Armoria
Elle devait bien s'avouer ce qui sautait aux yeux pour qui la connaissait : elle était jalouse. Pas follement, pas de façon logique, pas ouvertement, certes... Mais jalouse tout de même.
Erik avait eu - deux fois - l'opportunité de crever le ventre de l'odieux sorcier poilu. Sans parvenir à le trouver, mais tout de même !
Erik avait reçu des lettres de Cardinal.
Erik avait une armée qui servirait à poutrer Eikroc et Sanctus.
Erik, Erik, Erik...
Mais Erik était son ami : donc, après une journée passée à ruminer, puis à méditer, elle avait décidé, outre de se repentir de cette jalousie dont il faudrait qu'elle se confesse, de faire contre mauvaise fortune bon coeur et de se concentrer sur ce en quoi elle excellait. Accessoirement, entre temps, Cardinal lui avait écrit par deux fois, et cet étrange baume au coeur qu'elle en ressentait immanquablement l'avait aidée à surpasser ces sentiments qui lui faisaient honte, cette jalousie presque puérile...
Ce en quoi elle excellait, donc : mettre ses ennemis dans un tel état de rage qu'ils commettraient des erreurs. La veille au soir, en taverne, elle avait donc envoyé à Sanctus une lettre visant à faire sortir le loup du bois, et à servir d'appât. La lettre avait été rédigée sur la table, en lisant à voix haute pour les convives, non sans un sentiment de profonde délectation, celui du prédateur se mettant en chasse.
Citation:
A vous, vil Sanctus, odieux suppôt du sans-nom,
Sachez que j'ai fort bonne souvenance des menaces que vous me fîtes, bien caché derrière un parchemin, lorsque je me trouvais à Vendôme, le 30 d'août dernier.
Depuis, je suis allée me montrer jusques à Autun, où je pensais pouvoir vous dénicher, croyant naïvement que votre courage serait autre que de velin.
Point ne vous y ai vu : vous vous cachiez, pleutre maraud... Sans nul doute.
Ainsi donc, vous êtes de retour en Bourgogne depuis quelque temps... Vous allez-vous terrer cette fois encore en quelque trou sombre, ou bien allez-vous enfin tenter de mettre vos menaces à mon encontre à exécution ?
Est-ce une faible femme qui vous inspire une telle crainte, ou bien la force de sa Foy qui vous effraie ? Est-ce à dire que vous savez au fond de vous que les bons croyants tels que moi sont protégés et aimés de Dieu, au contraire des déviants de votre espèce ?
Allons, vous qui oncques n'hésitez à vous dire si bien membré, venez donc à ma rencontre, faute de quoi je pourrai faire savoir que vos menaces ne sont que cris d'enfançon capricieux, et vos attributs ceux d'une jeune pucelle effarouchée...
Cherchez-moi donc... J'aurai soin de prendre avec moi de quoi faire un bon bûcher, qui saura réchauffer la fraîcheur des soirs d'un été encore jeune.
Sachez que j'ai fort bonne souvenance des menaces que vous me fîtes, bien caché derrière un parchemin, lorsque je me trouvais à Vendôme, le 30 d'août dernier.
Depuis, je suis allée me montrer jusques à Autun, où je pensais pouvoir vous dénicher, croyant naïvement que votre courage serait autre que de velin.
Point ne vous y ai vu : vous vous cachiez, pleutre maraud... Sans nul doute.
Ainsi donc, vous êtes de retour en Bourgogne depuis quelque temps... Vous allez-vous terrer cette fois encore en quelque trou sombre, ou bien allez-vous enfin tenter de mettre vos menaces à mon encontre à exécution ?
Est-ce une faible femme qui vous inspire une telle crainte, ou bien la force de sa Foy qui vous effraie ? Est-ce à dire que vous savez au fond de vous que les bons croyants tels que moi sont protégés et aimés de Dieu, au contraire des déviants de votre espèce ?
Allons, vous qui oncques n'hésitez à vous dire si bien membré, venez donc à ma rencontre, faute de quoi je pourrai faire savoir que vos menaces ne sont que cris d'enfançon capricieux, et vos attributs ceux d'une jeune pucelle effarouchée...
Cherchez-moi donc... J'aurai soin de prendre avec moi de quoi faire un bon bûcher, qui saura réchauffer la fraîcheur des soirs d'un été encore jeune.
En elle avait oublié de sigenr et sceller... Pourtant, était-ce la vanille du parchemin, son écriture, un message trop bavard ? Le lendemain matin, avant de se rendre à la messe, elle avait reçu réponse, et aussitôt remis la main à la plume :
Citation:
La dame,
Je vous trouve bien bravache. Vos propos, je le sais, dissimule en fait la crainte de me rencontrer en chair et en os sous peu. Mais cette angoisse n'est-elle pas de la fascination ? On vous dit la cuisse légère ; du moins est-ce les rumeurs qui courent dans les bordeaux de Châlon. On raconte que vous aimez organiser des parties fines dans votre château, entre nobliaux dégénérés de votre espèce. Cela ne m'étonne guère car vous avez toute la perversité du Sans Nom, étant allée jusqu'à séduire ce gueux de Levan le Diaphane.
Trêve de beau discours. Je ne sais ce que Deos me réserve, mais je connais votre destin. Vous finirez sur un pal que j'aurai moi-même pris soin d'aiguiser. Ainsi cesserons vos crimes et ainsi la Bourgogne sera libérée de la chape de plomb que la noblesse fait peser sur les petits.
Ainsi soit-il !
Le Lion marche pour son dernier combat. Il sera victorieux ou il disparaîtra.
