Armoria
Cosne, le 6 juillet au soir.
La réponse n'avait guère tardé : le messager avait dû crever son coursier. Une seule lettre : lequel des deux ?
La réponse n'avait guère tardé : le messager avait dû crever son coursier. Une seule lettre : lequel des deux ?
Citation:
et vous osez signer de telles missives ?
Sachez la gueuse qu'il y a un moment que je ne maîtrise plus rien dans cette opération. Je suis venu mourir les armes à la main, espérant par la même emporter avec moi un maximum de hobereaux burgondes. Mais il se trouve que nos forces sont désormais dans une fuite en avant qui ne s'arrêtera que faute de combattants.
Chaque matin, j'ai la surprise de découvrir une nouvelle ville. S'il n'en tenait qu'à moi, il y a bien longtemps que Dijon serait tombée et que j'aurais assouvi quelques fantasmes personnels avec vous avant de vous rendre au bourreau. Soyez patiente, cela viendra.
Sanctus du Vert Galant.
et vous osez signer de telles missives ?
Sachez la gueuse qu'il y a un moment que je ne maîtrise plus rien dans cette opération. Je suis venu mourir les armes à la main, espérant par la même emporter avec moi un maximum de hobereaux burgondes. Mais il se trouve que nos forces sont désormais dans une fuite en avant qui ne s'arrêtera que faute de combattants.
Chaque matin, j'ai la surprise de découvrir une nouvelle ville. S'il n'en tenait qu'à moi, il y a bien longtemps que Dijon serait tombée et que j'aurais assouvi quelques fantasmes personnels avec vous avant de vous rendre au bourreau. Soyez patiente, cela viendra.
Sanctus du Vert Galant.
Elle se leva, ayant laissé la lettre sur son bureau - enfin, sur la planche soutenue par deux tréteaux, qui lui servait de bureau en campagne - et déambula dans le campement.
Souricière ? Tenter de les provoquer encore un peu, pour diviser leurs forces si possible ? Les accueillir à la mode de Bourgogne, lame en main ?
Humpf.
Elle doutait qu'ils tomberaient dans un tel piège. Sauf si... Sauf si leur orgueil était touché à tel point qu'ils ne pussent réagir d'aucune autre façon. Moui. Peut-être. Elle pensait très sincèrement que sa prochaine lettre serait un coup d'épée dans l'eau, mais après tout, qui n'essaie rien n'a rien. Elle retourna s'assoir devant la table de travail, et fit courir sa plume - toujours bien taillée, c'était essentiel - sur le parchemin.
Citation:
Messire Sanctus de court-en-vit,
Si j'ose signer ? Morbleu, oui ! Et des deux mains, si Dieu m'avait faite ambidextre. Votre réponse est pathétique, tout bonnement pathétique. L'on dirait enfançon en plein caprice, et même mon cadet n'est point si larmoyant à dire "c'est pas zuste !".
Venu mourir, mais vous fuyez, tel rat devant félin.
Venu piller, mais reparti tel que venu, une main devant et l'autre derrière afin que de cacher les taches suspectes sur vos braies.
"S'il ne tenait qu'à moi"... Bah. La belle affaire. Comme l'on a soudain des ambitions, quand le danger a été éloigné par une fuite éperdue, n'est-ce pas ? Pour des gens qui veulent mourir, vous semblez tous bien tenir à vos vilains os... Curieux. La peur de devoir reconnaître, une fois devant le Très-Haut, que l'on s'est trompé de Foy ? La peur d'être envoyé sur l'enfer lunaire, et d'y rester, hurlant et pantelant, pour les siècles des siècles ?
Il est encore temps d'abjurer et de revenir vers le seul Dieu. La mort viendra tout autant, mais peut-être que la souffrance sera abolie.
Pour ce qui est des fantasmes, si vous aviez le courage de revenir, je vous garantis que vous verriez le plaisir danser au fond de mes yeux : celui de sentir ma lame entrer dans vos tripes, et les déchirer bellement. Le plaisir d'être le bras armé, tout à la fois, de Dieu et de mon suzerain. Cette lueur que votre couardise vous privera d'admirer.
Vous êtes un sicaire de pacotille. Tueur de loin, tueur de voyageurs isolés. Pilleur sur parchemin. Plus que l'ombre de vous-même, vous qui n'étiez déjà pas grand chose.
Venez, si vous l'osez. Venez, si votre pseudo foi est vraiment si forte que vous n'avez cure de mourir.
Armoria de Mortain
PS :
Je crois en Dieu, le Très-Haut tout puissant,
Créateur du Ciel et de la Terre,
Des Enfers et du Paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.
Et en Aristote, son prophète,
le fils de Nicomaque et de Phaetis,
envoyé pour enseigner la sagesse
et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.
Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep.
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis.
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce,
Il est mort dans le martyre pour nous sauver.
Il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote à la droite du Très-Haut.
Je crois en l'Action Divine ;
En la Sainte Eglise Aristotélicienne Romaine, Une et Indivisible ;
En la communion des Saints ;
En la rémission des péchés
En la Vie Eternelle.
AMEN
Messire Sanctus de court-en-vit,
Si j'ose signer ? Morbleu, oui ! Et des deux mains, si Dieu m'avait faite ambidextre. Votre réponse est pathétique, tout bonnement pathétique. L'on dirait enfançon en plein caprice, et même mon cadet n'est point si larmoyant à dire "c'est pas zuste !".
Venu mourir, mais vous fuyez, tel rat devant félin.
Venu piller, mais reparti tel que venu, une main devant et l'autre derrière afin que de cacher les taches suspectes sur vos braies.
"S'il ne tenait qu'à moi"... Bah. La belle affaire. Comme l'on a soudain des ambitions, quand le danger a été éloigné par une fuite éperdue, n'est-ce pas ? Pour des gens qui veulent mourir, vous semblez tous bien tenir à vos vilains os... Curieux. La peur de devoir reconnaître, une fois devant le Très-Haut, que l'on s'est trompé de Foy ? La peur d'être envoyé sur l'enfer lunaire, et d'y rester, hurlant et pantelant, pour les siècles des siècles ?
Il est encore temps d'abjurer et de revenir vers le seul Dieu. La mort viendra tout autant, mais peut-être que la souffrance sera abolie.
Pour ce qui est des fantasmes, si vous aviez le courage de revenir, je vous garantis que vous verriez le plaisir danser au fond de mes yeux : celui de sentir ma lame entrer dans vos tripes, et les déchirer bellement. Le plaisir d'être le bras armé, tout à la fois, de Dieu et de mon suzerain. Cette lueur que votre couardise vous privera d'admirer.
Vous êtes un sicaire de pacotille. Tueur de loin, tueur de voyageurs isolés. Pilleur sur parchemin. Plus que l'ombre de vous-même, vous qui n'étiez déjà pas grand chose.
Venez, si vous l'osez. Venez, si votre pseudo foi est vraiment si forte que vous n'avez cure de mourir.
Armoria de Mortain
PS :
Je crois en Dieu, le Très-Haut tout puissant,
Créateur du Ciel et de la Terre,
Des Enfers et du Paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.
Et en Aristote, son prophète,
le fils de Nicomaque et de Phaetis,
envoyé pour enseigner la sagesse
et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.
Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep.
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis.
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce,
Il est mort dans le martyre pour nous sauver.
Il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote à la droite du Très-Haut.
Je crois en l'Action Divine ;
En la Sainte Eglise Aristotélicienne Romaine, Une et Indivisible ;
En la communion des Saints ;
En la rémission des péchés
En la Vie Eternelle.
AMEN