des roses,
Plus de couleurs à l'horizon
Il est venu le temps des pauses
Celui des regrets, de la désillusion.

Oubliés les éclats de rire,
L'air radieux du grand soleil
Disons: "Bienvenue" à cet empire
Sombre et noir qui était en sommeil.

Il est parti l'âge du cœur
Retrouvons celui de la colère,
Agrippons nous à nos peurs
Laissons notre âme à Lucifer.

Abandonnées les mines radieuses,
Les sourires et les éclairs de joie
Bonjour mensonges et paroles creuses
Pour que personne, ce mal ne voit.

Elle se meurt la jolie tornade rousse
Crève de son éternel sort
Pourtant, elle savait être douce...
Le doute n'est il pas synonyme de mort?


La relecture, la boule remonte du ventre à la gorge. Rien ne vient. Les lames se sont taries. Elle s'apprête à fouler du pied cette pauvre rose à la couleur éclatante, les douces pétales offertes au ciel lui crient "Comme tu es sotte, tu te laisses endormir". Le pied s'approche mais, au dernier moment se pose non loin du cadeau. Takoda se penche, lentement. Elle ramasse la fleur jaune, la caresse du doigt et finalement la range dans un coffret en bois. La colère est un dangereux guide...
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Takoda
Pas un bruit alentours...Le château aux milles rêves est depuis si longtemps déserté.
La d'Ambrois elle, vient retrouver son calme, sa sérénité. Le bébé que trimbale la nourrice dans son panier dort depuis quelques temps déjà...sans doute bercé par le voyage en carrosse.
La jeune mère s'approche du nourisson d'un mois et demi, réajustant ses couvertures, et laisse traîner sa main sur la petite joue à la peau de pêche.Quelle belle réalisation.


Installez vous Tiéfaine! Vous n'avez qu'à...vous asseoir dans ce fauteuil et m'attendre. Je n'en ai pas pour longtemps.
Bien m'dame Thaïs!

Et voilà la rouquine qui se dirige vers son bureau pour attraper encre et parchemin...Une première lettre à l'intention du Borgne



Maleus,

Je n'ai pas trop grand chose à vous conter, mais j'avais envie de vous écrire...il faut croire que vous me manquez plus que je ne l'avoue vraiment en public....


Quelques nouvelles du quotidien, et bien sûr de l'enfançon qu'ils ont en commun. Le regard d'émeraude se tourne alors vers Tiéfaine qui a fermé les yeux et le petit panier où la petite merveille se repose. Le sourire attendri s'attache aux lèvres carmines. Et bien vite, la plume regagne le parchemin...



Une petite rose
A peine éclose
Fraîche fleur en bouton
Qu'éveille le matin, tout de bon.

Ton odeur m’enivre déjà,
Alors que tu t'ouvres entre mes bras,
Lorsque de sève tu te nourris,
Je te vois happer la vie.

Ô jolie fleur de printemps,
Tes pétales se forment lentement
Et de couleurs se teintent avec joie,
Tu grandis si vite, j'en suis en émoi.

Pas d'épines pour toi ma douce
De l'amour à n'en plus rêver
De la tendresse à s'envoler

Toi, belle des champs
Tu ne mérites que le meilleur
Car tu fais de chaque jour un vrai bonheur.


Thaïs se redresse, dépose le parchemin pour que l'encre sèche et attrape sa cape.

Nous y allons Tiéfaine. Je vous avais dit... ce n'était pas long.

Les muses sont clémentes ces derniers jours, autant en profiter.
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Takoda
Le dernier de ses écrits avait des airs tendres. Eleanor venait de voir le jour la dernière fois qu'elle était passée ici. Laissant sa main traîner sur le dossier de sa chaise de bureau, la rousse reprenait connaissance avec les lieux. Les yeux verts détaillaient chaque coin et recoin du lieu abandonné. Elle regrettait de ne pas venir plus souvent...Et comme un instinct primaire, elle se réinstalla au bureau, sortit son matériel d'écriture et...fit ce qu'elle savait faire de mieux selon elle...



Des yeux qui se cherchent tendrement
Des mains qui se frôlent sensuellement
Des lèvres qui se trouvent amoureusement
Est ce le début de ce qu'on appelle des amants?

Des mots remplis de tendresse
De se revoir la promesse
Bien loin est la sagesse
Il ne reste que l'ivresse.

Le temps de la déraison
Les premiers émois, et leurs frissons
Commencement d'une passion
Dans cette froide saison

Mais la guerre sépare les amoureux
De ses coups orageux
L'un à la bataille se veux
L'autre pacifique, fait ses adieux.

Que sera l'avenir?
Seul le temps peux le dire
Retour des rires...
Ou pleurs qui font souffrir?



Pas une grande réussite, mais pour un exercice depuis longtemps non effectué, il fallait bien repartir par quelque chose.
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