Le repas se poursuivait dans une humeur festive rythmée par les ménestrels et saltimbanques mandés pour l'occasion. Beaucoup profitaient de la clémence du temps pour s'installer à l'ombre d'arbres séculaires. Certains y avaient même élu domicile...
Souvent le chevalier s'inclinait vers l'oreille de sa femme et glissait quelques mots à moins que ce ne fut un baiser. Il avait fallu se plier à la tradition et ouvrir le bal. Rondes et saltarelles s'étaient enchainées entre les plats et les desserts et même les plus enthousiasmes goutaient maintenant à un peu de repos tout en dégustant gâteaux et entremets.
C'est le moment que choisit Coligny pour leur offrir son présent de mariage. Le chevalier fit glisser la statuette du papier de soie et admira longuement l'objet de belle facture. C'était manifestement du bel ouvrage et la finesse de la sculpture le surpris et le charma.
- Je te remercie, mon ami, c'est une superbe sculpture qui ornera magnifiquement la cheminée de notre séjour. Voilà un cadeau de mariage qui ne s'envolera pas, ajouta t-il sur un éclat de rire en songeant à ce titre de baron que lui avait offert son oncle pour le lui retirer le jour suivant "parce que sa femme n'était pas gentille avec la sienne". Puéril autant que stupide. D'autant, qu'on le sait, le chevalier ne courait pas après les titres. Mais cette manière de faire lui rappelait sa mère et sa soeur qui octroyaient des titres afin d'acheter les gens. Ils en avaient beaucoup ri entre amis et s'il regrettait de voir que son oncle se faisait manipuler, il était fort heureux d'avoir ouvert les yeux et de s'être dédouaner de cette prison dorée où l'honneur ne tenait pas parole.
Le chevalier profita de l'occasion pour remettre une petite clef de fer forgé à son ami et homme de confiance.
La veille, il lui avait remis un coffre rempli d'écus d'or, qui représentaient une petite partie de son immense fortune.
- Nous partons en mission. Ceci devra servir pour d'éventuelles élections impériales si elles ont lieu en notre absence. Tu sais quoi faire. Je compte sur toi.Une longue retraite interdisait à Coligny de suivre l'Ordre dont il restait en marge tout en greffant ses pas à ceux du chevalier, aussi ce dernier, sachant l'Empereur gravement souffrant depuis de longues semaines, ne voulait pas compromettre, par une longue mission, sa chance de voter si élection il y avait.
Il savait pouvoir compter sur Coligny.
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