Sanctus du Vert Galant.
Je vous trouve bien bravache. Vos propos, je le sais, dissimule en fait la crainte de me rencontrer en chair et en os sous peu. Mais cette angoisse n'est-elle pas de la fascination ? On vous dit la cuisse légère ; du moins est-ce les rumeurs qui courent dans les bordeaux de Châlon. On raconte que vous aimez organiser des parties fines dans votre château, entre nobliaux dégénérés de votre espèce. Cela ne m'étonne guère car vous avez toute la perversité du Sans Nom, étant allée jusqu'à séduire ce gueux de Levan le Diaphane.
Trêve de beau discours. Je ne sais ce que Deos me réserve, mais je connais votre destin. Vous finirez sur un pal que j'aurai moi-même pris soin d'aiguiser. Ainsi cesserons vos crimes et ainsi la Bourgogne sera libérée de la chape de plomb que la noblesse fait peser sur les petits.
Ainsi soit-il !
Le Lion marche pour son dernier combat. Il sera victorieux ou il disparaîtra.
Sanctus du Vert Galant.
Citation:
Ta, ta, ta...
Que voici un vilain roquet, ne sachant qu'à distance et à loisir aboyer et montrer ses petites quenottes...
Pour moi, rien ne me saurait effrayer, et mourir en servant Dieu, mon Roy ou ma Bourgogne me serait douce et belle chose, qui me comblerait de joie et d'honneur.
C'est là une chose qui vous est si parfaitement étrangère que vous éprouvez le besoin de cracher votre venin pour tenter de trouver une explication à ce qui pourtant saute aux yeux. Aimer et servir, tel est mon destin, et qui s'inscrit non dans ce que la chair peut offrir, mais dans la pureté de cristal du dévouement ultime et du tout dernier don.
Qui se prétend libérateur a toujours un joug plus lourd à imposer que celui qu'il prétend combattre. La seule chose qui vous gène, au fond, c'est que de ce que vous désignez comme un joug, ce n'est point vous qui en avez les rênes. Souventefois, les pseudo-libérateurs n'ont point le bon sens de comprendre qu'aussi longtemps que le monde sera monde, et que l'homme sera l'homme, il y en aura toujours pour se tenir au-dessus des autres.
Et mieux vaut une société où l'usage de nos ancêtres, ainsi que l'amour du Très-Haut, guident nos actes et les orientent.
Rien de vous ne me saurait effrayer. Je ne crains nul mal, parce que ma vie a été remise de bonne grâce, et avec amour, entre les mains de Dieu depuis mon baptême, de mes suzerains depuis mes octrois, et du Roy depuis ma naissance.
Ainsi, ma cause est juste, et non point fanatique. Ainsi, mes combats sont-ils nobles et non point emplis de haine et de venin. Au bout du compte, les hommes de bien triomphent toujours, grâce à Dieu, et peu importe que je tombe, si c'est pour que la victoire approche.
Quant à vous, vous aurez tout loisir de vous repentir de vos péchés quand vous sentirez les flammes du bûcher lécher votre corps impie et nauséabond.
Cordialement, et vous disant à bientôt, si vous en trouvez le courage, sait-on jamais,
Armoria de Mortain
Que voici un vilain roquet, ne sachant qu'à distance et à loisir aboyer et montrer ses petites quenottes...
Pour moi, rien ne me saurait effrayer, et mourir en servant Dieu, mon Roy ou ma Bourgogne me serait douce et belle chose, qui me comblerait de joie et d'honneur.
C'est là une chose qui vous est si parfaitement étrangère que vous éprouvez le besoin de cracher votre venin pour tenter de trouver une explication à ce qui pourtant saute aux yeux. Aimer et servir, tel est mon destin, et qui s'inscrit non dans ce que la chair peut offrir, mais dans la pureté de cristal du dévouement ultime et du tout dernier don.
Qui se prétend libérateur a toujours un joug plus lourd à imposer que celui qu'il prétend combattre. La seule chose qui vous gène, au fond, c'est que de ce que vous désignez comme un joug, ce n'est point vous qui en avez les rênes. Souventefois, les pseudo-libérateurs n'ont point le bon sens de comprendre qu'aussi longtemps que le monde sera monde, et que l'homme sera l'homme, il y en aura toujours pour se tenir au-dessus des autres.
Et mieux vaut une société où l'usage de nos ancêtres, ainsi que l'amour du Très-Haut, guident nos actes et les orientent.
Rien de vous ne me saurait effrayer. Je ne crains nul mal, parce que ma vie a été remise de bonne grâce, et avec amour, entre les mains de Dieu depuis mon baptême, de mes suzerains depuis mes octrois, et du Roy depuis ma naissance.
Ainsi, ma cause est juste, et non point fanatique. Ainsi, mes combats sont-ils nobles et non point emplis de haine et de venin. Au bout du compte, les hommes de bien triomphent toujours, grâce à Dieu, et peu importe que je tombe, si c'est pour que la victoire approche.
Quant à vous, vous aurez tout loisir de vous repentir de vos péchés quand vous sentirez les flammes du bûcher lécher votre corps impie et nauséabond.
Cordialement, et vous disant à bientôt, si vous en trouvez le courage, sait-on jamais,
Armoria de Mortain
Le poisson avait mordu, ne restait plus qu'à ferrer... Elle en était à se demander si elle allait en faire autant avec son ravisseur, ne rêvant que de se retrouver face à lui, et cette fois, épée en main. Mais pouvaient-ils se permettre de courir deux lièvres à la fois ?
En tout cas, la traque venait de commencer...
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Vous pouvez utiliser mes lettres RP.Héraldique